#168 « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun ! (Act 2,44) »

Les Actes des apôtres parlent de la première communauté des disciples de Jésus. Elle ne s’appelait pas encore chrétienne puisque cette dénomination vient de « chrétien » appellation qui apparaît plus tard à Antioche. Quoi qu’il en soit, ces disciples priaient et partageaient du temps, vivaient ensemble en mettant leurs biens en commun, s’occupaient les uns des autres avec grande solidarité. Nul ne manquait de rien car ils veillaient les uns sur les autres.

Former une communauté nécessite un ou des lieux, du temps en commun, et un choix personnel. La question qui se pose pour nos paroisses est d’envisager ces lieux. Le premier lieu n’est-il pas l’église du village où est célébrée la messe ? Ou est-ce une maison paroissiale où l’on se retrouve ? Est-ce nos maisons où l’on peut vivre des fraternités de maison à l’écoute de la Parole ? Est-ce d’autres lieux spirituels où l’on va occasionnellement comme une abbaye ou un centre spirituel ? La communauté des croyants ne peut se passer de lieux, elle doit identifier ceux où se rassembler, bien les aménager et les équiper afin que l’on s’y retrouve avec enthousiasme.

Néanmoins, l’expérience montre que ces lieux ne peuvent satisfaire la vie communautaire si les fidèles ne prennent pas du temps ensemble. Quel temps alors partager ? Devons-nous créer des rencontres avant et après la messe dominicale ? Cela serait-il mieux en semaine, en soirée ou les samedis ? Ou encore peut-on vivre ensemble des semaines de sessions ou de vacances ? Cela aussi doit être discerné car les disponibilités varient selon les contextes.

 Une autre question se pose : reconnaissons-nous que les lieux et les temps ne sont pas suffisants pour créer une authentique communauté si notre participation à la vie commune n’est pas la vraie priorité du cœur et de notre foi ? Certaines personnes nous disent ne pas avoir le temps de se retrouver. Or sauf raison impérieuse, l’être humain a le temps pour ce qui lui est essentiel. L’amateur de vélo trouvera les heures pour rouler, le passionné des jeux vidéo pour être sur sa console. Est-ce ainsi essentiel de constituer une communauté ecclésiale et de vivre en communion ? Les faits indiquent que pour une majorité de catholiques, il n’en va pas ainsi. Les fidèles pratiquent le dimanche, plus ou moins, mais n’engagent ni leur temps, ni leur volonté pour être les bâtisseurs de la communauté. Leur priorité est donc ailleurs. Quelle place avons-nous pour nos frères et sœurs en Christ ?

 Quand les premiers disciples se retrouvent et se soutiennent en partageant leurs biens et leur temps, c’est en vue de la mission. Ce qui les motive, c’est l’urgence de partager la joie de croire et de témoigner de leur foi. Jésus-Christ leur a demandé d’annoncer à toutes les nations la résurrection, d’enseigner la Bonne Nouvelle, de célébrer le baptême en vue de la vie éternelle, de prier pour la guérison pour les malades. Cette mission leur donne une audace extraordinaire, ils vont sur les places et font le récit de la vie de Jésus à qui veut l’entendre. Dans nos paroisses, certains de vous vivent cette mission sur la place du marché, par le porte-à-porte, dans l’accueil des souffrances, par la liturgie sacrée et joyeuse.

 Ces initiatives doivent être encouragées ; l’Église existe pour évangéliser. Normalement, vous avez entendu parler du synode sur la synodalité qui a débuté en 2021. Possiblement vous y prenez part avec joie car c’est une occasion de rencontre. Cependant, il est probable que vous soyez perplexes devant le sujet proposé. En réalité, le synode nous demande de marcher ensemble en méditant la Parole de Dieu, particulièrement les évangiles, en priant le Saint Esprit de nous éclairer et de nous guider afin de discerner ses motions. Comme le Pape François l’encourage, tous, jeunes et vieux, pratiquants et chrétiens éloignés, nous pouvons rêver et imaginer les chemins de l’Église pour demain au cœur de notre société. Nous parlons dorénavant de l’esprit synodal. Vos contributions sont actuellement réceptionnées en ligne sur le site diocésain et l’équipe synodale discernera comment rédiger un document synthétique qui sera transmis au niveau national. Dans certaines paroisses, plus de quinze équipes se sont constituées, y compris avec des enfants et des lycéens.

 Mais après cette étape, serait-ce la fin du synode ? En réalité, le travail de l’Église continuera jusqu’en 2023. Mais dans notre diocèse, le synode dévoile un art de vivre en Église pour que chaque fidèle s’exprime pour envisager les chemins d’une pastorale missionnaire. La marche synodale ne s’interrompra pas puisque ce que nous apprenons ensemble nous portera au long des années. En entreprise, la doctrine sociale de l’Église parle de la subsidiarité, c’est-à-dire permettre à tout collaborateur d’apporter ses compétences pour le projet commun avec la liberté de les mettre en œuvre. Ainsi peut-il en être dans l’Église, dans nos mouvements et associations, au sein des paroisses. Seuls les projets missionnaires apporteront l’énergie pour se retrouver en communauté, pour vivre joyeusement la foi, pour être accueillant pour les recommençants. Toute association catholique tiède dans l’affirmation de la foi sombre dans l’oubli et disparaît. La mission, c’est le sel, et si le sel s’affadit, dit Jésus, on le jettera dehors et les gens le piétineront. Je souhaite que cet élan synodal continue, que tous y prennent part. Pensons aux apôtres qui sont partis dans toutes les directions, qui ont imaginé des prédications et des catéchèses, qui ont mis en place des communautés avec des « anciens » à leur tête, qui mettaient tout en commun pour que les nations païennes connaissent le saint nom de Jésus.

 Nous sommes proches de Pâques et donc des baptêmes des catéchumènes. J’avais la joie de les enseigner en visioconférence depuis quelques mois et nous continuerons jusque l’été. Leur présence nous dit la soif du Christ, la joie de faire sa rencontre, la puissance de la Parole qui transforme leur vie courante. D’autres personnes attendent un signe pour franchir le seuil de l’église. Quelle communauté leur ouvrira la porte ? Quelle vie fraternelle leur donnera de rencontrer des frères et des sœurs ? Voici un ensemble de questions et de projets que nos équipes synodales peuvent méditer ensemble afin de concrétiser ensuite quelques solutions.

 Vous recevez ce message alors que les évêques achèvent leur assemblée plénière de Lourdes. Ce dimanche sera célébrée la fête des rameaux, l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, merveilleusement illustrée dans la statuaire du tour du chœur de Chartres maintenant restauré. Nous serons associés à la joie du peuple qui reconnaît en Jésus son messie et son sauveur, doux et humble de cœur. Mais nous entendrons le récit de la passion qui ouvre au drame du sacrifice de Jésus. Vivons ces jours avec sérieux, et continuons à demander la paix en Ukraine et partout où ce n’est pas le cas.

 En ces jours, je vous propose de prendre la belle prière d’abandon entre les mains du Père des Cieux, composée par Charles de Foucauld, ermite dans le Hoggar algérien, qui nous est donné comme figure de sainteté.

Mon Père,

Je m’abandonne à toi,

fais de moi ce qu’il te plaira.

Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.

Je suis prêt à tout, j’accepte tout.

Pourvu que ta volonté

se fasse en moi, en toutes tes créatures,

je ne désire rien d’autre, mon Dieu.

Je remets mon âme entre tes mains.

Je te la donne, mon Dieu,

avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime,

et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,

de me remettre entre tes mains, sans mesure,

avec une infinie confiance,

car tu es mon Père. Amen.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.