#243 «Le Baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu !»

En ce mois de septembre, celui de la reprise du catéchisme dans les paroisses et les écoles, tous les catholiques sont concernés par la transmission de la foi. Jésus était pressé d’aller dans les villages alentour pour annoncer la Bonne Nouvelle et le Royaume à venir. Il laissait alors derrière lui ces hommes et ces femmes qui avaient tellement soif de l’écouter encore et d’obtenir de lui des guérisons. Les gens devaient être parfois désemparés de le voir s’éloigner. Mais pour lui, sa mission était claire « il faut que j’annonce la Bonne Nouvelle, c’est pour cela que j’ai été envoyé » (Lc 4, 44). Certes il écoutait et partageait des repas. Il se faisait proche des plus malheureux et des pécheurs. Mais il voulait que tous sachent la nouveauté du salut. Avant de s’en retourner vers le Père par son Ascension, il leur dit encore « allez donc enseigner toutes les nations » (Mt 28, 19).

Aujourd’hui les paroisses et les écoles catholiques ont vocation à annoncer l’évangile du salut et de la joie. Tous les enfants ont le droit légitime d’être instruits des vérités de la foi. Les en priver c’est faire acte d’injustice grave car la connaissance et la vie du Christ est un besoin profond de l’âme pour toute personne. Aussi devons-nous faire preuve de zèle pour aller à la rencontre des habitants de nos villages afin de les renseigner sur les rendez-vous proposés à nos enfants, aux adolescents et faire aussi des propositions adaptées aux adultes. Le Christ dit après sa résurrection « j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire » (Mt 25, 35). Sainte Teresa de Calcutta mettait dans toutes ses chapelles les mots de Jésus au calvaire : « j’ai soif ». « Notre âme a soif du Dieu vivant, quand le verrai-je face à face ? » dit le psalmiste (Ps 41, 3). Qui va désaltérer les âmes assoiffées de notre temps présent ? Qui leur parlera ? Dieu dit encore « qui enverrai-je ? qui sera notre messager ?» (Is 6, 8) ce qui signifie « qui va répondre en vérité à sa vocation de disciple-missionnaire pour annoncer la Bonne Nouvelle ? » Chacun de nous, baptisés catholiques, n’a-t-il pas le devoir profond de réfléchir à cet appel ? Isaïe a répondu « Me voici : envoie-moi ! », peut-il nous inspirer à notre tour ?

Aussi, dans ce message, je souhaite vous dire un mot sur la joie du baptême et son efficacité en vue du salut. Le baptême est une plongée dans l’eau qui lave non le corps car nous ne pratiquons pas d’ablutions, mais l’âme lavée du péché des origines qui infecte tout être humain, le fragilisant dans son combat face au mal. Ce péché originel fut une désobéissance à Dieu qui entraîna une rupture envers lui et nous. Si saint Jean-Baptiste baptisait dans le Jourdain en vue de la repentance, Jésus par sa mort et sa résurrection prend sur lui le péché des hommes et s’offre en victime pour notre rachat. Sa passion nous libère ? Seul Jésus pouvait opérer cette libération pour toute l’humanité puisqu’il est à la fois Dieu et homme. Seul Jésus pouvait être la victime efficace, le véritable agneau sacrifié. Lors de notre baptême, nous avons été plongés dans sa mort et sommes ressortis ressuscités avec lui en vue de la vie éternelle comme l’exprime si bien Saint Paul : « dans le baptême, vous avez été mis au tombeau avec lui et vous êtes ressuscités avec lui par la foi en la force de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts (Col 2,12) ». Nous appelons ce passage la pâque nouvelle, la rédemption, le salut. Le baptême est un mystère, nous sommes dorénavant vivants et appelés à vivre graciés, dans la puissance de l’Esprit en compagnie de Jésus qui fait sa demeure en nous. Saint Paul dit que « ce n’est plus lui qui vit mais que le Christ vit en lui » (Gl 2, 20).

Comment ne pas citer saint Grégoire le Grand qui exprime si bien la grandeur du baptême : « Le Baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu… Nous l’appelons don, grâce, onction, illumination, vêtement d’incorruptibilité, bain de régénération, sceau, et tout ce qu’il y a de plus précieux. Don, parce qu’il est conféré à ceux qui n’apportent rien ; grâce, parce qu’il est donné même à des coupables ; Baptême, parce que le péché est enseveli dans l’eau ; onction, parce qu’il est sacré et royal (tels sont ceux qui sont oints) ; illumination, parce qu’il est lumière éclatante ; vêtement, parce qu’il voile notre honte ; bain, parce qu’il lave ; sceau, parce qu’il nous garde et qu’il est le signe de la seigneurie de Dieu (Cité dans le Catéchisme de l’Église catholique n°1216). »

Le baptême fait de nous des êtres nouveaux, il est une renaissance dans l’Esprit. Les catéchumènes reconnaissent volontiers combien leur vie a changé. Elle est nouvelle. Un avenir est ouvert. Ils disent avoir conscience qu’ils ne sont plus seuls et se disent accompagnés. Tous leurs péchés ont été pardonnés et Dieu leur donne sa grâce pour vivre pas à pas en sa présence au quotidien. Certes nous connaissons nos fragilités et nous sommes conscients que cette vie nouvelle en tant que baptisés ne nous sort pas du monde perverti dans lequel nous restons immergés et que le combat de la lumière sera rude et long. La tentation nous guette, elle « tourne autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer » (1P 5, 8). Or comme disciple de Jésus nous n’usons pas des armes du monde, notamment la violence ou la vengeance, mais nous désirons vivre avec un cœur droit, humble et tendre, lent à la colère et plein d’amour (Cf. Ps 102). C’est merveilleux mais il faut apprendre doucement à reconnaître la force de l’amour et s’y fier face aux maux présents dans notre société.

