#219 «Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple. »

Le carême avance et bientôt nous célébrerons la fête des rameaux. Or voici quelques jours, lors de la messe, nous était donné ce passage du prophète Jérémie : « Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple ; vous suivrez tous les chemins que je vous prescris, afin que vous soyez heureux. » (Je 7, 23) Cette injonction de Dieu donne à comprendre ce que peut être un chemin de sainteté tel celui que le Concile Vatican II nous présente. Écouter la voix de Dieu est le cœur et la source de toute vie chrétienne. En méditant les textes bibliques, l’Esprit Saint qui a inspiré les écrivains bibliques nous parle personnellement. Jésus n’aura de cesse de dire que le chemin de la foi passe par l’écoute de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, et que cette parole est une nourriture indispensable. Alors Dieu dit qu’il sera notre Dieu. En réalité, nous savons qu’il est effectivement notre Dieu, qu’il est unique et qu’il nous a créés. Mais afin que, pour chacun de nous, il soit vraiment notre Dieu et pour que nous vivions en sa présence, alors pas d’autre chemin que d’écouter sa parole. La conséquence de ceci, nous dit le prophète Jérémie, est que nous devenons son peuple, un peuple unique dont chacun est membre. Le fait d’avoir Dieu pour Dieu en écoutant sa parole fait de nous tous une communauté unie, un peuple partageant un but commun. Ensuite il est dit que nous suivrons les chemins qu’il nous a prescrit car, effectivement, si c’est la lumière divine qui éclaire ce chemin, et cette lumière est amour, alors nous suivrons ses chemins sans crainte, sachant que ses chemins mènent au bonheur dont nous parle encore la fin du verset : « afin que vous soyez heureux ». N’est-ce pas un désir partagé que d’être heureux ? Jérémie nous résume bien la voie de la sainteté, partant de l’écoute de la parole, nous sommes un peuple en présence de Dieu qui indique le chemin du bonheur. Voici qu’un projet tout indiqué pour ce carême nous est proposé. Pourquoi ne pas commencer par méditer les textes bibliques de la messe quotidienne ?

Nous arrivons maintenant au troisième mystère douloureux du rosaire. Après son arrestation au jardin des oliviers, Jésus fut flagellé subissant l’infamie du fouet. Après ce sévice, un événement douloureux se déroule. Il aurait affirmé être le roi des juifs : les soldats romains décident de se moquer de lui et de l’outrager. Jésus avait en effet été interrogé par Pilate : « es-tu roi ? » et il avait simplement répondu « c’est toi qui le dit » (Mc 15,2). On lui impose un manteau rouge, on lui met un roseau dans la main en guise de sceptre, enfin on noue des branches d’épines fort longues et dures pour fabriquer une couronne qui lui est enfoncée sur la tête jusqu’à ce que les épines traversent la chair sous la peau. Monstrueuse douleur pour Jésus qui s’ajoute à la moquerie gratuite et méchante de ces hommes. Ils l’injurient, puis se saisissent du roseau et le frappent à la tête. Après s’être bien moqués de lui, ils lui ôtent la cape rouge et lui remettent ses vêtements souillés par son propre sang. Pilate se présente à nouveau devant la foule qui conspue Jésus et demande : « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? » Il se rend bien compte que c’est par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré. Ces derniers soulèvent la foule pour que Pilate relâche Barabbas. « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? » demande Pilate. Jésus annonçait en réalité un royaume qui n’est pas de ce monde. Sa véritable couronne, qui fait sa gloire et sa grandeur, c’est l’infini amour qu’il a pour chacun et dont rayonne sa vie publique lorsqu’il se rend au chevet des mourants, qu’il accueille les pauvres rejetés, qu’il ne juge pas les femmes adultères et les publicains. Son royaume rassemble toutes les brebis égarées et les malades, il est déjà présent au milieu de notre monde et pourtant il est au-delà, dans la Gloire du Père où nous sommes attendus. La couronne d’épines désigne toutes les infamies que Jésus porte à cause de nos péchés, de nos moqueries, de nos jugements les uns sur les autres qui conduisent parfois à la violence, et même à la guerre. Jésus est innocent du mal, il ne l’a jamais commis, et à cet instant, allant au bout de sa passion, il manifeste jusqu’où l’amour divin se donne. Nous ne comprenons pas aisément en quoi la croix et la passion disent l’amour sans mesure de Dieu, cela reste un mystère même lorsque nous tremblons en entendant ces récits des évangélistes que nous lirons le dimanche des rameaux et à la veillée du vendredi saint. En Jésus, Dieu se donne jusqu’au bout pour nous dire que son amour ira toujours jusqu’à l’ultime pour nous relever et nous attirer par sa miséricorde afin que nous soyons un jour avec lui dans son Royaume. C’est une grâce de comprendre un peu cela, une grâce que nous pouvons demander au Saint Esprit en ces jours précédant Pâques.

