#276 « Puis-je être béni ? »

Dorénavant, c’est le mois de mai, le mois de la Vierge Marie et les rosiers fleurissent. Le rosaire est comme une couronne de roses tressée pour honorer la Vierge, la Mère de Jésus. La photo proposée sur ce message est celle d’un rosier encore tout en boutons et porteur déjà d’une beauté inimitable qui va éclore sous peu pour la joie de ma mère : c’est un rosier de son jardin. Prier le rosaire, c’est-à-dire quatre chapelets, permet de méditer les mystères de la vie de Jésus, de l’Annonciation à la résurrection, en le suivant de son enfance à sa mort, jusqu’au couronnement de la Vierge au Ciel, comme Reine du Ciel, première des sauvés parmi les saints. Le rosaire nous relie à une chaîne de prière ininterrompue autour de la Terre, priée dans les lieux les plus reculés, souvent là où se vit une grande souffrance, dans les hôpitaux et les maisons de retraite, mais encore dans les milliers de sanctuaires mariaux et les lieux des apparitions de Marie. En ce mois de mai, chacun de nous est comparable à un bouton de rose qui a vocation à s’ouvrir pour embellir la vie et diffuser un parfum de sainteté. Voulez-vous prendre part à cette chaîne de prière pour demander la paix partout dans le monde, et la conversion à Jésus de ceux et celles qui ne le connaissent pas encore ?

Nos frères orthodoxes ne sont pas en reste et ils vénèrent intensément la Vierge sous le vocable de la théotokos, la Mère de Dieu. Dans un même élan d’amour, ils se tournent vers Jésus et vers sa Mère Marie. Au disciple bien-aimé qui se tient au pied de la Croix, Jésus indique sa Mère et lui dit « voici ta Mère ». Cette ultime parole de Jésus en pleine agonie porte en elle un message décisif pour les baptisés. Au pied de la croix, Jean est le disciple représentant tous les disciples. Il nous représente et avec lui, nous recevons une nouvelle Mère, la Vierge Marie. Nos frères orthodoxes associent le Nom de Jésus et le doux Nom de Marie. Nous ne pouvons pas séparer le fils de sa mère, puisque les deux sont liés par la volonté de Dieu en vue du salut de l’humanité. Sur leurs icônes magnifiques, ils peignent Marie nous présentant son fils Jésus qu’elle porte sur ses genoux. Cette position rapproche visuellement Marie de la figure du trône de la Sagesse, qui est représentée au tympan droit du portail royal de Notre-Dame de Chartres. Marie est assise sur un fauteuil et ses genoux deviennent le trône de son Fils, source de la Sagesse. Quant à nous, fidèles et disciples, notre juste place est à ses pieds, en la recevant comme Mère et en écoutant son Fils bien-aimé comme elle nous demande de le faire puisqu’il est notre Sauveur et notre Seigneur « tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2,5). La prière du rosaire nous fait méditer la Parole de Dieu en parcourant les saintes écritures, sous la conduite du Saint-Esprit. Ainsi, le rosaire, la lectio divina, l’adoration eucharistique et toutes ces prières sont autant de voies qui s’accordent pour conduire le croyant vers une profonde intimité en Dieu dans la lumière de l’Esprit afin de ne pas s’égarer. Avec Marie, les chrétiens sont unis dans une paisible communion qui fortifie chacun face aux rigueurs de la vie quotidienne. Quel bonheur et quel rêve si l’on pouvait prier ensemble le rosaire dans chaque école et lieu de travail ! Un rêve ou une illusion me direz-vous, à moins que l’un de vous commence et propose ce modeste rendez-vous à ses collègues !

