#255 «Et la belle Dame lui dit : “Je suis l’Immaculée Conception” 

En 1858 ont lieu les apparitions à Lourdes. « Je suis l’immaculée conception », voici les mots que la belle Dame apparue dans la grotte située sur la rive gauche du Gave révèle à Bernadette qui lui demande son nom. Le père Peyramale l’avait fermement enjoint d’obtenir l’identité de cette belle personne que la petite voyante affirmait voir. Bernadette se précipita chez le curé en répétant cette expression si singulière pour elle, afin de la redire correctement devant l’homme de Dieu qui en fut médusé. Pourquoi fut-il sous le choc ? Car le 8 décembre 1854, l’Église, par l’autorité du pape Pie IX, avait déclaré comme dogme définitif, dans la Bulle Ineffabilis Deus, la conception immaculée de Marie dans le sein de sa mère Anne, s’appuyant sur le sensus fidei de tous les fidèles interrogés par lui. Le peuple catholique était convaincu de cette vérité de la foi de l’Église : le Verbe divin en prenant chair dans le sein de la Vierge l’avait préparée de manière toute spéciale en la préservant du péché des origines et de ses funestes conséquences. Voici ce que dit le texte du pape : « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout puissant, en vue des mérites de Jésus Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement et constamment par tous les fidèles ». Assurément la concomitance entre l’acclamation du dogme et les apparitions quatre années après rejaillit sur la grande réputation de Lourdes pour tous les catholiques du monde entier. 

Ainsi Marie fut-elle préservée du péché originel par une grâce spéciale due aux mérites de son fils Jésus-Christ, dont elle bénéficia par avance. On fut alors convaincu que la Dame de la grotte était bien la Vierge Marie envoyée par Dieu. Elle demanda que l’on vienne en pèlerinage en ce lieu, qu’on y construise une chapelle, et que soit manifestée la compassion de Dieu par la reconnaissance des guérisons qui allaient s’y multiplier. Les fidèles ne s’y trompaient pas, attirés immédiatement par milliers pour assister aux apparitions. Rapidement, on organisa des trains pour les pèlerins. Les Lourdais construisirent des hôtels pour héberger les pèlerins, faisant de Lourdes la deuxième ville hôtelière de France après la capitale et ouvrirent de nombreux magasins de souvenirs et d’objets de dévotion. Un nouvelle fois, Dieu s’est penché sur son humble servante en choisissant Marie de Nazareth comme son émissaire. Par sa Mère très sainte, Il confiait un secret merveilleux à une jeune fille inculte, pauvre et marginalisée, pour que soit confirmé et annoncé ce dogme si précieux. Dorénavant le monde entier connaîtrait le nom de Bernadette, elle dont on se moquait à cause de sa pauvreté. Dieu se révélait aux petits, ces « pauvres en esprit à qui Jésus promettait le Royaume ». Des grottes imitant celle de Lourdes furent construites partout dans le monde afin de faire mémoire de ce pèlerinage. 

