Parler de l’Esprit Saint en catéchèse

Comment parler du Saint-Esprit aux enfants ? Pour dépasser les images de la colombe, du vent et du feu qui représentent la force de l’Esprit, nous proposons de revenir au fondement de notre foi chrétienne. Le Saint-Esprit est une personne et constitue avec le Père et le Fils la Trinité, l’unique Dieu auquel nous croyons.

Pour nous aider à parler du Saint-Esprit aux enfants, Geneviève Madika nous donne, comme elle le présente elle-même, « une boîte à outils ». Il s’agit de textes extraits de la Bible, du Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) et des écrits du pape François et du père Raniero Cantalamessa. Des textes classés selon qu’ils nomment le Saint-Esprit, qu’ils mettent en avant la relation entre lui et l’Église ou encore la relation entre lui et les hommes.

C’est une boîte à outils donc il convient de prendre un thème et de méditer dessus et de faire de même avec un autre et un autre encore. Mais c’est ainsi que nous entrons en dialogue avec l’Esprit saint. Et il faut avoir ce dialogue permanent avec lui pour le connaître et l’aimer, se laisser habiter par lui et pouvoir parler de lui aux enfants.

L’Esprit saint et Dieu

Nous disons « Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, Amen » et nous entrons dans la prière. « Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, Amen » et nous nous mettons en présence de Dieu pour lui parler et l’écouter.

Parler et écouter Dieu Père, Fils et Saint-Esprit ! Un Dieu, trois personnes ! Trois personnes en un seul Dieu ! Dieu est Trinité.

La Trinité n’est pas conceptualisée dans les Écritures. C’est la lumière de la foi transmise par les apôtres qui nous permet de la voir. Dès la Création (Gn 1,1 – 2,4) ou dans l’apparition du Seigneur à Abraham à Mambré (Gn 18, 1-11), le récit mélange singulier et pluriel quand il s’agit de Dieu.

Le narrateur du récit de la Création nous met en présence de Dieu Un : Dieu créa, Dieu dit, Dieu vit, etc.

Mais pour créer l’homme, Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. »

Aux chênes de Mambré, Abraham salue le Seigneur dans les trois visiteurs qu’il a accueillis.

En Dieu il y a d’abord le Père, principe de la Trinité, créateur du monde et des hommes. Le Père aime le monde et veut faire des alliances avec les hommes pour qu’ils vivent heureux.

Le Père a engendré le Fils unique avant toute création. Le Fils est Dieu comme le Père est Dieu. Le Père aime le Fils d’un Amour qui est don total. Et le Fils rend totalement ce don au Père. Il est le Verbe de Dieu et par lui le Père a créé le monde. Il est venu parmi les hommes pour leur faire connaître le Père et les sauver du péché qui les éloigne de lui. Le Père fait tout par le Fils et personne ne va au Père sans passer par le Fils (Cf. Jn 14, 6).

Le Père a fait le Saint-Esprit par spiration. Le Saint-Esprit aussi est Dieu. Il est en relation avec le Père et le Fils. Il est leur relation même, l’Amour du Père et du Fils. Et cette relation est éternelle, comme l’Amour est éternel. Le Saint- Esprit est envoyé par le Fils d’auprès du Père pour inspirer, soutenir, défendre et conseiller les hommes. Il unit les hommes entre eux et les unit à Dieu.

En Dieu, les trois personnes sont égales et en relation. Chacune est en relation avec les deux autres. Cette relation dure éternellement.

À certains moments, les trois personnes se manifestent ensemble mais distinctement. Le Père crée et quand il parle, le Fils est là. L’Esprit est avec eux. Après le baptême de Jésus Fils de Dieu, l’Esprit se pose sur lui et l’on entend la voix de Dieu (le Père). À la Transfiguration, on entend encore la voix du Père et la nuée qui le couvre est le Saint- Esprit.

À d’autres, on peut croire qu’une seule agit. Quand Jésus meurt sur la croix, on a l’impression qu’il n’y a que lui. À la Pentecôte, on a l’impression qu’il n’y a que l’Esprit.

