Le Concile Vatican II nous encourage à rechercher l’unité des chrétiens. Le texte portant sur l’œcuménisme se nomme Unitatis redintegratio que l’on traduit par Promouvoir la restauration de l’unité. Son préambule dit qu’ « une seule et unique Église a été instituée par le Christ Seigneur » et que « la division s’oppose ouvertement à la volonté du Christ ». Les pères du Concile citent souvent saint Paul qui appelle à l’unité. Ils demandent surtout que nous nous mettions à l’écoute du Saint Esprit promis par Jésus-Christ afin qu’il nous enseigne toutes choses et qu’il nous conduise à la vérité tout entière. Sans l’Esprit Saint, point de communion et point de chemin vers cette unité. Le Concile dit en effet : « l’Esprit Saint, qui habite dans les croyants, qui remplit et régit toute l’Église, réalise cette admirable communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu’il est le principe de l’unité de l’Église. » Beaucoup de chrétiens sont nés à la foi dans une Église qu’ils n’ont pas choisie au départ et ont été conduits à connaître l’Évangile selon une certaine tradition. Si tous partagent le même credo, c’est-à-dire l’expression de la foi, nous-mêmes en tant que catholiques reconnaissons la validité du baptême qu’ils ont reçu puisqu’il n’y a « qu’un seul baptême », selon l’affirmation de Paul. Mais le chemin de l’unité est encore long. En reconnaissant le bien que chacun fait par ses œuvres, au nom de Jésus, en partageant le ministère de la Parole et de la charité, nous nous reconnaissons frères et sœurs. Cela ne contredit pas le fait qu’au sein de l’Église catholique nous vivions pleinement les sacrements, moyens de salut institués par Jésus-Christ, surtout l’eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne » (LG 11), selon l’expression du Concile. Il ne s’agit en rien de nier ce qui nous est propre mais de retourner à la source qu’est l’Écriture lue dans la Tradition et d’écouter la voix du Seigneur qui ne cesse de nous inciter à l’amour mutuel en vue de l’unité de nos cœurs et de nos esprits.
La semaine de prière pour l’unité des chrétiens s’achève, mais nos prières continuent puisque le désir de Dieu est que nous tendions vers cette communion pour témoigner de notre foi. Saint Paul n’a pas le même souci que nous, puisque le christianisme de son époque ne s’est pas encore divisé en églises différentes, mais au sein des communautés naissantes il constate la tentation de la désunion, comme à Corinthe où l’on trouvera des adeptes d’Appolos juif converti, d’autres de Paul, certains de Pierre et finalement certains du Christ. Paul insiste sur l’Esprit qui fait de nous des fils et des filles de Dieu, membres du même corps : « nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. » (1Co 12, 13) L’Église par son Magistère a vocation de maintenir notre communion. Alors que nous sommes si nombreux dans le monde, 1,3 milliard de catholiques, cette mission que porte en premier le pape François est ardue. Choisir humblement la communion est une plus grande tâche que construire son projet personnel. Notre Église, pour être fidèle à fondateur Jésus-Christ, ne peut pas prendre une autre voie que la recherche de son unité.
Afin d’avancer ensemble en ce sens, dans l’écoute de la Parole révélée, nous avons besoin de formation. Catholiques, nous pourrons mieux nous connaître en étant enracinés dans l’héritage reçu de nos Pères, en comprenant le contenu des dogmes, en accueillant la justesse des enseignements, en souscrivant à l’art de vivre et aux mœurs que l’Évangile nous décrit. La formation nourrit l’intelligence de la foi et nous ressource, au sens originel du terme : elle nous permet de revenir à la source, c’est-à-dire à l’enseignement de Jésus auquel nous avons accès par l’Évangile lu dans la Tradition de l’Église. En effet, depuis 2000 ans les chrétiens lisent et écoutent les Écritures saintes sous la conduite du Saint Esprit afin d’être conduits vers la vérité qu’elles annoncent. Nous ne pouvons pas lire la Parole sans prendre en compte l’acquis extraordinaire transmis par le Magistère et aussi la vie des saints et des saintes qui mirent en musique la partition qu’est l’Évangile dans le contexte spécifique de chaque époque.
