Ce nouveau message continue la réflexion initiée la semaine dernière sur l’offre de Jésus qui propose à chacun d’être conduit par le Saint Esprit. Nous savons que le Christ est glorifié depuis sa résurrection. Il retrouve la gloire divine qu’il avait avant son incarnation. Dans les semaines qui suivent sa résurrection, Jésus partage encore la vie des humains, mais il est intimement lié à son Père dans l’Esprit. Sa mission n’est pas encore achevée. Il rencontre les disciples en plusieurs lieux et moments et les conforte par ses enseignements en vue de leur départ en mission. Ceux-ci auront de nombreuses questions à affronter pour lesquelles Jésus n’a pas donné une réponse définitive. Ce sera par exemple celle de la consommation des viandes offertes aux divinités païennes ou encore la circoncision des païens devenus chrétiens.
Aujourd’hui encore, des questions nouvelles se posent. Or l’Église prépare les catholiques à être témoins auprès de leurs contemporains. Cela est particulièrement précieux en ces temps d’élections législatives : nous devons discerner avec soin à qui donner mandat d’établir les lois civiles. Ce discernement ne peut se faire que dans la lumière du Saint Esprit, feu divin qui éclaire nos intelligences si nous sommes à son écoute en vérité. Comment est-ce possible ? En l’invoquant longuement avec nos mots personnels, par des hymnes tel le Veni Creator et par des chants. Nous pouvons lui parler comme à un ami très cher et lui demander ses dons. Cela nécessite de lui soumettre nos idées et laisser de côté nos certitudes qui peuvent nous aveugler, car Lui seul est notre boussole. N’avons-nous pas expérimenté combien un long temps d’adoration peut apporter un éclairage sur une question complexe ?
Le Christ enseigne avec autorité la bonne nouvelle du Salut. Ainsi est-il représenté au tympan central du portail royal de Chartres. Avez-vous observé la mandorle au sein de laquelle il siège ? La mandorle vient du mot latin mandorla qui désigne l’amande. Pourquoi ce fruit est-il choisi ? Car l’amande a un goût très doux mais il faut casser une dure coquille pour l’atteindre. La coquille symbolise l’humanité de Jésus qui cache sa divinité. Ainsi les croyants qui voient Jésus parler et agir discernent sa divinité. Autour de Jésus en gloire sont représentées quatre figures qui désignent les évangélistes. Saint Jean les décrit dans l’Apocalypse : « Le premier Vivant ressemble à un lion, le deuxième Vivant ressemble à un jeune taureau, le troisième Vivant a comme un visage d’homme, le quatrième Vivant ressemble à un aigle en plein vol. Les quatre Vivants ont chacun six ailes, avec des yeux innombrables tout autour et au-dedans. Jour et nuit, ils ne cessent de dire : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu, le Souverain de l’Univers, Celui qui était, qui est et qui vient. » (Ap 4, 7-8) Ainsi les évangélistes transmettent le récit de la vie de Jésus. Ils soutiennent notre louange et contribuent à rendre notre foi joyeuse. La tradition a associé chaque vivant décrit par saint Jean dans ce passage à un évangéliste particulier : le lion pour saint Marc, le taureau pour saint Matthieu, l’ange pour saint Luc et l’aigle pour saint Jean.
Le Christ avait promis que l’Esprit nous guiderait vers la vérité tout entière. Nous le vivons ! et l’Église continue sa course, à l’image de Saint Paul désirant recevoir la couronne du vainqueur. Saint Paul a compris, car il l’a expérimenté, que la puissance du saint Esprit changeait sa vie. Cet homme, qui avait pourtant lutté âprement contre Dieu, quitte à faire exécuter ceux et celles qui selon sa vision contredisaient la loi divine, fut transformé radicalement de l’intérieur et entra dans l’humilité de Jésus en devenant son témoin. Il découvrit que les fruits de l’Esprit étaient l’amour, la joie, la paix, la bonté, la patience, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi, la longanimité (Cf. Gl 5,22-23). L’Esprit transforme nos relations humaines. Paul, qui l’avait expérimenté, l’annonça à toutes les communautés naissantes. Ces dons de l’Esprit sont en réalité les qualités mêmes de Jésus-Christ.
Souvent les fidèles, qui se préparent à la confirmation, apprennent les sept dons du saint Esprit extraits du passage du prophète Isaïe que je commentais dans mon message précédent. Or il est plus aisé de comprendre les qualités du fruit du saint Esprit nommées par Paul. Essayons de les préciser brièvement. L’amour vient de Dieu, c’est un amour plénier qui se donne totalement et gratuitement. La joie est intérieure, elle est celle du cœur que l’on expérimente en se donnant aux autres par pur amour. La paix c’est le Christ lui-même qui nous a promis sa paix non pas comme le monde la donne mais parce qu’il vient demeurer en nous. La bonté est une qualité qui nous fait ressembler à Dieu qui seul est bon. La maîtrise de soi vient plus d’un sincère abandon à la volonté de Dieu qui dirige notre vie que du fait de tenir et faire chaque chose avec nos propres forces. La longanimité est une qualité qui associe patience et persévérance dans la vie spirituelle. La douceur vient du choix de ne pas agir par la force ni des mots ni des actes, mais par la délicatesse du saint Esprit présenté comme une brise légère et non pas un vent de tempête. La patience est l’attitude de qui sait attendre tout en vivant l’instant présent joyeusement. La fidélité est la preuve de notre amour.
Aussi en ce temps pascal, pourquoi ne pas nous entraîner à vivre du fruit de l’Esprit ? Demandons-nous quel est le fruit de l’Esprit à cultiver pour notre bien et la joie des autres ? Nous prierons chaque matin pour avoir un esprit éveillé aux affaires divines. Le désir grandira en nous pour nous rendre disponibles aux appels de l’Esprit. Nous aurons un regard plus affûté sur les besoins de nos amis et des gens qui nous entourent. C’est le temps de la tendresse, à offrir largement par notre écoute, nos mots et nos gestes. Combien de personnes furent isolées durant le temps de la pandémie et aspirent maintenant à recevoir de l’affection ? Sachons être les protagonistes de relations fraternelles.
Notre chemin spirituel continue par le temps Pascal vers la fête de la Pentecôte. Nous continuerons à parler des œuvres de l’Esprit, en parlant par exemple des charismes tels que Saint Paul les décrit. Notre vie ecclésiale n’est vivante que dans l’écoute de l’Esprit de Dieu. Invoquons-le particulièrement maintenant unis les uns aux autres :
Feu et lumière qui resplendis sur la Face du Christ,
Feu dont la venue est parole, Feu dont le silence est lumière, Feu qui établis les cœurs dans l’action de grâces,
Nous te magnifions !
Toi qui reposes en Christ, Esprit de sagesse et d’intelligence,
Esprit de conseil et de force,
Esprit de science et de crainte,
Nous te magnifions !
Toi qui scrutes les profondeurs de Dieu, Toi qui illumines les yeux de notre cœur, Toi qui te joins à notre esprit, Toi par qui nous réfléchissons la gloire du Seigneur,
Nous te magnifions ! Amen !
En post scriptum, je vous propose de diffuser ce message à vos amis. Je souhaite que chacun se prépare à recevoir la joie de l’effusion du Saint Esprit, comme le bienheureux pape saint Jean XXIII la désirait pour toute l’Église. Merci.