#280 « Sommes-nous réellement les héritiers du Ciel ? »

Le dogme de la Sainte Trinité, que nous avons fêté dimanche dernier, est le fondement de la foi chrétienne. L’histoire de la quête théologique des premiers siècles est fascinante car chaque Père de l’Église voulait élucider ce Mystère des trois personnes divines en un seul Dieu. Il fallut plusieurs siècles, et beaucoup de patience et de dialogue, pour aboutir au symbole de Nicée-Constantinople en l’an 381 aujourd’hui expression de la foi pour les chrétiens catholiques, orthodoxes et protestants. Il est un fruit majeur de la Tradition. Avant la venue de Jésus, si les hommes pouvaient avoir l’intuition de l’existence de Dieu par leur intelligence observant la création, ce sont la révélation réalisée par Jésus-Christ puis l’envoi du Saint-Esprit qui rendent l’Église capable d’affirmer le dogme de la Sainte Trinité au terme d’une longue recherche parsemée de débats houleux. C’est pourquoi nous croyons en un seul Dieu en trois personnes distinctes, le Père, le Fils et l’Esprit Saint. Elles sont égales et reçoivent même adoration et même gloire de notre part. Leur communion est parfaite et son amour débordant se répand sur les créatures. D’elles trois, nous avons l’être et la vie. Étant devenus fils et filles de Dieu par notre baptême, nous recevons l’héritage des fils, soit la Gloire éternelle après la mort du corps humain et nous verrons Dieu si nous sommes admis en sa présence au paradis. Pour cela, nous répondons à son Amour par notre assentiment à ses commandements, afin d’aimer Dieu et d’aimer notre prochain. Si nous demeurons en Jésus-Christ, nous ne péchons pas et la route du Ciel nous est ouverte.

Je vous ai souvent parlé dans mes derniers messages de la demande de Jésus de demeurer en lui. Or nous pouvons nous illusionner. Les activités quotidiennes, le travail, l’éducation des enfants, occupent l’essentiel de notre temps. À la maison, c’est souvent la course avec les tâches domestiques à faire. Comment dans ces conditions demeurer en Dieu ? Un psaume dit « Je n’ai de repos qu’en Dieu seul, mon salut vient de lui. Lui seul est mon rocher, mon salut, ma citadelle » (Ps 62,2-3). Nous trouvons aussi la traduction suivante : « Mon âme se repose en paix sur Dieu seul ». Dans l’affairement de nos activités, faisons-nous l’expérience d’une âme en paix ? Est-il possible de garder cette paix intérieure dans l’agitation mondaine et parfois les tensions sociales violentes qui nous angoissent ? Avouons combien cela nous est difficile. Néanmoins, nous ne perdons pas courage et conscients du défi qui s’offre à nous, nous pouvons choisir de nous armer pour gagner cette bataille afin de reposer en paix. S’armer consiste à offrir du temps à Dieu en vue d’un vrai cœur à cœur. Aujourd’hui, les menaces sont réelles sur notre vie, rien n’est sûr si l’on envisage l’avenir. Tout est possible, le bien comme le mal. Or nous sommes détenteurs d’une grâce et d’une connaissance, celle de la présence de Dieu Trinité dont l’amour ne manque pas à ceux qui le craignent et qui mettent leur confiance en lui. Si nous prions chaque jour un long temps qu’il faut choisir comme une priorité, un temps sérieux de silence et de méditation de la Parole de Dieu, alors peu à peu notre âme sera gardée, notre paix intérieure sera réelle et inébranlable face aux adversités, alors la sagesse éclairera nos choix qui ne seront pas impulsifs, alors nos paroles seront empreintes de douceur même face à la contrariété. Chrétiens, nous ne devons pas nous dispenser de ce choix. Si nous souhaitons demeurer en Jésus-Christ par qui nous avons accès à Dieu le Père dans la puissance du Saint Esprit, un long temps d’adoration et de méditation s’impose quotidiennement. Il en va de notre survie spirituelle comme de la survie de nos communautés ecclésiales dont la mission est d’enseigner comment entrer en relation avec le Seigneur. Certains diront que l’évêque que je suis va trop loin et en demande beaucoup. Quand tant de personnes passent trois ou quatre heures par jour sur les réseaux, comment penser raisonnablement qu’une demi-heure ou une heure pour Dieu serait inconvenant ? Un choix s’impose à notre liberté.

