« Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. » (Mt 4, 23) et « le soir venu, on présenta à Jésus beaucoup de possédés. D’une parole, il expulsa les esprits et, tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit. » (Mt 8, 16). N’est-ce pas merveilleux de lire ces évangiles et de voir comment Jésus fait miséricorde en pardonnant les péchés et en guérissant les corps des malades et des pauvres ? Il ne choisit pas les personnes qu’il accueille et il se montre parfaitement généreux envers toutes. On le voit sensible et empressé de consoler les gens dans la peine, de toucher les lépreux, de libérer ceux dont le corps se convulse dans la douleur. Ainsi atteste-t-il de son être divin. En effet, qui pourrait ainsi se rendre maître de la vie jusqu’à ressusciter quelques personnes. À Capharnaüm, devant les autorités frappés de ces gestes et de sa miséricorde, il pardonne ses péchés à un paralytique que ses amis ont déposé devant lui et lui dit « prend ton grabat et marche », et l’homme sortit guéri de la maison devant l’assemblée stupéfaite. Ses auditeurs sont éblouis par sa parole et bouleversés par ses œuvres, ils viennent de partout, le demandent dans les villages, le poursuivent de leurs supplications au point qu’il ne peut plus se reposer. Il envoie alors ses apôtres prendre part à sa mission « guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons. Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement. » (Mt 10, 8) Quelle audace pour Jésus qui confie pareille mission à ces hommes sûrement impressionnés par ce qui leur été demandé. Par eux, Dieu fait ainsi justice et rejoint toute personne pour lui manifester l’amour infini qu’il lui porte dans un acte de miséricorde qui relève la personne blessée et malade. L’Église ayant reçu mission de son maître continue cette œuvre de salut par la prédication du Royaume et par des actes de consolation et de guérison.
Pourtant dans nos prières, nous interrogeons Jésus, pourquoi faisait-il tant de guérisons quand il était vivant sur terre et maintenant nous voyons des personnes atteintes de maladies qui ne guérissent pas alors que nous prions tant pour leur guérison ? Chacun de nous fait l’expérience de cela. Il nous faut reconnaître que nous n’avons pas la réponse à cette interrogation. La volonté divine nous échappe. Manquons-nous de foi ? Jésus n’a-t-il pas dit que si nous avions une foi grosse comme un grain de sénevé, nous pourrions dire à une montagne de se jeter dans la mer et elle le ferait. Or cela ne s’est jamais vu à notre connaissance. Sûrement nous manquons de foi et devons implorer Jésus de nous donner une foi renouvelée et profonde. La foi croît à genou et par des actes, dans l’adoration face au Seigneur et dans la méditation des saintes écritures. La foi est un don divin reçu au baptême que nous arrosons telle une fleur par notre fidélité à notre vocation à la sainteté et à la mission.
Si le premier miracle de Jésus fut de transformer l’eau en vin lors d’un mariage à Cana, les quatre évangiles décrivent comment, dès le commencement de sa vie publique, Jésus guérit bien des personnes. Les guérisons les plus bouleversantes étaient celles des lépreux car cette maladie était considérée comme une malédiction divine. Aux premiers disciples envoyés en mission, il demande de guérir en son nom et ils oseront prier pour la guérison des malades.
Après sa résurrection, dans l’évangile selon saint Matthieu, Jésus formule la mission future qu’il confie à ses apôtres par un envoi avec ces mots : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19) Plus encore que de guérir les corps, Jésus demande que tous soient dorénavant baptisés au nom de la sainte Trinité, pour être totalement sauvés du péché et de la mort, et promis à demeurer avec lui toujours, jusqu’à la fin du monde, soit la vie éternelle. Pouvons-nous comprendre que le salut éternel importe plus que la guérison du corps qui est temporelle, tant que le corps est en vie ici-bas ? En effet, notre corps disparaîtra à notre mort mais notre âme est destinée à l’éternité.
Les témoignages sont nombreux pour dire que dès le début de l’Église, comme saint Luc le décrit dans les Actes des Apôtres, ces apôtres soutenus par le puissance du saint Esprit osent invoquer la guérison sur les malades au nom de Jésus. À la Belle Porte de Jérusalem, c’est un paralytique qu’ils interpellent alors qu’il mendie, pour lui dire « de l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. » (Act 3, 6) Cet homme, infirme de naissance, que l’on installait chaque jour à la porte du Temple, se leva et se mit à marcher en proclamant les éloges de Dieu, le louant et faisant moult tapages auprès de tous ceux qui voulaient bien l’entendre. Ces apôtres furent à la suite de leur maître recherchés pour leurs charismes au point d’être fatigués par tant d’exigences. Mais il leur fallait bien prendre soin des personnes comme Jésus l’avait fait.
