Je vous écris ces lignes au cœur d’un jardin verdoyant, en fin de journée, alors que baisse la lumière du soir. Plusieurs oiseaux chantent. Quand est-ce que je prends le temps de les écouter ? La vie est souvent intrépide. Ici, tout est très vert, la pluie ayant fait son œuvre. La contemplation de la nature conduit l’homme à bénir Dieu : « O Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand ton nom par toute la terre ! » Ainsi l’homme peut-il reprendre à son compte les mots du psalmiste et chanter « tu m’as établi sur les œuvres de tes mains, tu mets toute chose à mes pieds, les troupeaux de bœufs et de brebis, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les eaux. » C’est un don et une responsabilité. Comment ne pas bénir Dieu pour sa création et en prendre soin ?
De nos jours, les surcoûts de l’énergie nous obligent à vivre différemment et cela profitera à la nature déjà si réchauffée par nos gaz carbonés. Dans nos églises, l’hiver prochain, nous choisirons de ne pas chauffer. Est-ce si grave pour vivre la sainte messe ? Lorsque les gens skient l’hiver, ils ne s’inquiètent nullement que la température sur le haut des pistes descende en dessous de zéro et, à peine arrivés en bas, ils s’empressent de prendre les télésièges pour repartir à l’assaut des pentes. Effectivement ils sont bien équipés. Aussi bienvenue pour la messe en tenue de ski ! Il suffira d’y penser.
La nature est un bien merveilleux. Mais l’accroissement des températures frappera des centaines de millions de personnes, des frères et des sœurs en humanité, qui seront prochainement menacés de famines, d’inondations, de cyclones et de la perte de tous leurs biens. Où vivront-ils ? Où éduqueront-ils leurs enfants ? Chez nous, serons-nous capables de vivre sobrement et de partager ? Il était légitime pour le pape François d’inscrire l’urgence climatique dans un texte fort, une encyclique appelée Laudato Si, afin que les catholiques entendent un appel à la conversion écologique et se saisissent de leur responsabilité pour changer nos mentalités. Moins consommer, recycler et partager, acheter avec soin ce qui est nécessaire en tenant compte des lieux de fabrication ou de production des produits, trier ses déchets et tendre vers le zéro déchet, sont autant d’attitudes positives que nous pouvons adopter. L’augmentation des prix de l’énergie nous affecte beaucoup mais peut être la cause d’une conversion écologique positive.
L’Église est la maison instituée par Jésus pour prendre soin des petits et des pauvres. Comment le ferons-nous ? Commençons par l’accueil. Vous êtes nombreux à reconnaître qu’un surcroît d’accueil est attendu. Les conclusions du récent synode l’ont affirmé encore. Je vous disais dans mon message précédent que nous pouvons ouvrir des lieux d’accueil en nos églises et nos presbytères, y être présents, prêtres et laïcs, pour recevoir les personnes. L’Esprit, je pense qu’il s’agit de lui, m’a suggéré de réfléchir à la notion d’hospitalité, mot qui indique un accueil plus engageant puisque l’hospitalité fait entrer le visiteur chez soi, dans sa maison. Pouvons-nous réfléchir aux modes d’hospitalité possibles après la messe dominicale ? Pouvons-nous inviter chez nous pour des temps d’échange fraternel, à l’instar des équipes Notre-Dame, des fraternités missionnaires du Chemin Neuf, des maisonnées de l’Emmanuel, des fraternités de la mission couples et familles, des équipes du rosaire ou de l’action catholique ? Que ces rencontres soient ouvertes à tous, sans conditions ni inscriptions. Oui, il est possible de susciter un merveilleux réseau d’équipes de chrétiens dans tout le département qui tisserait des liens d’amitié fondés en Christ !
