#131 « La foi chrétienne est une quête ininterrompue de Dieu. »

La foi chrétienne est une quête ininterrompue de Dieu. Elle n’est pas facile puisque nous ne voyons pas Dieu. Heureusement nous pouvons discerner l’œuvre du Saint Esprit. Nous expérimentons sa force ou sa douceur lorsque nous l’invoquons et le prions fidèlement. Mais qui est Dieu que nous recherchons et que nous nommons Père ? Quand Moïse fuit l’Égypte après avoir commis le meurtre d’un égyptien, et alors qu’il vit comme berger pour veiller sur le troupeau de son beau-père Jethro, il voit un buisson embrasé qui ne se consomme pas. Il entend la voix de Dieu l’interpeller. Celui-ci l’envoie en mission vers Pharaon pour qu’il libère le peuple hébreu de l’esclavage. Moïse est perdu, apeuré. Qui est celui qui lui parle mais qu’il ne voit pas ? La voix lui dit « je suis celui qui suis » voici mon nom (Ex 3,14). Voilà qui est bien difficile à comprendre. Pourtant tout est dit dans le « je suis ». Ajouter un qualificatif nous aiderait à cerner ce Dieu qui lui parle mais limiterait l’infini de Dieu par sa définition. En réalité Dieu est l’Infini et l’Éternel. Rien ne peut le limiter, d’où l’extrême difficulté à parler de lui. Nous cherchons à connaître et à annoncer ce Dieu unique, « créateur du Ciel et de la Terre », dont nous savons bien peu de choses. 

Or voici que Dieu vient vers nous, Il se fait homme par le sein de la Vierge Marie et Il partage notre condition humaine, pour se révéler. Merveille de son amour, un amour qui se fait proche ! L’auteur de la lettre aux hébreux le dit clairement : « À la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être. » (Hb 1, 2-3a) C’est bien dans la découverte de Jésus que le chrétien découvre le visage de Dieu Père, éclairé par le Saint Esprit. « Qui m’a vu a vu le Père ! » dit Jésus. (Jn 14,9)

Le programme de notre été peut-il être cette recherche du visage de Jésus ? Demandons nous comment le découvrir. Assurément, c’est dans la méditation de l’Évangile que se dévoile sa personne, lorsqu’il est à l’écoute des gens, va au secours de blessés de la vie, donne son enseignement. Jésus nous attend dans la contemplation, lorsque nous le laissons nous parler intérieurement dans l’adoration. Cela peut être en haut d’une montagne, dans la forêt, au bord de l’eau, dans une chapelle retirée, en face du Saint Sacrement exposé. Chacun trouvera sa paix là où l’Esprit l’attend.

Pour continuer notre lecture du merveilleux texte du pape François « La joie de l’Évangile » (Evangelii Gaudium), après le second chapitre qui parle des défis culturels et de la crise de l’engagement communautaire due au repli et à toutes les formes d’idolâtrie, c’est vers l’annonce de l’Évangile que le saint Père désire nous mener dans ce troisième chapitre. En effet, il n’y a pas d’évangélisation sans annonce explicite du nom de Jésus. L’Église existe pour évangéliser. Comment d’ailleurs ne pas présenter le « trésor » de la foi à ceux qui n’ont pas eu la chance d’entendre la proclamation de l’Évangile ? Celle-ci passe par divers canaux, la parole de chacun de nous, les écrits des saints docteurs de l’Église, l’enseignement du Magistère et bien entendu par la prédication dominicale.

