#262 « Pourquoi te louer Seigneur Jésus ? »

2024 sera une année de prière proposée par le pape François pour approfondir notre relation au Seigneur Jésus-Christ et nous préparer au grand jubilé romain de 2025. En tant que chrétien, nous avons reçu de Jésus une grâce merveilleuse, celle de comprendre combien notre Dieu tout-puissant a voulu être proche de nous, afin d’entrer en relation avec chacun de nous, nous sauver de la mort et du péché, et nous mener à son cœur empli d’amour. C’est par le Fils de Dieu venu en prenant chair en la Vierge Marie que cette proximité s’est réalisée et elle demeure maintenant par la présence du Saint Esprit. Dieu – Père, Fils, Esprit Saint – est un Dieu unique, proche et miséricordieux. Par la prière, nous demeurons en sa présence. Saint François de Sales écrit que Dieu nous est toujours présent comme l’air est présent aux oiseaux qui volent. Ces animaux ne voient pas l’air et pourtant c’est grâce à l’air qu’ils volent. La prière nous fait goûter cette présence. Elle est une relation d’amour entre Lui et nous, un échange intime dans le silence intérieur habité d’une présence. Elle se nourrit des mots que la Sainte Écriture nous donne et que nous conservons dans notre mémoire à force de lire ces textes. La prière est la vie de notre âme et, sans elle, la vie chrétienne s’étiole, devenant une morale du bien contestable.

Aujourd’hui, comme second enseignement sur la prière, je vous parlerai de la louange. La louange est une prière qui nous fait lever les yeux, qui dilate notre cœur, qui nous décentre des problèmes que nous affrontons. Elle nous permet d’exprimer à Dieu notre joie, notre gratitude et notre espérance. Par la louange nous bénissons Dieu qui nous a créés et donné la vie.

Nous ne louons pas Dieu parce que nous sommes dans la joie ou que la vie est facile et légère. Nous louons Dieu pour être proche du Seigneur, le remercier et le bénir car il est notre Dieu et qu’il nous aime. Peu à peu, nous découvrons comment louer Dieu même si nous sommes dans la souffrance et l’épreuve, afin que notre cœur s’ouvre au don de la joie que l’Esprit veut nous transmettre. Nous louons Dieu non parce que nous sommes heureux mais bien pour être heureux.

Lors de ma conversion, à l’âge de 26 ans, j’ai découvert un livre étonnant qui m’a beaucoup enseigné : La puissance de la louange. Son auteur, Merlin Carothers, un officier de l’armée américaine protestant, raconte sa rencontre avec Dieu. Ce livre nous enseigne que nous pouvons louer Dieu en tout temps. Par des nombreux exemples de libération et de conversion obtenues par la louange, cet ouvrage m’a encouragé à entrer dans la louange alors que j’étais vraiment réservé sur ce genre d’expression spirituelle. La louange m’a apporté une liberté nouvelle pour m’exprimer dans la prière et bénir le Seigneur. J’ai mieux compris la Parole divine invitant à louer Dieu en tout temps.

Louer Dieu en tout temps est un appel incontournable que l’Écriture enseigne. Il en va de notre vocation baptismale. Saint Paul justifie cette prière dans sa lettre aux romains : « car il est écrit : aussi vrai que je suis vivant, dit le Seigneur, tout genou fléchira devant moi, et toute langue proclamera la louange de Dieu. » (Rm 14, 11). « Et encore : louez le Seigneur, toutes les nations ; que tous les peuples chantent sa louange. » (Rm 15, 10) Ainsi tous les peuples et toute langue doivent faire monter vers Dieu leur louange. Dieu a-t-il besoin de notre louange ? En réalité non. La 4ème préface de la messe le dit explicitement : « Tu n’as pas besoin de notre louange, et pourtant c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ, notre Seigneur ». Dieu n’a pas besoin de notre louange, mais il désire nous faire participer à sa vie divine. La louange ouvre les portes du Ciel, nous fait goûter quelque chose de la joie céleste où sont dorénavant les saintes et les saints.

Dans l’Ancien Testament, Judith, une femme merveilleuse, encourage son peuple à résister à l’armée assyrienne lors du siège de leur ville. La situation semble désespérée. Elle ose un acte aussi brave que fou en se rendant dans le camp ennemi pour tromper le général en chef Holopherne. L’ayant séduit, elle s’approche de lui et le décapite dans son sommeil. Revenant dans sa ville, en portant sa tête comme un trophée, elle bénit Dieu par de très belles paroles de louange : « Chantez pour mon Dieu sur les tambourins. Jouez pour le Seigneur sur les cymbales. Joignez pour lui l’hymne à la louange. Exaltez-le ! Invoquez son nom ! » (Jd 16, 1). L’épisode est violent, et ne doit pas nous encourager à tuer, mais il nous enseigne sur le cœur de louange de cette femme qui agissait pour libérer son peuple. L’Ancien Testament abonde de récits semblables où la louange tient une place déterminante. Dans le livre de Néhémie, de retour du long exil à Babylone fait de souffrances, les prêtres encouragent le peuple : « Levez-vous, bénissez le Seigneur votre Dieu ! Depuis toujours et pour toujours, qu’il soit béni, ton nom glorieux qui est au-dessus de toute bénédiction et de toute louange ! C’est toi qui es le Seigneur, toi seul ! » (Ne 9, 5-6).

