Il est toujours temps de se souhaiter une bonne année 2021. Nous fêtions dimanche dernier l’Épiphanie. Ce mot signifie la « manifestation. » Pour notre foi, c’est la manifestation de Dieu par sa descente dans le sein de la Vierge Marie. « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1,14) L’enfant Jésus est adoré par les mages qui viennent d’Orient et lui apportent trois présents, l’or, la myrrhe et l’encens. Ces mages représentent les nations, et leur venue réalise la promesse des prophètes qui annonçaient que tous viendraient remettre des offrandes au Messie. Nous aussi pouvons lui apporter nos présents, nos joies et nos peines, nos belles actions comme nos péchés. Il prend sur lui le mal pour que nous soyons libres de vivre pleinement dans sa lumière.
Pour la Vierge Marie et son époux saint Joseph, ces événements sont des surprises inattendues. Dans l’Ancien Testament, il était fréquent de voir comment Dieu bouleversait la vie des hommes et des femmes à qui Il demandait de collaborer à son projet de salut. À Abram, Dieu dit « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai, je ferai de toi une grande nation, je te bénirai. » (Gn 12,2-3) À Moïse Dieu demande de guider son peuple hors d’Égypte. À David il demande de guider son troupeau, à Jérémie qui le supplie d’appeler quelqu’un d’autre car il n’est encore qu’un enfant, il confie son peuple. La Vierge Marie aussi vit la surprise de l’inouï lorsque l’ange Gabriel lui annonce qu’elle sera mère d’un enfant, le Sauveur, sans avoir connu d’homme, mais par l’action du Saint Esprit qui la couvrirait de son ombre, c’est-à-dire la présence même de Dieu sur elle. À Bethléem, l’inattendu advient lorsque les anges appellent les bergers, et quand des mages guidés par une étoile mouvante arrivent à la crèche. Ces hommes découvrent l’enfant, né dans la plus grande pauvreté, couché dans une mangeoire. Il lui rendent hommage puis reprennent un nouveau chemin avertis en songe que le roi Hérode rumine un plan macabre pour faire disparaître ce nouveau-né en qui ils ont reconnu leur sauveur. La rencontre de Jésus conduit à une vie nouvelle. Les mages, eux qui sont des païens, vont devenir les témoins et les porte-parole de la nouveauté advenue en Palestine.
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. L’inattendu s’est fait bouleversement. En janvier, personne n’aurait imaginé le tsunami qui balaya le monde entier à cause d’un virus inconnu et invisible. Nous étions plutôt sûrs de notre avenir. Consommer mieux était un slogan. Consommer aussi pour faire marcher l’économie, sans laquelle point de loisirs et donc point de plaisirs. La guerre semblait loin. La faim ne nous concernait pas. Les autres étaient acceptés mais trop près de chez soi, surtout les immigrés tolérés mais indésirables. Le système de santé nous promettait une longévité toujours plus grande, même si elle conduisait beaucoup à vivre leurs dernières années en EHPAD. Et voici que la pandémie met à terre tout cela. Elle nous coupe les uns des autres. Les politiques tentent de nous expliquer la méthode mais naviguent comme le pêcheur de crustacés de Concarneau, un coup de barre à droite puis un coup à gauche pour éviter les récifs. Les scientifiques tombent de leur piédestal et se contredisent sans cesse. Les médias nous noient par les mauvaises nouvelles et le nombre de victimes. On ferme les magasins et les restaurants non essentiels. On interdit les messes puisque la vie spirituelle est devenue une option privée. Coup de massue. Télétravail. Isolement des anciens et des personnes en situation de handicap comme à la fondation d’Aligre. Souffrance, abattement et sentiment d’abandon. Masqués, nous ne pouvons désormais plus voir nos visages, et si difficilement nous rencontrer. Cela ne semble pas finir…
