La lecture des lettres des confirmands qui recevront le sacrement lors de la vigile de Pentecôte à la cathédrale de Chartres m’éblouit toujours. La grâce de Dieu est puissante, l’Esprit éclaire les vies et les transforme, il rapproche les conjoints, apporte la joie dans les épreuves. À Chartres, les merveilles du Seigneur se succèdent particulièrement par les parcours jubilaires diocésains : tous les groupes scouts venus ensemble, les quelques cinq cents malades accompagnés par les associations et l’hospitalité chartraine, plus de mille enfants des cinq écoles primaires du bassin chartrain, les cinq diocèses de notre province ecclésiastique, les tamouls de l’Île-de-France, etc. Tout ceci fait notre joie.
Je vous parlais dans mon dernier message de sainte Jeanne d’Arc dont c’est aujourd’hui la fête. Chrétiens, nous avons à combattre avec les armes de l’Esprit pour la Gloire de Dieu et à œuvrer en vue de notre conversion ; avec Jeanne d’Arc nous avons une amie inspirante au Ciel. Jeanne priait comme le firent les apôtres, la Vierge Marie et d’autres saintes personnes, en attendant que s’accomplisse la promesse de Jésus faite avant son Ascension.
Or ce moment, pour chacun de nous, c’est maintenant. Dieu veut accomplir sa promesse déjà annoncée par le prophète Ézéchiel : « je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau » (Ez 36,26). Nous sommes dans la première des neuvaines, entre la fête de l’Ascension et celle de la Pentecôte. L’Ascension marque le terme de la vie terrestre de Jésus. Lisons le récit qu’en fait saint Luc : « Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel » (Act 1,9-11). C’est donc au terme de cet ultime rendez-vous, avec ces dernières recommandations, que Jésus quitte ses apôtres et qu’ils le voient s’élever vers le ciel et disparaître. Quel moment mystérieux ! Il est vrai que depuis sa résurrection, Jésus était apparu aux disciples : dans le Cénacle fermé ou encore au bord du lac de Tibériade pour partager un repas, les enseigner et les envoyer en mission. Ici le miracle s’opère : Jésus monte vers Dieu hors de la création avec son corps glorieux. En tant que Fils de Dieu, il retrouve la gloire qu’il avait en Dieu-Trinité avant son abaissement vers nous et son incarnation en Marie.
Pourtant, nous nous rappelons qu’il a promis d’être au milieu de nous et de demeurer en nous : « Demeurez en moi, comme moi en vous » (Jn 15,4). Et il ajoutait : « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Ce moment institue simultanément une absence définitive car il ne mangera plus avec eux et ne sera plus soumis aux contingences naturelles, et une nouvelle forme de présence spirituelle et divine dans son corps qui est l’Église. Le Christ se donne dorénavant dans les sacrements, par la Parole et par les diverses médiations de la grâce. Son ascension instaure le début de la mission des apôtres et des disciples, à qui Jésus a donné sa confiance en étant conscient de leur fragilité tout en espérant en leur fidélité et leur persévérance. Ils s’en montreront dignes puisque la plupart iront annoncer la Bonne Nouvelle jusqu’à mourir martyrs.
On se rappelle qu’avant son départ, Jésus prie ses disciples d’attendre en prière jusqu’à ce qu’il envoie l’Esprit de vérité, le Paraclet, mot traduit par défenseur. Peu rassurés après l’exécution de leur maître sur la croix, ils se font discrets en se réunissant dans une salle appelée le Cénacle. Des disciples, des femmes et surtout la Vierge Marie y sont présents. Jour après jour, dans cette attente incertaine, ils prient avec les psaumes, font mémoire des paroles et des événements de la vie publique de Jésus, ils s’enseignent mutuellement ne sachant ni l’heure ni le jour de l’accomplissement de sa promesse. Vient la fête de la Pentecôte, fête agricole importante pour tous les juifs et devenue peu à peu la célébration du don de la Loi au peuple Hébreu sur le Sinaï et la conclusion de l’alliance entre Dieu et son peuple. C’est à cette occasion que les apôtres vivent la réalisation de la promesse. Ils sont enveloppés de la nuée, couverts de l’ombre de l’Esprit qui leur communique ses dons et leur donne une liberté nouvelle. La venue de l’Esprit cause un bouleversement définitif : la petite communauté fondée sur les apôtres gagne toutes les rives de la mer Méditerranée. Dorénavant dans les synagogues, Jésus est annoncé par eux comme l’agneau véritable qui enlève le péché du monde. Jésus avait précisé sa propre mission : « quand j’aurais été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). Il a donné sa vie pour chacun de nous afin que nous vivions de sa vie et que nous soyons sauvés de la mort. Pourtant, beaucoup de personnes se perdent loin de lui, refusent le salut, œuvrent au bénéfice du diable, font davantage confiance aux esprits malins et aux pratiques occultes comme l’horoscope, le Reiki et le vaudou. Quel malheur pour ceux qui s’éloignent de leur destinée éternelle ! Les réseaux accaparent les personnes qui s’y plongent chaque jour durant des heures et qui se coupent de leur vie intérieure. Ils s’y précipitent dès qu’un moment de libre se présente à eux. Ils consomment des vidéos qui les excitent créant une addiction désastreuse. Depuis peu, l’I.A. permet la création de contenus faux et les experts reconnaissent qu’un tiers des data qui transitent sur Internet est dorénavant frauduleux. Nous pensons échapper à ce risque. Prenons un exemple : mangeriez-vous une part de gâteau si l’on vous en présente dix en vous disant qu’un d’eux est empoisonné ? J’en doute et c’est pourtant ce que nous faisons avec les réseaux ! Le poison est là, nous ne le voyons pas et nous l’avalons.