Dans l’histoire des saints, il y a beaucoup de thaumaturges, parmi eux saint Évroult vénéré dans notre diocèse. Né en 627 et décédé en 706, saint Évroult était invoqué pour des maladies cutanées, des hémopathies, la fièvre, la folie, la protection des troupeaux, et aussi les éruptions de boutons cutanés qui étaient justement nommés « fleurs de Saint Yvrou ». Que de dons n’étaient-ils pas reconnus par l’Église pour le bien des fidèles ? Saint Évroult est fêté le 29 décembre.
Beaucoup plus proche de nous, sainte Thérèse de l’enfant Jésus qui vécut à la fin du XIXe siècle, fut guérie par la Vierge au sourire d’une langueur qui la conduisait à la mort. Cependant sa maman, atteinte d’un cancer, ne le fut pas et elle mourut. Ainsi le Seigneur continue à opérer des miracles comme à Lourdes où l’on compte soixante-cinq personnes guéries, tous validés par une longue enquête médicale. Nous comptons sur la puissance du Saint Esprit attiré par la foi des fidèles à agir pour le salut des âmes et des corps. Tous ne guérissent pas, mais la foi fait progresser les personnes dans leur union au Christ et leur désir d’aimer. Ces guérisons sont données pour l’édification du Royaume de Dieu et pour faire croître notre attachement au Seigneur, ce qu’alors nous exprimons par notre témoignage en vue de la conversion des gens.
Dès son commencement l’Église a compris, notamment par la lettre de saint Jacques, que le Christ institue un sacrement de la guérison appelé le sacrement des malades. Parfois, les fidèles conservent l’idée qu’il s’agit de l’extrême onction que l’on reçoit à l’article de la mort, avec l’idée un peu superstitieuse que si le prêtre venait à passer avec ses saintes huiles, ce serait alors la mort ! Or saint Jacques dit : « l’un de vous est malade ? Qu’il appelle les anciens en fonction dans l’Église : ils prieront sur lui après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. Cette prière inspirée par la foi sauvera le malade : le Seigneur le relèvera et, s’il a commis des péchés, il recevra le pardon. Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres afin d’être guéris. La supplication du juste agit avec beaucoup de force. » (Jc 5, 14-16) Comme pour tout sacrement, il y a le signe visible, l’huile des malades bénie par l’évêque de chaque diocèse lors de la messe chrismale quelques jours avant la fête de Pâques, et une parole formulée par le célébrant : « par cette Onction sainte, que le Seigneur, en sa grande bonté, vous réconforte par la grâce de l’Esprit Saint ; Ainsi, vous ayant libéré de tous péchés, qu’il vous sauve et vous relève. »
Bien entendu, s’il y a un droit pour tout fidèle de recevoir ce sacrement, on veillera à ce que sa vie spirituelle soit active avec le désir de la conversion ce qui invite à proposer le pardon sacramentel des péchés par une bonne confession. Ce sont les prêtres et les évêques qui le confèrent, rendant présente la figure agissante de Jésus guérisseur et consolateur. Son fruit repose sur la foi des fidèles chrétiens rassemblés autour du malade.
Alors que l’Avent arrive comme entrée dans une nouvelle année liturgique en vue de méditer l’incarnation du Verbe divin et de nous préparer spirituellement à la fête de la nativité, je vous souhaite un beau chemin. Prions inlassablement pour la paix là où il y a la guerre, comme pour la communion des cœurs au sein de nos familles et de notre Église. Je vous propose de toujours prier pour demander à Dieu le Père des ouvriers pour la moisson, comme Jésus insiste pour que nous les fassions.
Ô Père, Dieu de bonté,
Nous te confions les jeunes appelés à la sainteté,
Bénis leur vie et leurs projets.
Appelle parmi eux des prêtres
Pour notre Église
Jésus doux et humble de Cœur,
Donne-nous des prêtres selon ton cœur.
Qu’ils s’offrent pour célébrer
le saint sacrifice de la messe et les sacrements,
Qu’ils annoncent l’Évangile à tous,
en notre diocèse de Chartres.
Esprit de sagesse et de lumière,
Guide-les et protège-les,
Inonde-les de ta paix et de ta joie.
Face à cet appel, ôte la crainte,
Aide-les à franchir les obstacles,
et comble-les de ton Amour infini.
Sainte Mère de Dieu, Notre Dame de Chartres,
Intercède pour ces jeunes si généreux,
aide les parents à accueillir
la vocation de leur enfant,
nous t’en remercions.Amen.