#238 «Du pardon de Dieu à la confession sacramentelle.»

Nous sommes au cœur de l’été, et dans quelques jours, nous vivrons la belle fête de l’Assomption. Ce jour-là, à Chartres, nous irons en procession par les rues anciennes de la ville pour demander à Dieu de bénir ses habitants. L’Assomption nous fait lever les yeux vers le Ciel où la Vierge Marie est élevée corps et âme à la fin de sa vie, partageant la gloire éternelle avec tous les élus en Dieu. Par le baptême, chacun de nous reçoit la promesse de la vie éternelle que l’on conservera précieusement par une vie de sainteté et de charité. Un jour, nous verrons Dieu et recevrons la place que Jésus a promis de nous préparer. Comment vivre dans cette attente ?

Je souhaite reprendre le thème du sacrement du pardon que l’on peut recevoir, je l’espère, dans les sanctuaires, les paroisses et les lieux de pèlerinage où nos pas nous portent parfois lorsque nous sommes en vacances.

Le christianisme est la religion qui a élevé le pardon à son plus haut niveau. Le pardon ne vise pas à dénoncer le pécheur, à en faire un coupable comme pour lui redire sa culpabilité. Au contraire, le pardon de Dieu redresse et relève. Le pardon est libérateur. Dans l’Écriture, Dieu ne cesse de convoquer le pécheur pour lui remettre sa dette et lui rendre sa pureté. Ainsi dans le livre d’Isaïe, il est dit : « Venez, et discutons – dit le Seigneur. Si vos péchés sont comme l’écarlate, ils deviendront aussi blancs que neige. S’ils sont rouges comme le vermillon, ils deviendront comme de la laine. » (Is 1, 18). Dans les récits bibliques, on découvre l’œuvre de miséricorde faite aux personnes qui se retournent vers Dieu. Dieu pardonne David, adultère avec Bethsabée, la femme de Urie le Hittite qu’il a fait assassiner. Jésus pardonne un homme grabataire apporté par quatre amis qui défont le toit de la maison où il enseigne. Jésus ne condamne pas, mais libère de son péché la femme adultère. Jésus raconte la parabole du fils prodigue qui devient la figure de Dieu le Père pardonnant son fils et lui redonnant sa place dans la vie familiale. Jésus promet le paradis au bon larron condamné à mort pour ses crimes. Au bord du lac de Tibériade, Jésus pardonne l’apôtre Pierre après son triple reniement en lui permettant de lui redire par trois fois son amour.

Les exemples sont innombrables dans la Bible. Mais le plus remarquable est sans doute lorsque, sur la croix, Jésus pardonne ceux qui l’assassinent : « lorsqu’ils furent arrivés au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche. Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Lc 23, 33-34a)

Jésus donne son pardon en retrouvant les disciples le soir même de la Résurrection quand il leur dit « recevez l’Esprit-Saint ». Or l’Esprit est l’Amour divin. Les apôtres s’étaient enfuis lors de l’arrestation dans le jardin de Gethsémani, : Jésus les réintroduit dans le cercle des disciples bien aimés avant de les envoyer en mission. En leur imposant les mains, il les consacre pour qu’ils soient serviteurs, on peut dire ministres, de son pardon. En son nom, ils pourront pardonner à leurs frères. Il leur dit : « à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés » (Jn 20, 23). Dorénavant, le pardon est l’œuvre de l’Esprit qui passe par le geste sacramentel de la confession. Il est le fruit de l’amour divin qui pardonne et permet au pénitent séparé de Dieu par son péché de vivre à nouveau dans la communion divine. Dieu est miséricorde et son désir, par le ministère de l’Église, est la conversion des pécheurs – nous tous – qui s’opère par la Miséricorde à travers le pardon.

Cette bonne nouvelle du pardon obtenu par Jésus va se répandre parmi les premières communautés, ainsi Jean écrit dans sa première lettre : « Je vous écris, petits-enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés à cause de son nom » (1Jn 2, 12). La pratique du pardon, ou encore son rituel, évoluera jusqu’à sa forme actuelle.