Et pourtant, c’est bien le Père qui agit par le Fils et dans l’Esprit. Le Père est la source, le Fils le médiateur et l’Esprit celui par qui les hommes reçoivent tout don. Le Fils et l’Esprit sont comme les deux mains du Père. Leurs actions sont reliées, associées, unifiées.

Quand alors, à la fin du signe de croix, nous disons « Amen », nous affirmons que nous croyons bien en un seul Dieu Père, Fils et Saint-Esprit. Et par le geste qui l’accompagne, nous affirmons que nous croyons que le Père a envoyé le Fils au monde ; et par sa mort sur la croix et par sa résurrection, le Fils a sauvé les hommes et qu’il ne cesse de nous envoyer l’Esprit saint pour donner la vie.

La personne du Saint-Esprit

L’Esprit n’est ni un fantôme ni une énergie. L’Esprit-Saint est Dieu car Dieu seul est saint. Il est Dieu toujours, le feu qui englobe le monde, une personne qui est toujours et partout.

Comment s’appelle-t-il ?

Étymologiquement Esprit = souffle, respiration (Spiritus en latin – pneuma, en grec ; Ruah en hébreu) La plupart des noms employés nous sont rappelés dans le CEC n° 693 :

  • le Saint-Esprit ou l’Esprit saint, dans l’Ancien Testament,
  • les évangiles, les Actes, les épîtres ; ce qui est affirmation de sa divinité (Dieu seul est saint ; toute sainteté vient de lui, puisque saint = mis à part pour Dieu).
  • l’Esprit de Dieu (Rm 8, 9 et 14 ; 15, 19 ; 1 Co 2, 11 ; 6, 11 ; 7, 40 ; 1 P 4, 14) ; l’Esprit du Dieu vivant (2 Co 3, 3),
  • le Saint Esprit de Dieu (Ep 4, 30) ; ce qui montre davantage ses liens avec le Père.
  • l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus (Rm 8, 11) → en lien avec le Père qui donne la vie éternelle ;
  • l’Esprit du Seigneur (2 Co 3, 17) ; Seigneur désigne ici Jésus, puisque dans le même passage (4, 5) il est dit : Jésus Christ est le Seigneur.
  • l’Esprit du Christ (Rm 8, 9), l’Esprit de son Fils (Gal 4, 6),
  • l’Esprit de Jésus-Christ (Ph 1, 19) ;
  • l’Esprit de la promesse (Ga 3, 14 ; Ep 1, 13) ; ce qui rappelle que Jésus a promis à plusieurs reprises la venue du Saint- Esprit : la Pentecôte a été largement annoncée.
  • l’Esprit d’adoption (Rm 8, 15 ; Ga 4, 6) → nous situe par rapport à Dieu le Père ;
  • l’Esprit de gloire (1 P 4, 14) ; il est porteur de la splendeur du Père, et nous la confère : un baptisé est beau, même aux yeux des anges !
  • le Paraclet, c’est-à-dire l’Avocat, le Consolateur (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7) ;
  • l’Esprit de Vérité (Jn 16, 13) : c’est lui qui nous fait connaître et comprendre la vérité sur Dieu.

Que fait-il ?

  • Il aime : Dieu est amour (1 Jn 4, 6 ; 16).
  • Il inspire : souffle sur (c’est le sens de son nom).
  • Il fait connaître Dieu.

Le Saint-Esprit et l’Église : la Pentecôte

En quoi la Pentecôte est-elle un événement fondateur ? C’est l’accomplissement des paroles de Jean-Baptiste et de Jésus. Différence avec les effusions mentionnées dans l’Ancien Testament dans le camp (Nb 11, 25-30) ; la force de Samson (Jg 14, 6, 19 ; 15 ), l’accomplissement de Joël 3, 1-2 ; Is 44, 1-9 ; Is 59, 21.

Jean-Baptiste : « Moi, je vous ai baptisés avec de baptisera dans l’Esprit saint. » (Mc 1, 8). « Lui vous l’Esprit saint et le feu. » (Mt 3, 11).

