#114 « En la vigile du 5e dimanche du carême, notre frère, le père Joseph Hercouët nous a quittés pour entrer dans la vie glorieuse »

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En la vigile du cinquième dimanche du carême, notre frère, le père Joseph Hercouët nous a quittés pour entrer dans la vie glorieuse où Jésus a promis de nous préparer une place. Il avait eu 96 ans quelques jours avant, comptait 72 années de sacerdoce, écrivait le récit de sa vie il y a deux ans puisant dans sa merveilleuse mémoire de nombreuses anecdotes de son ministère. Sa vue avait bien baissé et il était dorénavant aveugle et obligé de regarder avec les yeux du cœur ceux et celles qui venaient nombreux le visiter. Son énergie le maintenait actif et il aimait confesser en la cathédrale auprès de Notre-Dame, la Vierge du Pilier, il y a encore peu de temps. Ses funérailles y seront célébrées ce lundi 29 mars à 14h30. La mort et l’entrée dans la Vie d’un prêtre nous fait réfléchir et nous appelle à prier pour demander au Seigneur des jeunes gens qui répondent à l’appel au sacerdoce. Quelle pastorale des vocations déployer, sachant que souvent les hommes adultes qui frappent à la porte ont parcouru un chemin personnel hors de nos activités ? La réponse à l’appel ne découle-t-il pas du climat spirituel vécu par tout le diocèse ? N’est-ce pas lorsque le peuple de Dieu est un peuple fervent et donné au Christ qu’émergent parmi ce peuple des personnes qui s’offrent encore plus radicalement dans un célibat pour le Royaume ? La moitié des vocations sacerdotales vient de famille catholiques nombreuses. On pourrait dire que cela s’explique mathématiquement puisque plus il y a d’enfants, plus il probable que l’un d’entre eux réponde à l’appel. En réalité les enfants y expérimentent le partage, le service des autres notamment lorsque les ainés doivent prendre soin des derniers de la fratrie, la générosité des parents. N’en concluez pas que dans les familles moins nombreuses, on ne trouverait pas cela. Comparaison égale poison ! En réalité, c’est surtout dans un climat de prière familiale que l’enfant entend en lui, au fond de son âme, une voix qui lui propose ce don total. Si sa famille est naturellement disposée au choix de Dieu, alors il peut aisément s’en ouvrir et se faire accompagner durant l’adolescence en vue de dire un jour « me voici, envoie-moi. » (Is 6,8) Mais il y a des vocations qui surgissent presque miraculeusement de terres non chrétiennes, lorsque l’Esprit Saint œuvre au sein de rencontres, rejoignant un désir profond de se donner à Dieu et aux hommes. Ainsi, il arrive de voir des prêtres issus de familles athées voire anticléricales ou communistes. C’est le privilège de la grâce qui pénètre sans bruit par des fissures pour atteindre un cœur disposé. Les vocations jailliront d’un peuple chrétien pour qui la figure de Jésus-Christ est centrale. C’est bien cette intimité avec le Sauveur qui rend l’appel attirant et passionnant, un appel qui passe par notre vie d’homme et de femme, lorsque l’amour du Christ y est accueilli dans la vie naturelle, celle de tous les jours. Comme une lumière illumine un vitrail, cette présence éclaire nos désirs conformes à la volonté divine.

En son temps, en Israël, Jésus ne pouvait pas rester seul car les foules le recherchaient. Sa parole avait une grande autorité par la bonté qui l’accompagnait. Ses gestes miraculeux devenaient des signes de renaissance pour les malades et leur famille. Sa liberté fondée dans l’amour absolu s’élevait au-dessus des conformismes religieux et sociaux de son époque. Il parlait avec son cœur à tous les êtres humains, particulièrement aux pauvres et aux petits. On aurait pu penser qu’il serait aimé de tous. Or après trois années à faire le bien sur les chemins de Galilée et de Judée, dans les déserts comme à Jérusalem, voici venu le temps de la vérité. Jésus sait qu’il monte vers sa passion, celle qu’il a lui-même annoncée en plusieurs occasions afin de préparer les disciples à faire face au drame terrible qui va s’opérer.