Prenons donc un instant sur la partie du texte qui traite de l’homélie. Le saint Père désire qu’elle soit « une prédication joyeuse, patiente et progressive de la mort salvifique et de la résurrection de Jésus-Christ » (n°110). Souvent se pose la question de sa juste longueur, de sa forme et de son contenu. N’est-ce pas très subjectif ? Le Pape parle des « paroles qui font brûler le cœur. » Saint Paul dit « La foi naît de ce qu’on entend dire et ce qu’on entend dire vient de la parole du Christ » (Rm 10, 17). Le prédicateur a la belle et difficile mission d’unir les cœurs qui s’aiment : celui du Seigneur et celui de chaque fidèle. Ses mots sont là pour relier l’Évangile et la vie concrète de ses auditeurs. Le prédicateur devient l’instrument de Dieu comme la plume du scribe écrit sur le parchemin la Parole que l’Esprit inspire, dit la Bible. Le prédicateur s’efface devant la Parole vivante tout en s’engageant afin que les fidèles reçoivent la voix divine qui éclaire ; il n’est pas là pour donner son opinion personnelle. Au fond, tout ce qui ne vient pas de Dieu ne devrait pas être dit, mais cela suppose que le prédicateur soit un priant. Nous notons que, au-delà de la question de l’homélie, c’est une règle d’or pour la vie paroissiale : les membres des équipes pastorales peuvent être en responsabilité s’ils prient chaque jour. En effet, qui ne prie pas parle de lui-même ; qui prie laisse possiblement l’Esprit parler par lui lorsqu’il s’agit de réfléchir aux actions à mener. « Parler avec le cœur implique de le tenir, non seulement ardent, mais aussi éclairé par l’intégrité de la Révélation et par le chemin que cette Parole a parcouru dans le cœur de l’Église et de notre peuple fidèle au cours de l’histoire. » (n° 144) Au cœur de la préparation du message à donner, il y a la lectio divina qui est la lecture priante de l’Écriture. Puisque l’Esprit Saint inspira le rédacteur qui usa cependant de son vocabulaire et de ses traditions, il importe que le lecteur appelle l’Esprit à lui dévoiler le sens profond du texte pour le rendre vivant et agissant. L’Esprit manifeste la beauté du message. Tous ceux qui prennent la parole devant une assemblée chrétienne seront bien inspirés à relire ces pages de l’exhortation pour emprunter la « voie de la beauté » selon le propre de chaque culture pour « récupérer l’estime de la beauté pour pouvoir atteindre le cœur humain et faire resplendir en lui la vérité et la bonté du Ressuscité. » (n°167)

Cette partie du texte du pape qui nous fait voir la joie de l’Évangile est axée sur la mission. Nous revenons toujours à notre vocation de disciples-missionnaires. Prenons l’exemple de nos familles, où beaucoup de grands-parents constatent que leurs petits-enfants ne sont ni baptisés ni catéchisés. C’est une souffrance : la chaîne de transmission de la foi est interrompue. Le pape bien conscient de l’enjeu propose que ce 25 juillet soit la journée des grands-parents et des personnes âgées. Nous pourrions certes les honorer en les fêtant à leur domicile, par une lettre ou l’envoi d’un cadeau. La messe de ce dimanche pourra les mentionner dans la prière universelle.

Cependant qui détient la responsabilité de la mission vers les enfants ? Bien entendu les parents devraient tenir ferme la barre du bateau et permettre à leurs enfants de découvrir que l’Esprit Saint souffle dans les voiles. Mais, me semble-t-il, les aînés ont la mission de prier intensément pour les jeunes générations, en s’accrochant à leur chapelet. Celui-ci est souvent dans le tiroir et doit passer dans la poche, puis de la poche à la main qui l’égrainera fidèlement. Cela peut-il être une mission pour l’été ? Mettons-nous, sans relâche, en présence de la Vierge Marie pour méditer les mystères de la vie de Jésus. Au cours des missions paroissiales qu’il animait en Bretagne et en Vendée, Saint Louis-Marie Grignon de Montfort a converti mains villages de cette façon. Les personnes âgées sont les merveilleux témoins de la foi, et il n’est pas rare qu’un ou une adolescent garde la foi grâce à la persévérance d’un grand-père ou d’une grand-mère. Ô combien ce rôle importe ! C’est ainsi d’ailleurs que la foi chrétienne orthodoxe s’est maintenue en Union Soviétique malgré les atroces persécutions communistes et les assassinats de quasiment tout le clergé russe.

Je voudrais ajouter un mot pour les victimes des inondations en Allemagne et en Belgique. Nos pays se ressemblent. Nous bénéficions de moyens techniques formidables. Mais nous sommes fragiles, nous sommes « comme des nains juchés sur des épaules de géants » pour reprendre l’expression de Bernard de Chartres. Nos sociétés ressemblent peut-être au personnage géant fait de fer que le prophète Daniel voit mais dont les pieds sont d’argile et qui va s’écrouler. La nature nous rappelle que nous ne sommes pas les maîtres de la vie. Nous jouons aux apprentis sorciers notamment avec les nouvelles lois sur les sciences liées à la reproduction humaine, sans tenir compte des conséquences des choix faits pour les générations futures. La pape parle de sobriété, puissions-nous méditer sur cela ! Les morts et les disparus des inondations en partie provoquées par le changement climatique, pourraient être demain, des habitants de notre pays. Prions et réfléchissons pour un avenir porteur d’espérance et œuvrons avec nos talents, ensemble en vue du bien commun.

Notre-Dame de Chartres est bien présente, et nous aimons la prier. Ensemble demandons lui des vocations consacrées et prions pour les couples et les familles.

« Souvenez-vous ô très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé vos suffrages, ait été abandonné.

Animé de cette confiance, ô Vierge des vierges, ô ma mère, je viens vers vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds.

O Mère du Verbe incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer.

Amen. »

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