#212 «Prends l’Évangile et lis-le. Il te consolera, il te donnera de la joie.»

Le 11 février a lieu la fête de Notre-Dame de Lourdes, si chère aux catholiques. Dans tous les diocèses du monde, on trouve des églises dédiées à Notre-Dame de Lourdes. C’est merveilleux.

L’Église qui est en France choisit le dimanche le plus proche de cette fête pour prier avec et pour tous les malades. Elle demande à les visiter quand cela nous est possible. « J’étais malade et vous m’avez visité » se réjouit Jésus quand il voit ceux et celles qui donnent leur temps aux personnes fragiles. Jésus réside en l’âme de chaque malade. À vous qui avez le désir de partager, vous pouvez rejoindre une équipe du service évangélique des malades et rendre heureuses des personnes en les visitant et en leur apportant le Christ. Ce dimanche, lors de la messe et dans chaque paroisse, les intentions mentionneront ces frères et sœurs fragiles. Nous pourrons conférer le sacrement des malades durant la messe paroissiale. Dans le diocèse de Chartres, se développe un monastère invisible constitué de personnes souvent âgées ou isolées à qui une équipe confie des enveloppes contenant les nombreuses prières écrites par les pèlerins et déposées auprès de Notre-Dame du Pilier dans la cathédrale. Ces priants le font avec grande joie, découvrant combien ils sont utiles pour la mission, chez eux ou dans des maisons de retraite. Nul doute sur la puissance de la prière de ces personnes qui, souvent de manière bien discrète prient et offrent leurs souffrances pour les autres. Quel bien font-elles ? Nous en aurons connaissance au Ciel quand tous les bénéficiaires de tant de supplications nous accueilleront. C’est là le grand mystère de la communion des saints. Nous sommes en effet tous reliés les uns aux autres. À ce propos voici ce dit l’apôtre Paul « Dieu a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie. Or, vous êtes le corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. » (1Co 12, 25-26) Paul affirme la solidarité entre les membres de l’Église, qu’il appelle son corps. Plus nous sommes reliés à Jésus-Christ, la tête du corps, plus notre coopération apparaît évidente et belle. Ce lien fonde la fraternité que nous désirons vivre et partager avec tous, au-delà de l’Église des baptisés.

En août prochain, nous retournerons à Lourdes avec nos amis anciens ou malades, pour notre grand pèlerinage animé par l’hospitalité chartraine et le diocèse de Chartres. Savez-vous qu’un camp d’adolescents y est organisé en même temps, les jeunes logeant à la Cité saint Pierre fondée en 1956 par le père Jean Rodhain pour les plus pauvres et maintenant les jeunes ? Là, Jésus parle à ces jeunes par les paroles de la Bible, lors des échanges, durant les prédications, dans le secret de l’adoration. Il touche aussi leur cœur lors du service de nos frères et sœurs malades. Combien de vocations consacrées sont nées auprès de Marie ? Soyons sûrs que d’autres s’éveilleront là : à nous de les accompagner à Lourdes en les confiant au Seigneur avec foi.

Lourdes accueille encore les évêques de France, accompagnés de prêtres et de laïcs, lors de nos deux sessions annuelles de la Conférence des évêques de France (CEF). Si des temps nombreux sont consacrés au travail, nous évêques sommes portés par la prière commune, le chapelet à la grotte, l’eucharistie dans la basilique inférieure, nos prières recevant en ces lieux une profondeur et une douceur toutes mariales.

Sur un autre sujet, nous avons vu l’héroïque voyage du pape François en République démocratique du Congo. Ce pays très grand, plus de cent millions d’habitants, riche de ressources naturelles attirant bien des convoitises, tarde à se développer tant le pouvoir en place est corrompu, l’injustice empêche la démocratie, et des milices violentes agressent des populations entières dans l’Est du pays. Là, depuis plusieurs années, face aux dictatures de Mobutu et de Kabila, l’Église a haussé le ton par la voix forte de ses évêques pour demander plus de justice sociale, pour que cesse la répression dans le sang contre les manifestants, pour favoriser l’accès aux soins et à l’éducation scolaire. L’Église n’a que sa parole pour être le premier influenceur du pays face aux forces politiques et militaires. Courageusement elle annonce que les droits du peuple ne peuvent être bafoués. Le pape François a pleuré en écoutant les récits des crimes perpétrés dans la région du Kivu. À Kinshasa face à un million de fidèles, dans son homélie, il a affirmé que Jésus « nous tend la main lorsque nous sommes sur le point de sombrer, il nous relève quand nous touchons le fond ». Il a demandé le « courage d’une grande amnistie du cœur » insistant pour que tous déposent leurs armes, pour que le cœur humain soit désarmé. Néanmoins, nous pouvons nous interroger sur ces violences. Pourquoi tant de mal ? Pourquoi l’homme du XXIe siècle est-il capable de crimes abominables laissant des populations dans un désarroi inimaginable, sans que nos pays ne réagissent vraiment alors qu’ils envoient des armes en Ukraine ? Quelle valeur ont nos frères et sœurs africains pauvres ? La valeur d’un homme serait-elle celle de son poids économique ? L’homme contemporain doit être un consommateur ou un producteur de richesse, sinon il n’est pas. Pour la même raison, on abandonnera ces africains à leur sort et nos anciens dans des EHPAD. On peut être fier de l’engagement de l’Église en ces territoires lointains, mais c’est au risque de la vie des leaders catholiques, laïcs et clercs, qui défient souvent les autorités.

