En ces jours, nos pensées sont marquées par ce drame qu’est la guerre. Le pape François invite tous les catholiques à prier et à jeûner afin d’obtenir l’arrêt des combats et susciter la sagesse des dirigeants. Tant de victimes innocentes, tant de personnes déplacées, tant de destructions, tant d’hôpitaux saturés de blessés, tant de récoltes abandonnées, tant d’élèves et d’étudiants qui n’ont plus accès à l’enseignement. Comment penser qu’une guerre conduira à un bien ? Mais il faut du courage pour être artisan de paix et faire avec le métal des épées des socs de charrue.
Ce mois est pourtant un mois béni pour honorer la Vierge Marie. Des amis sont rentrés du pèlerinage du rosaire qui se déroule annuellement en octobre à Lourdes. C’est un grand moment spirituel et fraternel, beaucoup de personnes malades ou fragiles y sont accompagnées par une armée d’amis hospitaliers, l’animation est confiée aux Dominicains dont le charisme est la prédication. Chaque 7 octobre, l’Église catholique commémore Notre-Dame du Saint Rosaire, en mémoire de la victoire de la flotte de la Sainte-Ligue lors de la bataille navale de Lépante face à la flotte ottomane, le 7 octobre 1571. Le pape saint Pie V l’a attribuée à l’intercession de la Vierge Marie. Depuis, le rosaire est devenue une prière populaire pour les catholiques. Je vois souvent des jeunes chrétiens portant leur chapelet autour du cou, ils le prient volontiers afin de méditer les mystères de la vie de Jésus-Christ. C’est une prière simple et puissante, source de grandes grâces. La Vierge Marie apparaît à sainte Bernadette dans le creux du rocher de la grotte de Massabielle avec un chapelet. La Vierge Marie a une place éminente et unique pour notre religion car elle fut choisie par Dieu pour porter en son sein le Sauveur des hommes, le Fils de Dieu fait chair. C’est l’apparition de l’ange Gabriel qui est relatée par l’évangéliste saint Luc. On voit comment l’ange visite cette jeune fille fiancée et lui annonce qu’elle donnera naissance à un enfant venu du Ciel appelé le Fils du Très-Haut. Marie était préparée en son cœur par sa foi juive à un attachement indéfectible à Dieu. Sa vie spirituelle, imprégnée des psaumes qu’elle chantait quotidiennement, des traditions juives et des récits des prophètes, avait façonné en elle une intime communion avec Dieu. Elle fut apte à entendre la « voix de l’ange » et acquiesça avec un vrai désir à cette demande aussi unique qu’improbable. Sa réponse fut simple et immédiate après que l’ange lui ait expliqué qu’elle serait enveloppée de la puissance du Saint-Esprit : « je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » (Lc1,38).
Quelle fut cette voix de l’ange ? Fut-elle toute intérieure, telle une délicate motion entendue en soi ? Fut-elle une voix extérieure tel un chant angélique ? Le fait rapporté par l’évangéliste Luc décrit la Vierge comme immédiatement sensible à cette voix, elle n’émît pas de doute quant à la réalité du message comme du messager. Un ange est venu et lui a parlé. Le message lui-même si inhabituel fut tellement clair qu’elle répond d’elle-même, sans la médiation d’un parent ou d’un rabbin. Son être est disposé à la demande divine venue par ce messager angélique. Le fiat de Marie, c’est-à-dire son assentiment, est sa réponse transmis e à Dieu. Oui, Dieu s’est fait mendiant du oui de Marie, il l’implore afin de sauver l’humanité du péché et de la mort. Dorénavant elle porte un enfant, le Fils de Dieu fait homme habite son corps, elle le porte dans le secret. Informé par cet ange de la situation nouvelle de sa cousine Elisabeth âgée et miraculeusement enceinte elle aussi, Marie part en hâte pour la servir et l’aider à accueillir son propre enfant que son père nommera Jean. A-t-elle eu le temps d’informer son fiancé Joseph de cette apparition angélique et du secret qui lie sa destinée à Dieu ? Comment imaginer qu’elle partit sans l’accord de ses propres parents, Anne et Joachim, si ceux-ci étaient encore en vie, puisqu’ils n’apparaissent pas dans le récit évangélique ? Joseph a-t-il eu connaissance de la grossesse au retour de Marie, alors enceinte de trois mois ? Cela serait probable, et c’est alors qu’il s’interroge sur sa place, pour se décider à la répudier en secret afin de ce pas s’imposer dans un projet divin qui le dépasse. Un ange lui parlera pour le confirmer dans sa vocation d’époux et de père de cet enfant qui vient du Saint-Esprit, lui enjoignant de prendre Marie comme femme et de l’introduire dans sa maison. Ainsi Joseph devient-il le père, le gardien et l’éducateur de l’enfant qui naîtra bientôt.
