#225 «Sainte Marie, Reine du ciel !»

Avec ce nouveau message, nous méditons sur le cinquième mystère glorieux, le couronnement de la Vierge Marie au Ciel. Le fruit de ce mystère est la persévérance finale et la confiance en Marie. Comme pour son Assomption, les évangiles ne disent rien de la vie nouvelle de Marie auprès de Dieu. Pourtant nous aimons la nommer Reine, en tant que mère de Jésus-Christ, le Roi des rois. Ici encore, Marie est intimement liée à son Fils, agneau véritable que saint Jean voit en songe sur un trône devant lequel vingt-quatre vieillards se prosternent en disant « Tu es digne, Seigneur notre Dieu, de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance. C’est toi qui créas l’univers ; tu as voulu qu’il soit : il fut créé » (Apo 4, 11). Les saints et les anges chantent au Ciel la louange de celui par qui l’univers reçoit le salut. Nous-même, nous reprenons ce chant avant la consécration eucharistique « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur Dieu, le Souverain de l’univers, Celui qui était, qui est et qui vient » (Apo 4, 8) Ainsi tous les saints et les saintes partagent sa royauté, au Ciel comme dans l’Église ici-bas, bénéficiant par avance de sa protection qui nous garde du mal. En effet, si nous prenons la main de la Vierge Marie de manière spirituelle et au quotidien, elle nous évite bien des tracas et des péchés.

La royauté de Marie à l’instar de celle de son fils Jésus est au service de l’humanité. Marie a servi son fils Jésus durant sa vie cachée, elle continue à le faire vis-à-vis de son corps qui est l’Église. La spiritualité mariale dorénavant si développée vise à soutenir notre attachement à la mère de Dieu. Ce jour particulier, alors que je rédige ces lignes, est celui de la fête des apôtres Philippe et Jacques. Or nous nommons aussi la Vierge Marie « Reine des apôtres ». Ces saints avaient-ils la même conscience que nous quant à la place éminente de Marie pour la vie de l’Église ? Nous pensons que leur relation avec elle était différente tout en imaginant que l’ayant bien connue et côtoyée, ils ont goûté la joie de la voir auprès d’eux comme une mère attentive et inspirante. Au sein de l’Église naissante, elle fut pour tout disciple le premier témoin de la juste attitude chrétienne consistant en la sequela christi, c’est-à-dire la marche à la suite de Jésus-Christ. Peut-être leur rappelait-elle la figure de cette mère de sept fils qui, sous la terrible persécution du roi Anthiocos, les encourage à rester ferme dans la foi de leurs pères, même sous la torture cruelle des bourreaux, en vue de recevoir comme trésor la vie éternelle (2Mac 7, 1-42) ? Au septième d’entre eux, le plus jeune, le seul à être encore vivant, elle lui dit au creux de l’oreille : « Mon fils, aie pitié de moi : je t’ai porté neuf mois dans mon sein, je t’ai allaité pendant trois ans, je t’ai nourri et élevé jusqu’à l’âge où tu es parvenu, j’ai pris soin de toi. Je t’en conjure, mon enfant, regarde le ciel et la terre avec tout ce qu’ils contiennent : sache que Dieu a fait tout cela de rien, et que la race des hommes est née de la même manière. Ne crains pas ce bourreau, montre-toi digne de tes frères et accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde. » Lui aussi sera exécuté trouvant dans son martyre la gloire éternelle. Comme la plupart des apôtres, saint Philippe est martyr. Il est exécuté à Hiérapolis, décapité ou crucifié, aujourd’hui un lieu touristique de Turquie qui porte le nom de Pamukkale et qui est connu pour ses vasques blanches de calcaire. 

Marie est ainsi notre Reine et notre Mère. Le mois de mai lui est dédié. Continuons à prendre le chapelet et à lui offrir ce collier de roses aux intentions que nous portons et surtout en méditant les mystères du rosaire que nous connaissons mieux maintenant. J’encourage les néophytes et ceux qui les accompagnent à être instruits de cette belle prière. Dans nos paroisses, allons dans nos églises, organisons des groupes de chapelet, prions aux pieds de Marie, afin que les visiteurs qui apprécient y trouver le recueillement soient touchés par notre dévotion. Une église habitée par la prière devient un lieu où l’on ressent une présence aimante et bienfaisante. Mes amis, les chrétiens doivent se mettre en marche, notre société a besoin d’un peuple de saints qui intercèdent pour ceux et celles qui ne croient pas en Dieu et sont perdus. Puis-je vous demander cela, au nom de Jésus, avec insistance ? 

Pour continuer ce message, je souhaite vous donner quelques nouvelles du pèlerinage merveilleux qui s’est déroulé du 25 avril au 2 mai à Montréal et à Québec avec une délégation d’Eure et Loir à l’occasion des 400 ans de la naissance de saint François de Laval né à Montigny-sur-Avre. Nous sommes arrivés après le dégel, dans un climat clément. Les québécois se sont montrés fort accueillants surtout au sein de l’Église catholique que nous avons découverte en plusieurs occasions. Ce sont des chrétiens joyeux et simples. On s’y sent immédiatement chez soi. À Montréal, nous fûmes tous marqués par le frère André, grand missionnaire auprès des enfants scolarisés et leurs parents qu’il accueillait toujours, lui qui mit toute sa confiance en l’époux de la Vierge, saint Joseph. Un très grand sanctuaire est dédié à saint Joseph ; il est le signe de l’enthousiasme et de la foi des fidèles qui y viennent nombreux. 