Jésus : « Quand viendra le Défenseur, que je vous envoie Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. » (Jn 15, 26).

« Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit saint que vous serez baptisé d’ici peu de jours… Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1, 4-8)

N.B. : étymologie du mot baptême (plongée dans) + autre terme pour décrire la Pentecôte : effusion (action de répandre, verser sur), d’après Joël 3, 1 et Ac 2, 17 : « Je répandrai mon Esprit sur toute créature. »

C’est toujours d’actualité ! Le pape François nous demande de faire connaître l’importance de ce baptême dans le Saint-Esprit, d’« organiser des séminaires de préparation à l’effusion de l’Esprit dans vos paroisses, séminaires, écoles, dans les quartiers pour partager le baptême dans l’Esprit saint. Dans la catéchèse; pour que se produise par l’action de l’Esprit saint la rencontre personnelle avec Jésus qui change la vie, je vous parle d’expérience. » (Méditation au cours de la troisième retraite sacerdotale mondiale, Saint-Jean-de-Latran, 12 juin 2015)

Quelques actions du Saint-Esprit dans les Actes des Apôtres

Il inspire les paroles des apôtres. Il fortifie et confirme :

  • discours de Pierre à la Pentecôte Ac 2, 14-36
  • discours de Pierre devant le sanhédrin Ac 4, 8-12

Il donne la foi et rend chrétien

  • Ac 2, 37-41 (Pentecôte)
  • Ac 10, 44 (chez Corneille)
  • Ac 8, 15-17 (Pierre et Jean chez les Samaritains)
  • Ac 19, 1-7 (Paul à Éphèse)

Il construit l’Église

  • l’aide dans les prises de décision (Ac 15, 28)
  • la multiplie (Ac 9, 31)
  • la guide dans la répartition des missions et des ministères (Ac 13,2 ; 20,28)
  • Cf. Philippe et l’Éthiopien (Ac 8, 26-40) ; Pierre et Corneille (Ac 10, 1-48).

La présence du Saint-Esprit dans l’Église : le rôle des sacrements

  • Baptême – le Saint-Esprit s’installe.
  • Réconciliation – le Saint-Esprit reprend la place qu’on lui a refusée en s’éloignant de Dieu.
  • Confirmation – sacrement qui est spécifiquement celui de sa venue en force, où le Saint-Esprit nous apporte tous ses cadeaux.
  • Eucharistie – le Saint-Esprit y réalise son œuvre principale : nous unir à Jésus.
  • Sacrement des malades – le Saint-Esprit manifeste qu’il apporte la santé de l’âme et du corps.
  • Mariage – le Saint-Esprit permet que la famille soit à l’image de l’union du Christ et de son Église.
  • Ordre – le Saint-Esprit fait que le prêtre devient « persona Christi », représentant du Christ, Christ présent parmi nous.

Le Saint-Esprit et chacun de nous : l’art de vivre avec le Saint-Esprit

Recevoir les cadeaux du Saint-Esprit

Les sept dons (CEC 1830) : « Dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’Esprit saint. » d’après Isaïe 11, 2 :

  1. Sagesse – être uni à Dieu
  2. Intelligence ou discernement – nous ouvrir au mystère de Dieu, à sa pensée
  3. Conseil – nous éclairer dans nos décisions
  4. Force – prendre les armes de la foi et rester fidèle au Christ
  5. Science ou connaissance – connaître la Création et comment Dieu nous sauve
  6. Piété ou adoration – adoration de Dieu seul, service de Dieu et du prochain
  7. Crainte de Dieu ou affection filiale – respect et amour dans l’humilité

Les neuf fruits, d’après Galates 5, 22, 23 : « Des perfections que forme en nous le Saint-Esprit comme des prémices de la gloire éternelle. » CEC 1832 : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi.

Les charismes

Étymologiquement ce sont des « dons de la grâce », donnés non pour la sanctification de celui qui l’exerce (à part la prière en langues où l’on s’édifie soi-même en parlant à Dieu seul, 1 Co 14, 2-4), mais « en vue du bien » (1 Co 12, 7), « au service des autres » (1 P 4, 10), pour l’assemblée.

