Comme je vous l’ai promis, dans ce nouveau message, j’aimerais vous donner quelques éléments de mon voyage au Gabon que j’ai eu la chance de vivre du 26 au 31 janvier. J’allais y visiter un frère évêque, Monseigneur Jean-Vincent Ondo Eyene, du diocèse d’Oyem que j’ai connu à Chartres lorsqu’il vint rencontrer les prêtres de son diocèse présents en Eure-et-Loir. Ce Diocèse est au cœur de la forêt tropicale, à l’Est de la Guinée Équatoriale. Neuf heures de route furent nécessaires pour aller de Libreville jusqu’à la cathédrale. Des routes en mauvais état, un très gros orage, un arbre tombé par la foudre sur le chemin, ce fut une aventure éprouvante et pourtant enthousiasmante.
Ce voyage fut fort bref puisque je fus obligé de l’écourter à cause de l’interdiction des voyages hors espace Schengen sauf motif impérieux. Sur le moment, ce furent des responsables politiques du pays qui m’encouragèrent à faire ce choix. Avec du recul peut-être eut-il été possible de faire autrement. Cependant l’idée d’être confiné sur place quelques semaines ne tenait pas face à l’agenda à venir en Eure-et-Loir. Ces quatre jours en terre gabonaise furent donc bien courts, et pourraient même sembler déraisonnables. Je ne peux dire que j’ai saisi l’âme de ce peuple en si peu de temps, mais j’ai reçu un accueil si touchant. Il fut merveilleux de vivre deux messes de semaines dans des chapelles de quartier emplies de jeunes et d’adultes, avec une chorale joyeuse et engagée. Une messe d’une heure trente, avec la procession de la quête, la procession des offrandes en nature faites de fruits et de nourriture, la procession finale apportant les cadeaux au visiteur, moi en l’occurrence, cadeaux de fruits, d’objets en bois ou tressé de jonc, instruments de musique ou de cuisine, etc. La générosité des dons fut telle que je n’ai pu tous les ramener : les fruits pesaient 150 kg ! Dans les villages reculés du Gabon, la pauvreté monétaire est réelle, mais la prodigalité de la nature l’est aussi : régimes de bananes, ananas et manioc poussent en abondance. Le tout était apporté en dansant sur fond de chants religieux. Partout s’exprimaient la gentillesse et la générosité. D’autres personnes profiteront de ces dons et je compte bien sur les équipes paroissiales pour aller offrir ce qui se mange aux gens plus nécessiteux.
Le peuple gabonais est spirituel et pour la grande majorité catholique. L’Église invente des projets pastoraux et construit de nouveaux lieux de culte. À Viafe, à trois heures de route d’Oyem, j’ai été invité à bénir la première pierre de la future église de la nouvelle paroisse saint Thomas d’Aquin. Ailleurs ce fut une chapelle d’adoration que l’on édifie. À proximité de la cathédrale, des constructeurs achèvent la nouvelle chapelle d’adoration perpétuelle qui contient 200 places. Elle est belle, décorée de bois exotiques divers, et j’y ai vu des personnes nombreuses en prière auprès de Jésus-Christ présent dans le très saint Sacrement.
Le vendredi, nous avons vécu un beau chemin de croix, priant et chanté, le long d’une route de terre ouverte dans la forêt par un prêtre pour arriver dans un grand espace de verdure, de palmiers et de cascades où est en construction le nouveau sanctuaire Notre-Dame de l’Espérance. Il y aura là une belle salle de réception et un bâtiment de retraite spirituelle pour les couples et les célibataires.
