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ARCHIVES : Messages fraternels de l’évêque

Retrouvez ici, l’ensemble des messages fraternels de Mgr Philippe Christory du 14 mars au 31 juillet 2020

Message 80 de Mgr Philippe Christory – vendredi 31 juillet

« Obtenez-nous, ô Marie, des prêtres qui soient des saints ! »

Que l’été est beau lorsque la pluie a cédé la place au soleil et que ce dernier brille ! Mes souvenirs de camps scouts sous la pluie de juillet me semblent bien lointains. En ces jours, comment ne pas être sensible aux agriculteurs dont les terres sont desséchées et les grains bien secs, aux éleveurs qui doivent donner au bétail le foin mis en réserve pour l’hiver ? Le climat peut être rude en France, même si notre pays bénéficie d’une situation géographique unique. Certains demeurent convaincus que le réchauffement est une invention voire un complot. Cela n’est pas ma perception et nous sommes donc dans une urgente nécessité de nous réinventer pour vivre en émettant moins de CO2 : se limiter en carburant, en climatisation, en chauffage sont désormais des nécessités. À quand la suppression du chauffage des terrasses extérieures des brasseries ? Je m’en suis toujours étonné, et l’État parle de 2021. La terre a besoin de bénédiction et nous pourrions reprendre les belles célébrations des rogations, processions et prières campagnardes, qui étaient l’occasion de demander la pluie et de bonnes récoltes. Mais cela n’a de sens vis à vis du Seigneur que si les mêmes agriculteurs reprennent le chemin de l’église du village pour aller prier et vivre la messe. Les rogations expriment un acte de foi en Dieu qui prend soin de ceux qui l’adorent en vérité. Elles ne sont ni une superstition et ni une recette miracle. Elles appellent un nouveau changement de vie dans les campagnes pour nous remettre devant le Seigneur, le bénir pour la terre, les plantes et les animaux. Elles demandent un soin de la création toujours plus adapté au respect de la nature telle que Dieu nous la confie, pour nous aujourd’hui, mais aussi pour les générations à venir demain. C’est un patrimoine sur lequel nous devons veiller si nous voulons le transmettre. L’homme travaille la terre, mais Dieu donne la croissance. Nous savons que les sciences expliquent beaucoup le développement des plantes. Mais l’Évangile dit : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. » (Mc 4,26-29) Oui, il y a le mystère de la vie qui jaillit et qui donne la nourriture aux hommes comme à tant d’êtres vivants. Contemplons cette réalité qui est toujours un mystère pour nous, et prenons le temps de la bénédiction et de l’action de grâce. Cet été, lisons avec un nouveau regard l’encyclique Laudato Si du pape François, et discutons-en.

Cette semaine estivale est le moment qu’a choisi le gouvernement pour un nouveau vote de la loi de bioéthique. Après un premier passage au parlement, c’est maintenant l’heure de vérité. Il demeure frappant de constater que les médias admirent les avancées audacieuses de la science. La loi fait référence à des principes éthiques sans les préciser. Ces derniers sont en réalité, sur le modèle anglo-saxon, de plus en plus libertaires : ce qui est réalisable techniquement peut être fait librement. Notre ministre de la santé affirmait que « le projet de loi porte en lui des avancées sociales, sociétales, médicales et scientifiques. » Avec une telle assurance, on peut se demander si d’autres avis seront entendus par la majorité parlementaire. Entre deux lois, on aura eu soin de travailler l’opinion publique pour que ce qui était impensable hier soit dorénavant considéré comme un bien. Le « jeu » politique – mais le sujet n’est-il pas trop grave pour parler d’un jeu ? –  est de faire deux pas en avant puis de calmer les réactions par un pas en arrière. Les promoteurs du « toujours plus » (pour un prétendu « mieux ») avancent leur pion d’une case, comme s’il s’agissait d’une partie d’échecs. Dans le silence, presque l’indifférence, voici bientôt légalisée la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes, vivant seules ou en couple de femmes, sans réelle volonté de l’État de vérifier la capacité psychologique des adultes à assumer les conséquences de ce choix. Les couples hétérosexuels sont pourtant soumis à un long parcours en vue d’éprouver la solidité de leur demande d’adoption. Désormais, pour des femmes vivants seules ou en couple de femmes, il sera possible, au gré de leurs envies, d’enfanter : l’enfant, conçu sans père, viendra combler un désir de maternité. Que le désir de maternité soit inscrit au cœur de toute femme est une évidence. Mais on ne peut « fabriquer » un enfant qui n’aura pas de père. Il en sera privé d’avance et il lui appartiendra d’assumer cette souffrance et cette injustice. La loi n’est pas encore disposée à autoriser la gestation pour autrui dans un couple de femmes ou hommes. Mais patientons : au nom du droit de tous à avoir droit à tout, et surtout ce qu’il veut, le sujet sera bientôt d’actualité. Le monde s’emballe, l’avortement se généralise et se banalise, pourtant nous constatons le désarroi dans la vie de beaucoup. Personnellement je souhaite du bonheur à toute personne quel que soit le cadre de sa vie. Cependant je crains que l’on prépare des générations de personnes en manque de repères et dont l’existence sera, dès la conception, marquée par la blessure d’une relation parentale non ajustée. Le péché originel pourrait se résumer ainsi : l’homme quitte la logique du don, qui est celle de Dieu, pour une logique du manque. Voici que désormais il passe de la logique du manque à la logique d’appropriation. La vision anthropologique de la vie humaine proposée par la Bible et développée par l’Église catholique donne l’espérance que la famille formée d’un homme et d’une femme accueillant des enfants est le modèle stable et sain pour le développement personnel. La foi en est le pilier pour tenir dans l’amour par les sacrements, la prière et le pardon. Sainte Teresa de Calcutta disait que la « Parole d’honneur », appelée Besa en Albanie pays de sa jeunesse, était inviolable et que l’on préférait mourir plutôt que de la trahir. Elle avait donné sa parole à Jésus dans son engagement religieux. Les couples qui s’engagent dans le mariage devant Dieu ne devraient le faire que s’ils sont décidés à vivre leur foi dans l’Église. La prière personnelle et conjugale leur donnera la force spirituelle de ne jamais remettre en question leur parole d’honneur prononcée dans l’échange des consentements. L’Amour authentique va jusqu’à la Croix, celle que Jésus porte avec nous. Cet amour nous prépare au Ciel qui sera notre ultime destinée. Le seul rendez-vous à ne pas manquer est bien celui de notre entrée dans la vie éternelle.

Ces jours d’été nous offrent enfin des moments de joie amicale et familiale. C’est le temps d’un surcroît d’insouciance. Pourtant l’avenir économique de beaucoup de personnes sera incertain à la rentrée. Nous travaillerons au mieux pour notre société et nous prions pour ceux et celles qui feront face aux difficultés. Une certaine insouciance gagne certains jeunes qui veulent s’affranchir du danger du virus. On ne compte plus les témoignages de fêtes où la prudence est oubliée. Pourtant la circulation du virus continue surtout lorsque beaucoup de porteurs sont asymptomatiques tout en étant possiblement contaminants. L’Église maintient en ses lieux de célébrations et de rencontres sa vigilance par respect et par charité des personnes plus fragiles. La procession chartraine du 15 août pour la grande fête de l’Assomption sera haute en couleur. Nous attendons des autorités la validation de notre déclaration de manifestation. A chaque fois, nous nous mettons sous le voile de tendresse de notre Mère Céleste pour lui confier nos vies, nos familles, notre pays et notre Église. Cette année, nous serons masqués, pourquoi pas aux couleurs de la Vierge, ce qui ne sera pas un obstacle pour chanter nos litanies et nos hymnes.

En octobre, nous vivrons un nouveau mois missionnaire. Ce mois est traditionnellement dédié à la Vierge Marie. À Lourdes, c’est le temps du grand pèlerinage du rosaire qui sera modifié cette année pour cause de pandémie. Dans le diocèse de Chartres, je vous proposerai de prier quotidiennement au sein de votre foyer, pourquoi pas le soir en famille, la belle prière à Notre Dame du Sacerdoce que voici :

Vierge Marie, Mère du Christ-Prêtre, Mère des prêtres du monde entier,
vous aimez tout particulièrement les prêtres, parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils Unique. 

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre, et vous l’aidez encore dans le Ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres ! 

« Priez le Père des Cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson ». 

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres qui nous donnent les Sacrements,
nous expliquent l’Évangile du Christ, et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu ! 

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père les prêtres dont nous avons tant besoin;
et puisque votre Cœur a tout pouvoir sur lui, 

obtenez-nous, ô Marie, des prêtres qui soient des saints ! Amen. 

C’est ensemble que nous prions pour recevoir des prêtres. Prier cette prière tous les jours donnera à des garçons l’idée de se poser la question de l’appel. Elle ouvrira le cœur des parents à cette possibilité. Elle unira ce foyer à toute l’Église qui vit son chemin de Salut par les sacrements. Nous aimerions imprimer cette prière sur de jolies cartes avec une image de la Vierge Marie. Pour cela, je vous propose de m’adresser une photo de qualité d’une œuvre représentant la Vierge, si possible exprimant un lien aux prêtres, (en indiquant d’où elle vient) que vous découvrirez sur vos routes de vacances. Nous ferions un choix parmi vos belles photos pour réaliser notre carte de prière.

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Message 79 de Mgr Philippe Christory – vendredi 24 juillet

« J’aime tes volontés plus que l’or le plus précieux » (Ps 118)

Nos pays sont inquiets pour l’économie. La pandémie a atteint des millions de personnes dans des pays où la nourriture quotidienne est le fruit du travail du jour : pour beaucoup le confinement obligé ne permet plus de subvenir aux besoins essentiels de sa famille. En France, le chômage va croissant. Certes l’aide de l’État est réelle, et beaucoup ne manquent de rien. Cependant les biens matériels, même l’or, passeront, affirme l’Écriture Sainte qui nous invite à interroger nos cœurs ; quel est notre trésor ? 

Cette semaine, comment ne pas évoquer ce nouveau drame pour l’Église de France, l’embrasement de la cathédrale de Nantes. Dans mon dernier message je vous faisais part de la beauté de notre cathédrale de Chartres et de notre responsabilité en tant que catholiques à veiller sur elle par notre prière et notre présence. Or voici qu’une fois de plus le ciel s’est obscurci en France de noires fumées, celles de la cathédrale de Nantes, alors que les images de Notre-Dame de Paris en feu restent bien présentes en notre mémoire. Une église en feu, c’est un drame pour beaucoup de personnes qui y viennent régulièrement mais aussi pour ceux et celles qui y ont vécu un événement heureux tel un baptême ou leur mariage, ou les funérailles d’un très proche comme des parents. Une église en feu, c’est aussi un patrimoine disparu que l’on s’est confié de génération en génération et qui rappelle la foi en Jésus-Christ des bâtisseurs. Si l’on parle de cathédrale, c’est bien tout cela aussi mais plus encore. Une cathédrale est l’église-mère, celle qui contient la cathèdre de l’évêque du lieu, la chaire de laquelle il enseigne avec l’autorité apostolique conférée par Jésus-Christ aux apôtres et à leurs successeurs les évêques. C’est par la succession apostolique que la grâce épiscopale se transmet de façon ininterrompue depuis deux mille ans. Il y a plus encore pour nous croyants : l’église est le lieu de la présence réelle de Dieu en Jésus eucharistie célébré lors de chaque messe et conservé dans le tabernacle afin d’être partagé notamment aux malades. Dieu est là, vivant, qui nous y accueille. Aussi une cathédrale qui brûle, c’est ce pilier de notre Église qui est atteint, c’est une souffrance pour tous les fidèles, c’est une atteinte au cœur croyant. À tous les catholiques du diocèse de Nantes, nous manifestons notre soutien fraternel. Nous prions pour le futur évêque de Nantes qui n’est pas nommé à ce jour, Monseigneur James ayant été nommé archevêque de Bordeaux. Il trouvera, malgré sa cathédrale fermée, un peuple vivant de sa foi.

Nous, catholiques, nous savons que l’Église ne se résume par aux pierres aussi belles soient-elles. L’Église est le corps vivant du Christ dont nous sommes les membres, solidaires et unis par le même baptême. Elle a reçu la Parole de vie, l’Évangile. Jésus lui a conféré les moyens du salut que sont les sacrements par lesquels sa grâce est abondamment transmise aux croyants. Cette Église est éternelle, car « la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. » (Mt 16,18) affirme le Christ. Mais nous sommes prévenus qu’il existe une lutte entre le bien et le mal, entre les enfants de la lumière et la puissance des ténèbres. Saint Paul en parle explicitement : « Nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. » (Eph 6,12) Combien de fois notre saint Père François n’a-t-il pas mentionné les œuvres du diable ? Ne soyons pas naïfs, notre société est le lieu d’une lutte, âpre et difficile. Le combat qui se joue actuellement dans notre pays pour la vie, avec des enjeux bioéthiques vertigineux est terrible. Il faut le dire, comme l’ont fait avec force et détermination les évêques de France.  

Que craindre alors ? La puissance du malin ? Non, car le Christ a vaincu la mort par sa croix et sa résurrection ; nous devons craindre la tiédeur des chrétiens. Chaque sinistre nous remet devant notre appel à être témoin de Jésus. À Paris devant la cathédrale en feu, les catholiques se sont mis à genoux pour implorer la Vierge Marie d’intercéder pour sauver cette église. Elle fut sauvée et sera rebâtie. À Nantes, l’orgue qui sonnait pour la Gloire de Dieu sera refait et les chants empliront à nouveau la grande nef pour y célébrer la divine eucharistie, centre et source de notre foi.

En ces temps présents, nous voyons que la moisson est mûre et des chrétiens se lèvent et avancent pour y prendre part. Comme l’aveugle Bartimée, ne sommes-nous pas appelés par la voix du maître à nous lever et à rejeter notre vieux manteau pour marcher à sa suite ? J’en suis le témoin et j’en rends grâce. Combien d’initiatives ont lieu cet été malgré les limitations sanitaires, combien de rencontres se déroulent partout pour prier, louer et partager ? Voyez sur notre diocèse l’école de prière début juillet avec plus de cinquante jeunes, le pèlerinage VTT, le pèlerinage à Lourdes avec l’hospitalité chartraine, les retraites au Prieuré d’Epernon, des marches qui font halte au sanctuaire de la Miséricorde à Gallardon, les routes des pères de familles, les nombreux camps scouts où les aumôniers se rendent présents, les pèlerins qui montent à Notre-Dame de Chartres. Nous lutterons contre notre tiédeur en décidant de nous mettre en prière quotidiennement, en célébrant ensemble et en servant nos frères et sœurs.

La fécondité de nos œuvres ne peut pas se réaliser sans vie spirituelle, c’est à dire sans prière : « Soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus. » (1Th 5, 16-18) La Parole de Dieu est notre ressource, notre inspiration et notre sagesse. Méditons-la souvent, gratuitement, ayons avec nous un nouveau Testament en poche. Ouvrons nos églises en ce temps estival et faisons halte pour un chapelet auprès de Marie. J’en appelle à tous ceux et celles qui animent nos écoles catholiques, qui prennent actuellement un repos mérité et qui prépareront la rentrée dans quelques semaines. Que ces écoles soient des lieux où Jésus est connu, où Dieu est honoré. Sans cet élan de foi, que ferons-nous de plus que les écoles publiques où les enfants ne reçoivent rien « d’en haut » ? L’espace publique nie si souvent la dimension religieuse et la présence de Dieu. Là aussi des forces obscures sont à l’œuvre pour contraindre au silence les enfants de Dieu. J’en veux pour preuve les célébrations du 14 juillet à Chartres qui ont donné une place méritée aux soignants, médecins, infirmières et aides-soignants, qui ont remercié pompiers, policiers et gendarmes. Mais pas un mot pour les représentants des religions, pas un mot pour ces hommes et ces femmes de foi qui ont accompagné chaque jour, malgré les contraintes sanitaires, des familles endeuillées par la mort d’un proche qu’il fallait mettre en terre à la hâte, pas un mot pour ces croyants qui étaient à l’écoute des personnes oubliées et terriblement esseulées, pas un mot pour nos églises restées ouvertes et pour beaucoup lieu de repos et d’espérance dans ce moment de crise. Ce silence délibéré doit nous inviter à vivre et à approfondir notre foi, à la transmettre aux enfants, à en témoigner autour de nous. La moisson est mûre et chaque baptisé est invité à moissonner.

Dimanche prochain, nous écouterons l’évangile du Royaume. Jésus le compare à un trésor caché dans un champ, découvert par un homme qui va vendre tous ses biens pour acheter le champ. Ou encore à un négociant en perles fines qui, en en découvrant une magnifique, vend tout ce qu’il possède pour l’acquérir. Voici la folie de la foi : choisir le Royaume de Dieu, ne plus regarder en arrière et vivre en présence de Dieu chaque instant. Regardons la vie des saints, ne sont-ils pas incroyables ? Voyons ces missionnaires, pères Blancs ou Spiritains partis si nombreux en Afrique, ou encore les prêtres des missions étrangères de Paris qui sont allés en Asie, souvent pour ne pas revenir, la joie de l’Évangile dans le cœur. Voyons les sœurs et les frères religieux qui ont consacré leur vie à l’éducation des jeunes dans de si belles œuvres en France et dans le monde. Voyons les moines et les moniales dont la prière silencieuse et cachée est si précieuse à l’Église car elle nous porte tous, nuit et jour. Voyons les couples catholiques qui fondent leur foyer sur le Christ, éduquent leurs enfants dans la foi. Voyons ces nouveaux chrétiens qui demandent le baptême car ils découvrent que là est la Vérité et qu’elle se nomme Jésus. Le Royaume est là et nous invite à une vie nouvelle, une aventure dans la lumière de l’Esprit, un partage entre frères et sœurs. Oui, j’en atteste, une grande vie est possible à ceux qui entendront l’appel à œuvrer pour la paix en ce monde au nom de Jésus. Saint Paul nous affirme que le don de Dieu est vrai : « Nous le savons, quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. » (Rm 8,28) Aussi, s’il faut résumer ce propos, nous avons reçu un message merveilleux à mettre en œuvre dès maintenant « aimons nous les uns les autres », en puisant par la prière la force et l’inspiration pour mettre en œuvre cet appel.

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ensemble, prions l’Angelus.

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 78 de Mgr Philippe Christory – vendredi 17 juillet

« L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse,

car nous ne savons pas prier comme il faut. » (Rm 8, 26)

Vous êtes nombreux à être en vacances, certains au loin. Mais ce n’est pas le cas de tous. En Eure et Loire, les agriculteurs travaillent inlassablement : les moissons sont en cours. En ville, le climat est souvent plus estival : autour de Notre-Dame de Chartres, les terrasses se sont agrandies, pour le plus grand bonheur des clients que les commerçants attendaient impatiemment après la fermeture forcée. Ils sont revenus, nos amis pèlerins et visiteurs, et c’est une joie de bénir les uns et les autres : de belles familles nombreuses tamoules tellement désireuses de se confier à Notre-Dame de Chartres, Mathilde et Gabriel qui demandaient que leur bébé Martin soit consacré à la Vierge ou encore des sans-papiers qui se confient à Jésus en vue d’un avenir digne. Notre cathédrale est un joyau et nous avons aussi le bonheur de contempler le tour du chœur en grande partie restauré et maintenant doté d’un bel éclairage conçu par l’entreprise Philipps, grâce à la générosité et à l’engagement de l’association Les Amis de la cathédrale de Chartres et du travail de la DRAC. Cela permet une découverte des admirables sculptures de la vie de Jésus. Les visiteurs peuvent ainsi à nouveau s’émerveiller des nombreuses scènes évangéliques, véritable bible sculptée. Une nouvelle vitrine pour protéger le reliquaire du voile de la Vierge est aussi arrivée. Grâce au savoir-faire des ateliers Loire elle est constituée de beaux verres thermoformés bleus. Notre église cathédrale est unique et nous sommes les dépositaires de ce trésor à la suite de tant de générations. Cependant, nous devrons veiller à l’essentiel car une telle beauté peut nous laisser à la surface de la réalité. Sculptures, vitraux, peintures sont des supports pour nous aider à entrer dans le Mystère du salut et de la foi. Or, avec la Vierge Marie, ce Mystère est fait de silence, d’intériorité, de discrétion, d’humilité et de service. Permettre à chaque visiteur de devenir un pèlerin, voilà la vision que porte notre Père Recteur. Nous catholiques, nous avons la garde de ce haut lieu par nos prières, nos célébrations et notre recueillement. C’est un patrimoine spirituel et cultuel sur lequel nous veillons en venant y prier. Soyons en fiers et conscients. Alors qu’une année scolaire s’achève après ces mois difficiles et éprouvants, tous nos bénévoles sont présents pour aider chaque pèlerin à découvrir le lieu. Ils veillent toujours aux mesures sanitaires qui continueront telles quelles jusque fin octobre, avec le port du masque obligatoire, la communion dans la main lors des messes et les bonnes distanciations physiques. Que tous soient remerciés pour la garde priante de notre maison commune où la Vierge Marie offre la paix, son fils Jésus.

La semaine passée je commentais ce passage de la Lettre aux Romains dans laquelle saint Paul nous parle de la vie dans l’Esprit Saint, ce chemin nouveau qui s’ouvre à tous les baptisés. Dimanche dernier nous écoutions l’évangile du semeur qui répand son grain avec générosité. Ce grain est la Parole divine et la terre qui le reçoit est notre cœur. La Bible n’est pas un manuel de morale. Elle est un ensemble, unique, de textes écrits sur une période de plus de mille années par des hommes qui vivaient une vie bien humaine en étant profondément unis à Dieu. Le Verbum, la Parole de Dieu est compris dans les Verba, les paroles des hommes. Dans l’Écriture, l’Esprit Saint s’adresse à nous ; comme il s’adressait aux premiers chrétiens. Avec la même actualité, et parfois la même étrangeté. En effet, comment comprendre les motions de Dieu quand certains passages racontent des guerres affreuses ? Comment recevoir la paix et la lumière quand certains récits parlent de meurtres – ? Or c’est bien à travers l’histoire des hommes et des femmes que l’Esprit a soufflé aux oreilles des prophètes, des prêtres, des pauvres du Seigneur les mots pour guider ce peuple et le ramener à la vérité, au pardon et à la vie. Ainsi une tradition de foi s’est fortifiée. Le peuple hébreu a acquis un merveilleux patrimoine de prière comme les psaumes. Aujourd’hui c’est en Jésus, le messie, que, par Marie, le Verbe s’est fait chair. Que la Parole de Dieu nous est donnée, de manière si particulière. Dieu voulait nous parler, mais il voulait aussi se faire l’un de nous pour nous enseigner et nous conduire à lui. C’est là le mystère de l’incarnation. Ce grand mystère de ce Dieu qui s’abaisse, et qui prend notre condition d’homme. Par Marie, jeune fiancée de Nazareth, « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. » (Jn 1,1ss) Cette réalité est le fondement de toute la foi chrétienne. Le Seigneur n’est plus un Dieu lointain et indifférent, mais il est avec nous, proche et aimant.

Ainsi la Parole de Dieu est plus qu’un texte pour le croyant. Elle est une personne. Le pape François le redisait voici quelques jours : « La Parole n’est pas abstraite… C’est Jésus lui-même. Accueillir la Parole de Dieu, c’est accueillir le Christ lui-même. » En lisant les textes, nous cherchons toujours à rencontrer quelqu’un. Dans l’Ancien Testament, Jésus est préfiguré à travers les grands personnages, tels Moïse et David. Dans le Nouveau Testament, sa vie nous est révélée et ses paroles nous rejoignent, touchant les cœurs de tous les disciples depuis deux mille ans. La Parole qui a créé l’univers se fait re-créatrice d’un monde nouveau et sauvé du mal en vue de la vie éternelle. Cependant l’homme doit apprendre à écouter et à entendre Dieu lui parler. C’est le grand défi de notre temps : nous ne savons plus écouter, assaillis que nous sommes d’images et de films, de sons et de bruits. Commentant la parabole du semeur avec l’image du grain tombé sur le chemin où les oiseaux viennent le picorer, le pape affirmait : « Assaillis par tant de bavardages, par tant d’idéologies, par les possibilités continues de se distraire à l’intérieur et à l’extérieur de chez soi, on peut perdre le goût du silence, du recueillement, du dialogue avec le Seigneur, au point de risquer de perdre la foi, de ne pas accueillir la Parole de Dieu. »

Apprendre à lire la Parole de Dieu et à écouter l’Esprit chuchoter ses motions intérieures en notre âme,  quel beau projet ! Ne plus être ballotté au grès du vent mais découvrir une authentique liberté en vivant de la Sagesse divine transcrite dans les textes, quelle magnifique aventure ! Certes il existe des textes profanes qui sont fort beaux. Mais notre intimité avec la Parole devient une joie et une lumière merveilleuses sur notre chemin de vie. Je me rappelle la lecture paisible du Cantique des Cantiques en Israël, dans la vallée de Ein Guédi, petite vallée encaissée du désert de Judée où l’eau s’écoule vers la mer morte. Nous y lisions à voix haute certains passages, car on rapporte que ce texte fut écrit en ce lieu : « Pose-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras. Car l’amour est fort comme la Mort, la passion, implacable comme l’Abîme : ses flammes sont des flammes de feu, fournaise divine. Les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter. Un homme donnerait-il toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour, il ne recueillerait que mépris. » (Ct 2,6-7) Saint Bernard de Clairvaux, fondateur de l’ordre monastique des cisterciens, aimait dire que ce texte si charnel de l’amour d’une femme pour son bien-aimé dévoile en réalité la quête de notre âme pour rencontrer le Seigneur et recevoir de lui tendresse et amour. Cet amour nous est destiné. Jésus nous dit de frapper à la porte afin qu’il nous ouvre, de demander pour qu’il nous donne. Cela s’applique à son amour. Si nous le supplions de venir à nous, d’ouvrir la porte de son cœur, il sera là et nous bénira. La Parole de Dieu, le texte des saintes Écritures, nous invite à cette audace, à le rechercher, à frapper à la porte, à oser quémander, comme la femme syrophénicienne qui réclame seulement les miettes qui tombent de la table. C’est le désir de Dieu qui attire à lui ceux qui s’y disposent. L’âme touchée et embrasée aura toujours soif de lui.

En cet été, notre chemin d’Église continue. Soyons proche par la pensée, la prière et toutes les formes d’affection que nous pourrons exprimer. Notre société reste inquiète : l’évolution de la crise sanitaire et les mesures qui doivent être suivies sont encore bien difficiles à prévoir. Nous n’échappons pas à cette incertitude de l’avenir, mais nous portons ce trésor en nous, Jésus-Christ, par qui vient l’espérance. Que la joie demeure en vous.

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ensemble, prions l’Angelus.

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 77 de Mgr Philippe Christory – vendredi 10 juillet

« Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. »

Samedi 4 juillet Éliane, lycéenne, a été baptisée dans le beau baptistère réalisé par l’artiste Goudji qui a été offert à la cathédrale par des donateurs privés, puis Yann, Pamela, Manon et Séverine ont été confirmés. La grâce de l’Esprit Saint est venue bouleverser leur vie, les sortir de la torpeur et faire de chacun d’eux une personne nouvelle. C’est un thème récurrent chez l’apôtre Paul qui enracine notre fraternité en Jésus : « Car tous, dans le Christ Jésus, vous êtes fils de Dieu par la foi. En effet, vous tous que le baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ ; il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus. » (Gl 3,26-28) La déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 dit que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ». En fait, il n’est pas simple de le penser quand certains ont droit à de la soie et d’autres naissent dans la crasse d’un bidonville. Mais surtout, même en admettant que les hommes naissent égaux, le demeurent-ils au long de leur vie dans une société où l’argent a le pouvoir ou dans celle où certaines castes exploitent les autres ? C’est avec Jésus-Christ et guidés par sa parole que nous pouvons espérer obtenir cette égale dignité de tous, fondée dans l’amour du prochain. Aucune loi civile ne peut obliger à nous aimer, seul l’Évangile nous l’inspire.

C’est dorénavant pour ces jeunes gens ce que Saint Paul appelle le temps de l’Esprit Saint, celui d’une vie nouvelle et charismatique : le Christ habite et inspire leurs pensées et leurs actions. Combien de fois cela n’est-il pas développé dans les lettres de l’apôtre ? Au chapitre 8 de la Lettre aux Romains il développe en particulier cette vie nouvelle sous la loi de l’Esprit. Saint Paul avait appris l’obéissance envers la loi de Moïse et les écrits des prophètes. Il était un inconditionnel d’une soumission totale par respect pour le Tout-Puissant, celui qu’on appelait le Dieu des armées. Personne ne pouvait y contrevenir sous peine de mort. Comme le Seigneur a dû insister sur le chemin de Damas pour que Paul – appelé alors Saül – cède au Christ qui l’interpelle dans une vision : « Saül, pourquoi me persécuter ? – Qui es-tu, Seigneur ? – Je suis Jésus, celui que tu persécutes » (Act 9,4-5)

Pour beaucoup d’entre nous, la proximité avec Jésus-Christ ne change pas notre cadre de vie. Or notre vie ne sera nouvelle que si nous sommes réellement des disciples marchant à la suite de Jésus. Comment cela est-il possible ? Chacun de nous doit le désirer d’un vrai désir, invoquer souvent l’Esprit, ensuite discerner des appels de Dieu par le partage avec des frères et sœurs, choisir ce chemin nouveau et réaliser effectivement la vocation que Dieu lui propose. Le pape François disait aux jeunes dans son exhortation Christus vivit (N° 143) : « Jeunes, ne renoncez pas au meilleur de votre jeunesse, ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne devenez pas le triste spectacle d’un véhicule abandonné. Ne soyez pas des voitures stationnées. Il vaut mieux que vous laissiez germer les rêves et que vous preniez des décisions. » Un chrétien n’est pas un observateur mais un acteur. Son action qui est l’expression de sa charité est le prolongement de la puissance de l’Esprit à travers sa vie. Selon ses talents, ses goûts et ses charismes, chaque baptisé devient la main de Dieu auprès de ses frères. La spiritualité chrétienne a toujours cherché simultanément une grande union à Dieu dans le silence et la prière, pour mieux se rendre au chevet des joies et des peines de l’homme contemporain. Les grands saints, comme sainte Teresa de Calcutta si prompte à soigner elle-même les malades et notamment les lépreux, ont été des mystiques et des priants.

Nous sommes nombreux à avoir eu la chance d’être baptisés et confirmés très jeunes. Personnellement je fus amené sur les fonts baptismaux à trois jours ! Ma maman, ne s’étant pas encore remise de ma naissance, n’assista pas au baptême. Nous pourrions penser qu’attendre est mieux pour que le nouveau chrétien ait une pleine conscience. L’argument a une certaine valeur, mais le don du sacrement n’attend pas l’âge adulte pour produire déjà son fruit et nos enfants et nos jeunes ont bien besoin de sa force pour suivre le Christ et « fuir tout mal avec horreur pour choisir le bien » (Rm 12,9) À Damas, c’est un chrétien religieux Ananie qui interpelle Paul « Et maintenant, pourquoi tarder ? Lève-toi et reçois le baptême, sois lavé de tes péchés en invoquant son nom. » (Act 22,16) Et Paul s’est laissé faire. Lui devenu aveugle lors de la vision de Jésus recouvra la vue.

Qui n’est pas baptisé ? Qui n’est pas confirmé ? Ô mes amis, n’est-il pas temps de vous décider à demander cette grâce ? Pourquoi attendre ? Je me remémore un homme adulte de culture musulmane que je baptisais et qui s’écria alors avec des larmes de joie : « Jésus, pourquoi t’ai-je tant fait attendre ? ». La vie nouvelle dans le Christ est pour aujourd’hui. C’est aussi un bel aspect du christianisme qui est concret et fondé dans la vie présente. Certes, il nous est promis pour plus tard l’Espérance de l’éternité. Mais notre Royaume est déjà là, il est commencé, il est parmi nous. Nous en jouissons sans avoir le besoin de posséder, d’accumuler des biens ou d’assurer toute chose. La fraternité entre nous qui sommes les membres du même corps qu’est l’Église nous offre la communauté fondée dans l’Esprit. Dès l’Ascension de Jésus dans la Gloire du Ciel, les disciples se mirent ensemble pour prier et attendre le don promis. Dès cet été, et pour la rentrée de l’automne, nous nous préparons à être vivant dans le Christ. Jésus, notre bien-aimé, nous fait miséricorde. Faisons nôtre la foi de Paul : « J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur. » (Rm 8,38-39)

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ensemble, prions l’Angelus.

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions : Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 76 de Monseigneur Philippe Christory, Vendredi 3 juillet 2020

« Seule la prière aplanit la voie vers l’unité. »

Cette semaine s’est ouverte par la fête du grand saint Irénée, évêque de Lyon au IIème siècle. Ce Père de l’Église nous a laissé un traité important intitulé Contre les hérésies dans lequel il offrait une synthèse de la foi chrétienne très développée. À cette époque, les théologiens disposaient de très peu d’écrits : l’imprimerie n’avait pas été inventée et la Bible chrétienne n’était pas encore rassemblée définitivement. Des manuscrits étaient recopiés par les églises locales. On se transmettait des exemplaires des lettres des apôtres, et le credo n’avait pas sa formule commune comme c’est le cas aujourd’hui. C’est d’ailleurs un beau signe de la puissance de l’Esprit Saint qui gardait les premières communautés des erreurs théologiques tout en maintenant l’unité dans la foi au Christ ressuscité. Saint Irénée aimait la Vierge Marie et lui donne le titre d’avocate, c’est-à-dire celle qui nous défend et intercède pour nous. L’œuvre de ce grand évêque de Lyon est aussi le témoignage de l’attention toute particulière que l’Église, depuis les débuts du christianisme, porte au mariage chrétien.
Après saint Irénée, nous avons fêté, le 29 juin, saint Pierre et saint Paul. Cette grande fête du calendrier liturgique est souvent le jour des ordinations diaconales et sacerdotales. Le diocèse de Chartres n’en comptait aucune cette année : que cela nous invite à prier, le cœur plein d’espérance pour l’avenir et en particulier pour Clément et Olivier nos deux séminaristes. Le pape François, dont nous connaissons le langage simple, direct et pastoral, a donné une magnifique homélie pour la fête des deux apôtres, qui sont les colonnes de l’Église. Aussi je vous propose d’en commenter quelques passages, car son texte spirituel est merveilleux. Les deux thèmes sont l’unité et la prophétie dans l’Église.
L’unité est voulue par Jésus. Dans sa grande prière sacerdotale (Jn 17), à la veille de sa mort, Jésus prie le Père pour que ses disciples soient un, c’est à dire unis, comme lui-même est uni avec son Père éternel. Le pape souligne combien Pierre, le pécheur de poissons, et Paul le pharisien érudit, sont socialement différents. Or ils sont devenus des frères qui, certes ont pu avoir des disputes, mais ont choisi profondément l’amour fraternel. Le pape commente ainsi : « Jésus ne nous a pas demandé de nous plaire, mais de nous aimer ». Cela est important car nous pourrions essayer la séduction et les petits arrangements pour avoir des relations facilitées. Mais là n’est pas l’amour. Ainsi, ajoute le saint Père, au sein de la première communauté chrétienne bien persécutée les membres « ne parlaient pas dans le dos, ils parlaient à Dieu » car « seule la prière défait les chaines, seule la prière aplanit la voie vers l’unité. » Le pape dit encore « dans les persécutions, tous prient ensemble avec insistance » (Ac 12,5). Personne ne se lamente ni ne critique les autorités responsables. Voici pourquoi la prière n’est pas une option, elle est une demande qui a valeur de commandement. L’Écriture sainte insiste : « Priez sans relâche » (1Th 5,17). « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation » (Mt 26,41). « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret » (Mt 6,6). Prier, c’est notre vie de chrétien, notre chemin, notre vocation en tant que baptisé. De cette union à Dieu, nous vivrons une communion renouvelée en Dieu et entre nous. Mère Teresa, lors du chapitre générale des missionnaires de la Charité en 1973, décida que l’heure d’adoration hebdomadaire deviendrait quotidienne. Elle a témoigné que les relations entre religieuses et religieux furent transformées et approfondies. Et le nombre de vocations religieuses doubla.
Le second thème du pape François en la fête des saints Pierre et Paul est la prophétie. Le mot est souvent mal interprété : il ne s’agit ni de prédiction, ni de voyance. Le vrai prophète est celui qui médite la Parole de Dieu, qui demeure en prière à l’écoute de l’Esprit Saint, celui qui est capable, par grâce du Saint Esprit, de dire ce que Dieu veut nous enseigner en ce temps présent, celui qui discerne ce que Dieu réalise pour son peuple. Il est important que cette prophétie éclaire les membres de l’Église surtout en temps d’épreuves, car la souffrance aveugle. Par notre baptême nous devenons prophète du Seigneur. C’est merveilleux de penser que l’Esprit désire passer par nous pour enseigner et encourager. Le pape dans son homélie approfondit cela en disant : « la prophétie naît lorsqu’on se laisse provoquer par Dieu : non pas quand on gère sa tranquillité et qu’on contrôle tout. Elle ne naît pas de mes pensées, elle ne naît pas de mon cœur fermé. Elle naît si nous nous laissons provoquer par Dieu. Quand l’Évangile renverse les certitudes, la prophétie jaillit. Seul, celui qui s’ouvre aux surprises de Dieu devient prophète. » Cela veut dire que Dieu bouleversera nos vies si nous lui disons que nous sommes d’accord pour devenir prophète. Mais notre Église comme notre société n’ont-elles pas un besoin urgent de prophètes, qui prient et qui parlent au nom de Jésus ? C’est ce que confirme le pape :
« Aujourd’hui nous avons besoin de prophétie, mais de vraie prophétie : non de beaux parleurs qui promettent l’impossible, mais de témoignages que l’Évangile est possible. Il n’est point besoin de manifestations miraculeuses. Ça me fait mal lorsque j’entends proclamer : “Nous voulons une Église prophétique”. Bien. Que fais-tu, pour que l’Église soit prophétique ? Il faut des vies qui manifestent le miracle de l’amour de Dieu. Non de puissance, mais de cohérence. Non de paroles, mais de prière. Non de proclamations, mais de service. Tu veux une Église prophétique ? Commence à servir, et tais-toi. Non de théories, mais de témoignage. Nous n’avons pas besoin d’être riches, mais d’aimer les pauvres ; non de gagner pour nous-même, mais de nous dépenser pour les autres ; non du consentement du monde, se sentir bien avec tout le monde – chez nous on dit : “se sentir bien avec Dieu et avec le diable”, se sentir bien avec tout le monde – ; non, ce n’est pas une prophétie. Mais nous avons besoin de la joie pour le monde à venir ; non de ces projets pastoraux qui semblent avoir en soi leur efficacité, comme si c’étaient des sacrements, des projets pastoraux efficaces, non, mais nous avons besoin de pasteurs qui offrent leur vie : des amoureux de Dieu. »
Quelle question ne nous pose-t-il pas ? En cette fin d’année scolaire, toutes les équipes pastorales réfléchissent à la rentrée de septembre. Après la crise sanitaire que nous avons traversée et qui n’est pas encore totalement résolue, nous prions et pensons à la reprise des activités, nous remplissons nos agendas des rendez-vous habituels qui sont reconduits, nous décidons des dates des célébrations des sacrements initialement prévus au printemps dernier. Avons-nous assez prié ensemble ? Avons-nous remis l’agenda entre les mains de l’Esprit Saint pour qu’Il le remplisse ou, au contraire, y laisser de la place pour des surprises à venir ? Bien entendu, l’Esprit ne va pas se transformer en stylo pour écrire lui-même sur les pages blanches. Mais avons-nous pesé quelle sera la part de Dieu, l’espace de nos rendez-vous avec le Seigneur pour cette prière unifiante ? Comme la dîme monétaire est la première part de nos ressources matérielles que nous offrons à Dieu, la dîme du temps est la première tranche horaire disponible que je me dois de réserver à Dieu ! Mais si elle n’est pas inscrite dans l’agenda, jour après jour, nous le savons, il sera souvent bien difficile d’offrir cette dîme quotidienne de notre temps. Comme le disait sainte Jeanne d’Arc, « Messire Dieu, premier servi ». C’est ainsi que la grande Tradition ecclésiale nous demande de prier le matin, au lever du jour, comme les moines. Prier le matin, c’est sauver sa journée.
Nous sommes début juillet, le temps des vacances. Dans quelques jours commencera l’école de prière de Chartres. Plus de cinquante enfants et jeunes vont se retrouver à la maison de la Visitation pour six jours joyeux, priant et louant le Seigneur, méditant l’Évangile, le tout rythmé aussi par des jeux et de belles parties de ballon. Eux aussi sont des prophètes car qui n’est pas surpris de voir leur enthousiasme à approfondir la prière chrétienne en découvrant qu’elle permet d’écouter en soi-même Dieu nous parler. Ainsi la Bible n’est plus ce livre long et difficile à lire : elle devient une lettre d’amour écrite par des hommes que l’Esprit éclaire pour chacun et à chaque âge de la vie.
Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Ensemble, prions l’Angelus.
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 75 de Monseigneur Philippe Christory, Vendredi 26 juin 2020

« Qui vous accueille m’accueille, dit Jésus »

Depuis que les cloches de la cathédrale ne sonnent plus, il se fait un grand silence. N’y voyons pas un quelconque complot. L’usure des moteurs, des battants et des visseries, celle de la charpente en bois du XVIème siècle – dont la société chargée de l’entretien n’avait pas pris la mesure – ont conduit la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) à commander un audit complet des cloches. La négligence de certains privent les chrétiens de ces cloches qui rythmaient jusqu’à présent leur journée et leur prière. Cette triste affaire démontre la nécessité de veiller à notre patrimoine et le précieux conseil qu’apportent ceux qui connaissent notre cathédrale, nos guides notamment. Espérons que nous aurons rapidement des solutions, même temporaires, pour entendre le carillon des cloches de Notre Dame de Chartres.

Ce jeudi 25 juin, nous avons inhumé le corps du père Jean Robert, un prêtre de la Beauce qui a donné sa vie pour l’Église en Eure-et-Loir, un bon serviteur dans ses multiples ministères auprès de ses fidèles. Sa longue vie s’est achevée dans la maison-mère des sœurs de Saint-Paul de Chartres où il était soigné et entouré d’affection et de prières comme nous pourrions le souhaiter pour toutes les personnes âgées et dépendantes. Il fut un prêtre apprécié et nous l’avons confié à la miséricorde divine pour qu’il reçoive vite la place préparée pour lui par Jésus dans la Gloire éternelle. Là il deviendra un de nos nombreux intercesseurs qui sollicitent la grâce divine pour nous-mêmes.

Quand un prêtre âgé décède (plus de dix depuis que je suis évêque de Chartres) nous nous tournons vers Dieu pour que des jeunes hommes entendent sa voix les appeler à se donner et répondre à cette si belle vocation de pasteur. La vocation sacerdotale est devenue inhabituelle en France : seuls 125 prêtres sont ordonnés en France en 2020. Ce n’est pas rien, et nous pouvons rendre grâce. Mais c’est aussi bien peu. Être prêtre est synonyme d’un lâcher-prise et d’un abandon de tout ce qu’un homme peut désirer avoir : de l’argent et des biens, une famille, la reconnaissance de talents professionnels,… Cela est vrai. Mais il faut regarder le mystère du sacerdoce avec les yeux de la foi pour comprendre que l’accueil de l’appel du Seigneur à se livrer totalement pour son service n’enlève rien mais donne tout pour reprendre les mots du pape Benoît XVI. Dieu comble totalement ! Finalement ce que nous laissons derrière nous est redonné comme une mesure bien pleine, tassée et débordante. Combien de voyages et de pèlerinages ai-je faits ? Combien de familles m’ont ouvert leur porte si généreusement ? Combien de personnes m’ont dit que je suis leur père ? Un prêtre du diocèse, qui allait fêter 92 ans, me dit un jour « maintenant, vous êtes notre père ! ». Notre vie est une aventure à la suite de Jésus.

Dans mon dernier message, j’ai invité chacun à réfléchir particulièrement sur la notion d’Église domestique. Il est indéniable qu’au sein d’une famille priante et aimante un jeune garçon accueillera peut-être plus facilement l’appel de Dieu à devenir prêtre. Même des années plus tard ! Combien de prêtres peuvent témoigner avoir entendu cet appel dès le plus jeune âge ! Certes le modèle d’une famille chrétienne, priante, est moins commun aujourd’hui. Certains prêtres sont issus de familles athées. La famille est de plus en plus fragilisée. Beaucoup de membres de l’Église, laïcs et prêtres, prennent soin des personnes vivant une situation familiale difficile. Comment ne pas rendre grâce pour les personnes engagées au sein du Bercail à Chartres qui ont multiplié leurs efforts durant le confinement quand des femmes meurtries venaient frapper à la porte pour recevoir du secours ? Beaucoup de personnes vivent courageusement au sein d’une famille éclatée voire sans famille. Cependant notre effort doit être déployé par le soutien de ceux et celles qui choisissent l’engagement du mariage chrétien pour leur vie entière, qui élèvent leurs enfants dans la foi de l’Église, par la prière et la pratique religieuse. Ils servent l’Église selon leurs disponibilités tout en assumant un métier prenant. Ces familles sont comme les fines colonnes d’une église qui sont capables de porter ensemble la masse des murs et des toitures. Ne donnent-elles pas un témoignage qui rend désirable l’Évangile pour ceux qui les rencontrent ?

Nous ne pourrions cependant pas nous contenter de cela. Il faut bâtir des ponts et des lieux fraternels pour que ceux et celles qui désirent s’approcher de l’Église puissent être accueillis et cheminer avec d’autres. Personne ne doit être oublié. À chaque messe dominicale, ne pouvons-nous pas demander que lèvent la main les nouveaux venus et prévoir des personnes qui les rencontreront, leur proposant un contact et les invitant dans une fraternité ? Il est tellement triste d’entendre, comme cela arrive parfois, des personnes qui, alors qu’elles venaient dans une paroisse n’ont pas été accueillies. Même par un simple mot de bienvenue, une petite attention, une parole. Notre foi en Dieu a besoin de médiation, et chaque baptisé est ce médiateur au sein de sa communauté paroissiale.

L’été s’est installé, avec ses premières fortes chaleurs. Déjà des records sont atteints comme au nord de la Sibérie que l’on imagine toujours sous deux mètres de neige, où le thermomètre est monté à 38°. Je pense aux personnes en maisons de retraite confinées si longtemps et qui ne pourront pas sortir à cause des températures élevées. Mais l’été ce sont aussi les bains de mer, les promenades en forêts, les barbecues, les lectures dans un bon fauteuil, etc… Comment allons-nous nous ressourcer spirituellement ? Quelle retraite spirituelle sera possible ? Quelle paroisse allons-nous découvrir pour la messe dominicale ? Quelle lecture fera-t-on pour nourrir notre foi ? Il existe toujours le risque d’un relâchement, une paresse spirituelle. Dans la vie mystique, on parle d’acédie pour définir une forme d’ennui ou de dégoût qui nous font baisser les bras. Sans aller jusqu’au découragement, nous pourrions remettre à demain l’appel à nous rapprocher de Dieu. Alors comment ne pas mettre sous le boisseau notre élan spirituel ? Comment ne pas mettre entre parenthèses la vie pastorale de notre paroisse ? Comment continuer à se mettre au service ? Beaucoup de gens recherchent des projets nouveaux et innovants, en faveur d’une vraie écologie et des relations humaines de qualité. Mais les puissances de ce monde préparent la guerre avec des armements sophistiqués, investissant des sommes colossales. Le pape François nous dit qu’il faut désarmer le cœur de l’homme. Cela ne sera possible qu’en nous connectant à la source de la paix, de la vie et de l’amour. Cette source se nomme Jésus-Christ. Quelle est belle notre responsabilité d’intercéder et d’agir pour notre société et la présenter à la miséricorde de Dieu ! C’est la vocation très particulière des consacrés, des moines et les moniales mais c’est celle de tout chrétien. Ne baissons pas les bras, soyons fidèles, louons Dieu chaque jour et espérons toujours au-delà de toute espérance.

Dans les temps si particuliers que nous vivons, soyons des témoins infatigables ! Nous sommes nombreux à nous sentir, fort heureusement, en bonne santé, à peiner à imaginer que le virus qui a fait tant de morts et qui a fragilisé tant d’hommes et de femmes, soit toujours un danger ; c’est un devoir de charité que de veiller à la nécessaire prudence et à ne pas nous départir des mesures sanitaires qui doivent encore prévaloir.

Avec la Vierge Marie, livrons-nous maintenant à l’Amour.

Et je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Je vous propose de prier ensemble l’Angélus.