À Québec, ce furent les figures des saints fondateurs de ce grand pays qui nous touchèrent : les premiers jésuites, saint François de Laval comme premier évêque d’un territoire allant du Nord-Canada au Rio Grande, la bienheureuse Marie-Catherine de saint Augustin qui s’employa au service des malades jusqu’à son décès à trente-six ans, sainte Marie de l’Incarnation fondatrice des sœurs Ursulines en Nouvelle-France qui éduquaient les jeunes filles. Arrivés de France au début du XVIIe siècle, ces hommes et femmes missionnaires débarquaient après une traversée éprouvante pour découvrir des terres inhospitalières, enneigées de long mois, sans nourriture, peuplées d’autochtones comme les iroquois qui furent violents à leur encontre. Le danger était réel et les risques de mort bien grands surtout à cause des maladies et des épidémies. Pourtant, depuis les jésuites arrivés en premier, ils cherchaient à servir le Christ qu’ils annonçaient courageusement au péril de leur propre vie en vue du salut de ceux qui ne connaissaient pas Jésus. La grande tribu des Hurons fut marquée par les soins et l’éducation apportés par ces belles âmes. Peu à peu furent construits hôpitaux et écoles. Saint François de Laval créa le « séminaire », maison de vie communautaire pour accueillir les prêtres qui s’y ressourçaient auprès de leurs confrères avant de repartir en mission dans ces contrées si inhospitalières. Des vocations sacerdotales allaient bientôt surgir localement. Beaucoup de femmes religieuses françaises vinrent agrandir et soutenir les couvents, les écoles et les hôpitaux de plus en plus nombreux. Le pays les reconnaît comme leurs fondateurs. 

Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. L’absence de vocations consacrées est cruelle et la société promeut une laïcité qui s’affirme comme un athéisme militant excluant tout manifestation du christianisme dans les écoles et l’espace publique. L’Église catholique a en propriété les bâtiments des couvents et les églises paroissiales et doit les entretenir tous, ce qui n’est plus à la hauteur des forces vives puisque la pratique dominicale s’est affaiblie. Un quart des églises est affecté à un usage profane, et beaucoup d’édifices religieux sont vendus ou détruits. Comment conserver l’espérance et la foi au cœur de ce beau pays qui a abandonné son Seigneur pour passer aux idoles de la surconsommation, de la drogue et des fléaux terribles que sont le suicide et l’euthanasie si courants là-bas ? Nous espérons un réveil des consciences. Nous attendons que se lèvent des catholiques courageux et plein de foi qui créeront des communautés locales vivantes et priantes pour annoncer le Christ. Certaines paroisses se motivent pour inventer des ponts entre le monde et la communauté ecclésiale. Nous avons vu que lorsque la prière et l’adoration eucharistique sont proposées largement, les fidèles reviennent. Pouvons-nous oser cela ? Je joins à ce message un témoignage québécois, un chant marial composé par mon frère et ami, le père Martin Lagacé de la paroisse saint Thomas d’Aquin qui nous a si bien accueillis. 

Certaines initiatives innovent pour se rassembler et partager la Parole de Dieu. Dans le diocèse de Québec qui compte un million d’âmes, deux cents maisonnées se retrouvent chaque quinzaine pour méditer ensemble la parole de Dieu et faire le lien avec la vie des personnes. L’Écriture sainte est une parole vivante par laquelle chacun se laisse déplacer voire transformer par elle. Ces fraternités sont appelées au Québec des maisonnées. Ici, en Eure & Loir, certaines paroisses les proposent surtout en Avent et en carême. Avant la Covid, des offres ont été faites aussi au niveau diocésain. Pourrait-on mieux développer ce concept de fraternités qui pourraient être dénommées « foyers de feu » ? Le foyer fait référence à la maison chaleureuse qui ouvre sa porte aux voisins, et le feu est le signe de la puissance d’amour de l’Esprit Saint. Ici encore, osons. 

Pour conclure, je vous propose une belle prière à Notre-Dame du Cap, haut lieu spirituel canadien. 

Ô douce, Mère et puissante Reine, humblement prosternés à vos pieds, nous vous offrons les hommages de notre respect et de notre affection.

Le regard tourné vers votre béni sanctuaire, objet évident de vos prédilections, nous nous adressons à vous, avec une confiance toute filiale, assurés d’obtenir cette faveur que nous vous demandons… (ici chacun peut donner ses intentions)

Daignez accorder à nos corps, force et santé, à nos cœurs, pureté et charité, à nos âmes, lumière et sainteté.

Nous le savons, votre cœur est plein de miséricorde et de tendresse : bénissez-nous donc, ô bonne Mère, guérissez nos malades, soulagez nos défunts, protégez nos familles, bénissez notre pèlerinage, bénissez notre Église, bénissez notre cher pays. 

Notre-Dame du Cap, reine du très saint rosaire, faites que nous vous aimions de plus en plus ici-bas, pour vous aimer éternellement au ciel avec votre divin Fils Jésus. Amen.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.