Ponce Pilate, gouverneur romain de Judée prononce son jugement : Jésus est condamné à mort. La foule agitée par les pharisiens exulte, le spectacle ira jusqu’à son terme. Épuisé par le fouet et les coups, conspué et moqué, il doit porter le bois de la croix jusqu’au dehors des murs de Jérusalem, en franchissant la muraille pour rejoindre le lieu du crâne, le Golgotha, où le gibet est dressé. C’est un lieu maudit pour finir sa vie, entouré de tombes à l’extérieur des murs. Porter sa croix l’oblige à emprunter les ruelles de cette ville si dense déjà à l’époque, on s’y croise, on fait des affaires dans les boutiques qui vendent aux pèlerins tissus, vaisselles, nourritures et souvenirs. Il est probable que le visiteur d’aujourd’hui y découvre un décor semblable. Les gens sont affairés et regardent avec curiosité cet homme qui n’a plus apparence humaine, que certains disciples suivent à distance en pleurant et que d’autres bousculent dès qu’il faiblit et tombe sous le poids du bois si lourd. Des femmes sont là, cachant leur douleur sous leur voile, une s’est même avancée un moment pour lui essuyer le visage avec un linge, elle se nomme Véronique. Les soldats romains sont les exécutants de cette basse besogne, assurément leur prisonnier ne pourra pas aller au bout de la montée vers le nord de la ville, il lui faut de l’aide, aussi haranguent-ils un passant, qui se nomme Simon de Cyrène, un homme qui revient de ses champs où il a travaillé dès l’aurore avant la chaleur de midi. Ils l’obligent à soulever la croix, à soulager Jésus.

Aujourd’hui, il est heureux que la mémoire chrétienne ait conservé son nom, cet homme représente tous ceux et celles qui se penchent vers les personnes en détresse pour les soulager et porter avec elles le poids du jour. Simon de Cyrène ne savait sûrement pas que son aide contribuerait à la rédemption du monde. Chacun de nous peut soulever l’humanité en se donnant aux autres. Ne sont-ils pas bienheureux les bénévoles de notre Église qui se rendent fidèlement dans les hôpitaux et les EHPAD visiter les personnes fragiles ? J’ai eu la joie de célébrer une jolie messe dans la maison « Les Jardins d’Automne » de Nogent-le-Phaye voici quelques jours. Nous fûmes bien accueillis par tous. La joie des résidents était palpable lorsqu’ils chantaient des cantiques traditionnels qu’ils n’ont pas oubliés. Prendre soin d’autrui, voici ce qui contribue à la fraternité dans notre société. C’est le don du cœur que l’argent ne peut remplacer. Beaucoup de personnes font cela. Mais bien trop ne s’occupent qu’à jouir de leur propre vie, notamment à la retraite. Il y aurait tant à faire pour accompagner des jeunes en difficulté, des personnes en situation de handicap, des migrants perdus au sein de notre culture, des personnes seules qui s’ennuient. Prendre soin de ces gens, c’est prendre soin de Jésus ! Sur cet amour d’autrui, nous serons un jour jugés. Écouter la parole de Jésus ne suffit pas, il nous demande de la mettre en pratique, sinon nos vies sont comme ces maisons bâties sur le sable balayées par la première tempête.

Les récits des évangiles ne nomment pas la Vierge Marie présente au long du chemin de croix à Jérusalem. Pourtant des traditions disent qu’elle marchait à proximité de Jésus, mère âgée et digne. Elle sera bien présente au pied de la croix. Mel Gibson dans son film La passion du Christ offre une scène d’une grande délicatesse lorsque Jésus tombe sous le bois et que sa mère lui dit alors « que fais-tu ? » Alors Jésus lui répond « voici, je fais toutes choses nouvelles ». Cette réponse vient en réalité de l’Apocalypse de saint Jean (Ap 21, 5).

Mystérieusement Jésus étant épuisé et défiguré agit pour notre salut, il donne vie à l’humanité, celle que rien ne pourra lui ôter. Cette nouveauté se déploie aujourd’hui encore lorsque les chrétiens sont à l’écoute de la Parole et la mettent en pratique. À nous d’incarner la nouveauté de l’Évangile en vue d’un monde meilleur.

Prions ensemble pour notre Église afin que brille la lumière. Reprenons l’angélus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen.

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