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 74 de Monseigneur Philippe Christory, Vendredi 19 juin 2020

« Par la présence de l’Esprit Saint, nous sommes libres »

Laissez-moi commencer par une belle joie, le baptême et la confirmation de cinq adultes à la cathédrale. Quelle patience fut la leur, eux qui espéraient être immergés lors de la Vigile pascale ! Ils sont dorénavant renés – cela veut dire qu’ils sont nés de nouveau, d’une nouvelle naissance – de l’eau et de l’Esprit ! Alléluia. Voilà qui fut béni. D’autres espèrent ce baptême qui offre le pardon de tous les péchés et qui ouvre le chemin de la vie éternelle.
Beaucoup de groupes au sein de l’Église relisent le temps du confinement et cherchent à cueillir les bons fruits pour en faire une nourriture spirituelle qui dure. Aussi en écrivant ce message, me vient le désir de vous parler d’une part de la sainte Messe puisque nous avons célébré la « Fête-Dieu », et aussi d’évoquer la maison comme « Église domestique » formule qui a fait son chemin durant ces mois.
La fête du Saint Sacrement appelée Fête-Dieu était, dimanche 14 juin, un sommet de l’année liturgique puisque nous y commémorons la sainte Cène et le sacrifice de Jésus qui se donne à nous par son corps et son sang eucharistiques. La messe est le sommet de notre vie catholique : « puisqu’il y a un seul pain, un seul vin, nous sommes un seul corps » dit saint Paul. L’Église est unie par la communion en Jésus-Christ qui offre sa vie pour notre salut. La messe est le fondement car le Christ s’offre sur l’autel. Son sacrifice qui le conduit par la crucifixion à sa mort et à son ensevelissement, est continué lors de chaque messe. Il est ressuscité et demeure auprès de nous. Chrétiens, nous désirons le suivre et être ses disciples. Beaucoup croient en Dieu qui s’est révélé par Jésus, le Verbe incarné en Marie qui l’enfanta. Je reçois actuellement, avec émotion, les lettres des confirmants, ces hommes et ces femmes, qui demandent le sacrement de la confirmation. J’y lis le profond désir d’atteindre une plus grande maturité dans la foi. Je découvre que certains quittent leur peur de dire qu’ils sont chrétiens et souhaitent annoncer Jésus. Mais nous devons comprendre que suivre Jésus, c’est porter avec lui la croix. Car il en va du salut de chacun d’entre nous, il en va du salut de l’humanité entière. Il y a ainsi beaucoup de joie dans l’Église à vivre la foi, à partager et à œuvrer ensemble en nous donnant aux autres. Mais un tel don enraciné dans l’amour est aussi une exigence et parfois une cause de souffrance. S’oublier pour les autres ne va pas sans peine. Mais que cela est beau et donne sens à notre vie !
Avoir la foi ne consiste pas à être membre d’un parti ou d’un clan, c’est recevoir la vie comme la sève venue des racines qui traverse le pied de vigne dont nous serions les sarments. Le Christ est ce pied et le Père du Ciel est le jardinier. Nous allongeons nos bras si frêles vers ce monde pour porter de bons fruits. Cela nous rend vulnérables, nous sommes soumis aux intempéries, mais comme nous sommes bien accrochés au pied, nous ne craignons pas les bourrasques. La messe nous permet d’être ensemble, comme les sarments fixés au même cep de vigne, pour écouter la Parole qui transforme notre vie selon la volonté du Seigneur. Nous communions au corps de Jésus, pain des anges : il nourrit notre âme et fortifie notre aptitude à choisir le bien.
Depuis le confinement sommes-nous revenus à la messe ? Beaucoup attendaient ce moment avec impatience. Mais tous n’ont pas encore repris le chemin de l’église. La peur du virus demeure. La peur est un sentiment, ce n’est ni une faute ni un péché. Nos frères et sœurs âgés ne sortent pas des maisons de retraite aussi facilement et certains préfèrent rester chez eux. Cependant nous pouvons compter sur le Seigneur. Nous le prions souvent pour les malades, aussi nous nous fions à la sainte providence pour être gardés du mal et de la maladie. A l’avenir, nous devrons poser un acte de confiance plus ample. La peur ne peut pas être notre maîtresse. La foi nous éclaire et nous fait espérer. Par la présence de l’Esprit Saint, nous sommes libres.
Je vous parlais aussi de l’Église domestique comme découverte durant le confinement. Votre maison est devenue pour beaucoup le lieu du partage, de l’écoute de la Parole, du chapelet, de la méditation, de l’angelus et même de l’eucharistie par les retransmissions. Cette vie spirituelle a suscité une communion palpable, un don de paix, un élan nouveau de foi aussi chez les adolescents et les enfants. C’est saint Jean Chrysostome, Père de l’Église, qui vécut au IVème siècle dans l’empire romain d’Orient qui parle de l’Église domestique : « En revenant à la maison, préparons une double table : une pour les aliments, l’autre pour la lecture de la parole de Dieu, et l’homme répète les choses qui ont été dites à l’église ; que la femme apprenne, que les enfants écoutent, que les serviteurs ne soient pas privés de cette lecture », écrit-il, dans ses Sermons sur la Genèse. « Fais de ta maison une église puisque tu dois rendre compte du salut de tes enfants et de tes serviteurs. » Vivre en sa maison cette réalité de l’Église domestique ne consiste pas seulement à mettre en place un temps de prière, c’est aussi laisser la grâce illuminer les relations familiales en commençant par celles entre époux. Comme à Cana, on fait alors l’expérience que l’on voit au mariage de Cana (Jn 2), le vin nouveau est toujours meilleur. Saint Jean-Paul II décrivait cette réalité : « De même qu’il est l’âme de l’Église, l’Esprit Saint doit aussi être celui de la famille, petite Église domestique. Il doit être pour tout noyau familial un principe intérieur de vitalité et d’énergie, qui maintient toujours ardente la flamme de l’amour conjugal, dans le don réciproque des conjoints »
Nous ne savons pas comment la société se relèvera des conséquences du confinement. Beaucoup sont marqués psychologiquement. Les soignants, les équipes pédagogiques des écoles, les forces de l’ordre et bien d’autres sont parfois moralement épuisés. Nous, chrétiens, espérons de Jésus-Christ le vrai repos de l’âme comme du corps et la paix du cœur. Je vous invite chacun. Venez à la table du Seigneur chaque dimanche sans craindre pour partager le repas eucharistique et faites de vos maisons des églises domestiques pour que l’amour de Dieu y soit la source de la vraie vie.
Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Ensemble, je vous propose de prier une fois de plus l’Angélus.
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 73 de Monseigneur Philippe Christory – Vendredi 11 juin 2020

« Barnabé, un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. »

En commençant ce message, je pense à chacun de vous, en ce 11 juin, jour de la fête de saint Barnabé. Il fut disciple, ami et compagnon de mission de saint Paul. Cette histoire est relatée dans les Actes des Apôtres. Paul et Barnabé furent missionnaires à Antioche sur l’Oronte, aujourd’hui ville turque du nom d’Antakya, où pour la première fois on nomma « chrétien » les disciples de Jésus ; puis ils partirent poussés par l’Esprit Saint vers Chypre. Barnabé est un beau prénom qui mériterait d’être donné plus souvent à des enfants. De lui on disait « C’était un homme de bien, rempli d’Esprit Saint et de foi. » (Act 11,24). Quelle reconnaissance ! Cela ferait une belle épitaphe, mais il faudrait en être digne. Qu’est-ce qu’un homme de bien ? De saint Joseph, l’évangile dit qu’il est un homme juste, c’est à dire pleinement ajusté à la justice divine. En effet Dieu fait justice en communiquant la vie à tout être et en faisant miséricorde aux hommes qui font le mal et qui s’en repentent. Être un homme juste consiste à vivre toujours dans l’espérance que l’amour reçu excède le mal que nous faisons. Certaines traductions écrivent que Joseph est un homme de bien. Cela voudrait-il signifier qu’il agit bien ? Un psaume dit : « Fais confiance au Seigneur, agis bien, habite la terre et reste fidèle ; mets ta joie dans le Seigneur : il comblera les désirs de ton cœur » (Ps 36,3-4). Or la plus haute action est de marcher à la suite du Seigneur et de vivre en sa présence. Agir bien consiste donc à faire la volonté du Père, dans l’obéissance à sa Parole. C’est la fidélité envers le Seigneur qui en jeu. N’est-ce pas là l’attitude qui exprime le mieux l’amour ? Un homme peut toujours offrir un bouquet de fleurs à sa bien-aimée. Est-il fidèle cependant ? Si oui, là sera le signe de son amour. Non pas seulement fidèle dans sa vie intime et sexuelle, mais fidèle dans ces milles choses de la vie que l’on fait humblement et qui apportent la joie et la paix. Dieu se souvient de celui qui est fidèle et « l’homme de bien gagne la faveur divine » (Pv 12,2). Dieu bénit son serviteur fidèle qui devient témoin de Dieu pour ses amis. A Dieu, l’homme de bien offre le meilleur de soi, son temps pour le prier et méditer sa Parole, qui sont autant de fleurs. Durant le confinement vous êtes nombreux à avoir pris du temps pour prier et lire les textes de la messe quotidienne. Continuez et décidez de garder ces temps spirituels. Le suite de ce confinement dépend de chacun de nous. Qu’allons-nous garder pour fortifier notre maison intérieure ? Personnellement j’ai éprouvé la joie de me lever tôt pour marcher autour du centre historique de Chartres en priant le chapelet avant l’oraison et les laudes. Mais je vois que la condition est de dormir le soir plus tôt, ce qui veut dire accepter d’achever tout dîner et tout travail tôt ! Exigence, mais source de paix car qui sauve sa prière le matin sauve sa journée. Chrétiens, nous ne pouvons pas vivre au rythme du monde ! C’est un choix à reprendre souvent dans la force de l’Esprit.

Cette semaine, comme évêque, j’ai suivi trois jours d’assemblée des évêques de France en visio-conférence. Heureuse technique cependant qui permet cela. Normalement nous sommes à Lourdes et pouvons échanger librement autour d’un repas, prier et célébrer ensemble l’eucharistie. Nous avons fait face aux difficultés consécutives aux interdits gouvernementaux pour préserver les gens de la contagion d’un virus qui, s’il n’affectait pas trop la majorité des personnes atteintes, a fait des victimes et laisse aujourd’hui de nombreuses personnes en grande faiblesse physique pour une longue durée. Chacun peut donner sa propre vie pour les autres, comme le firent bon nombre de saints soignants les pestiférés, mais personne n’a le droit de prendre le risque en connaissance de cause de contaminer les autres. Nous acceptons toujours les distances et les bonnes attitudes pour cette raison qui se nomme l’amour-agapé, c’est à dire la charité comme Dieu la donne. Entre évêques, nous avons échangé sur de nombreux sujets, sur les finances éprouvées par l’absence de quêtes durant ces mois, sur les relations avec les autorités publiques, sur la grâce du Renouveau dans l’Esprit que le pape François souhaite pour toute l’Église, sur le besoin d’approfondir encore la grave question des abus sexuels, avec l’accompagnement des victimes et la prévention. Sur ce sujet, si beaucoup de catholiques ne sont pas coupables, comme Corps du Christ donc comme Église, nous sommes responsables ensemble de ce que nous ferons demain pour prévenir toute forme d’abus. C’est à l’écoute, en Église, de l’Esprit Saint que pourront se dessiner les chemins de la mission. Ensemble, c’est à dire en associant dans une même communion tous les états de vie, avec leur diverses sensibilités et expériences ecclésiales et humaines. C’est bien ma joie de rassembler des équipes d’hommes et de femmes, avec les clercs prêtres et diacres, pour prier, réfléchir et mettre en œuvre les champs de mission que nous avons identifiés. Ainsi le Conseil épiscopal inclut cinq laïcs sur huit membres, deux hommes et trois femmes. Chez celles-ci, j’apprécie leur sens de la vérité, leur intuition et leur écoute, l’équilibre de leur jugement, leur capacité à promouvoir ce qui contribue à la paix. Le pape François comme ses prédécesseurs cherche à valoriser les places des laïcs. Saint Jean-Paul II écrivit en 1988 son exhortation apostolique « Les fidèles laïcs du Christ » et le pape François dans sa merveilleuse encyclique « La joie de l’Évangile » dit : « Je vois avec joie combien de nombreuses femmes partagent des responsabilités pastorales avec les prêtres, apportent leur contribution à l’accompagnement des personnes, des familles ou des groupes et offrent de nouveaux apports à la réflexion théologique. Mais il faut encore élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église. » (N° 103) S’il est question de manière récurrente de la place des femmes dans l’Église, et que cela reste à creuser plus encore, je me réjouis de voir combien de femmes sont en responsabilité auprès de moi dans le diocèse de Chartres. À vous laïcs, hommes et femmes, sont donnés des charismes qui, associés à vos talents, doivent se déployer dans la liberté pour l’annonce du Royaume.

Ensemble est donc un maître mot pour l’Église d’aujourd’hui surtout dans un contexte philosophique et sociologique tellement éloigné des fondements anthropologiques inspirés par l’Écriture et la nature. Par exemple la négation de la centralité de la biologie du corps pour qualifier l’être humain afin de promouvoir la théorie du genre remet en cause l’union même de l’homme et de la femme pour fonder une famille et enfanter. Lors du confinement, les promoteurs de l’avortement ont fait rallonger les délais légaux de deux semaines, dans la discrétion digne des complots, prétextant les difficultés pratiques des femmes pour arriver aux blocs opératoires. Dans le même temps de nombreux enfants nés sous GPA attendaient sans affection des parents adoptants qui ne pouvaient plus venir prendre possession de ces petits commandés et payés à cause de l’arrêt des vols d’avion. Chez nous, la règle absolue du strict confinement a privé durant des mois des personnes âgées de voir leurs enfants ou petits-enfants, certains choisissant de se laisser mourir de tristesse. Nos aumôniers d’hôpital ou de maison de retraite (sauf quelques exceptions qu’il faut saluer et remercier) se voyaient interdire d’accéder aux malades, puisque la vie spirituelle était ignorée des autorités politiques et reléguée comme réalité privée et secondaire. Quand la laïcité devient promotrice de la sécularisation militante, telle une marionnette agitée par des fils que tiennent certaines mains invisibles, alors voilà privé de tout réconfort face à la mort celui dont la vie lui échappe, et ainsi meurt-il seul et oublié. Durant ces trois mois, la mort a été enfouie, les défunts ont disparu et leurs proches ont tenté de faire leur deuil sans secours. Que de souffrances !

L’Église continue son chemin sensible à ceux et celles qui espèrent la consolation. Si certains veulent l’écarter, sa place est auprès des petits et des pauvres. Des pauvres et des petits en richesses matérielles, mais aussi de tous ceux qui vivent une réelle pauvreté du cœur et connaissent la douleur de la solitude, de l’isolement, de l’ignorance. Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, dans son discours final de la Conférence épiscopale, le 10 juin disait : « La liberté de l’Église est avant tout la revendication de la liberté de vivre l’amour de Dieu et l’amour du prochain, de servir tout être humain, quelle que soit sa condition sociale, de choisir la chasteté ou la fidélité conjugale, de préférer la pauvreté à la richesse, de s’efforcer de transmuer l’exercice de l’autorité en service de la vie des autres, et elle revendique de pouvoir annoncer à tout être humain qu’il est appelé à être, avant toute autre détermination, un fils ou une fille du Dieu vivant, et de l’insérer, autant qu’il ou elle y consent, dans une communauté qui est avant tout une communion. »

Dans la lumière de la Pentecôte, soyons des hommes et des femmes de bien, des personnes justes, à l’écoute de la Parole qui nous envoie écouter nos frères et sœurs, pour les conduire à Jésus. Le confinement nous a donné des occasions d’être meilleurs dans l’amour, cela continuera par la grâce de Dieu.

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ensemble, prions l’Angelus.

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 72 de Monseigneur Philippe Christory – Vendredi 5 juin 2020

« Marie, donne-nous Jésus, montre-nous Son Cœur ! »

Vous connaissez la question récurrente que l’on nous pose : « que va-t-il se passer après le confinement ? Qu’est-ce qui va changer ? ». Serait bien prophète celui qui peut le dire ! Notre président a annoncé qu’il préciserait prochainement les lignes d’un grand projet gouvernemental. L’Ecriture nous avertit : « Des nuages et du vent, mais point de pluie : tel est l’homme qui promet monts et merveilles ! » (Pv 25,14) Ne soyons pas pour autant dans la désillusion, mais en attendant un avenir meilleur même si incertain socialement, le Seigneur nous promet sa vie : « Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ? » (Jc 1,12) Le confinement a été l’occasion d’un chemin d’union au Christ. Beaucoup ont témoigné de leur proximité avec Dieu avec de moments de solidarité entre nous. Que conserver de cette expérience ? Quelle part allons nous garder pour l’avenir ? A Toulon, un parcours spirituel avait pris comme nom « la traversée », car ainsi est la vie. C’est une route escarpée et belle. Une traversée sur une mer inconnue et pas toujours calme. Nous y voyageons et nous en gravissons les marches dans la joie de l’Esprit. Dans l’Evangile de Luc, il est particulièrement notable que soit souvent mentionné le mot « route » pour parler des apôtres et des disciples qui faisaient route, ou encore d’oser se mettre en route sans rien, et aussi des foules qui faisaient route à la recherche de Jésus. La vie de foi est une route, comme Abraham partit sur une route inconnue, Dieu ne lui ayant pas indiqué vers où partir, mais lui ayant promis qu’Il le guiderait. La route dans la lumière de l’Esprit est ainsi. Nous ne savons pas où le Seigneur nous emmène, et cela peut nous inquiéter voire nous empêcher de prendre la route. « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai ! » (Gn 12,1) Mais Seigneur quelle est l’assurance tout risque qui me protègera ? Quelles garanties me donnes-tu ? Avec lui, point de tout cela. Mais une lumière, son amour miséricordieux. Si tu veux suivre le Christ en lui donnant tout, y compris ton corps par le choix de la vie consacrée dans le célibat pour le Royaume, alors c’est l’inconnu, mais aussi l’espérance car il marchera à tes côtés. Fais-lui confiance. L’après-confinement sera donc pour la société ce que chacun de nous y fera, surtout pour l’Amour dont nous avons tellement besoin, et il sera ce que je déciderai de vivre dans la lumière de l’Esprit. Changement de vie ou stagnation dépendent de nous, dans un contexte difficile pour l’économie mais passionnant pour qui veut être témoin du Christ. Nous sommes avertis de notre fragilité. C’est le moment de comprendre que la route doit être nouvelle. 

Cette semaine, nous avons eu une sorte de quasi séance de rattrapage, non pas les partiels ou les examens scolaires mais la messe chrismale, rendez-vous placé habituellement le mardi qui précède Pâques, or ce fut le 2 juin. Beaucoup de prêtres et de diacres y étaient présents avec des laïcs venus des quatre coins du diocèse. Pour l’évêque que je suis, ce fut un moment de grâce, voir les prêtres entourés par beaucoup de vous autour de l’autel du Saint Sacrifice de la messe, où je célébrais la messe depuis deux mois sans la présence des fidèles. Nous avons béni l’huile des malades, l’huile des catéchumènes et le saint Chrême parfumé d’un bon parfum d’une parfumerie de l’agglomération chartraine – qu’elle soit vivement remerciée. Là, comme en d’autres moments liturgiques importants, nous comprenons mieux le don d’être ensemble, de concélébrer unis pour offrir au Père du Ciel le sacrifice de Jésus afin de sauver les hommes et les femmes qui attendent le salut. Le Corps de Jésus, peuple de Dieu, célébrant les saints mystères, quel bonheur pour un évêque. Notre fécondité dépend toujours de notre communion. C’est la fraternité qui donne la fécondité et la fraternité devient réelle dans la communion des coeurs en présence les uns des autres. Jésus prie instamment le Père pour que nous soyons un avec lui et entre nous, comme lui est un avec le Père. Pas d’autre voie que cette unité en lui, qui prévaut dans la variété des sensibilités et des richesses personnelles. 

Ce dimanche 7 juin, le diocèse proposera un rendez-vous de prière à ceux qui le veulent. Nous voulons y invoquer l’Esprit Consolateur en vue de la guérison. C’est l’invitation de Jésus qui nous a motivés « Allez, guérissez les malades ! » (Mt 10,8). En entendant cet ordre (car ce n’est pas une proposition facultative dans l’Evangile), comment ne pas nous sentir très démunis ? Qui sommes-nous pour espérer que nous allons guérir quelqu’un ? Pourtant les apôtres osèrent invoquer le nom de Jésus pour obtenir la santé du corps et de l’âme des personnes rencontrées. Il est même écrit que les personnes malades alitées sur des brancards que touchait l’ombre de saint Pierre étaient guéries (Cf. Act 5,15). Face au Covid, nous aurions aimé cela. Devant une telle demande de Jésus, nous sommes simultanément perplexes et dans l’espérance. Le Seigneur a même dit : « celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père » (Jn 14,12) Nous désirons avancer dans la foi. Toutes nos prières les plus cachées semblent si petites, mais Dieu les collectent comme un trésor et celles-ci fécondent nos vies. Rien n’est perdu de ce qui est donné à Dieu avec Amour. Cette prière se déroulera à la Cathédrale à partir de 14h30. Dans les différentes paroisses, il suffira que des laïcs avec l’accord du pasteur ouvrent leur église et s’y retrouvent simultanément avec Chartres, très simplement, grâce à la feuille d’animation disponible sur le site du diocèse, prient la Vierge Marie, lisent l’Evangile, intercèdent, demeurent en silence face au tabernacle où réside la Présence Réelle de Jésus. On pourra réciter le chapelet souvent prié dans les hôpitaux et les maisons de retraite. Tout ceci doit être simple et profond. Je rêve d’une grande chaîne de prière dans tout le département, un cénacle à l’échelle du diocèse. 

Maintenant, pour nous préparer à ce moment en pensant à ceux et celles qui sont très éprouvés par la maladie, me revient ce jour la figure touchante d’une épouse et maman de quatre jeunes enfants, décédée en 2011 d’un cancer. Anne-Sophie aimait la Vierge. Elle écrit dans son journal : « Prière à Marie. Je lui confie ma guérison. J’ai bu de l’eau de Lourdes et ai frictionné tout mon corps avec. Si quelqu’un peut obtenir ma guérison du Seigneur, c’est elle.

Envie de la connaître, de la prier plus longuement. Envie de méditer sur Marie au pied de la Croix. Que ressent-elle ? La Peur ? La Douleur ? Comprend-t-elle ou non ? » 

Deux semaines avant de s’envoler vers le Ciel, elle composait la prière qui suit : 

« Marie, Notre Dame du Rocher, tu es notre mère si douce. Tu as bercé Jésus Petit Enfant, alors prends-nous aussi dans tes bras. Nous te présentons ce que nous sommes avec nos richesses et nos pauvretés, nos réussites et nos échecs, nos désirs et nos peurs. Tu connais chacun d’entre nous car nous sommes tes enfants.

Nous avons besoin de toi pour nous guider, nous montrer le Chemin quand nous doutons, quand nous nous égarons, quand nous n’avons plus la force d’avancer. Sois notre Etoile dans la nuit, toi la toute pure. Tu étais là au pied de la Croix, ton Cœur a été transpercé en même temps que celui de ton fils et depuis ce jour tu es devenue notre Mère.

Donne-nous Jésus, montre-nous Son Cœur ! Donne-nous le tien pour l’aimer ! Aide-nous à l’accueillir dans nos vies pour que son Amour se répande autour de nous. Nous pourrons alors vivre ensemble dans la paix, nous qui sommes tous enfants d’un même Père. »

Anne-Sophie repose à Paray-le-Monial, cité du Coeur de Jésus, son dernier adieu rassembla des jeunes nombreux de la cité de banlieue parisienne où, avec sa famille, elle avait vécu en mission pour l’Eglise, personnes de toutes les religions et de toutes les sensibilités sociales unies sous les voutes de la basilique romane où montèrent des louanges et des cris « Anne-Sophie on t’aime ». Où était la guérison, pouvait-on s’interroger ? Certes pas celle de son cancer, mais dans tous les coeurs touchés par sa foi et son courage. Quelques mois plus tard, son époux rencontrait une jeune femme veuve comme lui, maman de quatre jeunes enfants, ils se marièrent ensemble et eurent un premier enfant; s’accomplissait ainsi la promesse d’Anne-Sophie qui lui avait dit qu’au Ciel elle prierait pour qu’il se remarie vite ! Nous avons une merveilleuse famille au Ciel reliée à nous, c’est cela la communion des saints. 

Avec la Vierge Marie, livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Ensemble, je vous propose de prier une fois de plus l’Angelus. Avez-vous pris maintenant l’habitude si bonne de réciter cette prière qui est aussi notre déclaration de foi en l’incarnation de Dieu par le sein de Marie ? Elle est la porte du Ciel par laquelle la divinité rejoint l’humanité fragile qui est la nôtre. 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Pentecôte – Message 71 de Monseigneur Philippe Christory – Samedi 30 mai 2020

Je voudrais vous remercier de vos mots enthousiasmants pour ce que notre Eglise a fait durant le confinement. Personnellement, je me propose de vous faire un message chaque semaine. Cela veut être un lien entre nous et un encouragement pour une belle vie spirituelle. Allons de l’avant, joyeux, dans la lumière de l’Esprit Saint ! Merci de toutes vos prières pour notre mission.

« Livrons-nous à l’Amour, au Feu de l’Esprit ! »

Ce dimanche, fête de la Pentecôte soit le don de l’Esprit reçu par les disciples, nous prions pour une nouvelle effusion de l’Esprit sur l’Eglise en Eure & Loir et en France. Mardi 26 mai, nous fêtions Saint Philippe Neri, mon saint patron de coeur. On l’appelle souvent le saint de la joie, celle du Saint Esprit. Grande figure du XVIe siècle, Florentin même s’il vécut à Rome. Comment cet homme, qui arrive jeune adulte dans la ville éternelle mise à sac par les armées de Charles Quint, lieu aux mœurs dépravés, là où l’Eglise est remise en cause par un néo-paganisme et où les chrétiens se cachent pour éviter les moqueries, comment Philippe Néri enracine sa vie dans le Christ et devient un missionnaire extraordinaire ? D’un optimisme inébranlable, cet homme de foi, plein d’humour, audacieux dans la mission, rassembla des disciples pour louer Dieu, les enseigner et faire des pèlerinages. Sa présence rendit l’Évangile contagieux particulièrement à travers la confession et l’adoration eucharistique.

Il rassembla, construisit la magnifique Chiesa Nuova, là il fonda l’Oratoire. Qu’est-ce donc que cet Oratoire Saint Philippe Néri ? C’est une vie sacerdotale qui se définit comme une vie familiale sous le même toit, unissant les membres par le seul lien de la charité fraternelle proposée comme but et moyen de sanctification. Cette vie commune est au service d’un apostolat commun qui participe à l’œuvre d’évangélisation de la ville où est implantée la maison.

Comment peut-il nous inspirer au sein de notre société athée qui non seulement ignore Dieu mais lui oppose une culture païenne ? Saint Philippe nous encourage à nous ouvrir à la puissance de l’Esprit, en nous laissant conduire par lui pour devenir un peuple de louange et une communauté fraternelle. Il ne s’est pas laissé arrêter par les difficultés. Un éleveur mongole disait lors d’un très beau reportage télé : « plus nous avons de problèmes, plus nous avons de solutions ! ». Saint Philippe a accueilli le réel de la vie romaine de son époque, il a abordé un problème à la fois dans la lumière du Seigneur. L’Esprit Saint ne dénonce pas le monde mais nous guide, nous protège et nous donne à voir la lumière extraordinaire de l’Amour de Dieu pour chaque pas à faire.

La fête de la Pentecôte conclue le temps pascal et notre lecture liturgique du livre des Actes des Apôtres qui racontent comment l’Esprit Saint a conduit les apôtres aux quatre coins de l’Empire Romain pour annoncer la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Christ. Nous avons lu que les refus et les épreuves ne manquèrent pas mais aussi comment les églises locales se sont constituées autour des anciens, les épiscopos que l’on appelle aujourd’hui évêques, et comment les oeuvres du Seigneur furent manifestées par des miracles et des conversions.

Est-ce que ce temps de folie est révolu ? Certes nous pouvons comprendre que le Seigneur se manifestait avec puissance à une époque où rien n’existait encore, et nous pourrions penser que dorénavant nous sommes des personnes sages, posées et sensées, que nous avons des bibliothèques entières de bons livres spirituels, des universités catholiques et même des écoles, que le XXIème siècle est celui de la raison. Et pourtant l’Esprit continue à forcer nos intelligences à se plier face à sa puissance, nous demandant un saut dans la foi, pour l’invoquer souvent afin de recevoir ses charismes, pour oser aller avec audace vers les périphéries, quitte à se faire traiter de fou ou passer pour des personnes pleines de vin doux, comme les premiers apôtres.

Notre belle Eglise ne peut pas se purifier de son péché sans se laisser remplir par Dieu. Rappelez-vous cette parabole somme toute étrange où Jésus parle d’un esprit chassé d’une maison et voilà que sept autres plus méchants reviennent occuper l’espace rendant la vie pire encore (Cf. Mt 7,45). Notre âme ne peut laisser le mal entrer car elle est créée comme demeure de l’Esprit Saint. Pour nous tous, ceci n’est pas une option. Ce n’est pas un choix spirituel individuel. Ce n’est pas l’expression d’une sensibilité charismatique. C’est une nécessité vitale. Sans le Saint Esprit en soi, non seulement nous ne pouvons rien faire, mais en fait nous sommes morts. Le Christ repart vers le Père pour que nous puissions recevoir la force venue d’en haut, le Saint Esprit, le défenseur, le Paraclet, notre avocat et notre consolateur. Se laisser remplir par l’Amour qui est l’Esprit, voici notre voie spirituelle. Ainsi de l’intérieur, l’Esprit nous consolera, nous inspirera et nous conduira.

Comment serons-nous témoins comme les apôtres qui témoignent à Jérusalem ? Comment l’Esprit Saint peut-il, à travers notre vie, faire voir aux non croyants que la vérité, c’est le Christ ? Non pas tant par de belles paroles, ni par une attitude droite parfois un peu austère, ni encore par notre bonne morale. Il est entendu que Dieu peut toucher le coeur d’un homme isolé sans médiation quelconque. Mais ce n’est pas la voie habituelle qu’il emprunte. Le grand saint Paul, converti face à la porte de Damas, avait déjà été atteint sans s’en rendre compte par la foi du diacre saint Etienne lapidé devant lui. Etienne était lumineux, certes un peu fol en Christ, tout sauf raisonnable dans ses propos. On le choisit pour s’occuper des tables or il prêche aux juifs la Résurrection. Etienne aimait passionnément son Seigneur et il témoignait. Comment aimer comme saint Etienne ? En devenant un intime de Jésus par la connaissance de l’Evangile, en vivant des sacrements, en se laissant saisir et remplir par les charismes de l’Esprit, en étant frère de ses frères et soeurs chrétiens. Alors l’amour nous saisissant, nous serons portés à sortir vers le monde et lui dire combien il est aimé, combien chacun a de la valeur aux yeux de Dieu, combien nous pouvons avoir confiance car la Providence divine est à l’oeuvre. Je rêve d’une Eglise qui lève les bras au Ciel pour louer, qui fasse monter vers Dieu des chants et des cantiques inspirés, qui accueillent fraternellement ceux et celles qui tapent à notre porte. Je rêve d’écoles catholiques où tous y prient ensemble, faisant monter vers Dieu leurs demandes pour l’éducation des enfants. Je rêve de Cénacles de prière où hommes et femmes accueilleraient le feu de l’Esprit. Je rêve de familles rassemblées autour de Jésus, en présence de la Vierge Marie, où l’on dise que l’on s’aime. Je rêve que l’Esprit Saint donne à certains de se pardonner leur infidélité pour retrouver une profonde communion. Je rêve d’une communauté ecclésiale où hommes et femmes déploient librement leurs charismes et leurs talents. Je rêve, mais c’est déjà là en train de germer, de fruits merveilleux. Si tous nos rêves deviennent réalité, alors le Royaume de Dieu sera manifesté et les êtres humains se retrouveront tous d’un même coeur, formant la grande famille des enfants de Dieu. Saint Philippe Néri ne s’est pas arrêté à l’immense tâche qui était à vue humaine impossible à réaliser. Il a mis toute sa confiance en Dieu, et a fait des pas vers les autres. A sa mort en 1595, Rome n’était plus la même ville, l’Eglise vivait une nouvelle Pentecôte.

Livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 70 de Mgr Philippe Christory – Dimanche 24 mai 

«  Marie, Notre Dame du Cénacle, accompagne notre prière »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous y sommes. Nos messes reprennent doucement certes, certaines personnes préfèreront par prudence attendre encore quelques semaines, tout en suivant nos assemblées par Radio ou video. Les fidèles seront responsables de leur attitude, des distances physiques mais qui ne doivent pas être des barrières pour la vie fraternelle, chacun pouvant inventer le geste adéquat pour s’accueillir mutuellement. Il est possible que les contraintes imposées suscitent en réalité plus d’attention les uns pour les autres. 

Le confinement qui nous a comme enfermés chez soi, a pu être pour beaucoup de personnes l’occasion de rangements, de peintures et de nouveaux aménagements dans la maison. De même, dans la vie spirituelle, il y a parfois besoin d’un grand ménage. C’est un peu comme dans ces chambres d’enfants ou d’adolescents que l’on découvre tellement encombrées que la mère de famille ne peut les traverser sans risque de tomber à cause des jouets et des vêtements qui traînent. La vie spirituelle a besoin d’un cadre nouveau et propre, pour permettre un nouvel élan et il faut savoir faire aussi le ménage. En ce dimanche pascal, au cœur de la neuvaine de Pentecôte, juste après l’Ascension, nous sommes conduits au Cénacle comme les apôtres pour prier et entrer dans la gloire de Dieu. Alors nous pouvons ensemble réfléchir à cette vie nouvelle, pour nous débarrasser de ce qui l’encombre et pour rentrer dans la puissance de l’Esprit Saint et recevoir ses dons.

En cette première partie, regardons comment les apôtres sont au cénacle dans l’attente d’un tel don. Faisons un bref retour sur l’histoire récente de leur groupe. Depuis quarante jours les apôtres ont retrouvé plusieurs fois Jésus ressuscité qui les a confortés sur leur mission et leur a annoncé son départ.  L’Ascension est racontée par Saint Luc dans les Actes, Jésus les quitte et est élevé au ciel. Il disparut à leurs yeux. Eux retournent ensuite à Jérusalem où ils se mettent en prière dans la chambre haute d’une maison appelée le Cénacle. Qui sont les personnes présentes au Cénacle ? Les onze apôtres, onze car Judas est mort, la Vierge Marie mère de Jésus et des femmes sûrement celles qui accompagnaient Jésus durant sa vie publique. C’est la première communauté en attente de l’Esprit Saint. Jésus leur a confié les clés du Royaume, avec le pouvoir de guérir, de pardonner, de baptiser, manifestant sa pleine confiance en eux; là leur mission commence. Il est dit dans le texte qu’ils ont tous un même cœur. Cela fait écho au cœur de chair prophétisé par le prophète Ezéchiel, symbole d’un amour nouveau donné par Dieu. Avoir un même cœur, c’est vivre un même élan d’amour et, pour ces hommes, avoir le même désir de témoigner de la résurrection et de l’amour que Jésus leur a prodigué. Il est dit qu’ils sont, au Cénacle, assidus à la prière. Dans la tradition juive le culte est important tant au temple qu’à la synagogue. Les juifs connaissent les psaumes et les prient souvent. Mais la prière ici acquiert une dimension nouvelle car elle est une voie spirituelle nouvelle en vue d’une relation avec Jésus-Christ vivant au milieu d’eux comme il l’a promis. 

Jésus est maintenant élevé au Ciel, il retrouve la gloire céleste qu’il avait avant sa venue auprès de Dieu. Sa disparition est l’occasion d’une nouvelle manifestation miraculeuse de la présence divine par le signe de la nuée. L’Ascension est une épiphanie. Pour l’église qui demeure sur terre, la présence glorieuse de Jésus-Christ sera dorénavant rendue visible par l’action de l’Esprit Saint à l’oeuvre dans l’Eglise et parfois chez des païens qui viendront demander le baptême. Le récit des Actes des Apôtres et la vie des saints en témoignent abondamment. Jésus-Christ glorifie son Père par l’obéissance aimante à sa volonté. À notre tour, nous glorifions Jésus dans l’Eglise par notre obéissance et notre méditation amoureuse de sa Parole. Le chemin pour l’Eglise est de faire advenir sur Terre la gloire de Dieu par notre prière, notre louange et par notre charité qui est comme le débordement concret de notre union à Dieu. L’eucharistie que nous retrouvons ce jour est le source et le sommet de la manifestation glorieuse de Jésus, tout en étant son sacrifice continué afin de sauver le monde de son péché et, en France tout particulièrement, de notre ingratitude manifestée par beaucoup qui ont rejeté Jésus et son Evangile en s’attachant aux faux dieux. 

Aussi pour conclure cette méditation, je vous fais la proposition suivante : vivre comme chrétien toutes nos relations comme au Cénacle. Vous et moi constatons qu’il existe des tensions dans beaucoup de groupes de travail particulièrement en entreprise, dans la vie des équipes par exemple pédagogiques de nos écoles catholiques, ou encore dans la vie des familles. La mode est au coaching pour se faire aider à communiquer. Le confinement a pu nous offrir des moments positifs de Cénacle, c’est-à-dire quand nous nous retrouvions d’un même cœur. Le risque cependant serait de se contenter d’un bien-être naturel, d’une cohésion sympathique. Dans les entreprises nous utilisons volontiers des techniques de collaboration positive et de communication non violente. Pour les apôtres et ces femmes, la clé de leur unité c’est d’être « assidus à la prière ». Cette communion priante rapproche leurs cœurs. Quels en sont les fruits ? L’expérience montre que l’union des cœurs au Christ, dans la prière et à l’écoute de l’Esprit, permet à chacun d’expérimenter une paix nouvelle, une profonde unité, la joie intérieure et un accroissement de la confiance mutuelle. Il y a donc une grâce à demander et à choisir avec l’engagement de notre volonté : faire de tous ces moments de la vie sociale, tant dans l’Eglise que dans le monde, un « Cénacle à ciel ouvert », autant de moments connectés à Jésus-Christ que l’on vit dans la prière pour avoir un même coeur. La paix sera donnée à notre société car alors le rayonnement lumineux de la présence de Jésus ne sera pas empêché. 

Rappelons nous la présence de la Vierge Marie au Cénacle. Là elle ne dit rien de connu. Mais elle témoigne par sa prière silencieuse du don de l’Esprit. Comme elle devait être belle et lumineuse Notre-Dame du Cénacle, renouvelée dans la puissance de l’Esprit qui lui avait donné la joie d’être mère de Jésus et qui maintenant lui donnait la joie d’enfanter à nouveau des disciples pour son Fils, en étant pleinement la Mère de l’Eglise. 

Ce message est le soixante-dixième depuis le début du confinement. Je vais changer de vie en reprenant davantage contact avec le terrain. Vous aurez de mes nouvelles de temps en temps, mais il ne me sera plus possible de vous écrire quotidiennement. Je vous remercie de votre écoute, en espérant que mes mots ont soutenu votre union au Christ, et vous ont encouragés à prier pour plus nous aimer les uns les autres. Aimez-vous toujours ! Là est le chemin. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, tournons nous vers la Vierge Marie, Notre-Dame du Cénacle, pour la prier avec l’Angelus : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 69 de Mgr Philippe Christory – Samedi 23 mai 

« Ne vivez pas chez vous comme avant ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous sommes toujours en temps pascal dans la joie de la résurrection. Mais maintenant, en cette neuvaine de prière en vue de la Pentecôte s’est ouvert un chemin très particulier. Les apôtres et les disciples invités par Jésus avant son départ à se mettre en prière et à attendre l’Esprit promis ne savaient pas ce qui adviendrait ni comment cela se ferait. C’est avec une certaine crainte des représailles policières, toujours possibles, qu’ils s’installèrent plusieurs jours au Cénacle à Jérusalem dans une grande salle. Là ils priaient avec ferveur, reprenant les psaumes, se racontant mutuellement toutes les oeuvres accomplies par Jésus, apprenant par coeur ses enseignements pour les transmettre plus tard. Pour nous, il en va différemment puisque nous avons connaissance de ce qui s ‘est passé ce jour de Pentecôte, saint Luc a décrit les manifestations physiques qui accompagnèrent la venue du Saint Esprit, la joie partagée. En eux, tous furent libérés de la peur, ce qui leur qui permit de sortir et d’annoncer la résurrection aux auditeurs qui les entendirent parler dans toutes les langues. 

La puissance de l’Esprit commençait là cet élan d’évangélisation qui, depuis deux mille ans, parcourt la planète au grès de l’accueil ou du rejet. Chaque génération doit accueillir à nouveaux frais l’Evangile et entrer dans le projet de vie voulu par Dieu. Nous en sommes les témoins pour aujourd’hui, ici en Eure & Loir ou là où nous vivons. 

Nous allons reprendre nos célébrations. Nous les avons espérés depuis des semaines. Le gouvernement donne son feu vert. Cependant il nous faudra respecter les bons gestes sanitaires, le port du masque durant toute la célébration aussi pour la communion, le gel sur les mains dès l’entrée, une distance d’au moins un mètre entre fidèles, la communion dans la main, le geste de paix sans contact. Cela appellera un surcroît d’attention et de fraternité les uns pour les autres, afin que cette limitation ne soient que physique. De cela tous nous seront responsables. J’ai plusieurs fois invité les catholiques à contacter leur curé, à manifester leur disponibilité pour préparer cette reprise. Nos célébrations ne pourront avoir lieu que dans la mesure où cela sera bien organisé par vous laïcs, nos prêtres ayant à se recentrer sur le culte et la prédication. Nous avons espéré une Eglise renouvelée. C’est maintenant ce qui doit être par le jaillissent de la charité et la joie évangélique. 

La Pentecôte approche. La vie chrétienne s’appuie sur les dons de l’Esprit Saint. Le premier est toujours le don de la foi. Nous sommes catholiques, car membres de l’Eglise et nous avons accueilli Jésus comme Seigneur de notre vie personnelle et concrète. Sa Parole nous est précieuse, elle donne la Sagesse, elle inspire nos choix. Le Christ est tout. Cela peut être compliqué car nous ne le voyons pas et nous sommes si dispersés par nos multiples tâches et responsabilités. Cependant le vrai disciple est celui qui suit le maître. La foi est un grand don, qui a besoin de rendez-vous, car la relation avec Jésus est faite d’amour, soit d’écoute et de temps passé ensemble. C’est là la richesse de la méditation de l’Evangile. Que faisait-Jésus ? Comment parlait-il ? Quel était son regard sur les autres et les pauvres ? Comment était-il frère des hommes et des femmes qui l’accompagnaient ? C’est cela que nous devons imiter, en nous imprégnant de ce qu’il fut dans sa vie humaine, et notre charité sera alors le rayonnement de sa présence divine en nous vers les autres. La foi ne se perd pas, ce qui se perd c’est la relation, quand nous ne prions pas et quand nous ne nous parlons pas. Pour reprendre les conseils de personnes saintes qui furent des priants et des mystiques, la foi ne se mesure pas à ce que j’en ressens. D’ailleurs dans un couple, nous ne pesons pas à chaque instant l’amour, nous le vivons simplement dans une relation faite de tendresse et de respect, d’écoute et d’accueil. Les sentiments ne peuvent pas être le baromètre de la foi. Ils sont parfois ce petit plus qui nous soutient par pure grâce de Dieu. Quand une personne est hospitalisée comme pour le Covid, il sera fort probable que ses sentiments seront au second sous-sol, qu’elle aura des difficultés pour vibrer d’amour pour ceux qui la soignent, pour ressentir l’amour et la force que donne le Saint Esprit. Cependant si cette personne en a la force et la volonté, elle pourra se tourner vers Dieu, en passant par la Vierge Marie, dans une prière fidèle et simple comme le chapelet, qui ne sera pauvre que par la forme mais qui sera grande par l’intention et le fond. La foi nous fait espérer que tout est vrai, que le Seigneur nous accompagne. 

Le second don de l’Esprit qui est le rayonnement de notre foi est la charité dans le sens le plus haut, soit l’amour divin qui passe par nous, à travers nos paroles et nos actes, comme une eau vive déversée par Jésus en nous, un torrent qui ne se tarit pas à qui fuit le péché et désire toujours aimer. Cette charité se fait témoignage qu’un plus grand que soi vit en soi. Saint Paul se voyait avec lucidité et disait que dorénavant c’était le Christ qui vivait en lui. Parfois nous le constatons quand notre parole rejoint en vérité une personne souffrante, quand un geste tombe à pic et compatit. Nous savons que l’Esprit a agi, que nous y sommes pour bien peu, mais nous avons laissé le souffle passer. 

Aussi, ce temps de Pentecôte qui permettra à l’Eglise de revivre ensemble la Sainte Messe, se prépare par un effort de prière et de louange. Je ne peux que vous encourager à invoquer quotidiennement l’Esprit Saint pour avoir un coeur prêt, nouveau, un coeur de chair apte à aimer plus largement. Durant le confinement, nous avons pris de belles habitudes de prière en famille ou entre amis par les vidéos. Ne laissez pas cela refroidir. Gardez fidèlement ce que vous discernerez comme important. Il va être exigeant de le faire, d’y être fidèle, mais ce sera la source d’une force intérieure, d’un amour amplifié pour Dieu et votre prochain. Un chant dit « ne rentrez pas chez vous comme avant ». Aussi vous dis-je volontiers la suite : « ne vivez pas chez vous comme avant, changez vos coeurs, cassez vos peurs, vivez en hommes nouveaux ». 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, tournons nous vers la Vierge Marie, Reine de la création pour la prier avec l’Angelus : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 68 de Mgr Philippe Christory – Vendredi 22 mai 

« Avec sainte Rita, dans l’attente du feu de l’Esprit Saint ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous venons de fêter l’Ascension du Seigneur Jésus-Christ, ce moment historique de sa vie qui lui rend toute Gloire, et qui signifie pour chacun de nous que la porte du Ciel est ouverte, qu’une place nous y est préparée, que notre véritable destinée est là, que tout l’amour que nous aurons donné ici-bas sera ressaisit dans la perfection de Dieu, que tout y sera accompli. Pour le moment nous écoutons Jésus nous demander de nous aimer les uns les autres, contrairement à France Info qui disait de nous protéger les uns des autres ! J’en profite pour remercier ceux et celles qui préparent leur église pour la reprise des célébrations en les nettoyant, marquant des itinéraires de circulation, en plaçant les sièges à une juste distance pour que nous y soyons bien ensemble pour vivre l’eucharistie. Bravo !

En ce vendredi, je voudrais conclure avec vous mes messages sur l’encyclique Laudato Si du pape François qui parle de l’écologie intégrale. Mais avant cela, comme nous sommes le 22 mai, je fais mention d’une très belle sainte italienne du XVème siècle, fort aimée partout, Sainte Rita de Cascia. Nous la voyons souvent en statue, religieuse vêtue de noir, avec une drôle de blessure sur le front. Souvent nous l’invoquons comme la sainte des causes désespérées. Mais savons-nous qu’elle fut aussi épouse et maman ? Elle est née en 1381 à Roccaporena en Ombrie dans cette belle campagne proche d’Assise. Ses parents, Antonio Manchini et Amata Ferri étaient de pauvres paysans, lui transmirent l’amour de Dieu. Elle fut l’enfant du miracle, une grossesse très tardive, une enfant unique. Bébé on aperçut des abeilles lui apporter du miel sur la langue. Ses parents la marièrent tôt car ils étaient âgés quand elle naquît et ils craignaient pour son avenir. Pourtant elle souhaitait entrer en religion. Son époux, Paul Mancini, était un de ces chefs de clan qui dominaient la contrée, violent et autoritaire. Elle décida de l’aimer et de prier pour sa conversion. Ils eurent deux garçons et cet homme peu à peu eut un coeur nouveau et devint doux au point de ne plus porter ses armes. Un drame arriva, il fut assassiné par des ennemis jaloux. Rita affligée craignait surtout que ses deux fils maintenant adultes ne se vengent au nom de la Vendetta. Elle priait pour eux afin de leur épargner l’enfer, peine qu’ils subiraient si ils mettaient en oeuvre un tel plan maléfique. Or ils moururent tous les deux de maladie dans l’année. Enfin libre, sûre qu’ils étaient tous au Ciel, elle entra au couvent non sans mal car elle était déjà une femme mûre, sans dot à apporter au couvent, pas aussi malléable que les plus jeunes et fort avancée dans la vie spirituelle. Il fallut un vrai miracle pour que le monastère l’accepte. Là, simple soeur, elle vécut une expérience mystique originale : d’une couronne d’épines peinte sur un tableau, une épine sortit et frappa son front y laissant une plaie suppurante et malodorante toute sa vie. A cause de cela, et aussi de sa vie avancée en sainteté, certes fort humble, elle se retrouva mise à l’écart dans sa propre communauté. Cependant sa prière portait beaucoup de fruits et sa réputation se fit de son vivant, beaucoup de personnes venant demander conseil, prière et guérison. Jusqu’à son agonie, elle a 76 ans, en plein hiver, la ville enneigée, elle demande à sa cousine une rose que celle-ci trouvera effectivement dans la jardin familial. Son crucifix fut toute sa vie ce qu’elle appelait son Evangile car tout y est dit. 

Cette sainte nous a rapproché de saint François d’Assise que Rita aimait beaucoup. Le pape François dans son texte rappelle l’adage spirituel sur la sobriété « Moins est plus » comme règle d’un nouvel art de vivre écologique. Ce sera passionnant de réfléchir à ce qu’est la spiritualité écologique, fondée sur une relation à la nature où l’on peut retrouver Dieu créateur présent et agissant. La sobriété offre une plus grande liberté. Cela est difficile à comprendre puisqu’une société fondée sur le paradigme techno-économique affirmera a contrario que la vraie liberté se réalise dans la possibilité de posséder et de consommer sans se limiter. Il est frappant lorsque l’on consulte un site de vente en ligne pour un certain produit que l’on mette sous vos yeux d’autres objets avec l’argument suivant : « ceux qui se sont intéressés comme vous à ce produit se sont laissés séduire par ces autres. ». La sobriété est la voie avant-gardiste d’un bonheur qui se réjouit de ce qui est simple, en recherchant à fortifier les quatre relations qui tissent une véritable écologie intégrale : avec soi, avec les autres, avec la nature et avec Dieu créateur de ce qui nous entoure. L’homme est tiré de la terre, de l’humus dit la Bible, d’où sa vocation à l’humilité, vertu nécessaire à un équilibre dans nos relations, malheureusement vertu en voie de disparition parmi l’élite formée dans les grandes écoles où l’on apprend à être des leaders en vue du pouvoir et non pas en vue du service d’autrui. « La nature est pleine de mots d’amour » dit le pape François. Par la contemplation, toute personne humble qui écoute son coeur et la nature peut entendre ces mots d’amour puisque nous croyons que l’oeuvre de création est un fruit direct de l’Amour divin. Le christianisme est justement une religion de l’incarnation, car Dieu s’est fait chair, a pris corps à partir de cette nature dans le sein d’une femme, la Vierge Marie. Le fait que Dieu par son Verbe, par qui tout a été fait, touche la matière et se donne par la matière dans le pain et le vin qui deviennent son corps et son sang dans le mystère eucharistique, ce fait frappe notre intelligence pour nous dire tout le bien que représentent les êtres vivants. L’eucharistie est célébrée le premier jour de la semaine qui est aussi le premier jour de la création pour le livre de la Genèse. L’eucharistie est le sacrement de la nouvelle alliance qui sauve toute l’humanité du péché. 

Ecoutons encore  ce que dit le Saint Père : « Le Seigneur, au sommet du mystère de l’Incarnation, a voulu rejoindre notre intimité à travers un fragment de matière. Non d’en haut, mais de l’intérieur, pour que nous puissions le rencontrer dans notre propre monde. Dans l’Eucharistie la plénitude est déjà réalisée ; c’est le centre vital de l’univers, le foyer débordant d’amour et de vie inépuisables (…) L’Eucharistie unit le ciel et la terre, elle embrasse et pénètre toute la création. » (N° 236) Quel mystère magnifique ! Prions pour que de jeunes hommes soient nos prêtres de demain. Nous avons tant besoin de la Parole et des sacrements. Nous attendons en ces jours les directives du gouvernement pour reprendre nos célébrations publiques de la sainte Messe. Cela nécessitera la mobilisation du plus grand nombre pour accueillir et animer nos célébrations en ces mois de confinement déconfiné. Je ne peux que vous encourager à contacter votre curé pour exprimer votre disponibilité. Je vous en remercie. 

Maintenant entrons dans la neuvaine de prière vers la Pentecôte. Elle nous fait désirer les dons du Saint Esprit. Prions en ce sens chaque jour, demandons au Père sa venue, puisque Jésus l’a promis, « combien plus le Père enverra-t-il l’Esprit à ceux qui le lui demandent. » (Lc 11,13)

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, tournons nous vers la Vierge Marie, Reine de la création pour la prier avec l’Angelus : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 67 de Mgr Philippe Christory – Jeudi 21 mai 

L’Ascension… notre coeur est tourné vers le Ciel !

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

C’est un moment mystérieux. Pour les apôtres, cela est certes une épreuve traversée par un sentiment de solitude et d’abandon. Mais c’est aussi le commencement d’un chemin accompagné par la confiance divine qui s’exprime envers les premiers disciples : « allez de toutes les nations, faites des disciples » leur dit Jésus. Ils ne sont plus seulement ceux qui suivaient le maître, ils sont dorénavant ceux qui seront serviteurs d’un Évangile à annoncer au nom du maître.

Commençons par nous intéresser à ce qui s’est passé ce jour là.

C’est bien un moment historique. Cela est vrai de deux façons. La première est que cette ascension se passe un certain jour du temps. C’est aussi un jour de la vie de Jésus-Christ, son dernier ici-bas. C’est donc un moment historique très concret. Mais c’est aussi un moment historique parce que là l’histoire de l’église commence vraiment. Rappelons-nous un peu ce qui s’est passé les jours qui précèdent l’Ascension. Jésus-Christ est mort sur la croix d’une manière affreuse. Le troisième jour il ressuscite et il apparaît d’abord aux femmes qui l’avaient suivi puis aux apôtres. Pendant quarante jours, plusieurs fois et en différents lieux, Jésus vient vers eux et les conforte, il les enseigne. Au bord du lac de Tibériade, il demande à Pierre de conduire le troupeau. Cependant il annonce plusieurs fois son départ. Le récit de son ascension se retrouve dans le commencement du livre des Actes des Apôtres écrit par Saint Luc, disciple médecin qui désire enseigner ces faits à un jeune converti nommé Théophile. Nous savons combien Luc prenait soin des détails et qu’il s’est renseigné auprès des témoins visuels pour rendre compte de ces événements. Il est écrit que Jésus s’éleva et disparu dans une nuée, soit le signe visible de la présence de Dieu comme c’était le cas au-dessus de l’arche d’alliance dans le désert. Enfin Luc rapporte le grand étonnement des disciples qui restent là jusqu’à ce que deux personnages angéliques les rassurent et annoncent qu’il reviendra de la même manière qu’il est parti, c’est-à-dire dans cette même gloire. En attendant il ne faut pas qu’ils restent là sans rien faire et le regard tourné vers le ciel mais qu’ils partent pour la mission.

Que dit l’événement de l’Ascension ?

Tout d’abord Jésus-Christ n’est plus avec eux. Dorénavant, les apôtres doivent être ses témoins. Toute l’annonce du Royaume repose sur leurs frêles épaules. Leur force sera leur communion, leur unité et leur amour fraternel. Jésus les avait encouragés : « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples. » Ce départ néanmoins s’accompagne d’un message important de la part de Jésus qui affirme : « tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. » Il siège dorénavant à la droite du Père. Il est le commencement et la fin. Il est maintenant au-dessus de tout être céleste : Principauté, Souveraineté, Puissance et Domination, au-dessus de tout nom que l’on puisse nommer…  Il est la tête de l’Eglise qui est son Corps que Dieu comble totalement de sa plénitude. » affirme l’épître aux Hébreux. Ainsi Jésus est simultanément absent et présent. Il n’abandonne pas son petit troupeau, l’Eglise, mais le rassure : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Enfin, avant son départ, Jésus avait fait une promesse merveilleuse qui serait l’envoi prochain de l’Esprit Saint. Il le nomme le défenseur, le Paraclet et dit que l’Esprit leur enseignera toute chose. Ils n’auront plus à craindre ce qu’il faudra dire, même devant les tribunaux, car ils seront alors inspirés par lui.