À Lourdes, comme en tant d’apparitions en France en ce XIXe siècle, Marie conforte la foi des chrétiens en leur rappelant le message évangélique, elle demande leur conversion, elle les appelle à la prière et à la pénitence face aux péchés du monde, elle encourage la prière et le pèlerinage. Nous connaissons ces lieux : Lourdes, Pontmain, la Rue du Bac à Paris, La Salette, Pellevoisin. Elle donne un message de paix et de réconfort aux jeunes voyants bouleversés à qui elle apparaît, parfois un seul comme à Lourdes, parfois plusieurs. Elle les considère comme dignes d’être ses interlocuteurs et ses ambassadeurs auprès des autorités de l’Église souvent inaptes à comprendre la véracité des faits. Ne faut-il pas redevenir comme des enfants pour entrer dans le Royaume de Dieu, a prévenu Jésus ? L’enfant met sa confiance spontanément en l’adulte qui prend soin de lui. L’enfant s’émerveille devant l’inconnu, même si la crainte peut l’habiter. Ainsi, la Vierge vient vers eux, touche leur cœur par sa beauté et sa familiarité. Ils parlent d’elle comme « une belle dame ». Bernadette ne doute pas de celle qu’elle rencontre à la grotte, elle rapporte fidèlement ses mots, elle ne cherche pas à convaincre, elle porte son message. Marie nous tend son fils Jésus comme à Chartres, ou encore par la belle vierge installée et bénie dorénavant au lycée de Couasnon à Dreux, Marie Reine de la Paix.
En ce mois du rosaire, je vous invite à apprendre à prier le chapelet, enseignez-le à vos enfants, qui aiment spontanément le tenir en main et faire défiler les perles tout en disant les Ave Maria. Dès le début du catéchisme, l’enfant est apte à l’utiliser et il aime se tourner vers la Vierge Marie à qui il offre sa confiance. Faisons une chaîne de prière pour soutenir les efforts de paix en ces temps de guerre en Ukraine et au Moyen-Orient. N’oublions pas les conflits moins visibles comme la guerre du Soudan, encore à l’Est du Congo et dans la région sub-saharienne.
Notre-Dame est très présente au Liban où tous aiment la figure maternelle de la Vierge. Dans ce pays meurtri, la Vierge Marie est vénérée sous plusieurs titres, mais le plus connu et le plus emblématique est Notre-Dame du Liban. Ce titre est particulièrement associé au sanctuaire marial de Harissa, un lieu de pèlerinage situé sur une colline surplombant la mer Méditerranée. La statue de Notre-Dame du Liban est un symbole d’unité et de paix pour les Libanais de toutes confessions, en particulier les chrétiens maronites, mais aussi pour d’autres communautés religieuses qui partagent une profonde dévotion à la Vierge Marie.
En ces jours de guerre et de deuil, alors que des familles perdent la vie, nous nous tournons vers elle. Comment comprendre que le mal soit si puissant dans le cœur de certains, comme chez les mafieux ou les criminels de la drogue pour qui une vie humaine n’a pas de valeur face aux profits énormes des ventes crapuleuses de stupéfiants ? Nous mettons notre espérance en la puissance du Saint-Esprit qui donne la vraie sagesse. Cultivons cette belle attitude de la louange pour être gardés sur nos chemins de tout mal et de toute détresse.
Ce soir je vous propose un Ave Maria associé à la belle figure de sa mère sainte Anne, une création musicale d’Olivier Michel pour prolonger mon message très marial. Comme il est heureux que nos talents se mobilisent pour nous faire prier.
Ave Maria, gratia plena,
Dominus tecum
Tua gratia sit mecum
Benedicta sit Anna mater tua,
Ex qua sine macula et peccato processiti virgo Maria,
Ex te autem natus est Jesus Christus filius Dei vivi. Amen
Je vous salue Marie, pleine de grâce
Le Seigneur est avec vous
Que votre grâce soit avec moi
Bénie soit Anne votre mère
De qui est née la Vierge Marie sans tâche et sans péché,
De qui est né Jésus-Christ fils du Dieu vivant. Amen