Le Pas de Saint-Martin

Qu’on nous permette, à cette occasion, de mentionner une tradition qui prétend que saint Martin serait venu jusque dans la contrée de Viabon. En effet, près de la route qui va d’Ymonville à Viabon, il existe une pierre qui porte la marque d’un pas et qu’on appelle le « Pas ou le Pied de Saint-Martin ». Elle aurait pour but, de conserver le souvenir de ce passage. Cette tradition n’est sans doute qu’une légende, d’origine assez récente. Elle a été recueillie, en 1888, par G. Fouju et publiée par le Beauceron de Paris, dans les termes qui suivent :

« Une fois, saint Martin, dans un de ses voyages en Beauce, s’était égaré dans la plaine qui devant lui s’étendait… s’étendait jusqu’au ciel. Seul dans cette solitude, ne sachant comment faire pour retrouver son chemin et surtout un village où il pût se réconforter, saint Martin s’agenouilla sur une pierre qui était là, se prosterna, et adressa à Dieu une fervente prière. Sa prière fut exaucée car relevant la tête, il vit droit devant lui, la croix du clocher de Viabon. C’est ce qui fait que saint Martin est le patron de Viabon et que la pierre sur laquelle il s’est agenouillé, a conservé des empreintes qui ne sont autres que celles du genou et du pied de saint Martin.

Cette pierre, que l’on nomme le Pied de Saint-Martin, n’a pas plus de 0 m 40 carrés de surface. Elle se trouve entre Ymonville et Viabon, dans le fond d’un vallon par où a passé la Conie et qui s’appelle la Vallée. Elle était autrefois sur le flanc du coteau qui regarda Viabon, et, comme, en raison de son peu de volume, elle était facilement transportable les gens qui voulaient voir la croix du clocher de Viabon en se plaçant dessus, la mettaient plus ou moins haut, sur le coteau, selon leur taille.

Cela ne plaisait guère au cultivateur du champ, car la récolte en était souvent endommagée. Aussi, pour obvier à cet inconvénient et pour honorer la mémoire de saint Martin, la pierre fut cimentée sur une sorte de petit monument surmonté d’une croix de fer. Ce monument, dont nous avons pris un croquis en 1888, est tout au bas du coteau, sur le bord d’un chemin de traverse. Il porte du côté du chemin l’inscription : À la mémoire de saint Martin. — Je suis érigée par la volonté de Hurault, François-Augustin et Suzanne-Rosalie Couvret, son épouse à Viabon — 1883.

On arrive au Pied de Saint-Martin par quelques marches, et, si en est de haute taille, on peut, en mettant le pied dans le pied de saint Martin, et en se cramponnant à la croix, voir, droit devant
soi, la croix seulement du clocher de Viabon ».

Mais, que saint Martin, au IVe siècle, ait pu voir la croix du clocher de Viabon, en passant par là, c’est plus douteux !