Dimanche 17 juillet, en mer face à la côte d’Emeraude, j’ai béni des bateaux dont la vedette orange et bleu marine de la Société Nationale de Sauvetage en Mer, toujours prompt à partir à la recherche de plaisanciers en détresse ou de pêcheurs professionnels qui affrontent parfois des tempêtes si sévères. Puis ce fut une magnifique messe en plein air pour honorer saint Lunaire, de son vrai nom saint Leonor, moine du XIe siècle venu d’Irlande évangéliser les côtes bretonnes, avec comme seul trésor l’évangile, comme force le saint Esprit et comme source de courage l’espérance que bientôt ce serait pour lui la Gloire céleste. Quelle joie de vivre ce moment avec un millier de fidèles priants, entre ciel et mer.
Chanter, nous l’avons fait, notamment un vieux cantique au bienheureux saint : « Saint Lunaire, protecteur du pays, fais briller ta lumière dans l’âme de tes fils, de notre foi première rallume le flambeau. » Le chant n’est-il pas merveilleux pour soutenir notre foi en Jésus-Christ ? Louons le Seigneur par nos chants.
Néanmoins, il y a des épreuves si dures que la voix ne sort pas. C’est en l’an 586 av J.C., que le peuple hébreu commence son exil depuis sa défaite face à Nabuchodonosor et ses armées. Tous les dignitaires, chefs, artisans, ont été déportés. Un jour, au bord du fleuve à Babylone, en Mésopotamie, actuel Irak, des babyloniens demandent à quelques-uns de ces juifs de leur chanter un chant de Sion, une mélodie de leur pays et des airs joyeux. Mais ces déportés, esclaves loin de chez eux, ne sont que douleur et ils leur répondent : « Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! Je veux que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir, si je n’élève Jérusalem, au sommet de ma joie. » (Ps 136, 4-6) Loin de la cité de David, loin de la ville du Seigneur, Jérusalem, ces hommes et ces femmes ne pouvaient plus faire monter leur louange pourtant profondément ancrée dans leurs traditions cultuelles. Trop mélancoliques, arrachés à leur terre, privés de leur histoire, ils préféraient se taire. Pourtant le chant n’est-il pas un formidable vecteur de joie et d’espérance même dans l’épreuve en libérant le cœur de toute tristesse ?
L’été est maintenant là. Des grosses chaleurs nous accablent. Des incendies ont détruit de grandes forêts. Le réchauffement climatique nous atteint. La terre a chaud. Heureusement la moisson est faite en Beauce et dans le Perche, et il y aura des céréales pour le pain et l’huile. Au pays de Jésus, en Israël, l’été est brûlant. Là-bas, il est bon d’être « comme un arbre planté au bord des eaux, qui étend ses racines vers le courant : il ne craint pas la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert, il ne redoute pas une sécheresse, car elle ne l’empêche pas de porter du fruit. » (Jr 17, 8) Cette image champêtre s’applique bien à notre vie spirituelle qui a besoin de l’eau vive qui symbolise la grâce divine. Cette grâce dont la Vierge Marie est comblée c’est la vie de Dieu, c’est Dieu lui-même qui se donne. Notre cadre de vie, nos relations sociales et notre travail apportent leur lot de fatigues et de sécheresses. Or, auprès du Seigneur, ne trouvons-nous pas un refuge, un havre de paix, un espace de fraîcheur ? La vie spirituelle désaltère l’âme humaine dans une douce relation à son créateur, en chantant ses louanges qui nous rapprochent de lui. Osons fredonner sur les chemins des vacances, chantons de beaux chants religieux, laissons-nous bercer par les grands morceaux de musique religieuse, par ces magnifiques compositeurs de musique sacrée tel Jean-Sébastien Bach.
L’été est aussi propice à quelques découvertes, des paysages et de beaux lieux, mais aussi des communautés catholiques lors des messes dominicales. L’arrivée des estivants apporte son lot de talents pour le chant comme pour la musique. Il est bien de participer à ces liturgies pour nous communiquer nos richesses respectives et apprendre des autres. Il est enrichissant de s’associer aux messes de régions différentes pour goûter un répertoire inhabituel, comme j’ai pu le faire par le passé dans le pays basque. Avec ces frères et sœurs, prenons le temps de quelques échanges. Et avec eux chantons la louange du Seigneur. Un psaume nous y encourage : « Acclamez Dieu, toute la terre, fêtez la gloire de son nom, glorifiez-le en célébrant sa louange ! » (Ps 65, 1) Les psaumes, en grande partie composés par le roi David, intègrent toute la variété des sentiments humains, heureux ou malheureux. Apprendre à chanter les psaumes de manière libre, ce qui veut dire sans partition imposée, offre au chantre une grande liberté d’interprétation. Fredonner ou chanter, murmurer ou au contraire lâcher sa voix, tout est possible, selon le contexte ou l’humeur spirituelle. Osez, je vous le propose, en prenant certains psaumes merveilleux et connus, comme le psaume 23 dit du bon Berger ou le psaume 21 qui commence par le cri de Jésus sur la Croix ou encore les psaumes des montées (n°120 à 134) qui rappellent l’arrivée joyeuse des déportés à Babylone de retour face aux murs de Jérusalem. Découvrons le psautier, pour notre prière personnelle mais aussi pour enrichir la prière de nos assemblées comme celle des fraternités qui nous sont habituelles telles les équipes Notre-Dame, les équipes du rosaire et les fraternités de maison. En plein air, devant de beaux paysages, faites monter vers Dieu ces louanges psalmodiées.
À la messe, le célébrant, l’assemblée et la chorale, tous chantent. Le chant suscite la communion et nous relie au Seigneur Jésus-Christ. « Chantez au Seigneur un chant nouveau » est une invitation fréquente dans la Bible. Pourquoi « nouveau » ? Car le Saint-Esprit rejoint l’aujourd’hui de notre vie. Il est vrai que pour les prêtres comme pour les laïcs, chanter est souvent difficile, car la plupart d’entre nous n’ont pas bénéficié d’un véritable enseignement du chant. Nous rêvons peut-être devant « The Voice » et cependant nous demeurons silencieux dans l’assemblée chrétienne. Certains peuvent avoir peur des fausses notes. Pourtant, chacun est appelé à utiliser sa voix pour glorifier Dieu. Ayons confiance et persévérons ! Chanter peut s’apprendre à tout âge. Pourquoi nos paroisses ne pourraient-elles pas organiser des cours de chants pour les fidèles qui le veulent, comme pour le curé d’ailleurs ? Pourquoi ne pas faire des ateliers en famille pour découvrir tel chant, en s’aidant des enregistrements proposés sur Internet ? Le chant dans la liturgie n’est pas une option mais une nécessité. Un progrès est espéré, le nouveau missel insiste sur ce point, avançons hardiment.
Maintenant, je vous propose de prier en chantant un beau cantique fréquemment repris dans nos paroisses, pour louer ensemble d’un même cœur. Bel été.
Pour tes merveilles, je veux chanter ton nom
Proclamer combien, tu es bon !
De Toi et de Toi seul, Seigneur,
Dépend mon sort
O mon Roi, mon Dieu je t’adore.
Quand je t’appelle dans la détresse,
Sensible à mon cri tu t’abaisses,
Ta droite douce et forte me redresse
Contre ton sein me tient sans cesse
- A ta tendresse je m’abandonne,
Car sûre est ta miséricorde.
Qui comme Toi, Seigneur sauve et pardonne ?
Pas de salut que tu n’accordes !