Revenons encore à la notion d’héritage. Saint Paul écrit : « puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire » (Rm 8,17). Dans nos familles et selon la loi civile, les enfants reçoivent leur part d’héritage à la mort des parents, une fois que l’État a prélevé son dû. Dieu nous promet son héritage. Comment comprendre cette part qui nous attend ? Saint Paul voit la souffrance du croyant qui œuvre pour la mission, qui se donne dans le service, qui souffre dans le témoignage qu’il rend au Christ même dans les persécutions. Il ajoute « qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous. » C’est ainsi que la Gloire divine qui nous est destinée est merveilleusement plus ample que toutes les peines supportées. Saint Pierre écrit à son tour une lettre dans laquelle il nous encourage : « aussi vous exultez de joie, même s’il faut que vous soyez affligés, pour un peu de temps encore, par toutes sortes d’épreuves ; elles vérifieront la valeur de votre foi qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu –, afin que votre foi reçoive louange, gloire et honneur quand se révélera Jésus Christ. Lui, vous l’aimez sans l’avoir vu ; en lui, sans le voir encore, vous mettez votre foi, vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut des âmes qui est l’aboutissement de votre foi (1 P 1,6-9) ». Notre prière fidèle donne force à notre relation avec le Seigneur qui s’est fait proche par l’incarnation et qui demeure avec nous par la présence du Saint-Esprit. Il affirme que par notre foi, nous obtiendrons les salut des âmes. Voyons-nous l’importance du don espéré ? Pierre parle de recevoir la gloire et l’honneur en présence de Dieu, d’avoir en nous une joie inexprimable et remplie de gloire. Que peut-on désirer de plus grand ? Nos comptes en banque pourraient-ils nous apporter joie plus grande ? Sommes-nous conscients de notre appel à être témoins parmi nos proches ?

Dans quelques jours, nous vivrons le dimanche du Saint Sacrement. Le Christ a choisi de demeurer parmi nous sous les espèces du pain et du vin qui deviennent son corps et son sang dans le sacrifice eucharistique qu’il a inauguré avant sa passion le soir de la sainte Cène et qui perdure dans toutes nos messes, quels que soient les rites et les traditions ecclésiales. L’unique sacrifice, donc l’unique messe est célébrée par les prêtres qui offrent leur voix afin que se réalise ce don infini de l’amour partagé en vue de notre salut. Par lui nous avons la vie éternelle. « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6,54). Dimanche, nous viendrons communier à son précieux corps avec foi et humilité car nous sommes chacun un mendiant pécheur et cependant nous espérons en son amour miséricordieux. Il sera bien de vivre ce moment eucharistique avec profondeur et adoration, en nous mettant à genoux durant la consécration si cela nous est possible comme notre missel le demande, en faisant acte de contrition profonde quand nous dirons « je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai guéri », en ayant une belle attitude intérieure exprimée par notre geste alors que nous recevons l’hostie sacrée en nous laissant habiter par sa présence. Ainsi pourrons-nous demeurer en lui quand il demeurera en nous. Peut-être que nous pourrons prolonger le temps de la messe devant le Saint-Sacrement exposé ? Demandez aux prêtres qu’ils vous en offrent la possibilité, alors laissez-vous regarder par Dieu, humblement et joyeusement.

Il est grand le mystère de la foi. Il est heureux de nous savoir tellement rejoints dans notre quotidien par l’amour divin. Répondons-lui avec générosité, et maintenant nous prions ensemble pour vivre ces jours en sa présence, avec saint Antoine-Marie Claret :

Te voici devant le Saint-Sacrement,
c’est ton Dieu que tu viens adorer.
 Je t’attendais.
Tu arrives le cœur et l’esprit encombré
de tout ce qui te préoccupe.
Décharge-toi en déposant tout cela 
au pied de cet autel, 
remets tout cela entre mes mains
et prends conscience de ma Présence.
Tu as beau regarder, 
tes yeux ne voient qu’une hostie blanche.
Si tu pouvais voir ce qu’il en est en réalité,
 voilà ce que tu contemplerais :
« A côté du Fils, 
il y a toujours la présence réelle du Père, 
la présence réelle de l’Esprit-Saint, 
il y a toujours la Divine et très Sainte Trinité.

Mais comme au Ciel, à côté de chaque tabernacle, 
il y a aussi la présence extasiée 
et joyeuse de votre céleste Maman.

Y sont aussi tous les Anges… 

Il y a aussi tous les saints et bienheureux…

La prière incessante de toutes les âmes du Purgatoire. »

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