Le dimanche de Gaudete, nous avons chanté la joie, fruit du Saint Esprit, selon la belle prière introductive de la messe que nous appelons la collecte « nous t’en prions, Seigneur notre Dieu, accorde-nous de parvenir au bonheur d’un tel salut, et de le célébrer solennellement avec une joie toujours nouvelle. » Comme il est bon de partager entre nous cette grâce de joie car elle fortifie la fraternité ! Ce fut notre expérience, le 16 décembre en l’église de la Brèche, durant la rencontre et la prière avec des familles chrétiennes et musulmanes, immigrées, autour du thème de l’étoile, lumière qui nous rassemble, face à la crèche de Noël. Chaque enfant était si heureux d’y déposer sa bougie.
Noël approche, n’est-ce pas merveilleux ? C’est la nativité, la naissance de l’enfant Jésus, Dieu fait homme. Ce mystère est si grand et fonde notre foi et la spécificité de notre religion chrétienne. Saint Jean, le disciple aimé de Jésus, qui se pencha sur sa poitrine le soir de la sainte Cène pour entendre battre le divin cœur de son maître, écrit dans son évangile : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes » (Jn 1, 1ss). Jean comprend que tout est créé par la parole de Dieu comme le rapporte le livre de la Genèse. Dieu n’appartient pas à la création, à cet univers matériel extraordinaire que les scientifiques scrutent admirablement en nous révélant des beautés stellaires éblouissantes. Pourtant Dieu vient y prendre chair pour partager notre condition humaine. Jean ajoute : « le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 14) Ici, nous entrons dans la nouveauté absolue de la Révélation. Ce divin Verbe créateur à l’origine des temps, descend au sein du monde qu’il a créé et façonné, vient par le sein maternel d’une jeune fille, Marie de Nazareth, et il advient parmi nous pour achever la Révélation du Dieu unique et dévoiler la volonté divine de saisir toute l’humanité dans sa miséricorde, pour la libérer et la sauver de la mort, la conduire à la joie du Salut, maintenant et pour la vie éternelle. Saint Paul dira que « la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes » (Tt 2, 11). Cette nouveauté est un véritable choc qui frappe ceux et celles qui rencontrent Jésus durant sa vie publique, ils doivent faire un saut dans la foi qui ne peut pas être une simple continuité de leur foi juive puisque Jésus est bien plus qu’un prophète, il est le visage de Dieu, la manifestation de la gloire du père. Ce salut est pour tous ceux qui l’accueillent en vérité, par le choix du bien et la recherche de Dieu.
Nous fêtons Noël, au sein d’une société bouleversée. Beaucoup traversent des moments difficiles. L’inflation et les restrictions énergétiques sont lourdes de conséquences. Nous devons réfléchir au rapport que nous entretenons avec l’argent et les biens matériels. Que sont-ils face à la richesse des rencontres humaines et de l’entraide ? Nous craignons les possibles coupures de courant qui restent cependant, heureusement, improbables. Certes, pour les personnes sous respirateurs électriques, c’est une question de vie et de mort. Imaginons, si nous le pouvons, la vie des Ukrainiens dont les ressources en électricité sont copieusement bombardées, là est la vraie pénurie : vivre dans des lieux détruits, sans lumière et sans chauffage quand les températures tombent bien en dessous de 0°C, durant des semaines d’affilée. Les hommes politiques qui font la guerre sont insensés, même les animaux ne peuvent vouloir causer de tels maux, eux qui tuent pour se nourrir. C’est le pire que l’homme puisse faire, il en devient inhumain et le Seigneur lui en demandera compte. Oui, ils sont fous ceux qui pensent offrir un avenir à leur peuple par la puissance des armes. Notre force est dans le nom du Seigneur qui a fait le Ciel et la Terre pour que nous y vivions en paix, maintenant et dans l’éternité. La Nativité est ce trait d’union entre Ciel et Terre pour nous rappeler que nous venons d’une simple pensée de Dieu et que nous avons une place attitrée qui nous attend au Ciel. Comme le demandait la Vierge Marie durant les apparitions de l’Île-Bouchard, il nous faut prier pour les pécheurs, afin que ces malheurs cessent et pour le salut de ceux qui suscitent ces maux.