Dans la Bible, il y a beaucoup de scènes de repas partagés. La vie s’articule autour de la commensalité. Un bel épisode est celui de la rencontre du prophète Élie avec une pauvre veuve à Sarepta. Elle a un fils. Ses réserves alimentaires, de l’huile et de la farine, lui permettent de faire encore un pain, de le manger avec ce garçon : elle sait qu’ensuite, ils n’auront plus rien et qu’ils mourront. Élie l’invite à espérer en la providence divine, il lui demande à manger et elle partage leur maigre repas. Alors, Dieu remplit les cruches de farine et d’huile afin qu’elles ne soient jamais vides. Il y a aussi des banquets extraordinaires comme celui préparé par la reine Esther pour son époux le roi Xerxès à Suze-la-Citadelle lors duquel elle demande à son époux le salut de son peuple destiné à l’extermination. Dans l’évangile selon saint Jean, la vie publique de Jésus commence par un repas de noces, Jésus y change six cents litres d’eau en un vin excellent manifestant sa gloire aux disciples et aux servants. Il y a le repas du soir que vient prendre Jésus chez Zachée, un collecteur d’impôts, profiteur de l’argent des autres, et qui est l’occasion d’une transformation du cœur de cet homme qui décide de rendre tout ce qu’il a volé. Ou encore le repas chez Simon, encore un publicain, où Jésus se laisse laver et parfumer les pieds par une femme, Marie, qui lui manifeste tout son respect ; sans qu’elle le sache, elle anticipe sa mise au tombeau lorsque l’on embaume les corps de myrrhe. Il y a par-dessus tout le repas de la Pâque quand Jésus prend le pain, le rompt et le donne aux disciples en disant « prenez et mangez, ceci est mon corps livré pour vous » et présente le calice de vin en disant « prenez et buvez, ceci est mon sang versé pour vous, en rémission des péchés, faites ceci en mémoire de moi. » Là, s’opère le merveilleux mystère de l’eucharistie, le sacrifice qui sauve le monde. Finalement, c’est au cours du dîner du soir dans une auberge que Jésus se fait reconnaître aux disciples d’Emmaüs.
Nous pourrions prendre tant d’autres exemples de ces moments d’hospitalité qui sont autant d’occasions pour notre Seigneur Jésus-Christ de communiquer sa grâce aux hommes et aux femmes. Aujourd’hui encore, la vie de l’Église se passe autour du repas de l’eucharistie chaque dimanche puis quotidiennement autour de la table domestique. En bénissant la nourriture qui va être partagée, les convives ont une conscience plus grande que cette nourriture est un don de Dieu, et que nous serons heureux de la recevoir ensemble. Comment nos familles et nos paroisses vivent-elles cela ? Il est tellement beau de bénir Dieu pour ses bienfaits.
L’hospitalité est à l’évangélisation comme le narthex d’une basilique romaine, une main tendue entre le monde extérieure et la vie ecclésiale. Certes, sur les réseaux sociaux, il est possible d’entrer en relation avec des personnes pour leur communiquer le message de la foi. Certains s’y emploient avec talent, ont des milliers de followers, sont des YouTubers connus. Cependant, le narthex est ce lieu de passage pour entrer ensuite dans la maison, et celle-ci est l’Église avec ses familles et ses mouvements chrétiens. Cette semaine est la semaine mondiale de la mission pour l’Église catholique, un événement pour parler de Jésus. Avons-nous conçu quelques projets pour aller à la rencontre de nos prochains et leur offrir notre hospitalité ? Notre église locale est-elle ouverte et accueillante pour une soirée de prière, un temps d’adoration, un partage de la Bible, un chapelet, une table ouverte ? L’avons-nous particulièrement embellie et nettoyée ? Il n’est pas trop tard pour en prendre l’initiative avec quelques amis. Cela est à la portée de chacun, sans qu’il soit besoin d’avoir des charismes spéciaux. Avons-nous le désir ardent de faire connaître Jésus-Christ et son message de miséricorde ? Sommes-nous intérieurement poussés à la mission pour partager l’espérance que communique la foi chrétienne ?
Nous sommes de passage en ce monde, et notre vie est tendue en avant vers ce qui sera notre vraie demeure, l’éternité en Dieu. En attendant cette ultime rencontre, notre planète bleue est un trésor que tous nous devons choyer pour y vivre en paix, en nous aidant mutuellement pour la conserver belle et nourricière pour tous. Prions, mes amis, pour discerner les voies de la paix et les projets qui permettront de développer un art de vivre économiquement raisonnable afin que les générations suivantes n’aient pas à rechercher dans les poubelles de nos industries les restes abandonnés pour manger et survivre. Notre société n’a-t-elle pas besoin d’un surcroît de raison et de prière pour que naissent une nouvelle génération de créateurs respectueux de la nature et des êtres humains ? Mobilisons-nous, comme catholiques, pour aider à ce progrès humain et social. Déposons aux pieds de Dieu nos bons désirs et osons prendre des chemins nouveaux de dialogue et de partage pour bâtir ensemble.
Prions ensemble le Christ de faire venir la paix et son royaume, afin que nous vivions en communion les uns avec les autres, dans le respect de nos différences. Demandons cela à Notre-Dame qui ne peut pas être indifférente aux souffrances dues aux divisions.
Prions ensemble trois « Je vous salue Marie » pour obtenir la paix en ce monde. Puis je vous encourage à prier le chapelet, si possible chaque jour pour la paix dans le monde et particulièrement en Ukraine.