#240 «Relevez-vous et soyez sans crainte !»

« Ne craignez-pas » a répété le saint Père François lors de la veillée finale au Camp de la grâce à Lisbonne. Le lendemain, lors de la messe dominicale, il a centré son homélie autour de trois verbes inspirés par l’évangile de la transfiguration : briller, écouter, ne pas craindre.

Essayons de résumer en quelques phrases son propos : nous avons besoin de ce bain de lumière, celle de la résurrection de Jésus, celle qui ne s’éteint jamais. Nous sommes lumineux lorsque nous accueillons Jésus et aimons comme lui. La lumière vient par nos œuvres d’amour. La voix du Père demande aux apôtres d’écouter son Fils. Toute notre vie spirituelle passe par l’écoute de ce que Jésus nous dit, tout le secret est là. Ainsi, nous connaîtrons quel est le vrai chemin de l’amour. Lors de la transfiguration, face à l’angoisse de Pierre, Jacques et Jean, Jésus dit encore de ne pas craindre. Aujourd’hui, le pessimisme s’ajoute à nos peurs. Comment faire alors ? Être sans crainte, se le dire intérieurement en nous mettant dans la lumière du Christ, car c’est lui qui nous regarde et nous connait.

Il est bouleversant d’entendre le saint Père exprimer toute sa confiance envers les jeunes. Les Journées Mondiales de la Jeunesse seraient-elles comme le testament du pape François ? Il est difficile de penser qu’il puisse être présent à Séoul en 2027. En voyant son courage et l’intensité de sa prière, nous admirons l’homme de Dieu et les jeunes du monde entier présents à Lisbonne ne s’y sont pas trompés. Entrant en conversation avec eux, quittant souvent son texte écrit, il les regardait en manifestant une joie non dissimulée et une espérance en la nouvelle génération qui est venue avec enthousiasme de tous les pays pour prier, louer, adorer, échanger, rencontrer et partager. Le formidable accueil du peuple portugais nous a bouleversés comme l’expression de la charité en acte dont parle Saint Paul dans la seconde épître aux Corinthiens. Le thème de ces journées était particulièrement inspiré : « Marie se leva et partit en hâte » (Lc 1,39). Marie, plus disciple que mère de Jésus, n’ajoute pas de mots mais elle exprime la juste attitude en réponse à l’appel de l’Esprit, soit se mettre debout et en marche. Comme pour elle, l’Esprit Saint a largement semé dans le cœur des jeunes présents ce désir d’aller vers les autres, porteurs de l’évangile de la joie et du salut, pour consoler les souffrants, accompagner les blessés de la vie, être artisans de paix, annoncer le Royaume à ceux et celles qui l’ignorent, engager leur vie à la suite du Christ. Les 40 000 français, rassemblés lors d’une matinée mémorable, après un temps d’adoration eucharistique vécu dans un silence merveilleux, se sont levés pour signifier leur ferme consentement à s’engager au service de la paix, des pauvres et de l’évangélisation.

On a posé la question du sens et de l’à-propos de ces journées notamment – et légitimement – en raison de leur incidence écologique. Partir loin en avion pour son seul plaisir individuel doit être dorénavant un choix mûrement réfléchi alors que le défi du réchauffement climatique nous bouscule. Ici, voyant ces jeunes adultes emplis d’un élan de vie et d’une volonté à œuvrer dans l’avenir pour le bien commun, comment ne pas comprendre que les fruits pour la société et possiblement pour la planète seront réels, à condition de ne pas revenir chez soi pour vivre comme avant dans l’indifférence à ce défi. Le pape fait confiance aux jeunes afin de bâtir des ponts là où beaucoup veulent ériger des murs, pour susciter des initiatives innovantes en vue d’une sobriété heureuse, pour éduquer au vivre ensemble dans la lumière de l’évangile. Le pape leur a confié les clés reçues de Jésus pour qu’ils ouvrent à tous les portes de l’Église. Il leur affirmé qu’il ne peut pas y avoir de portes dans l’Église et que toute personne doit y être accueillie. Jésus est lui-même la porte des brebis. Personne n’est exclu de l’Église, a-t-il rappelé, sauf celui qui s’exclut lui-même.

Un accueil fraternel est nécessaire afin de nous soutenir dans le chemin de la conversion évangélique et que nos communautés locales et paroissiales brillent d’un amour attirant. Faut-il nous remettre en cause ? Certainement, car nous sommes pécheurs, souvent refermés sur nos cercles d’amis, et avons parfois mis notre conscience missionnaire en sommeil. Si tous doivent prendre place dans l’Église, prions intensément pour les personnes non baptisées, pour la conversion des musulmans au Christ, pour nos chers petits enfants qui n’ont pas reçu le baptême, pour les baptisés qui se sont éloignés. Convertissons nos propres attitudes afin de ne pas être un obstacle pour qui recherche le visage de Jésus. Mettons nos talents au service de la mission. Formons-nous afin de connaître la parole de Dieu et d’être capable de l’enseigner à notre tour aux enfants, aux catéchumènes et aux recommençants. Il y a urgence car il en va du salut des âmes.

