#208 « Tenez bon dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler !  » (Benoît XVI)

Les funérailles du pape Benoît XVI furent à son image, simples et priantes pour un pape au caractère doux et humble. Discret, doté d’un immense talent théologique et intellectuel, il aura servi avec abnégation l’Église dont il fut appelé à devenir le pasteur suprême bien malgré lui. N’avait-il pas cité Jésus à ses proches collaborateurs, une fois élu pape, qui prédisait à l’apôtre Pierre « un jour, un autre te mettra ta ceinture et te conduira là où tu ne voudrais pas aller » ? En partant vers la demeure éternelle, il nous a laissé un texte profond, son testament spirituel. Il nous encourage, relevant que s’il a traversé bien des épreuves, la grâce ne lui a pas manqué : « Tenez bon dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! » Dans sa conclusion, il écrit « Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, avec toutes ses insuffisances, est vraiment son corps. Enfin, je demande humblement : priez pour moi, afin que le Seigneur, malgré tous mes péchés et mes insuffisances, me reçoive dans les demeures éternelles. » Benoît XVI a étudié toutes les philosophies, tous les courants contemporains de pensée, pour les écouter et les confronter à sa foi en Jésus-Christ fondée sur la Sainte Écriture et à chaque fois il mit en valeur la certitude qu’il n’est pas de réponse plus sensée aux aspirations des hommes et à leur quête de bonheur que la foi et l’Espérance en Jésus-Christ. Sa conviction est que la vie ne s’arrête pas à la mort mais qu’elle va vers ce mystère infini du Ciel, où nous rencontrerons l’amour sans mesure de Dieu. Son pontificat fut plus difficile à cerner car il suivait celui très long de saint Jean-Paul II et précédait celui du pape François qui donne beaucoup de visibilité à la fonction papale par ses voyages et ses paroles notamment touchant aux questions sociales, l’immigration, l’écologie, la pauvreté endémique. Cependant, en écoutant à nouveau ses grands discours, comme celui des Bernardins, donné le 12 septembre 2008, on appréciera davantage la finesse de son propos. Assurément pour les fidèles catholiques qui veulent s’en donner la peine, il y a encore beaucoup à recevoir du magistère de Benoît XVI. Nul doute que certains livres seront publiés à l’avenir pour nous donner le cœur de sa pensée comme celui d’Alexia Vidot, journaliste au magazine La Vie, sous le titre Cher Benoît XVI. Sachons en profiter pour travailler ces écrits et enrichir notre foi. 

En ce début d’année, une merveilleuse sainte vient nous rendre visite, sainte Thérèse de Lisieux, si aimée dans le monde entier. Sa vie fut brève, vingt-quatre ans, mais son existence véritablement accomplie comme en témoigne son autobiographie, Histoire d’une âme. Durant les prochaines semaines, nous recevrons ses reliques, c’est-à-dire le reliquaire qui contient ses ossements. Celui-ci sera présenté à la vénération des fidèles dans chaque paroisse du diocèse. Chaque équipe pastorale paroissiale a pour mission de préparer l’accueil des fidèles autour de cette vénération et de proposer à tous d’être visités par Thérèse. On pensera particulièrement aux personnes dépendantes ou âgées. Comment leur proposer de venir participer  ? Probablement beaucoup d’entre vous s’interrogent sur le sens de la vénération des reliques. Celle-ci est perçue parfois comme une dévotion dépassée. Pourtant elle nous enseigne que des milliers voire des millions de saints croyants ont incarné l’Évangile avec passion, persévérance, courage et foi. Comment comprendre cela ? Le fondement de notre foi est l’affirmation que Jésus-Christ est Dieu fait chair, qu’il est le Verbe divin venu par le sein maternel de Marie. Par elle, la Parole divine est venue jusqu’à nous. 

Ainsi tout disciple désirant prendre au sérieux sa vocation à la sainteté prend à son compte dans l’Évangile les paroles et les exemples de Jésus, pour les vivre intensément selon son contexte culturel, avec ses charismes et ses talents. Il reçoit le Christ très spécifiquement par la communion eucharistique. Alors, il devient l’habitation de la présence du Christ, par le don du Saint Esprit. Ainsi prolonge-t-il l’incarnation de Jésus dans le corps de l’Église. En recevant les reliques, le chrétien saisit que le présent est cet aujourd’hui de Dieu en sa propre vie, c’est le moment de prendre sa place dans cette chaîne ininterrompue de sainteté, exprimée par la charité, par l’éducation, par la contemplation, dans la communion humaine. L’Église existe et perdurera par la sainteté de ses membres, les fidèles du Christ qui s’engagent sur le chemin de la pauvreté évangélique, en vivant de la puissance du Saint Esprit tout en portant la Croix à la suite de Jésus, c’est-à-dire le poids des souffrances des hommes. 