Jésus est notre modèle et nous avons vocation à rayonner de la clarté de son visage dans notre société qui le rejette ou le cache. Jésus constate lors de sa vie publique combien sont grandes l’incompréhension et la fermeture du cœur de ses contemporains. Il voit que les petits et les exclus ont un cœur largement ouvert à sa prédication et qu’ils bénissent Dieu quand ils le voient faire des miracles pour soulager ceux qui affrontent la maladie ou la mort. Les plus instruits, les scribes et les pharisiens, cherchent à dénigrer les actes de guérison quand ils n’y voient pas l’œuvre du démon. Jésus dans sa prière à Dieu son Père reconnaît cette bonne disposition des petits et il prie : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Mt 11, 25) Il est vrai qu’aujourd’hui les « petits » sont souvent plus enclins à manifester leur joie et la bénédiction divine par des paroles et des gestes que les riches qui cherchent à préserver l’image qu’ils renvoient aux autres et, parfois, en oublient qu’il n’est rien qu’ils n’aient reçu d’abord de Dieu. Il est bien écrit « levez les mains », « bénissez Dieu », « dansez devant sa face ». Certes nous vivrons cela au Ciel dans la Gloire éternelle, mais autant commencer à apprendre et nous exercer ici-bas.

Marie, la femme humble et réservée, loue Dieu par son Magnificat. Elle reprend les belles prières de son peuple, particulièrement celles d’autres femmes qui priaient Dieu. « Mon âme exalte le Seigneur », Marie le dit et le vit. Elle bénit Dieu chaque jour, elle puise dans les psaumes des paroles fortes et joyeuses pour prier. Elle chante sa joie et s’abandonne à sa vocation faite d’inconnu car elle a fait cette merveilleuse rencontre de Dieu et elle ne peut pas douter que la confiance est le chemin à prendre dorénavant. Sa louange est l’expression de son abandon en la volonté divine. Avec la vierge Marie, nous expérimentons que la louange cause notre joie. Elle conduit à la paix de l’âme. Louer Dieu n’est pas chanter fort, même si la louange peut s’exprimer par des chants puissants. Louer c’est être dans l’action de grâce, exercer la gratitude pour arriver à entrer dans la joie de la communion avec Jésus. Dès que la Vierge est enceinte du Fils de Dieu, elle ne peut plus être séparée de Lui et sa louange jaillit de son cœur et de son corps pour bénir Dieu.

La louange est une force apte à renverser les remparts que l’adversaire dresse sur notre chemin. Un psaume dit « Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! Jusqu’aux cieux, ta splendeur est chantée par la bouche des enfants, des tout-petits : rempart que tu opposes à l’adversaire, où l’ennemi se brise en sa révolte » (Ps 8,2-3). La louange devient une barrière face à la tristesse, au repli et au découragement. Dès le matin, elle nous élève et nous permet de sourire dans le miroir qui reflète notre image encore endormie. Il ne s’agit pas d’attendre d’être parfait ni en grande forme pour louer, mais louer, quel que soit notre état intérieur, pour entrer dans la joie des enfants de Dieu.

Pour conclure, essayons d’être concret. Si vous comprenez que la louange doit être la source de joie de notre vie spirituelle, il sera bon de se prescrire une dose quotidienne de louange. Nous pouvons prendre ce remède soit par des chants de louange que Youtube ou Deezer proposent en quantité, soit en chantant nous-mêmes ces chants, soit par des paroles libres de bénédiction et de gratitude. Laissons notre créativité jaillir. Soyons libre de le faire, chez soi, dans la nature, là où nous sommes, en repos et même au travail, quelques secondes ou quelques minutes. Prendre sa dose de louange, c’est entrer dans une nouvelle ère, celle du bien-être spirituel qui vainc nos torpeurs et nos tristesses. C’est un remède à consommer fidèlement et sans modération.

Des groupes musicaux divers et nombreux se créent au sein de l’Église catholique. Soyez créatifs et audacieux : Il suffit de rassembler quelques amis musiciens, de vouloir chanter en reprenant l’incroyable ressource musicale des communautés et des groupes. Que les jeunes osent se lancer et viennent jouer dans nos églises. La cathédrale de Chartres vous est ouverte si vos chants sont bien composés et travaillés ! Les chants nouveaux des compositeurs reprennent souvent la parole biblique et nous permettent de nous approprier ces textes inspirés. C’est un moyen utile pour apprendre et reprendre ensuite selon notre sensibilité, comme Marie pour son Magnificat, ces psaumes et ces prières si anciennes et toujours nouvelles.

Concluons en retenant l’invitation à louer que la lettre aux Hébreux nous adresse : « en toute circonstance, offrons à Dieu, par Jésus, un sacrifice de louange, c’est-à-dire les paroles de nos lèvres qui proclament son nom. »( He 13, 15) Dans l’apocalypse, on lit encore : « ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » (Apo 7, 12) Voici un beau projet pour l’année 2024 qui nous unira tous dans une même louange, avec nos frères et sœurs, ceux de la Terre et ceux du Ciel, les saints et les anges, qui louent Dieu, éternellement !

Je vous propose maintenant de prier ou de chanter ensemble :
Louez le Seigneur, louez le créateur,
 C’est lui qui nous bénit 
Et nous fait le présent de la vie !

  1. Il nous donne les fruits de la terre,
Il nous donne les poissons des mers,
Il nous donne les oiseaux du ciel, 
Louez la bonté du Seigneur !
    1. Il nous donne la glace et le feu, 
Il nous donne le jour et la nuit, Il nous donne l’eau et le vent,
Louez la bonté du Seigneur !
  2. Il nous donne tout l’univers, 
Il nous donne la joie du salut, 
Il nous donne le feu de l’Esprit, 
Louez la bonté du Seigneur !
  3. Louez-le pour toutes ses œuvres,
Louez-le pour ce que nous sommes, 
Louez-le pour l’éternité,
Louez la bonté du Seigneur !
  4. Louez-le en chantant vos hymnes,
Louez-le en dansant pour lui,
Louez-le en levant les mains,
Louez la bonté du Seigneur !
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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.