#273 « Esprit Saint, es-tu là ? »

Certaines personnes cherchent à interpeller un esprit inconnu pourtant incapable de nous sauver du mal. Ces pratiques ésotériques sont dangereuses car elles s’adressent à des êtres spirituels invisibles dont les desseins sont éloignés du bonheur que Dieu nous souhaite. En tant que chrétiens, à l’appel de Jésus, nous désirons les dons du Saint-Esprit. Nous sommes dans le temps pascal qui suit les fêtes de Pâques pour prolonger les joies de la résurrection et attendre la promesse de Jésus, l’envoi du Saint-Esprit. Citons, dans l’évangile selon saint Jean, Jésus nous faisant cette promesse : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit » (Jn 14,26). Le credo de Nicée-Constantinople dit que « l’Esprit procède du Père et du Fils, avec le Père et le Fils, il reçoit même gloire et même adoration ». C’est ainsi que nous parlons dorénavant de la vie dans l’Esprit ou encore de vivre sous la mouvance du Saint-Esprit. L’Esprit sait de quoi nous avons besoin, et Jésus a promis que son Père enverrait l’Esprit à ceux qui le lui demanderaient. Au sein de la Trinité, l’Esprit est le lien de communion entre le Père et le Fils, il est ainsi l’Amour divin échangé entre les personnes divines et répandu par elles sur la création. Il nous transmet la vie divine, nous maintient dans l’existence, nous rend apte à un amour surnaturel envers toute personne.

Dans un lointain passé, les premiers siècles de notre ère, les pères de l’Église se sont interrogés tout d’abord sur la personne de Jésus, puis ils ont réfléchi pour comprendre qui est l’Esprit. Est-ce une personne ? Ou est-ce une énergie ? Comment agit-il dans la création et auprès de nous ? Le catéchisme éclaire notre foi : « celui que le Père a envoyé dans nos cœurs, l’Esprit de son Fils, est réellement Dieu. Consubstantiel au Père et au Fils, il en est inséparable, tant dans la Vie intime de la Trinité que dans son don d’amour pour le monde. » (CEC 689)

Saint Paul écrit dans une lettre à l’Église naissante de Corinthe en Grèce : « Ce que nous proclamons, c’est, comme dit l’Écriture : ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas venu à l’esprit de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux dont il est aimé. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, en a fait la révélation. Car l’Esprit scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu. Qui donc, parmi les hommes, sait ce qu’il y a dans l’homme, sinon l’esprit de l’homme qui est en lui ? De même, personne ne connaît ce qu’il y a en Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. Or nous, ce n’est pas l’esprit du monde que nous avons reçu, mais l’Esprit qui vient de Dieu, et ainsi nous avons conscience des dons que Dieu nous a accordés. » (1Co 2,9-12) Paul, avec réalisme, voit que l’homme est un mystère pour les autres humains et seul son propre esprit peut le connaître. En effet, se connaître soi-même est une tâche difficile qui appelle une longue recherche intérieure. Aussi connaître Dieu nous est encore moins possible et seul l’Esprit qui est Dieu en tant qu’il est la troisième personne de la Trinité connaît Dieu et peut nous le faire connaître. Notre quête de Dieu, notre connaissance aimante de lui ne peut croître que par notre écoute de l’Esprit envoyé par le Père à la demande du Fils. Mais comment parle l’Esprit ? Nous voyons dans les écritures que l’Esprit ne parle pas par lui-même, mais il nous dévoile la personne de Jésus-Christ et nous fait comprendre ses enseignements. En réalité, il parle tout de même par divers médias : les Écritures, la Tradition, le Magistère, la liturgie, la prière personnelle, le témoignages des saints, les charismes que Paul présente en disant qu’ils sont la manifestation de l’Esprit donnée à chacun en vue du bien commun (Cf. 1Co 12,7).

Au cœur de notre société déconnectée de sa source spirituelle, nous, chrétiens, prions souvent le Saint-Esprit car c’est lui que Jésus a promis. Nous ne cherchons pas un autre chemin, puisque c’est cette voie que Dieu a voulue pour notre salut afin que nous vivions à son écoute. Saint Jean dit que le monde ne peut pas le recevoir car il ne connaît pas qui est le Fils, Jésus : « l’Esprit de vérité, lui que le monde ne peut recevoir, car il ne le voit pas et ne le connaît pas ; vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et il sera en vous. » (Jn14,17) L’Esprit se fait discret. Dans les évangiles, nous n’avons pas de citations qui peuvent lui être attribuées alors que nous en avons du Fils, Jésus, et du Père éternel qui parle lors de certaines théophanies, par exemple le baptême de Jésus ou encore la transfiguration sur le Mont Thabor.