La vie chrétienne commence pleinement à ce moment.

Nous les humains avons besoin de lumière et de voir le ciel. C’est vrai dans la nature comme actuellement lorsqu’une belle météo nous réjouit. Notre vie chrétienne, en Eglise, est supportée par plusieurs piliers. Le premier est la prière; soit demeurer comme au Cénacle lorsque les apôtres attendent le don promis. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’est inaugurée la prière des neuvaines car il y a neuf jours entre l’Ascension et la Pentecôte. Ensuite nous choisissons de demeurer dans la confiance car la vie est là devant nous accompagnée par le Seigneur. Chaque jour nous pouvons recevoir la force promise de l’Esprit Saint. L’activité centrale de toute vie chrétienne sera de faire ce que Jésus a demandé, soit baptiser au nom du Père, et du fils, et de l’Esprit Saint. Nous vivons chaque journée comme une Pentecôte et Jésus a annoncé que nous verrons des choses plus grandes encore que celles que lui a faites parce qu’il est dorénavant avec le Père. Chacun de nous est témoin de la résurrection, en nous mettant en route, en allant vers nos frères et sœurs qui attendent la rencontre de celui qui s’offre à tous, Jésus. Il nous donne la liberté des enfants de Dieu, fait appel à notre décision, soutient notre enthousiasme et fortifie notre foi. Nous pouvons sortir et aller vers les périphéries car, avec le Saint Esprit, nous ne craignons plus d’oser et d’être ce que nous sommes par grâce, des enfants de Dieu, des frères et soeurs de Jésus, des pierres vivantes dans l’Eglise. 

En conclusion, notre espérance en ce jour de la fête de l’Ascension est de le rejoindre un jour auprès du Père et c’est là que nous vivons déjà en espérance. L’auteur de la lettre aux hébreux nous propose de continuer ce chemin sans fléchir et en affirmant notre espérance en la vie éternelle. Aussi nous ne perdons pas courage car le Christ est ressuscité, il est vivant avec nous. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions l’Angelus : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 66 de Monseigneur Philippe Christory – Mercredi 20 mai

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Notre longue lecture de l’encyclique du pape François arrive presque à son terme. Nous avons ouvert ces pages denses pour nous imprégner des situations pour certaines dramatiques que subissent les écosystèmes naturels. Nous avons compris que tout est lié et que c’est l’ensemble des relations qui, s’harmonisant, tissent le fondement d’une écologie humaine intégrale. Nous sommes sensibilisés à l’importance de l’action de chacun, au pouvoir des communautés locales, aux enjeux de tous faire ce qui est possible pour rendre la vie quotidienne plus heureuse, à la nécessité d’apporter la paix et d’entrer dans la contemplation. Nous parlions de l’enjeu difficile de choisir un autre style de vie en vue duquel l’éducation aura une place décisive particulièrement dans les familles pour que les enfants soient éveillés sur ce sujet. Nous avons surtout entendu nous dire que tout n’est pas perdu, et que si certains constatent l’avancée des désordres, beaucoup peut être fait afin de vivre mieux sur la Terre notre Soeur, pour que les générations futures reçoivent l’héritage que nous leur transmettrons avec joie. La planète est un trésor à chérir et à embellir, un espace de vie et non de mort.

Ce jour, c’est avec une vraie joie que je vous mets quelques réflexions sur la conversion écologique qui mènera à un projet de joie et de paix. La conversion est un retournement du coeur. Jésus-Christ nous appelle à nous convertir sans cesse. Car nous ne sommes pas créés et aimés pour une vie de péché mais pour la communion avec Dieu, entre nous, avec soi et avec la nature. Parfois il sera nécessaire de faire une relecture de cette communion que l’on peut aussi appeler examen de conscience, en vue d’un changement de coeur. La confession sacramentelle gagnera à embrasser ces quatre relations de la vie. Notre rapport à la nature, puisque que nous parlions d’elle comme un cadeau reçu de Dieu, peut devenir le lieu de notre sainteté quand nous choisissons de la garder et de la chérir. La spiritualité écologique, dont je vous parlais hier, s’enracine dans la foi de l’Eglise et la lecture des Evangiles. Elle inspire notre façon de penser, de sentir et de vivre. Elle suscite des motivations personnelles pour la conservation du monde. Au fond, plus nous cultiverons notre attachement au Christ et serons dans la gratitude pour ses dons et son amour, plus nous serons portés à admirer et préserver la nature où il nous envoie annoncer la Bonne Nouvelle. Modelé par la charité de Dieu, l’homme devient charitable pour l’environnement et supporte de moins en moins l’agression et la violence qui s’y observent. « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Mt 5,9) Cette béatitude promet à celui qui oeuvre pour la paix d’être fils, d’être héritier de la vie divine, mais découvre qu’être fils de Dieu est lié à être artisan de paix, cela devient une nouvelle identité, soit fortifier par le travail les quatre relations en vue de la paix. Et la paix n’est-elle pas la meilleure chance, la seule peut-être, pour sauver l’environnement ? Nous avons à « vivre la vocation de protecteurs de l’oeuvre de Dieu, ce qui n’est pas optionnel » dit le pape. (N°217)

De même que notre foi est personnelle et communautaire, et non pas individuelle, la conversion écologique est aussi une conversion communautaire. Si le Christ invite ses auditeurs à regarder les oiseaux du ciel et les fleurs des champs, il le dit aux apôtres, à l’Eglise naissante donc maintenant à chacun de nous. C’est ensemble, en communauté, que ce chemin se fera, car nous ne sommes pas déconnectés, mais bien au contraire tous reliés les uns aux autres. Là est le projet divin et là est le désir du Christ qui prie le Père pour que nous soyons UN ce qui veut dire unis profondément comme lui Jésus est uni à Dieu le Père. Cela est extraordinaire, au-delà de tout rêve humain, et l’Esprit Saint nous est donné pour permettre cette communion que le pape nomme « la fraternité sublime avec toute la création » reprenant là la spiritualité franciscaine.

Quelle voie pour avancer ? Le pape parle du choix de la sobriété et de l’humilité, illustrant cela par l’adage « moins est plus ». Le projet qu’il présente est bien résumé par : « La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. C’est un retour à la simplicité qui nous permet de nous arrêter pour apprécier ce qui est petit, pour remercier des possibilités que la vie offre, sans nous attacher à ce que nous avons ni nous attrister de ce que nous ne possédons pas. » (N° 222) Cette sobriété n’est pas la récession, mais une capacité à jouir des choses les plus simples, en favorisant les relations fraternelles, en cherchant une harmonie sereine avec la création, en prenant le temps de réfléchir sur notre style de vie. La force de la foi est d’inonder ce chemin d’une lumière surnaturelle qui donne confiance, qui fortifie la confiance, qui fait aimer les autres différents de soi, qui donne une profondeur aux activités que nous entreprenons car nous les discernons comme bonnes et importantes non seulement pour nous-mêmes mais aussi pour la communauté humaine. Par des attitudes de joie et des sourires, des regards aimants, des aides et de l’écoute, ces relations humaines tisseront un autre chemin politique en vue d’une fraternité universelle qui suscitera une écologie intégrale et par conséquence la préservation de l’environnement. « La nature est pleine de mots d’amour » dit le pape; aussi avec une belle météo ces jours prochains, allons l’écouter en marchant dans le silence.

Demain nous célébrerons la fête qui nous fait lever le regard vers le Ciel où Jésus nous précède par son Ascension. Levons les yeux, voici notre Seigneur, accueillons le car il donne sa paix.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 65 de Monseigneur Philippe Christory – Mardi 19 mai

Laudato Si du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale.
« Prêter attention à la beauté et l’aimer ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Aujourd’hui, nous avons la joie d’une belle météo et cela nous permet de contempler la beauté de la nature en Eure et Loir, la densité des verts, l’eau des rivières, les oiseaux qui chantent le matin, les cultures qui sortent des terres grasses, tout cela est admirable et permet de continuer à réfléchir sur l’écologie intégrale avec le pape François. Nous en arrivons au sixième chapitre intitulé « éducation et spiritualité écologiques ». C’est un passionnant sujet, car l’éducation est une activité qui nous est familière et les enfants comme les adultes sommes de plus en plus attentifs à l’écoute de la nature et nous nous laissons instruire par elle grâce aux émissions de télévision, aux livres, aux photos et par tous les passionnés de l’écologie. Cependant parler de spiritualité écologique, voilà ce qui est nouveau et original. La spiritualité est la vie de l’Esprit en nous et notre réponse à cette présence divine. Comment la relier à l’écologie ? Nous avions parlé de l’Ecriture Sainte qui nous dévoile le projet de Dieu de nous confier la création, elle-même créée par pur Amour et gratuité. Puisque nous recevons la nature du créateur avec la vocation d’en prendre soin, de la servir et d’y puiser la nourriture qui nous est nécessaire, oui il y a bien une spiritualité écologique dans l’action de grâce, dans le respect de ce trésor, dans le soin que nous avons de cultiver cet héritage pour le transmettre aux générations futures, par la louange que nous faisons monter vers Dieu. Cette spiritualité est celle d’un saint François d’Assise qui reprend par son cantique de la création les inspirations des textes bibliques tel le cantique de Daniel : « Et vous, le soleil et la lune, bénissez le Seigneur, et vous, les astres du ciel, bénissez le Seigneur, vous toutes, pluies et rosées, bénissez le Seigneur ! Vous tous, souffles et vents, bénissez le Seigneur » (Dn 3, 62-65)

Pour entrer dans cette voie nouvelle, le saint Père demande que nous choisissions un autre style de vie. Face au mécanisme consumériste compulsif, reflet du paradigme technologique économique, nous découvrons que la liberté que nous revendiquons souvent est en fait sous la coupe du pouvoir de l’argent qui nous séduit et nous entraîne. Ces jours de confinement ont pu nous libérer quelque peu de cela, mais nous pourrions être tentés de compenser dès que possible par des achats compulsifs pour « se faire du bien » comme nous le disons. Certes notre humanité peut se sentir menacée par des cataclysmes, des désastres naturels, mais elle l’est aussi par l’égoïsme de tout un chacun quand l’homme est autoréférencé et s’isole dans sa propre conscience. Mais nous gardons l’espérance car, écrit le pape, « cependant, tout n’est pas perdu, parce que les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose. Ils sont capables de se regarder eux-mêmes avec honnêteté, de révéler au grand jour leur propre dégoût et d’initier de nouveaux chemins vers la vraie liberté. » (N° 205) Aussi le pape nous met devant notre responsabilité : « Il n’y a pas de systèmes qui annulent complètement l’ouverture au bien, à la vérité et à la beauté, ni la capacité de réaction que Dieu continue d’encourager du plus profond des cœurs humains. Je demande à chaque personne de ce monde de ne pas oublier sa dignité que nul n’a le droit de lui enlever. »

Pour prendre un nouveau départ, comme cela a déjà été noté, la communauté de base, soit chacun de nous, peut avoir un vrai impact. Le moindre acte bon élève le monde. Ramasser quelques détritus comme le faisait Carole dans les rues de Chartres, sert la planète. Limiter l’usage de l’eau pour sa douche économise ce bien précieux. Refuser de jeter de la nourriture par une meilleur gestion de ses achats et de son réfrigérateur est un acte vertueux. Et combien d’autres encore sont possibles et à notre portée. Le pape insiste sur notre époque comme l’espace pour un hommage à la vie qui est lié à la justice et au partage. Cela inclut une plus grande capacité à sortir de soi vers l’autre. Le pape nous affirme que « l’attitude fondamentale de se transcender, en rompant avec l’isolement de la conscience et l’autoréférentialité, est la racine qui permet toute attention aux autres et à l’environnement, et qui fait naître la réaction morale de prendre en compte l’impact que chaque action et chaque décision personnelle provoquent hors de soi-même. » (N° 208) Pour Dieu, chacun de nous est digne de confiance et possède des talents pour ce projet immense si nous acceptons de nous mettre au service du bien commun et de cette planète Terre.

Voici sur quoi le nouveau défi éducatif écologique peut se fonder, non pas juste choisir de bien manger et de ne pas jeter, mais une attitude qui jaillit du coeur, éclaire la conscience, met en relation, fait désirer un nouveau mode de vie. C’est avant tout le rôle des parents dans l’unité familiale car là l’enfant découvre la valeur de l’amour et de l’amitié, fondements pour une écologie durable. Là encore l’enfant découvre sa responsabilité par la confiance que lui font ses parents, se voit charger d’un espace qui lui est confié, est éduqué à contempler la nature et à chérir tout être vivant, rend grâce dans la prière personnelle et familiale auprès de Dieu. Là il est éveillé au bien et apprend à refuser les faux dieux de cette société qui, certes brillent de leurs feux artificiels, mais n’apportent pas le bonheur, juste un peu de plaisir souvent si éphémère.

Tout cela appelle une conversion écologique mais comme le sujet est encore riche, je vous en réserve la primeur pour demain mercredi. Que ce jour merveilleux vous donne quelques occasions de bénir Dieu pour la nature.

Un ajout maintenant lié à l’actualité Covid : hier lundi, le Conseil d’Etat s’est prononcé clairement contre les décisions gouvernementales interdisant les célébrations en déclarant qu’elles sont une grave atteinte à la liberté de culte et possiblement illégales. Il demande que les bonnes mesures sanitaires soient prises. Quelles seront donc les mesures imposées en ce sens ? Huit jours pour nous le dire ! Nous prions bien entendu pour les victimes du virus, le personnel soignant que nous n’oublions pas, avec le désir de retrouver nos assemblées de prière et liturgiques qui sont le coeur du culte catholique.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 64 de Monseigneur Philippe Christory – Lundi 18 mai

Laudato Si du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale.
« Avec l’aide de Dieu et un peu de sueur ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Comment se motiver pour faire bouger les lignes sur la question écologique ? Quand nous regardons en profondeur les drames qui frappent les populations du monde, surtout les plus pauvres, à cause du grave désordre écologique, nous pouvons nous dire soit qu’il est trop tard, soit que nous n’y pouvons rien, soit que c’est à d’autres de bouger, etc. Il est facile de rester stoïque, d’enfoncer la tête dans le col du manteau et de se dire que la tempête passera. Le pape dans son cinquième chapitre de l’encyclique Laudato Si – Loué sois-tu – présente quelques lignes d’orientation et d’action. Il y a un mot que revient toujours, c’est dialogue. L’être humain est un être de relation, et les solutions difficiles qui pourront être promues en vue du bien commun et d’un respect de l’environnement passeront par un dialogue de confiance. Or nous sommes nombreux, non seulement comme habitants de la planète, mais aussi comme nations, et responsables politiques. Ouvrir un dialogue demandera de l’énergie et de l’enthousiasme. En avez-vous ?

Permettez moi une pensée personnelle. Notre monde, cet ensemble de sociétés humaines, a besoin de charité. Ce mot charité n’est pas utilisé en politique où l’on parle éventuellement de solidarité. Sont solidaires des êtres vivants qui se considèrent semblables, partageant un même écosystème, motivés par une cause commune. Or la charité, telle que l’Evangile la propose, est l’amour agapé, celui qui se donne totalement au-delà du raisonnable, ce qui veut dire pour une société humaine au-delà de tout intérêt personnel et partisan, sans attente d’un retour économique. Un don justifié parce que c’est tout d’abord digne pour soi que de se donner pleinement et que l’autre vaut plus que soi, car il est créé à l’image du Dieu invisible. Comme l’enseignait Mère Teresa auprès de ses frères et soeurs les missionnaires de la charité, les pauvres, aussi sales et blessés soient-ils, sont le Christ que vous touchez. La charité fait voir avec les yeux du coeur ce que les yeux de chair n’atteignent pas, une grandeur et une dignité d’enfant de Dieu. Le fondement d’une vraie écologie est la charité car alors toute personne entrant dans ce regard sera capable d’oeuvrer avec tous ses talents pour le bien commun, au-delà d’un bénéfice personnel pour son clan, sa famille ou son entreprise, et pour l’avenir au-delà d’un résultat immédiat si souvent exigé par l’électorat politique impatient de voir aboutir ses demandes consuméristes ou partisanes. Or comment grandir dans la charité ? Comment promouvoir cette valeur humaine dans la société civile ? Certes quelques personnes fondent leur vie sur un humanisme respectueux des autres et généreux. Mais dans le concert des nations, c’est bien le pouvoir et l’argent qui dominent les choix politiques et du coup écologiques. Ces derniers reçoivent la piécette que le système veut bien leur accorder tant que les bénéfices des entreprises ne sont pas mis en cause. Nous pourrions nous demander si un système politique peut oeuvrer avec charité ? Je crains que non, et malheureusement les formes de répression et de sanction (135 euros si vous êtes pris sans la bonne attestation !) montrent que le système ne fait pas confiance et donc n’est pas charitable. Car une expression importante de la charité est la confiance donnée à l’autre qui se concrétise dans la subsidiarité. Normalement la démocratie devrait être fondée sur la confiance, mais le constat est souvent autre.

Positivement le pape Francois rappelle les sommets internationaux en faveur de l’écologie qui, durant plus de trente ans, ont consacré leur travaux à des thématiques importantes : les gaz à effet de serre, les mouvements de déchets dangereux et leur élimination, la désertification, la commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées, la couche d’ozone amincie, l’accès à l’eau potable, la déforestation, etc. Mais le constat est dur car, par manque de décision politique, aucun accord général vraiment significatif et efficace n’a abouti sur l’environnement. De belles intentions sont formulées, des films émouvants sont regardés, on fait des photos des participants, mais le pouvoir de la finance et de la technique continue en affirmant que seul le développement économique apportera une réponse globale écologique. Or cela ne fonctionne pas, d’autant que les bonnes volontés, et il y en a parmi les responsables politiques, sont contrecarrées dans beaucoup de pays par des pouvoirs parallèles comme les trafiquants en tout genre et le crime organisé. Par ailleurs on aimerait que les coûts de projets plus écologiques ne grèvent pas les possibilités financières des états, ce qui est impossible pour les pays plus pauvres, qui ont donc besoin de financements solidaires de la part des pays riches. Comment trouver un consensus global et mondial ? Sommes-nous prêts à payer plus pour mieux vivre demain, nous et les générations futures, en acceptant une plus grande sobriété de vie avec une consommation énergétique diminuée volontairement ?

Heureusement il existe des possibilités quand la politique offre des espaces de créativité aux citoyens, quand le dialogue s’installe entre les acteurs de terrain, quand on bâtit ensemble un système fondé sur la charité où chacun est inclus. Je cite le pape : « La diversification de la production ouvre d’immenses possibilités à l’intelligence humaine pour créer et innover, en même temps qu’elle protège l’environnement et crée plus d’emplois. Ce serait une créativité capable de faire fleurir de nouveau la noblesse de l’être humain, parce qu’il est plus digne d’utiliser l’intelligence, avec audace et responsabilité, pour trouver des formes de développement durable et équitable, dans le cadre d’une conception plus large de ce qu’est la qualité de vie » (N°192)

Finalement dans ce chapitre du texte Laudato Si, le saint Père reprend la question des religions dans les débats sur l’écologie. L’Eglise peut jouer un rôle important et nécessaire. Le pape François dit en effet : « l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun. » (N° 188) L’Eglise est supranationale et est présente partout. Elle est capable d’animer un projet. Le Saint Père affirme un point très important : sur quels principes éthiques sera motivé l’effort de tous en vue d’une écologie intégrale ? Quelle force justifiera que l’on se mobilise pour plus de cohabitation fraternelle, de bonté mutuelle, de sacrifice, d’entraide entre nations ? Comment irons-nous défendre toujours et avant tout les besoins des populations menacées et pauvres ? J’invite chaque catholique à creuser cette question non pas en faisant de la théorie, mais en commençant par prier pour recevoir de l’Esprit Saint un amour toujours plus fort, une charité vraie qui n’exclut pas les autres. Puis à se rassembler, car ensemble nous sommes meilleurs, et voir alors ce qui est possible localement. Oui, une simple allumette peut allumer un grand feu. Là est la force d’une population unie qui entraine le système économique et politique sur une nouveau chemin. Mais il faudra se battre pour cela car l’homme résiste toujours au changement. Avec l’aide de Dieu et un peu de sueur !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 63 de Mgr Philippe Christory – Dimanche 17 mai 

Laudato Si du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale

«  S’il vous plait, ne vous habituez pas ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Ne vous habituez pas en ce dimanche à vivre sans la Sainte Messe. L’état veut nous préserver du virus mais il nous prive toujours de nous rassembler soit de vivre l’essentiel. Chrétiens, nous sommes dans le monde sans être du monde, et cette souffrance peut stimuler notre désir de demeurer en présence de Jésus-Christ. Comment ? En lisant seul ou en famille les textes de la messe de ce jour, en partageant ce que l’Esprit nous inspire, en priant les uns pour les autres et pour cette société malade du covid-19 mais surtout atteinte par l’épidémie du rejet de Dieu et souvent du désordre écologique qui en découle, car alors l’idole est l’orgueil de l’homme. Or un vrai renouveau écologique a besoin d’humilité pour défricher un nouveau chemin à l’école de l’Evangile et de la nature. 

Nous avançons dans la lecture passionnante du texte du pape François sur l’écologie appelé « Laudato Si – Loué sois-tu ». Le pape a commencé par un regard large sur ce qui se passe dans ce qu’il nomme la maison commune, ou la planète bleue notre Terre. Déjà nous découvrions combien la question écologique est complexe, car elle ne peut être réduite à manger bio et à bien traiter nos déchets. Il en va de toutes nos relations car, répète-t-il souvent, tout est lié. Dans ce qu’il appelle l’évangile de la création, ce qui veut dire la Bonne Nouvelle, nous comprenons à la lumière des écrits bibliques que la création que l’on peut appeler la nature est un cadeau de Dieu offert par pur amour. Celui-ci nous est confié. Notre travail est donc de la servir sans l’asservir. De la développer sans l’exploiter, d’y trouver notre nourriture sans l’épuiser. Ainsi pourrons nous transmettre ce cadeau aux générations suivantes, encore plus porteur de vie. Mais nous devons aussi être lucides sur la dramatique dégradation de tant d’écosystèmes qui, pour certains, sont irrémédiablement détruits. L’homme a été capable de ruiner en deux siècles ce que la nature a mis des millions d’années à nous préparer. Face à une technique dominante qui, certes peut apporter des moyens qui rendent la vie plus facile, enferme de plus en plus l’homme en tant qu’objet de consommation, dans une culture mortifère, le pape pense un nouveau projet culturel fondé sur une nouvelle éthique supposant des relations, le partage, la contemplation, la gratuité, la responsabilité et la subsidiarité. Nous espérons que les choix personnels que nous ferons changeront la société dans une recherche du bien commun, du bien des pauvres surtout. 

Tout est lié car l’ensemble des vivants, êtres humains, animaux et végétaux, forment un ensemble relié. C’est donc par une approche intégrale que le pape pense l’écologie. Ainsi l’écologie est économique, elle demande de réfléchir les rapports humains entre eux et avec l’environnement en tenant compte des savoirs différents. L’écologie est aussi sociale car l’état des institutions d’un pays a un impact direct sur l’environnement. L’environnement est la relation entre la nature et la société qui l’habite. Il est nécessaire d’avoir des lois qui régulent ces rapports humains notamment avec la nature et il faut aussi l’institution politique capable de faire appliquer ces lois non pas par la contrainte mais par l’adhésion, d’où le besoin d’un système éducatif intégrant toutes ces relations y compris notre relation avec Dieu. Quand les hommes reconnaissent que l’environnement où ils vivent est un don de Dieu, ils bénissent le Seigneur et ils prennent soin de la terre. L’écologie est aussi culturelle, car l’homme a développé un patrimoine culturel fantastique, des savoirs multiples, des traditions parfois ancestrales, des savoir-faire merveilleux. Mais la vision consumériste tend à homogénéiser les cultures et elle affaiblit cette immense variété culturelle. Les solutions en vue d’une écologie intégrale émergeront en partant des cultures particulières sans leur imposer un mode de vie qui s’annoncerait meilleur. 

Notre pape est très lucide. Evêque en Argentine, il a vécu souvent à côté de chrétiens des bidonvilles ou des quartiers menacés par les trafics. Il connait sans illusion la capacité des êtres humains à faire le mal. Mais il est toujours capable de nous parler d’un chemin de vie et d’espérance. Pour exemple il voit que dans des environnement urbains totalement dégradés sans service de voirie et de propreté, les personnes vivent là de profondes relations interpersonnelles et entretiennent bien leur petite maison. « Je veux insister sur le fait que l’amour est plus fort… Dans ces conditions, beaucoup de personnes sont capables de tisser des liens d’appartenance et de cohabitation, qui transforment l’entassement en expérience communautaire où les murs du moi sont rompus et les barrières de l’égoïsme dépassés. » (N° 149) Bien entendu, tout ne va pas bien pour autant et il en va d’une véritable responsabilité écologique de proposer des espaces de vie sains, des transports publics corrects, où la beauté est favorisée car elle élève les âmes et apaise. 

Dans ce chapitre, le pape François insiste sur le principe du bien commun. Qu’est-ce que cela signifie ? Il dit que « c’est l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ». Ce bien présuppose le respect des personnes, notamment dans leur capacité à susciter un progrès favorable à la collectivité et à toute personne notamment les plus fragiles. C’est aussi la cas de la famille, si dramatiquement désarticulée aujourd’hui par les ruptures et les idéologies comme celles du genre qui font fie du fondement qu’est la nature biologique de l’être humain. Etonnante perversité de cette vision quand les mêmes personnes encouragent l’écologie : manipuler les grenouilles devient un délit, mais manipuler l’être humain ne poserait pas de problème !

Enfin la pape achève ce chapitre sur l’écologie intégrale en parlant de la justice entre les générations. En effet les hommes ne peuvent pas vivre le présent en consommateur et ignorer ce que sera la vie future pour leurs descendants. La terre qui nous est confiée appartiendra à ceux qui viendront après nous. Or « le rythme de consommation, des gaspillages et des détériorations de l’environnement a dépassé les possibilités de la planète. » (N° 161) Beaucoup de problèmes qui surgiront sans aucun doute viendront de notre vie présente axée sur l’immédiateté. Comment le monde vivra-t-il demain en paix quand les enfant découvriront que les richesses sont entre les mains de nantis et que la majorité bénéficient des miettes de la table, vivant dans des conditions inhumaines ? Si nous n’ouvrons pas nos yeux sur le besoin de justice, aujourd’hui et en vue des prochaines générations, le drame sera pire que ce que nous imaginons.

Mais voici pourquoi nous ne perdons pas espoir. Jésus-Christ nous communique ses dons par l’Esprit Saint. L’évangile de ce dimanche, tiré de saint Jean, promet que Jésus enverra le Paraclet, notre défenseur, qui nous enseignera toutes choses. C’est la personne de l’Esprit Saint. Mettons nous à son écoute. Préparons nous en ces jours par une belle neuvaine à l’Esprit Saint afin d’être éclairé. J’affirme qu’il y a assurément quelque chose que chacun peut faire vers ce plus de l’écologie intégrale. Il faut y réfléchir ensemble, partager et agir surtout. Solidaires, nous sommes tous concernés. S’il vous plait, ne vous habituez pas ! 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 62 de Mgr Philippe Christory – Samedi 16 mai 

Laudato Si du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale.

«  La Racine humaine de la crise écologique »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Toute activité humaine a un impact plus large que ce pour quoi elle agit ou produit. Par exemple, les entreprises fabriquent des millions de masques quotidiennement pour nous protéger, mais ces masques sont jetés parfois à terre au grand dam des employés municipaux qui craignent le virus. Tout progrès humain ou toute technique nouvelle ne peut s’exonérer d’étudier les effets collatéraux de sa production. 

Dans le chapitre troisième de son encyclique Laudato Si que nous lisons ensemble ces jours pour nous préparer au cinquième anniversaire de sa parution – le 24 mai -, le pape François aborde un sujet complexe car philosophique « la Racine humaine de la crise écologique ». Pour faire une comparaison avec un fait très actuel pour le diocèse, si vous construisez une maison, il importe de vérifier que le sol en dessous soit sain et solide, pour éviter ce qui nous arrive en plein centre de Chartres, rue du Cheval Blanc, avec un effondrement des caves médiévales probablement dégradées par des fuites d’eau depuis les égouts. Le Saint Père concentre son propos sur le « paradigme technocratique dominant ». Qu’est-ce que cela veut dire ? Dans les sciences, un paradigme désigne un modèle fondé sur des principes et des méthodes partagés par la communauté scientifique, qui a valeur de croyance voire de théorème, d’où sa valeur universelle pour l’ensemble des personnes. Dans le passé, nous n’avions jamais eu une telle préséance de la technique. Aujourd’hui elle est tellement dominante, notamment via l’incontournable réseau Internet, que penser une autre culture est vu comme vouloir une contre-culture dont les petits bras seront incapables de contrer la logique de fer de la technique dominante. 

Il m’est bien entendu difficile de résumer les pages denses du texte que je vous invite à lire tellement il est éclairant sur ce que nous vivons. Un petit virus a bouleversé tout le système économique et technique, mais ce dernier est puissant et cherche à retomber sur ses pieds, comme un sumo déséquilibré un bref instant, pour redonner le plus vite possible à l’organisation technique son pouvoir, pouvoir qui grandit d’autant que la crise permet de l’augmenter par la surveillance et le traçage des citoyens au nom de la sécurité. Le Pape reconnait que la technique apporte depuis des siècles beaucoup d’éléments positifs à la vie des hommes et cela dans de nombreux domaines de compétences qu’il serait trop long de citer. La dureté du travail a été modérée par les machines. Les moyens de transport permettent à chacun la découverte du monde. Les sciences et les techniques médicales sont extraordinaires pour sauver des personnes malades. Mais ce pouvoir croissant d’une part met la main sur toutes les facettes de la vie humaine, comme la nouvelle et séduisante domotique qui gérera la maison et tous les appareils connectés, et d’autre part donne ce pouvoir à une très petite minorité de gens fort puissants puisque peu à peu ils savent tout sur la vie de tous, comme les GAFA. Le pape dit que « l’homme est nu, exposé à son propre pouvoir toujours grandissant, sans avoir les éléments pour le contrôler ». (N° 105) Par ailleurs cette technique prétend transformer le monde et s’est construite sur l’illusion que la planète pouvait indéfiniment répondre à ses exigences, or nous constatons l’effondrement des biotopes épuisés par l’abus de leur exploitation. On ment aux humains pour mieux faire du profit. Le marché doit aller de l’avant puisqu’il a la valeur de sa croissance financière, mais pas pour ce qu’il apporte d’essentiel à l’homme. Aussi produit-il une déshumanisation de la société entière, la rupture des modes de vie agricole ancestraux, la migration de survivance et toutes les graves dérives que l’on peut rassembler sous l’expression d’exploitation des êtres humains par des formes d’esclavage innovantes. 

Face à ce paradigme technologique, pouvons-nous espérer une nouvelle culture respectueuse ? Le pape redit plusieurs fois « tout est lié ». Une véritable écologie devra donc servir une authentique humanité faite de relations entre les hommes, avec soi-même, avec la nature et avec Dieu. C’est bien le Seigneur en effet qui a créé ce monde comme un bien voulu par son Amour et confié à la sagesse des hommes enseignés par l’Esprit Saint. Or le pape constate que « les gens ne semblent plus croire en un avenir heureux ». La société cherche à les distraire, favorisant une culture des loisirs, comme l’exprime actuellement la question grave de la réouverture des plages et des salles de cinéma qui semblent plus intéresser les médias que la réouverture des maisons de retraite où meurent d’isolement nos anciens. Tout est lié, aussi faudra-t-il un renouveau de l’anthropologie pour que l’être humain se découvre serviteur aimé de Celui qui lui confie le monde, invité à des relations humaines qui respectent chacun. Il ne s’agit pas de créer un culte à la Terre, qui rejetterait l’homme et qui prônerait un bio-centrisme niant la place de l’homme pourtant responsable et apte à construire un chemin vers une meilleure vie pour tous. Comme tout se tient, le pape note que la voie de l’unité du projet écologique ne peut accepter l’avortement, l’euthanasie et les manipulations génétiques de l’embryon humain contraires au respect de l’être humain. L’écologie intégrale ne le sera que si nous recherchons le bien de tous et de toute partie de la création. Sur ce chemin du renouveau écologique, il y a le travail de l’homme, qui est un bien car il lui permet d’apporter sa part de créativité, d’énergie et de service. Une société humaine sans travail se retournerait contre l’homme qui subirait la puissance de la technique et tomberait dans l’oisiveté désespérante. Le travail est aussi l’espace de la vie sociale où les hommes s’associent pour produire les biens essentiels à cette vie renouvelée. La richesse à rechercher n’est pas le gain financier mais l’apport social et le bonheur de chacun. En ce sens, le travail, qui n’est pas que l’emploi rémunéré puisque de très nombreuses personnes travaillent sans salaire telles les femmes et même parfois des hommes dits « au foyer », ce travail devrait inclure la gratuité et la contemplation. 

Nous avons par notre foi le don de l’Espérance. Mère Teresa disait qu’il ne fallait jamais céder un pouce de terrain au désespoir, car c’est l’arme du démon. Eclairé par la Parole de Dieu, dans la puissance de la louange aussi pour les créatures et notre soeur la Terre, j’invite chacun à réfléchir à sa part dans ce projet culturel nouveau, à ses relations dans les quatre directions cités, à sa consommation des biens. Comment agissons-nous dans le milieu humain et naturel qui nous entoure ? Comment nos choix favorisent une meilleure écologie ? Comment nos achats servent et respectent la création ? Faut-il continuer à vivre comme « d’habitude » ou est-ce que l’expérience de ce confinement nous a appris une autre voie ? En quel lieu puis-je réfléchir sur cela avec d’autres personnes ?

Il est temps de forger un nouveau paradigme culturel éclairé de spiritualité et soutenu par la Parole de l’Evangile. La Vierge Marie a changé totalement de vie par son simple fiat à l’invitation de l’ange. Elle s’est offerte pour un projet nouveau qui l’a dépassée, qui l’a menacée et qui l’a bouleversée mais qui serait celui que Dieu lui proposait. Et elle avait en elle un coeur assuré que cet appel était plus grand pour elle comme pour son peuple que ce qu’elle avait peu échafauder dans ses rêves et ses raisonnements de jeune femme juive. Aussi, s’est-elle offerte intégralement. Puisse-t-elle nous inspirer un grand élan et un courage fidèle pour que nous sachions dire à Jésus « me voici ».

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 61 de Monseigneur Philippe Christory, Vendredi 15 mai 2020

Laudato Si du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale. « L’Evangile de la création »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Quels progrès avons nous faits en France ? Nos rivières sont belles, comme l’Eure à Chartres, des oiseaux y nichent, il y a des poissons, les plantes poussent. Nous pouvons y marcher tranquillement. La conscience des gens s’accroît sur le bien que cela représente et les images des dépotoirs et des plages emplastifiées dans certains coins de la planète nous donnent à penser que nous sommes chanceux. Et pourtant, il y en a certains qui n’ont aucun scrupule pour jeter un paquet de cigarettes, laisser une bouteille sur le rebord d’une fenêtre, aller déposer quelques déchets de chantier au bout d’un chemin. Certes l’éducation prime, la prévention est importante, la répression parfois nécessaire. Rêvons que nous découvrions que la nature est un don fait à l’humanité par le créateur.

La pape dans son second chapitre de l’encyclique Laudato Si veut parler de Dieu créateur de tout. Et dès les premières lignes il s’en explique pour ses lecteurs incroyants en disant que la vision que l’Eglise porte est que l’acte même de créer que nous attribuons à Dieu nous met en relation avec lui, entre nous, avec soi et avec la nature. « Tout est lié » revient régulièrement comme un leitmotiv. Ce qui veut dire que nos relations avec les créatures et les êtres vivants vont rejaillir sur nos relations entre les hommes. Le chapitre premier de la Genèse qui ouvre la Bible décrit la création progressive et complexe de la nature et affirme que cela était très bon. Nous avons à découvrir la bonté de la nature et la recevoir comme un cadeau pour l’admirer et en prendre soin, car celle-ci est notre Soeur la Terre. A la suite de ses prédécesseurs et particulièrement saint Jean-Paul II qui écrivit un texte puissant « Foi et Raison » qui les compare à deux ailes qui permettent de voler vers la connaissance du réel, le pape François désire un dialogue intense et fécond entre la science et la religion.

Pour nous qui sommes chrétiens, nos convictions nous placent au coeur de ce monde créé par pure bonté divine et nous engagent dans une responsabilité totale. De plus, à la lumière des textes sacrés, nous comprenons que cette création est le fruit de l’amour divin. Il existe comme un enfantement maternel de ce monde, aimé par Dieu : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16) Nous avons été conçu dans le coeur de Dieu ! Le monde est issu d’une décision et non du hasard ou du chaos, la création est bien de l’ordre de l’amour qui se donne. L’écrivain et poète Dante Alighieri parlait de l’« amour qui meut le soleil et les étoiles ». La Sagesse dit : « Tu aimes en effet tout ce qui existe, tu n’as de répulsion envers aucune de tes œuvres ; si tu avais haï quoi que ce soit, tu ne l’aurais pas créé » (Sg 11,24) Le pape dit « que chaque créature a une fonction, que rien n’est superflue et que tout l’univers matériel est un langage de l’amour de Dieu » (N° 84).

Mais la vie est en danger par négligence ou par cupidité « car la terre est pleine de violence à cause des hommes » (Gn 6,13). Ce qui était déjà vrai dans le récit de Noé l’est toujours plus aujourd’hui. C’est le reniement de Dieu et l’athéisme militant qui désunissent les hommes de la vraie richesse d’amour placée par Dieu dans sa création pour en faire un champ d’exploitation et d’enrichissement matériel. Or tout est lié et le pape note que la cruauté des hommes envers les créatures produit une nouvelle cruauté des hommes entre eux. Comprenons que Dieu nous a confié ce monde non pas pour l’asservir, l’exploiter et l’épuiser. Ce monde ne nous appartient pas. Cela est très important car cela oriente nos actions à venir. « Le monde et sa richesse m’appartiennent » dit le Seigneur (Ps 49,12). Cela signifie que l’homme doit cultiver et garder la nature puis en rendre compte à Dieu. Notre relation avec la nature exprime notre respect envers Dieu qui nous la confie comme son bien précieux. Face à la tentation de mettre la main sur la création, l’Ecriture nous met en garde sur ce qui serait un péché contre Dieu lui-même. L’homme ne peut pas maltraiter son semblable comme Caïn qui tua Abel, l’homme ne peut discriminer le pauvre en faveur du riche, l’homme ne peut faire de son frère son esclave, cela serait faire violence à Dieu. Mais l’homme de manière identique ne peut pas considérer les animaux et les plantes comme des objets à exploiter et à détruire. Pourquoi ? Car toute chose créée l’est aussi par bonté divine et appartient au projet divin, avec son harmonie et son équilibre, dans son rayonnement. De cette compréhension l’Eglise développe sa pensée sur la « destination universelle des biens ». Certes elle ne s’oppose pas à la propriété privée mais cela signifie que l’homme qui possède une certaine partie de la création la reçoit avec la responsabilité d’en prendre soin pour le bien commun ce qui veut dire le bien des autres hommes. Là est la règle d’or car il existe toujours une fonction sociale dans la propriété. Le monde a besoin de développement et il est heureux de voir les gens de la Terre innover pour qu’en la traitant toujours mieux, celle-ci produise la nourriture nécessaire à chacun. En cela, ils collaborent avec le Créateur.

La foi nous invite à reprendre avec saint François d’Assise conscience que notre vie et parfois la survie d’une partie importante de l’humanité va dépendre de notre retournement intérieur pour contempler la nature, en tirer les bons fruits sans la dégrader et en prendre soin car elle sera l’héritage que nous remettrons aux générations futures, nos enfants. Finalement en découvrant, et il sera tellement important que les parents fassent entrer leurs enfants dans cette vision contemplative, que toute créature vient de la Bonté de Dieu, l’homme peut à nouveau reconduire la création vers Dieu, dans la louange et la gratitude, pour ainsi faire grandir sa joie.

Jésus nous invite à cette vigilance du coeur, lui qui a souvent pris exemple sur la nature pour nous parler notamment par des paraboles. Je désire achever ce propos par une belle affirmation du pape : « Tout est lié, et, comme êtres humains, nous sommes tous unis comme des frères et des sœurs dans un merveilleux pèlerinage, entrelacés par l’amour que Dieu porte à chacune de ses créatures et qui nous unit aussi, avec une tendre affection, à frère soleil, à sœur lune, à sœur rivière et à mère terre. » (N°92)

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Ouverture de la Cathédrale de Chartres
Les après-midis de 13h30 à 17h30, la cathé-drale est ouverte pour la prière. Masque nécessaire. Venez prier la Vierge, Notre-Dame pour la France, les malades et les morts. Des horaires de confession sont prévus. Bienvenue !

Donnez au Denier de l’Eglise
En ce temps de crise sanitaire, l’Eglise du diocèse de Chartres est frappée de plein fouet. Nos recettes habituelles ont perdu en mars et avril près de 300.000 euros, et cela va continuer en mai ! Mais nos charges demeurent ! Le denier est ô combien précieux. Merci de tout coeur.

Message 60 de Monseigneur Philippe Christory, Jeudi 14 mai 2020

« Laudato Si » du pape François – Méditation sur l’écologie intégrale.« Regards sur la détérioration de notre maison commune »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Carole marchait devant moi, je ne la connaissais pas, il était sept heures du matin, son chien en laisse, et je la vis soudain se pencher pour ramasser deux canettes vides, les mettre dans son sac plastique. Je lui ai dit que je la remerciais, nous avons fait connaissance et tout au long du chemin, elle continuait à récupérer les détritus sur la montée des Charbonniers. Bravo. Pour elle une démarche normale, était-ce cela l’écologie ? Ne pas polluer, ôter les déchets, manger bio ? Disons que cela fait partie d’une vision écologique, mais l’écologie ne peut se réduire à manger des carottes bio. L’écologie dite intégrale est une approche globale des relations, entre les personnes, avec soi-même, avec la nature et aussi entre nous et Dieu. Et si nous sommes solidaires de fait, nous ne le sommes pas dans les faits.

Le pape François dans l’encyclique « Laudato Si » dont je continue la lecture, commencée hier, avec le premier chapitre appelé « Ce qui se passe dans notre maison », porte un regard lucide sur la situation mondiale et sur la grande détérioration de notre maison commune, notre soeur la Terre. Certains vont dire qu’il ne faudrait pas être si pessimistes, que le confinement a permis de réduire fortement les émissions de CO2, que l’homme fait des efforts. Mais la faiblesse des réactions sur les drames en cours et les conséquences présentes et à venir sur les personnes est réelle.

Passons donc en revue, trop brièvement et je m’en excuse, les données mentionnées par le Saint Père. Tous nous voyons le monde changer, l’accélération de la vie et les transformations irréversibles. On nous parle ces jours-ci du retour et même de la victoire du plastique, car la pandémie a relayé à l’arrière plan les questions de pollution : que vont devenir ces masques, ces gants, ces visières, ces blouses que nous produisons pour un usage si éphémère et que nous jetons ? Les ordures s’accumulent en montagnes bien réelles, dans les pays pauvres où les pays riches expédient leurs rejets, globalement il y a une véritable culture du déchet. Cela impacte fortement les éco-systèmes car tout est polluant. Le recyclage concerne une part si réduite de ces déchets. Le réchauffement accélère un cercle vicieux de production de CO2, l’acidité des mers avec la mort d’immenses récifs de coraux, la migration des pauvres qui ne peuvent plus pêcher, travailler et donc manger. L’eau devient une richesse commercialisable et des sociétés en prennent possession même en France, la valorise et la vende cher. Or dit le pape « l’accès à l’eau potable et sûre est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes. » Le monde a une grave dette sociale vis à vis des plus pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable. Certains d’entre eux nous font remarquer que nous vidons nos cuvettes des toilettes avec l’eau potable. Que vaudrait une simple bouteille de cette eau dans certaines villes africaines ? L’accélération dont parle le pape touche tous les éco-systèmes et les scientifiques constatent la disparition de milliers d’espèces animales et végétales, d’insectes et autres corps vivants, qui pourtant vivent en harmonie. Leur préservation n’intéresse pas grand monde, puisque leurs espaces vitaux sont considérés comme des lieux de ressources économiques et financières à exploiter. Or beaucoup d’entre nous sommes des témoins muets voire indifférents.

Quel est la place de l’homme ? Certains l’accusent de tous les maux et l’homme devient un ennemi de la nature, l’homme à condamner. Si cette transformation est bien l’oeuvre des humains, l’homme est aussi un participant à cette nature et une victime de ce cercle déréglé et fou. Dans des mégapoles géantes, la vie est entourée de béton, le bruit est incessant, la lumière artificielle est partout, c’est souvent un chaos urbain et humain. Aussi nous ne sommes pas surpris de la dégradation sociale qui s’opère, des tensions que l’on peut appeler communautarismes, de la violence croissante. Curieusement alors que la densité de population atteint des sommets avec plusieurs dizaines de milliers d’habitants au kilomètre carré, on découvre une solitude incroyable, une absence de relations humaines que les réseaux Internet ne peuvent pas compenser car le virtuel ne remplace pas la rencontre. Le mal-être devient si commun que bien des personnes vivotent entre antidépresseurs et suicides. Alors les experts qui commandent cette société reprennent à nouveaux frais l’adage romain « du pain et des jeux », comme durant ce confinement où les magasins d’alimentation sont ouverts et les plateformes des GAFA et autres sociétés du divertissement vendent de l’illusion. Mais tous les lieux de rencontre et d’humanisation sont fermés. On tolère que les églises sont ouvertes mais sans se rassembler, et pas plus de dix personnes comme en la cathédrale pourtant plus vaste qu’un hypermarché où la cohue est acceptée. Il nous faut appeler de nos vœux un renouveau de la fraternité, face au constat que « se développe une profonde et mélancolique insatisfaction dans les relations interpersonnelles, ou un isolement dommageable. »

Nous comprenons que l’écologie intégrale veut réfléchir aux relations entre tous, à l’entraide et au soutien entre riches et pauvres. Pour l’Eglise qui encourage « l’option préférentielle pour les pauvres », le soin des populations pauvres doit conduire des options politiques fortes, car ils sont nos frères et leur vie est terriblement impactée par les conséquences de la pollution. Ils paient le prix fort pour notre vie occidentale aisée. Ils nous donnent ce que nous consommons. Il est immoral que perdure « le modèle de distribution actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait pas contenir les déchets d’une telle consommation ». Il y a une véritable dette écologique entre les peuples, qui s’est accumulée dans l’histoire moderne.

Cette partie assez sombre de la situation peut faire réagir les jeunes générations vers qui j’adresse cette conclusion. Travaillez dur pour vous former afin d’être demain les acteurs du bien commun. Avec votre entrain et votre enthousiasme, nous renforcerons la conscience que nous formons une seule famille humaine. Vos pères ont souvent construit des murs et certains en ajoutent de monstrueux. Soyez de ceux qui réaliseront des ponts. Si la science et la technologie peuvent être réellement au service de l’humanité, faites qu’elles soient des outils et non pas nos maîtres, car tous nous y laisserions notre liberté, notre bonheur et nos vies. Demain nous continuerons cette lecture avec l’Evangile de la création.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 59 de Mgr Philippe Christory – Mercredi 12 mai

« Collaborer pour construire notre maison commune » Méditation sur l’écologie intégrale.

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous aurons ce 24 mai un anniversaire important. Il ne s’agit pas d’une personne mais d’un texte du pape François qui a beaucoup interpelé à l’époque de sa sortie. L’encyclique Laudato Si, ce qui signifie « sois Loué », développait sa vision de l’écologie intégrale. Quand vous regarderez votre jardin ou la campagne, quand vous écouterez les oiseaux chanter ou votre chat miauler, rendez grâce pour la planète et la nature, pour le bien qu’il y a à contempler. Sur ce texte, même des non catholiques et des personnes athées se sont exprimés en reconnaissant l’importance du message. Citons par exemple Nicolas Hulot : « L’âme du monde est malade et nous divaguons dans une profonde crise de sens. L’homme n’est plus relié à rien, c’est son désarroi tragique. Privé d’horizon, l’homme est mutilé. » Il continue son questionnement : « Où est l’homme universel, fraternel ? » Aussi l’ancien ministre de l’écologie reconnait : « Ce texte peut être une boussole providentielle dans un monde désorienté pour retrouver du sens. Une passerelle inespérée pour renouer avec l’humilité, la modération et la solidarité. » (Préface Laudato si éditions Quasar)

Nous aimons la nature. Nous achetons de plus en plus en circuit court. Nous réfléchissons à nos achats. Pourquoi acheter des kiwis qui ont fait 20.000 kilomètres depuis la Nouvelle-Zélande quand la France est un gros producteur de kiwis ? Nous trouvons idiots d’avoir dans nos supermarchés cent produits presque identiques alors que l’artisan local en produit un qui est bon, certes souvent un peu plus cher. Mais ne suffit-il pas d’en manger moins pour que la dépense diminue ? Certains diront que ce n’est pas si simple. Certes, mais mieux vivre en consommant mieux est mieux, n’est-ce pas ?

La nature est une école de vie. De la chapelle de l’évêché, lors des messes où parfois une distraction me saisit, j’ai vu le soin d’un couple de tourterelles qui bâtissait son nid dans une gouttière. Curieux emplacement et même dangereux me suis-je dit, mais tellement touchant de voir le mâle apporter dans son bec une brindille à la fois et la donner à sa compagne pour préparer l’espace de la vie à venir. Comment mes propres choix vont impacter l’espace de vie des futures générations ? Comment je prends soin de la nature pour que dans vingt, cinquante ou cent ans, ce soit beau et vivable ?

Parlons donc de ce texte et je me propose de le redécouvrir d’ici le 24 mai. Surtout prenez le en main, relisez ces pages si instructives.

Le pape nomme la terre notre « maison commune », mais aussi « notre sœur » en reprenant les mots de saint François d’Assise qui demeure ce très grand saint tellement attaché à Jésus que la tradition l’a nommé l’« alter-christus » soit l’autre Christ. Cet homme destiné à devenir marchand de tissus comme son père, membre d’une bourgeoisie riche, a tout laissé pour se donner à Dieu quand il rencontre un lépreux rejeté en qui il reconnait le visage souffrant de Jésus. Notre soeur disais-je mais aussi notre « mère, belle, qui nous accueille à bras ouvert ». N’est-ce pas l’occasion de regarder notre environnement différemment ? Si la terre est une soeur et une mère, comment lui parler, comment la parcourir, comment la protéger ? Car le pape note que cette soeur crie à cause de l’utilisation irresponsable et l’abus des biens dus aux hommes. Quelle en est la cause ? C’est la violence qu’il y a dans le cœur humain blessé. La terre est comme les pauvres, elle est opprimée et dévastée.

L’intervention du pape François sur ce sujet n’est pas une nouveauté même s’il est vrai que ce texte permet un pas immense dans la réflexion. Le pape saint Paul VI avait dit publiquement l’urgence et la nécessité d’un changement radical devant la véritable catastrophe écologique en vue, mais c’était en 1970 et alors qui s’en souciait ? Saint Jean-Paul II demandait une « conversion écologique globale » ce qui inclut une écologie humaine. Mais là aussi, devant les changements du monde, la chute de l’empire soviétique, le développement nouveau d’Internet, d’autres sujets fascinaient. C’est aussi le pape Benoît XVI qui voit combien tout est lié, que la nature ne peut pas être sauvée indépendamment de l’homme, que le « livre de la nature » inclut l’environnement, la vie, la sexualité, la famille et les relations sociales. Or notre comportement est irresponsable car l’homme ne donne pas de limites à sa liberté. Pourquoi cela ? Car l’homme athée et scientiste, matérialiste et consommateur devient son propre dieu. Voici ce que dit encore le pape Benoît : « le gaspillage des ressources de la Création commence là où nous ne reconnaissons plus aucune instance au-dessus de nous, mais ne voyons plus que nous-mêmes ». Dostoïevski avait écrit : « Si Dieu n’existait pas, tout serait permis. »

Devant ce constat, et je ne peux pas vous laisser dans la tristesse à la fin de cette première partie de ce texte, il faut affirmer qu’il y a un chemin, difficile mais possible vers une autre vie. Le pape cite les mots plein de sagesse du patriarche de Constantinople Bartholomée : « passer de la consommation au sacrifice, de l’avidité à la générosité, du gaspillage à la capacité de partager, dans une ascèse qui « signifie apprendre à donner, et non simplement à renoncer. C’est une manière d’aimer, de passer progressivement de ce que je veux à ce dont le monde de Dieu a besoin. C’est la libération de la peur, de l’avidité, de la dépendance. »

Nous lirons demain un premier chapitre qui passe en revue ce qui se passe dans la maison. Or encore une fois, la vision de l’Eglise est toujours qu’il existe un avenir et Saint François inspire notre intelligence vers une merveilleuse harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec soi-même. Il s’agit de faire un voyage tel un pèlerin, dans la lumière de l’Esprit Saint, et emprunter un nouveau chemin. J’ai confiance que des jeunes se lèvent, prophètes d’un nouvel art de vivre, non en s’opposant à ce qui fut fait, mais en construisant avec tous un projet fraternel dans lequel les besoins de tous sont considérés à commencer par ceux des pauvres, des personnes fragiles, de ceux qui ne sont pas considérés. Et je cite encore le pape « Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. »

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 58 de Mgr Philippe Christory – Mardi 12 mai

« Paul et Barnabé les exhortaient à persévérer dans la foi »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Ce jour, je voudrais vous lire un passage des Actes des apôtres, celui de la messe de ce jour, du chapitre 14 du livre que nous parcourons tout ce temps pascal, car c’est toujours une aventure extraordinaire.