Jésus désire nous plonger dans Sa lumière par la présence de l’Esprit Saint. Il est la lumière du monde, celle que les ténèbres n’arrivent pas à chasser. Dans le livre des Actes des apôtres, on lit que les disciples sont conduits par lui. Leur conscience de son rôle œuvrant pour les orienter dans la mission est réelle. Durant la neuvaine qui s’ouvre à nous, entre l’Ascension et la Pentecôte, chantons le cantique du Veni Creator – Viens Esprit Créateur – ou d’autres cantiques appelant le saint Esprit et ses dons sur l’Église. Le pape Léon XIV nous invite à prier ardemment pour la paix sur le monde. Sa mission est la communion dans l’Église et l’annonce du Christ vivant faite aux nations. Son élection fut un événement suivi mondialement. Comment ne pas être étonné de la présence de tant de personnalités politiques à sa messe d’installation ? L’Église catholique est bien vivante, en Angleterre on lit dans la presse qu’elle est en pleine croissance. Des évêques européens m’ont dit leur étonnement face à ce qui se passe en France en constatant l’accroissement du nombre de catéchumènes. Jésus attire maintenant les foules comme au bord du lac de Tibériade. Aujourd’hui, la figure du pape représente une autorité morale et spirituelle incontournable pour les peuples y compris pour les non-chrétiens. La Parole de Jésus est universelle et elle annonce la miséricorde divine pour tous, hommes et femmes de toutes religions. Le Concile Vatican II explicite que les non-croyants pourront accéder au paradis sous conditions, citons la constitution : « En effet, ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile du Christ et son Église et cherchent cependant Dieu d’un cœur sincère et s’efforcent sous l’influence de la grâce d’accomplir dans leurs actions la volonté de Dieu telle qu’ils la connaissent par ce que leur dicte leur conscience, peuvent obtenir, eux aussi, le salut éternel » (Lumen Gentium 16). Au nom de l’Évangile, nous ne pouvons pas exclure celui qui appartient à une autre religion : Jésus ne le fit pas. Cependant, le Christ désire être connu de tous les hommes, afin que la grâce du baptême illumine chacun et il en va de notre responsabilité de l’annoncer à temps et à contretemps. Il doit être rappelé que l’Église existe pour évangéliser. À nous d’annoncer que Jésus, par son Ascension, est parti nous préparer une place et qu’il nous la donnera bientôt pour que nous soyons avec Lui en Dieu.
Nous devons achever ce propos en mentionnant que si Jésus est parti vers le Père, il reviendra dans la Gloire. Dans le Credo, il est dit que nous attendons sa venue. Nous ne savons ni le jour ni l’heure. Voici ce qu’en dit le catéchisme : « Alors le Christ “viendra dans sa gloire, escorté de tous les anges […]. Devant lui seront rassemblées toutes les nations, et il séparera les gens les uns des autres, tout comme le berger sépare les brebis des boucs. Il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche […]. Et ils s’en iront, ceux-ci à une peine éternelle, et les justes à la vie éternelle” (CEC 1038) ». Comment espérer être sauvé ? En faisant à notre prochain ce que nous souhaiterions faire pour Jésus lui-même (Cf. Mt 25), en l’aimant et le servant. Alors Jésus nous partagera sa Gloire et nous jouirons de l’éternité immergé dans son Amour parfait.
Prions ensemble pour être porteurs de ce message plein d’espérance, et prions pour la France qui se débat entre un projet de vie et une culture de mort. Que l’Esprit Saint inspire nos parlementaires.
Notre-Père.