#297 « Comment mieux comprendre le concept de synodalité ? »

Le travail commun doit permettre à l’Église d’avancer ancrée dans la Tradition en discernant les chemins de l’évangélisation vers un monde en mouvement perpétuel qui n’est pas encore rejoint par le Christ pour les deux tiers des humains. Le texte préparatoire du synode d’octobre précise : « en Christ, lumière des nations, nous formons un seul peuple de Dieu, appelé à être signe et instrument de l’union avec Dieu et de l’unité du genre humain. Nous réalisons cela en marchant ensemble dans l’histoire, en vivant la communion qui se nourrit de la vie trinitaire, en promouvant la participation de tous et toutes, pour accomplir notre mission commune. » Cette phrase met Jésus-Christ au centre de la vie ecclésiale, c’est lui que nous aimons, que nous suivons, à qui nous obéissons. Il est la tête de l’Église, et notre attachement à sa personne, pour être authentique, demande que nous connaissions ses enseignements et ce que l’Église dit de lui. Alors nous pourrons briller de sa lumière et en être les témoins. Or je vois, dans les rencontres que j’ai la grande joie de vivre, combien les enfants et les adolescents ignorent les saintes écritures. Cette situation appelle un réveil et une mobilisation de ceux qui se disent chrétiens pour transmettre notre foi et son contenu. Alors nous marcherons ensemble « en vivant la communion qui se nourrit de la vie trinitaire » dit le texte, en « vue de notre mission commune » qui est l’annonce du salut. Alors nous répondrons à l’appel de l’Esprit pour être un peuple de saints, rassemblé de toutes nations, langues et peuples. N’est-ce pas merveilleux de comprendre que l’Église est la seule réalité et la seule institution mondiale qui peut se prévaloir de cette unité qui transcende les frontières et les clivages mondains car le « Christ est la lumière des peuples » comme l’affirme le Concile Vatican II ? L’Église ne vise pas sa propre construction, elle ne cherche pas à établir un royaume chrétien, elle est au service de l’avènement de Jésus-Christ par qui tout est donné, la vie, l’amour et l’éternité. Elle porte la responsabilité de faire connaître son message de miséricorde, ô combien nécessaire si l’on regarde notre société en France tourmentée par les divisions et la dégradation des relations humaines et des mœurs. 

Le but du texte préparatoire du synode romain est de préciser ce que l’on entend par le terme « synodalité ». On le simplifie souvent en disant qu’il s’agit de marcher ensemble. Pour les rédacteurs du texte « la synodalité peut être comprise comme la marche des chrétiens avec le Christ et vers le Royaume, avec l’ensemble de l’humanité ; orientée vers la mission, elle implique de se réunir en assemblée aux différents niveaux de la vie ecclésiale, de s’’écouter les uns les autres, de dialoguer, de procéder à un discernement communautaire, de rechercher le consensus comme expression de la présence du Christ dans l’Esprit, et de prendre des décisions dans le cadre d’une coresponsabilité différenciée ». Il s’agit donc d’aborder la synodalité dans toutes ses dimensions y compris dans sa dimension œcuménique. En effet, comment ignorer l’héritage des chrétiens des autres confessions ? L’ignorer serait penser que l’Esprit Saint ne leur a rien communiqué, rien dit qui puisse enrichir aussi notre Église Catholique. Ce serait penser que ces frères et sœurs chrétiens sont hérétiques comme on l’a trop longtemps affirmé. En leur ouvrant la porte, nous pourrons leur témoigner des trésors de grâces reçus dans l’Église catholique particulièrement par la vie des saints et des martyrs si nombreux au cours de ces derniers siècles. Là est la voie vers l’unité demandée par Jésus-Christ dans sa prière vers Dieu son Père : « que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17,21). 

Le texte parle de s’écouter les uns les autres, ce qui motivera des rencontres et des partages que toute paroisse et tout mouvement ont le devoir d’organiser en commençant par lire ensemble la Parole de Dieu afin d’entrer en « conversation dans l’Esprit » reçue comme processus spirituel. L’expérience qui est la mienne montre que c’est ainsi que les fidèles trouvent le chemin de l’unité et du consensus pour créer des espaces missionnaires afin d’accueillir, de former, de rassembler les personnes. De cette communion des cœurs et des intelligences jailliront la lumière et l’adhésion, à condition que chacun trouve sa place et qu’on soit ouvert à des points de vue différents des siens. 