En ces jours-là, comme Paul et Barnabé se trouvaient à Lystres, des Juifs arrivèrent d’Antioche de Pisidie et d’Iconium ; ils se rallièrent les foules, ils lapidèrent Paul et le traînèrent hors de la ville, pensant qu’il était mort. Mais, quand les disciples firent cercle autour de lui, il se releva et rentra dans la ville. Le lendemain, avec Barnabé, il partit pour Derbé. Ils annoncèrent la Bonne Nouvelle à cette cité et firent bon nombre de disciples. Puis ils retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ; ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui. Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie. Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé, ils descendirent au port d’Attalia, et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie, d’où ils étaient partis ; c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie. Une fois arrivés, ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi. Ils passèrent alors un certain temps avec les disciples.

Nous retrouvons Paul qui se nommait avant Saül, avec Barnabé qui l’a connu à Damas, maintenant envoyés ensemble annoncer la Christ ressuscité.

On lit de vrais succès comme lorsqu’après la guérison d’un homme grabataire, tous les témoins prennent Paul et Barnabé pour des dieux, en l’occurence Zeus et Hermes, et que bien qu’ils s’en défendent vigoureusement, le prêtre païen veut faire un sacrifice en leur honneur; mais juste après cette liesse d’autres juifs arrivent d’Antioche et convainquent si bien la foule qu’elle se retourne contre Paul et le lapide. Miracle, il se relève et à nouveau ils repartent ailleurs à Derbé, ville de l’actuelle Turquie. Attachés à aucun lieu, ils fondent des communautés composées de juifs qui reconnaissent en Jésus-Christ le Messie que leur peuple attend et des païens qui découvrent la présence et l’oeuvre du Dieu unique tant par la prédication bouleversante des apôtres que par les gestes de guérisons et de libérations qu’ils réalisent.

Il est dit que Paul et Barnabé désignent des anciens. C’est par ce mot grec episcopos qu’ils sont nommés. Ce mot inclut à la fois le sens de l’ancien et du surveillant, celui qui veille. Ainsi, l’Eglise se démultiplie par le choix d’hommes qui sont les nouveaux évêques, que les apôtres désignent dans la prière et le jeûne, et qui sont confiés à Dieu. On peut entrevoir là une liturgie simple qui est à l’origine de l’ordination épiscopale actuelle. Le critère du choix qui est fait est que ces hommes aient mis leur foi dans le Seigneur. Il faut entendre par là que leur vie est dorénavant donnée, orientée et guidée par Jésus et l’Evangile, au service de l’Eglise locale. Paul et Barnabé savent par expérience que la conduite de l’Eglise passera par bien des épreuves. Jésus nous a prévenus, et ces premiers chrétiens connaissent tous l’histoire d’Etienne, diacre lapidé pour sa foi.

A nouveau, nous voyons les deux apôtres repartir. Ils ont installé l’Eglise locale, mis à sa tête des anciens et il est temps de partir ailleurs. Paul dira plusieurs fois combien il discerne que l’Esprit Saint veut le conduire vers d’autres lieux où d’autres personnes les attendent. Point n’est besoin de s’attarder au-delà du temps nécessaire, puisqu’ils font confiance aux nouveaux venus à la foi. La grâce de fondation est transmise, des charismes jaillissent parmi ces croyants. Dans les actes, nous voyons l’importance du témoignage. Paul devra plusieurs fois se justifier et raconter comment l’Esprit a opéré depuis le début pour le délivrer du mal qui l’habitait quand il voulait faire arrêter les premiers disciples et les faire mettre à mort, et comment le Christ l’a saisi aux portes de Damas. Ici aussi, le témoignage est celui de l’oeuvre de l’Esprit parmi les nations, entendons chez des hommes et des femmes de toutes origines particulièrement des païens romains et grecs. Le témoignage n’est pas une garantie que tous vivront les mêmes dons de manière identique. Mais il est la manifestation de la puissance de Dieu qui fait espérer que cette action divine peut aussi advenir dans la vie de celui qui reçoit ce témoignage et le croit véritablement. Nous savons, et l’Evangile le dit souvent, pour que la grâce opère, il est attendu que la personne proclame sa foi en Jésus-Christ, ce qui engage sa vie. Rappelons-nous que même Jésus faisait peu de guérisons à Nazareth, pourtant sa ville de jeunesse, car les gens manquaient de foi.

Ce beau récit que Saint Luc a reçu des premiers témoins nous montre le dynamisme de l’Eglise alors que celle-ci n’a rien, ni locaux, ni églises, ni écoles. Le lieu de la réunion dominicale où la fraction du pain est célébrée est la maison domestique. Ce qui constitue l’Eglise des premiers temps est l’assemblée qui communique par ses membres qui voyagent et par des lettres permettant de transmettre l’Evangile et de faire connaître les faits qui adviennent. Tout reste à faire, à préciser, comme le Credo que l’on nomme le symbole de la foi à ce moment là. Beaucoup de questions se posent quand l’Evangile rencontre ces cultures si diverses. Comment dire la foi à ceux et celles qui viennent à Jésus, qui demandent le baptême, qui deviennent à leur tour missionnaire ? Comment conserver le dépôt de la foi dans sa pureté et sa vérité ? Chacun peut être tenté d’en faire sa propre interprétation, d’y aller de son autorité humaine pour imposer un point de vue. Au fond, cela dit le risque extraordinaire pris par Jésus quand il envoie ces onze hommes qui ont partagé sa vie pour annoncer le Royaume dans cet immense empire romain. C’est en priant toujours qu’ils pourront demeurer connectés à la source. Les divisions se produiront, car là est l’oeuvre du malin, mais toujours le projet divin se déploie, souvent quand tout manque, quand seul l’acte de foi en la Providence est possible. Jésus n’a-t-il pas dit :« Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. Ne vous faites pas de souci pour demain : demain aura souci de lui-même ; à chaque jour suffit sa peine. » (Mt 6,33-34) ?

Nous sortons peu à peu du confinement. Pour beaucoup d’entre nous, nous nous y étions habitués. Difficile pour une bonne partie de la population, ce fut aussi un temps de grâce pour d’autres, comme pour ces familles qui ont eu le temps de se retrouver. Pour notre Eglise, si cela a suscité de nombreuses initiatives, nous voyons combien nous atteignons la limite du raisonnable. Nous avons besoin de l’assemblée. Elle était le tout de l’Eglise des origines. Elle demeure le coeur de notre vie, même si depuis des oeuvres étendent nos actions vers les périphéries notamment de la pauvreté. Nous commençons à nous retrouver, et la nécessité de rester à distance et de porter souvent le masque oblige à choisir des gestes de salutation et de rencontre différents. Comment aller vers les gens, dans la rue, les magasins, surtout dans l’espace public quand le sourire est masqué et que nos mains sont inutilisables ? Pourquoi ne pas reprendre la belle salutation proposée par Jésus : « dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : “Paix à cette maison.” » (Lc 10,5) Ainsi, je vois des pasteurs qui vont en ces jours avec des fidèles parcourir les rues des villages de notre campagne, sonner aux portes pour donner cette paix, écouter un instant les joies et les peines, prier quand cela est souhaité. Bravo !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 57 de Mgr Philippe Christory – Lundi 11 mai

« Si vous gardez ma Parole… »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. » (Jn 14,23) Il ne s’agit pas de simples mots. Jésus n’utilise pas ici le mot paroles au pluriel. Souvent dans le passé, Dieu communiquait des paroles par les patriarches ou par ses prophètes. Ainsi Moïse apporta les dix paroles écrites sur les pierres de la loi, que l’on appelle les dix commandements. Or dans l’Evangile de saint Jean lu ces jours-ci à la messe, il est question de la Parole qui véhicule, au-delà des mots, la voix et la force de l’Esprit Saint. Par sa Parole, Dieu crée tout ce qui existe, il fait advenir l’homme et la femme à l’existence et à la vie. La Parole divine est vivante. Elle n’est pas simplement un langage écrit avec de l’encre sur un parchemin ou une feuille de papier. Elle transmet une présence, une volonté et un désir divin, elle communique une espérance, elle fait vivre. Chrétiens, nous ne défendons pas un texte, mais nous accueillons Dieu vivant qui nous parle. Sa Parole s’est faite chair, prenant forme humaine dans le sein de la Vierge Marie.

« Qui m’aime gardera ma Parole ». Qu’est-ce qu’aimer ? C’est la grande question qu’expriment les artistes par leurs poésies ou leurs chansons. En scrutant les écritures et particulièrement l’Évangile, en méditant longuement les paroles de Jésus, l’Esprit explicite ce qu’est l’amour. Qui aime Jésus en vérité garde sa Parole, comme la Vierge Marie l’a gardée et l’a méditée en son cœur. L’Amour est un langage, il rejoint le coeur, il saisit tout l’être. L’auteur de la lettre aux hébreux dit que « la Parole est énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » (Hb 4,12)

Heureusement la Parole nous console. Comme le Seigneur me parle, je ne suis pas seul face aux difficultés. Malgré l’épreuve terrible du dépouillement et de la maladie que vit Job, celui-ci garde sa fidélité : « Le précepte de ses lèvres, je ne m’en suis pas écarté ; au-delà de mon devoir j’ai gardé les paroles de sa bouche. » (Jb 23,12) Une traduction de ce verset dit « j’ai abrité en mon sein les paroles de sa bouche ». Le sein, c’est aussi le coeur, l’espace de l’Amour où je rencontre le bien-aimé, le Seigneur. Job est un bel exemple de fidélité.

La Parole est aussi celle qui éclaire nos chemins. « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route. » (Ps 118,105) Sans la Parole qui oriente ses choix, l’homme contemporain ne sait pas où il va. Quand le système économique est fortement ébranlé, quand les finances sont menacées, quel chemin prendre ? Qui nous indiquera la route du bonheur ?

C’est bien le centre de la vocation des prophètes que de parler de la Parole de Dieu et de nous transmettre ses paroles. S’il est un prophète qui fut martyrisé et incompris, c’est bien Jérémie. Le livre qui porte son nom mentionne de très nombreuses fois la Parole divine. Jérémie, appelé jeune à la vocation prophétique, affirme : « Quand je rencontrais tes paroles, je les dévorais ; elles faisaient ma joie, les délices de mon cœur, parce que ton nom était invoqué sur moi, Seigneur, Dieu de l’univers. » (Je 15,16). Son coeur est façonné par la Parole qu’il doit annoncer. Un autre prophète, Ezéchiel, fait une expérience spéciale car Dieu lui demande de manger la Parole, aussi s’exécute-t-il : « Le Seigneur me dit : « Fils d’homme, ce qui est devant toi, mange-le, mange ce rouleau ! Puis, va ! Parle à la maison d’Israël. » J’ouvris la bouche, il me fit manger le rouleau et il me dit : « Fils d’homme, remplis ton ventre, rassasie tes entrailles avec ce rouleau que je te donne. » Je le mangeai, et dans ma bouche il fut doux comme du miel. » (Ez 3,1-3) C’est le moment de se rappeler que Jésus dira : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4,4)

Pourquoi est-ce important ? Si la Parole console, est un chemin, donne la vie, alors nous avons un critère à appliquer dans l’autre sens : comment pourrais-je dire que j’aime Dieu si je ne garde pas sa Parole en moi ? Comment sans la Parole rester relié à Dieu ? La Parole est comme l’échelle de Jacob qui nous relie avec le Ciel. Garder la Parole et l’aimer sont deux attitudes similaires et complémentaires. Par elle, l’homme est relié à Dieu. Cette promesse merveilleuse s’applique : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14,23) Il s’agit d’une réalité mystérieuse et étonnante que la théologie nomme par une expression originale : « l’inhabitation de Dieu en l’homme ». Cela signifie que chacun de nous, pauvres mortels et pêcheurs, peut devenir un tabernacle, telle la tente de la rencontre, dressée par Moïse dans le désert, où Dieu descendait. Ce que Saint Paul exprimera par « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gl 2,20) Penser que Dieu désire vivre en nous tout en respectant parfaitement notre humanité cause la jouissance. Alors, Dieu-Amour se déploie à travers tout ce que nous nous proposons de vivre et d’être. C’est la condition pour être lumineux en ce monde afin que cette lumière se fasse charité. Saint Augustin exprimait cette découverte bouleversante ainsi : « Bien tard je t’ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée ! Et voici que tu étais au-dedans, et moi au-dehors et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas ! »

La vie spirituelle nous appelle à ne pas nous disperser et mais à nous centrer sur la présence intérieure de Dieu rendue possible par Jésus seul médiateur entre Dieu et l’humanité. Une condition est néanmoins nécessaire, c’est le silence afin d’écouter la voix intérieure qui se fait Parole vivante en nous. Elle m’enseigne le sens de la vie, la direction à suivre, l’art d’aimer. La Parole devient peu à peu l’âme de notre prière. Le pape François rappelait : « La prière en premier lieu. Ensuite le reste. Quand les autres choses prennent la place de la prière, quelque chose ne fonctionne pas. Ainsi l’Eglise avance, par la prière, le courage de la prière, car l’Eglise sait que sans cette montée vers le Père elle ne peut pas survivre. » Quand la prière est remplie de la Parole, elle devient une source lumineuse.

En ce mois de mai, avant de prier ensemble l’Angelus, contemplons encore la Vierge, la Mère de Dieu, devenue mère par son accueil du message de l’Ange et son acquiescement à la Parole qui peut agir en elle, en y déposant la semence de vie. « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! » ne signifie pas que ce serait l’Ange qui aurait autorité pour faire advenir ce petit bébé en elle, mais bien la personne de l’Esprit Saint, Dieu lui-même. Marie est la nouvelle demeure de Dieu, la tente où se rencontrent l’homme et Dieu, la nouvelle échelle de Jacob qui nous connecte à la Gloire céleste, par elle vient la Vie parfaite, Jésus.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, prions :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 56 de Mgr Philippe Christory – Dimanche 10 mai 

« Celui qui m’a vu a vu le Père ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Voici que Saint Luc raconte dans les Actes des apôtres une expérience très concrète de la charité et de la vie communautaire. Il faut savoir qu’à Jérusalem venaient des juifs de toute la diaspora méditerranéenne car c’était un rêve que de faire un pèlerinage en cette sainte ville et même d’y achever sa vie. Ainsi trouvait-on parmi les nouveaux disciples de Jésus des juifs d’origine hébraïque et d’autres d’origine grecque. Probablement, ceux originaires de Palestine étaient accompagnés par leurs proches alors que ceux qui venaient de loin étaient isolés. 

C’est le cas des veuves qui ne pouvaient compter que sur un enfant pour les assister, encore fallait-il qu’il vive sur place. La dispute conduit les apôtres à rassembler la communauté pour lui proposer un projet qui leur permettra de demeurer dans la prière et d’annoncer la Parole tout en s’assurant que ces mères soient soutenues. Il est dit dans le texte que ces propos plurent à tout le monde.

Ils demandent qu’on choisisse sept hommes estimés de tous. Ils leur imposent les mains par ce geste de consécration pour qu’ils soient diacres à l’image du Christ serviteur parmi leurs frères et sœurs. 

L’église est donc guidée par l’Esprit Saint et elle s’organise comme toute famille.

Ce qui est touchant c’est le fait qu’il soit dit par deux fois, au début du passage comme à la fin, que le nombre de disciples augmentait. Nous pourrions nous demander pourquoi. Or que voit-on dans ce récit ? La communauté est en prière, la parole est annoncée à temps et à contretemps, et la charité se fait concrète envers les personnes fragiles. Il y a là trois réalités qui deviennent des critères d’une vie ecclésiale féconde. Aussi une personne qui n’est pas membre, voyant les œuvres pleine de compassion et entendant la Parole de vie se laisse toucher en son cœur. Un tel cœur qui rencontre l’amour des frères s’ouvre à la foi qui le transforme. C’est ainsi que des hommes et des femmes deviennent disciples de Jésus. Le pape François ne dit-il pas que l’Eglise croît par attraction et non par prosélytisme ?

La vie chrétienne est justement chrétienne parce que fondée sur l’accueil de Jésus. Saint Pierre écrit que Jésus est la pierre angulaire, celle qui porte toute la construction, si précieuse, malheureusement rejetée par les hommes. Maintenant que Jésus a vaincu la mort, Pierre insiste pour que chacun prenne part à la construction de la demeure spirituelle comme pierre vivante en s’offrant en sacrifice spirituel. Dorénavant, le peuple des croyants peut annoncer les merveilles que le Seigneur réalise par la puissance de l’Esprit.

Mais cela n’est possible que si nous reconnaissons Jésus pour ce qu’il est réellement. Juste avant sa passion, Jésus prend le temps d’une conversation profonde avec ses disciples après la sainte cène lors de laquelle il donne son corps à manger et son sang à boire. Il leur annonce son départ, mais aussi sa mort : « le Fils de l’homme va être livré, mais le troisième jour il ressuscitera ». Les apôtres sont terriblement décontenancés, même s’il y a là une promesse de vie. 

Philippe a une demande : « montre-nous le Père, cela nous suffit ! ». Cela est bien légitime, pour nous aussi. Nous aimerions voir Dieu, être assuré de sa présence. Mais qui a déjà vu Dieu ? Cela n’est pas possible. Cependant, Dieu se révèle par son Fils, à travers ses œuvres et sa parole. Aussi Jésus répond à Philippe : « celui qui m’a vu a vu le père. Je suis dans le Père et le Père est en moi. » Nous comprenons qu’il n’existe pas de vision directe de Dieu. C’est Jésus, le fils qui nous le révèle, médiateur entre les hommes et Dieu. Jésus est l’unique chemin vers le Père. C’est peu à peu, en le recherchant et en l’imitant, que le disciple découvre le Père. « Bienheureux les coeurs purs, ils verront Dieu ! » (Mt 5, 8)

Aussi, veut-il avancer plus loin dans la révélation de son être, il promet aux apôtres de les retrouver bientôt. Voici ce qu’il dit : « Je pars vous préparer une place, et quand je l’aurais préparée, je viendrai vous prendre pour que là où je suis, avec moi vous soyez. » (Jn 14,3) Etonnant ! Comment comprendre cela ? Thomas est un homme concret qui aime Jésus mais qui veut comprendre : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » (Jn 14,5) Il ne voit pas de quel chemin parle Jésus car il ne peut concevoir à propos de quel lieu Jésus parle. Aussi Jésus lui révèle-t-il encore plus son identité : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. » (Jn 14,6)

Nous pouvons nous interroger sur un point vraiment important, car il en va de notre futur. Est-ce que Jésus parle d’être avec lui ici-bas ou est-ce pour la vie éternelle ? Il a fait une promesse : nous vivrons avec lui par le don de l’Esprit Saint, et c’est maintenant ! Mais c’est aussi l’anticipation de la vie éternelle. Nous sommes de passage sur cette terre. Le temps y est court, alors que le Ciel sera un présent éternel. Jésus a dit par ailleurs « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure.» (Jn 14,23) Notre vie nous destine à vivre avec le Seigneur. 

Quand adviendra ce moment ? Il est déjà là. 

Le repas eucharistique est l’union du Ciel et de la terre. Jésus est présent par le ministère du prêtre. L’Amour trinitaire nous relie tous, entre nous et avec Dieu. Voilà pourquoi la messe est si importante, voilà pourquoi ceux qui ont véritablement pénétré le mystère de la sainte messe désirent tant y participer.

Pour conclure ces mots, en ce temps pascal, prolongement de Pâques et commémoration de la Résurrection de Jésus-Christ, je vous invite à l’action de grâce comme le psaume la chante. Dieu est fidèle. Il veille sur ceux qui le craignent. Il les délivre de la mort. Pensons aux personnes malades, à ceux et celles qui vivent de grandes souffrances, à tous les soignants, et encore aux hommes et aux femmes qui décident des choix politiques pour gouverner ce pays. 

Prions dans la puissance de la louange pour que la Sagesse de Dieu révèle à tous que Jésus est le chemin, la vérité et la vie. Qu’ils le choisissent pour trouver en lui le chemin sur lequel ils peuvent avancer avec confiance dans la vie quotidienne, éclairés par l’Evangile de la vie, en allant à la rencontre de Dieu le Père. Oui, ils verront Dieu ceux qui le craignent. 

Avec le début du déconfinement, beaucoup de personnes chercheront à profiter d’une liberté retrouvée. Cependant nous chrétiens avons pu méditer seul ou en famille durant ces semaines sur la place de Dieu dans nos vies, sur la nécessité de méditer sa parole, sur le soutien indéfectible de la Vierge Marie, sur le pardon pour croître dans l’Espérance. Ne nous précipitons pas pour retrouver les loisirs d’antan, mais gardons bien l’essentiel de ce que ce temps a révélé des désirs profonds de notre cœur. Avec la Vierge Marie que nous honorons en ce mois de mai, continuons fidèlement sur le chemin de la foi et de la vie. Ensemble, en Eglise, nous sommes le peuple de Dieu destiné à annoncer les merveilles de son amour. Amen. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 55 de Mgr Philippe Christory – Samedi 9 mai 

« Marie, première Eglise, notre Mère du Ciel »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous sommes samedi et à nouveau nous aimons nous tourner vers la Mère de Dieu pour être conduits par elle vers Jésus dont nous fêterons dimanche la Résurrection. Pour aller vers Dieu, comme pour entrer dans une vaste maison, il y a parfois un narthex où les invités sont accueillis. Marie est là pour cet accueil. Nous pouvons lui déposer nos valises, soit nos peines et nos souffrances; elle nous ouvre ses bras sans jugement, mère bienveillante et aimante, elle nous prend par la main et nous accompagne vers le Roi des rois, son fils Jésus. Certains me disent qu’ils ont du mal à prier le chapelet. Comprenons que ce n’est pas une obligation. Cependant, dans la belle tradition spirituelle qui s’est développée depuis le Moyen-Âge et même avant, la place de Marie est magnifique et la prier avec le chapelet est un chemin d’excellence spirituelle, une voie d’union à Dieu, comme par exemple chez les cisterciens. Au monastère de Sept-Fons, on trouve des images de Marie un peu partout et souvent un moine est là silencieux et priant à ses pieds. Elle ne peut pas abandonner les enfants que Jésus lui a confiés. 

Marie, dont je vous ai parlé il y a quelques jours en commentant le beau titre de « Marie porte du Ciel », est le modèle le plus éminent du disciple. Elle écoute la Parole, elle l’accueille, elle acquiesce à la volonté de Dieu, elle enfante Jésus Parole éternelle du Père, elle éduque son enfant puis encourage les disciples à faire ce que Jésus dit, elle vit la souffrance de la passion et son coeur est transpercé d’un glaive à la Croix conformément à la prophétie de Syméon trente années plus tôt; néanmoins elle demeure confiante, elle est remplie de l’Esprit à la Pentecôte et sa joie peut éclater comme dans son Magnificat « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur car il s’est penché vers son humble servante ». Il ne lui manque rien. Elle a tout donné pour tout recevoir de Dieu. 

A la Croix, elle fut confiée à saint Jean comme mère spirituelle et devint ainsi Mère de tout disciple et Mère de l’Eglise. Ce titre contemporain, formulé par le pape saint Paul VI, exprime le sentiment des catholiques qui voient en elle un modèle permanent et la figure de l’Eglise elle-même. Saint Paul affirme la maternité de l’Eglise quand il écrit aux Galates : « vous que j’enfante à nouveau dans la douleur jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous. » (Gl 4,19). Il existe un mystère maternel dans l’Eglise qui se dévoile et se précise, au contact de Marie. Marie est comme une bonne terre qui reçoit la semence, puis il en sort un arbre magnifique sous lequel tous trouvent un abri. Elle s’offre en apportant par son corps la vie et la nourriture à l’enfant qu’elle porte. Marie devient mère en accueillant en elle la Parole et en la gardant précieusement. Il en est de même pour l’Eglise. Le Concile Vatican II le dit explicitement : « En contemplant la sainteté mystérieuse de la Vierge et en imitant sa charité, en accomplissant fidèlement la volonté du Père, l’Église, grâce à la Parole de Dieu qu’elle reçoit dans la foi, devient à son tour Mère : par la prédication en effet, et par le baptême, elle engendre à une vie nouvelle et immortelle des fils conçus du Saint-Esprit et nés de Dieu. » (LG 64) Avec Jésus, Marie recevait par grâce une maternité dans l’ordre naturel; avec nous c’est une maternité dans l’ordre surnaturel de la grâce, élargie à toute l’humanité. Marie est la première Eglise. 

Vous écrivant cela, je vois le labyrinthe de notre cathédrale à Chartres, dans ce lieu sacré tout dédié à Notre-Dame, placé au premier tiers de la nef comme sur le ventre de Marie, le lieu de l’enfantement sur le chemin vers le choeur. L’itinéraire proposé grâce à l’imagination et surtout à la théologie de ses concepteurs conduit jusqu’au centre tout pèlerin qui le parcourt, et le centre c’est bien le Christ. Les deux cent soixante dix pierres blanches rappellent le nombre de jours d’une gestation dans le sein maternel. Ainsi le labyrinthe fait écho à la conversation entre Jésus et Nicodème que saint Jean rapporte dans le troisième chapitre de son évangile quand Jésus l’invite à naître de nouveau de l’Esprit Saint : « Ne sois pas étonné si je t’ai dit : il vous faut naître d’en haut. » (Jn 3,7) Nicodème ne comprend pas pourquoi et comment un adulte pourrait retourner dans le ventre de sa maman. Jésus lui affirme alors la nécessité de la vie nouvelle dans l’Esprit  : « Amen, amen, je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu. » (Jn 3,5) Notre vie de foi est simultanément un enfantement qui n’est pas achevé et un chemin illuminé dans les ténèbres du monde afin que nous gardions l’espérance et que nous devenions pleinement adulte dans la foi, en vue de la vie éternelle. 

Pour chacun de nous être l’enfant de Marie est un don incroyable. Après la Croix, il est dit que « dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. » (Jn 19,27). Un beau chant dit «  je te prends chez moi, Marie ma mère, car dans ton humble condition, et dans ta très pure virginité, Dieu s’est fait homme ». Chers amis, avez-vous offert à Marie toute la place qu’elle mérite « chez vous » ? En votre coeur et votre prière ? L’avez-vous prise chez vous ? Dans la culture ambiante, c’est souvent le « faire » qui domine. La technique promeut des biens de consommation qui feront tout pour nous ou encore à notre place, comme ces aspirateurs autonomes qui se promènent seuls dans vos pièces, ou encore ces appareils de cuisson programmables. La voiture que nous aimons conduire se conduira bientôt toute seule. Nous serons pris en charge par des robots humanoïdes disponibles H24 et surtout toujours gentils. Mais la vie est-elle dans le « faire » ? Marie nous indique le chemin de « l’Être ». Avec elle, il s’agit de demeurer en prière en famille ou auprès d’un malade, accompagner le monde et ses attentes, vivre dans le recueillement, le chapelet en main, la paix en soi. Marie est la gardienne de notre douceur et du silence paisible. Elle « rassemble tous les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,52) et elle promeut l’unité de l’Eglise. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 54 de Mgr Philippe Christory – Vendredi 8 mai 

« Jésus est le chemin, la vérité et la vie »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

En ce vendredi 8 mai, nous commémorons la fin tant espérée de la guerre qui fit des dizaines de millions de victimes, soixante-quinze années se sont écoulées, depuis l’Europe a vécu presque partout en paix, et pourtant, alors que nous ne pouvons pas nous réunir devant le monument aux morts de notre commune à cause de la pandémie, plane comme un voile de tristesse sur notre continent qui se cherche un futur sans l’entrevoir. Notre société manque de vue, n’est pas heureuse, consomme à tout va des antidépresseurs, et ne sait plus à quelle sagesse elle peut puiser; alors ressurgissent les abominations du passé, du communisme au fascisme, certes habillés et colorés différemment mais assurément loin de Jésus-Christ, porteuses de conceptions anthropologiques souvent contre nature comme le gender ou le transhumanisme. Là et maintenant, l’Eglise a une place unique pour annoncer la paix et la Salut, le Christ. C’est urgent. 

Or notre Eglise, le saint Corps du Christ, est aussi une famille de pauvres gens ! Qui de nous ne le serait pas en réalité ? Jésus parle d’un agriculteur aisé :  « Que vais-je faire ? Car je n’ai pas de place pour mettre ma récolte. Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y mettrai tout mon blé et tous mes biens. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà donc avec de nombreux biens à ta disposition, pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence. » (Lc 12,18-19). Or Dieu le traite de fou car le soir même il rendra son âme ! Nous, catholiques, sommes aussi tentés par une vie tranquille, sans vague et sans être dérangé. Ne doit-on pas réaliser que nous sommes bien peu de chose ? Nous sommes pauvres, car nous n’aimons pas assez. Et pourtant nous sommes tellement aimés de Dieu ! 

Alors quel est notre premier combat ? Jésus ne s’est jamais opposé au pouvoir romain, qui était dans ses lois et ses moeurs bien loin de l’idéal chrétien. Sa parole appelait toujours ses frères à la vraie conversion absolument nécessaire. Devant la chute de la tour de Siloé, qui fit dix-huit morts, Jésus dit à ceux qui pensaient qu’ils étaient pécheurs pour mériter une telle mort : « Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (Lc 13,5) Hier, je vous parlais de Marie Porte du Ciel. Heureusement que la Vierge nous fait passer la porte car la porte est étroite et « qu’il est plus facile à un chameau de passer par un trou d’aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des Cieux. » (Mt 19,24) Voici clairement annoncé que la bataille à livrer dans notre propre Eglise est notre conversion au Christ, dans nos relations, nos vies et nos familles, nos moeurs et notre travail. L’Eglise est toujours à réformer de l’intérieur, soit en chacun de ses membres. Si il y a une victoire à obtenir c’est celle-là. 

Hier, nous avons appris avec tristesse que le père Georges Finet, père spirituel de Marthe Robin et fondateur des foyers de charité, a abusé sexuellement de fillettes. Quel drame à nouveau ! Comment comprendre que cet homme, comme d’autres qui ont marqué par leur aura l’Eglise de France il y a quelques décennies, a succombé à ce grave péché ? Comment consoler ces enfants traumatisés par la violence d’un prêtre, venus en ce lieu de fraternité auprès de Notre-Dame des foyers à Châteauneuf de Galaure ? C’est précisément là que j’entendis l’appel de Dieu à être prêtre, fin décembre 1986 lors d’une retraite prêchée par le père Finet. Comment soutenir les membres des foyers consacrés dans le célibat pour le Royaume et vivant là en communauté pour animer des retraites spirituelles qui attirent tant de chrétiens depuis 1936 ? Quelle tristesse pour tous ! Mais il est heureux que la vérité sorte, car la purification et la conversion préparent le rocher de fondation pour reconstruire l’Eglise, et ce rocher est la Parole vécue dans la vérité. L’Eglise souffre du péché de ses membres appelés à la sainteté par l’ordination sacerdotale. Ce péché devient un scandale au sens propre du mot, c’est à dire un obstacle qui fait chuter. Beaucoup tomberont encore sur le chemin de la foi, préférant quitter et vivre loin de l’Eglise parce qu’ils sont dégoutés d’apprendre une telle nouvelle. Comme le Christ doit souffrir et la Vierge Marie pleurer de voir ses enfants s’éloigner de lui. Il est difficile de parler de tout cela car rien ne peut justifier les comportements d’abus sexuels sur des enfants. Nous pouvons en ce vendredi nous mettre à genoux et prier encore et encore le Seigneur de nous délivrer et de ne pas se détourner de nous, car sans lui nous ne pouvons rien faire, sans lui nous sommes perdus. 

L’œuvre de l’Esprit Saint est de nous faire reprendre le bon chemin. Le tentateur nous conduit sur des voies sans issue. La volonté du Père du Ciel est de nous conduire à la vraie liberté par le chemin difficile de la suite du Christ. Il est « le chemin, la vérité et la vie. » (Jean 14,6) Soyons courageux et fidèles. Nous sommes dans une barque malmenée par la tempête comme ce fut le cas souvent au long des siècles et aujourd’hui encore dans quelques pays où les persécutions antichrétiennes sont fortes. Nous restons confiants sachant par l’expérience que la grâce ne manque pas à ceux qui sont vrais et fidèles. Relevons donc la tête, soyons des hommes et des femmes de prière, bâtissons notre vie sur la charité, espérons toujours au-delà de l’horizon visible des choses, œuvrons dans l’Eglise et nettoyons-la de toutes nos infidélités. Des jeunes gens se donnent dans la mission auprès des pauvres, assistent les personnes fragiles et handicapées. Une nouvelle génération se lève. Nous sommes témoin de la beauté de leurs cœurs saisis par le Christ à qui ils se donnent généreusement. Chers jeunes, l’Eglise vous soutiendra, vous accompagnera, faites lui confiance car la confiance est un don de l’Esprit. Vous souffrez de voir vos ainés trahir le Christ. Nous vous demandons de nous pardonner. Priez beaucoup pour rester dans la lumière. Chassez les oeuvres des ténèbres. Ne craignez pas l’esprit du monde mais opposez vous à ses tentations. Discernez toute chose à la lumière de la Parole de Dieu. Aimez vous ! Le Christ a fait une promesse à chacun de nous : « Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, pour qu’ils contemplent ma gloire. » (Jn 17,24) Vous avez compris que l’ennemi à combattre, c’est toute forme d’adhésion au mensonge en soi-même. Là est la conversion. Là est le chemin de la Vie.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 53 de Mgr Philippe Christory – Jeudi 7 mai

« Marie la porte du Ciel nous fait entrer dans la Gloire »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Le temps pascal que nous parcourons nous fait espérer la Pentecôte, le don de l’Esprit Saint, mais est surtout un parcours qui enrichit notre compréhension de la Résurrection de Jésus, puisqu’il demeura quarante jours avec ses apôtres, jusqu’à son Ascension. C’est donc une occasion privilégiée de méditer sur le Salut enfin obtenu par sa passion et sa mort, son offrande totale à Dieu le Père qui nous délivre de notre propre mort, et de regarder le Ciel non comme un futur douteux mais bien comme un avenir proche et sûr. Notre foi annonce la Vie éternelle. Heureusement car cette vérité de foi peut illuminer notre quotidien, non pour le subir avec fatalisme, mais pour demeurer dans la confiance lorsque nous nous relevons les manches et transpirons afin de transformer la société. Le foi n’est pas un argument pour fuir notre responsabilité. L’histoire de l’Église montre à quel point religieux et laïcs ont œuvré pour transformer les structures sociales, par les soins avec la création d’hôpitaux, par l’agriculture à travers le grand réseau des monastères, par la doctrine sociale développée depuis le XIXème siècle. Aussi, ce temps de confinement ne peut pas être une parenthèse même si l’absence de rassemblements donne un goût amer et unique à cette vie chrétienne. Au contraire, il provoque notre volonté et engage à une décision personnelle d’être authentiquement disciple de Jésus, par une vie soutenue de prière personnelle, par une charité qui se fait concrète envers nos proches, par une espérance que nous voulons accueillir dans nos projets et je pense particulièrement à ceux et celles dont le travail sera bousculé voire menacé dans les prochains mois.

Pour vivre cette étape de la vie de l’Église, nous avons en ce mois de mai la présence de la Vierge Marie. Nous avons choisi de reprendre le chapelet, si possible chaque jour, seul à la maison, en famille, dehors en marchant ou dans nos églises. Le chapelet est une arme puissante, qui nous garde du démon qui nous dissuade de le prier. Ne l’écoutons pas mais reprenons ce merveilleux parcours de la vie de Jésus que nous égrenons perle après perle nous souvenant par nos Ave Maria de la venue du Verbe divin.

Marie a reçu de nombreux titres dans la Tradition ecclésiale car, comme Mère de Dieu, elle était annoncée soit par les figures véterotestamentaires de femmes marquantes de l’histoire juive, soit par les révélations des prophètes. Un titre qui coïncide bien avec le temps pascal est « Marie porte du Ciel ». Récemment nous lisions dans l’Évangile de saint Jean les passages où Jésus se présente comme la porte des brebis. Il n’y a aucun doute sur le fait que c’est bien Lui qui ouvre la porte, guide les fidèles, les fait entrer à l’abri dans ce que saint Jean nomme le bercail pour désigner l’Église. Jésus est le Bon Berger. Et Jésus est désigné comme la porte des brebis, qu’il conduit vers le Père dans la Gloire céleste. Il est donc la porte du Ciel pour chacun de nous. La Tradition a vu en la Vierge Marie celle par qui le Verbe passe pour être avec nous. A juste titre, Marie est vue comme une porte, en premier pour cette venue du Verbe lors de sa descente, mais aussi pour la montée du Corps du Christ, l’Église donc chacun de nous, vers le cœur de Dieu dans la Gloire. Elle est la porte du Ciel si le Ciel est Dieu lui-même par laquelle Dieu se fait tout proche de nous et par laquelle tous les membres retrouveront Dieu dans l’au-delà. Elle est la porte et elle est la première des rachetés pour entrer avant nous dans la vie Éternelle. Nous pouvons nous rappeler la prière du psalmiste « Portes, levez vos frontons, levez-les, portes éternelles : qu’il entre, le roi de gloire ! Qui donc est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur, Dieu de l’univers ; c’est lui, le roi de gloire. » (Ps 23, 9-10) Ce psaume dit le désir du peuple juif de passer la porte de Jérusalem pour emprunter l’entrée du temple afin d’être en présence de Dieu. Le sein maternel de Marie devient le nouveau temple où Dieu trouve abri. Il fait sa demeure en elle et elle est dorénavant associée au Salut par sa coopération permanente à cette œuvre. Ce qui est vrai de l’incarnation est vrai de la Rédemption. En effet, Marie est présente au début du Mystère du Christ et continue éternellement son rôle de Mère. Le sentiment des chrétiens fut toujours en ce sens car personne ne pouvait rester insensible à la maman du Roi de rois. Chez nos frères protestants, malgré le profond attachement de Luther à Marie qui écrivit un beau commentaire du Magnificat, il y eut une opposition idéologique forte à la théologie catholique particulièrement envers la mariologie de l’Église, surtout vers le XVIIIème siècle, et les fidèles protestants furent éloignés de leur Mère céleste, sous prétexte que seule la Bible fait référence pour leur foi. Mais Marie n’est-elle pas avant toute chose évangélique, quand elle acquiesce entièrement à la volonté de Dieu, quand elle demande aux serviteurs de faire tout ce que Jésus dira, quand elle est présente à la Croix fidèle et gardant la foi, quand elle est remplie à nouveau de l’Esprit lors de la Pentecôte ? Il est fort triste de voir notre mère ainsi négligée et oubliée car elle promeut une relation de confiance et de douceur entre nous croyants et notre Seigneur. Elle nous indique sans cesse comme garder en notre cœur tout ce que Dieu fait et dit. Elle est notre avocate et la figure de la femme qui nous défend des tentations du serpent puisqu’elle lui écrase la tête.

En ce jour et en ce mois de Marie, redoublons de foi par la prière avec la Vierge Marie. Assurément ce qui est vécu par l’Église est difficile et possiblement nous subissons ce confinement dans une attitude citoyenne de solidarité avec les malades et les soignants que nous remercions encore, mais aussi avec une tentation de complicité avec l’esprit du monde qui cherche à nous éloigner des saints mystères par le relativisme spirituel ambiant et un manque de fermeté dans la foi. Marie aurait-elle dit « tout cela n’est pas si grave ! » ? Non, Marie a vu le combat de son Fils Jésus contre le démon. Tout ceci est grave car en dépendent notre salut et notre vie éternelle. Si Marie se manifeste tant dans l’époque post-moderne qui est la nôtre, c’est parce que les forces du mal sont bien à l’œuvre et que même nous, les fidèles de l’Église, nous leur prêtons une oreille complaisante. Marie s’est tenue au pied de la Croix quand tous avaient fui. Soyons donc courageux et fidèles, avec le chapelet comme instrument de prière dans une main, l’autre dans la main de Marie pour regarder et écouter le Christ. Elle est la femme éblouissante, la porte du Ciel, par laquelle des grâces merveilleuses nous sont communiquées. Abritons nous sous son voile de tendresse pour être acteur dans notre société et pour en transformer les structures, à l’écoute de l’Évangile, en mettant en œuvre tous nos talents personnels pour ce but. Catholiques, nous y sommes attendus, ne nous désistons pas, car la Vierge nous protège et que Dieu nous le demande.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 52 de Mgr Philippe Christory – Mercredi 6 mai

«Celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Quelle joie ce fut de regarder « Secret d’Histoire » produit et animé par Stéphane Bern qui a révélé l’histoire et la figure de l’auteur de l’« Histoire d’une âme », Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face. Vous trouverez l’émission en replay sur le site de France 3, et vraiment prenez sans tarder les deux heures consacrées à retracer sa vie avec le cadeau de la visite en détail du Carmel de Lisieux où les visiteurs n’entrent pas, clôture oblige. Personnellement, j’ai beaucoup lu ses manuscrits autobiographiques qui constituent ensemble l’« histoire d’une âme » mais aussi ses poèmes, ses pièces de théâtres, ses correspondances notamment avec l’abbé Bellière emplies d’une maturité spirituelle extraordinaire, et toutes les notes de ses soeurs, carmélites avec elle, qui nous rapportent ses derniers propos. Le 30 septembre 1897, Thérèse agonisait dans une souffrance indicible, étouffait, mais continuait dans son épuisement à s’offrir pour le salut des âmes et les prêtres. « Je ne me repens pas de m’être livrée à l’Amour… Oh ! non, je ne m’en repens pas, au contraire ! »… et quelques instants après ses dernières paroles « Eh bien !… allons !… allons !… Oh ! je l’aime ! Mon Dieu, je vous aime ! » et Thérèse entrait dans la Vie. Elle avait promis de passer son Ciel à faire du bien sur la terre. Que n’a-t-elle pas fait depuis ? Combien de guérisons, de miracles, de conversions, d’élans missionnaires ? Comme le psalmiste le dit « La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit. Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore ! » (Ps 66,7-8) Fruit de la terre, merveilleuse icône de la sainteté, Thérèse fit un parcours digne des géants et elle nous enseigne que la sainteté est faite de mille choses simples et cachées, ordinaires et réalisées avec un amour extraordinaire comme saint Paul le dit « je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. (Eph 4,1-3) Il est magnifique de voir comment la Providence s’est saisie du visage de cette religieuse si simple pour que soit connue, par les manuscrits, l’oeuvre de la grâce durant les vingt quatre années de sa vie si brève, et de voir comment l’Eglise universelle, sur tous les continents, a été inspirée par son histoire sainte. Elle demeure l’incontournable sainte Thérèse de Lisieux, et je réalise que depuis que je suis évêque de Chartres, je n’ai pas pris le temps d’aller la remercier par une messe en son Carmel. Vivement la fin du confinement pour que j’aille lui demander pardon de l’avoir ainsi négligée ! Et merci à vous Stéphane Bern d’avoir osé vous saisir d’une telle histoire mystique pour la rendre accessible au grand public !

Thérèse est née dans une famille où l’amour pour Dieu avait la première place. Ses parents Louis et Zélie avaient tous les deux pensé devenir consacrés. Finalement c’est tardivement qu’ils se marièrent. Thérèse fut la neuvième de neuf enfants, fruit de la générosité de ses parents dont la vocation fut beaucoup éprouvée par la mort de quatre enfants en bas âge. Thérèse est donc celle que Dieu a offert non seulement à cette belle famille aimante mais à l’Eglise comme un cadeau ultime et si précieux. Cependant c’est ce bain de vraie sainteté familiale qui fut l’espace où elle grandit, pour passer par des étapes psychologiques difficiles et finalement se donner à Jésus au Carmel alors qu’elle a à peine quinze ans. Un peu comme le jeune prophète Daniel encore adolescent surprend les anciens de son clan par sa sagesse, Thérèse voulait avancer vers l’union à Jésus car le temps pressait. Devenir vite sainte, tout son désir, et l’Esprit Saint était là, car il nous fallait ce fruit merveilleux pour faire face à nos médiocrités et à notre attachement servile à l’esprit du monde. Son bonheur était Jésus, et la Vierge Marie la mère de Jésus qui devint réellement sa mère. Marie lui présentait son Fils : « Celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé » (Jn 12, 45). Saint Jean, en cette péricope lue lors de la messe du jour, rapporte ces paroles si puissantes de Jésus, pour que nous comprenions que Lui seul révèle le visage du Père du Ciel. Ce visage est tout spirituel car Dieu est pur esprit, mais nous en parlons ainsi pour tenter de dire quelque chose de compréhensible sur la tendresse et la bienveillance de Dieu. Curieusement ces mots sont les derniers de Jésus avant la passion. Son arrestation au dû avoir lieu le soir même. Ce visage que nous contemplons sera battu de coups, et pour reprendre Isaïe « il était si défiguré qu’il ne ressemblait plus à un homme ; il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme » (Is 52,14). Thérèse sera profondément attachée à son petit crucifix qu’elle tient en main quand elle meure. Elle a fait le choix de s’unir dans ses douleurs si terribles à la souffrance de Jésus offerte pour notre Salut.

Il est bien compliqué de parler de la souffrance. Monseigneur François Marty, alors archevêque de Paris, conseillait aux jeunes prêtres de n’en rien dire car ils ne savent pas de quoi ils parlent. Saint Paul écrivit : « Maintenant je trouve la joie dans les souffrances que je supporte pour vous ; ce qui reste à souffrir des épreuves du Christ dans ma propre chair, je l’accomplis pour son corps qui est l’Église. » (Col 1,24). Le Christ a pourtant tout racheté par sa passion et sa mort. Que manque-t-il ? En réalité rien mais les membres de son corps sont associés mystérieusement à son offrande, certains plus encore comme saint Padre Pio en recevant les stigmates de la passion. Sainte Thérèse dans son agonie vit cela dans son corps mais plus encore dans son âme qui passe par le tunnel de l’obscurité spirituelle, appelée nuit de la foi, et compatit avec les non-croyants qui ignorent voire qui ont rejeté Jésus. Voici pourquoi le démon, l’Antichrist, cherche par tous les moyens à masquer le visage de Jésus, à l’interdire dans les lieux de vie et les écoles, à proposer des satisfactions mondaines qui ne pourront pas répondre aux questions fondamentales des hommes mais qui les occupent jusqu’au jour de la mort. Car si l’homme est coupé de Jésus, il est séparé du Père et devient orphelin et abandonné.

Avec sainte Thérèse, encouragé par Saint Jean, comprenons que notre chemin est là avec Jésus : « Lui qui est si riche en gloire, qu’il vous donne la puissance de son Esprit, pour que se fortifie en vous l’homme intérieur. Que le Christ habite en vos cœurs par la foi ; restez enracinés dans l’amour, établis dans l’amour. Ainsi vous serez capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur… Vous connaîtrez ce qui dépasse toute connaissance : l’amour du Christ. Alors vous serez comblés jusqu’à entrer dans toute la plénitude de Dieu. » (Eph 3, 16-19) Ne vous découragez pas. Nous sommes devant nos faiblesses quand nous voyons une jeune sainte monter si haut les marches de la sainteté. Rappelez vous que l’arme du mauvais est souvent ce découragement qui nous terrasse dans nos bonnes intentions. Avancez pas après pas, aujourd’hui, car à chaque jour suffit sa peine, en faisant le bien avec discrétion. Un jour nous nous verrons face à face, au Ciel, avec Thérèse et nos amis célestes et comme elle, nous entrerons dans la vie et la joie qui va avec. Alléluia !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 51 de Mgr Philippe Christory – Mardi 5 mai

« C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de « chrétiens »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

L’évangéliste Saint Luc a raconté dans les actes des apôtres le massacre d’Etienne, lapidé par des juifs qui considéraient la prétention d’Etienne à contempler les cieux ouverts et voir le fils de l’homme siéger à la droite de Dieu, en l’occurrence Jésus après son ascension, comme un blasphème méritant la peine de mort au jeune diacre. Même Saül était présent et gardait les manteaux de ceux qui jetaient les pierres. Dans le passage lu ce jour à la messe au chapitre 11, la persécution s’installe en Palestine et elle oblige les disciples à fuir loin et par voie de conséquences à annoncer la Bonne Nouvelle du Salut au nom de Jésus en des lieux nouveaux. Il est passionnant d’observer qu’à travers ce mal que fut le martyre d’Étienne, la Parole est largement annoncée en des lieux différents notamment habités par des grecs non juifs qui, certes, ignorent les prophéties juives annonçant un messie, mais qui sont interpelés par l’enthousiasme et la foi en un Dieu unique et miséricordieux de ces hommes.

Ainsi en va-t-il de tout choc culturel qui suscite désarroi et inquiétude, mais qui permet un nouveau déploiement de ce que nous vivons. J’ai pu vous dire dans un message précédent que le socle sur lequel nous sommes appuyés est notre foi vécue en l’Église. Comme Corps du Christ, nous ne sommes pas une réalité instable mais nous avons une base solide qui nous conforte pour aller vers le Ciel comme pour rencontrer les hommes et les femmes de notre époque. Après la mort d’Étienne, fortifiés par son courage, beaucoup de ceux que dorénavant on appellera les chrétiens, nom reçu à Antioche, deviennent ces épiscopes ou anciens – on dirait les « vieux » dans certains pays africains avec ce que cela sous-entend de sagesse – qui auront autorité pour former et installer des chefs de communauté. C’est ainsi que l’on verra plus tard Paul enseigner Timothée : « Ce que tu m’as entendu dire en présence de nombreux témoins, confie-le à des hommes dignes de foi qui seront capables de l’enseigner aux autres, à leur tour. » (2Tm2,2) Si ces disciples n’avaient pas imaginé par avance ce déploiement missionnaire, l’Esprit Saint a saisi cette occasion pour
opérer cela. C’est pareil pour nous en ce temps de pandémie. L’Esprit Saint saisit cette occasion pour susciter un élan nouveau que nous voyons notamment dans les familles et dans la fraternité entre les amis qui partagent des moments de prière même à distance et qui se soutiennent. Pour exemple, l’Esprit Saint a ouvert les cœurs de plus de 215 foyers sur les paroisses de Nogent le Roi et Maintenon qui ont demandé à être visités dimanche dernier pour être bénis, maisons et habitants, et qui ont donné des denrées alimentaires pour les plus pauvres. Je suis convaincu que vous avez des témoignages de ces portes qui s’ouvrent dans le cadre du confinement. N’hésitez pas à nous les partager.

Un sage nommé Quohelet écrivait : « ce qui s’est fait, c’est cela qui se fera ; rien de nouveau sous le soleil. » (Eccl 1,9). Il vivait une période d’attente peut-être trop longue observant les cycles de la nature : « Le soleil se lève, le soleil se couche ; il se hâte de retourner à sa place, et de nouveau il se lèvera. Le vent part vers le sud, il tourne vers le nord ; il tourne et il tourne, et recommence à tournoyer. Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est pas remplie ; dans le sens où vont les fleuves, les fleuves continuent de couler. » (Eccl 1,5-7) Mais soudain l’Esprit Saint, après la résurrection, renouvelle le chemin de l’humanité et lui suscite un avenir. Dans l’Apocalypse de saint Jean, surgit « une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. » (Ap 21,3) Alors celui qui siège sur ce trône affirme « « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » Et il dit : « Écris, car ces paroles sont dignes de foi et vraies. » (Ap 21,5) Cette réalité apporte une espérance : la vie n’est pas comme une boucle sans fin, comme si nous marchions sur un cercle pour refaire sans cesse le même tour. Nous avançons sur une voie qui nous mène en avant vers la place préparée dans la Gloire. Le labyrinthe de Chartres permet d’expérimenter un parcours de vie qui arrive toujours à celui que représente son centre, Jésus-Christ. Comme affirme Saint Paul : « Une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » (Ph 3,14). Le chemin sera toujours ardu, monter en haut du Mont-Thabor cause de la fatigue. Mais l’expérience de la rencontre est devant nous. Nous nous y préparons comme les bons serviteurs, ne connaissant ni le jour ni l’heure, remplissant notre lampe avec une huile de charité pour entrer bientôt au banquet des noces de l’agneau.