La réponse face à la violence, me disait un officier de police burkinabé dans sa maison sans protection à Nouna, c’est l’amour. « Sans amour, on n’y arrivera pas » ajoutait-il. Sans amour, sans charité, toute personne peut se transformer en barbare et être influencée par des idées folles qui suscitent des crimes. La prière et la parole fortifient a contrario notre intelligence et notre discernement pour que nous devenions des personnes de paix. « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux » dit Jésus (Mt 5, 3) L’orgueil et la jalousie, la comparaison et les envies malsaines peuvent pervertir en soi la paix et l’amour. Comment s’en protéger pour rester une personne digne et pacifique ? En se faisant « pauvre à l’intérieur » dit le pape, c’est-à-dire en surmontant toute prétention à l’autosuffisance pour se comprendre comme ayant besoin de grâce, de Dieu. La communauté des hommes peut être riche de joies si ceux-ci se disposent à œuvrer pour le bien commun dans l’écoute de Jésus. « Notre cœur n’était-il pas tout brûlant alors qu’il nous expliquait les écritures ! » (Lc 24, 32). Les disciples font l’expérience de la vie infusée par la présence de Jésus marchant à leurs côtés. Bientôt nous vivrons le carême dont je vous reparlerai. Peut-on se simplifier ? Comment aimer en laissant de l’espace à l’autre, le conjoint comme le pauvre ?

Face aux drames humains, à un sorte de fatale répétition, nous pourrions perdre espoir en l’homme. « Est-il bon, cet homme ? » demandais-je à des jeunes gens étudiants en BTS à Chartres, et la réponse venait invariablement « non » ! Ces actes de violence et de mort font perdre confiance en l’homme. Quand on est jeune et que l’on entre dans la vie active, comment vivre paisiblement au sein de notre société avec l’idée que l’homme est mauvais ? Or le Christ a regardé chacun avec espérance et amour. Il a relevé ceux que la vindicte commune condamnait. Il a mis sa confiance en des hommes peu fiables et parfois pas aimés comme le publicain Lévi. Aujourd’hui, au sein de l’Église, la confiance est ébranlée vis-à-vis des évêques et des prêtres. Quelques-uns, par leur grave péché, ont jeté l’opprobre sur les autres. Or Jésus ose rétablir la confiance vis à vis de Pierre qu’il nomme Satan quand celui-ci le contredit et après qu’il l’ait renié trois fois avant la passion. Personne ne sera jamais parfait ici-bas. D’ailleurs, la confiance est un choix du cœur et de la raison vis-à-vis d’une personne imparfaite et qui peut décevoir. Si tous étaient parfaits et impeccables, la confiance ne servirait à rien. La confiance est un choix. Elle relève d’une décision qui engage notre liberté et notre volonté : on choisit de faire confiance au guide de haute montagne alors que l’on sait que tout n’est pas prévisible. Dans l’Église nous nous faisons confiance mutuellement par charité alors que nous savons que les membres de nos communautés sont faillibles. Un papa fait confiance à son enfant qui porte une pile de verres fragiles, sans qu’il ait besoin de lui dire aussitôt « fais attention ». Ne rien dire si ce n’est le remercier augmentera la confiance que son fils aura en lui-même. Le féliciter lui donnera la joie et le sentiment d’être aimé. Le pape François est allé en Afrique sans autres moyens que sa parole de sagesse, écho de celle de Jésus-Christ. Il a exhorté, comme Paul l’aurait fait : « le temps est venu de naviguer ensemble vers l’avenir ! » Et fermement il ajoutait : « il est temps de dire assez, sans “si” et sans “mais” : assez de sang versé, assez de conflits, assez de violences et d’accusations réciproques sur ceux qui les commettent, assez d’abandonner le peuple assoiffé de paix ». Quel impact peut avoir une parole papale quand des responsables politiques sont compromis pour de l’argent ? Indirectement il y a des fruits, les populations comprennent que l’Église, déjà très engagée sur le terrain des luttes contre la pauvreté et les injustices, ne les abandonne pas. Certains jeunes choisiront ce combat dans la lumière de l’Évangile qui seul donne un véritable éclairage pour lutter en vue du bien. À eux, le pape François a encore dit : « Je voudrais vous dire une dernière chose : ne vous découragez jamais ! Jésus croit en vous et ne vous laisse jamais seuls. Gardez la joie que vous avez aujourd’hui et ne la laissez pas s’éteindre. Prends l’Évangile et lis-le. Il te consolera, il te donnera de la joie. »

Il était bon que le pape ose se rendre au Congo malgré ses fatigues physiques, et c’est un cadeau formidable pour ces jeunes et aussi pour les plus pauvres de se sentir ainsi considérés par lui. Le Concile Vatican II dit que « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur » (GS 1). Ne soyons pas découragés par certaines situations aussi injustes soient-elles. Voyons la forêt qui pousse et ses arbres multiples qui portent des fruits. Beaucoup de personnes font du bien aujourd’hui. Si certains esprits critiques et aveuglés osent dire que le voyage du saint Père coûte de l’argent, qu’ils réfléchissent à la valeur d’une telle visite et à l’importance de l’écoute des sans-voix que l’Église permet ainsi. Notre Église en Eure & Loir, par ses membres engagés, doit localement faire de même, aller visiter et écouter, pour donner du bonheur. Si la confiance est mise en cause, c’est ainsi que les fidèles la retrouveront.

Prions la Vierge Marie pour ces peuples du Congo et du Sud-Soudan.
Notre-Dame, tu es tellement aimée de nos frères et sœurs catholiques en Afrique, protège-les de ton voile de tendresse. Mets en leur cœur une confiance mutuelle renouvelée afin qu’ils bâtissent une société fondée sur le bien de chacun, où les petits et les pauvres verront leurs droits pleinement respectés. Marie, manifeste-leur ta sollicitude maternelle afin qu’ils ne défaillent pas en chemin. Avec eux et pour eux, nous te prions en disant :
Je vous salue Marie…

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.