Citons encore ce texte préparatoire qui précise que la synodalité « doit s’exprimer dans la façon ordinaire de vivre et d’œuvrer de l’Église. Ce modus vivendi et operandi (ce qui se traduit par la façon de vivre et d’œuvrer) se réalise à travers l’écoute communautaire de la Parole et de la célébration de l’Eucharistie, la fraternité de la communion et la responsabilité partagée, et la participation de tout le Peuple de Dieu, à ses différents niveaux et dans la distinction des divers ministères et rôles, à la vie et à la mission de l’Église ». Il y a ici un écho aux paroles de l’apôtre Paul qui écrit aux fidèles d’Éphèse : « les dons que Dieu a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude » (Eph 4,11-13). Tout baptisé reçoit divers charismes par l’Esprit Saint (Cf 1Co 12,7). Chacun reçoit une mission par l’autorité des apôtres c’est-à-dire des évêques et de tous ceux par qui cette autorité est partagée, en premier les prêtres les premiers collaborateurs des évêques. Cette belle unité se fait autour de l’apôtre Pierre et de son successeur le Pape François qui est « le principe perpétuel et visible et le fondement » de l’unité de l’Église, comme le rappelle le Concile Vatican II (LG 23). La mission de l’Église trouve alors sa fécondité par la complémentarité des états de vie, en accueillant ensemble les divers dons de l’Esprit en vue du bien commun. On comprend que les progrès dans la mission, avec le but de rejoindre des vies et des cultures en constante évolution, demandent un discernement afin de demeurer dans l’unité, en étant toujours conscients que le bien commun ne peut être mis de côté au bénéfice des aspirations individuelles. 

« La synodalité n’est pas une fin en soi » dit le texte. Elle sert la communion de la communauté en vue de la mission. L’Église existe pour évangéliser, c’est-à-dire partager la Bonne Nouvelle, non seulement par l’enseignement et la parole transmise mais aussi par les actes personnels des fidèles et les projets entrepris pour rejoindre les diverses réalités ecclésiales et sociétales. Les chrétiens sont avant tout attachés au bien des personnes qui vivent à leur côté, ils tiennent compte de leurs besoins, et sont attentifs aux modes de transmission du trésor qu’ils portent en eux par pure grâce divine. Nous ne cherchons pas à parfaire notre fonctionnement en tant qu’institution. C’est d’ailleurs souvent dans des situations plus complexes voire chaotiques que jaillit l’intuition spirituelle nouvelle qui bouleversera la vie ecclésiale si les fidèles demeurent ouverts aux motions du Saint-Esprit. 

Pour conclure ce message qui ne peut vous partager toute la richesse du texte préparatoire du synode d’octobre, ajoutons la reconnaissance de la place des femmes dans notre Église. Par le témoignage des Saintes Écritures, nous voyons que « Dieu a choisi des femmes comme premiers témoins et messagers de la résurrection. En vertu du baptême, elles sont sur un même pied d’égalité, elles reçoivent la même effusion des dons de l’Esprit et sont appelées à servir la mission du Christ » dit le texte qui continue en ajoutant : « pour cela, on doit en premier lieu opérer un changement de mentalité : une conversion vers une vision relationnelle, de l’interdépendance et de la réciprocité entre femmes et hommes, des sœurs et frères dans le Christ, portant ensemble une mission commune. Si cette conversion ne se fait pas, tant dans les relations que dans les structures, la communion, la participation et la mission de l’Église en sont impactées négativement. » Personnellement, je bénis Dieu pour ces femmes qui œuvrent avec moi dans la mission épiscopale. Elles sont nombreuses et compétentes. Elles interpellent d’ailleurs les hommes qui auraient tendance à se désengager. Si les prêtres appelés parmi les hommes assument la célébration des sacrements, ces femmes n’en sont pas moins les membres éminents par leur don et leur générosité pour être en responsabilité au sein de l’Église. En toutes missions, la place des jeunes filles et des femmes doit être honorée par tous, y compris au service de l’autel, pour les enfants et les jeunes, comme pour les adultes notamment par les ministères ouverts à tous les laïcs, ministères du lectorat, de l’acolytat et du catéchiste tels que le Pape François les promeut. Nous y avons travaillé au sein de notre province ecclésiastique cet été et devons nous engager pour mettre en œuvre les décisions prises.. 

Je vous propose que nous priions maintenant pour ce synode à venir et pour la concrétisation de ses intuitions dans nos communautés.

Nous voici devant toi, Esprit Saint,

rassemblés en Ton Nom.

Toi seul es notre guide :

fais de nos cœurs Ta demeure.

Apprends-nous le chemin à prendreet comment le parcourir.

Nous sommes de faibles pécheurs :

ne nous permets pas de cultiver le désordre.

Ne permets pas que l’ignorance nous conduise

par le mauvais chemin,

ni que la partialité influence nos actions.

Permets que nous trouvions en Toi notre unité,

afin d’avancer ensemble vers la vie éternelle,

sans nous écarter de la voie de la vérité et de ce qui est bon.Nous Te le demandons,

à Toi qui es à l’œuvre en tout temps et en tout lieu,

dans la communion du Père et du Fils,

pour les siècles des siècles.

Amen.

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