On peut être admiratif de la fécondité de la prédication de Barnabé, ce qui l’oblige à aller à Tharse chercher Saül, qui sera ensuite nommé Paul. Ce sont pourtant des hommes comme tout le monde. Cependant, durant une année ils prêchent ensemble, témoignent et instruisent une foule considérable. Assurément le témoignage de la rencontre de Jésus faite par Saül sur le chemin de Damas bouleverse ces gens. Saul et Barnabé ont des coeurs d’apôtres extrêmement brûlants. L’annonce du Royaume ne sera efficace que si elle manifeste le surgissement puissant de l’Esprit Saint causant une vie renouvelée. La transmission de la foi par le catéchisme, aux enfants comme aux adultes, a besoin de ce feu ardent pour être reçue. Ce feu s’allume au contact de l’Évangile lu dans l’Esprit et partagé entre frères et soeurs. Ainsi sont rendues manifestes les oeuvres accomplies par Jésus-Christ.

Ces hommes et ces femmes, je parle de ces premiers disciples, gardent précieusement les paroles de Jésus afin de les transmettre. Elles font leur joie et sont leur force. « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. » (Jn 10,27-30) Quelle promesse incroyable pour eux ! Quel trésor précieux pour partir sur les chemins annoncer le Royaume ! Jésus est leur bon Pasteur. Rien ne peut leur manquer, même s’ils manquent de tout ce que le monde recherche, leur richesse n’est pas dans ce qui périt mais en cela qui se garde en vie éternelle : « Tout cela, les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. » (Mt 6,32)

À Antioche, les premiers disciples reçurent le nom de « Chrétien ». Quel beau nom ! Le portons-nous fièrement ? En sommes-nous les témoins ?

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 50 de Mgr Philippe Christory – Lundi 4 mai

« Nous, ses serviteurs, nous allons nous mettre à reconstruire »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Voici un nouveau message pour une nouvelle semaine de confinement. C’est le 50ème message et j’aimerais vous partager mon enthousiasme à écrire; c’est pour moi un cadeau de prier pour vous tôt le matin pour recevoir du Seigneur le thème de ma rédaction. Ouvrir la Bible, soit dans le livre soit sur l’écran ce qui est pratique pour retrouver une citation, relire tel écrit spirituel pour synthétiser un peu ma pensée, tout concourt à reprendre les fondamentaux de la foi. Ainsi, jour après jour, apparaît le visage de Jésus, dans ses deux natures, humaine et divine, qui dévoile Dieu Trinité comme Amour divin livré aux hommes par le don du Saint Esprit. Accueillir la grâce que Dieu fait à chacun quand il est là vivant parmi nous, non pas à travers un enseignement ou un livre, mais en personne. Nous chrétiens ne sommes pas membres d’une religion du livre, mais disciple de Jésus, Verbe divin fait homme. Nous l’approfondissons par la contemplation, ce qui nous demande une lecture assidue et méditative de l’Evangile, de la vie de Jésus à la découverte de ses mots, ses actes, sa présence, sa proximité avec les pauvres et les malades, sa détermination face aux erreurs, son regard sur ceux que personne ne voit plus, son rejet du mal, sa recherche de la vérité, sa soif de communion… « Qui m’a vu a vu le Père ! » résume bien cela (Jn 14,9). Saint Jérôme, traducteur de la Bible en latin à la fin du IVème siècle, disait que l’ignorance des Ecritures c’est l’ignorance du Christ. Mathilde, une fiancée, me disait sa joie de découvrir maintenant les textes sur Jésus. C’est souvent le cas des catéchumènes. Certains se disent éblouis et lisent chaque jour longuement les évangiles. Aussi puis-je reformuler le constat que fait avec bonheur saint Paul : « voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu : quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement, non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants. » (1Th 2,13) Ensemble, dans nos communautés paroissiales, pouvons-nous faire mutuellement ce pas les uns vers les autres et rendre grâce ? « Oui, c’est vous qui êtes notre gloire et notre joie. » ajoute Saint Paul (1Th 2, 20).

Cette nouvelle semaine se vivra au sein de nos églises domestiques. Avez-vous par exemple mis en place le bénédicité au début de chaque repas, en remerciement pour la nourriture et celle ou celui qui l’a préparée ? Certains expriment leur lassitude de ne pas être en communauté paroissiale. Suivre la messe à la télévision, certes une grâce pour les personnes âgées habituées au Jour du Seigneur sur France 2, mais pour nous qui venions à l’église le dimanche voire en semaine, cela devient difficile. Nous risquerions même tout en nous lassant de nous habituer à une formule si décontractée. Il faut une volonté certaine pour se préparer et y mettre tout son coeur afin de se relier les uns avec les autres quand on ne se voit pas. Il est vrai que les efforts pour retransmettre des messes locales ou celle de la cathédrale ont permis de nous relier avec le lieu que nous fréquentions habituellement. Mais l’Eglise souffre car elle ne peut pas se passer d’être ensemble. Il a pu arriver d’entendre que l’on peut être chrétien sans pratiquer. Cela voudrait dire que nos « valeurs » chrétiennes peuvent exister dans la vie d’une personne baptisée sans qu’elle n’aille à l’église. Soit, mais la foi n’est pas d’avoir des valeurs, mais de suivre Jésus, et d’être ensemble son Corps, l’Eglise convoquée par l’Esprit. Pour nous catholiques, l’Eglise fait l’eucharistie et l’eucharistie fait l’Eglise. Cette formule du père Henri de Lubac dit clairement le besoin de célébrer ensemble pour répondre à l’espérance de Jésus « que tous soient un comme toi et moi, Père, sommes un. » (Jn 17,21) Etre ensemble pour puiser l’énergie afin de nous aimer, servir et nous donner, pour nous pardonner mutuellement et faire jaillir l’Espérance. Aussi l’auteur de la lettre aux hébreux dit : « Ne délaissons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous, d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour du Seigneur. » (Hb 10,25) Nous voyons bien que la tentation d’une religion à la carte, en fonction de ses humeurs, est bien là. Mais si nous délaissions nos assemblées, alors il est fort probable que notre attachement à l’Evangile pâlirait, que notre prière disparaitrait peu à peu, et qu’un jour nous renierions Jésus-Christ lui-même. En ces jours, persévérons encore, en unissant deux mots : patience et providence. Patience toujours pour demeurer en paix dans nos attentes tant matérielles que spirituelles; providence car là est l’oeuvre du Saint Esprit qui pourvoit à nos besoins, n’en doutons pas !

Ce lundi, nous continuons la lecture des Actes des apôtres et nous est lue lors de la messe une histoire étonnante que vit Saint Pierre et qui sera déterminante pour l’ouverture de l’Eglise primitive aux nations païennes, à un moment où les disciples pensent encore que la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ, en tant que fruit du judaïsme, est destinée aux seuls juifs. Pierre fait un rêve troublant, comme un songe car il n’est pas fugace mais bien tenace, d’un repas où la nourriture est composée de viande sauvage donc impure à consommer. Pierre dans son rêve résiste à l’idée de la porter à la bouche, mais Dieu lui parle alors « Ce que Dieu a déclaré pur, toi, ne le déclare pas interdit. » (Act 11, 9). Peu de temps après, s’étend éveillé, Pierre reçoit la demande pressante de se rendre chez un païen Corneille, ce qui lui est interdit par sa loi car cela le rendrait impur. Poussé par l’Esprit, il découvre que la grâce du Christ l’a précédé et que toute la famille est ouverte à la parole de Salut. La famille est baptisée par Pierre, enfants et adultes. A son retour, on interpelle Pierre pour avoir enfreint la loi, mais Pierre explique comment l’Esprit l’a poussé en avant : « Si Dieu leur a fait le même don qu’à nous, parce qu’ils ont cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour empêcher l’action de Dieu ? » (Act 11, 17) Par son témoignage, Il convainc l’assemblée que Dieu attire chacun pour découvrir son projet destiné aussi aux païens. « En entendant ces paroles, ils se calmèrent et ils rendirent gloire à Dieu, en disant : « Ainsi donc, même aux nations, Dieu a donné la conversion qui fait entrer dans la vie ! » (Act 11,18)

C’est avec cette conviction que les missionnaires sont partis vers des peuplades souvent inconnues afin d’annoncer la Bonne Nouvelle et enseigner comme suivre Jésus par les sacrements institués par lui. Comme nous annonçons une personne vivante, Jésus, aucune culture humaine ne peut être brimée par l’ignorance de sa présence. Chacune d’elles a été préparée par l’Esprit Saint pour cette rencontre, même si d’autres moeurs y étaient ou sont encore très éloignés d’un art de vivre chrétien, comme la polygamie, le cannibalisme ou les sacrifices humains. Notre culture occidentale, pourtant bien nourrie du christianisme, n’est pas exempte des structures de péché qu’il faut évangéliser à nouveaux frais. La culture de mort y est bien implantée. Les injustices sociales sont toujours fortes. L’homme contemporain doit désarmer son coeur pour reprendre la formule du pape François. Faute de cette conversion radicale de chacun et des structures, notre culture restera très fragile et menacée par des tempêtes qui ne manqueront pas de l’assaillir. Notre maison commune est aujourd’hui bâtir sur le sable, car nos gouvernants ne mettent pas en pratique la Parole de Dieu. Ce temps pascal permet de demander avec force la lumière de l’Esprit Saint que Jésus promet. Invoquons-le pour ne pas nous endormir dans la torpeur spirituelle ambiante mais pour reconstruire la Jérusalem spirituelle comme lorsque le prophète Néhémie exhortait le peuple au retour d’exil : « C’est le Dieu du ciel lui-même qui nous fera réussir. Nous, ses serviteurs, nous allons nous mettre à reconstruire. » (Ne 2, 20). Aujourd’hui, cette reconstruction se fera en ouvrant les portes pour aller vers le monde, heureux et fier de notre foi, car nous avons un Dieu de Miséricorde manifesté par Jésus-Christ.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 49 de Mgr Philippe Christory – Dimanche 3 mai 

« Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

L’Évangile de ce dimanche appelé dimanche du Bon Pasteur parle de Jésus comme la porte des brebis et se conclue par cette promesse merveilleuse : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jean 10,10) Le psalmiste parle de ce visage champêtre du Seigneur qui conduit et protège son peuple : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. » (Ps 22,1.4) Qui comprendra le désir extraordinaire de Dieu de nous conduire à la vie, jusqu’à la vie éternelle, une vie en abondance ? Une personne consacrée est quelqu’un qui a expérimenté combien la rencontre de Dieu est source de cette vie en abondance et qui désire donner sa propre vie et ses projets personnels pour se faire serviteur de ce message par sa parole et ses actes. 

Au cours des jours précédents, nous avons plusieurs fois médité sur la vie consacrée, ce bel appel à tout donner par amour de Dieu, à se donner soi-même, étant convaincu que l’amour qui vient de Dieu, car Dieu est Amour, peut remplir le cœur d’un homme ou d’une femme de la joie profonde qu’il ou elle recherche. Vivre tout pour Dieu est une source de grandes grâces même si cela est objectivement difficile au sein d’une société qui pousse l’homme vers ses produits de consommation. Être tout à Dieu pour découvrir une liberté authentique et n’être pas attaché par ces liens que nous croyons maîtriser mais qui nous retiennent : la propriété, le statut social, les relations mondaines, l’argent, les assurances, etc.

Lisons cet Évangile merveilleux où Jésus se présente : « Amen, amen, je vous le dis : Moi, je suis la porte des brebis. » (Jn 10,7), mais aussi dit être le berger menant son troupeau dans l’enclos où elles sont en sécurité. Il est le berger ou encore le pasteur qui recherche celle qui s’est perdue car elle compte autant à son cœur que les quatre-vingt dix neuf brebis qui sont ensemble et qu’il laisse en arrière car il veut sauver l’unique qui se perd et va mourir. Et quelle est alors sa joie : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue ! » (Lc 15,6) et de préciser que cette joie anticipe celle du Ciel : « C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Lc 15,7)

Comment parler de la bonté de ce berger ? Un notable interrogea Jésus : « Bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » (Lc 18,18) et peut-être parce qu’il avait à l’instant pris soin d’accueillir les enfants, cet homme l’avait qualifié de bon. Jésus répondit que Dieu seul est bon. Il ne faut pas voir ici la négation de sa propre bonté ni de sa propre divinité. Mais Jésus, dans son abaissement lui de condition divine (Cf. Ph2), se préservait ainsi des attentes inadaptées de ses contemporains et il choisissait de garder certaines choses secrètes, ce que l’on nommera le secret messianique. « Dieu seul est bon » est une parole forte à l’époque quand l’image de Dieu que se font les personnes est encombrée par une vision archaïque marquée par la peur. Le Dieu tout-puissant du peuple élu était appelé Seigneur des armées; il combat par la force et punit celui qui n’obéit pas. Certes, on ne se moque pas de Dieu. Dieu est bon mais Dieu est Dieu ! Cependant Dieu est Amour, il est le Bon et il faudra longtemps pour qu’au sein de l’Eglise, cette vision de Dieu se purifie de ses archaïsmes parfois entretenus afin de gouverner par la force tel un pouvoir humain ou politique. Dieu livré par amour a besoin d’intériorité pour être compris. Saint Augustin nous prévenait pourtant « si tu crois connaitre Dieu, ce n’est pas Dieu ». Il est tellement au-delà de notre pensée, tellement plus haut. « Par ses blessures, nous sommes guéris. Car vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes. » (1P2,24-25)

Dieu seul est bon et c’est parce qu’il est absolument bon qu’un homme ou une femme donne sa vie afin d’annoncer son Royaume de paix. L’amour sous-entend des relations, d’abord en Dieu et c’est la Trinité, entre Dieu et nous, et finalement entre les hommes et les femmes. Nous pouvons aussi ajouter un amour entre nous et la création car Dieu a tant aimé le monde ! Comme médiation extraordinaire de cet amour, Jésus a institué les sacrements par lesquels l’homme trouve la force et entrevoit par grâce le visage bon de Dieu qui lui pardonne son péché, lui donne les dons de l’Esprit Saint, s’offre à lui par le corps eucharistique de Jésus. Pour célébrer ces signes du Salut, des hommes sont appelés à devenir prêtre dans le célibat pour le Royaume. Ce sont des garçons qui aiment l’église, qui prient fidèlement le Seigneur, qui s’accomplissent en faisant grandir les autres, qui ont le désir d’une vie pleine dans la lumière de l’Esprit. Alors délicatement, l’Esprit Saint frappe à la porte de leur cœur parfois lors de l’enfance même précoce, parfois durant l’adolescence ou quand la vie adulte est déjà commencée pour dire « veux-tu répondre à mon appel et être prêtre au sein de l’Eglise ? »

On peut craindre une telle question car aujourd’hui nous sommes poussés par nos familles, par le système éducatif et par la société à travers les médias vers un avenir où l’idée de réussite n’est sûrement pas d’embrasser la Croix et de la porter avec Jésus. Qui entendra ? Qui découvrira la bonté de Dieu ? Qui servira l’église ? Or si Dieu seul est bon, servir un Dieu de bonté, n’est-ce pas une grâce ?

En ce mois de mai, nous cheminons particulièrement avec la Vierge Marie. Le chapelet est notre arme spirituelle. Elle accompagna les disciples de Jésus durant trois années puis après l’Ascension elle demeura à leur contact en prenant soin de confier à Dieu chacun d’eux dans sa prière. Marie est la mère de prêtres, elle nous protège sous son voile de tendresse, par sa ferme détermination elle nous encourage, avec elle nous gardons la Parole et nous la méditons pour pouvoir l’annoncer dans notre culture contemporaine. Marie est le reflet vivant de la Bonté divine, qui prend corps en elle. Elle nous incite à ne pas craindre la question de l’appel et nous promet sa présence maternelle et aimante quand, hésitant, nous répondons oui me voici !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 48 de Mgr Philippe Christory – Samedi 2 mai 

« Seigneur à qui irions-nous ? »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Cette affirmation jaillit comme un cri chez l’apôtre Pierre. Tous les suiveurs, ceux qui recherchaient nourriture et guérison auprès de Jésus, l’avaient quitté car ils ne comprenaient pas son discours du pain de vie. Manger son corps, boire son sang, cela devenait inaudible et aberrant, parole d’un illuminé ou d’un fou : « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » (Jn 6,60) Est-ce que saint Pierre comprit mieux cela que ces disciples ? Probablement que non, mais il avait dans le coeur la conviction que Jésus était le messie attendu. Aussi, dans la foi il affirma à Jésus « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6,68-69)

La foi des chrétiens est une force intérieure, une colonne vertébrale, une source de vie, une joie, une échelle entre le Ciel et la terre. Dans les actes des apôtres, lus ce jour à la messe, Pierre empli de l’Esprit guérit Enéas paralysé et alité depuis huit ans, puis Tabitha pourtant décédée qu’il ramène à la vie : « Tabitha, lève-toi ! ». L’Eglise affirme que notre vie spirituelle et religieuse est essentielle. Ces jours-ci, nous entendons chez des catholiques une déception voire une contestation consécutive à la position politique imposée à l’Eglise de ne pas reprendre les célébrations avant le 2 juin. En cela, nous expérimentons la solidarité avec ceux et celles qui ne communient pas, particulièrement dans les régions du monde où la foi est combattue et même persécutée, ou lorsque les distances ne permettent pas le passage fréquent d’un prêtre. Pensons aux hommes enfermés à la prison de Chateaudun où l’aumônerie ne peut plus entrer pour célébrer la messe, écouter et prier. Nous sommes atteints d’entendre que nos activités sont comparables à celles des clubs de sport ou des offres culturelles. Comment en juger avec justesse ? Il est possible d’entrevoir, dans ce sentiment blessé des catholiques, une expression populaire de l’émergence du sensus fidei ? Qu’est-ce que le sensus fidei des fidèles ? Nous parlons d’un sens surnaturel de la foi reçu par le peuple de Dieu, dans la lumière de l’Esprit Saint, qui devient participant du don prophétique de Jésus, c’est à dire une aptitude spirituelle à juger des choses de la terre à la lumière de l’Evangile, en vue du bien commun, soit le bien de chacun jusqu’au plus petit. Bien qu’il y ait le mot sens, qui fait penser aux sentiments, ce n’est pas là une perception affective ou émotionnelle. En ces semaines de confinement, on fait l’expérience du besoin de Dieu et de sa Parole reçue en Eglise qui, due à l’absence, exprime l’attente d’être nourri du Pain de Vie, le Corps de Jésus. Il a pu arriver dans le passé que nous allâmes à la messe le pas léger et quelque peu désinvolte, nous permettant d’arriver en retard par exemple. Et pourtant Dieu nous nourrissait de sa Parole et de son Corps, sans nous repousser. Il pardonnait notre superficialité parce qu’il est venu parmi les hommes et qu’il connaît le cœur de l’homme pour s’offrir en sacrifice aux hommes : « prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps. » Et il nous nourrissait. Là s’exprime la Miséricorde de Dieu. Loin de l’eucharistie, même si la grâce ne manque pas à ceux qui croient, ce rendez-vous nous manque. 

Mais comment l’expliquer à ceux qui ne croient pas et ne pratiquent pas ? Si tous ceux qui sont venus vers Jésus-Christ et qui l’ont choisi comme maître et Seigneur disent que leur vie a vraiment changé, la réponse est celle de Jésus aux disciples de saint Jean le Baptiste : « Venez, et vous verrez. » (Jn 1,39) Dans mon histoire personnelle, comme prêtre et particulièrement durant vingt ans comme curé de paroisse, je peux affirmer avoir vu des personnes être totalement renouvelées, transformées, revenir à la vie, être réjouies par l’œuvre de la grâce en elles. Même si la vie fraternelle et l’écoute mutuelle ont pu avoir un fort impact psychologique sur leur état joyeux, il n’est pas possible de nier la puissance du travail fait par la grâce de Dieu en elles. Par exemple, combien de milliers de personnes ont être renouvelées durant des sessions de prière à Paray Le Monial ? Combien de jeunes sont revenus totalement différents des journées mondiales de la jeunesse et ont fait le choix d’un don d’eux-mêmes par exemple en partant en coopération ? Seuls les aveugles du coeur, ou les personnes de mauvaise foi contrediront cela, ceux que Jésus désignait comme ayant la nuque raide.

Je ne peux prétendre être un observateur compétent de la société actuelle, mais n’est-il pas impressionnant de voir que le modèle de notre économie consumériste s’est arrêté brusquement sur un obstacle imprévu et que la navigation de nos gouvernements se fait à vue, comme un pécheur rentre au port sur son frêle esquif en évitant les rochers. Nous sentons qu’ils ne voient pas grand chose, que des mesures sont prises au grès des circonstances fluctuantes. N’est pas Madame soleil qui veut. Le monde avance à vue et personne ne sait prédire quel chemin sera possible dans le moyen terme. Les hommes politiques cherchent des solutions matérielles et financières pour que l’espoir renaisse. Mais l’Espérance est autre chose, c’est croire en un Père qui nous attend et nous tend les bras, dont le cœur est rempli d’amour, venu vers nous par son Fils pour nous sauver, soutenant nos efforts en vue du bien. La foi en Jésus-Christ donne à nos vies une base solide et stable. Oui, quelque soit la direction que prendra la société et qui sera ardue n’en doutons pas, nous sommes accompagnés pour une personne vivante et aimante, le Seigneur. Si nous accueillons cela avec conviction et l’incarnons dans nos vies, nous recevrons une grâce de sérénité, et ce sera un témoignage pour ceux et celles qui réalisent actuellement que la société liquide et horizontale qui les enveloppe ne leur offre pas la joie profonde espérée. Viendront-ils alors vers Jésus-Christ ? Iront-ils jusqu’à dire à leur tour : « Seigneur, à qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle ! » ? Ce sera leur choix. Cependant, sommes-nous préparés à les écouter et à les conduire à Jésus, à les accueillir dans nos communautés ? C’est le moment d’y réfléchir sérieusement, nous le pensons. Peut-être faut-il faire déjà un pas vers eux, vivre une Eglise en sortie !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et, en ce mois de mai, mois de Marie, nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 47 de Mgr Philippe Christory – Vendredi 1 mai 

« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson  ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Ce jour sent bon le muguet, symbole d’amour et de bonheur que l’on souhaite à ses amis. Qui n’est pas allé enfant dans les sous-bois faire provision de ces brins pour les proposer sur le trottoir aux passants, par exemple les scouts afin de financer leur camp d’été ? Cette année, que nenni puisque les fleuristes sont fermés, mais on dit que certaines boulangeries en proposent ! A voir donc pour dire à ceux que l’on aime qu’ils comptent vraiment pour nous. Aussi, je vous offre un brin de muguet tout virtuel, en fermant les yeux vous l’imaginez, et je vous dis que je vous aime chers amis et diocésains et que je veux votre bonheur en Christ, car lui est la source véritable de la vie et de la joie. 

Avec saint Giuseppe Benedetto dont je vous parlais hier, nous avions le portrait d’un saint merveilleux de la charité, mais qui ne manquait pas de dire combien il nous fallait prier, tout confier au Christ et faire une absolue confiance à sa Providence. C’est ce que nous devons faire aussi quant à la reprise des célébrations publiques dans nos églises. Certes ce même saint affirmait fortement « qu’une Messe vaut plus qu’une semaine de calculs et de travail : tout nous vient de cette source ! Bienheureux celui qui écoute la Messe chaque jour. » Et « Si l’on veut vivre bien, il faut se nourrir fréquemment et bien; cette nourriture est la Divine Eucharistie. » Oui, mes amis nous prenons conscience que, malgré l’inventivité des paroisses pour vous transmettre par radio ou video la messe, cela ne pourra jamais remplacer notre participation physique à nos assemblées, lorsque debout nous acclamons la Gloire de Dieu, assis nous écoutons les lectures, à genou nous adorons la présence réelle du Christ durant la consécration, inclinés nous accueillons le précieux corps de Jésus nourriture du Ciel. Nous voir, nous saluer, écouter la chorale et l’orgue, vivre ensemble la messe dans l’odeur de l’encens et de l’encaustique est si nécessaire pour qu’avec tous nos sens nous puissions être rejoints et habités de sa présence. Nous espérons la vraie nourriture, le pain venu du Ciel et c’est tellement normal qu’il soit ainsi désirable car, dit Jésus, « ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. » (Jn 6,55-56) Bientôt cela nous sera redonné, nous serons, je vous l’espère, comme le peuple hébreu qui revenant de l’exil à Babylone fait face à Jérusalem et chante les psaumes appelés psaumes des montées : « Glorifie le Seigneur, Jérusalem ! Célèbre ton Dieu, ô Sion ! Il a consolidé les barres de tes portes, dans tes murs il a béni tes enfants. » (Ps 147, 12-13) Dans cette attente, le Seigneur ne manque pas de nous bénir, soyons-en persuadés au delà du ressenti d’absence. Il donne à la mesure de nos besoins et fait croître notre désir pour lequel nous pouvons le remercier par notre louange. 

En ce jour, 1er mai, c’est la fête de saint Joseph travailleur ou artisan, voulue par le pape Pie XII. Joseph était charpentier comme l’affirme l’Ecriture en Matthieu 13,55, et il est juste de penser que Jésus a exercé ce métier qui se transmettait de père en fils. C’est un beau travail car il utilise le bois, matériau vivant et noble, et il permet à des familles d’avoir non seulement un toit mais une maison avec l’espace de la vie commune et de l’intimité. Construire une maison impose un dialogue, une connaissance mutuelle pour entendre le besoin des futurs habitants, tenir compte de leurs finances et de leurs activités. L’Eglise s’attache à développer un enseignement sur le sens et la valeur du travail. En ces jours de confinement, de nouveaux repères se créent, des formules nouvelles de travail comme le télétravail s’imposent et prennent place tout en nécessitant une confiance réciproque, car il n’y a plus de pointeuse ! Pourquoi travaillons-nous ? Pour avoir un salaire certes afin de financer les besoins quotidiens. Mais le travail n’est pas qu’un emploi salarié et il existe une part important du travail réalisé bénévolement, à commencer par les aides et la présence auprès des personnes dans le besoin, les enfants, les amis et nos aînés. L’ensemble du travail vaut plus que l’argent gagné, il vaut par l’amour partagé dans le don de soi et par la reconnaissance mutuelle. Certains disent que le bénévolat serait une façon de s’auto-satisfaire car nous cherchons à exister devant les autres. Et bien même si c’est un peu cela, il permet des relations nouvelles et diversifiées qui nous grandissent comme êtres humains. Au sens propre du mot bénévole, il y a vouloir du bien. N’est-ce pas ce qui nous réjouit ? L’homme est un être de don, un être pour le don. Rien n’est plus dur à l’homme que de se sentir inutile, comme cet SDF qui me dit « je peux crever, je ne sers à rien ni à personne ! ». Dans la Genèse, la première chose que Dieu fait est un travail, il crée et façonne la création et il est écrit que cela était très bon. Dès cette origine, l’homme et la femme reçoivent mission de faire fructifier la terre par leur travail. « Le travail n’est pas un peine, mais la collaboration de l’homme et de la femme avec Dieu dans le perfectionnement de la création visible » (Catéchisme 378). 

Jésus encourage le travail du bon serviteur que le maître trouve en tenue de service à son retour, il félicite celui qui fait fructifier les talents confiés et rabroue celui qui l’a enfoui dans le sol, il dit de prier le Père d’envoyer des ouvriers pour la moisson. Simultanément Jésus demande de ne pas vivre dans le souci : « C’est pourquoi, je vous dis : À propos de votre vie, ne vous souciez pas de ce que vous mangerez, ni, à propos de votre corps, de quoi vous allez le vêtir. En effet, la vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. » (Lc 12, 22-23) Notre vraie maison nous attend au Ciel. Si nous travaillons, ce que j’aime à dire aux adolescents, ce n’est pas pour avoir le bac et un bon métier qui rapporte car celui-ci est un moyen, c’est pour oeuvrer ensemble au bien commun, au bonheur de l’humanité entière, pour parfaire la création sans l’asservir mais en la respectant et en y puisant le nécessaire sans l’agresser par une surconsommation immédiate qui détruit ce bien pour les générations à venir. 

Avec la belle figure de saint Joseph et de Marie que nous n’oublions pas, pourquoi ne pas prendre du temps pour découvrir la doctrine sociale de l’Eglise. Depuis le pape Léon XIII et son texte prophétique « Rerum Novarum » écrit en 1891, une riche réflexion s’est développée interpelant tous les travailleurs pour que le travail soit au service des hommes et des femmes dans le respect de la création, de nos relations et de la nature. Maintenant nous ne pouvons pas réduire le travail aux activités de production ou de service à la personne, car il y existe un travail à accomplir qui incombe surtout à vous laïcs, soit le travail de l’annonce afin que le message du Salut soit connu de tous. On peut le nommer l’apostolat des laïcs. En effet « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » (Mt 4,4) Souvent le Seigneur se demande qui il enverra pour cette mission. C’est aussi la question de tout curé de paroisse. Dans nos équipes paroissiales, nous pouvons ensemble nous interroger : « qui peut nous aider ? » ou encore « telle personne, quelle place pouvons nous lui donner ? ». C’est bien là un travail communautaire qui s’enrichit de tous les talents et de tous les charismes. Par l’intercession de saint Joseph artisan, soyez créatifs et travaillez dans la vigne du Seigneur sans vous laisser arrêter par ce confinement. Jésus traversait les murs, qui pourrait l’arrêter aujourd’hui ?

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 46 de Mgr Philippe Christory – Jeudi 30 avril

« Exercez la charité, mais exercez-la avec enthousiasme ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Ce jeudi, l’Église honore plusieurs saints importants. Ce n’est malheureusement pas la part de l’histoire que nos enfants découvrent en classe, mais ces personnages ont souvent marqué leur époque et infléchi le cours de la vie des hommes soit localement soit au niveau de l’humanité. Certains apportent toujours une grande inspiration au XXI ème siècle. J’aimerais évoquer la figure de saint Joseph-Benoît Cottolengo. Je vous imagine dire « qui est-ce ? ». Et c’est normal car l’Esprit Saint a suscité tellement de saints que nous les ignorons pour la plupart. Si vous voulez préparer votre propre dossier en vue de votre canonisation, sachez qu’à Rome au moins 5000 dossiers sont en attente d’étude et souvent d’un miracle comme signe et preuve de l’action du saint auprès de Dieu, donc faites bien avancer votre cause en choisissant radicalement la sainteté dès maintenant. Il ne s’agit pas tant d’être gentil, même si c’est heureux de vivre auprès de personnes gentilles, que de faire pleinement la volonté de Dieu, ce qui signifie aimer Dieu. Et sa volonté est que nous aimions notre prochain en nous oubliant nous-mêmes. A l’école du maître Jésus, « être pauvre de cœur, c’est cela la sainteté » (pape François, GE 70)

C’est ainsi que fit Giuseppe-Benedetto Cottolengo – en italien c’est si beau à prononcer et à entendre – au XVIII ème siècle. On a pu l’appeler le Saint Vincent de Paul italien. Né en 1786 à Bra, ainé de douze enfants dont six mourront en bas âge, enfant il avait l’habitude de partager sa nourriture avec les pauvres et les mendiants. D’un milieu simple, il entre au séminaire où sa vive intelligence et son éloquence lui valent le surnom de Cicéron. En haut de chaque cahier, il écrit « je veux être saint ». Brillantes études à Turin, à peine diplômé et prêtre, toute son ardeur le porte vers les indigents pour qui il va ouvrir des centres de vie communautaire, comme « la Petite maison de la Providence » dans le faubourg de Val-d’Occo à Turin où vivront 7000 malades, orphelins, simples d’esprit, estropiés.

Comment cela a-t-il ainsi germé dans son cœur ? Un événement lui déchire le cœur de jeune prêtre : il fut bouleversé par la mort prématurée d’une jeune mère. Cette femme venait de France. Le pape Benoît XVI en fit le récit en 2010 : « Provenant de Milan, une diligence plus pleine que jamais arriva à Turin, dans laquelle s’entassait une famille française tout entière, dont la femme, avec ses cinq enfants, se trouvait dans un état de grossesse avancée et avec une forte fièvre. Après s’être rendue dans plusieurs hôpitaux, cette famille trouva un logement dans un dortoir public, mais la situation de la femme s’aggrava et plusieurs personnes se mirent à la recherche d’un prêtre. Par un mystérieux dessein, il croisèrent le père Cottolengo, et ce fut précisément lui qui, le cœur lourd et opprimé, accompagna cette jeune mère vers la mort, entourée du désespoir de toute sa famille. Après avoir accompli ce douloureux devoir, continue le pape, la mort dans l’âme, il se rendit devant le Très Saint Sacrement et éleva cette prière : « Mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi as-tu voulu que je sois témoin ? Que veux-tu de moi ? Il faut faire quelque chose ! ». Se relevant, il fit sonner toutes les cloches, fit allumer les bougies et, accueillant les curieux dans l’église, dit : « La grâce est faite ! La grâce est faite ! ». A partir de ce moment, Joseph-Benoît Cottolengo fut transformé : toutes ses capacités, en particulier ses talents de gestion et d’organisation furent utilisés pour donner naissance à des initiatives de soutien aux plus nécessiteux ».

Modèle de charité en acte, Joseph-Benoît encourage ses auxiliaires : « Ceux que vous devez le plus chérir, ce sont les plus abandonnés, les plus rebutants, les plus importuns. Tous sont des perles précieuses. Si vous compreniez bien quel personnage vous représentent les pauvres, vous les serviriez à genoux. ». Ne retrouve-t-on pas là le regard d’un Saint Vincent qui disait « les pauvres sont nos maîtres » ? Il fonde de nombreuses oeuvres apostoliques et contemplatives, car il a bien conscience de l’importance de prier pour les âmes perdues, pour ceux qui sont accueillis après des vies errantes faites de mauvais comportements, c’est là une grande oeuvre de miséricorde, généreuse et lucide. Il sait que le Christ désire habiter ces coeurs qui ont besoin de lui. Le Salut de l’âme est plus important que la santé du corps : « Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier si c’est au prix de sa vie ? » car « celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. » (Mc 8, 35-36). Joseph Benoît confie tout à la Providence divine. Ses besoins d’argent sont immenses pour tant de secours mais Dieu lui apporte jour après jour les aides nécessaires. Quand il entre au Ciel le 30 avril 1842, on écrivit que sa vie fut « une intense journée d’amour ».

Dans notre diocèse, vous êtes fort nombreux à agir envers des personnes nécessiteuses. Si l’accès aux malades en hôpital et EPHAD reste restreint, n’hésitez à solliciter l’aide des aumôneries qui peuvent alors venir visiter, écouter et apporter la communion eucharistique si cela leur est demandé. Il y a aussi ces actes de vraie charité qui sont simples mais qui, comme chaque perle du chapelet, forme la couronne de gloire que nous présentons au Christ. Faire entrer le Christ dans les maisons, voici ce que la pandémie a suscité, et vos habitats sont devenus autant d’églises domestiques. Certains de vous m’ont dit combien cette expression était nouvelle pour eux et pleine de sens. Le Christ est présent là où deux ou trois sont réunis au Nom de Jésus. Il est présent quand l’Évangile est partagé entre tous. Faites-vous un vrai partage chaque semaine ? Nous savons que vous êtes nombreux à vivre confinés et seuls, célibataires. Si l’on peut s’organiser avec le sport, le télétravail, des formations sur le Net, des échanges téléphoniques ou en visio, il manque le partage « en présentiel » (pour reprendre ce drôle de terme) entre amis. Les adolescents aspirent à retrouver leur groupe d’amis. La patience est de mise, et cette situation est une occasion unique de vivre un temps certes reclus mais riche d’union à Dieu. Vous désiriez un jour une retraite en monastère voici que le monastère est venu à vous, par les offices suivis en direct, la messe et le chapelet, bref un rythme monacal. Il est probable que l’un ou l’une de vous y trouvera une joie qui deviendra un appel à entrer en religion, comme on disait dans le passé, en embrassant la vie monastique ou en devenant prêtre. Nous espérons la messe ensemble. Saint Joseph-Benoît disait : « Il faut toujours avoir confiance en Dieu. Ayez Foi ! » et aussi « « la prière nous rend agréables à Dieu; priez donc, priez toujours. » Oui, la prière est le terreau des grandes œuvres.

C’est encore ce jour que nous fêtons un autre saint, Saint Pie V, pape et homme de grande finesse, modeste et intelligent, proche des plus pauvres, il prit soin d’œuvrer à la formation des prêtres et de restaurer la liturgie pour qu’elle soit célébrée à la plus grande gloire de Dieu. C’était au XVI ème siècle, époque mouvementée mais temps d’un jaillissement nouveau de sainteté. Ainsi ce jour, c’est la sainteté que nous pouvons tous demander pour soi et pour l’Église par l’intercession de ces saints et de la Vierge Marie. Notre mère du Ciel est toujours présente et nous pouvons lui chuchoter simplement « je vous salue Marie ». Le mois de mai s’ouvre à nous. C’est le mois de Marie. Vous trouverez sur le site du diocèse une page consacrée à elle et dans vos églises la porte ouverte pour aller prier et mettre une bougie pour vos proches malades ou défunts.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Voici un message de Mgr Philippe Christory pour chaque membre des maisons de retraite de notre diocèse et d’ailleurs

Message 45 de Mgr Philippe Christory – Mercredi 29 avril

« Fais-toi capacité, je me ferai torrent ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous continuons notre prière pour les vocations consacrées. Aujourd’hui nous est donnée une figure de sainteté atypique. Il s’agit d’une femme, qu’on disait fort petite, qui vécut dans un siècle difficile, le XIVème, en cette fin du Moyen-Âge quand apparaissent des luttes, des guerres et des épidémies. Le Pape avait fui Rome pour se réfugier à Avignon. Il s’agit de Sainte Catherine de Sienne. Sa vie ne durera que 33 ans. Mais quelle vie ! Elle est aujourd’hui « docteur » de l’Eglise, ce qui signifie que sa science des choses sacrées est universelle et destinée à toutes les époques. Elle est aussi copatrone de l’Europe pour l’Eglise catholique. D’elle nous avons des textes admirables. Elle ne savait pourtant ni lire ni écrire, dit-on. Le Christ lui a parlé par de multiples et intimes conversations qu’elle a dictées. Cela se retrouve dans « le livre des dialogues de saint Catherine de Sienne » qui contient un traité sur la discrétion, un sur la providence, un sur l’oraison, un sur l’obéissance et plus de 370 lettres. Une femme de feu qui se rendit à Avignon pour décider le saint Père de retourner à Rome, là où est sa place. Jésus lui dit : « Fais-toi capacité, je me ferai torrent ». Son coeur s’est dilaté à la dimension de l’Amour que Dieu voulait y déverser.

Beaucoup de fidèles expriment aujourd’hui leur tristesse face aux décisions du gouvernement. Nous ne sommes pas considérés comme des personnes responsables, notre engagement à la juste vigilance et à la liberté, comme Assemblée des évêques, pour célébrer avec soin et ne pas provoquer une contagion n’est pas entendu. Ces restrictions touchent la liberté de culte. Elles ne peuvent se justifier par la raison, elles sont l’expression de la non-considération de la vie spirituelle et religieuse des personnes vue comme non-essentielle pour vivre tout simplement. L’histoire montre combien l’Eglise a porté dans son cœur et par ses actes le souci des personnes malades et désespérées. Combien d’« hôtels-Dieu » n’a-t-elle pas fondés pour accueillir gratuitement les pauvres. A l’Hotel-Dieu de Paris, selon les registres du XIIIème siècle, on consommait plus de 2000 draps par jour. Depuis il y a eu tant de saints et des saintes qui ont pris soin des autres, des malades, qui ont ouverts des hôpitaux et des dispensaires, souvent au risque de leur propre vie. Et cela continue partout dans le monde surtout là où les hommes et les femmes sont laissés à leur sort. Les interdictions des rassemblements cultuels expriment à quel point nos dirigeants n’ont aucune Espérance à proposer face au drame sanitaire. Pour eux, le seul chemin serait la reprise économique. Relancer la machine pour sauver l’économie et donner de l’espoir. Nous, Chrétiens, devons porter l’Espérance, qui est un don de Dieu, une source des bienfaits divins, pour nos cœurs et pour nos actes. Jésus-Christ attend beaucoup de nos actes de foi posés courageusement quand des frères et des soeurs sont dans la souffrance : « si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. » (Mt 17,20) Nous sommes les gardiens de la foi et de la lumière qui nous est confiée pour éclairer le monde. Cette lumière, c’est le Christ. Sa Parole est Parole de vie.

Or en ces jours, beaucoup peuvent reprendre le psaume 62 : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau. » C’est le psaume invitatoire du matin, que les consacrés entonnent tous lors du premier office du jour. Chaque jour, notre âme a soif de Dieu, d’être avec lui. Bien entendu, beaucoup de personnes l’ignorent, mais cette absence crée un vide et tant cherchent chez des coachs, des psychologues ou des conseillers en tout genre une réponse à leur ressenti de manque. C’est la tristesse des exilés et des déplacés hors de leur pays. Mais sans le Seigneur, nous sommes des déplacés, éloignés du paradis c’est à dire du coeur à coeur avec Dieu. Nous sommes comme les juifs déportés qui disaient : « Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes. Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? » (Ps 136, 1-4)

Oui il nous faut une nourriture céleste. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5) Cette nourriture c’est le pain de vie, le corps du Christ. La communion eucharistique est une nécessité dont vous êtes privés depuis des semaines. Bien entendu, elle n’est pas un dû, et l’église demande que l’on communie au moins une fois par an. Mais en ces jours difficiles, beaucoup ressentent la nécessité de recevoir Jésus eucharistie. Nous réfléchissons à une formule pour vous donner la communion tout en respectant la loi civile qui interdit les rassemblements, comme le rituel le propose.

En attendant cette étape, avez-vous reçu le sacrement du pardon, soit la confession ? Dans nos églises, les prêtres proposent des temps d’accueil pour les confessions, avec masque et nécessité de se mettre à distance. Il faut retrouver ce bon usage de se préparer par la confession avant de communier au corps du Christ car on reçoit le Seigneur en état de grâce.

Et pour conclure avec sainte Catherine et prendre conseil auprès d’elle, voici ce qu’elle écrit : « C’est ainsi que dans le temps des épreuves, des persécutions, des outrages que nous impose le prochain, de la privation des consolations spirituelles et temporelles que nous imposent le Créateur et les créatures, dans toutes ces circonstances donc, je dis que l’âme parfaite dit avec humilité : « Seigneur voici ta servante, qu’il me soit fait selon votre volonté et non selon ce que je veux. » C’est ainsi que l’âme parfume de patience son Créateur, son prochain et elle-même. Elle goût la paix et la quiétude de l’esprit. » Belle leçon de vie spirituelle puisée auprès de la Vierge Marie. Bonne journée en sa présence.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 44 de Mgr Philippe Christory – Mardi 28 avril

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Ce mardi, j’aimerais vous transmettre une belle proposition destinée aux couples. Certains connaissent le parcours Alpha classique qui offre de découvrir les fondements de la foi : qui est Jésus ? Comme lire la Bible ? Comment prier ? Pourquoi le mal ? Comment accueillir les dons du Saint Esprit ? Un douzaine de bonnes questions rythment ces rencontres souvent très sympathiques autour d’un repas convivial et d’échanges très libres. En ces semaines de confinement, les parcours sont interrompus, mais pas tous. « Alpha-Couples » propose dès ce mardi 28, un parcours en ligne de sept rencontres hebdomadaires dont le thème général est « poser de bons fondements ». Quelle belle initiative à vivre pour vous retrouver régulièrement et approfondir votre communion conjugale dans la lumière du Christ ! Comment faire ?

Vous pouvez aussi m’adresser un message et je vous transfèrerai l’e-mail d’Alpha-Couples avec plus d’informations.

Le confinement continue et pourrait durer selon les situations. Nous sommes-nous interrogés sur le sens que Dieu désigne dans cette lourde épreuve ? Seigneur, qu’attends-tu de nous ? Nous voyons des personnes extrêmement malades et certaines meurent du Covid. Or si certains cumulent malheureusement des facteurs de risques aggravants, qui peut dire comment notre corps et notre psychisme réagiront si nous sommes malades. Aussi, suis-je prêt à voir ma fin arriver ? Qui peut l’être d’ailleurs ? Peu d’entre nous. Mais comment puis-je mieux m’y préparer ? Si la mort devait advenir, qu’aurais-je aimé régler comme problème ? A qui aurais-je souhaité reparler et avec qui me réconcilier ? Mais nous ne mourrons pas tous, heureusement grâce aux soignants. Cependant quels aspects de ma vie sont remis en cause en ce moment ? Quels désirs nouveaux naissent ? Quels projets ai-je, seul, en couple ou en famille, porteurs de sens et d’avenir ? Cela mérite-t-il d’en parler autour de moi ? Concernant la vie religieuse, la prière, la communion avec l’Eglise, comment ce que je traverse modifie mon appartenance et mon désir d’être disciple-missionnaire ? Quel aspect de ma vie spirituelle, de ma vie d’église, de mon service en église pourra évoluer ?

Ce mardi, l’Eglise fête deux grands saints français missionnaires. Ils avaient en commun un grand amour de la Vierge Marie.

Le premier est saint Pierre Chanel qui fut membre de la Société de Marie, les maristes, et partit vers l’Océanie en 1836, voyage de dix mois à l’époque, et s’établit à Futuna. Ce fut très dur, une forte résistance au sein d’une culture violente et animiste. Mais Pierre touchait les coeurs et fut même appelé par les autochtones « l’homme au bon coeur ». Il disait qu’en un tel lieu, seule la sainteté véritable était la solution. Il ne craignait pas la mort, car dit-il « La religion est implantée dans l’île, elle ne s’y perdra point par ma mort, car elle n’est pas l’ouvrage des hommes, mais elle vient de Dieu. » Très pauvre, menacé de mort, réduit à manger bien peu, ce missionnaire touchait les coeurs jusqu’au fils du Roi Hiuliki qui se déclara publiquement chrétien. Il n’en fallait pas plus à ce dernier pour venir avec un groupe d’hommes piller la paillote et massacrer Pierre. Cependant la semence du martyre que ce bon prêtre avait semée en terre allait porter de beaux fruits. Sa devise était « Aimer Marie et la faire aimer ».

L’autre saint de ce jour est saint Louis-Marie Grignon de Montfort né en 1673. Etudiant à Paris auprès des jésuites et des sulpiciens, Louis-Marie grandit dans un profond amour de Marie, dont il sera le disciple, l’apôtre et le docteur. Prêtre en 1700, il devint un missionnaire des campagnes dans l’Ouest de la France, plantant des croix de mission, semant la dévotion du saint rosaire, préparant chrétiennement ces peuples à leur résistance héroïque face à la Révolution française et la guerre de Vendée. Il prêchait des missions partout. Il écrivait et on lui doit « le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge », le « Secret de Marie », et d’autres. D’un zèle infatigable, il mourut d’épuisement à 44 ans ! Mais il avait tellement implanté la foi que ces terres porteraient longtemps l’Evangile au coeur de la vie domestique. Nous devons à ce dernier la consécration à Marie, que beaucoup reprennent chaque matin :

« Je vous choisis, aujourd’hui ô Marie, en présence de toute la cour céleste, pour ma Mère et ma Reine. Je vous livre et consacre, en toute soumission et amour, mon corps et mon âme, mes biens intérieurs et extérieurs, et la valeur même de mes bonnes actions passées, présentes et futures, vous laissant un entier et plein droit de disposer de moi, et de tout ce qui m’appartient, sans exception, selon votre bon plaisir, à la plus grande Gloire de Dieu, dans le temps et l’éternité. Ainsi soit-il. »

Mettre notre vie entre les mains et surtout sur le coeur de notre Mère du Ciel, c’est s’assurer qu’elle les gardera du mal, et nous conduira sur le chemin authentique de la foi en son Fils Jésus. Elle est la femme enveloppée de l’Esprit, et sa Sagesse est en elle. Se fier à elle, dans la prière, n’est pas se détourner de la vraie adoration de Dieu, c’est recevoir une médiatrice en vue de la vraie dévotion pour aller à Jésus par elle. Sa parole entendue à Cana « Faites tout ce qu’il vous dira » sonne tellement juste pour qui est chrétien. Marie ne retient rien pour elle, ce qui va exactement dans le sens de l’Amour agape, un amour de don absolu. Elle offre à Dieu le Père toutes nos offrandes et nos suppliques. Passer par elle, c’est être sûr que le message ne se perdra pas.

Pour conclure, transportés par le zèle missionnaire de ces deux grands saints, retrouvons quelques mots du pape François sur la place de la Vierge Marie dans l’évangélisation : « Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. En elle, nous voyons que l’humilité et la tendresse ne sont pas les vertus des faibles, mais des forts, qui n’ont pas besoin de maltraiter les autres pour se sentir importants. En la regardant, nous découvrons que celle qui louait Dieu parce qu’ « il a renversé les potentats de leurs trônes » et « a renvoyé les riches les mains vides » (Lc 1, 52.53) est la même qui nous donne de la chaleur maternelle dans notre quête de justice. C’est aussi elle qui « conservait avec soi toutes ces choses, les méditant en son cœur » (Lc 2, 19). Marie sait reconnaître les empreintes de l’Esprit de Dieu aussi bien dans les grands événements que dans ceux qui apparaissent imperceptibles. Elle contemple le mystère de Dieu dans le monde, dans l’histoire et dans la vie quotidienne de chacun de nous et de tous. Elle est aussi bien la femme orante et laborieuse à Nazareth, que notre Notre-Dame de la promptitude, celle qui part de son village pour aider les autres « en hâte » (cf. Lc 1, 39-45). Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde nouveau. » (L’Evangile de la Joie, 288)

Nous continuons à cheminer vers le dimanche du Bon Pasteur (3 mai), dédié particulièrement à prier pour les vocations consacrées et nous implorons Dieu d’inspirer des jeunes gens en ce sens. Puissent ces grands saints intercéder pour notre diocèse de Chartres.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 43 de Mgr Philippe Christory – Lundi 27 avril

« L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Nous sommes cartésiens et nous ne comprenons vraiment que ce que nous expérimentons nous-mêmes. Ceci est vrai pour la foi. Le pape François dit : « seul Dieu peut nous donner le vrai bonheur : c’est inutile que nous perdions du temps à le chercher ailleurs, dans les richesses, les plaisirs, le pouvoir. » Comment comprendre cela ? Ce n’est pas l’expérience de la majorité des personnes. Et nos tentations internes ne nous encouragent pas vers ce choix, mais plutôt à nous attacher aux choses d’en-bas. Quand saint Paul demande de rechercher les choses d’en-haut, cela semble lointain, abstrait, difficile, exigeant et presque vain. Nous avons tant à faire ici pour gérer notre vie quotidienne en relation avec nos proches que cette recherche semble un luxe ou un passe-temps, or nous n’avons pas le temps !

Pourtant des personnes chrétiennes témoignent de leur rencontre du Christ, non pas de telle bénédiction mais d’une vraie rencontre personnelle. Nous sommes attirés voire fascinés par leurs dires mais la question qui monte alors est « pourquoi lui et pas moi ? » Nous ne connaissons pas le chemin. Seul Dieu peut nous donner le vrai bonheur, comment le croire vraiment ? Avons-nous fait l’expérience de Dieu qui donne le bonheur ?