Faut-il attendre pour offrir le baptême à un enfant ? En réalité, l’Église a compris depuis les temps les plus anciens que tous ont droit à ce sacrement. S’il est d’abord un don gratuit, nous n’avons pas à le mériter par des efforts volontaires, nous sommes destinés à le recevoir pour devenir enfants de Dieu. Quand Corneille, païen romain que saint Pierre visite, demande le baptême, il le reçoit « avec toute sa famille » (Cf Act 10). Possiblement ce sont ses enfants, ses cousins et ses frères qui reçoivent le baptême. Nulle part n’est indiquée une limite d’âge : Jésus insiste clairement pour qu’on « laisse venir à lui les petits enfants » (Mt 19, 14) afin qu’il les bénisse. Il ajoute « ne les empêchez point ; car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent ». Fortifié par le baptême, l’enfant avance soutenu par la force du sacrement et peut faire personnellement le choix de la foi chrétienne à l’adolescence lors de sa profession de foi et surtout de sa confirmation dont nous reparlerons volontiers.

Ce baptême est le début d’un chemin en présence du Seigneur. Il demande que soit transmise la vérité de la foi due au baptisé afin qu’il puisse aussi vite que possible connaître le don reçu, la vie de Jésus et ses enseignements, la promesse de l’éternité, l’appel à la conversion qui perdure toujours, qu’il entre dans la vie de l’Église et y prenne part avec ses talents et ses charismes. La privation de la catéchèse parfois appelée instruction religieuse est une grave injustice et elle contredit l’engagement pris par les parents lorsqu’ils se sont adressés à la communauté paroissiale pour demander le baptême de leur enfant. Ce dernier a souvent une sorte d’intuition spirituelle, il aime aller dans l’église où il prie Jésus avec ses paroles enfantines et vraies. On doit comprendre cela et l’encourager. C’est une exigence aussi importante qu’est le sérieux du salut. En effet, à quoi sert-il de vivre en satisfaisant nos besoins matériels tels la nourriture, l’habitat, les loisirs, les vêtements, si rien ne nourrit l’âme et la vie spirituelle qui pourtant survivront à notre mort quand nous abandonnerons tout le reste ici-bas ? Le baptême nous ouvre la porte du Ciel et la vie spirituelle, c’est-à-dire la vie de prière, nous y conduit.

La vie nouvelle initiée par le baptême nous rend responsable de nos frères et sœurs qui souvent n’ont pas accès à l’eau vive du salut. Aussi, dit le Pape François, le baptême nous transforme en disciple-missionnaire. À nous de proclamer les merveilles de la foi. À nous de sortir de notre confort et de nos murs pour aller rencontrer et écouter les personnes, pour annoncer le Christ ressuscité. Qu’avons-nous à craindre ? Un refus est probable mais cela ne nous blessera pas si nous faisons toute chose au nom de Jésus. Cette annonce donne des joies réelles. Rappelons-nous l’appel de Dieu à Isaïe « qui enverrai-je ? ». Osons prier pour discerner comment participer à la mission du Seigneur. Répondons ensemble à l’envoi de Jésus « allez et de toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit (Mt 28, 19) ». C’est la mission reçue en notre diocèse par les sœurs apostoliques de saint Jean qui vivent dans le quartier saint Michel de Dreux auprès de personnes pauvres, souvent musulmanes, et qui osent aller à la rencontre de chacun. Nous les soutenons en ce moment en restaurant leur prieuré afin qu’elles y trouvent de meilleures conditions de vie et nous en appelons à votre générosité pour elles.

Pour conclure, je vous demande de prier pour mon ami et frère dans l’épiscopat, Monseigneur Didier Berthet, avec qui j’ai fait mes six années de séminaire. Il était l’évêque du diocèse de saint Dié dans les Vosges. C’était un pasteur zélé, homme de grande communion, polyglotte parlant huit langues, connaissant en plus les langues anciennes de l’Écriture, protestant devenu catholique durant ses études à Sciences Po, il manifestait beaucoup d’attention au dialogue œcuménique. Je me souviens de lui chantant magnifiquement les airs du Barbier de Séville ou imitant parfaitement le pape Jean-Paul II chez les petites sœurs des pauvres où nous allions ensemble. Il s’est battu humblement et courageusement contre le cancer qui lui a ouvert la voie du Ciel. Nous avons perdu un frère aimé, mais avons gagné un intercesseur auprès de Dieu. Qu’il repose en paix avec Celui qu’il a annoncé par son ministère.

Maintenant, prions simplement pour ce frère décédé et aussi pour ceux qui nous ont quittés récemment et qui restent chers en notre mémoire.

Notre Père… et Je vous salue Marie.

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