Alors que sainte Bernadette avait reçu un message unique et personnel, elle choisit par la suite de devenir religieuse chez les sœurs de la Charité de Nevers. Elle y devint une simple religieuse et y mourut en 1879. Ainsi, avait-elle pleinement rempli sa vocation. Or, nous qui sommes des chrétiens, nous pourrions penser ne pas avoir reçu un réel appel personnel. Si la Vierge Marie ne nous a pas parlé de manière si particulière, nous avons reçu le plus beau des messages de Jésus, les évangiles. Ceux-ci nous guident, ils nous communiquent le projet divin à mettre en œuvre, ils sont notre vraie boussole pour emprunter le droit chemin de la sainteté. Aucun d’entre nous ne peut dire qu’il ne sait pas vers où marcher. L’Église est dans la main de Dieu et l’Esprit Saint nous montre la voie si nous écoutons, dans le silence de la prière, notre conscience à la lumière de la Parole. L’Esprit parle par les saintes écritures et la Tradition, il nous enseigne toutes choses, comme Jésus l’a annoncé, par le Magistère de l’Église. En lisant ces écrits avec d’autres chrétiens, pour nous former et pour en être transformés, nous serons comme sainte Bernadette qui annonce aux hommes le message qu’elle a reçu. Quel est-il ? Ce message dit que tous les hommes et toutes les femmes sont invités au repas des noces de l’Agneau, Jésus lui-même qui trône dorénavant dans la gloire du Ciel. Le pape François vient d’écrire une exhortation sur la formation liturgique dont le titre vient de Luc 22,15 : « J’ai désiré d’un grand désir » et il insiste sur l’urgence de l’annonce missionnaire en disant « nous ne devrions pas nous permettre ne serait-ce qu’un seul instant de repos, sachant que tous n’ont pas encore reçu l’invitation à ce repas, ou que d’autres l’ont oubliée ou se sont perdus en chemin dans les méandres de la vie humaine » (DD 5). Ces noces sont le signe de la vie éternelle dont l’eucharistie est l’anticipation tout en étant la continuation de l’unique sacrifice pascal opéré par la mort de Jésus sur la croix et sa résurrection le troisième jour. Pouvons-nous garder pour nous l’invitation de Jésus ? Le désir du Christ nous concerne à un double titre : nous sommes les invités et nous sommes les invitants au nom de notre baptême. Face aux questions et aux défis qu’affronte notre société en France, il ne s’agit pas tant de dénoncer les choix politiques que d’agir en chrétiens. Nous sommes loin du compte en réalité. À qui avons-nous rapporté les merveilles de Dieu ces derniers jours ? Vers qui allons-nous pour évangéliser ? Ne sommes-nous pas tous un peu lâches devant notre vocation missionnaire ? Oui, en ces jours d’Avent, annonçons en vérité la fête de Noël comme étant la célébration de la venue de Dieu, de l’incarnation du Verbe divin fait chair en Marie. Ne taisons pas la bonne nouvelle même au sein de nos familles où souvent bien des membres ne pratiquent plus. Ne limitons pas nos prières familiales par peur de déranger, car il en va du salut et de la vie éternelle. 

Pour être témoin du Christ, il est nécessaire de vivre uni à lui en ayant une vie spirituelle engagée. S’il est heureux de voir qu’une nouvelle année liturgique commence, nous sommes encouragés à fortifier notre vie intérieure. Cela va nécessiter des choix. Ne serait-ce pas opportun de nous interroger dans la prière sur l’appel de Dieu ? Faut-il que nous fassions le ménage de notre maison intérieure en nous confessant prochainement ? Quelle place donner à la méditation des textes bibliques ? Faut-il choisir de modifier notre agenda afin que le Seigneur y ait la première place ? Comment faire de notre cœur la demeure de Dieu quand il est encombré par nos attachements humains ? D’autres questions sont possibles, l’Esprit est là pour nous inspirer si nous nous mettons en vérité à son écoute. Je rédige ces lignes étant en retraite spirituelle car j’ai l’expérience que sans ces moments de recul et de ressourcement, notre vie passe d’une activité à un rendez-vous, tous les jours, sans espace paisible pour écouter Dieu. Je vous souhaite de prendre ce temps et de faire cette expérience, la Bible en main, la louange sur les lèvres, le regard tourné vers la nature même si en ces jours elle se fane et que les arbres perdent leurs dernières feuilles. Eux aussi doivent se reposer pour laisser passer l’hiver et se préparer à porter du fruit au printemps prochain. Si nous avons le temps pour faire des courses, pour sortir avec des amis, pour aller à la chasse, pour pratiquer notre sport favori, pour chanter et jouer de la musique, ne serait-il pas juste de donner au Seigneur la dîme de notre temps, c’est-à-dire la première part ? 

Je vous souhaite un bel Avent. Noël est très bientôt, ce sera une merveilleuse fête dans la mesure où nous l’aurons préparée spirituellement de tout notre cœur. Prions maintenant un instant ensemble, et je vous propose de reprendre l’angelus, prière tellement liée à l’incarnation célébrée à Noël. 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions : Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.