Par ailleurs, l’esprit du monde est puissant et juge sans connaître. Son jugement commence toujours par le doute et la remise en cause. Les médias assènent régulièrement des contre-vérités sur l’Eglise et la foi chrétienne qui entrent dans notre inconscient et suscitent peu à peu un rejet. C’est un peu comme le dragon de Komodo qui mord un gros buffle sachant que sa morsure transmet des microbes qui l’empoisonneront en quelques jours jusqu’à ce que mort s’en suive; ensuite son repas est prêt. Combien de fois n’avons-nous pas entendu l’expression « c’est pas possible ! » dites par des personnes même de bonne volonté ou encore cette voix intérieure négative qui nous détourne de l’espoir que quelque chose peut changer. Nous avalons le poison du doute et vient le désespoir. Nous baissons les bras et idolâtrons le propos commun « A quoi bon ? »

Or certains personnes optent pour une vie radicale, comme une jeune femme dont je connais bien les parents, jolie, intelligente, de belles études, comment comprendre son bonheur à être moniale et cloîtrée chez les soeurs de Bethléem, ermite au sein d’une communauté retirée en pleine nature ? Comment comprendre le bonheur d’un homme qui choisit d’être prêtre et qui se donne totalement parmi les plus pauvres dans un bidonville philippin alors qu’il avait fait en France les plus hautes études possibles et qu’il pouvait embrasser une belle carrière lucrative ? En moyenne, l’école polytechnique donne trois vocations religieuses par an ! Etonnant pour ces personnes qui sont destinées aux plus hautes fonctions de l’Etat. Mais le monde ne comprend pas qu’un homme ou une femme puisse quitter son emprise consumériste.

Quelle est la proposition de Jésus ? « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. » (Jn 6,25) Quelle est cette nourriture qui ne se perdra pas ? Saint Paul nous aide dans l’hymne à la charité : « L’amour ne passera jamais. » (1Co 13,8) Le corps humain peut se passer quelque temps de nourriture, mais notre âme, notre coeur profond a besoin d’amour, et espère un Amour profond. Dieu est Amour Agape. Soit un Amour de don parfait, qui ne retient rien pour lui, qui ne cherche que la joie d’autrui, qui comble les aspirations de l’être humain. Là est la vraie nourriture, Dieu lui-même.

Cette semaine nous sommes en prière pour les vocations, pour dire à Dieu notre foi en sa sollicitude. La vie consacrée dans le célibat témoigne que l’être humain trouve dans son don total à Dieu cet Amour profond qui comble son besoin d’amour. Certes, la personne consacrée offre à Dieu tout son désir de tendresse et son potentiel sexuel pour une autre liberté, celle de tout recevoir de Lui par la prière, les sacrements, la méditation de la Parole et la charité en acte. Se crée une communion profonde qui comble le coeur. Certes ce choix n’est pas sans sacrifice ni souffrance. Mais ceux-ci sont offerts jour après jour pour la rédemption des âmes perdues, pour l’Eglise et sa mission, pour que la société elle-même ne vacille pas par la violence toujours possible des hommes. Notre monde ne serait pas ce qu’il est sans la prière fidèle des consacrés. Ils sont les gardiens aimants de l’humanité qui s’offrent et souffrent car, pour reprendre l’expression de saint François d’Assise, l’amour n’est pas aimé. Tant de personnes se déchirent et se font tellement souffrir dans les familles et les lieux de travail. Les consacrés sont dans les tranchées les plus avancées face à l’ennemi. Ils guettent et luttent pour que le Bien ait la victoire, pour que la Vie soit accueillie en abondance.

Dieu ne laisse pas tomber son Eglise, il la conduit par l’Esprit, il lui apporte de nouveaux charismes, il la prépare à aborder une culture liquide et changeante, il lui propose d’ouvrir la porte à chacun surtout les pauvres. Il demande que nous ayons foi en Lui, pas pour être des catholiques bien sous tout rapport, mais des « disciples-missionnaires » pour reprendre une expression favorite du pape François. Le Christ n’a pas besoin de fidèles figés dans leur bonne moralité, mais d’hommes et de femmes qui ne craignent pas d’aller se crotter dans la boue d’une humanité perdue par le péché, l’injustice et la violence. Comme ils sont beaux ces jeunes couples ou ces célibataires qui partent un ou deux ans en coopération dans des lieux perdus et pauvres, parfois dangereux, au nom du Christ, avec leur amour. Ils osent et reviennent riche d’avoir tant reçu et le sentiment d’avoir si peu donné.

Jésus à Paray-le-Monial, quand il apparaît à Sainte Marguerite-Marie, dit : « si tu crois, tu verras la puissance de mon coeur. » L’acte de croire demande une mise en route et un changement de vie. Aux disciples de Jean-Baptiste, Jésus dit « venez et voyez. » Au jeune homme riche qui cherche à avoir la vie éternelle, Jésus dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au Ciel. Puis viens, suis-moi. » (Mc 10,21) Ces appels exigent un pas pour ensuite recevoir le fruit de ce pas. Là est la foi. Nous le faisons car nous connaissons comment Jésus a tout donné par amour, qu’il est mort et ressuscité, qu’il est avec nous. Avons-nous fait la rencontre de Jésus vivant ? Certains peuvent se remémorer telle retraite spirituelle, une session lors de laquelle ils ont vécu ce moment de grâce qui leur fit toucher sa présence. D’autres sont encore en attente et peuvent dire à Jésus : « viens dans ma vie, je te la donne, je veux te suivre, envoie sur moi ton Esprit et manifeste ta grandeur maintenant ».

Je vous invite à prier intensément pour que de jeunes hommes et jeunes femmes donnent leur vie dans le célibat pour le Royaume, que cela fasse la joie de leurs parents et de leurs proches, qu’ils se sentent soutenus dans leur réponse à l’appel et que l’Eglise les accueille avec respect et bienveillance.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 42 de Mgr Philippe Christory – Dimanche 26 avril 

« C’est bien par lui que vous croyez en Dieu »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Un nouveau dimanche de Pâques ! Ma joie, Christ ressuscité ! Un beau soleil sur l’Eure et Loir, une pensée pour les paysans qui espèrent la pluie, et une action de grâce pour nos églises illuminées de la lumière du printemps. Cependant toujours pas d’assemblée dominicale pour nous retrouver, écouter ensemble la Parole de Dieu, adorer le Christ présent dans l’eucharistie et communier à son précieux corps. Ne sommes-nous pas comme les pèlerins d’Emmaüs à repartir chez nous tristes d’être sans le Maître ? Tristes de ne pas pouvoir constituer la communauté paroissiale, jeunes et aînés, familles comme personnes isolées, ensemble pour chanter la louange du Peuple de Dieu, tournés vers la Lumière qui vient nous visiter ? Il y a un peu de cela. Et pourtant, nous allons vivre encore ce dimanche un « jour du Seigneur » original, en suivant une messe par Radio Grand Ciel ou retransmise par le Web depuis Saint Pierre de Rome, ou sur la page de votre paroisse ou encore depuis la Cathédrale Notre-Dame de Chartres. Jésus promet d’être au milieu de ceux qui sont réunis en son Nom. Le Père donne son Esprit à ceux qui le lui demandent. 

Une famille témoignait que son rythme de vie durant ce confinement n’était la succession des repas, mais des prières. Chaque jour messe à 7h sur KTOTV, louange à 8h, chapelet à 18h, bénédictions de la table; viennent les enfants qui le désirent mais ces moments sont dédiés à la communion familiale avec Jésus-Christ en présence de la Vierge Marie aussi le calme est demandé à tous dans la maison. Si aujourd’hui est le jour du Seigneur, il peut être différent des autres pour donner l’occasion de se retrouver, à l’auberge comme sur le chemin vers Emmaüs, à la table commune. C’est là que les disciples, aveuglés par leur affliction, reconnaissent enfin le Christ présent quand il rompt le pain. C’est bien aujourd’hui que nous pouvons prendre le temps de nous retrouver d’un seul coeur, de se dire les uns aux autres ce que avons apprécié de la semaine écoulée, pour exprimer les désirs que nous avons pour la suivante, expliciter ce qui permettrait d’être plus heureux ensemble, nous demander pardon, fêter dans la joie notre amour malgré nos limites et nos rebuffades, nous remercier mutuellement pour toutes les petites attentions qui colorent chaque journée, chanter et bénir le Seigneur. 

Le soir, à l’auberge, les deux disciples, qui jusque là vivaient dans la crainte de la nuit, alors qu’ils viennent de réaliser que Jésus est vivant et qu’il marchait avec eux sans qu’ils l’aient reconnu, se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24,32) Cette prise de conscience les remplit de joie, les sort de la peur, les fait se lever et repartir à pied vers Jérusalem d’où ils venaient pour aller prévenir les apôtres qu’il l’ont vu vivant. Ils réalisent que leur compréhension des Ecritures n’étaient pas aboutie, qu’ils devaient découvrir que les promesses de l’Ancien Testament, soit pour eux les écrits de la Bible juive, trouvent maintenant leur réalisation en Jésus-Christ par sa vie, son enseignement, les actes qu’ils posaient, les signes qu’étaient ses miracles. Soudainement le puzzle se constitue. Ils le rassemblent dans la personne de Jésus. L’Ecriture est accomplie. 

Chrétiens et croyants, nous avons toujours à nous interroger sur notre lien à l’Ecriture, notre connaissance des textes, notre discipline à les lire et à les méditer, à prendre du temps gratuitement pour approfondir le message du Saint Esprit à travers prières, poésies, récits, exhortations, lois et prophéties que véhiculent ces livres. L’Esprit inspira les écrivains, Dieu était l’auteur de l’ensemble, et c’est dans l’Esprit que nous pouvons, pour notre époque et dans notre culture, décrypter le message et la révélation qu’il dévoile. L’amour des Ecritures et l’amour du Christ sont une même chose. Loin d’elles, nous sommes perdus et notre foi n’aura pas la force nécessaire pour rendre compte de l’Espérance qui est déposée en nous. Le Christ pourrait nous interpeler comme pour ces deux disciples «  Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24, 25-26) Trop de catholiques ont du mal à témoigner car leurs connaissances demeurent trop partielles, avec des acquis simplistes, et la Parole n’est pas le fondement de leur sagesse, elle ne vient pas à l’esprit quand ils discernent leurs projets humains. Regardez comment nous sommes à l’écoute du JT, ou de France-info, et d’autres médias qui nous envahissent chaque jour de leur vision de la réalité, souvent bien loin de la pensée de Dieu. Inconsciemment nous ingurgitons tout cela, pensant que nous sommes encore libres mais nous voilà pollués par la bien-pensance médiatique. Le Seigneur nous a pourtant bien prévenus, mais même cela ne l’avons-nous pas oublié ? Pour mémoire, voici ce qu’il dit : « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55,8-9) Par contre, avec la connaissance intime de la Parole de Dieu, nous irons sur les chemins de la vie comme disciples portant la Bonne Nouvelle, et je cite saint Paul «  vivant dans la vérité de l’amour, nous grandirons pour nous élever en tout jusqu’à celui qui est la Tête, le Christ. » (Eph 4,15) Comme Saint Pierre devant la foule à Jérusalem, nous pourrons dans nos villes et villages être témoin et dirent : «  Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé par la droite de Dieu, il a reçu du Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous, ainsi que vous le voyez et l’entendez. » (Act 2,33)

En ce dimanche, nous avons la promesse de Dieu. Entrons plus avant dans un Esprit de louange même si nous ne sommes pas physiquement rassemblés. Nous le sommes cependant comme membres d’un même corps animé par un même Esprit et la Parole de Dieu ne passera pas : « Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi bien, et vous mangerez de bonnes choses, vous vous régalerez de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je m’engagerai envers vous par une alliance éternelle. (Is 55,2-3) Sa Parole est notre vraie nourriture. En lui est la source de la vie, la vraie vie. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 41 de Mgr Philippe Christory – Samedi 25 avril 

« L’amour du Seigneur, sans fin je le chante »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Le psaume du jour commence par une invitation à louer Dieu. Peut-être allez-vous penser que votre évêque vous parle souvent de louer Dieu. Mais je vous rappelle que le Ciel sera une louange. Lisez les visions dans l’Apocalypse ! Cependant, ce sera avec le choeur des anges et même ceux et celles qui chantent affreusement mal, faute d’avoir été bien enseignés, retrouveront une belle voix. L’enfer par contre sera peut-être une cacophonie éternelle de voix fausses et stridentes, quel drame ! Chanter ensemble des beaux chants spirituels, c’est une source de bénédiction et de communion entre nous, un remède à nos tristesses et à nos combats. 

Aujourd’hui, nous faisons une pause quant à la lecture suivie des Actes des apôtres, puisque nous fêtons saint Marc. Que ceux qui ont ce prénom soient fêtés aujourd’hui ! Prenons le temps de nous remettre en situation. Saint Marc n’est pas un des douze. Pourtant dans la liturgie il est mis parmi les apôtres. Le mot apostolos en grec désigne un envoyé. Marc l’était-il ? Certes pas par Jésus directement, car il apparaît plus comme un disciple ou encore un interprète de saint Pierre à Rome, et nous pouvons le voir comme un envoyé du Saint Esprit car il est évangéliste, ce qui veut dire rédacteur d’un évangile. C’est même le plus ancien des quatre évangiles, pourtant rédigé entre 65 et 70, après la terrible persécution de Néron qui eut lieu en 64, d’où son enseignement à suivre Jésus en portant sa Croix . Avant, les paroles et les faits de la vie de Jésus étaient transmis de communauté en communauté par voie orale et par ces textes écrits sur des parchemins ou des papyrus. C’est la disparition des témoins oculaires de la vie de Jésus qui a encouragé certains à collecter et à mettre par écrit les évangiles. Sur ses seize chapitres, assez brefs, Marc se centre sur la personne du Christ, Fils de Dieu. Une première grande partie insiste sur la proclamation du Royaume de Dieu et l’appel à suivre Jésus. Rien n’est simple pour les disciples et cette partie s’achève par la question fondamentale de Jésus posée aux apôtres mais aussi à chacun de nous « pour vous, qui suis-je ? » et la réponse de Pierre « tu es le Christ » (Mc 8,29). Or cette belle profession de foi est encore incomplète et Marc veut alors faire aller plus loin ses lecteurs en tant que nouveaux chrétiens, par la reconnaissance que Jésus est Fils de Dieu. Pour le suivre, il est nécessaire de tout quitter, de vendre ses biens, de le choisir comme maître et Seigneur : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mc 8,34). Et c’est sur les lèvres d’un soldat romain païen que Marc met ultimement cette affirmation « Vraiment cet homme était Fils de Dieu » (Mc 15,39) Ainsi, c’est en contemplant la Croix que l’on peut en vérité découvrir qui est Jésus et le reconnaitre comme Dieu fait homme. Puis, après la passion, Marc donne un bref chapitre pour parler de la Résurrection de Jésus et l’envoi en mission dorénavant universelle, vers toutes les nations. A l’instar de Barthimée, l’aveugle de Jéricho, guéri par Jésus (Mc 10), le Christ nous demande de nous lever et de nous mettre en route pour la mission. Puis il leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. » (Mc 16,5) Cette insistance sur la terre entière, de toutes les nations, ne fait aucun doute. Le projet divin vise le salut de tous et ne peut plus être limité au seul peuple élu. Sommes-nous prêt à risquer notre vie pour cela ?

En ce samedi, où nous aimons particulièrement prier la Vierge Marie, nos coeurs s’orientent vers deux directions qui n’en sont qu’une en réalité : le dimanche du Bon Pasteur et le mois de Mai qui est un mois marial. En effet, la tradition annuelle est de prier pour les vocations consacrés ce dimanche 3 mai où nous contemplerons Jésus comme le Bon Pasteur de son Eglise qui appelle des femmes et des hommes à lui consacrer leur vie dans l’Eglise. Ce sera aussi ce mois si précieux quand les roses fleurissent – hier est arrivée justement la première rose rose d’un rosier que j’ai tenté de tailler avec soin, pour ma grande joie – et justement le rosaire est un mot qui dit un collier de roses que nous offrons à Marie tout en la priant. Alors que nous sommes dans la neuvaine préparatoire de ce dimanche du Bon Pasteur, je vous propose d’être tourné vers Jésus en présence de Marie par la prière du chapelet. Est-ce que vos enfants, si vous en avez, savent bien prier le chapelet ? Faites un petit concours ludique de mémorisation des vingt mystères, d’ailleurs pour vous aussi mes amis adultes, ainsi ces enfants les connaîtront par coeur. En fait, c’est simple car ils respectent un ordre historique logique, toujours amusant à découvrir. Nous pouvons prier tout ce mois de mai la Vierge, Notre-Dame du sacerdoce. Aussi, je vous mets cette belle prière à dire en famille mais aussi si on est seul. 

« Vierge Marie, Mère du Christ Prêtre, Mère des prêtres du monde entier, vous aimez tout particulièrement les prêtres, parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.

Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre, et vous l’aidez encore dans le ciel. Nous vous en supplions, priez pour les prêtres, priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.

Priez pour que nous ayons toujours des prêtres, qui nous donnent les sacrements, nous expliquent l’Évangile du Christ, et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.

Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père, les prêtres dont nous avons tant besoin, et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui, obtenez-nous, ô Marie, des prêtres qui soient des saints.

Amen.

Notre-Dame du Sacerdoce, priez pour nous, Saint Jean-Marie Vianney, priez pour nous. »

Dans nos paroisses, nous avons entre dix et trente clochers. En mai, comme ce fut le cas durant le mois missionnaire d’octobre 2019, nous pourrions prévoir un chapelet tournant selon le principe suivant : chaque jour dans une église différente, à la même heure, quand les quelques fidèles d’un village sont disponibles, venir dans l’église et y prier un chapelet pour les familles, les élus, les malades et les personnels soignants, les écoles et les enseignants, les agriculteurs et les artisans. Faites connaitre le planning de présence par tous les moyens. Le déplacement et le temps du chapelet, cela tient dans l’heure légale de promenade. Quant à l’animation, rien de plus simple, on dit le chapelet, on peut ajouter un chant ou deux selon vos talents, des intentions toutes simples, et cela convient. Avec un masque et à deux mètres les uns des autres, même si nous pensons que nous ne sommes pas malades !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur. Amen

Message 40 de Monseigneur Philippe Christory, Vendredi 24 avril 2020

« Habiter ta maison, Seigneur, tous les jours de ma vie ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Peut-être ai-je surpris certains de vous par mon insistance pour la louange, mais si nous en prenons la bonne habitude, notre vie spirituelle en reçoit une joie qui alors contamine la vie normale et nos relations. Cependant comme pour le sport, nous devons nous entraîner et nous faire des petits muscles spirituels pour chanter et bénir Dieu en tout temps. Avez-vous pu commencer à prier avec la louange ? Comment votre cœur s’élève-t-il vers Dieu alors ? Avez-vous pu lever les mains pour entraîner votre âme vers les biens d’en-haut ? Continuez sans vous décourager, car le découragement est assurément l’arme du démon qu’il affectionne, avec cette petite phrase « A quoi bon ! ». Si cela nous vient consciemment, alors entendons-la comme un avertissement qui désire nous piéger. Et reprenons la route vers la lumière avec l’Esprit de louange.

Comme je vous le disais déjà, en ce temps pascal, lors des messes de semaine que beaucoup suivent sur Radio Grand Ciel chaque matin à 8h22 ou sur d’autres réseaux par video, nous déroulons le livre des Actes des Apôtres. En fait, si les premiers apôtres sont connus par leur nom lors de l’appel que fit Jésus, ensuite nous ne savons pas toujours ce qu’ils sont devenus. Thomas est parti vers l’Est, la Perse jusqu’en Inde. Philippe est remonté vers l’actuelle Turquie et fut martyr à Hiérapolis, Jacques aurait pélégriné jusqu’à la péninsule ibérique, etc. Dans les Actes, nous suivons surtout Pierre et ses disciples, puis Paul qui fit quatre grands voyages sur toutes les côtes du nord de la Méditerranée, surtout la Grèce, jusqu’à Rome. Continuez-vous à lire les Actes des Apôtres ?

Nous lisons aujourd’hui le chapitre cinq qui, à lui seul, décrit une étonnante aventure. Cela commence par un épisode touchant mais dramatique. Les nouveaux chrétiens partagent leurs ressources et donnent leurs biens à la communauté. Or un couple, Ananie et son épouse Saphira, vend un champ mais cache le prix réel pour ne donner qu’une partie. Comme le leur dit Pierre, ils auraient pu disposer librement de leur argent, mais ce mensonge atteint Dieu lui-même et les deux meurent ! Dieu les a-t-il tués ? Comment comprendre ? Ce qui est au coeur de cette histoire est que le péché conduit à la mort que la vérité nous rend libre. Puis c’est un long récit dont les protagonistes sont Pierre et d’autres apôtres que les foules cherchent à voir car les malades sont guéris par eux et que leur enseignement les bouleversent. Ils annoncent la résurrection de Jésus. Cela fâche les autorités qui les font mettre en prison, de laquelle ils sont libérés miraculeusement pour être retrouvés au petit matin dans le Temple où ils prêchent la Bonne Nouvelle. Ils sont de nouveau arrêtés. Que faire d’eux ? La foule les bénit à cause des miracles. Un sage Gamaliel réussit à convaincre le Conseil Suprême que si cette oeuvre vient des hommes, elle disparaitra d’elle-même, mais que si c’est de Dieu, alors il ne faudrait pas entrer en guerre contre Dieu. Du coup, choix est fait de les libérer non sans les avoir fait fouetter et leur avoir interdit de prononcer le nom de Jésus, ce que les apôtres ne se priveront pas de faire dès leur liberté recouvrée : « sans cesse, ils enseignaient et annonçaient la Bonne Nouvelle : le Christ, c’est Jésus. » (Act 5, 42)

Dans ce récit, nous trouvons l’expression « il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». (Act 5, 29) Peut-être que nous penserions cette affirmation comme un droit à nous situer librement devant la loi civile, mais tout d’abord cela concerne notre propre obéissance à la Parole de Dieu dans notre vie. Sommes-nous si sûrs d’obéir à Dieu quand les tentations nous séduisent, quand nous pensons d’abord à nous-mêmes, quand nous prétendons que l’on a le droit de vivre de sa liberté personnelle pour justifier des choix et ou des comportements pas si justifiables ? Mais il est vrai aussi que cela touche nos actions dans la société civile. Par exemple, la loi civile peut autoriser des actes interdits par la loi divine, comme l’avortement ou des relations sexuelles impropres. Alors nous devons garder nos coeurs et nos intelligences afin qu’ils ne soient pas influencés par ce mal et refuser les compromis.

Le psaume du jour décrit l’attachement du psalmiste à la maison de Dieu : « J’ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa beauté et m’attacher à son temple. » (Ps 26, 4) C’est là le beau désir de l’homme croyant, juif pour ce psalmiste et chrétiens pour nous, d’être en présence du bien-aimé, dans sa maison, qui seul peut le combler. Dans les actes des apôtres, malgré les vicissitudes et la persécution permanente, les apôtres vont au temple, la maison du Seigneur, pour prêcher la Bonne Nouvelle. Le Temple est la maison essentielle de la vie du peuple juif, la « Maison de mon Père » dira Jésus. C’est là que les apôtres proclament prioritairement la nouvelle alliance de Dieu par Jésus. Mais la maison de Dieu est aussi notre propre coeur, où réside sa présence. Là, chez soi, il est possible d’entrer intimement en relation avec Jésus, non pas sensiblement mais spirituellement. Nous y ruminons la Parole, la laissons nous surprendre. Nous appelons la fine pointe de l’âme cet espace spirituel où nous rencontrons Dieu. Notre conscience est la voix intérieure qui nous dit les motions que l’Esprit inspire de la part de Dieu. Etre dans sa maison qu’est l’église est important, être présent à Jésus-Christ qui vient faire sa demeure en nous l’est encore plus et cela peut se faire à tout moment et en tout lieux.

Actuellement, nous ne célébrons pas publiquement la messe dans les églises. C’est une grande contrainte qui nous est imposée. Beaucoup de vous ont pris conscience du manque et par contraste de l’importance de ce rendez-vous hebdomadaire voire quotidien avec la communauté catholique. Vous attendez de pouvoir revenir au sein de l’assemblée vivre l’eucharistie. A ce jour, les informations restent floues. Il est clair que si les écoles rouvrent le 11 mai mais pas nos assemblées, cela serait scandaleux. Les enfants auront bien du mal à vivre le confinement entre eux. Quand l’un d’eux tombe, la maîtresse le console et cela ne se fait pas à deux mètres ! La France est un pays très centralisé dans sa mentalité, ce qui contribue à nous donner des aides considérables, mais cela cultive une mentalité de citoyens assistés et l’on peut en ressentir une certaine infantilisation. Sommes-nous capables de nous discipliner par nous-mêmes face au virus ? Sommes-nous considérés comme des citoyens responsables ? L’Etat peut-il comprendre que dans nos églises, nos communautés peuvent tout à fait organiser des règles de rassemblement qui éviteront la promiscuité ? Les catholiques sont conscients de la gravité de la pandémie et beaucoup prennent soin des autres, des pauvres, des femmes en danger, sans pour autant ignorer ces règles de prudence. L’Etat peut-il nous faire confiance ? Sommes-nous dignes de confiance ? J’ose le penser, et je souhaite que dès que possible nous nous retrouvions dans nos églises pour louer Dieu comme pour accompagner ceux et celles qui vivent la mort d’un proche. La vie spirituelle, la communion ecclésiale, le corps du Christ sont essentiels à la vie de l’homme chrétien pour qu’il se donne à tous dans son engagement en vue du bien commun. Prions pour que nos décideurs soient lucides sur cela et que les catholiques engagés en politique sachent expliquer notre attente avec vérité et conviction.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Message 39 de Monseigneur Philippe Christory, Jeudi 23 avril 2020

« Sa louange sans cesse à mes lèvres ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Hier encore, nous parlions du projet voulu par Dieu de nous faire partager sa vie, en envoyant son Fils parmi nous. Nous mentionnions la gratuité de ce don, car Dieu est Dieu et rien ne peut s’ajouter à ce qu’il est. Son être divin est Amour et l’Amour veut se donner. Dieu se donne dans la création qu’il fait advenir par sa Parole. Aujourd’hui, Il confie aux hommes et aux femmes ce trésor qu’est la nature et infuse en nos coeurs une aptitude extraordinaire à aimer dont il est lui la source intarissable. Avez-vous trouvé cette source ?

Jésus continue par la présence de l’Esprit à nous encourager à l’accueillir car seul lui peut combler le désir insatiable d’amour qui est en notre coeur. Cependant beaucoup, ou par ignorance ou par refus orgueilleux, le repoussent : « Celui qui vient du ciel est au-dessus de tous, il témoigne de ce qu’il a vu et entendu, et personne ne reçoit son témoignage. » (Jn 3, 32) Aussi le coeur de l’homme reste en attente, cherche la consolation auprès des créatures et des choses terrestres pour que quelqu’un lui prouve qu’il est aimable. L’homme se contemple, fait de lui-même son dieu plutôt triste, ou imagine qu’il est bien peu de chose ce qui le rend amer.

A l’homme, est nécessaire de faire la rencontre de Jésus, comme ce fut le cas de la Samaritaine qui rentre dans une exultation après sa découverte au puits de Jacob : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ? » (Jn 4, 29)

Nous sommes en temps pascal, soit quelques semaines pour goûter la joie de la Résurrection – vous rappelez-vous l’exclamation de saint Séraphin de Sarov : « ma joie, Christ Ressuscité ! » ? – et pour accueillir les dons du Saint Esprit pour soi et pour notre communauté d’Eglise.

Le psaume de ce jour peut vraiment nous aider : « Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse à mes lèvres. Goûtez et voyez : le Seigneur est bon ! Heureux qui trouve en lui son refuge ! » (Ps 33, 2-3) Sa louange sans cesse à mes lèvres, voilà l’appel pour tout catholique. Au début du renouveau charismatique, beaucoup ont pu lire le bestseller pentecôtiste de Merlin Carothers « La puissance de la louange ». Ce livre, je l’ai dévoré en une après-midi sur les collines proches de Paray le Monial et il a inspiré en moi un élan tout à fait nouveau qui pourtant ne correspondait pas à ma culture plutôt réservée en matière de démonstration affective. L’auteur, ancien militaire américain, explique comment il a découvert que l’on peut louer en toutes circonstances, bonnes ou difficiles. Fort de nombreux témoignages, cet ouvrage demeure une mine d’inspiration pour qui veut découvrir la joie et l’action puissante de Dieu dans sa vie. La force de la louange s’appuie souvent sur des chants dont les textes sont tirés directement de la Bible. Dieu parle par sa parole, et si nous prions avec les mots mêmes que l’Esprit a inspirés, alors l’adage que l’on attribut à saint Augustin, chanter c’est prier deux fois, se vérifie pleinement.

Jésus emprunte cette voie d’excellence : « Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. » (Lc 10, 21) La louange libère une expression vocale libre qui passe par des prières spontanées, des paroles en langue, des exhortations que l’Esprit inspire. Ô comme cela est étrange, même bizarre, n’est-ce pas ?Pourtant saint Paul nous prévient : « L’Esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements inexprimables. Et Dieu, qui scrute les cœurs, connaît les intentions de l’Esprit puisque c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les fidèles. » (Rm 8, 26-27) La louange est une prière d’action de grâce pour la Vie reçue d’en-haut qui, par sa forme, nous décentre de nous-mêmes, de nos demandes, de nos attentes insatisfaites, de nos besoins matériels. Nous le regardons, nous le bénissons, et nous lui laissons le soin de bénir nos vies et nos actions. Là, nous trouvons un refuge auprès de lui. Là, nous accueillons le fruit de l’Esprit, en premier la joie et la paix. Là nous fortifions notre détermination à être ses témoins. Là nous croissons dans un élan de charité qui nous porte vers les autres.

En ces jours du temps pascal, avez-vous à faire un pas de plus dans la louange ? C’est probable. Comment ferez vous pour développer cette prière ? Commencez chaque journée en bénissant Dieu, pour ce réveil qui a sonné trop tôt, pour les tâches à faire les plus ordinaires, pour ceux qui partagent notre vie, pour cela que nous vivrons dans la matinée, etc. Appuyez-vous sur les bienfaits du Seigneur, ses cadeaux, l’amitié et l’amour, les talents reçus. Sortez les CD de louange ou allez sur Spotify ou Youtube pour être soutenu par quelques beaux chants de louange. Utilisez votre corps pour louer. La Bible dit de lever les mains vers le Seigneur. Oserez-vous le faire ? Nous sommes en effet un corps et tout notre être entre dans la louange donc aussi ce corps que j’ai reçu. Vous pouvez d’ailleurs remercier Dieu dans la louange pour votre corps, car il n’a pas démérité quand vous regardez comment vous l’avez utilisé depuis des années et parfois assez mal traité. Dans la louange mon corps devient mon ami avec qui je peux danser pour le Seigneur comme David devant l’arche; et que personne ne se moque de vous, car c’est ce qui fit sa femme et la peine fut dure ! (Voir 2 Samuel 6, 12-23) Le Roi Charles le Chauve, très pieux, avait une Bible qu’il disait être dans son testament son bien le plus précieux dont la couverture représentait le roi David musicien entouré d’artistes et des quatre vertus cardinales : la force, la prudence, la tempérance et la justice. C’est lui qui offrit au chapitre de Chartres la relique du Voile de Marie que son grand-père Charlemagne avait apportée de Constantinople. Ainsi tout roi qu’il était, cet homme aimait louer Dieu comme David tout en priant la Parole de Dieu. C’est par cette louange qu’il puisait son aptitude à gouverner la France. A si nos hommes et femmes politiques en faisaient autant !

Nous espérons que nous pourrons bientôt nous retrouver en assemblées de prière dans nos églises pour la sainte messe et louer Dieu ensemble. Il nous est demandé de la patience encore. Nous pouvons faire notre promenade jusqu’à notre église en espérant qu’elle soit ouverte, comme demandé par moi-même, ce qui signifie que des catholiques vivant à proximité l’ouvrent chaque jour. Pouvez-vous vous en charger ? Si oui, informez votre curé pour vous organiser. Pour mémoire, c’est l’affectataire, donc pour la loi française le curé, qui décide si une église est ouverte ou fermée, et personne d’autre ! Vous pourrez aussi vous confesser, mais en maintenant les deux mètres de distance et en portant un masque.

Que cette journée soit emplie de la louange. Le beau soleil nous aide, même si mes pensées vont vers nos frères et soeurs paysans qui attendent la pluie. Louez Dieu pour qu’il pleuve ! Et il va pleuvoir…

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Message 38 de Monseigneur Philippe Christory, Mercredi 22 avril 2020

« Pour que le monde soit sauvé ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

« le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 14) Rien qu’en écoutant ce verset de saint Jean, vous penserez que c’est compliqué et que c’est de la théologie difficile. Chers amis, j’en conviens car je ne suis pas un évêque théologien ! Juste un pasteur, du moins je l’espère. Mais peu à peu, dans mon parcours, cette réalité a fait son chemin en moi et est devenue la lumière de ma foi personnelle. La présence de Dieu en Jésus, sa venue, son abandon jusqu’à sa mort et sa résurrection donnent tout son sens à ce que je saisis de l’amour de Dieu et de mon futur personnel, soit le Ciel. Alors la force de mes actions et engagements découle de tout ceci.

Jésus parle à Nicodème qui est un homme intelligent mais qui ne comprend pas tout en cherchant à comprendre. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » (Jn 3, 16) Quel mystère ! De quel monde s’agit-il ? Que veut dire le mot monde ici ? Est-ce la création ? Les êtres humains ?

La création en tant qu’espace naturel est importante. La planète Terre est un bien infiniment précieux dont les hommes doivent découvrir la valeur pour la préserver. L’univers incroyable qui nous entoure est cause d’étonnement et d’émerveillement. Comment comprendre la raison d’être d’un tel espace, vide et cependant parcouru par des milliards de galaxies et d’astres ? L’homme et la femme sont là comme égarés pourrait-on penser sur une toute petite planète, et pourtant ils sont les destinataires d’une révélation incroyable qui leur dit que ce monde entier est créé par Dieu et qu’ils y ont une place toute privilégiée. Saint Paul perçoit que la nature n’est pas simplement l’emballage de notre espace vital, mais que « la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. » (Rm 8, 22-23) Aussi toute la création et les réalités qui la composent sont destinées à être saisies par l’amour divin. Là aussi il y a un Mystère de salut !

Comment Nicodème pouvait comprendre l’idée que « parce que Dieu a aimé le monde, il a donné son fils, pour le sauver » ?

Comment Dieu donne son Fils ? Le Fils est le Verbe, par qui tout fut créé (Jn 1, 3). Si je donne quelque chose à quelqu’un, d’une part cela ne m’appartient plus et d’autre part, le nouveau propriétaire peut en faire ce qu’il veut. Or cela eut été impossible pour le Verbe divin qui ne peut pas appartenir aux hommes car il est Dieu. Pourtant cela est devenu vrai par l’incarnation. Quand le Verbe eut pris chair en Marie, que Jésus est né, alors en Jésus Dieu s’est rendu aux hommes comme un soldat se rend à ses ennemis. Les hommes avaient acquis alors la capacité et la liberté de lui faire ce qu’ils voulaient ! Pour Dieu, c’était là un acte de don total, un acte de confiance absolu, une générosité risquée mais qui signait tout l’amour qu’il voulait dire aux hommes. Dieu se remettant totalement entre les mains des hommes exprimait son amour infini pour eux.

Dieu est le Dieu unique, créateur et tout puissant. Nous avons cela en commun avec les musulmans. Mais que Dieu donne son Fils, c’est pour eux un blasphème et un grave péché, puisque le coran dit que Dieu n’a pas de fils, mais pour nous cela est un Mystère insondable. Le Fils n’est pas extérieur à Dieu. Le Fils est Dieu, comme le Père est Dieu, comme l’Esprit est Dieu. Dieu est UN en trois personnes. Quand Dieu donne son Fils, c’est Dieu entier qui se donne, Père, Fils et Esprit Saint, car les trois ne sont qu’UN et que rien ne peut les séparer. Quel mystère qui ouvre la possibilité d’un amour, car pour aimer, il faut être plusieurs. On ne peut aimer seul.

Pourtant c’est un Mystère vraiment passionnant car puisque Dieu se donne par Jésus, alors Jésus dans son humanité est aussi vrai Dieu et en lui tout Dieu est présent. Et Jésus pourra dire à Philippe « Qui m’a vu a vu le Père. »(Jn 14, 9) Les peintures nous troublent car l’artiste ne sait pas représenter trois personnes divines sans les différencier, et nous les voyons alors comme autonomes les unes par rapport aux autres. Quand nous disons Dieu a tant aimé le monde, c’est Dieu en tant que Trinité, les trois personnes divines unies en une parfaite communion. Mais quel est cet amour de Dieu Trinité pour le monde ? Comment le comprendre ? Que fait-il pour ce monde ? Quand une personne humaine en aime une autre, leur communion passe par une communication des sens : on se regarde dans les yeux, on s’écoute avec les oreilles, on s’unit grâce aux corps associés, etc. Comme être corporel, je vis toute relation d’amour à travers mes sens qui reçoivent des autres personnes diverses informations qui à leur tour alimentent mon esprit, mon cœur, ma mémoire et ma volonté. Alors cet amour reçu se redonne au bien-aimé et les deux êtres expérimentent une plénitude signifiée par de beaux sentiments.

Comment Dieu nous fait connaitre qu’il nous aime ? En lui, il nous place en ce foyer d’amour que nous nommons le divin Cœur de Dieu. Mais ici-bas nous ne pouvons pas déjà expérimenter cette union, ou très partiellement, que nous découvrirons dans la vie éternelle. Aussi Jésus, le Fils fait homme, est venu manifester aux hommes et aux femmes de son époque par diverses communications humaines à quel niveau Dieu a toujours aimé le monde : Jésus a accueilli, guéri, encouragé, regardé, écouté, partagé, accompagné toujours avec douceur et tendresse. A travers ces modalités que prend l’amour humain, Jésus a dévoilé aux hommes croyants ce qu’est l’amour véritable et a fait entrevoir quelque chose de l’amour divin. Jésus est le parfait médiateur de cet amour divin. Et ce n’est qu’à son école et à sa suite que nous pouvons peu à peu voir ce que peut être l’amour divin.

Une limite cependant, c’est que l’amour de Dieu est pour le monde, cela veut dire qu’il est universel, qu’il embrasse tous les hommes et toutes les femmes de tout les temps. Cela veut dire qu’il est si large, si haut, si profond que cela ne peut être vu par une seule personne. Chacun va découvrir cet amour pour lui et pour quelques personnes autour de lui par le témoignage qu’elles donneront, mais pas plus. Ce qui est fou, c’est de penser qu’au Ciel nous pourrons découvrir l’infini de l’amour divin.

Comment nous-mêmes sommes invités à aimer le monde ? En le regardant du même regard d’amour que Dieu. Ce regard est intérieur. Dieu n’aime pas le monde parce qu’il serait esthétiquement beau, même s’il l’est, mais il regarde avec les yeux du Cœur, pour que le monde découvre qu’il est aimé, qu’il est le fruit de cet amour et qu’il doit se tourner vers lui, source de la vie pour l’éternité.

Une dernière question : qu’est ce que Dieu avait à gagner à aimer le monde au point de donner son Fils ? En fait rien ! C’est le mystère de l’amour parfait. C’est ici l’amour agapé dont parle aussi Saint Paul dans l’hymne à la Charité (1Co 13). Rien ne peut être ajouté à Dieu qu’il n’aurait pas déjà. Son amour est un don absolu qui ne retient rien pour lui-même. Il se donne infiniment et ce don crée. Cependant le désir de Dieu est de faire participer toute la création à sa vie, ce qui inclut chacun de nous. Et nous pouvons parler de Joie de Dieu quand nous accueillons ses dons avec gratitude et qu’ils permettent de fortifier notre communion interpersonnelle. Alors l’image de Dieu qui est en nous retrouve sa ressemblance, nous revêtons la robe des noces, et nous verrons Dieu très bientôt.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Message 37 de Monseigneur Philippe Christory, Mardi 21 avril 2020

« Faut-il que le Fils de l’homme soit élevé ? »

En ce jour, nous accompagnerons notre frère prêtre Raymond Stephan lors de la messe de ses funérailles puis son corps sera déposé au cimetière saint Chéron à Chartres dans le caveau des prêtres du diocèse. Beaucoup de fidèles l’ont connu car il a parcouru notre diocèse dans plusieurs paroisses où son cœur offrait une grande place aux pauvres et aux gens à la marge. Sa prédication était engagée pour que les chrétiens se bougent afin que l’Evangile transforme la société et les structures sociales. Qu’il repose sur le sein de Dieu, en paix, dans la lumière qu’il a recherchée et annoncée.

Ainsi, à la suite de Jésus-Christ, notre chemin nous conduira à être à notre tour « élevé », élevé de terre pour vivre dans la Gloire du Ciel. Ce mot est au cœur du témoignage rendu à Jésus : « et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.» (Jn 12, 32-33) Ce verbe est celui qui désignait la crucifixion, c’est à dire être élevé sur une croix. Mais il ne suffit pas d’y voir un sens physique, soit le corps mis en hauteur, car ce verbe grec inclut aussi l’exaltation. Pour Jésus, être élevé fut assurément concret et dramatique mais simultanément il recevait du Père la glorification qu’il lui avait redemandé quelques heures auparavant dans sa prière dite sacerdotale « Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. » (Jn 17, 5)

Pour l’Eglise naissante que saint Luc décrit dans le livre des Actes des apôtres, le témoignage de Jésus est d’avoir été élevé de terre, c’est-à-dire crucifié sur une croix, y être mort avec les signes concrets de sa mort que sont le côté transpercé du coup de lance et la mise au tombeau. Tout est bien là dans ce drame pour attester de sa mort : la descente de croix, les linges, la pierre roulée, les gardes mis par les juifs, la troisième journée. Mais cela ne serait qu’une triste et banale histoire de crucifixion d’un pauvre accusé s’il n’y avait pas eu la résurrection. Cinq chapitres de l’Évangile développent des rencontres diverses durant les quarante jours qui suivront, avant l’ascension.

Cependant le témoignage qui touchera les auditeurs, c’est la force intérieure et spirituelle qui dynamise les apôtres et les disciples pour témoigner au risque de leur propre vie et partir vers des pays lointains. Cet élan pastoral confirme la résurrection. Pourquoi ? Jamais ces hommes et ces femmes n’auraient été aptes à déployer ce feu missionnaire sans la conviction totale que Jésus est vraiment ressuscité et qu’il demeure avec eux par la présence de l’Esprit Saint opérant signes et prodiges. Jamais ils n’auraient engagé leur vie jusqu’au martyre, si cela s’était résumé à transmettre un enseignement de bonne moralité.

Plusieurs fois, ils diront : « Quant à nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. » (1Jn 4, 14) et la belle introduction de la première lettre de saint Jean « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l’annonçons. Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons vue, et nous rendons témoignage : nous vous annonçons la vie éternelle qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous. » (1Jn 1, 1-2) Là est la force du témoignage de leur foi chrétienne : le Christ est mort et il est ressuscité pour le salut des hommes.

Nos vies sont bouleversées comme celle d’une catéchumène « Un jour, une évidence, l’appel me traverse, difficile à exprimer et expliquer, j’ai besoin de rentrer dans la famille des Chrétiens, de me rapprocher de Dieu. Sa souffrance pour nous sauver,… savoir pardonner et donner. Avec tout ça, comment ne pas vouloir être un enfant de Dieu ? » et une autre m’écrit « Après l’étude de la Bible que j’ai trouvée stupéfiante et magnifique, j’ai découvert une véritable famille au sein de l’Eglise et à présent je prie sans honte en écoutant chaque lueur de bienveillance et d’amour de Dieu notre Père. » C’est peut-être votre cas. La foi est d’abord reçue par la transmission, mais elle devient personnelle quand le chrétien fait l’expérience de la présence du Seigneur dans son histoire, non pas tout le temps, mais en certaines occasions et lieux. Alors tout change pour celui ou celle qui reconnait là ce que d’autres ont vécu avant lui, une rencontre avec le Bien-Aimé qui modifie le cours de sa vie.

Dans les actes des apôtres, on voit l’audace de ces hommes qui en appellent à la puissance de l’Esprit Saint pour qu’il agisse : « Étends donc ta main pour que se produisent guérisons, signes et prodiges, par le nom de Jésus, ton Saint, ton Serviteur. » (Act 4, 30) Alors ils sont remplis de l’Esprit Saint. Notre église invoque-t-elle toujours et assez la force de l’Esprit Saint avec une telle conviction ? Sommes-nous libres de le faire dans nos rencontres ? Ne laissons pas la peur nous limiter, mais osons nous laisser embraser par lui. D’ailleurs de nombreux chrétiens ont ouvert leur être à l’Esprit de charité, déployant un trésor d’imagination pour multiplier les oeuvres de compassion particulièrement envers les pauvres. Le miracle est dans cette patiente continuité qui dure une vie entière au service des autres. Comme saint Conrad de Parzham fêté ce mardi qui fut moine capucin et portier à Altötting en Allemagne, joli sanctuaire marial, homme reconnu pour sa douceur, sa patience, sa capacité à consoler et son attachement indéfectible à Marie, la mère de Dieu vénérée en ce lieu aujourd’hui encore. La vie charismatique prend de multiples formes, mais elle a toujours ce point commun résumé par saint Paul « Ce n’est plus moi qui vit, c’est le Christ qui vit en moi. » (Gl 2, 20)

Quel sera notre témoignage de la résurrection du Christ ? Nous ne pouvons pas voir Dieu, rappelle Jésus. Cependant le Fils nous a fait connaitre le Père. Et nous voyons comment l’Esprit de Dieu agit à travers les dons et les charismes qu’il communique aux disciples ouverts à son action. Pensons à l’urgence de faire connaitre le Christ. L’Ecriture dit « afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. » (Jn 3,15) Je me rappelle cette vieille femme en maison de retraite chez les petites sœurs des pauvres à Rome, tout affaiblie, qui disait en priant sans cesse : « il faut prier pour les âmes, car quand une âme se perd, quel drame. » Faut-il croire pour avoir la vie éternelle ? La réponse appartient à la Miséricorde de Dieu. Le Christ est venu sauver tous les hommes, dit saint Paul. Mais il ne faudrait pas qu’une partie de l’humanité refuse le Christ faute de le connaitre en vérité. Nous sommes ses témoins en ces jours.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Message 36 de Monseigneur Philippe Christory, Lundi 20 avril 2020
« Viens Esprit Saint embraser notre monde ! »
Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
J’ai commencé cette méditation en écrivant « embrasser notre monde » au lieu de « embraser notre monde ». Les deux verbes conviennent en réalité, car nous attendons tous de Dieu qu’il nous saisisse et nous embrasse afin de nous consoler des souffrances et des deuils actuels, mais aussi qu’il nous embrase du feu de son Esprit pour renouveler cette société.
En ce lundi, nous sortons de l’octave de Pâques, c’est-à-dire des huit jours qui ont apporté la joie de célébrer la résurrection de Jésus-Christ. Nous avons médité quotidiennement chaque apparition de Jésus vivant après sa passion. Cinq chapitres des quatre Évangiles nous les décrivent et se complètent pour nous faire revivre les échanges essentiels entre Jésus et ses disciples, hommes et femmes, et nous inclure dans l’envoi en mission vers toutes les nations. Hier, ce dimanche de la Miséricorde fut comme un point d’orgue au terme de cet octave pour comprendre pleinement que la résurrection ouvre le Ciel pour qu’en descende l’Amour divin qui pardonne et qu’ensuite nous-mêmes puissions nous laisser attirer vers le Cœur de Dieu, dès maintenant afin de vivre dans sa lumière et, après la mort de notre corps, pour être accueilli dans la Gloire éternelle.
En ce temps pascal qui nous mènera jusqu’à la Pentecôte, nous marchons comme les apôtres envoyés par Jésus après qu’il eût soufflé sur eux pour qu’ils reçoivent l’Esprit Saint, afin d’annoncer à toute nation l’Évangile du Salut et l’avènement du Royaume : « Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 18-20). C’est avec l’assurance que Jésus ressuscité sera chaque jour avec eux qu’ils partiront jusqu’aux confins des terres connues de l’époque porter un message fou au sein d’un monde très violent « aimez vous les uns les autres ! ». Et nous constatons que deux mille ans après, l’urgence et la pertinence d’entendre ces paroles demeurent car l’amour n’est pas encore universel.
Depuis le début du confinement, et nous entrons dans la sixième semaine, j’ai vu combien vous avez déployé, à la mesure de vos moyens pratiques, des initiatives fraternelles pour rejoindre les enfants par le catéchisme avec des textes, des jeux et des vidéos, aussi nos aînés souvent isolés par des messages et des dessins, comme les membres de vos communautés paroissiales. Le premier ministre annonce que les visites dans les EHPAD seront possibles dès ce lundi. La direction de ces établissements précisera les conditions d’accès. Avec toutes les mesures de sécurité qui s’imposent, j’encourage les aumôniers et les proches à prendre soin autant que faire se peut de ceux et celles qui avaient l’habitude de notre venue. J’encourage les prêtres à apporter la sainte communion à ceux qui sont fragilisés et à confesser les personnes. Nous pourrions avoir peur du virus pour soi-même et cette peur est légitime. Veillons donc aux distances et au masque, même en tissu bien épais afin que nous préservions les autres du virus que nous pourrions porter. Que ceux ou souvent celles (!) qui savent coudre fabriquent des masques pour les autres !
Déjà certains fidèles ont reçu ce dimanche le sacrement du pardon, expérimentant la joie de la réconciliation, et les curés continueront à proposer des plages de temps où lui ou un vicaire sera disponible dans les principales églises d’une même paroisse. Vous viendrez en promenade avec votre masque comme le prêtre en portera lui aussi, et vous vous tiendrez à deux mètres l’un de l’autre. J’ai personnellement expérimenté cela et c’est possible sans pour autant susciter un rassemblement interdit par les mesures de confinement. Nos messes habituelles avec les fidèles sont toujours impossibles et je vous invite à prier pour que nous puissions nous retrouver rapidement ensemble pour célébrer le Christ, écouter la Parole et communier. Vous êtes plusieurs à m’avoir partagé votre souffrance et certains m’ont dit leur prise de conscience que parfois dans le passé leur communion était trop habituelle voire qu’ils traînaient un peu les pieds pour aller le dimanche à la messe. Il a fallu cette absence et ce manque pour redécouvrir combien tout notre être profond espère le Christ. Que ce désir renouvelé ne s’affadisse jamais : « Maranatha ! viens Seigneur Jésus ! »
Ainsi, nous ne sommes pas désespérés et nous vivons des dons de l’Esprit Saint dont les trois premiers énumérés par Saint Paul sont l’amour, la joie et la paix (cf Gl 5, 22). En ce temps pascal, je vous invite à invoquer tous les jours le Saint Esprit. Comment ? En le nommant comme on parle à un ami, à une personne aimée : « viens Esprit Saint, viens dans mon cœur et dans ma vie, viens sur ma famille, viens éclairer mes projets et guider mes pas, viens mettre l’amour dans mon coeur, fais de moi un être joyeux… » Prenez des chants qui l’invoquent, adressez vous à lui dans la confiance. Le Seigneur l’a promis : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » (Lc 11,13). Chantez lui votre désir et votre espérance. Laissez-vous habiter par la joie qu’il dépose en votre coeur en méditant quelques instants sur les bienfaits de Dieu et les raisons que vous avez de lui rendre grâce. Ce peut être pour votre conjoint, vos enfants, des amis, votre santé si elle est bonne, vos activités et votre emploi, surtout pour la nature qui est là autour de nous en ce printemps. Continuez à rendre grâce à Dieu et à appeler l’Esprit Saint sur tous les soignants qui vont au chevet des malades, qui prennent soin des personnes âgées dans les EHPAD ou les hôpitaux. L’épidémie recule en France, et chacun fait des efforts, c’est la voie vers la liberté. Bénissez et demandez l’Esprit Saint pour les prêtres et les religieuses qui vous ont transmis la foi. N’oubliez pas de lire chaque jour un chapitre des Actes des apôtres pour vivre avec eux l’envoi en mission pour que soient annoncées les merveilles que fait le Seigneur !
Nous avions prié le Regina Coeli pendant l’octave de Pâques, et je vous propose de reprendre ensemble l’Angelus. J’aimerais que toutes nos églises sonnent matin, midi et soir et que l’on se rappelle que ces cloches nous appellent à nous tourner vers Jésus qui vient toujours parmi nous, en notre vie nous accompagner et nous bénir. Il faudra vérifier cela dans chaque village et chaque église. Vivez cette halte en vous unissant au oui de Marie qui accueille la demande de l’ange d’être mère du Sauveur.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Homélie Monseigneur P. Christory – dimanche de la Miséricorde – 19 avril 2020

A Paray le Monial, Jésus montre son coeur à sainte Marguerite-Marie et déclare « voici ce coeur qui a tant aimé les hommes ».  Aujourd’hui c’est la Fête de la miséricorde. Elle est universelle. Elle embrasse le monde entier car Dieu aime infiniment chacun de nous, les bons comme les méchants. 

Cette fête fut demandée par Jésus à sainte Faustine Kowalska. 

Accueillir la miséricorde voici l’urgence spirituelle ! Nous ne sommes pas qu’un corps. Or le premier remède pour nos personnes c’est la miséricorde divine qui s’incarne dans le pardon échangé avec Dieu et entre nous. Sinon nous serions condamné à la tristesse intérieure. 

