Chrétiens, nous le sommes devenus par notre baptême. Personne ne naît chrétien et nous affirmons que l’on devient enfant de Dieu, comme héritier du Royaume, par la grâce qui nous est faite lors du baptême. Certes, tout être humain est connu de Dieu dès sa conception in utero et Dieu regarde ce petit être avec amour puisque Dieu est Amour. C’est le baptême qui marque l’entrée dans la communauté des chrétiens que l’on nomme le peuple de Dieu, et nous ouvre la porte vers l’éternité. Le baptême est important : c’est par le baptême, premier sacrement, que nous sommes appelés enfants de Dieu et que nous le sommes en vérité. Le baptême est déterminant pour la vie présente et surtout pour notre avenir. Nous ne disons pas que nous avons été baptisés mais que nous sommes baptisés pour une vie toujours nouvelle et surtout à venir. La vie chrétienne regarde en avant, l’Esprit Saint nous enseigne et nous conduit vers notre avenir.
Dès l’âge de comprendre et de vivre consciemment comme êtres spirituels, tôt dans l’enfance, le baptisé reçoit une unique vocation qui se conjugue au pluriel : la sainteté et la mission. Tout chrétien est surnaturellement appelé à la sainteté et à la mission, par sa vie, sa parole et ses actes. Enfant, il est éduqué par ses parents, son parrain et sa marraine, les membres de la paroisse, pour garder pure sa dignité d’enfant de Dieu. On lui apprend l’art de vivre chrétien, en refusant le mal, le mensonge, le vol et les paroles de jugement et de médisance. On lui montre la joie du don, de l’entraide, de la sobriété, de l’écoute et du partage. On l’éveille à l’émerveillement devant la nature à sauvegarder car elle est un don de Dieu. On lui transmet l’art de la prière pour qu’il sache louer et écouter Dieu. On lui fait lire la Bible car elle est un chemin de vie et de vérité.
Ce chemin d’initiation chrétienne continue avec les autres sacrements, l’eucharistie, la confirmation, le pardon, le mariage ou l’ordre pour la vie sacerdotale. Peu à peu, la vocation prophétique du chrétien s’épanouit. Il lui est donné de prendre la parole pour exhorter et encourager, pour animer la prière commune. Il acquiert des responsabilités selon ses dons et ses charismes. Il a le devoir de prendre soin de ses frères et sœurs de sa communauté. On compte sur lui et on se réjouit de ce qu’il apporte.
Début septembre, à Rome, j’ai eu la chance de participer à un congrès sur la catéchèse rassemblant mille trois cents personnes de quatre-vingt-deux pays. Si ce mot de catéchèse fait penser aux enfants qui vont au catéchisme, en réalité, il ne leur est pas réservé. La catéchèse est destinée à tous, à tout âge. Nous devons donc changer notre compréhension de ce mot. Dans nos paroisses, quelques personnes, souvent des mères ou des grand-mères, sont catéchistes. Qu’elles en soient remerciées. Sans elles, tant d’enfants ou de personnes souhaitant suivre une première initiation à la foi, ne le pourraient simplement pas. L’Église change notre vision sur les conséquences de notre baptême. La sainteté est une façon de vivre qui dit notre foi, ainsi notre vie devient parole lorsque nous agissons selon l’évangile et non selon l’esprit du monde. La mission nous appelle à prendre notre part, sans rester en retrait, car le message du salut a besoin de chaque voix. C’est ainsi que le baptisé, maintenant adulte dans la foi, ce qui peut advenir dès l’adolescence, se fait catéchiste ou encore catéchète, deux mots employés pour cette mission d’animateur au sein de sa communauté d’Église. Cette personne, homme ou femme, célibataire ou mariée, ayant un travail dans la société, assume en même temps cette mission pour l’Église. Elle suppose la rencontre du Seigneur Jésus-Christ, elle demande une vie spirituelle forte, elle appelle un désir, que dis-je, une passion pour persévérer dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Aussi, nous affirmons que tout baptisé devient un témoin, un prophète, un catéchiste par sa vie et sa parole. Notre vie elle-même devient une catéchèse lorsque nous œuvrons en vérité pour que l’Évangile éclaire nos actions et nos pensées, lorsque nous vivons en conformité avec l’enseignement moral de l’Église. N’est-ce pas nouveau de prendre conscience de cette grande responsabilité ? Être catéchiste ou catéchète auprès des personnes que nous rencontrons, de tous âges, en nous attachant toujours plus à Jésus-Christ, en profitant de toute occasion pour parler de lui, en priant avec ceux qui souffrent, en racontant quelques histoires de sa vie aux enfants comme aux adultes qui ne le connaissent pas encore. Ah si nous pouvions chacun et chacune prendre au sérieux notre vocation prophétique et manifester au quotidien la joie que donne la foi, bien des personnes seraient interrogées sur la présence de Dieu et nous demanderaient éventuellement quelque aide pour aller à sa rencontre. Le père Guy Gilbert écrit que notre vie doit inciter toute personne à nous demander de lui parler de Dieu.
En cette rentrée pastorale, les paroisses se retrouvent, les conseils se rassemblent, on réfléchit à des plans pastoraux, on monte des projets. Faisons attention au fait que ceux-ci, s’ils peuvent s’avérer utiles, ne seront féconds que parce que l’Esprit Saint les inspire et les conduit. Cela demande de notre part une prière renouvelée et nourrie par la méditation de l’Évangile. Rien ne se fera si l’amour des frères et du Seigneur ne nous embrase pas. Rien ne se fera si chacun ne prend au sérieux son appel à aimer, à servir et à être prophète. Beaucoup d’entre vous désirent une Église vivante au contact des réalités concrètes. Cela est important si nous apportons Jésus-Christ à ceux qui sont au seuil. Ne manquons pas les occasions qui se présentent à nous, invitons, parlons, prions pour que le saint Nom de Jésus soit connu et glorifié. La mission dont nous sommes les acteurs commence par ces simples étapes.
Que chacun perçoive la joie de la foi, la joie du salut dont parle le psaume 50 (versets 9-15). Nous prions maintenant pour notre mission et notre appel comme prophète et catéchiste.
Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ;
lave-moi et je serai blanc, plus que la neige.
Fais que j’entende les chants et la fête :
ils danseront, les os que tu broyais.
Détourne ta face de mes fautes,
enlève tous mes péchés.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Ô Vierge Marie, prends soin des égarés, car ils sont tes enfants. Qu’ils rencontrent le visage de ton Fils bien aimé Jésus-Christ. Amen.