L’année est lancée. L’Esprit Saint nous espère à son écoute. Il est là, plus que jamais dans ces temps agités. La mer est mouvementée, c’est beau comme une tempête vue du haut des falaises de L’Aber Vrac’h au nord du Finistère, mais quand on navigue sur un petit voilier, cela peut inquiéter et entraîner un peu d’inconfort. Heureusement la Bretagne a ceci de particulier que, si la pluie y est fréquente, le soleil vous offre des lueurs merveilleuses qui, sur les crêtes des vagues, vous lancent des éclairs magnifiques.
Dans la vie humaine et la vie spirituelle, nous ne craignons pas la tempête si nous sommes bien arrimés à la barque de saint Pierre, unis les uns aux autres par l’amour fraternel et connectés au Seigneur par la prière. La prière chrétienne n’est pas d’abord une technique de méditation en quête de silence et de vide intérieur. Elle est une relation d’amour, subtile, où l’Esprit nous connecte au cœur de Dieu à qui nous pouvons murmurer nos mots, exprimant notre louange et nos demandes. Certes notre prière ressemble souvent à une feuille blanche sur laquelle nous aimerions que Dieu écrive plus nettement. Cependant, cette prière quotidienne façonne notre vie, éclaire notre intelligence, soutient l’amour et l’amitié que nous portons aux autres, apaise l’âme, renforce la perception de la présence divine.
L’écriture nous invite à prier sans cesse : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. » (1Th 5, 17) La prière peut, avec un grand profit spirituel, rythmer le temps de nos journées. Il n’est pas possible d’être chrétien sans prier, pas plus qu’il n’est possible d’être croyant sans relation à Dieu. L’écrivain catholique Léon Bloy affirmait que « quand nous ne parlons pas à Dieu ou pour Dieu, c’est au diable que nous parlons et il nous écoute… dans un formidable silence. » (« Le Révélateur du globe » dans Essais et Pamphlets, Robert Laffont) Avec la prière, le silence parfois vide de la vie quotidienne devient l’espace de la rencontre intime avec Jésus-Christ qui a promis que le Père entend ce que nous lui disons dans le secret.
C’est bien de cela dont j’aimerais vous parler en cette nouvelle année. Le Concile Vatican II, par sa constitution Sacrosanctum Concilium, a appuyé le travail de la réforme liturgique du XXe siècle sur une thématique moins connue des fidèles, il s’agit de la liturgie des heures. Autrefois plutôt réservée aux moines, aux religieux et aux prêtres, elle rythme effectivement les journées des monastères se basant sur les psaumes et des lectures bibliques ou patristiques, c’est-à-dire les grands écrits des pères de l’Église datant du premier millénaire de la chrétienté. Le pape saint Jean XXIII a demandé au Concile un formidable travail de recherche pour que les divers offices soient priés par l’ensemble du peuple de Dieu. Le pape Saint Paul VI écrit : « Le chant de louange qui résonne éternellement au ciel et que Jésus Christ, souverain prêtre, a introduit dans cette terre d’exil, a toujours été continué par l’Église au cours des siècles, avec constance et fidélité, dans la merveilleuse variété de ses formes. » La liturgie des heures est et devient le complément nécessaire de tout le culte divin exprimé dans le sacrifice eucharistique, la sainte messe. Cette louange des fidèles les unit au Ciel où les saints sont devant la face de Dieu et le louent éternellement.
Depuis, vous êtes nombreux comme fidèles laïcs à y avoir pris goût, suite à des retraites dans un foyer ou en monastère, grâce à la diffusion des livrets notamment Magnificat qui propose pour chaque jour de prier l’office du matin appelé les laudes ou l’office du soir appelé les vêpres. Ces offices sont complétés par l’office des petites heures qui est prié entre 9 heures et 15h, l’office des complies qui clôture la soirée avant le sommeil toujours bienvenu et l’office des Lectures qui permet une méditation plus approfondie de la Parole. N’est-ce pas un bon moyen de s’endormir le cœur en paix et dans la tranquillité, sûrement mieux que la série Narcos de Netflix ? Bien entendu, Internet permet aux catholiques de retrouver ces textes dans plusieurs applications sur les smartphones. D’autres, et j’en suis, aiment toujours le papier et utilisent le plus souvent le bréviaire.
Le mot bréviaire vient du latin breviarum qui signifie abrégé ou résumé. Chaque jour propose donc une partie abrégée du psautier qui compte 150 psaumes. En effet, il faut quatre semaines en priant tous les offices pour prier l’ensemble des psaumes. Dans les monastères bénédictins par exemple, chaque jour il y a d’autres offices qui sont plus longs et une seule semaine suffit alors pour prier les 150 psaumes. La vie monastique permet de prendre ce temps, c’en est la priorité. Les offices structurent la vie quotidienne des moines et dès que la cloche sonne, ils interrompent leur travail, mettent leur vêtement de prière de chœur et se retrouvent en communauté dans les stalles de la chapelle.
Un office est généralement constitué d’une hymne, de psaumes, d’une lecture biblique brève, d’un cantique soit celui de Zacharie (Lc 1) aux laudes, soit le chant du Magnificat de la Vierge Marie aux vêpres. Puis il y a une intercession et la conclusion avec le Notre Père et la bénédiction finale. Toute l’Église se retrouve rassemblée en tout point du globe sur tous les fuseaux horaires. Notre louange monte ainsi vers Dieu en permanence, « H 24 » dirait-on en langage contemporain.
Parfois nous n’avons pas de prêtre pour célébrer l’eucharistie et à la maison nous aimerions donner plus de temps à la prière mais nous ne savons pas bien comment faire. Alors les offices des heures viennent à point nommé. Si l’on est seul chez soi, on est sûr que quelqu’un prie les mêmes psaumes simultanément quelque part. Nous formons ainsi une merveilleuse chaîne de prière ininterrompue à la louange et à la Gloire de notre Seigneur Jésus-Christ.
Face aux mouvements tempétueux de notre société, surtout dus à la Covid, je vous propose donc d’entrer dans la pratique des offices, simplement en lisant les psaumes ou de les chanter. Soyez courageux, persévérants et fidèles. Comme pour toute bonne chose de la vie, il faut créer une habitude, différente du concept de routine, qui se choisit avec joie car elle est bonne. Oui, il est bon de retrouver toute l’Église dans cette louange. Commencez par un premier office, si c’est le matin, dites-le avant le reste de vos activités, si c’est le soir, n’attendez pas de bailler avant votre coucher mais arrêtez vos activités en fin d’après-midi pour cette brève pause. Mieux vaut un office prié chaque jour avec fidélité. Faites cette prière pour l’Église et pour notre société. Formons une chaîne de prière là où nous vivons, particulièrement en Eure & Loir. Pourquoi ne pas créer un groupe WhatsApp pour s’encourager entre amis ? Pourquoi ne pas prier en visio à quelques-uns ?
Essayez et persévérez toute l’année 2022 ! Un beau défi.
En ce début d’année, prions encore et toujours pour recevoir des prêtres au sein de notre diocèse de Chartres et pour l’Église universelle. Ils nous apporteront les moyens de salut que sont les sacrements, ils nous enseigneront la Bonne Nouvelle, ils prieront pour la guérison de notre âme et notre salut, ils seront à nos côtés dans nos joies et nos peines.
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.