J’aimerais parler de la Miséricorde avec Sainte Thérèse de l’enfant Jésus. En effet, elle en est le chantre. La manuscrit A de « l’histoire d’une âme » commence par « les miséricordes du Seigneur ». Elle constate qu’il y a de grands saints et des saints cachés. Elle fait la comparaison avec les fleurs, et voit les belles roses et les petites violettes. Toutes appartiennent au jardin de Dieu. Si une manque, le jardin y perd quelque chose. Alors elle dit que s’il n’y avait que des grands saints, des docteurs de l’Eglise, Dieu ne s’abaisserait pas vers les plus petits. Aussi, la miséricorde de Dieu se manifeste dans son abaissement vers chacun de nous, les plus petits et aussi les pécheurs pour leur donner sa grâce et son pardon. Aussi ne craint-elle pas d’être petite ! 

  1. textes liturgiques de ce dimanche : ils sont emplis de joie fraternelle ! 

Les Actes parlent de la vie fraternelle / la fraction du pain et de prières / tout mettre en commun / partager ses ressources / louer Dieu / prendre ses repas avec allégresse et simplicité de coeur. Merveilleuse vie de communauté chrétienne !

Ce passage est fondateur de notre vie d’église domestique, ce que nous vivons actuellement dans nos maisons, avec Jésus, dans l’écoute de la parole,  jusqu’au lavement des pieds parfois. 

La lettre de Pierre ajoute un surcroit de joie surnaturelle : nous avons une « vivante espérance », notre héritage est dans les Cieux est il appelle à une exultation de joie. Pourquoi ? car les âmes reçoivent de la victoire de Jésus leur salut

NB : ces textes ne parlent pas du mal commis pour lesquels il faudrait se repentir. On ne parle pas de péché pour lequel il faudrait demander pardon. 

La miséricorde est un don gratuit, une grâce, qui veut nous faire participer à la joie du Ciel. 

Dans l’évangile de Saint Jean, le textes décrit deux rencontres consécutives de Jésus ressuscité avec ses disciples. 

Une parole de bénédiction « la paix soit avec vous » / Jésus souffla sur eux – don de l’Esprit / un envoi vers toutes les nations

Thomas incrédule est accueilli par Jésus « mets ta main dans mon côté, touche moi ». Et « cesse d’être incrédule ». 

Le cri de Thomas et sa merveilleuse profession de foi jaillit alors « Mon Seigneur et mon Dieu ». 

Le joie est la porte de la Miséricorde. Celle-ci nous conduit à la joie. C’est un cercle vertueux. Si nous nous plongeons dans la Miséricorde de Dieu, rien ne peut nous manquer. 

  1. Notre société peut-elle être touchée par la Miséricorde ?

La maladie et la mort  placent l’homme devant la fragilité de la condition humaine. La société de consommation voulait convaincre que la possession des biens apporterait le bonheur. Mais l’expérience de la finitude et de la mort ou de la possibilité de la mort change tout. Nous avons besoin de fraternité et d’humanité. Nous avons besoin de relations. Or celles-ci sont fragiles et souvent blessées. 

Il y a un besoin incroyable de miséricorde. Or certaines personnes ne connaissent pas ce mot.

Le pardon est l’acte par lequel la Miséricorde prend forme entre Dieu et nous et aussi entre nous. 

Nous, membres de l’Eglise, nous ne prétendons pas changer la société, comme Jésus n’a jamais dit qu’il allait changer l’empire romain. Mais nous voyons la puissance de l’amour qui peut bouleverser les relations humaines, rapprocher ceux et celles qui ne se parlaient plus, apporter la paix entre les nations. 

Demeure une question pour la société : quelle place existe pour le pardon ? La société civile peut-elle pardonner ? 

Sommes nous vraiment disposés au pardon ? 

Peut-être pas tant que cela. L’état vient de libérer avec avance près de 6000 prisonniers, à cause du peu de confinement dans les prisons et le danger du virus. Beaucoup pensent, et certains sont catholiques, qu’ils auraient dû rester en prison. Ceux-là même qui pestent à cause d’un confinement de huit semaines dans une maison parfois sympathique. Alors que les prisonniers sont confinés en cellule durant des années ! Et quelle cellule ? Or saint Paul dit que jésus est venu proclamer la délivrance aux prisonniers ! Quelle miséricorde pour ces prisonniers ?

Nous fêtons aujourd’hui la Miséricorde divine. C’est à dire que nous l’appelons sur nous, sur les autres, sur notre société. Personne n’est pas capable de la recevoir pleinement sans Dieu. Seul Dieu peut pardonner. Sans lui, c’est trop dur. Même le Christ en croix s’adresse au Père car son humanité est anéantie par tant de violence :  « Père pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». 

Force est de constater que la société des hommes ne pardonne pas. D’ailleurs le peut-elle ? Même un président qui gracie un coupable le dispense de sa peine, mais ne lui pardonne pas. Seule la personne offensée peut pardonner si cela lui est possible. Personne ne peut pardonner à la place d’une victime. Personne ne peut exiger de la victime qu’elle pardonne. Nous pourrions désirer voir célébrer le pardon au sein de la société civile. Mais elle est impuissante car seul Dieu pardonne. Le pardon est le propre de Dieu. Cela semble un acte de faiblesse or c’est l’expression ultime de sa puissance puisqu’il est Amour. 

Oui, le pardon est l’oeuvre de Dieu dans le coeur de l’homme. Le pardon est le don au-delà de l’offense commise. Ce don est magnifique, mais il dépasse la raison car il ne calcule plus. Le pardon se donne sans mesure et sans condition. C’est justement l’oeuvre de la Miséricorde dans le coeur humain qui peu à peu opère une guérison jusqu’à la possibilité d’un pardon donné ou d’un pardon demandé. Souvent il faudra du temps. 

Sans pardon, nous resterons malheureux, ankylosés dans un passé que nous avons l’art de ruminer. Or nous sommes créés à l’image de Dieu. Le mal a brisé l’image. Toute notre vie est en tension pour cheminer vers cette image perdue à cause du mal commis. Le chemin c’est le pardon vécu entre les personnes, pour renouer leur relation et avec Dieu dans le sacrement du pardon pour reprendre sa place de Fils dans la maison commune, l’Eglise. Alors la joie peut revenir.

Et la joie divine dispose à vivre dans la confiance. C’est l’expérience de sainte Thérèse de Lisieux dont je veux vous parler. 

  1. La miséricorde chez sainte Thérèse de Lisieux

Voici une sainte qui nait et grandit à une époque difficile car marquée par la justice de Dieu et la peur du jugement dernier. On est à l’époque du jansénisme, c’est à dire que l’on doute quant à la liberté et la capacité de l’homme à faire le bien. Il faut s’amender, faire pénitence. 

Thérèse répond par la confiance. Elle dira : « C’est la confiance, rien que la confiance qui conduit à l’amour»

Elle dit qu’elle est comme un petit enfant qui veut monter un escalier car son Père est en haut mais qui n’y arrive pas. Aussi elle dit que si l’enfant continue à essayer même sans y arriver, c’est le papa qui va descendre pour la monter dans ses bras. Alors elle trouve l’image de l’ascenseur, installation nouvelle dans les beaux immeubles.  Et elle dit : Tes bras ô Jésus seront mon ascenseur pour aller vers ton coeur. 

Sa brève vie, elle la passe dans cette découverte de l’Amour : « je ne peux craindre un Dieu qui s’est fait si petit. Je l’aime ».  Elle déclare souvent son Amour pour Jésus. Comment pourrait-il lui refuser sa grâce ?

Elle va jusqu’à dire, en juillet 1897, à sa sœur Pauline : 

« Dites bien, ma Mère, que si j’avais commis tous les crimes possibles, j’aurais toujours la même confiance, je sens que toute cette multitude d’offenses serait comme une goutte d’eau jetée dans un brasier ardent ». 

Cette confiance en Dieu, cette assurance envers l’infinie miséricorde de Dieu, elle l’applique dans sa relation avec les autres, c’est à dire les soeurs du Carmel. La plus petite occasion, comme ramasser une épingle, devient une grâce pour elle, un acte d’amour gratuite et invisible, un sacrifice d’amour : « Je comprends maintenant que la charité parfaite consiste à supporter les défauts des autres, à ne point s’étonner de leur faiblesse, à s’édifier des plus petits actes de vertu qu’on les voit pratiquer. » Ms C 12 r°)

Ainsi son désir de sainteté ne la plonge pas dans des pénitences extrêmes, mais dans les bras de Jésus son bien-aimé : « La sainteté n’est pas dans telle ou telle pratique, elle consiste en une disposition du coeur qui nous rend humbles et petits entre les bras de Dieu, conscients de notre faiblesse et confiants jusqu’à l’audace en sa bonté de Père. » 

Elle est disposée à mourrir : «  J’irais le coeur brisé de repentir me jeter dans les bras de Jésus, car je sais combien il chérit l’enfant prodigue qui revient à lui »

Dans un ultime murmure, elle déclare : « Je ne me repens pas de m’être livrée à l’Amour… Je l’aime !… mon Dieu, je vous aime ! ». 

Conclusion

Cette fête de la Miséricorde est une grâce extraordinaire. Elle a ouvert un chemin nouveau de vie. Mais cela est très sérieux, pour que nous vivions en paix, en attendant la bienheureuse espérance, c’est à dire le Ciel. 

Par cette fête, c’est le Ciel qui descend vers nous. Que nous ressemblions à une belle rose ou une petit violette, Nous avons chacun une place dans lE coeur de Jésus. Vivons de la Miséricorde et notre société sera transformée par l’odeur suave de l’Amour et du pardon. L’Amour est contagieux quand deux êtres le vivent profondément. C’est déjà le cas entre Jésus et chacun de nous. Reste à l’incarner entre nous par notre vie fraternelle joyeuse.   Amen. 

Message 34 de Mgr Philippe Christory – Samedi 18 avril

«  Tout ce qu’il vous dira, faites-le ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

Il est de coutume d’honorer la Vierge Marie chaque samedi par nos prières ferventes et fidèles. C’est une juste réponse que nous apportons comme fils et filles de la Mère de Jésus. En effet Jésus crucifié, par une de ses dernières paroles, nous a confiés à elle avant de mourir en croix, en se tournant vers elle en premier : « Femme, voici ton fils ». (Jn 19, 26). Le titre de « Femme » nous semble dans une première écoute distant. Cependant dans la tradition juive, comme ce fut déjà le cas à Cana, Jésus honore sa mère par ce mot. Et déjà peut poindre dans ce titre le rôle élargi au peuple entier que Jésus envisage pour sa mère. Jean, qui pourra attester avoir été témoin de la passion et de la mort de Jésus, représente en même temps tout le corps que nous formons. « Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » Cela signifie que le disciple la prit non seulement avec lui pour l’accompagner matériellement, mais qu’elle, en tant que Mère, accueille en son coeur chacun à commencer par Jean. En ce coeur maternel, chaque disciple reçoit une place humble et privilégiée, assuré de l’intercession de Marie pour la mission qu’il reçoit. 

Demain dimanche nous fêterons la Miséricorde de Dieu. Toute l’Eglise se rappellera que Dieu est Miséricorde dans sa nature divine. Saint Jean dans sa première lettre dit « Dieu est amour » (1Jn 4, 8). Cet amour s’est révélé par Jésus; par son humanité il s’est donné totalement jour après jour aux hommes et aux femmes pauvres et blessés qu’il écoutait, qu’il guérissait, qu’il encourageait et enseignait. Il ne s’est pas attardé à dénoncer les mœurs païennes des Romains, les jeux du cirque et la violence des légionnaires. Il n’a pas dénoncé les fausses philosophies et la superstition. Non, il s’est fait le témoin d’une nouveauté, de la proximité de Dieu avec ceux et celles qui lui faisaient confiance et étaient fidèles à la tradition juive par leurs prières et l’obéissance à la loi divine. Peu à peu, il a révélé être lui-même la Parole créatrice et divine qui s’est approchée des hommes pour leur apporter l’espérance et le salut : « le Verbe était Dieu, la Verbe était auprès de Dieu et le Verbe s’est fait chair ». (Jn 1, 1ss) 

Comment cela s’est fait ? Dieu s’est penché sur une femme, jeune et fiancée, ayant préparé en elle un cœur immaculé pour le recevoir et donner vie à celui qui s’offrirait pour faire entrer le peuple juif dans une alliance nouvelle. Ainsi pourrait être manifestée la Gloire de Dieu à toutes les nations. Ne pensons pas que le choix de Marie fut le fruit du hasard. Il fallait une femme dont le cœur, l’intelligence et la volonté soient pleinement unifiés pour accueillir le projet de Dieu. Une femme qui, dans sa fragilité humaine, puiserait sa force dans la présence de l’Esprit Saint en elle. Une femme qui pourrait accompagner Jésus jusqu’en sa passion. Une femme qui ne jugerait pas mais aimerait les disciples de son fils, aussi lâches soient-ils. Une femme dont le cœur s’élargirait aux dimensions de l’humanité.

Le prophète Ezéchiel avait annoncé que Dieu donnerait à son peuple un esprit nouveau et un cœur nouveau. Cette prophétie s’est accomplie pleinement en Marie. Elle est la porte du Salut et la porte du Ciel. Par elle, le Verbe divin s’est approché des hommes. Par elle chaque pêcheur peut tendre la main pour que Jésus la saisisse. Marie continue à dire à son fils : « ils n’ont pas de vin » (Jn 2, 3). Et aux hommes elle les encourage à la fidélité : « tout ce qu’il vous dira, Faites-le » (Jn 2, 5). Elle est vraiment médiatrice du Salut. Elle coopère sans cesse à l’œuvre de son fils. Si elle se garde de tout péché, si elle ne regarde pas le péché de ses enfants, son cœur n’est pas fermé à cause du péché des hommes, mais plutôt elle intercède pour que nous ouvrions nos yeux et voyions le mal que nous faisons, en appelant sur nous la grâce de Dieu qui seule peut faire de grandes choses en nous. Elle est le canal, l’aqueduc dira Saint Bernard de Clervaux, de l’eau vive et de toutes grâces. Jésus ne peut pas rester insensible à la supplication de ceux qui la prient, qui récitent le chapelet pour méditer les mystères de sa propre vie et qui se rappellent de sa venue parmi nous en priant l’Angelus matin, midi et soir. Le coeur de Jésus, plein d’Amour, s’ouvre à ceux et celles qui demandent pardon et se remettent entre les mains de Marie pour obtenir Miséricorde. Comment Jésus refuserait-il cela à sa Mère ? Sa relation avec elle a toujours été emprunte de confiance. 

Je vous encourage à prier la Vierge Marie ce jour. Dites un beau chapelet. Nos églises doivent être ouvertes le plus possible, dès maintenant. Comme souvent celui ou celle qui ouvre est un frère ou une soeur plus âgé, je demande aux catholiques plus jeunes de prendre le relai pour ne pas faire courir de risque à nos ainés en ce temps de coronavirus. Ensuite, lors de la promenade réglementaire, passez en votre église prier Marie, allumez un cierge et confiez lui ceux qui sont malades et tous les soignants. Et je demande aux prêtres de donner le sacrement du pardon spécialement en cette fête de la Miséricorde en mettant deux mètres (pas un mais deux !) de distance, avec un masque pour le prêtre et un masque pour le pénitent (frères et soeurs pensez à en avoir toujours un sur vous). Je vous rappelle que vous pouvez coudre des masques pour vous-mêmes, et en donner aux médecins et aux gendarmes qui visitent beaucoup de personnes en difficulté. Respectez les gestes barrières dans les églises mais allez y prier, devant le tabernacle, dans l’adoration eucharistique et aux pieds de Notre-Dame. 

Je vous souhaite dès maintenant une belle fête de la Miséricorde en ce dimanche 19 avril.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, belle prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal. 

En latin :

Regina Cœli, laetare, alleluia:

quia quem meruisti portare, alleluia.

Resurrexit, sicut dixit, alleluia.

Ora pro nobis Deum, alleluia.

Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,

car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia 

est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia 

Priez Dieu pour nous, alléluia.

V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia

R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.Prions :

Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Pour information, la messe de funérailles du père Raymond Stephan sera célébrée mardi 21 avril à 14h30 et retransmise en direct par vidéo sur le site du diocèse de Chartres. N’hésitez pas à faire dire une messe en action de grâce et pour le repos de son âme à partir du site jedonnealeglise.fr. 

Message 33 de Monseigneur Philippe Christory, Vendredi 17 avril 2020

« Cette nuit-là, ils ne prirent rien ! »

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,

« Cette nuit-là, ils ne prirent rien ! » N’est-ce pas notre expérience douloureuse dans certains projets de notre vie, l’impression du vide ou de l’échec ? Jésus lui-même a partagé la condition humaine dans cette déréliction, quand ceux qui venaient à lui commencèrent à le quitter « À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. » (Jn 6, 66) Cette expérience a pu nous abattre et parfois nous avons quitté Dieu pour reprendre notre liberté, pensions-nous. Mais quelle liberté sans la source de l’Amour ?

Or Dieu ne vient pas pour organiser la vie sociale, ni d’ailleurs la lutte contre le coronavirus, mais pour nous accompagner vers la Paix et la Vie, bientôt la Vie éternelle. Entre temps, veut-il nous éprouver en nous laissant seul ? Non, car sa promesse n’aurait plus de sens : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 20) Déjà le psalmiste, homme de prière, avait fait l’expérience de la souffrance et de la présence de Dieu, aussi écrivit-il : « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie : il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes.» (Ps 125, 6-6) En ces jours, alors que la terre d’Eure et Loir est sèche, j’ai une pensée toute particulièrement pour les paysans et maraîchers qui attendent l’eau. Bientôt la joie… de la pluie ! Cependant la fécondité n’est jamais immédiate. Souvent il y a un temps de jachère et d’attente. « Cette nuit là, ils ne prirent rien » (Jn 4, 3) pourrait être conjugué diversement en fonction de nos activités. Notre vie est comme une terre qui doit être travaillée. Une femme agricultrice m’avait dit un jour qu’elle ôtait chaque année de ses terres plusieurs tombereaux de silex qu’elle devait ramasser manuellement. Préparer la terre est un effort, puis il faut semer, entretenir et enfin on peut récolter. Il en va de même dans notre parcours. Nous aimerions souvent que tout se fasse vite et sans douleur, comme dans un hypermarché où nous n’avons que l’embarras du choix et nous passons à la caisse. Ce n’est pas l’expérience d’Abraham, de Moïse, de David, des prophètes et des apôtres. Ils ont été purifiés par les épreuves avant que d’être bénis par Dieu. Cependant leur foi en la toute puissance de Dieu les gardait du désespoir et leur donnait la force d’avancer quotidiennement à l’écoute de l’Esprit et au service du peuple. L’Ecriture nous rapporte tant de paroles qui ont habité le coeur du peuple hébreu qui ne fut pas ménagé, comme Jérémie par qui Dieu nous parle toujours : « Car moi, je connais les pensées que je forme à votre sujet – oracle du Seigneur –, pensées de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance. Vous m’invoquerez, vous approcherez, vous me prierez, et je vous écouterai. Vous me chercherez et vous me trouverez ; oui, recherchez-moi de tout votre cœur. Je me laisserai trouver par vous. » (Je 29, 11-14). Vient alors Jésus qui nous propose une nouvelle voie : « Jetez le filet à droite de la barque, et vous trouverez. » (Jn 21, 6) et ils prirent cent cinquante trois poissons. « Ma joie, le Christ ressuscité ! », voici la salutation préférée de saint Séraphin de Sarov ! Pourquoi ne pas la reprendre pour nous saluer et pour poser des actes de foi dans nos tâches concrètes ? « Ma joie, le Christ ressuscité ! Jésus pour me préparer à la fête de la Miséricorde, je demeure avec toi dans la joie ». Voici un traitement spirituel de l’âme à reprendre au moins trois fois par jour, sans date de péremption.

Nous avons déjà évoqué la puissance du nom de Jésus que les apôtres appellent à l’aide quand il s’agit de guérir l’infirme qui mendiait à la Belle-Porte du Temple de Jérusalem. Mais les autorités religieuses n’acceptent pas le bouleversement qui s’opère alors ils font arrêter les apôtres qui vont devoir se justifier. Leur défense est simple : dire la vérité. Quelle vérité ? « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Act 4, 12) Pourrions-nous en ce vendredi de l’octave de Pâques, dans la joie de la Résurrection, utiliser le nom de Jésus pour opérer un bien ? Par exemple dire à un enfant « au nom de Jésus, je te bénis » et lui faire un signe de croix sur le front. Ou encore « au nom de Jésus, je prie pour toi et je demande ta guérison » pour encourager une personne malade par téléphone.

Sur la Croix, le Cœur de Jésus a été transpercé par la lance d’un soldat qui voulut s’assurer de sa mort. Cette réalité physique qui permit l’écoulement du sang et de l’eau est un symbole puissant de la compassion de Dieu en Jésus. Quand le pape saint Jean-Paul II, le 6 janvier 2001, ferma la porte du jubilé de l’an 2000 à la basilique Saint-Pierre de Rome, il dit dans son homélie : « Tandis qu’aujourd’hui se ferme, avec la Porte sainte, un « symbole » du Christ, le Cœur du Christ demeure plus que jamais ouvert. Il continue à dire à l’humanité, qui a besoin d’espérance et de sens : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos » (Mt 11, 28) » Cela signifie que le cœur de Jésus transpercé est ouvert à notre supplication. La résurrection a permis cette disposition définitive de Jésus pour accueillir sur son cœur toutes nos fragilités et nos blessures, comme un enfant blessé se blottit sur sa mère.

Catholiques nous ne sommes pas plus épargnés par les épreuves comme le coronavirus que les autres personnes, mais nous vivons dans la foi au Christ ressuscité et nous invoquons le nom de Jésus dans nos prières. Parfois il nous est demandé de justifier nos choix et d’expliciter quelle est notre source intérieure. Alors, comme les apôtres, nous ne craignons plus de répondre clairement « c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. » (Act 4, 10). Nous sommes debout et nous avançons en Eglise assurés que Dieu veut faire miséricorde au monde et qu’il demande ce retournement du coeur de la part de chacun de nous. Nous faisons l’expérience qu’après la nuit à ne rien prendre vient la récolte et l’abondance.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, belle prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal.

En latin :

Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.

Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.

V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.

Prions :

Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Message 32 de Monseigneur Philippe Christory, Jeudi 16 avril 2020

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
« En chemin vers la Miséricorde ! »
Nous méditions hier sur la guérison d’un homme estropié de naissance qui fut guéri par Dieu à la Belle-Porte du Temple grâce à la foi audacieuse de Saint Pierre qui en appelle à la puissance de l’Esprit par le saint Nom de Jésus. Saint Luc, qui nous rapporte cet événement, écrit qu’ensuite l’homme ne lâchait plus les apôtres ! Nous pouvons le comprendre. Quelle joie pour cet homme, quelle aventure pour lui, passer d’une vie d’errance et de mendicité au fait de pouvoir sauter de joie sur ses deux jambes, même s’il y a perdu son gagne-pain !
Mais comme cela arrivera plusieurs fois, la crédulité, la culture de la magie, la superstition font que les gens reportent sur les apôtres une gloire qui ne revient qu’à Dieu. Aussi doivent-ils s’en défendre et orienter vers Jésus le regard de ceux qui viennent chercher du sensationnel : « Nous en sommes témoins. Tout repose sur la foi dans le nom de Jésus Christ : c’est ce nom lui-même qui vient d’affermir cet homme que vous regardez et connaissez ; oui, la foi qui vient par Jésus l’a rétabli dans son intégrité physique, en votre présence à tous. » (Act 3, 16) Il fut souvent difficile pour les apôtres d’expliquer que la cause première de leurs actions n’était pas leur propre pouvoir mais bien celui que Dieu manifestait par son fils Jésus. Pierre a été éprouvé dans son orgueil quand, affirmant qu’il suivrait son maître jusqu’à donner sa vie pour lui, par trois fois l’a renié devant les accusations d’une servante durant la passion, avant d’être pardonné et restauré dans sa mission par la triple demande d’amour de Jésus : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu vraiment ? » (Jn 21, 16)
C’est donc la Miséricorde divine qui vient sauver Simon, dorénavant nommé Pierre. Si le Christ a demandé aux apôtres de pardonner soixante dix fois sept fois, Lui a donné sa vie pour nous pardonner définitivement du péché, que nous continuons pourtant à commettre, afin de nous réintroduire dans le projet du Père soit nous faire participer à sa vie divine. Quel péché pourrions nous nous demander ? Celui de nous faire dieu, celui de rechercher notre propre volonté au lieu de faire la volonté du Père, celui de réussir par nous-mêmes notre vie sans Dieu et souvent sans les autres !
Au XXème siècle, époque du déploiement des grandes idéologies et des grands espoirs technologiques, nous avons vu l’oeuvre la plus noire que l’homme ait réalisée, causant la mort de dizaines de millions de personnes. En cause la folie des hommes pris dans une puissante logique de violence, de privation de liberté, de condamnation d’autrui, d’orgueil humain poussé à son paroxysme, surtout d’athéisme qui ôte toute barrière aux comportements humains quand on considère que l’autre n’est plus un frère puisqu’il n’y a plus de père en commun et que les relations entre les êtres humains sont emplies de peur. Dans « Les frères Karamazov » Dostoïevski fait dire à Mitia : « Que faire si Dieu n’existe pas, si Rakitine a raison de prétendre que c’est une idée forgée par l’humanité ? Dans ce cas l’homme serait le roi de la terre, de l’univers. Très bien ! Seulement, comment sera-t-il vertueux sans Dieu ? Je me le demande. […] Alors tout est permis ? » On rapporte les derniers mots de Manon Roland montant en 1793 vers la guillotine « O liberté, que de crimes on commet en ton nom ! » Certes une liberté révolutionnaire sans Dieu. Mais nous sommes chrétiens, et grâce à la révélation de la Miséricorde divine, nous avons foi en Dieu Père et nous désirons vivre librement l’Evangile pour rendre aux hommes l’image originelle perdue de leur nature humaine créée par Dieu, c’est à dire une nature faite pour un grand Amour dans la communion avec Dieu et entre nous tous.
Alors en ce même XXème siècle, Dieu a agit de manière extraordinaire pour dire son Amour et exprimer qu’il est Miséricorde. Un lieu symbolique du mal est Auschwitz. Or c’est juste à côté de ce camp de la mort qu’une soeur polonaise, sainte Faustine Kowalska, religieuse de Notre-Dame de la Miséricorde décédée à 33 ans en 1938, reçoit de Jésus lui-même des messages sur la Miséricorde divine qui sont proposés aux hommes disposés à l’accueillir. Et c’est aussi là, à Cracovie, que sera nommé évêque un prêtre dont la vie elle-même fut terriblement éprouvée, Karol Wojtyla qui deviendra le pape Saint Jean-Paul II. En ce lieu du sud de la Pologne, Dieu préparait l’annonce de la Miséricorde là où les nazis assassinèrent tant d’innocents et Il trouva en la personne du saint Père l’homme providentiel pour accueillir ces messages dictés par Jésus à sainte Faustine qui demandent que soit instituée la fête de la Divine Miséricorde. Nous disons souvent que Dieu peut faire sortir d’un mal un bien plus grand. Saint Paul dit : « là où le péché s’est multiplié, la grâce a surabondé. » (Rm 5,20) Ce lieu est donc devenue une source de Vie pour tous. On y voit le signe que Dieu fait avancer le Salut malgré la résistance des hommes face à l’Evangile.
Nous sommes au cœur de la neuvaine préparatoire de la fête de la Divine Miséricorde qui aura lieu ce dimanche 19 avril. Ce parcours est un chemin à l’écoute de textes que Jésus a transmis à sainte Faustine. Je vous encourage à préparer vos cœurs comme votre foyer. Décorez un espace face auquel vous serez heureux de vous poser et de méditer la Parole, pour y continuer la lecture des Actes des apôtres car, là aussi, nous voyons comment l’Esprit fait oeuvre de Miséricorde pour les païens qui découvrent le message de la Résurrection de Jésus. Chaque jour si possible à 15h, priez le chapelet de la Divine Miséricorde. Soyez comme la Vierge Marie dans la silence de l’écoute intérieure. L’Eglise a reçu la Vierge Marie comme figure maternelle, humble et écoutante. Marie nous garde de l’orgueil qui peut toujours jaillir et qui consiste à s’appliquer à soi-même les mérites de l’œuvre des autres et surtout de celle de Dieu. Il est étonnant de remarquer que, dans tous ces récits de résurrection alors que nous savons qu’elle y participe, elle n’est plus mentionnée. Des traditions anciennes parlent de l’apparition de Jésus à sa mère et pourtant cela n’est pas raconté par les Évangiles. Peut-on imaginer que Jésus ressuscité, avant son ascension, n’ait pas pris le temps d’une visite à sa propre mère ? Dans son grand âge pour l’époque, Marie accompagne et prie l’Eglise naissante. Elle croit et sa foi est une inspiration pour les disciples comme pour nous aujourd’hui.
En ce temps pascal, je vous demande d’ouvrir le plus possible nos églises, de les fleurir pour que les passants qui y feront halte pour une visite au saint Sacrement ou pour une prière mariale, s’y sentent accueillis. On pourrait y disposer sur une jolie table un grand livre pour y écrire son intention. Vous y respecterez les distances dues au confinement car les rassemblements n’y sont pas autorisés, sauf les funérailles avec le cercle restreint des proches. Beaucoup de personnes cherchent le repos de l’âme face à la mort, la maladie et la peur. Que ces lieux soient habités de votre prière, dans l’adoration de Jésus. Chaque paroisse peut organiser un tour de veille priant au long des jours.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, belle prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal.
En latin :
Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.
V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
Prions :
Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Message 32 de Monseigneur Philippe Christory, Mercredi 15 avril 2020

« Au nom de Jésus, lève-toi et marche. »
Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
En ce temps pascal, soit les quarante jours après Pâques, nous lisons les Actes des apôtres, livre écrit par saint Luc à son jeune ami Théophile pour présenter la croissance de l’Eglise après la Pentecôte. Nous aurons un passage à la messe quotidienne. Ce mercredi, c’est un épisode émouvant, la rencontre d’un homme handicapé de naissance à la Belle-Porte du Temple de Jérusalem, et sa guérison opérée par Dieu par l’audace de l’apôtre Pierre.
Cet homme estropié voyait une foule de personnes venues de partout pour les fêtes de Pentecôte, qui elle ne le regardait pas malgré peut-être ses demandes répétées et ses cris. Il me rappelle l’aveugle Barthimée à la porte de Jéricho que la foule voulait faire taire quand il interpellait les gens avec vigueur. Qu’a-t-il vu dans l’attitude et le regard des apôtres ? Comment l’Esprit Saint les éclairait de sa grâce ? A-t-il pressenti qu’ils étaient des envoyés de Dieu ? C’est bien vers eux que ce pauvre se tourne à cet instant pour demander de l’aide. Il faut réentendre la merveilleuse réponse que Pierre lui fait : « De l’argent et de l’or, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche. » (Act 3, 6)
Lors des funérailles de Patrick Giros décédé en 2002, le fondateur de la belle association « aux captifs la libération » qui accompagne la vie de nombreuses personnes pauvres et sans-domicile-fixe, un de ses compagnons s’est mis devant le cercueil pour lui dire : « Patrick, tu nous as appris que certains parmi nous demeureraient toute leur vie à la marge et ne pourraient pas réintégrer le texte, mais tu nous as dit aussi que bien que restant à la marge, ils avaient le droit de connaître Jésus-Christ ! » Oui, les droits de l’homme incluent le droit fondamental de connaitre Jésus ressuscité et vivant avec nous.
Comment Pierre appelle-t-il l’Esprit Saint sur cet homme ? Il le fait « Au nom de Jésus ». Quelle belle expression, le Nom de Jésus ! Aujourd’hui il est possible qu’elle nous semble un peu traditionnelle. Saint-Vincent de Paul et Sainte Louise de Marillac ont fondé un grand hôpital près de l’actuelle Gare du Nord à Paris qu’ils appelèrent l’hôpital du Nom de Jésus. En son nom les malades étaient accueillis et soignés. La république française a confisqué cet hôpital et lui a donné plus tard le nom d’un médecin fameux de la fin du XIXème siècle et début XXème, Fernand Widal.
Quelle audace de laisser pleinement Jésus vivant agir ! Voilà l’attitude authentique du disciple. Se laisser habiter par Jésus comme l’exprime Saint-Paul : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi. Ce que je vis aujourd’hui dans la chair, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi. » (Gl 2, 20) Nous pensons cette expression étrange et assez théologique; or comme chrétiens, nous devenons des christ, oints par le baptême. Nous parlons de chrismation lors de la célébration du sacrement de confirmation. Nous sommes des christs c’est-à-dire des hommes et des femmes en qui l’Esprit Saint peut déployer ses dons et les appliquer aux personnes qui sont autour de nous, telle la bonté ou la confiance. L’attitude de Pierre face au pauvre peut-elle être la nôtre ? En aurons-nous l’audace ? Aurons-nous une foi suffisante pour ne pas craindre le ridicule ? Quand l’un de nous est interpellé dans la rue pour une pièce et que bien souvent nous cherchons à partir au plus vite soit en nous déchargeant de quelques monnaies soit en répondant simplement que nous n’avons rien, pourquoi ne pas demeurer un instant avec cette personne, l’écouter et lui proposer de prier au Nom de Jésus pour sa vie ? Certes elle a le droit de refuser mais nous avons le droit de lui proposer. Or souvent avouons que nous n’osons pas car monte en nous une inquiétude, qui s’appelle combat spirituel.
« Au nom de Jésus » n’est-ce pas une belle entrée en matière quand nous nous rencontrons ? Par exemple « Au nom de Jésus, je te salue et je te souhaite du bonheur. » La Bible nous dit : « Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. » (Act 4, 11-12) D’ailleurs le mot Jésus indiqué par l’ange Gabriel veut dire « Dieu sauve. » Le seul fait de prononcer ce mot nous fait rentrer dans un mystère de compassion et de salut. L’expression court-circuite toutes les arabesques que nous pourrions être tentés d’utiliser pour mettre des formes à une parole hésitante quand il s’agit de parler de la guérison par Jésus à une personne gravement malade. Reprendre la parole de Pierre à la Belle-Porte face à un malade, n’est-ce pas au fond se simplifier le chemin ? Pourquoi ne pas aller voir des proches fatigués et malades, leur proposer de prier pour eux et d’oser dire dans la prière « au Nom de Jésus soit guéri » ? Rappelons-nous Jésus disant à ses apôtres qu’il leur souhaitait une foi grande comme un grain de moutarde : « vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible. » (Mt 17, 20)
En Eure et Loir, il existe des lieux où des personnes merveilleuses souvent bénévoles donnent le meilleur de ce qu’elles peuvent offrir : le Bercail c’est un abri pour des femmes en détresse, le 115 propose des logements pour une nuit, les restos du cœur de la nourriture, le Foyer d’Accueil Chartrain un espace de vie pour des gens à la marge, les couloirs humanitaires un logement pour des familles étrangères, le Secours Catholique un accompagnement et des vêtements, Saint Vincent de Paul une proximité et de l’aide, la diaconie diocésaine met en relation les acteurs chrétiens de la solidarité, et d’autres personnes encore. Des membres de l’église catholique y sont engagés avec d’autres. Cela est merveilleux spécialement dans ce temps de confinement et d’isolement. Nous portons « un trésor dans des vases d’argile » (2Co 4, 7) et ce trésor se nomme Jésus dont nous pouvons révéler le Nom. Catholiques, nous n’annonçons pas un humanisme fut-il chrétien, nous ne proclamons pas des valeurs fussent-elles évangéliques. Notre source est une personne vivante, Jésus. Nous conduisons à cette source ceux que nous rencontrons pour qu’ils puissent s’y désaltérer.
Le fruit de la guérison pour cet homme est de recouvrer une liberté nouvelle. Il entre dans la louange. La louange est une belle prière parce qu’elle nous décentre de soi pour nous tourner vers Dieu et le remercier. Elle témoigne du salut. La joie de la louange est attractive, elle donne une saveur nouvelle à notre vie avec Dieu. Pas étonnant qu’en ce temps troublé par le désespoir, beaucoup de groupes de chant chrétiens, catholiques et évangéliques, ont un vrai succès particulièrement auprès des jeunes. Ces chants chantent la Parole de Dieu et le Nom de Jésus.
Pourquoi ne pas louer Dieu à pleine voix, beaucoup de chants de louange s’écoutent sur Youtube et ils nous aident à exprimer notre reconnaissance joyeuse. Le psaume du jour nous dit : « Rendez grâce au Seigneur, proclamez son nom, annoncez parmi les peuples ses hauts faits ; chantez et jouez pour lui, redites sans fin ses merveilles. » (Ps 104, 1-2)
Je vous souhaite une journée emplie de cette louange et de la joie de l’Esprit. Je remercie Dieu de m’avoir appelé à votre service dans ce diocèse voici deux années, consacré évêque le 15 avril 2018 ! Priez pour mon ministère afin que j’y réponde avec fidélité. Merci.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec le Regina Coeli, belle prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal.
En latin :
Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.
V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
Prions :
Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Message 31 de Monseigneur Philippe Christory, Mardi 14 avril 2020

Chers amis et diocésains d’Eure & Loir,
Le président de la République a confirmé un prolongement du confinement. Nous ne sommes pas si surpris mais nous sommes invités à approfondir notre relation au Christ ressuscité durant le temps pascal. Celui-ci est encore plus important que le carême et je vous encourage à lire les Actes des Apôtres, un chapitre par jour, pour y voir l’oeuvre de l’Esprit qui conduit l’Eglise naissante. C’est merveilleux d’accompagner les premiers disciples dans la folie du message de la Résurrection qui va atteindre des hommes et des femmes de toutes conditions et apporter une Espérance incroyable.
L’Evangile de saint Jean raconte plusieurs récits magnifiques des rencontres qui adviennent après la résurrection et qui apportent

des messages profonds : l’arrivée de Pierre et Jean au tombeau vide, la rencontre de Marie de Magdala et Jésus quand elle le prend pour le jardinier, la venue de Jésus parmi les disciples le soir au Cénacle, la rencontre de Jésus et l’apôtre Thomas qui voulait toucher ses plaies, l’affirmation par l’évangéliste que Jésus « a opéré sous les yeux de ses disciples bien d’autres signes qui ne sont pas consignés dans ce livre » (Jn 20, 30), et l’apparition de Jésus au bord du lac de Tibériade lorsque les apôtres sont repartis à la pêche avec la mission redonnée à Pierre d’aller paître les brebis du Seigneur.

Dans le récit de la messe de ce jour, nous voyons Marie-Madeleine au tombeau qui le découvre vide et qui, « en pleurs, voit deux anges vêtus de blanc, assis à l’endroit même où le corps de Jésus avait été déposé, l’un à la tête et l’autre aux pieds » (Jn 20, 11-12). Ils lui demandent pourquoi est-ce qu’elle pleure ? Et voici la rencontre, une de plus avec une femme affligée – rappelons nous la femme adultère, la samaritaine, la cananéenne, la femme hémorroïsse, la femme dont le fils est mort, Marthe devant la mort de son frère, Marie en larmes aux pieds de Jésus, et d’autres encore ! – , où Jésus exprime toute la délicatesse de son cœur qui se met à l’écoute, qui se fait doux et humble : « Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? » Quelle question essentielle aussi pour chacun de nous. Qui est ce Jésus que nous recherchons ? Qui est-il pour vous personnellement ? Pleurons-nous son absence ? Bien entendu tous les auteurs spirituels se sont toujours demandés pourquoi Marie ne le reconnait pas. Or dans son esprit, il est mort sous les coups. Dans son cœur elle est effondrée à cause du mal, de l’injustice, de la perte de celui qui passait en faisant le bien et qui relevait les êtres les plus abattus. Il y a comme un rideau de deuil qui enveloppe de noir la vision de Marie-Madeleine, faite de larmes et de tristesse. C’est dans l’échange des noms que le lumière apparaît, qu’un rayon de soleil illumine le cœur de cette femme. « Jésus lui dit alors : « Marie ! » S’étant retournée, elle lui dit en hébreu : « Rabbouni ! », c’est-à-dire : Maître. » (Jn 20, 16) Marie tout à sa joie doit alors entrer dans une nouvelle relation au Christ glorieux, car il s’est offert à tous pour le salut de chacun, sa mission va se déployer, « ne me retiens pas » ce qui peut signifier que dorénavant chaque disciple et ami de Jésus comprend que Jésus vient pour toutes les nations et tous les peuples, que le salut sera communiqué largement à ceux et celles qui le suivront : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mt 28, 19-20)
Bien entendu, avec ce récit de saint Jean, nous sommes sensibles à l’échange entre Marie-Madeleine et Jésus par ces mots délicats. Le texte est chargé d’émotion. Mais Jésus donne un message clair à Marie-Madeleine « Va trouver mes frères » (Jn 20, 17). Elle est donc envoyée par ce mot « va ». Cette demande est déjà venue plusieurs fois sur les lèvres de Jésus parfois au pluriel « allez ». Elle fut adressée aux apôtres et aux disciples choisis par Jésus qui l’ont accompagné trois années durant. Mais ici il s’agit d’une femme, d’une amie. Dans ce « va trouver » se dit la nouvelle condition de l’Eglise, une Eglise en mouvement, une Eglise en sortie, une Eglise qui communiquera aux périphéries vers ceux et celles qui sont à sa marge, les pauvres comme les riches souvent sans espérance. Partir trouver les hommes et les femmes de notre société devient le cœur de la raison d’être de nos paroisses, de nos assemblées et de notre fraternité. L’Eglise existe pour évangéliser. Elle détient un trésor, que l’Esprit Saint a condensé dans les évangiles : « Quant à nous, il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu. » (Act 4, 20) diront les apôtres.
Jésus complète un point important : qu’est-ce que Marie-Madeleine doit leur annoncer ? Jésus lui dit de dire : « Je monte vers mon père et votre père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jn 20, 17). Voici ce qu’il faut découvrir plus profondément car après la résurrection, les paroles de Jésus prennent une valeur inestimable, chacune est précieuse. Elles sont l’ultime héritage de Jésus avant son ascension prochaine. Que veut dire ce message ? Jésus affirme à nouveau sa condition de Fils. « Jésus lui répond : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? » Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. » (Jn 14, 9-10) Jésus monte vers son Père et il affirme que ce même Père est notre Père. Nous, hommes et femmes, avons un Père au Ciel, qui nous communique sa vie, nous a créés à son image et sa ressemblance, c’est à dire capables d’aimer et de communion. Jésus reformule ce qu’il a dit quand il expliquait aux apôtres comment prier : « Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne. » (Lc 11, 2) Dieu est un Père pour chacun de nous, cela veut dire qu’il nous engendre, que nous sommes ses fils et que nous recevrons le même héritage, c’est à dire la Vie éternelle auprès de Lui. Et pour confirmer la grandeur du Père, Jésus ajoute « Vers mon Dieu et votre Dieu. » Il n’y a plus de doute, ce même Dieu, vers qui Jésus en croix criait encore quelques heures plus tôt « mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » tellement la passion l’avait conduit à l’extrême solitude, ce même Dieu redonne à Jésus la place glorieuse qu’il avait auprès de Lui avant sa descente dans le sein maternel de Marie. La grande nouveauté est que les disciples découvrent que le Dieu Père de Jésus est vraiment le Dieu Père de chacun de nous. Avec Jésus, Dieu s’est fait proche pour que nous recevions la place que le Père nous a préparée en Lui, sur son sein, dans l’Amour pour un éternel présent.
Comment s’y préparer ? Dieu paraît souvent lointain et abstrait pour nous. Mais nous le connaissons par le Fils : « le Père et moi, sommes UN » (Jn 10, 30). C’est par la méditation de l’Évangile que nous entrons peu à peu dans une intimité d’amour avec Jésus et que nous comprenons qu’il est la parfaite icône du Père. Jésus incarne l’Amour du Père avec perfection. Chrétien, nous le devenons toujours plus par notre connaissance intime de Jésus. Voici le projet à prendre à bras le corps.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.
Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec Regina Coeli, qui est la prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal. Nous lui confions tout particulièrement le père Raymond Stephan qui est sur le point de rejoindre Dieu le Père.
En latin :
Regina Cœli, laetare, alleluia:
quia quem meruisti portare, alleluia.
Resurrexit, sicut dixit, alleluia.
Ora pro nobis Deum, alleluia.
Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,
car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia
est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia
Priez Dieu pour nous, alléluia.
V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluia
R. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.
Prions :
Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Message 30 de Monseigneur Philippe Christory. Lundi 13 avril. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

« Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! Alléluia »

Je désire commencer par vous souhaiter une grande joie, celle de la résurrection de Jésus, qu’elle demeure en votre cœur et votre esprit, qu’elle éclaire votre quotidien sans que les difficultés ne l’atténuent. Le Christ est ressuscité et notre foi trouve ici son fondement. Je remercie particulièrement mes frères prêtres qui ont célébré la liturgie de ces jours saints dans des conditions difficiles, avec la grande émotion d’être séparés physiquement de leurs fidèles tout en expérimentant un mode nouveau de présence spirituelle dans la prière simultanée et par les retransmissions. Jamais la messe célébrée par le Saint Père François ne fut autant suivie en France ! Oui l’église universelle était rassemblée pour adorer Dieu notre Père éternel et célébrer la résurrection de Jésus-Christ. 

Bonnes fêtes de Pâques à vous les fidèles de l’église catholique qui nous portez par vos prières et toutes les manifestations de votre proximité fraternelle. Merci de tous vos messages et vidéos si sympathiques. Merci à ceux et celles qui ont continué à travailler à notre service pour que nous soyons approvisionnés, pour que les malades soient soignés. Je pense aussi aux paysans qui préparent les récoltes de demain, et s’occupent des élevages. Bientôt, nous aurons notre poulailler à l’évêché !

Curieusement la lecture de la messe de ce lundi nous projette à la Pentecôte. Grand saut puisque cette scène se déroule après l’Ascension de Jésus. Pierre est saisi par l’Esprit Saint au cénacle et il sort pour se tenir debout face à la foule des juifs à Jérusalem. Il est debout parce qu’il est certes commode d’être ainsi afin de parler à beaucoup de personnes, mais il est debout parce que depuis la résurrection, saisi par l’Esprit Saint, il n’est plus accablé ni meurtri par son triple reniement. Jésus l’a relevé au bord du lac de Tibériade par trois questions « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15-17). Pierre a été capable de répondre, certes avec une profonde émotion : « Oui, Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». Alors Jésus l’a confirmé dans sa mission « va et pais mes brebis ». Dorénavant et jusqu’à son martyre, Pierre sera debout pour annoncer la victoire de son Maître Jésus. Hier en priant le chapelet lors de ma promenade réglementaire, je croisé un couple qui me dit qu’il était bien d’être assis dans le salon pour suivre la messe par l’écran. Je me suis donc interrogé sur notre posture. Effectivement, dans nos églises, nous avons des chaises en paille plutôt inconfortables, nous nous mettons alternativement debout ou assis. Quelle est la place de notre corps dans la liturgie ? Pour illustrer cela, nous lisons saint Mathieu rapporter que les femmes venues au tombeau rencontrent Jésus, qu’elles s’approchent, lui saisissent les pieds et se prosternent devant lui. Leurs gestes expriment toute la reconnaissance, l’adoration, la gratitude, la déférence et la soumission religieuse envers Jésus. Que disent nos propres attitudes de notre foi et de notre attachement au Christ ressuscité ? Certains fidèles nous ont envoyé des photos de leur église domestique rassemblée pour la messe. Ils avaient installé un autel, avec des bougies et la Bible, certains enfants s’étaient habillés en servants portant l’aube blanche, des fleurs embellissaient le tout, pour vivre l’eucharistie le mieux possible. Que de beauté qui apporte la paix à l’âme. Le propre de notre religion est l’engagement de tout l’être, y compris le corps, car Dieu s’est fait homme avec un corps pour nous manifester l’Amour que Dieu Père nous porte; il le fait par ses gestes notamment envers les exclus et les pauvres. 

Cette semaine de l’octave de Pâques, nous allons entendre les récits de la résurrection de Jésus. Savez-vous qu’il y a cinq chapitres dans les quatre Évangiles qui parlent des rencontres après la résurrection ? Un dans chaque Évangile de Mathieu, Marc, Luc et deux chez Saint Jean. C’est déjà beaucoup car l’Évangile est un texte très concentré. Mais dans les Actes des apôtres que nous lirons jusqu’à la Pentecôte, la Résurrection du Christ est mentionnée souvent comme le cœur de la proclamation de la foi. Ce mot Résurrection apparaît dans neuf récits différents des Actes, et le verbe ressusciter est utilisé 62 fois dans les Actes et les lettres. Reprenons le grand discours de Pierre après la Pentecôte : « ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoin. » Cette affirmation permanente va bouleverser les auditeurs. Elle devient chez les disciples envoyés en mission la vérité fondamentale pour laquelle ils vont offrir leur vie. De là découle la vraie source de joie car cette vérité est aussi l’affirmation de notre foi en notre propre résurrection et la promesse de vivre éternellement en Dieu. Le bouleversement qu’apporte la foi au Christ est la Résurrection, celle de Jésus et la nôtre. Si nous ne comprenons pas cela, nous ferons de la religion une morale, ce qu’elle n’est pas. Elle est une proclamation bouleversante, une nouveauté inimaginable, une promesse d’éternité, une invitation à nous tenir debout devant la face de Dieu avec un infini respect de sa Gloire et de son Etre divin. 

À l’écoute de ces récits, nous serons interrogés sur leur véracité, pour soi-même et dans notre annonce au monde. Ce témoignage date de deux mille ans et il a parcouru le monde. Il a touché des pauvres et des puissants, des gens simples et des savants. Ceux qui l’ont accueilli avaient le cœur et l’intelligence ouverts pour croire ces témoins de la foi. Mais quiconque refuse de croire n’entre pas dans le Mystère. Ceux qui se disposent à écouter en vérité découvrent la puissance de l’Esprit que Jésus communique. Leur vie en est bouleversée et renouvelée. Ce fut le cas des premiers disciples venus soit du judaïsme mais souvent du milieu romain païen et polythéiste, comme Saint-Paul pourtant si opposé à Jésus dans son acharnement à faire arrêter et exécuter ceux qui le suivaient, c’est ainsi que l’Eglise s’est développée depuis 2000 ans. 

Aurons-nous la même disposition du cœur pour répondre à Jésus comme Pierre lui-même : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69)

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec Regina Coeli, qui est la prière traditionnelle vers Marie en ce temps pascal :En latin :Regina Cœli, laetare, alleluia:quia quem meruisti portare, alleluia.Resurrexit, sicut dixit, alleluia.Ora pro nobis Deum, alleluia.Reine du Ciel, réjouissez-vous, alléluia,car Celui que vous avez mérité de porter dans votre sein, alléluia est ressuscité comme Il l’a dit, alléluia Priez Dieu pour nous, alléluia.V. Soyez dans la joie et l’allégresse, Vierge Marie, alléluiaR. Parce que le Seigneur est vraiment ressuscité, alléluia.Prions :Dieu, qui, par la Résurrection de Votre Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, avez bien voulu réjouir le monde, faites-nous parvenir, par la prière de la Vierge Marie, sa mère, aux joies de la vie éternelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Message 29 de Monseigneur Philippe Christory. Samedi 11 avril de la semaine sainte 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Ce jour, samedi saint, est unique dans l’année liturgique, nous sommes en attente, hier nous avions une histoire  plus chargée puisque Jésus était arrêté, jugé et mis à mort. C’est à travers la méditation du chemin de croix que nous avons vécu la montée vers le calvaire et sa crucifixion, puis le soir en relisant la passion dans l’Evangile de Saint Jean, nous avons continué à pénétrer le mystère du sacrifice du Christ, véritable agneau de Dieu, qui s’offre et sauve l’humanité de la mort causée par nos péchés.