Pour nous, accueillir les reliques de sainte Thérèse, c’est se rappeler sa détermination à aimer Jésus par-dessus tout. Puis à considérer l’Évangile comme notre règle de vie qui ouvre à la liberté authentique. C’est aussi se dire que par la communion des saints, Thérèse est présente et bien vivante à nos côtés, elle qui disait « je passerai mon ciel à faire du bien sur terre. » Nous lui demanderons son intercession auprès de Dieu. Les saints ne dorment pas au Ciel. Le sommeil est un besoin lié à notre corps charnel, dont nous n’avons plus à supporter les contraintes dans la maison de Dieu. Les saints bénissent Dieu le Père éternellement, même si ce mot n’a plus le sens temporel qu’il a pour nous sur Terre. En Dieu, au Ciel, ni passé ni futur ne marquent la vie des saints. Ils « sont » simplement, ils « vivent » dans la lumière un éternel présent en étant plongés dans l’amour parfait. Cet état est celui d’une communion parfaite en Dieu Trinité dont bénéficie le corps du Christ, l’Église céleste et terrestre. Aussi nos vies et nos besoins terrestres importent à tous ceux qui vivent au Ciel, ces derniers présentent à Dieu nos besoins profonds, ils sont comme la Vierge Marie qui, à Cana, sollicitait Jésus pour les convives de la noce. 

Les saints ne réalisent-ils pas à un degré supérieur l’accomplissement de l’être humain, créé pour aimer jusqu’au sacrifice et à l’oubli de soi ? S’il est entendu que chacun doit prendre soin de soi et s’aimer soi-même, cela est vrai afin d’être disponible pour mettre ses capacités au service du prochain. Jésus l’enseigne, les saints l’ont fait. Sainte Thérèse le fit en priant jour et nuit pour les missionnaires qu’elle soutenait et pour ses sœurs qu’elle entourait de sa prévenance. 

Sainte Thérèse fut la neuvième des neuf enfants de la famille Martin, dont les parents Louis et Zélie sont canonisés. Si quatre enfants décédèrent en bas âge, les cinq filles Martin prirent le chemin de la vie religieuse, quatre au Carmel et une à la Visitation. Céline, la septième enfant qui vécut quatre-vingt-dix ans et mourut en 1959, fut la sœur de cœur la plus intime de Thérèse. Elle entra aussi au Carmel de Lisieux après avoir accompagné son papa jusqu’à son trépas. Leur communion, Céline parle d’unité parfaite, était totale. Céline dira que Thérèse était la grâce et qu’elle était la nature. Nous avons connaissance de ceci par l’autobiographie que Céline rédigea vers 1910 à la demande de sa supérieure, sœur Agnès de Jésus. Elle ne reprit pas les récits de L’histoire d’une âme de Thérèse mais elle s’employa à écrire sa version de la vie de famille, de leur foi commune et de sa vie au monastère. Le sous-titre est Histoire d’un tison arraché au feu. Ce feu est celui de l’amour parfait de Dieu. Son écrit complète bien la vision et la pratique de la « petite voie » spirituelle de Thérèse. Céline l’a expérimentée dans ses combats. En lisant ce texte dont la prose est fort belle, comment ne pas y voir une jeune fille pleine de vie, enthousiaste et énergique, pleine d’humour et pétillante de vie, attirée par le monde et cependant déjà dans son enfance désireuse d’être tout au Christ et consacrée ? Ce récit merveilleux rejoindra bon nombre d’entre nous, et je ne peux qu’encourager les jeunes filles à le lire (éditions du Carmel). 

Maintenant prions ensemble la Vierge Marie, qui accompagne nos jours. Nous sommes dans ce temps ordinaire, qui prolonge le mystère de l’incarnation. Aussi je vous propose de prier l’angélus, qui rappelle ce dogme. 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

 Je vous salue Marie, ….

 V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

 Je vous salue Marie…

 V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions : Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.