Est-il important de prier l’Esprit et de vivre consciemment en sa présence ? Oui, car c’est l’Esprit qui nous relie au Fils pour aller vers le Père, en sachant que nous allons au Père par Jésus. C’est le propre de la prière du chrétien qui ne cherche pas à méditer une idée ou à entrer dans un silence fait de vide, qui désire se mettre en présence de Jésus, dans la lumière du Saint-Esprit, afin de marcher vers Dieu le Père. C’est pourquoi la gratuité fonde la vérité de notre prière. Elle est une relation faite d’amour, d’écoute, de gratitude, d’offrande. Elle ne vise pas une efficacité ou un intérêt matériel, pas même le salut puisque nous sommes sauvés par pure grâce et pas par nos mérites. Nous ne prions pas le Saint Esprit pour recevoir des réponses à nos questions et pour obtenir des dons face à nos manques mais nous l’invoquons pour entrer plus profondément dans une relation personnelle et intime en Dieu. L’Esprit est au service de la Parole divine, c’est-à-dire le Fils, aussi l’Esprit est celui qui nous enseigne, il est notre pédagogue dans le dévoilement du sens de la Parole unique et immuable, afin d’éclairer de manière renouvelée un quotidien qui change avec le temps et les évènements, afin que l’évangile puisse pénétrer les cultures. Ici encore l’apôtre Paul nous aide en écrivant aux Romains : « Bien plus, l’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. » (Rm 8, 26-27) Or l’Esprit est Dieu et ne peut pas voir différemment que ce Dieu veut. Quand l’Esprit prie en nous, il nous conforme à ce que Dieu désire nous offrir, il est comme le facteur d’orgue qui ajuste les anches des tuyaux pour que l’orgue sonne selon le bon timbre. Sans le facteur d’orgue, on ne pourrait jamais jouer correctement de l’instrument. Ainsi, l’Esprit ajuste nos désirs et nos demandes à ceux de Dieu. Lorsque Jésus dit aux apôtres de demander, en leur reprochant de n’avoir encore rien demandé en son nom (cf. Jn 16,24), il évoque sans doute ce nécessaire ajustement de notre prière à la volonté de Dieu. Nous n’avons encore rien demandé à Dieu si nous imposons nos demandes sans laisser l’Esprit les purifier et les orienter pour glorifier Dieu et le bénir sans cesse.

Le temps pascal est l’occasion merveilleuse de lire le grand récit des actes des Apôtres et celui de l’Apocalypse. Le premier stimule l’Église dans sa mission et le second nous fait entrer dans un Mystère complexe, dont la fin ultime est la contemplation de la Jérusalem céleste, notre destinée et notre Ciel. Retenons qu’être une Église missionnaire est au centre de notre appel baptismal, et Jésus nous envoie comme il le fit avec les disciples. Les apôtres l’ont compris et osent sortir vers leurs frères juifs pour affirmer que Jésus est le Messie attendu par leur peuple. Face aux autorités religieuses qui veulent les faire taire, ils ne seront plus intimidés et affirmeront : « Est-il juste devant Dieu de vous écouter, plutôt que d’écouter Dieu ? À vous de juger. Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu » (Act 4, 19-20). Se taire, ne serait-ce pas commettre une injustice vis-à-vis de ceux et celles qui espèrent une réponse, une parole éclairant leurs questions existentielles et leurs épreuves ? Ce vendredi saint, en prison à Châteaudun, les membres de l’aumônerie purent exprimer leur foi en vivant avec gravité le lavement des pieds en présence d’une trentaine de détenus, puis en faisant un chemin de croix sobre et participatif avec les intentions de chacun. Dans les rues de Chartres, au cours du chemin de croix itinérant, j’ai vécu devant le McDo une rencontre avec une dizaine d’adolescents ignorants de nos traditions chrétiennes qui écoutaient pourtant respectueusement mes explications sur le sens du chemin du calvaire vécu de manière particulière en ce jour. Tous nos catéchumènes témoignent de ces médiations qui ne se sont pas tues quand il fallait parler du Christ vivant et ressuscité et du feu du Saint-Esprit qui change la vie d’un homme. Ne taisons pas la grâce reçue et ses fruits. Baptisés et confirmés, nous sommes responsables du déploiement de l’œuvre de l’Esprit en étant de simples canaux pour que son eau vive circule vers ceux qui ont soif.

Bientôt, dans les paroisses d’Eure & Loir, des jeunes, des adolescents et des adultes recevront le sacrement de la confirmation et seront oints sur le front avec le Saint-Chrême accompagné par les mots « sois marqué de l’Esprit Saint, le don de Dieu ». Il viendra sur eux comme un sceau qui scellera une alliance définitive entre eux et l’Esprit qui est Dieu. Ces jeunes, ces hommes et ces femmes s’ouvriront à la grâce divine en accueillant la Parole pour l’annoncer, en déployant une plus large charité, en mettant en œuvre tout ce que Jésus a enseigné. Ils seront envoyés en mission pour évangéliser. Je vous souhaite un heureux temps pascal. Je bénis Dieu de m’avoir appelé à votre service, il y aura six années le 15 avril, et vous remercie pour vos prières qui pallient mes faiblesses dans le service que Dieu me demande.

Prière à l’Esprit Saint du Cardinal Verdier :

O Esprit Saint, amour du Père et du Fils

Inspirez-moi toujours ce que je dois penser,

Ce que je dois dire, comment je dois le dire,

Ce que je dois écrire, comment je dois agir,

Ce que je dois faire pour procurer votre gloire,

Le bien des âmes et ma propre sanctification.

O Jésus toute ma confiance est en vous.

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Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.