Avons-nous besoin de signes pour vivre notre foi et croire en Dieu ? Dans la vie amoureuse, l’être aimé attend des signes, des mots et des gestes, guette parfois une attitude exprimant l’attachement et le degré d’engagement. Mais les signes sont-ils une garantie de la véracité de l’amour ? Ils peuvent tromper, être mal interprétés et conduire à une mésentente. La parole n’est-elle pas préférable ? Elle peut réconcilier ceux qui se seraient blessés et rejoint et unit les cœurs de ceux qui sont en vérité.
Les juifs qui côtoient Jésus constatent les miracles qu’il opère, ils entendent ses paroles et voient comment il comprend les peines des gens. Mais les scribes et les pharisiens veulent une sorte de garantie, ils veulent des signes probants qu’il est celui attendu par tout le peuple, c’est-à-dire le Messie annoncé par les prophètes : « Maître, nous voulons voir un signe venant de toi. » (Mt 12, 38) Lisons dans l’évangile l’étrange réponse que Jésus leur donne lorsqu’il parle du signe de Jonas : « Cette génération mauvaise et adultère réclame un signe, mais, en fait de signe, il ne lui sera donné que le signe du prophète Jonas. En effet, comme Jonas est resté dans le ventre du monstre marin trois jours et trois nuits, le Fils de l’homme restera de même au cœur de la terre trois jours et trois nuits. » (Mt 12, 39-41) Mais qui était Jonas ? Nous trouvons son histoire dans un livre bref de l’Ancien Testament qui porte son nom. Jonas est un petit prophète interpellé par Dieu qui l’envoie prêcher la conversion aux habitants de Ninive qui sont tous des païens vivant une vie dissolue. Jonas, prétextant que ces gens-là ne méritent pas la mansuétude divine, fuit à l’opposé et embarque sur un navire. Mais une tempête s’abat sur son frêle esquif qui sombre. Les marins se demandent entre eux qui a insulté son dieu et Jonas avoue avoir désobéi au Dieu de ses pères, et demande qu’on le jette par-dessus bord afin que la tempête s’apaise. Et c’est bien ce qui se passe, mais au lieu de se noyer et de périr, Jonas est avalé par un monstre marin, appelé souvent baleine, et cet animal le rejette vivant sur une plage trois jours après. Jonas se décide alors à aller prêcher la conversion à Ninive où tous l’écoutent y compris le roi qui décrète un jeûne de trois jours. Dieu épargne la ville de la destruction prévue. Le récit abonde de détails savoureux : je vous suggère de lire ou relire quelques chapitres pendant l’été et d’en comprendre le sens métaphorique : il faut obéir à Dieu même lorsque la mission demandée nous déplait, car « les pensées de Dieu ne sont pas nos pensées ! » (Is 55, 8)
Nous voyons donc que le signe de Jonas, ce sont ces trois jours dans le monstre, qui sont compris par les premiers chrétiens comme une préfiguration de la passion de Jésus qui passe trois jours dans le tombeau. Pour mémoire, à son époque, toute fraction de journée est comptée comme un jour. Jésus fut mis au tombeau la vendredi soir, soit un premier jour, y resta mort le 7ème jour de la semaine – pour nous c’est le samedi – et ressuscite le premier jour de la semaine, qui deviendra ensuite le jour du Seigneur et premier jour de la re-création de l’humanité sauvée par son sacrifice. Pouvons-nous saisir que le signe que nous aimerions voir plus explicitement pour ancrer fermement notre foi est la passion de Jésus-Christ, sa mort et sa résurrection ? Ce fait historique et fondamental est-il pour l’homme du XXIe siècle un signe fort et explicite de la présence et de la victoire de celui qui est la Vie victorieuse de la mort ? Souvent dans le passé, les catholiques allaient prier chaque vendredi le chemin de croix. Cette belle tradition spirituelle qui est vécue merveilleusement dans les ruelles de Jérusalem, peut-elle être proposée dans nos paroisses afin que la conscience des fidèles de ce moment dramatique de la vie de Jésus, tellement violent pour l’agneau immolé et innocent, grandisse en action de grâce et en actes de foi ? Car Jésus ne vient pas pour régler les difficultés inhérentes à notre vie terrestre mais pour nous sauver de la mort éternelle et nous conduire à la communion parfaite en sa Gloire auprès de Dieu Père.
Pour aller plus loin et voir tout de même quels sont les signes qui nous encouragent, essayons d’en nommer quelques-uns.
La fraternité chrétienne entre fidèles qui se découvrent frères et sœurs, partageant la joie mais aussi des moments de qualité merveilleux, ouvrant leur maison mutuellement, soutenant les uns et les autres dans leurs difficultés, voici un signe de l’œuvre de Dieu.
Le service concret de la charité auprès des personnes dépendantes et seules, ou encore envers ceux qui ont tout perdu notamment dans ces incendies terribles de Gironde ou de Provence, voici un signe de l’œuvre de Dieu.
La paix intérieure comme don du Saint-Esprit lorsque les événements du monde troublent et inquiètent tant de personnes, lorsque les nuages sombres s’accumulent sur notre avenir, voici un signe de l’œuvre de Dieu.
Les motions et les intuitions que nous percevons en nous nous invitant à donner du temps à une personne éloignée depuis longtemps ou à un membre de notre famille, ce qui apporte une belle joie partagée, voici un signe de l’œuvre de Dieu.
L’Église présente dans les lieux de grande pauvreté, les bidonvilles ou ces endroits désertiques, toujours engagée pour les soins aux malades et l’éducation des enfants, voici un signe de l’œuvre de Dieu.
Enfin et surtout, l’eucharistie ou la sainte Messe, lorsque les fidèles reçoivent le corps de Jésus dans un bel acte d’adoration, voici un signe de l’œuvre de Dieu.
Chacun de vous peut ajouter à cette liste quelques expériences personnelles marquées par la Providence divine qui anticipe nos besoins.
Nous savons que notre foi est un don de Dieu reçu au baptême et, comme le disait Jésus, « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » (Jn 20, 29) Pour faire grandir notre communion en Dieu, pour avancer avec foi, nous avons le grand moyen, le chemin direct qui est l’écoute et la méditation de la Parole divine, des saintes écritures. « Celui qui m’aime gardera ma parole » disait Jésus (Jn 14, 23). Pas de doute, la Parole est plus qu’un signe, elle est vie et elle nous enseigne non seulement à nous bien comporter mais aussi à vivre en présence de Dieu. Puisse la Parole être à côté de nous en ces jours, sur nos lèvres, dans nos cœurs. Puissions-nous la transmettre à nos enfants, en prenant du temps pour lire des passages évangéliques signifiants pour eux.
Prions ensemble et confions, si vous le voulez bien, les préparatifs du pèlerinage à Lourdes de l’hospitalité chartraine avec les malades du diocèse, qui aura lieu juste après la fête de l’Annonciation en août.
Prière à Notre-Dame de Lourdes de Jean-Paul II :
« Je te salue Marie, Femme de foi, première entre les disciples ! Vierge, Mère de l’Église, aide-nous à rendre toujours compte de l’espérance qui est en nous, ayant confiance en la bonté de l’homme et en l’amour du Père. Enseigne-nous à construire le monde, de l’intérieur : dans la profondeur du silence et de l’oraison, dans la joie de l’amour fraternel, dans la fécondité irremplaçable de la Croix. Sainte Marie, Mère des croyants, Notre-Dame de Lourdes, prie pour nous. Ainsi soit-il ! »
Notre-Dame de Lourdes, priez pour nous !
Sainte Bernadette, priez pour nous !