Mais voici qu’un réveil s’opère. Une occasion de vivre différemment émerge. On peut travailler chez soi, en étant proche de ses enfants. Les chrétiens prennent conscience que leur maison est une église domestique, que Jésus veut y demeurer, que l’on peut aménager un espace pour la prière et suivre la messe sur écran. Les fidèles engagés vont visiter les esseulés, ils appellent pour prendre des nouvelles. Certes on se bat pour le droit fondamental de la liberté de culte. Mais la prière est possible dans les églises qu’il faut ouvrir largement car il y est bon de prier et de trouver la paix que Dieu nous donne. Les connexions s’établissent, Zoom devient incontournable, les visioconférences permettent de se parler, de prier, de se former et même de prendre ensemble l’apéritif à distance. On fait la cuisine grâce à Marmiton, on plante des légumes dans les jardins, on retrouve les bienfaits de la lecture, spirituelle quand c’est possible. On se prend à aimer vivre simplement, là sans courir en vacances au bout du monde. Les animaux et les oiseaux retrouvent un espace plus calme et l’on goûte à nouveau la joie simple de les écouter le matin. L’inattendu advient par la force des choses mais aussi par notre réponse à l’appel de Dieu afin de vivre de manière nouvelle. L’Église est en effet un peuple en marche porté par sa foi au Christ. Elle n’est pas un lieu, un parc d’attractions, un espace figé pour y vivre comme toujours. Elle est libre des murs que les hommes construisent pour se protéger. Elle est invitée à quitter son pays comme Abram pour aller à la rencontre des autres en utilisant tous les moyens. L’Esprit la pousse à l’innovation. Elle est Lumière car le Christ en est la tête. Alors les fidèles ont vocation à y être les pierres vivantes par l’exercice de leurs charismes en vue du bien commun. Cette année 2020 semble être un grand échec. Mais tout échec devient une opportunité pour ceux qui regardent en avant. 2021 sera une opportunité pour l’Église en Eure-et-Loir, pour nous tous baptisés. Rejoindre chacun, les enfants dans nos écoles où la rencontre de Jésus-Christ doit être favorisée, les célibataires qui sont libres et instruits pour bâtir des projets même si leur vocation n’est pas encore établie, les couples et les familles comme lieux de paix, d’amour et d’éducation, les pauvres qui souffrent, nos frères et nos sœurs en humanité. Beaucoup de chemins sont ouverts. En 2021, lequel serez-vous disposé à prendre ? Oserez-vous sortir d’une vie installée pour annoncer le Royaume ? Quelques soient les incertitudes et les difficultés à venir, nous pouvons sourire, entrer en relation et agir, avec l’aide de Dieu.
Depuis quelques semaines, le thème présenté dans ces messages est le baptême. Ce merveilleux sacrement nous fait entrer dans la vie d’enfant de Dieu. Il confère le pardon des péchés et ouvre la porte du Ciel. Or ce dimanche 10 janvier, nous vivons la belle fête du baptême de Jésus. C’est son cousin Jean le Baptiste, surnommé ainsi car Jean baptisait ses contemporains pour les inviter à la conversion, qui voit Jésus parmi les hommes venus vers lui. Jésus avec humilité lui demande de le baptiser. Or Jean dans un premier élan refuse, affirmant que ce serait à Jésus de le baptiser. Jésus partage en toute chose notre humanité à l’exception du péché malgré l’épreuve des tentations dans le désert. Il n’y a pas succombé. Ce qui pousse Jésus à demander ce signe, c’est sa solidarité avec tout homme. Il vient partager notre condition en acceptant de côtoyer et de cheminer avec ceux et celles dont il partage la vie depuis une trentaine d’années. C’est bien là le miracle de l’incarnation, sa participation effective et sa présence avec nous tous. Cette étape est l’occasion pour Jean de le désigner comme « l’agneau de Dieu » qui sera immolé sur la croix pour le rachat de tous. Intrigués par les encouragements de leur maître, plusieurs disciples de Jean rejoignent Jésus et voient où il vit. Jean s’efface pour laisser son cousin Jésus commencer son ministère public. Ce baptême de Jésus sanctifie l’eau du Jourdain pour toujours, cette eau que nous ne bénissons pas depuis lors quand une personne est baptisée avec elle. Nous qui sommes baptisés, nous sommes consacrés dans le Saint Esprit. Vivons de ses dons et mettons-nous en mouvement pour la mission, disposés à l’inattendu de Dieu.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Prions Notre-Dame du Sacerdoce dans nos foyers.
Mon vœu serait que quelques jeunes gens expriment le désir de se consacrer au Christ et entrent au séminaire ! Cela est possible…
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen