Comment se nommait ce jeune homme imbu de lui-même qui exigea de son père sa part d’héritage ? Comment jugeait-il son père pour lui faire une telle demande ? Quelle affection les avait unis pour que la communion soit rompue ? Le Pape François parle de la « culture du déchet », non pour évoquer les poubelles, mais pour désigner l’attitude envers les personnes âgées, oubliées à leur triste sort dans des maisons spécialisées. Ce fils cadet est parti, il a dépensé avec des filles et au jeu l’argent gagné durement par son vieux père. Il finit pauvre ne trouvant comme emploi que la garde de quelques cochons, souhaitant qu’on lui fasse grâce de quelques caroubes que ces bêtes reçoivent comme nourriture. Alors il se dit que les ouvriers de son père sont mieux traités que lui et que dans sa misère, il ferait bien de demander pitié. Ce qu’il fit honteux. Or voici que son père l’attendait chaque jour au bout du chemin et le voyant revenir le prit dans ses bras, l’embrassa et le revêtît d’un vêtement propre, lui mit des sandales aux pieds, et même lui offrit une bague. On organisa une fête en tuant le veau gras pour ce fils perdu et retrouvé.
Jésus utilise cette merveilleuse parabole peinte par tant d’artistes, comme Rembrandt, pour parler de la miséricorde divine. Ainsi en va-t-il du Royaume de Dieu. Le retour du fils, la générosité de son père, son pardon sans condition, autant de faits qui expriment comment Dieu est Père pour chacun de nous et désire nous faire miséricorde, combien il veut nous redonner la joie par son pardon, combien nos vies lui importent. Comme lors de son accueil envers la femme adultère, si nous revenons vers lui de tout notre cœur, Jésus nous dit « moi non plus je ne te condamne pas, va et ne pèche plus ! » (Jn 8,11) Le pardon est comme lorsqu’un nuage au cœur de l’orage laisse soudain passer un merveilleux rayon de soleil qui éclaire la campagne d’une admirable lumière. Le pardon est le don toujours re-proposé par Dieu. « Combien de fois faudra-t-il pardonner, jusqu’à sept fois ? » demande saint Pierre à Jésus. Et ce dernier de répondre « non, Pierre, pas sept fois mais soixante-dix fois sept fois ! » (Mt 18,22) Pour nous cela reste difficile. Notre sensibilité au mal qui nous atteint et notre susceptibilité à fleur de peau peuvent faire obstacle au désir de pardonner. Si ce pardon envers un proche est trop difficile, prions pour avoir le désir du pardon. Et si ce désir n’est pas présent, tant la blessure demeure vive, demandons au Saint Esprit le désir du désir ! Peu à peu, en nous mettant en présence du Seigneur dans l’adoration eucharistique, notre cœur sera travaillé par la grâce, peu à peu nous serons rendus capables de ce désir. Et nous pourrons alors accueillir, recevoir et donner ce pardon sans conditions, sans « mais ».
Dans mon dernier message, je vous parlais du sacrement de la réconciliation. Ce merveilleux lieu de transformation intérieure est comparable à un salon de beauté pour refaire notre âme. La rencontre du prêtre peut être propice à un échange qui d’ailleurs ne conduit pas forcément au pardon sacramentel. Un conseil de sagesse peut être apporté dans ce cadre pour approfondir notre itinéraire spirituel. Cependant le sacrement comporte quatre composantes pour que soit réalisée pleinement en nous son œuvre de libération : la contrition, l’aveu, l’absolution et la pénitence. Qu’est-ce que la contrition ? Plus qu’une émotion, c’est la conscience que j’ai mal fait, que j’ai mal agi ou mal parlé, et que cela a blessé mon prochain comme moi-même. Dans une société dite « liquide » dans laquelle chacun construit sa vérité et demande à vivre comme il l’entend, la notion du mal devient relative. C’est dans la méditation de la Sainte Écriture que le chrétien découvre l’itinéraire de vérité à la suite de Jésus. C’est ainsi que sa contrition s’approfondira et deviendra mature. L’aveu est une étape plus difficile et humiliante. Avec le temps, on apprend à dire les faits, à nommer avec simplicité ce qui fut mal. Dire est libérateur. Le prêtre écoute, il n’est pas là pour commenter, il est témoin de la miséricorde divine par la parole d’absolution « au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, je vous pardonne tous vos péchés. » Tout est accompli. Point n’est besoin d’épiloguer. Voyez comme le Christ ne commente pas la vie de la femme adultère. Il lui offre la liberté, une vie nouvelle. Reste la pénitence, qui n’est point une punition ni le paiement d’une dette. C’est un moyen spirituel de reprendre vie, de nous mettre dans la lumière, de choisir un nouveau chemin pour rentrer chez soi apaisé. Il a pu m’arriver de proposer à un époux d’offrir un bouquet de roses à sa femme. La pénitence conduit à la communion retrouvée. Ce sacrement est un bienfait, et le tentateur nous souffle à l’oreille qu’il n’est pas si nécessaire. Beaucoup s’en dispensent. L’Église dit que chacun devrait se confesser une fois par an. Mais qui veut avancer dans sa vie spirituelle gagnera à le vivre tous les deux mois. Jésus a offert sa vie jusqu’à mourir sur la croix pour nous communiquer son pardon, comme au bon larron, un homme sûrement peu recommandable pourtant, à qui Jésus promet « ce soir, avec moi, tu seras au paradis. » Il fut le premier des sauvés. Son salut est une promesse de miséricorde et de vie éternelle pour toute l’humanité. À nous de choisir d’accueillir ce pardon, même si nous ne nous en sentons pas dignes : c’est une réponse d’amour à celui qui nous a tant aimés.
Durant ce carême, nos frères et sœurs catéchumènes avancent vers leur baptême, leur confirmation et leur première communion qui leur seront conférés lors de la vigile pascale le 3 avril. Les trois prochains dimanches, chaque communauté paroissiale les entourera de sa prière et de son affection lorsqu’ils vivront les scrutins. Ceux-ci sont des prières puissantes que l’on peut aussi appeler exorcismes dont l’effet est de faire croître tout ce qui est bon en eux et d’ôter le mal qui demeure parfois caché dans l’ombre. Le carême est souvent la dernière ligne droite avant d’être plongé dans l’eau du baptême et ce peut être aussi un moment de combat spirituel. Le candidat constate sa faiblesse et ses résistances à se laisser convertir par la grâce. Le baptême est une renaissance. Or tout accouchement se fait dans la douleur. Il est donc si important que ces candidats se sentent entourés et accompagnés, soutenus et intégrés. Chaque catholique est responsable de nos nouveaux frères et sœurs en Christ. Bientôt nous nous réjouirons avec eux de la grâce d’être chrétien.
Vous avez été nombreux à me manifester votre attention suite au Covid. Je réalise que je fus chanceux comparativement à bien des gens atteints gravement. L’Église, soit nous tous catholiques, peut être proche des malades. Si des mesures de confinement s’ajoutent, nous serons vigilants envers les autres, tout en vivant notre foi et en célébrant le culte, car « tout est de Dieu et tout revient à Dieu » que nous bénissons chaque jour pour la vie reçue.
Pour ce mois de mars, à Chartres, nous avons préparé un événement nouveau et innovant intitulé « Territoires vivants » qui concerne l’Eure & Loir, en quatre soirées par visio-conférences. Notre département est divers et il s’y passe énormément de choses. Ce concept s’appuie sur la rencontre et l’écoute de divers acteurs de notre région qui partageront des expériences originales et permettront de mieux appréhender les relations qui s’instaurent entre les acteurs sur le terrain et la nature. Nous réfléchirons ensemble à nos interdépendances. L’encyclique du Pape François, Laudato Si, sur la Terre notre maison commune est une source d’inspiration. Depuis cinq ans c’est une référence reconnue au-delà des cercles catholiques pour parler d’écologie intégrale soit l’ensemble des relations avec soi-même, avec les autres, avec la nature et avec Dieu. « Tout est lié » écrit souvent le Pape. C’est une recherche d’harmonie que nous entreprenons. Rejoignez-nous pour cette aventure qui veut ouvrir des relations nouvelles en Eure & Loir et qui permettra des connaissances nouvelles. Un questionnaire en ligne vous attend pour apporter dès maintenant votre contribution. L’Église catholique est aux avant-postes, en dialogue avec des acteurs de toutes confessions et sensibilités.
Ô Vierge Marie, en ces jours de carême, tu accompagnes notre chemin de foi, tu es là quand nous prions ton Fils Jésus, tu montres comment vivre de l’Esprit et écouter ses motions. Intercède encore auprès de Dieu pour nos malades et nos besoins essentiels ; demande des vocations pour l’Église qui est en Eure & Loir.
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.