La fête des Rameaux raconte comment Jésus est entré à Jérusalem. Jésus est acclamé lors de son arrivée. Bientôt il célébrera la Pâques avec ses apôtres et instituera l’Eucharistie en offrant son corps et son sang comme nourriture et boisson pour le salut de tous. Alors qu’il avance, on reconnait cet homme qui parle avec autorité, qui dénonce les comportements hypocrites, qui se penche sur les malades et les guérit, qui appelle à pardonner son prochain, qui relève les humbles et les pauvres. La foule l’accueille. Elle est profondément heureuse de cette rencontre. Les gens ont cueilli des branchages et des rameaux et les agitent en signe de joie. Ils ôtent leur manteau et l’étalent sur le pavé des rues pour offrir une voie royale à Jésus. Jésus arrive, monté sur un petit âne. Il est humble et se laisse atteindre par la joie de ces gens. Cependant il les connait. Il a conscience de leur faiblesse et de leur capacité à se laisser influencer par l’esprit du monde, par les violents et les puissants qui s’imposent par la crainte. Ce sont ces derniers qui influenceront le peuple : après avoir acclamé Jésus, voilà qu’ils demandent sa mort. Nous-mêmes sommes capables d’accueillir Jésus en notre vie. Mais nous sommes faibles et tentés pas le silence et la peur devant Jésus qui souffre dans le pauvre, qui peine dans le migrant, qui est persécuté dans ce frère chrétien outragé, qui est seul en prison. Nous nous demandons ce qu’il nous serait possible de faire. Nous espérons que les associations caritatives seront là pour cela. Nous nous disons que c’est la mission de l’État de régler les problèmes. Nous pourrions acclamer Jésus et rentrer chez nous le cœur en paix. Pour chacun de nous, apporter une réponse personnelle aux drames humains est un défi souvent insurmontable. C’est pour cette raison que la vie commune, le discernement ecclésial, la fraternité dans la lumière de l’Esprit sont nos sources et nos lieux de force. Ensemble, et c’est bien la mission de la diaconie diocésaine, nous osons et avançons.

Dans cet esprit, en ces semaines, nous vivons un bel événement, le forum « Territoires vivants », dont la portée reste modeste pour le moment, mais qui pourrait donner de beaux fruits à l’avenir. Des hommes et des femmes en Eure & Loir ont bâti des projets nouveaux en quête de relations entre les humains et la nature, en favorisant l’ouverture aux talents notamment à des personnes en difficulté sociale par de l’insertion professionnelle, en échangeant leurs expériences. Ces rencontres continuent en visio-conférences le mercredi soir et deux autres sont encore programmées. Simultanément cette semaine, la conférence des évêques de France poursuit ses travaux en présence de deux cents acteurs, souvent laïcs, impliqués dans l’écologie intégrale telle que le pape la décrit dans Laudato Si. Inspirants, des témoins ont montré comment ils furent conduits par le Saint Esprit à s’impliquer dans des projets innovants et prophétiques. J’aimerais nommer Delphine, maman de quatre enfants dont deux en situation de handicap psychique qui, ne pouvant pas être régulière pour un travail salarié, crée son entreprise de traitement des déchets en employant des personnes marginalisées. Aujourd’hui « Les Valoristes Bourguignons » sont un exemple d’entreprise sociale et écologique en vue d’une économie propre et responsable. C’est en associant les bonnes volontés, en créant du lien entre acteurs au service de la « Maison commune », notre Terre, que naîtront des projets enthousiasmants. Comment l’Église peut-elle aider et accompagner de telles initiatives ? Venez nous le dire, car c’est ensemble que nous pourrons relire les signes de l’Esprit.

Dans son encyclique Fratelli tutti, le Pape François rappelle avec force que Jésus doit être au cœur de ces nouveaux projets. C’est lui qui inspire. C’est lui qui unit. C’est lui qui soutient lorsque l’effort décourage. C’est lui qui aime à travers nous. C’est le Christ qui nous révèle la présence aimante de Dieu le Père dont l’Amour merveilleux nous rassemble dans une même fraternité, loin des oppositions créées par des idéologies raciales promues en ce moment. Blanc, jaune ou noir c’est un même sang qui coule dans nos veines pour apporter la vie et nous permettre d’être unis en vue d’un avenir prometteur. Créer ensemble, à l’écoute de l’Esprit Saint, au service du bien commun, dans le respect de la création comme don de Dieu, voici le chemin.

En ce jour, nous nous tournons encore avec joie vers la Vierge Marie pour la prier pour recevoir des vocations sacerdotales. Ne nous lassons pas de le faire, le chapelet à la main.

 

Vierge Marie,

Mère du Christ Prêtre,

Mère des prêtres du monde entier,

Vous aimez tout particulièrement les prêtres,

Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,

Et vous l’aidez encore dans le ciel.

Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,

Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,

Qui nous donnent les sacrements,

Nous expliquent l’Évangile du Christ,

Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,

Les prêtres dont nous avons tant besoin,

Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,

Obtenez-nous, ô Marie,

Des prêtres qui soient des saints.

Amen.

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