En ce temps pascal qui nous rapproche du renouveau des grâces divines qui s’opérera à la Pentecôte, nous sommes bénis par Dieu et nous pouvons transmettre sa bénédiction autour de nous. Des parents bénissent leurs enfants et ceux-ci peuvent bénir leurs parents en retour, par un signe de croix sur le front. On bénit la table lorsque l’on veut rendre grâce à Dieu pour la chance que nous avons de prendre trois repas quotidiennement, ce qui n’est assurément pas le cas de toute la population mondiale. Avec l’arrivée des catéchumènes et des recommençants au sein de nos paroisses, il existe une bénédiction de plus en plus sollicitée par certains fidèles qui, lors de la communion eucharistique, s’approchent de la table du Seigneur les bras croisés sur la poitrine pour être bénis par le prêtre, le diacre ou la personne laïque ministre de la sainte communion. Nous pouvons nous interroger sur la forme que doit prendre ce geste. En réalité le rituel de l’eucharistie ne le précise pas, peut-être parce qu’il est relativement récent de le proposer, signe que l’Esprit Saint appelle à toujours écouter ses motions pour que les personnes éloignées se sentent rejointes et soutenues. Cette bénédiction n’impose pas un certain état spirituel, elle est offerte à tous et porte assurément un fruit lorsque la personne la reçoit avec foi, même si elle n’est pas encore baptisée voire que son péché ne lui recommande pas de communier. Comment bénir ces personnes lorsqu’elles s’approchent de nous ? Beaucoup de ministres voudraient accueillir avec soin ces personnes. Quel geste doit-on faire ? Doit-on dire quelque chose ? Peut-on toucher la personne, sur son front par exemple ou sa tête ? Le Covid est passé par là et l’on craint le contact physique. Il y a certains prêtres qui posent le ciboire sur la tête du fidèle, comme pour signifier que le Christ est là au-dessus d’eux. Chacun au fond y va de sa créativité plus ou moins habile voire gênée. Mais le rituel ne donne pas de directives. Personnellement, avec le temps et plus de trente années en paroisse, j’associe une parole au geste. Le geste commence par un sourire pour dire à cette personne ma joie de l’accueillir et un signe de croix large tracé vers le visage sans contact physique. Des mots accompagnent ce geste : « que Dieu vous bénisse, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et qu’il vous donne sa joie ». Ainsi la bénédiction est bien exprimée et la personne l’entend, le geste la couvre pour lui manifester que la Croix du Christ lui apporte le salut et la protège, et enfin le mot de la joie rappelle que le fruit de l’Esprit est la joie évangélique, quand bien même sa situation de vie ne serait pas à ce jour conforme à l’attente de Dieu, ce pour quoi la personne ne reçoit pas la sainte communion eucharistique. Cette bénédiction transmet une grâce que l’Esprit adapte au besoin de chacun en vue de sa conversion. Qui se tourne vers le Seigneur avec foi et avec un authentique désir de conversion est béni par Dieu qui marche à ses côtés pour soutenir sa vie au fil du temps. « Qui cherche trouve, qui demande reçoit » dit Jésus. Nous, ministres du Christ, devons offrir avec générosité cette bénédiction afin que cette parole de Jésus se réalise, lors de la messe comme ailleurs. Il en est pour chacun comme du publicain dans la synagogue qui ne pouvait s’approcher à cause de son indignité et qui s’humiliait en face du Très-Haut : il fut exaucé. Il est bon de rappeler que l’Église, si elle insiste toujours sur le commandement du respect du jour du Seigneur par la pratique dominicale – sous peine de péché si on s’y refuse sans véritable empêchement, afin de prendre sa place dans l’assemblée, de vivre ce moment de communion ecclésiale, d’écouter la Parole de Dieu –, demande que tout fidèle reçoive le corps eucharistique de Jésus au moins une fois par an. Il en est de même que pour la confession sacramentelle de ses péchés. Bien entendu, nous savons que les papes ont encouragé la communion fréquente ainsi que la confession régulière dans le but de vivre en état de grâce. Cela signifie néanmoins que la communion chaque dimanche ne s’impose pas aux fidèles lorsque ceux-ci estiment ne pas avoir les bonnes dispositions intérieures. Cela ne signifie pas que l’on doive cultiver des scrupules car Jésus savait qu’il se donnerait par ce moyen merveilleux qu’à des personnes pécheresses. Chacun prend soin de discerner sa disposition intérieure, tout en osant s’approcher du Corps du Christ tel un enfant qui reçoit de ses parents la nourriture dont il a besoin pour vivre. Et si l’on s’abstient de communier, la bénédiction exprime l’amour de Dieu et l’encouragement à vivre de sa Parole, vraie nourriture pour notre âme.

L’Esprit Saint désire nous préparer au renouveau de notre vie spirituelle et il entend le faire lors de la fête de la Pentecôte. Par vocation baptismale, nous sommes devenus disciples de Jésus. Le sommes-nous en vérité ? Sommes-nous vus par nos voisins et nos collègues comme disciples de Jésus ? Car comment pourront-ils nous aborder pour que nous parlions de celui qui habite notre vie si nous ne sommes pas transparents à sa présence ? Ce ne sont pas nos fragilités, et j’ose dire pas nos péchés, qui seront l’obstacle de ce signe. Nous devons plus craindre notre médiocrité, une forme de nonchalance spirituelle, une acédie qui immobilise notre entrain, une démission face aux enjeux missionnaires. L’Esprit accompagne nos vies et veut fortifier notre volonté de bien faire. L’Église est appelée à faire rayonner l’évangile de la joie et de l’amour en vue du salut de toute personne. C’est le bon moment, la Pentecôte est proche, mettons-nous en route, car c’est aujourd’hui le bon jour pour aimer.

Prions ensemble.
Seigneur, tu me connais et tu vois mon désir de te plaire et de te suivre. Mais tu sais que ma vie est complexe, que je me retiens de me donner entièrement. Oui Seigneur je résiste à la puissance d’amour de ta grâce, rassuré par ma vie sociale et mondaine. Envoie ton Esprit Saint afin qu’il me soutienne et m’accompagne sur le chemin du témoignage et du service de mes frères.
Notre-Père.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.