Samedi 30 janvier, j’ai eu la joie d’assister à huit ordinations, quatre sacerdotales et quatre diaconales. Deux mille cinq cents personnes étaient présentes. Deux grandes chorales avaient été constituées en choisissant les meilleurs chanteurs de chaque paroisse du diocèse et elles avaient répété la veille toute la journée. Plusieurs ministres étaient venus de Libreville pour marquer le lien avec l’Église et permettre une réconciliation suite à l’envoi de l’armée en octobre 2020 face aux catholiques qui demandaient la liberté de célébrer quand le confinement n’était plus nécessaire. Ces derniers avaient tenu bon, par la prière et la chapelet, malgré les gaz lacrymogènes et les menaces sérieuses, face aux hommes en armes. Lors de cette célébration d’ordination l’évêque a fait le constat de l’échec de l’éducation des jeunes, tant par l’État que par l’Église et il a demandé à la première ministre présente dans la cathédrale de créer un ministère de la jeunesse en associant tous les acteurs de l’éducation pour bâtir un projet ambitieux.
Tous ces projets, ces vocations sacerdotales, ces nouvelles paroisses, les projets de développement appellent beaucoup de prière. Personne ne cache le fait qu’il existe une corruption à grande échelle dans ce pays : les richesses, importantes, profitent à certains alors que le peuple a besoin de routes de bonne qualité, d’écoles en état, de projets concrets. Monseigneur Jean-Vincent a demandé aux fidèles de se lever chaque nuit, durant trois mois, à trois heures du matin et de prier. Quelle audace ! Lui-même montre l’exemple. Le Christ l’a annoncé clairement : face à certains esprits mauvais, seuls le jeûne et la prière seront féconds.
Par mes messages, je vous avais encouragé en ce sens pour que nous luttions avec les armes de l’Esprit face à la pandémie ; là-bas je l’ai vu à l’œuvre. Le ferons-nous ?
En méditant sur l’élan missionnaire au Gabon, dont l’Église fut fondée par des missionnaires européens qui acceptèrent des conditions de vie si difficiles il y 150 ans, nous aurions envie de voir ce même zèle chez nous. Bâtir, construire, développer pour la Gloire de Dieu, dans la prière et la louange joyeuse. Dans ce beau pays africain, l’Église a commencé l’éducation des enfants cent ans avant qu’un État se mette en place. Tous les cadres du pays furent éduqués par l’Église. Beaucoup sont toujours catholiques. Certains ont quitté ses bancs pour des loges d’un style différent servant un autre dieu dénoncé par Jésus. Entre Dieu et Mamon, ne faut-il pas choisir, car on ne peut servir deux dieux dit Jésus ? À Oyem, les vocations fleurissent, neuf prêtres seront ordonnés en 2021. Grande est leur joie. Continuons à prier avec foi et intensément, le Seigneur va nous répondre.
Comment ces réalisations peuvent-elles nous inspirer en Eure-et-Loir ? Pouvons-nous accueillir les visiteurs, les pèlerins avec la même joie, la même générosité, la même disponibilité ? Fonder sur le Christ toute notre pastorale ? Se mettre tous les jours à genoux pour prier et intercéder ? Là-bas, j’ai rencontré un couple de médecins qui prie le rosaire – oui, le vrai rosaire! – très tôt chaque matin, avant la messe et le travail dans leur clinique. La foi est forte si le lien à Dieu est grand, et ce lien s’appelle la prière. Je fus frappé par le soin apporté aux liturgies : la beauté des tissus, des ornements liturgiques, le soin accordé aux chants, l’attention du célébrant à prier avec profondeur. Notre culte eucharistique mérite le meilleur.
Ma joie vient de notre désir commun entre évêques de continuer un telle collaboration. Nous aiderons ce diocèse en accueillant encore des jeunes prêtres en étude en France, ce qui donne l’occasion de voir une autre vie ecclésiale où les laïcs, me disent-ils, ont une place si importante dans l’animation de la mission. Il y a aussi des richesses chez nous. La joie et la fécondité viendront par ces échanges de biens. Eux nous aiderons par leur zèle leur jeunesse et leur foi. Je remercie l’Église qui est au Gabon de m’avoir tant encouragé à fonder mon ministère sur l’essentiel, le Christ !
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Prions Notre-Dame du Sacerdoce dans nos foyers. Nous pouvons persévérer dans cette prière. Le Seigneur l’exaucera. Notre Espérance ne peut pas fléchir car elle est un don de Dieu
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.