Noël est une fête intime autour de la crèche. Pourtant, partout l’agitation semble régner. Dans les rues de Chartres, j’ai vu tant de personnes faire des achats de cadeaux. Offrir un cadeau, n’est-ce pas merveilleux ? Voir le sourire de l’enfant qui découvre cet objet désiré avec lequel il va jouer, n’est-ce pas cause de joie ? Encore faut-il savoir ce qu’il faut acheter pour correspondre au goût de l’enfant comme de l’adulte. Et cela est souvent difficile. Il y a les bricoleurs qui confectionnent des objets insolites, des jolies cartes comme nos sœurs de saint Paul de Chartres, objets simples et beaux par lesquels s’exprime l’affection portée aux êtres chers à qui ils sont destinés. Malheureusement, il y a aussi tout ce qui tombe à plat, le cadeau expédié qui sera revendu sur le BonCoin. Personnellement je ne sais pas faire de cadeaux, je suis tellement embarrassé dans les magasins aux mille objets rutilants. Un cadeau devrait aussi pouvoir être inutile, dire simplement notre amour, mais alors il peut être encombrant. Faut-il compléter les ustensiles de cuisine de ces inventions modernes et parfois étonnantes ? Faut-il un vêtement de sport mais sera-t-il de la bonne taille ? Finalement, heureusement qu’il y a les chocolats, car c’est toujours bon et cela n’encombre pas longtemps.
Mais notre cadeau, notre vrai cadeau, c’est la joie d’être ensemble, de prier en attendant « la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. » (Tt 2, 14) Quel trésor nous donne Dieu en venant parmi nous nous révéler son projet de salut et nous disposer à vivre de sa vie divine ! Invoquons le Saint Esprit pour vivre en son intimité et mieux le connaître, car « personne ne connaît ce qu’il y a en Dieu, sinon l’Esprit de Dieu. » (1Co2,11)
Pour conclure ce message de la veille de la Nativité, voici un texte du Pape François, que je vous offre en guise de prière et par lequel je suis heureux de vous formuler mes vœux de paix et de joie pour Noël.
Noël, c’est toi quand tu décides de renaître chaque jour et de laisser Dieu pénétrer ton âme.
Le sapin de Noël, c’est toi quand tu résistes vigoureusement aux vents et aux obstacles de la vie.
Les décorations de Noël, c’est toi quand tes vertus sont les couleurs qui ornent ta vie.
La cloche qui sonne Noël, c’est toi quand tu invites à se rassembler,et tentes de réunir.
Tu es la lumière de Noël quand tu éclaires de ta présence le chemin des autres par ta bonté, ta patience, ta joie et ta générosité.
Les anges de Noël, c’est toi quand tu chantes au monde un message de paix, de justice et d’amour.
L’étoile de Noël, c’est toi quand tu conduis quelqu’un à la rencontre du Seigneur.
Tu es aussi les Rois mages,quand tu offres ce que tu possèdes de mieux sans tenir compte de celui à qui tu donnes.
La musique de Noël, c’est toi quand tu conquiers l’harmonie qui est en toi.
Le cadeau de Noël, c’est toi quand tu te comportes en véritable ami,en frère avec tous les êtres humains.
Les vœux de Noël, c’est toi quand tu pardonnes et rétablis la paix,même si tu souffres.
Le réveillon de Noël, c’est toi quand tu rassasies de pain et d’espérance le pauvre qui est auprès de toi.
Tu es la nuit de Noël quand, humble et éveillé, tu reçois dans le silence de la nuit le Sauveur du mondes ans bruit ni grande célébration ;tu es le sourire confiant et tendre de la paix intérieure d’un Noël éternel qui instaure son royaume en toi.
Joyeux Noël à tous ceux qui se reconnaissent dans l’esprit de Noël.
Pape François, L’Esprit de Noël (éditions Michel Lafon)