L’Église est apostolique, c’est-à-dire fondée sur la foi et l’enseignement des apôtres. Le pape François, successeur de saint Pierre sur le siège épiscopal de Rome, enseigne au nom de Jésus-Christ qui lui demande de fortifier la foi des baptisés et d’œuvrer en faveur de la communion de l’Église catholique. Ces journées à Lisbonne ont permis de voir l’universalité ecclésiale qui s’est exprimée par des chants et des échanges marqués par tant de cultures diverses rassemblées dans une profonde communion dans l’Esprit. La mission apostolique des évêques est au service des fidèles laïcs en vue d’une vie spirituelle à l’écoute du Saint Esprit. C’est en se mettant à l’écoute de l’Esprit que nous permettrons aux talents et aux charismes de jaillir en faveur d’un renouveau du projet ecclésial. À la rentrée en septembre, il sera bon que chaque baptisé s’interroge sur sa place, son service et sa vie spirituelle. La foi chrétienne peut être l’âme d’un renouveau de la société civile à condition d’aimer tous ceux qui ne connaissent pas le Christ et de leur témoigner sa présence dans leur vie. Cela exclut la tiédeur et l’indifférence, les préjugés et les jugements. Demandons-nous quel pont nous pouvons construire et vers quelle rive nous devons le construire.

Toutes les nations représentées aux Journées Mondiales de la Jeunesse vivent des crises différentes mais ces jeunes chrétiens ne se laissent pas ôter la joie évangélique qui les porte à agir pour un monde de paix et d’amour. C’est le seul chemin pour que la violence et les guerres ne soient pas considérées par certains comme le moyen de prendre le pouvoir et de s’imposer. Nos pays s’arment de plus en plus, ce qui représente un danger considérable pour notre avenir alors qu’il faudrait désarmer le cœur de l’homme, pour reprendre la formule du pape. C’est le chemin à suivre si l’on ne veut pas arriver à l’apocalypse nucléaire. Aux murs et aux fusils, l’Église oppose la rencontre et l’amour. Cela demandera un grand courage, une dose de folie, pour passer du rêve à la réalité évangélique des béatitudes.

Ce mois d’août avance vers son terme et avec lui se rapproche la rentrée scolaire pour tous les élèves. Nous confions au Seigneur nos enseignants et nos chefs d’établissement qui retrouveront ces jeunes. Ils font un métier formidable et difficile. Dans nos paroisses, c’est aussi le temps de finaliser les projets et le programme de la catéchèse. Je me permets d’insister sur la nécessité d’être audacieux, de proposer des rencontres hebdomadaires tant dans les écoles catholiques qu’en paroisse. On veillera à y inclure un long temps de prière dans la richesse de notre tradition spirituelle, une place centrale des évangiles à partager en petites équipes, des célébrations joyeuses, des pèlerinages et des retraites spirituelles. Soyons audacieux pour que nos jeunes deviennent témoins auprès de leurs proches et leurs amis. Un principe fort de la formation est la transmission : celui qui a reçu le dépôt de la foi doit être apte, dès l’enfance, à en rendre compte et à la transmettre à son tour. Comment enseigner un jeune afin qu’il soit capable d’enseigner à son tour ? J’engage tous les confirmés récents à devenir accompagnateur d’un confirmand. Il ne s’agit pas tant de faire preuve d’érudition théologique que de marcher ensemble avec l’accompagné et de rechercher à deux les réponses aux questions qui se posent. Ainsi accompagnateur et accompagné deviennent des frères dans l’écoute de la Parole et l’inclusion dans l’Église.

Saint Pierre a une belle formule : « soyez toujours prêt à rendre compte de l’espérance qui est en vous ! » (1P3,16) À nous catholiques de nous lever, de nous former et de nous mettre en route au cœur de ce monde pour que rayonne le visage du Christ et qu’il soit manifesté à ceux qui le recherchent.

Je vous propose de conclure avec ce grand saint de notre Église, saint Joseph, l’époux de la Vierge Marie, et cette prière que je vous propose de redire souvent.

Je vous salue, Joseph,Vous que la grâce divine a comblé.Le sauveur a reposé dans vos bras et grandi sous vos yeux.Vous êtes béni entre tous les hommes,et Jésus, l’enfant divin de votre virginale épouse, est béni.Saint Joseph, donné pour père au Fils de Dieu,priez pour nous, dans nos soucis de famille, de santé et de travail, jusqu’à nos derniers jours,et daignez nous secourir à l’heure de notre mort. Amen.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.