« Extraordinaires ou simples et humbles, les charismes sont des grâces de l’Esprit saint qui ont, directement ou indirectement, une unité ecclésiale, ordonnés qu’ils sont à l’édification de l’Église, au bien des hommes et aux besoins du monde. » CEC 799

Liste (non exhaustive) des neuf charismes les plus courants dans une assemblée, en 1 Co 12, 8-10 :

  1. Parole de sagesse : solution d’un problème
  2. Parole de connaissance : connaissance de la situation ou des pensées et sentiments de quelqu’un (« Il y a parmi nous… et le Seigneur lui dit… »)
  3. Don de foi : un « éclair de foi » totale, inébranlable, souvent dans des cas extrêmes
  4. Don de guérison
  5. Don d’opérer des miracles : réponses à des problèmes matériels apparemment insolubles
  6. Don de prophétiser
  7. Don de discerner les inspirations : reconnaître l’action de Dieu dans ce qui est dit
  8. Don de parler diverses langues mystérieuses : xénolalie (parler des langues étrangères qu’on ne connaît pas) ou glossolalie (parler des langues qui n’existent pas)
  9. Don de les interpréter : apparenté à la prophétie.

Autres charismes :

  • Les larmes, surtout chez les orientaux
  • L’assistance (1 Co 12, 28)
  • Le gouvernement (1 Co 12, 28)

La vie quotidienne avec le Saint-Esprit

Cf. P. Raniero Cantalamessa, Viens Esprit Créateur, méditations sur le Veni Creator.

L’aimer, « N’attristez pas le Saint-Esprit. » (Éphésiens 4, 30).

Luc 11, 13 : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit saint à ceux qui le lui demandent. »

Pour Augustin, « don » est le nom propre de l’Esprit saint, celui qui exprime sa relation au Père et au Fils et qui nous le fait connaître comme personne distincte. Dans le Nouveau Testament, trois choses énoncées à propos de l’Esprit saint touchent particulièrement Saint Augustin : l’Esprit est don, communion et joie.

Le prier

L’Esprit saint est cet espace spirituel, sorte de milieu ambiant où s’établit le contact avec Dieu et avec le Christ. Notre regard sur Dieu change :

  • sous le régime du péché et sous la loi : Dieu apparaît comme un maître sévère qui s’oppose à la satisfaction des convoitises de l’homme. D’où une sourde rancœur contre Dieu.
  • avec l’Esprit : La première chose que fait l’Esprit lorsqu’il vient en nous est de nous montrer un autre visage de Dieu, son vrai visage. Il nous ré- vèle un allié et un ami, celui qui, pour nous, « n’a pas épargné son propre Fils » (cf Rm 8, 32). »

L’écouter

Le laisser faire de nous des saints. « Nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit. » (2 Corinthiens 3, 18).

Laisser le Saint-Esprit nous conduire à l’Église : on a besoin de vivre ensemble ce qu’on vit personnellement, on a besoin de fortifier sa présence en nous par les sacrements, on a besoin de se donner comme Lui se donne.

Le Paraclet non seulement nous console, mais nous pousse à consoler et nous rend capables de consoler. » (cf. 2 Co 1, 3-4) L’Esprit saint ne répand pas seulement en nous l’amour, mais aussi l’action d’aimer. L’Esprit nous enseigne à faire de notre vie un don. L’Esprit saint ne répand pas en nous uniquement le « don de Dieu », mais aussi la capacité et le besoin de nous donner. Nous sommes incapables, par nous-mêmes, de donner notre vie à Dieu pour nos frères, sans une aide spéciale de l’Esprit saint. L’Esprit saint n’impose pas seulement le devoir de faire la volonté de Dieu, mais suscite aussi la joie de l’accomplir. En un certain sens, l’Esprit saint a besoin de nous pour être Paraclet. Il veut consoler, défendre, exhorter, mais n’a pas de mains, d’yeux ni de bouche, si ce ne sont nos mains, nos yeux, notre bouche.

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