Le pape Benoît XVI est reconnu pour son enseignement. Pour le pape défunt, la foi et la raison se nourrissent mutuellement. Il parle d’une « foi amie de l’intelligence ». Dans la vie d’une personne catholique, la foi est soutenue par la raison et réciproquement, par son intelligence des vérités révélées, par sa compréhension des saintes Écritures grâce à une certaine connaissance des évangiles pour éclairer la vie quotidienne et les choix à faire. Lors de sa rencontre avec la commission théologique internationale en 2008, Benoît XVI disait que « le véritable travail de la théologie consiste à entrer dans la Parole de Dieu, à chercher à la comprendre dans la mesure du possible, à la faire comprendre à notre monde et à trouver ainsi les réponses à nos grandes questions ». N’est-ce pas ce que nous pouvons espérer pour nous et nos communautés, puisque Dieu n’est pas une hypothèse pour un croyant, qu’il est là et qu’il nous parle par sa Parole ?
Dans le document résumant les commentaires des groupes synodaux dans notre diocèse, on insiste sur la formation. Vous exprimez le désir de formations qui prolongent la réception d’un sacrement. Vous souhaitez être mieux à même de connaître la liturgie, particulièrement l’eucharistie, pour y participer avec profondeur. Vous avez demandé des formations concrètes, pour mieux connaître le fonctionnement de l’Église en lien avec la vie de nos communautés. Il est merveilleux de lire ces demandes. Il revient aux équipes pastorales de réfléchir aux modalités que peut prendre la formation localement. Cependant chacun réfléchira à son besoin pour être disciple de Jésus, pour être apte à parler de lui aux enfants et aux personnes lointaines de nos assemblées qui attendent des réponses, par exemple sur la vie après la mort, car cette question hante beaucoup de personnes. Chaque baptisé a reçu la vocation d’être témoin de la présence de Dieu dans sa propre vie et cela n’est possible que par une relation régulière avec Dieu grâce à la prière et un service envers ses frères. Lisez la Bible et la présentation des livres bibliques que l’on trouvera dans les plus grandes éditions, plongez-vous dans le catéchisme de l’Église catholique, parcourez l’introduction de la nouvelle édition du Missel Romain que vous emprunterez à votre paroisse. Tous ces textes sont précieux et ouvrent la porte à un champ infini de connaissances. Dans le monde professionnel, ne se forme-t-on pas toute sa vie, reconnaît le texte synodal, et pourquoi n’en irait-il pas de même dans l’Église ?
Jésus dès l’âge de douze ans est au temple de Jérusalem et « assis au milieu des docteurs de la Loi, il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses » (Lc 2, 46-47). Puis il inaugure sa vie publique par le long enseignement sur la montagne dite des béatitudes (Mt 5-7). Les évangélistes multiplient l’expression « il les enseignait » en ajoutant même « longuement ». On trouvera une cinquantaine de passages bibliques où l’on voit Jésus enseigner. Lui-même dira aux juifs lors de son arrestation : « Chaque jour, dans le Temple, j’étais assis en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. » (Mt 26,55) Enseigner était sa mission. C’est par l’enseignement et la prédication que la foi peut advenir et grandir. Notre chemin sera de nous laisser enseigner par Jésus pour transmettre à notre tour.
Maintenant prions pour notre société traversée par tant d’incertitudes et de lieux de souffrance soit soutenue :
Seigneur nous te confions les enfants et les jeunes qui ne reçoivent pas tout l’amour qu’ils désirent.
Seigneur, nous te prions pour nos anciens, souvent si fragiles dans les maisons de retraite voire reclus dans la solitude de leur habitat précaire.
Nous te sollicitons pour voir naître des vocations consacrées et sacerdotales pour la mission que tu nous as confiée.
Seigneur conforte l’unité au sein de nos paroisses afin que chacun y trouve sa place et y apporte ses talents.
Fais de nous des artisans de paix dans les conflits de la société, spécialement au sein de nos lieux de travail professionnel.
Enfin, nous te demandons la paix en Ukraine et dans le monde.
Aujourd’hui, avec la Vierge Marie, nous nous remettons entre tes bras pour te dire avec foi :
Je vous salue Marie…