Le sacrement de la réconciliation libère les cœurs blessés par le péché. Nous pourrions nous refuser ce pardon en pensant que nous ne le méritons pas. Cela est vrai, car ce pardon est un don. Mais Jésus désire nous pardonner. Il fait comprendre aux apôtres qu’ils doivent pardonner 70 fois 7 fois, c’est-à-dire autant que nécessaire. Possiblement nous retomberons dans notre péché, surtout celui lié à diverses addictions. Pourtant, si nous prenons les armes de la foi et que nous luttons avec courage, en mettant en œuvre une authentique vie spirituelle fondée sur la prière, la sainte écriture, les sacrements et les œuvres de miséricorde, alors le péché s’éloignera peu à peu de notre vie. N’ayons pas de scrupules à revenir vers le prêtre, souvent en disant les mêmes péchés, mais avec un vrai désir d’avancer. Alors nous recevrons « la joie du salut » que personne ne peut nous prendre (Cf. Ps 50).

La confession appelle le vrai repentir du pénitent : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes, et la vérité n’est pas en nous. Si nous reconnaissons nos péchés, lui qui est fidèle et juste va jusqu’à pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice. » (1Jn 1, 8-9) Regretter ses péchés est une grâce à demander au Saint Esprit : nous peinons parfois à discerner le bien du mal et à mesurer notre péché. En avouant nos fautes face au prêtre, collaborateur de l’évêque qui a reçu pouvoir de pardonner au nom de Jésus, le pénitent se libère la conscience de ce péché et de ses conséquences, notamment la tristesse spirituelle et le sentiment de culpabilité. Certes, nous connaissons nos fragilités et nous constatons notre propension à pécher, mais nous croyons que le pardon de Dieu nous est donné si nous le demandons d’un cœur sincère et nous ne succombons pas à la tentation de désespérer de nous-mêmes.

La confession est notre voie vers la sainteté. La sainteté dispose notre âme à l’union avec Dieu. Quand le péché nous a blessés sur notre chemin de la sainteté, l’absolution et la pénitence nous soutiennent pour regarder le chemin de vie qui s’ouvre nous, et l’emprunter courageusement. La confession est une plongée dans l’infini amour divin, elle transforme notre vie humaine et nous élève auprès de Dieu. Lorsque la sainteté nous semble un objectif impossible, c’est avec des frères et des sœurs partageant le même amour pour Jésus-Christ que nous avancerons sur ce frêle pont qu’est la vie à la rencontre de Dieu. N’ayons pas peur de nous mettre en route en regardant Jésus nous tendre la main. Osons, comme Pierre, marcher sur les eaux tumultueuses pour aller à la rencontre de notre Seigneur.

Le fruit du sacrement de pénitence est grand. La confession redresse les hommes et les femmes qui le vivent. Elle leur donne un nouveau départ et une nouvelle espérance. C’est ce que Nicodème et Jésus partagent lorsqu’ils conversent de nuit du fait de renaître à nouveau (Cf. Jn 3). En recevant un cœur purifié, le chrétien est apte à pardonner à son tour et à se pardonner ses propres infidélités. Le monde est alors transformé car le pardon suscite une vague d’amour et de guérison au sein des relations humaines, depuis le cercle familial jusqu’entre les peuples et les nations. Afin que la paix advienne et que les guerres cessent, nous prions en suppliant pour la conversion des personnes, surtout celle de nos dirigeants par la puissance du pardon. Courage, avançons et ne doutons pas que nous puissions atteindre ces verts pâturages où nous reposerons en paix, sur le cœur de Dieu.

Nous prions et demandons à la Vierge Marie que nous allons honorer merveilleusement lors de la fête de l’Assomption. Elle a comme mission céleste de prier pour nous. Je vous propose de prier le Magnificat avec elle qui sait bénir Dieu pour ses bienfaits.

Mon âme exalte le Seigneur,exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !Il s’est penché sur son humble servante ;Désormais, tous les âges me diront bienheureuse.
Le Puissant fit pour moi des merveilles ;Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âgesur ceux qui le craignent.
Déployant la force de son bras, il disperse les superbes.Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles.
Il comble de biens les affamés,renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour,de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit,pour les siècles des siècles. Amen

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.