Ce samedi, la corps de Jésus est au tombeau. On l’y a mis en hâte car c’est le shabbat pour les juifs, et il n’était pas possible de laisser un corps en croix ni de l’en descendre durant ce shabbat. Aussi, tout le monde est en attente, certains sont désespérés comme les disciples d’Emmaüs qui repartent chez eux sans espoir. D’autres affligés par tant de violence et d’acharnement contre Jésus innocent pleurent et prient Dieu de donner sens à la vie du rabbi Jésus. Et il reste quelques femmes, autour de la Vierge Marie qui leur dit d’espérer en la parole de l’ange Gabriel qui lui avait annoncé plus de trente années plus tôt : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » (Lc 1, 30-33) N’a-t-il pas dit que le Fils de l’homme serait condamné et mis à mort mais qu’il ressusciterait le troisième jour ? Quand est ce troisième jour ? Marie comme toute femme juive compte les jours du soir au soir, aussi ce samedi est déjà le second, et le troisième sera demain, le premier jour de la semaine, celui qui suit le shabbat. Marie vit toute cette journée dans la prière, médite encore et encore toutes les promesses que son peuple a reçues des prophètes, a une totale confiance en Dieu Père, elle regarde intérieurement celui qu’ils ont transpercé et l’implore d’accomplir ce que les écritures promettaient. Pour nous, c’est un temps d’attente. La vigile de ce soir ouvrira justement le troisième jour, celui de la résurrection, de la glorification du Fils par Dieu le Père. En attendant cette si belle liturgie qui aurait dû accueillir les baptêmes des catéchumènes, nous demeurons dans le silence et le recueillement. Aussi je vous propose de méditer un des nombreux textes lus ce soir qui retracent le plan du salut en commençant par la création, le sacrifice d’Isaac et l’exode hors d’Egypte. Puis sont lus les grands prophètes : Isaïe, Baruch, Ezéchiel. 

Celui-ci nous a transmis une merveilleuse promesse de la part de Dieu : « Je répandrai sur vous une eau pure et je vous donnerai un cœur nouveau » (Ez 36, 16-17a.18-28) Une fois de plus le prophète voit que le peuple élu, choisi par pur amour s’est prostitué avec les faux dieux, s’est vendu aux puissances étrangères, a fait preuve d’injustice, a fait la guerre. Aussi la vengeance de Dieu est terrible : « Alors j’ai déversé sur eux ma fureur, à cause du sang qu’ils avaient versé dans le pays, à cause des idoles immondes qui l’avaient rendu impur. » C’est la défaite militaire qui conduira les hébreux en exil, déportés à Babylone, leur temple pillé et détruit. Le prix de l’infidélité est toujours conséquent. Il serait bien de se le rappeler en ce XXIème siècle.  « Je les ai dispersés parmi les nations, ils ont été disséminés dans les pays étrangers. » Pour ces juifs c’est une peine très lourde car demeurer près de Jérusalem appartient à leur foi. En exil, malgré les encouragements de Jérémie à procréer et à s’organiser, c’est la mélancolie comme l’exprime le psaume 136 :

« Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, nous souvenant de Sion ; 

aux saules des alentours nous avions pendu nos harpes.C’est là que nos vainqueurs nous demandèrent des chansons, et nos bourreaux, des airs joyeux : « Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion. »Comment chanterions-nous un chant du Seigneur sur une terre étrangère ? Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite m’oublie ! 

»

Le Seigneur ne peut pas accepter que son saint Nom soit profané au milieu des nations païennes victorieuses. Alors Il annonce qu’il va changer le cours des choses, que ces mêmes nations païennes vont apprendre qui il est, vont comprendre que son peuple ingrat demeure le peuple de la promesse. Dieu veut manifester sa sainteté. Aussi annonce-t-il : « Je vous prendrai du milieu des nations, je vous rassemblerai de tous les pays, je vous conduirai dans votre terre. Je répandrai sur vous une eau pure, et vous serez purifiés ; de toutes vos souillures, de toutes vos idoles, je vous purifierai. Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon esprit, je ferai que vous marchiez selon mes lois, que vous gardiez mes préceptes et leur soyez fidèles. Vous habiterez le pays que j’ai donné à vos pères : vous, vous serez mon peuple, et moi, je serai votre Dieu. » C’est un des plus beaux textes bibliques, une promesse merveilleuse ouverte vers l’avenir, pour tous. 

Cette promesse d’un coeur nouveau et d’un esprit nouveau est premièrement pour le peuple lui-même. Mais elle anticipe la Nouvelle Alliance en Jésus-Christ, né par l’opération du Saint Esprit en Marie qui l’engendre. Toute sa vie publique est accompagnée par l’Esprit qu’il reçoit abondamment lors de son baptême qu’il remettra au Père en rendant l’âme sur la croix. Or c’est encore l’Esprit Saint que Jésus promet d’envoyer sur l’Eglise et ses disciples une fois retourné dans la Gloire divine : « je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. » (Jn 15, 26). Les Actes des Apôtres forment un récit, écrit par l’évangéliste saint Luc, qui narre combien l’élan missionnaire et l’établissement de l’Eglise en toutes ces communautés locales et dispersées sont l’oeuvre de l’Esprit. Il agit avec puissance donnant des charismes à chacun en vue du bien commun. 

Maintenant, un cadeau : nous pouvons regarder en ce jour de samedi saint la figure de Marie. Elle est la femme dont le coeur s’est laissé pleinement saisir par l’Esprit depuis le début de cette incroyable aventure spirituelle. Son coeur est dorénavant empli et conduit par l’Esprit. En elle s’est accomplie de manière éminente et unique la prophétie d’Ezéchiel. C’est pour cela qu’un grand théologien, le père Henri de Lubac jésuite brillant à l’époque du Concile Vatican II, pourra dire que « tout ce que l’on dit de Marie peut être dit de l’Eglise et réciproquement ». Marie est la figure de l’Eglise en ce sens que la vie nouvelle dans l’Esprit nous est donnée à contempler en elle. Elle est parfaitement disciple vivant l’Evangile, modèle du disciple que nous cherchons à être. 

Aussi je vous encourage, en ce jour dans votre prière, à prendre Marie chez vous comme Mère de l’Eglise et notre mère à tous. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen. 

Message 28 de Monseigneur Philippe Christory. Vendredi 10 avril de la semaine sainte 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Hier soir jeudi, avec la sainte Cène, nous sommes entrés dans le triduum pascal. À l’issue de l’adoration eucharistique au reposoir, le précieux corps de Jésus a été mis à l’écart, et non pas au tabernacle des églises qui est dorénavant vide et ouvert. La messe ne sera plus célébrée avant la Vigile de Pâques. En ce vendredi saint nous parcourons l’itinéraire douloureux de Jésus arrêté dans la nuit à Gethsémani, emprisonné et jugé au petit matin. « Voici l’homme ! » dira Pilate à la foule rassemblée. Comment reconnaître celui qui est Dieu fait homme quand tout son corps est déformé et meurtri par la torture ? Il n’avait plus figure humaine. Cela me rappelle Anne, restée douze années dans la rue, qui disait « dix ans après cette vie SDF, quand je regarde mon corps, j’y lis encore mon histoire et j’y vois tous les coups que la violence des hommes lui ont imposés ».

Aujourd’hui, vendredi saint, nous voyons Jésus porter sa croix et monter au Golgotha pour y être crucifié. Il est hissé entre deux malfaiteurs, l’un l’insultant et l’autre se tournant vers lui avec ces mots étonnants : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » (Lc 23, 42) Dans l’échange des regards, Jésus reconnaît toute la détresse d’un homme qui a fait le mal, jugé coupable par le pouvoir Romain, mis à mort, mais qui soudainement entrevoit comme une source de lumière au terme de sa vie minable. Cet homme a comme l’intuition que ce Jésus, injustement condamné, porte en lui une espérance qu’il n’a jamais connue dans son parcours de vie. Et Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » (Lc 23, 43) Voici l’expression de l’ultime pardon. Nous pourrions ne pas apercevoir la demande de pardon exprimée par cet homme, pourtant elle transpire dans ces mots : « souviens-toi de moi » Ainsi la mort n’emporterait pas tout mais il resterait quelque chose de soi dans le cœur de Dieu. Soudainement cet homme espère que ce Rabbi pensera à lui. Mais Jésus va plus loin, lui fait la promesse qu’il sera, ce qui veut dire qu’il vivra, avec lui le soir même au paradis. Quel pardon !

Hier, en ce jeudi saint, des familles ont vécu le lavement des pieds entre époux, parfois avec leurs enfants, à l’invitation de Jésus : « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. » (Jn 13, 14-15) Quelques messages ont témoigné de votre joie. Le lavement des pieds est un geste délicat qui exprime fortement le désir de se réconcilier, de demander pardon.

Comprenons-nous que tout ce qui s’opère lors de la passion, durant ces trois jours, en vue de sauver l’humanité de la mort consécutive au péché, on peut le résumer à : « Dieu pardonne à son peuple » ? Le pardon est la forme que prend la justice de Dieu. Souvent par le passé, les hommes ont craint Dieu parce qu’ils ont imaginé une justice très comptable des fautes commises par les hommes. Or Dieu est miséricordieux.  La miséricorde est même plus qu’une qualité de Dieu, elle est sa propre nature. Seul Dieu est miséricordieux, Il l’est pour tous, chrétiens ou non, car sa miséricorde ne trie pas les êtres humains. Il l’est de manière éminente quand il fait justice, car sa justice consiste à nous rendre juste – rappelons nous saint Joseph que l’Ecriture qualifie d’homme juste – pour nous permettre d’être revêtu du vêtement de noces dans sa Gloire éternelle : « Un vêtement de lin fin lui a été donné, splendide et pur. » Car le lin, ce sont les actions justes des saints. Puis l’ange me dit : « Écris : Heureux les invités au repas des noces de l’Agneau ! » Il ajouta : « Ce sont les paroles véritables de Dieu. »  (Ap 19, 8-9)

En ce vendredi saint, beaucoup de vous auraient aimé se confesser et je ne vous cache pas que nous vos prêtres aurions aimé vous recevoir dans ce si beau sacrement de la réconciliation. Néanmoins nous pourrons poser un acte personnel chez soi devant une croix que l’on peut prendre en main pour contempler l’offrande du Christ et le remercier simplement du don total qu’il nous fait afin que nous vivions en demandant pardon pour nos péchés. Puis nous pourrons nous tourner vers les autres avec qui nous partageons un logement ou ceux envers qui nous aurions eu des mots blessants pour demander humblement miséricorde. Le pardon est un trésor que nous révèle l’Évangile comme pour la femme adultère : « Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » (Jn 8, 11)  Notre société a besoin d’une justice toujours plus humaine car on ne se débarrasse pas du mal en opprimant les gens mais en les réconciliant entre eux et avec la société. Ce vendredi saint est donc une opportunité pour s’interroger sur la place du pardon dans la société et dans la justice civile des hommes. Comment se vit le pardon dans un tribunal humain ? Espère-t-on qu’il demeure en tout homme ou toute femme ayant fait gravement le mal une part intacte de son humanité et capable du bien ?

En ce vendredi vous allez suivre le chemin de croix, particulièrement sur Radio Grand Ciel à 15h, ou le retrouver enregistré sur le site diocésaine de Chartres. Marchez à la suite de Jésus, accompagnez le comme Simon de Cyrène, comme Véronique qui essuie son visage, ou comme les femmes et la Vierge Marie qui l’accompagnent silencieusement. Ce soir, lors de l’office de la Passion, nous réécouterons dans l’Évangile de Saint Jean ce récit depuis l’arrestation jusqu’à la mise au tombeau. Ensuite par la longue intercession, nous prierons pour les membres de notre société, pour les malades et les soignants que nous remercions pour leur dévouement. Nous prierons aussi pour les femmes et les hommes impliqués en politique au niveau national ou local pour que la Sagesse de Dieu les inspire dans leurs décisions difficiles. Nous ne les oublierons pas.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Ce vendredi saint, vous pourrez suivre la sainte Cène soit depuis votre église paroissiale, certaines équipes ayant prévu une retransmission, soit à 20h sur Radio Grand Ciel et en vidéo depuis la cathédrale sur le site du diocèse, vous pourrez vous connecter dès 19h40 pour un temps de prière et de chants.

Message 27 de Monseigneur Philippe Christory. Jeudi 9 avril de la semaine sainte 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Dans le psaume de le messe de ce jour, il y a cette interrogation du psalmiste : « comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » (Ps 115, 12). C’est une belle question qui dévoile l’amour que cet homme porte à son Dieu. La grande nouveauté de l’Alliance Nouvelle en Jésus-Christ est d’offrir une réponse dans notre participation à la messe. Cela est confirmé par ce même psaume : « J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur. » (v13)

Aujourd’hui est le grand jour de la sainte Cène qui ouvre le triduum pascal, soit trois journées pour nous conduire à la Vigile de Pâques et à la fête de la Résurrection du Christ. C’est le plus grand Mystère chrétien, comme le souligne saint Paul : « si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. » (1Co 15, 17-19) Or nous croyons à sa résurrection, qui mène à notre propre résurrection vers la vie éternelle.

Habituellement la messe de la Sainte Cène est fort fréquentée par les catholiques pratiquants car nous y commémorons l’institution de l’Eucharistie  par Jésus mais aussi le sacerdoce des prêtres illustré par ce récit de l’Evangile de Saint Jean qui décrit le lavement des pieds des disciples par Jésus, acte provocateur s’il en est un, puisque c’est là la tâche réservée à l’esclave envers le maître de maison ou le visiteur. Aussi, normalement lavons-nous les pieds de douze personnes qui représentent les douze apôtres, mais aussi l’humanité entière, hommes et femmes, que tout prêtre sert en s’offrant dans la célébration des sacrements. Ce soir, la liturgie de nos messes sera simplifiée et nous ne vivrons pas le lavement des pieds faute… de pieds ! Cependant cet acte de service et d’humilité est vécue parfois dans les communautés religieuses, ou lors de retraites spirituelles particulièrement de couples, l’époux lavant les pieds de son épouse et réciproquement comme signe du service de l’Amour, signe aussi de réconciliation. Aussi je vous fais une proposition : pourquoi ne pas faire à la mais on une liturgie simple et belle du lavement des pieds ? Pourquoi ne pas l’élargir aux enfants ? Pour ceux qui sont seuls, et vous êtes nombreux ainsi, faute de le faire physiquement envers quelqu’un, trouvez un moyen de dire à un proche votre amour, éventuellement votre peine d’avoir blessé votre relation et votre désir de pardon.

Ce soir, assurément beaucoup de vous auraient aimé communier au précieux Corps de Jésus. Cela ne sera pas possible. Il y a cependant une réalité propre à l’eucharistie. Nous croyons à un double mystère : la réactualisation de l’immolation du Christ et le changement du pain et du vin en corps et sang du Christ glorieux. Ce corps est mangé et ce sang est bu par le prêtre. En effet le sacrifice eucharistique n’est réalisé que lorsque le prêtre a lui-même communié en consommant le sang et le corps de Jésus. Il le fait en tant que ministre de l’Eglise, au nom de l’Eglise tout entière et comme tenant la place de toute l’Eglise, donc l’assemblée chrétienne, devant Dieu. Aussi la communion spirituelle que vous faites dans la foi de l’Eglise en la présence réelle, est intimement liée à cette consommation du corps et du sang par le prêtre. En quelque sorte, si vous êtes pleinement disposés devant Dieu, vous participez au sacrifice en tant que corps du Christ, certes dans vos maisons comme églises domestiques mais unie en un seul corps c’est-à-dire le Corps de Jésus, tous et chacun en tant que membres de l’église, et vous offrez votre vie à la suite du Christ pour la rédemption du monde. Je vois que ce que je dis là est plutôt théologique et spirituelle. Certains de vous vont penser que mes propos plantent un peu haut ! Mais comprenons que chacun de vous, dans le lieu où il s’associe à la messe que je vais présider en ce soir, participe à cette messe car le Corps du Christ est UN et ne peut être coupé en morceaux, et que dans son acte de communier physiquement que le célébrant réalise à l’autel, tout le corps, donc chacun de vous, reçoit le Christ eucharistique. Et vous pouvez à ce moment là dire avec foi « Ô Jésus, merci de venir en moi maintenant ! Je te reçois pleinement dans ma vie, mon cœur, mon âme avec tous mes frères et sœurs, nous qui formons un seul corps ! »

Maintenant, j’aimerais que nous abordions la dimension sacrificielle et rédemptrice de la messe. Que se passe-t-il ? Que réalise l’eucharistie ? La grandeur de la messe est qu’elle sauve le monde. Il y a une dimension cosmique. Rien ni personne d’autre ne pourrait le faire. Aussi, un catholique ne peut pas vivre la messe pour lui seul, ce serait un contresens. Vouloir communier pour soi apporterait peut-être une satisfaction individuelle et sensible mais cela limiterait le sens profond de ce qu’est l’eucharistie. Le Concile Vatican II a replacé la notion de Peuple de Dieu et c’est bien toute l’assemblée des croyants qui célèbre en s’offrant lors de la messe, par une participation active dans la prière et la louange, tournée vers Dieu le Père, Corps uni à la Tête qui est le Christ à qui le prêtre qui préside offre toute sa personne pour devenir Jésus-Christ présent. Quand le prêtre prononce les mots de la consécration, c’est en fait Jésus qui parle et opère le miracle de sa présence dans le corps et le sang eucharistiques.

Mais ici il faut parler de sacrifice ! Oui, car nous ne pourrions pas comprendre la messe sans faire référence au passage de Jésus par sa passion, sa mort et sa résurrection. Rappelons-nous que le passage se dit pâque. Qu’a fait Jésus ? Il est venu prêcher la conversion et annoncer le Royaume. Il a posé des gestes extraordinaires guérissant et bénissant. Mais il est rejeté. Alors, tel un agneau conduit à l’abattoir, il offre sa vie, accepte la condamnation, subit le plus terrible des châtiments, meurt, est mis au tombeau, jusqu’à sa résurrection. Par cela Jésus devient l’offrande parfaite faite à Dieu Père. Par cela, il remplace tous les animaux sacrifiés que les hommes offraient pour obtenir la bénédiction divine. En cela, il prend la place du condamné, l’homme pécheur, c’est-à-dire chacun de nous, qui ne méritait que la mort éternelle pour avoir désobéi. Il est le véritable agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. Son sacrifice initié sur le bois de la Croix continue sous la forme non sanglante qu’est l’eucharistie. Le seul sacrifice qui nous sauve est un sacrifice de communion. Ne pas discerner le sacrifice, ce serait oublier la Croix sanglante de Jésus, le prix payé pour nous.

Avons-nous conscience que chaque eucharistie nous ramène alors au Golgotha, le lieu du crâne, le calvaire où Jésus mourra en croix ? Comprenons-nous que chaque messe nous faire vivre ce que l’on peut appeler le martyre de Jésus ? Il donne sa vie jusqu’à sa mort et sa mise au tombeau puis ressuscite. Avons-nous conscience que chacun de nous doit d’abord l’accompagner dans sa pâque pour recevoir ensuite les fruits de la résurrection ? Avons-nous conscience que ma vie chrétienne illuminée par la Résurrection ne peut pas faire abstraction du vendredi saint et de la Croix ? Jésus nous a dit : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. » (Lc 9, 23-24) Sommes-nous prêts à le suivre jusque là ?

Le concile Vatican II affirme que, si la messe est la source et le sommet de la vie chrétienne, c’est bien parce que tout est donné gratuitement par Dieu en Jésus-Christ à chacun de nous, que là est la source de la vie jusqu’au salut, vers notre futur éternel en Dieu. Toute notre foi catholique est orientée vers ce futur, les sacrements nous étant donnés comme ressource spirituelle afin de ne pas défaillir en route. La messe est un don mais n’est pas la fin ultime ; c’est l’union définitive dans la Gloire de Dieu. « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ? » Vivez pleinement les messes prochaines dans la foi – par Radio Grand Ciel ou par vidéo – , en communiant profondément au Christ, car nous sommes tous ensemble son Corps qui le reçoit toujours car Lui se donne toujours. Là est la source de la Charité et de la Vie.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à MarieR/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….V. Voici la Servante du SeigneurR/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…V. Et le Verbe s’est fait chairR/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…V. Priez pour nous, sainte Mère de DieuR/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.R/ Amen. Ce jeudi saint, merci de ne pas oublier votre offrande par la quête, habituellement destinée à soutenir la vie matérielle de vos prêtres. Par l’application la Quête ou le site jedonnealeglise.fr, vous transmettez à votre paroisse votre participation. Merci de tout coeur. Ce soir, messe à 20h à la cathédrale sur le site du diocèse, vous pouvez vous connecter dès 19h40 pour un temps de prière et de chants. 


Message 26 de Monseigneur Philippe Christory. Mercredi 8 avril de la semaine sainte

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Une grande solidarité se déploie pour aider les soignants. Entre le fondateur de Twitter qui vient d’offrir la somme rondelette d’un milliard de dollars et ces sœurs de la Consolation de Draguignan, dont deux qui viennent de notre diocèse de Chartres, qui fabriquent chaque jour quatre cents masques contre le virus, il y a toute la variété des aides, des attentions et des partages. Certes, quand la lumière brille, il y a aussi des ombres et certains ne manquent pas d’imagination pour soutirer le plus d’argent possible par quelques trafics douteux. Mais nous espérons que le bien aura le dernier mot pour aider les malades, les familles endeuillées et nos soignants.

Aussi je lance un défi en tant qu’évêque de Chartres, puisque l’on parle sans cesse de la nécessité d’avoir des masques, que toutes les familles, dans toutes les maisons où il y a une machine à coudre, on fabrique des masques. Nous avons tous des vêtements et des tissus qui ne servent plus. Le journal l’écho Républicain a donné un patron pour la coupe des tissus, mais chacun pourra trouver cela sur Internet. On explique qu’il faut deux couches de coton de chaque côté d’une couche de polaire. Nos vieilles tenues de ski seront sacrifiées comme ces habits que l’on ne portera plus jamais. On peut aussi créer un espace pour glisser un filtre à café, fort efficace mais à changer à chaque lavage ! Alors je pose ce défi à tous les catholiques qui m’entendent : fabriquons des masques et apportons les à la paroisse qui se mettra en contact avec la mairie pour les donner aux bonnes personnes. Faites des masques colorés, avec des dessins joyeux. Faisons en autant que vous le pouvez. Apprenons aux enfants à coudre à travers ce défi. Soyons solidaires de ceux qui sont morts et de ceux qui sont terriblement atteints et surtout des soignants qui en ont besoin. Transformons le confinement en une occasion d’oeuvrer pour la vie. Puis faites des photos de vous avec les plus beaux masques et envoyez les au service communication du diocèse. N’hésitez pas à photographier les prêtres et les religieuses de votre paroisse ainsi équipés !

Maintenant, revenons à l’Évangile de ce mercredi qui est celui de la trahison de Judas : « En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. » (Mt 26, 14-15) Comme il est complexe ce personnage ! Il nous serait facile d’avoir sur lui un jugement méprisant. Certes il est le traître qui dénonce Jésus. Quelle blessure porte-t-il en lui ? Quelle est son histoire ? Pourquoi une telle jalousie ? Pourquoi l’appât de l’argent est-il puissant en lui ? Pourquoi le choix du mal ?

Pour Jésus, qui est l’accusé, quelle tristesse ! Voir un disciple, avec qui tout un temps de vie a été partagé empli de moments fraternels et miraculeux, devenir ce traître qui le dénonce. On peut penser que Jésus eut accepté la contradiction, la discussion, l’incompréhension et ce fut le cas parfois, mais il apparaît ici qui Judas préfère vendre son maître aux autorités politiques et religieuses. Quelle peur habite cet homme ? N’est-ce pas la peur qui parfois nous empêche nous-mêmes de nous mettre face à face, dans les couples ou les relations sociales diverses, pour exprimer aimablement un désaccord et dialoguer en vue d’une solution commune ?

Le cœur de Jésus en est profondément blessé : « L’insulte m’a broyé le cœur, le mal est incurable ; j’espérais un secours, mais en vain, des consolateurs, je n’en ai pas trouvé. » (Ps 68, 21-22) Cependant Jésus, connaissant le cœur des apôtres et leur fragilité, accepte la présence de Judas durant le repas de la sainte Cène où il se donne lui-même pour la première fois dans le pain et le vin eucharistiques, s’offrant définitivement pour l’Eglise naissante et l’invitant à faire cela en mémoire de lui. Il donne son propre corps à manger comme vraie nourriture spirituelle préfigurant le sacrifice de la Croix qui opérera le Salut du monde.

Peut-on espérer que la grâce merveilleuse de la passion et de la résurrection sauvera Judas de sa trahison ? Jésus n’a-t-il pas dit : « Celui qui me reniera devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père qui est aux cieux. » (Mt 10, 33) ? Et Jésus ajoute : « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » (Mt 26, 24) Comment Jésus concilie ses paroles et l’amour sans condition qui jaillit de son cœur transpercé ? Nous avons toujours l’espérance que Dieu est lent à colère et plein d’amour, qu’il attend notre retour, comme pour le bon larron. Revenir vers lui, voici le sens de ce mercredi de semaine sainte. Judas fera le choix d’aller se pendre, aveuglé par son péché. Faisons le choix de nous mettre en prière, à genou, et d’implorer sa miséricorde plus grande que notre péché.

Face à cette scène dramatique, qui pourrait nous entraîner à opérer un tri entre les bons et les mauvais, nous sommes des pauvres. En vérité, nous nous comparons à la fois dans l’attitude du disciple bien-aimé qui penche sa tête sur le cœur de Jésus, aussi dans l’attitude orgueilleuse de l’apôtre Pierre qui affirme qu’il suivra son maître jusqu’à mourir pour lui, dans celle de celui qui est simplement observateur et muet, mais encore dans celle de Judas capable de trahir l’ami. Nos sentiments et nos choix au cours de notre histoire n’ont-t-ils pas été parfois l’un et l’autre ? Alors doit-on désespérer de soi ? Ne succombez pas au désespoir, car Dieu connaît le cœur de l’homme, Dieu a façonné l’homme à partir de la glaise pour lui communiquer son souffle (Cf Gn 1-2). Le don de Dieu est irrévocable, c’est un don d’amour qui, malgré le péché, ne se reprend pas pour qui se retourne avec confiance vers Dieu le Père en lui disant : « Père j’ai péché contre toi et mes frères, Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. » (Lc 15, 18-19) mais je sais que « En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière.» (Ps 35, 10)

En ce mercredi saint, juste avant de vivre le triduum pascal, vivons chez soi une célébration de pénitence et de réconciliation. Chacun pourra trouver un moment personnel ou familial ou encore avec des amis en vous connectant. A 16h30 sur Radio Grand Ciel (sur la bande FM pour les euréliens ou sur le site Internet de la radio) une méditation est proposée pour vous aider à cette démarche de pardon. Vous la retrouvez sur le site du diocèse. Quand le dé-confinement le permettra, vous pourrez rencontrer un prêtre pour recevoir le sacrement de la Miséricorde. En attendant soyez sûr qu’il est là celui qui nous fait miséricorde. Il veut nous sauver, ne résistez pas à l’amour.

Voici alors que la joie du Ciel nous sera donnée. Car Jésus dit : « Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion. » (Lc 15, 7)

Alors nous pourrons recevoir « la joie du Salut » (Ps 50, 14), cette joie qui ne peut nous être ôtée si nous demeurons dans la lumière, et nous pourrons reprendre le psaume de la messe de ce jour :

« Mais je louerai le nom de Dieu par un cantique,
je vais le magnifier, lui rendre grâce.
Les pauvres l’ont vu, ils sont en fête :
« Vie et joie, à vous qui cherchez Dieu ! »
Car le Seigneur écoute les humbles,
il n’oublie pas les siens emprisonnés. » (Ps 68, 31. 33-34)

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Je vous laisse une information sur nos diffusions radio et vidéo. Allez sur le site du diocèse et vous aurez tous les éléments de transmission. Nous remercions chartres.live qui fait beaucoup de travail pour nous filmer et transmettre dès l’office de la Cène ce jeudi à 20h et après. Une nouveauté importante : vous pouvez dès à présent demander des messes en indiquant la paroisse et l’intention (défunts, malades, etc) sur la page de Chartres dans le site jedonnealeglise.fr. Bonne journée


Message 25 de Monseigneur Philippe Christory. Mardi 7 avril.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

En ce mardi, permettez-moi un message un peu différent puisque normalement c’est une journée où l’évêque à Chartres retrouve tous les prêtres qui se rassemblent pour renouveler leur communion sacerdotale, se préparer aux fêtes pascales, et c’est une journée qui se conclut par la messe chrismale – mot qui fait référence à la chrismation ou encore à l’onction d’huile – à laquelle participent les diacres du diocèse. À cause du confinement, cette messe n’a pas lieu cette semaine et sera reportée au mardi 26 mai qui précède la Pentecôte en espérant que nous puissions nous rassembler nombreux.

La messe chrismale est une belle liturgie au cours de laquelle est consacré le saint chrême et sont bénies les huiles destinées aux catéchumènes et aux malades. Le saint chrême sert à oindre les nouveaux baptisés, à signer les confirmands, oindre les mains des prêtres et la tête des évêques lors de l’ordination, les églises et les autels pour leur dédicace. L’huile des catéchumènes sert pour préparer et disposer les catéchumènes au baptême et les soutenir dans le combat qu’ils ont à mener en vue de leur conversion. L’huile des malades est utilisée pour soulager les malades au cours du sacrement des malades. Ces huiles sont le signe de la force de l’Esprit qui descend sur ceux qui en sont marqués.

Au cours de la messe chrismale, a lieu la rénovation des promesses sacerdotales. L’évêque redit sa détermination à être « fidèle à la charge apostolique qui lui est confiée » et demande la grâce de « mieux tenir au milieu de son peuple la place du Christ qui est Prêtre, Bon Pasteur, Maître et Serviteur de tous. » Puis les prêtres renouvellent leurs promesses de «  vivre toujours plus unis au Seigneur Jésus et chercher à lui ressembler, en renonçant à soi-même, en restant fidèles aux engagements, attachés à leur mission dans l’Église, intendants des mystères de Dieu par l’annonce de la Parole, par l’Eucharistie et les autres célébrations liturgiques, en accomplissant ce ministère avec désintéressement et charité. » Enfin les diacres expriment leur sainte détermination « dans l’annonce de l’Évangile, à garder et proclamer le mystère de la foi, à prier et à célébrer la Liturgie des Heures, en intercédant pour le Peuple de Dieu et pour le monde entier. » Chacun s’engage à demeurer un serviteur selon le sacrement de l’Ordre reçu.

La messe chrismale est normalement célébrée le jeudi saint matin, mais elle peut être avancée pour des raisons pratiques pour permettre la présence de tous. Le pape Saint Paul VI, en 1970, a voulut faire de cette messe la fête du sacerdoce, ce qui donne aussi une belle occasion au clergé de se retrouver pour un bon repas sauf… en 2020 ! La préface de la messe donne le ton et le sens de cette célébration : « c’est lui, le Christ, qui choisit dans son amour pour ses frères, ceux qui, recevant l’imposition des mains, auront part à son ministère. Ils offrent en son nom l’unique sacrifice du salut à la table du banquet pascal : ils ont à se dévouer au service de ton peuple pour le nourrir de ta Parole et le faire vivre de tes sacrements; ils seront de vrais témoins de la foi et de la charité, prêts à donner leur vie comme le Christ pour leurs frères et pour toi.

Il est bon d’avoir conscience que, célébrée le jeudi saint, la messe chrismale est reliée à la sainte cène du jeudi soir durant laquelle nous lisons dans l’épitre de Saint-Paul aux Corinthiens l’institution de l’eucharistie par Jésus qui prit du pain et dit « ceci est mon corps », et la coupe de vin en disant « ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés » (1 Co 11, 23-26). Ce soir là nous fêtons aussi l’institution du sacerdoce en lisant dans l’Évangile de Saint-Jean le lavement des pieds qui est le signe éminent que Jésus se fait serviteur de tous, nous pourrions presque dire esclave de ses frères, et qu’il les invite à faire de même.

Lors de la messe chrismale, nous écoutons la promesse de l’Esprit que transmet le prophète Isaïe : « Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordée par le Seigneur. » (Is 61, 1-2a) Isaïe continue par : « Vous serez appelés « Prêtres du Seigneur » ; on vous dira « Servants de notre Dieu. » Vous vivrez de la ressource des nations et leur gloire sera votre parure. » (Is 61, 6). De qui parle-t-il ? En fait de tout le peuple d’Israël, qui cessera d’être persécuté comme il le fut en exil. Il passera de la condition de paria à celle de prêtre des nations pour être consacré au sanctuaire de Dieu et à l’enseignement de la Torah. C’est dorénavant la vocation de toute l’Église, et en ces jours de confinement, nous redécouvrons l’appel des parents à faire de leur maison une demeure du Seigneur et à y enseigner à leurs enfants la Parole. C’est dorénavant Jésus-Christ qui se fait serviteur pour que chacun vive de l’Évangile et reçoive toutes grâces. Il est serviteur celui qui dit dans l’Apocalypse de Saint-Jean : « À lui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, qui a fait de nous un royaume et des prêtres pour son Dieu et Père (…) Moi, je suis l’Alpha et l’Oméga, dit le Seigneur Dieu, Celui qui est, qui était et qui vient, le Souverain de l’univers. » (Ap 1, 5.8)

Aussi l’Évangile de Saint Luc présente la scène à Nazareth au début du ministère public de Jésus quand il vient à la synagogue et qu’il lit ce même passage d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. » (Lc 4, 18a) La nouveauté de cette scène est l’affirmation que c’est « aujourd’hui que cela s’accomplit » (Lc 16, 21). On comprend la surprise des auditeurs tout tendus pour écouter le jeune rabbi Jésus. Qui comprendra ? Plus loin, la situation va vite se durcir et déjà on s’oppose à ce qu’il dit « À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. » (Lc 16, 28). La Parole de vérité trouve vite contradicteur !

En ce mardi, ne perdons pas notre joie en face du combat à mener. Jésus est déjà vainqueur de ce combat et de la mort vers laquelle le diable voulait nous entrainer. Pour nous, Jésus est le grand prêtre de l’alliance nouvelle et éternelle scellée par sa mort et sa résurrection et il rejoint toutes les situations de péché, de pauvreté et de deuil pour les conduire par le pardon à la joie. Comment cela se fait ? Par les sacrements, de manière éminente par le précieux corps de Jésus. Là est la première participation du prêtre qui par sa consécration devient un autre Christ et agit « in personna Christi », soit en tant que Christ en personne. Quelle est belle la vocation sacerdotale qui rend présent Jésus l’époux de l’église ! Quelle est belle la messe qui relie le Ciel et la Terre en faisant descendre dans les oblats du pain et du vin celui qui est l’Amour et qui se donne à chaque fidèle ! Quelle est belle l’étole que revêt le prêtre pour cacher son humanité et devenir Christ, proche de chacun, particulièrement les plus fragiles ! Qu’il est beau le pardon qui vient libérer l’âme du pénitent pour lui rendre la ressemblance d’avec Dieu !

Prêtres, nous sommes heureux d’avoir été appelés en faisant le choix de répondre totalement dans un célibat pour le Royaume, ayant été confirmés par l’Eglise. Ils ne sont pas nombreux aujourd’hui ces hommes qui entendent cet appel et acceptent ce don total. Mais ils sont bénis d’un amour particulier qui vient de Dieu et qui passe aussi par la Vierge Marie, Mère céleste des prêtres. Nul doute qu’elle prend soin de ses fils prêtres. Elle les protège sous son voile maternel. Il y a là une communion mystérieuse puisqu’elle fut elle-même pleinement saisie par l’Esprit et que l’Esprit veut complètement saisir ces hommes pour rendre présent le Fils et opérer le Salut. Qui voudra répondre à cet appel parmi les jeunes hommes de l’Église ?

En guise de conclusion, comment ne pas remercier du fond du cœur ceux et celles qui, dans la maladie et la souffrance, offrent leur vie et leur prière pour les prêtres ? Tout prêtre se sent accompagné. Votre prière et votre amour fraternel leur sont tellement précieux. Ils tissent des liens invisibles et pourtant bien réels entre nous au sein de l’Église. Merci !

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angélus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Message 24 de Monseigneur Philippe Christory. Lundi 6 avril.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Béthanie, où vivent Marie, Marthe et Lazare, représente l’amitié et l’accueil. Nous savons que Jésus aimait y venir. Plusieurs épisodes bibliques s’y déroulent. Lazare est celui qui fut ressuscité par Jésus. De Béthanie, on peut contempler Jérusalem vers l’ouest, particulièrement le matin quand le soleil éclaire la grande ville de rose et de jaune. Le repas eut-il lieu dans la maison des trois frères et sœurs ou chez Simon le lépreux (Cf. Mt 26,6-13 et Mc 14,3-9) ? Ce qui est certain, c’est que beaucoup y sont présents ce qui n’ôte pas à Marie son humble audace pour honorer Jésus.

Dans nos maisons personnelles, où vous résidez confinés en famille ou seul tout en étant reliés à d’autres depuis plus de trois semaines, vous avez accueilli Jésus avec amitié. L’amitié, « philo » en grec, est un amour de réciprocité : j’accueille l’ami qui m’accueille à son tour. Je partage de belles choses avec lui et c’est un amour gratuit qui recherche le bien de l’autre, l’ami. C’est un amour partagé par ceux qui se rendent présents dans les peines et les épreuves. L’amitié peut durer une vie entière quand on sait l’entretenir comme vous le faites actuellement par la communication téléphonique ou grâce aux messages et aux photos. Depuis ce confinement, nos maisons ont évolué à l’image de celle de Béthanie, et devenir ainsi ces lieux où Jésus trouve une plus grande place, où il est considéré de par la prière que l’on vit quotidiennement et la fraternité.

Dans le texte de Saint Jean de ce jour au chapitre 12, qu’on appelle l’onction à Béthanie, Marthe accueille et sert. Nous connaissons déjà son appétence pour le service, elle aime préparer les repas. Marthe a besoin d’être active pour dire l’amour qu’elle porte aux autres et il ne faudrait pas la blâmer même si parfois elle est agitée et inquiète (Cf. Lc 10, 40-41). Combien de mamans expriment ainsi leur amour par toutes les tâches quotidiennes et souvent répétitives qu’elles assument avec cœur pour que leur conjoint et ses enfants aillent bien. Peut-être aujourd’hui faudrait-il honorer ces femmes par une parole ou un geste de remerciement ?

Marie est une âme contemplative et passionnée. Elle aime à se tenir au pied du Maître pour l’écouter : Marthe « avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. » (Lc 10, 39) Mais ce jour là, alors que des convives sont venus à Béthanie, elle ose un geste d’une profonde délicatesse et d’un grand engagement du cœur. Elle verse un « parfum très pur et de très grande valeur » (Jn 12, 3) sur les pieds de Jésus qu’elle parfume avec cette huile apaisante, puis « elle les essuie avec ses propres cheveux ». Marc et Matthieu ajoute qu’elle casse le vase pour verser tout le liquide aussi sur les cheveux de Jésus. C’est là une communication du cœur très sensible mais aussi très chaste, un don de soi entier dans l’amitié authentique. Il n’y a que le cœur triste  et dur de Judas pour ne pas y voir le bien qui s’échange là et faire une remarque matérielle : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » (Jn 12,5) Le texte précise que Judas n’a pas tant soin des pauvres que de garder la bourse commune dont il saura faire un usage assez personnel ! Il désapprouve, il se formalise parce qu’il ne peut pas concevoir le sentiment divin qui habite le cœur de cette âme si pieuse et aimante. Pire, il n’est pas capable de faire confiance à Jésus qui sait lui ce que Marie réalise par son geste.

En effet, Marie ne le sait pas mais elle anticipe le drame de la passion qui est proche et qui va conduire à la mort de Jésus. Son geste prend une signification particulière car il exprime tout le respect que l’on fait au cadavre lors de l’ensevelissement alors qu’on le dépose dans une tombe : « D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. » (Mc 14, 8-9)

Comment envisager ce qu’elle fait et faire un lien avec notre vie actuelle ? Cette huile parfumée peut symboliser la charité. N’est-ce pas d’ailleurs le sens qu’on peut lui appliquer dans la parabole des vierges sages et des vierges folles. (Mt 25,1-12) Rappelez-vous : les folles n’ont pas d’huile dans leur lampe pour accueillir l’époux quand il arrive. Les sages ne peuvent pas partager la leur; certes on pourrait être choqué de ce refus de solidarité. Mais l’huile de la lampe symbolise l’amour que chacun aura suscité durant sa vie et dont il lui faudra rendre compte. Saint-Jean de La Croix ne disait-il pas qu’au soir de la vie nous serons chacun jugés sur l’amour ? Chacun présentera son âme à Dieu qui en pèsera le poids d’amour. Chiara Lubich, femme merveilleuse qui a fondé le mouvement italien des focolari ajoute : « et agissons pour que ce jour-là, nous ne regrettions pas d’avoir aimé trop peu ! »

Pour nous, verser du parfum sur les pieds de Jésus, c’est choisir de nous parfumer d’amour les uns les autres : « chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40) Ainsi en va-t-il de la maman qui prend soin d’aider les enfants pour le travail scolaire. Ainsi en va-t-il du papa qui baigne son bébé et qui prépare un repas. Ainsi en va-t-il des enfants qui prennent du temps pour aider leurs parents dans les tâches ménagères. Ainsi en va-t-il de tous ces échanges d’amour qui se vivent avec les autres soit dans la maison soit vers l’extérieur par les moyens de communication afin de se donner courage, pour se soutenir, pour être proche et pour dire que l’on s’aime. L’amour est dans l’excès parce qu’il est gratuit et excessif comme ce parfum fort onéreux versé sur les pieds. Il n’est jamais trop grand et il n’est jamais trop tard pour l’exprimer.

La semaine qui s’ouvre à nous est appelée Semaine Sainte. Comment sera-t-elle concrètement sainte ? Si nous accueillions celui qui est saint, Jésus, et qui nous communique sa sainteté par le don de l’Esprit Saint. Comment ? Comme Marie, en rencontrant le Seigneur par nos prières simples et lancées vers Dieu, prière d’action de grâce, mais aussi nos supplications et nos demandes, par le calme de la méditation de la Parole. En attirant le Saint Esprit par notre charité en acte.

« Jésus fait toute chose nouvelle. » (Cf. Ap 21, 5) Il continue à le faire aujourd’hui en appliquant à nos vies les mérites de sa passion et de sa croix et en nous faisant participer à sa Résurrection. Un monde nouveau est déjà né et continue à se déployer, à l’image de « l’arbre qui grandit à partir d’une petite graine et qui abrite une multitude d’oiseaux. » (Mc 4, 32) Ainsi en va-t-il du Royaume de Dieu et de l’Eglise. Nous sommes ses membres et nous continuerons chaque jour durant cette semaine à nous unir à Jésus pour arriver dimanche prochain à la fête de sa Résurrection.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angélus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Belle semaine Sainte.

Message 23 de Monseigneur Philippe Christory. Dimanche 5 avril. Homélie des Rameaux

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Après l’écoute du récit de la Passion, nous entrons de plein pied dans le sacrifice de Jésus. Mais avant de méditer un bref instant sur la violence de ce drame et l’oeuvre de Salut que Jésus réalise, ayons une pensée pour les malades et les morts, ceux du virus, mais aussi tous les autres, car les autres maladies continuent leurs effets. 

Vous nous avez rejoints pour cette eucharistie sans frontières. Nous formons la grande famille de Dieu, réunie autour de Jésus, et comme durant les premiers siècles où les persécutions revenaient régulièrement comme des vagues violentes, la Maison familiale étaient alors l’église domestique. Ce matin, où que vous soyez, seul ou en fratrie, le Seigneur est là et vous rejoint par sa grâce puisque Dieu n’est limité en rien. Faisons lui confiance pour ce que nous avons à vivre et à supporter. 

Maintenant, nous pouvons nous poser une question : pourquoi tant de mal ? 

On a pourtant vu Jésus, monté sur un petit âne, acclamé par la foule qui agite des rameaux, qui dispose des manteaux sous ses pieds, dans une liesse extraordinaire, qui l’accueille comme un héros. Cette foule aimait son autorité emplie d’amour. Il les guérissait, il ressuscitait leurs morts, il accueillait tous les exclus, il partageait leur pauvre vie, il bénissait.

Alors pourquoi tant de mal ? Pourquoi une arrestation aussi violente ? 

Ce Jésus, homme parfait par l’amour, Dieu caché dans l’humanité afin d’être proche des hommes, qui partage la condition des hommes pour les enseigner et les ramener vers Dieu le Père, est maintenant frappé. Il est condamné parce qu’il dit être Dieu. Ses œuvres le prouvent, seul Dieu peut sauver de la mort, mais les autorités ont le coeur endurci et les yeux aveuglés. 

Alors on l’arrête, on l’insulte, on le flagelle avec de terribles fouets, on le coiffe d’une couronne d’épines, on le condamne à porter une croix si lourde, on l’oblige à monter le chemin du calvaire. Là Jésus expérimente l’abandon total : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il n’y a plus aucune présence ni aucun soutien. « Mon âme est triste à en mourrir ! » Tout est accompli. Jésus remet son esprit au Père. Il est mort. 

Cependant la croix dressée maculée de sang, terrible supplice, devient son trône de Gloire car il offre sa vie pour sauver l’humanité. Seul Dieu pouvait prendre la place des hommes et payer pour eux la rançon du péché afin qu’ils vivent. A Pâques, nous fêterons sa résurrection et nous célébrerons son offrande qui redonne la vie. 

Avec la pandémie, n’est-ce pas le sort des malades, des personnes âgées dans les maisons de retraite ou à leur propre domicile qui font l’expérience de l’abandon et de la solitude, voire de la mort sans être accompagnés par leurs proches ? N’est-ce pas l’expérience des soignants qui se mettent tellement en peine devant la fragilité humaine pour soulager ? L’expérience aussi d’autres personnes qui souffrent parce que leur vie a toujours été difficile ?

Ce drame sanitaire terrible pour l’humanité est heureusement éclairé par la présence de Jésus ressuscité qui est vivant à nos côtés et qui, par son Esprit Saint, se fait le soutien de chacun d’entre nous. Mes amis, frères et soeurs, ne doutons pas de sa présence et de sa tendresse. Accueillons-le. Nous irons plus avant dans la prière, nous mettant à l’écoute de la Parole, si possible en famille ou avec des amis. Oui le Seigneur est là avec nous. 

Amen

Chers amis qui recevez ce message, vous l’aurez compris que ce texte est l’homélie de la messe de ce dimanche en la cathédrale de Chartres. Quelle sensation si particulière de célébrer cette si belle fête des Rameaux sans assemblée de fidèles. Une émotion m’a étreint alors que nous préparions la liturgie avec les prises de vue pour la télévision. Mais il y a cependant cette joie de vous savoir reliés par Internet et donc l’existence de cette prière commune, fantastique réseau de louanges et de chants, dans vos maisons et dans tout ce département d’Eure & Loir, voire au-delà. Nous sommes unis pour porter les intentions de l’humanité, particulièrement les victimes du virus. Beaucoup de vous sont dans une situation complexe qui rend difficile un confinement serein : le veuvage, la séparation conjugale, la maladie ou la dépendance, le logement trop étroit, l’éloignement de ses proches, etc. Mais vous voilà courageux parce que vous avez la foi. Posons ensemble un acte d’espérance et de confiance en la présence du Seigneur qui vient vers nous pour faire sa demeure chez nous. Ouvrez lui la porte et vivez de l’Evangile de la joie en cette belle semaine sainte qui s’ouvre à nous. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à MarieR/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….V. Voici la Servante du SeigneurR/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…V. Et le Verbe s’est fait chairR/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…V. Priez pour nous, sainte Mère de DieuR/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.R/ Amen. En ce dimanche, comme à chaque messe, vous apportez votre offrande pour la quête, signe de votre participation à la vie de l’Eglise. Vous suivez nos célébrations et vous pouvez faire ce geste avec l’application La Quête qui orientera votre don vers votre paroisse, facile à charger sur votre téléphone ou le site jedonnealeglise.fr. Merci de soutenir votre paroisse qui a besoin de votre générosité pour sa mission. C’est facile et cela remplace les pièces !  Alors osez.

Message 22 de Monseigneur Philippe Christory. Samedi 4 avril. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

En lisant ce samedi de carême l’évangile selon Saint Jean, nous comprenons combien le sort en est jeté pour Jésus, le complot est en place et il n’est plus question de justice mais d’exécution. Caïphe qui appartient au Conseil Suprême dit clairement sa pensée : « Vous n’y comprenez rien, vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ;mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés. » (Jn 11, 49-50) C’est le drame terrible qui s’organise contre Jésus et qui le conduit à sa passion et sa mort. Mais le coeur de ce passage johannique est l’affirmation de l’unité, du besoin de rassembler les enfants de Dieu dispersés. A cette époque, beaucoup de juifs forment la diaspora qui s’est disséminée dans tout l’empire romain, depuis l’exil à Babylone quelques 600 années plus tôt. C’est une vraie dispersion avec toujours le rêve de revenir à Jérusalem en pèlerinage, voire y mourir. Mais la dispersion est aussi autre : celle due aux opposions théologiques et aux péchés des hommes. Pour la première, les courants de pensée ne manquent pas et on verra comment saint Paul lui-même en usera pour opposer pharisiens et sadducéens sur la question de la résurrection. (Act 23, 6-8) Il demeure aussi le schisme entre les juifs et les samaritains qui a créé deux clans farouchement opposés. Et il y a enfin ce péché qui divise notre coeur, notre vie intérieure, nos relations humaines, notre société. Le diable est un diviseur et un séparateur. La tentation vise toujours à nous désolidariser les uns des autres en nous attirant par diverses formes de séduction – même se mettre en colère peut nous sembler désirable pour imposer notre ego ! – et nous faire chuter, ce qui a comme conséquence de nous rendre finalement blessé et triste, isolé et seul. 

Quelle lutte et quel chemin pour retrouver l’unité ! C’est un combat à la hauteur de notre vocation de baptisé. Le Christ prie le Père pour que nous soyons UN (Jn 17). Tout le plan du Salut que bâtit Jésus vise à nous tirer loin de ce péché car celui-ci conduit à la mort, et à nous ramener dans l’unique bercail, son Eglise à la fois terrestre où elle doit se purifier mais où elle goûte déjà des joies du Royaume et encore céleste où la Gloire divine devient la vie de ceux et celles qui sont mort physiquement et sont vivants en Dieu. Savez vous ce que sera le Ciel ? Quel mystère tout de même ! Mais si nous lisons l’Apocalypse de saint Jean, nous trouvons quelques belles visions : « Après cela, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. Et ils s’écriaient d’une voix forte : « Le salut appartient à notre Dieu qui siège sur le Trône et à l’Agneau ! » Et ils disaient : « Amen ! Louange, gloire, sagesse et action de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ! » (Ap 7, 9-10.12) Ce qui est affirmé ici est l’unité. De partout, de toutes les nations, les fidèles seront unis puisque tous auront revêtu le vêtement des noces, ce qui veut dire l’Amour divin, la Charité de Dieu, sa Miséricorde : « la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur » (Ap 21, 4).  Le Seigneur l’affirme « Voici que je fais toutes choses nouvelles. » (Ap 21, 5). Ce qui sera nouveau, c’est l’unité parfaite de l’Eglise unie dans un même amour et une même louange à notre Dieu. 

Peut-on construire l’unité ici dès maintenant ? Les nouvelles du 20 heures semblent contredire cet espoir. Mais nous, chrétiens, portons en nous une forme d’utopie, car l’Esprit Saint nous dit d’espérer au delà de toute espérance. Aussi, nous cherchons cette unité déjà au sein de l’Eglise, et c’est le chemin irréversible de l’oecuménisme tellement encouragé par le Concile Vatican II que nous devons tous entreprendre. Le pape Saint Jean-Paul II dit que l’engagement œcuménique est « un impératif de la conscience chrétienne éclairée par la foi et guidée par la charité » (Ut Unum Sint 8). Certes, il n’est pas facile d’en être acteur, soit parce que nous ne connaissons pas vraiment de personnes protestantes ou orthodoxes, ou parce que nous avons encore l’idée d’une unité uniforme ! Le pape François dit clairement ce risque à Cuba : « Il est fréquent de confondre l’unité avec l’uniformité, avec le fait que tous font, sentent et disent la même chose. Cela n’est pas l’unité, c’est l’homogénéité. C’est tuer la vie de l’Esprit, c’est tuer les charismes qu’il a distribués pour le bien de son peuple. L’unité se trouve menacée chaque fois que nous voulons faire les autres à notre image et ressemblance. C’est pourquoi l’unité est un don » (Homélie 20/09/2015). Aussi l’unité que nous recherchons se vivra dans la diversité des rites et des cultures. Le coeur en est la personne de Jésus-Christ et son Evangile, assurément pas telle mode de vie ecclésiale figé car le Saint Esprit nous a conduit là au cours des siècles et qu’aujourd’hui nous nous reconnaissons comme des frères et des soeurs en Christ. Le chemin de cette unité sera encore long mais l’étape première, nécessaire et possible, est la prière, non seulement durant la semaine pour l’unité des chrétiens qui se situe en janvier, mais au long de l’année. Une autre étape consiste à découvrir la richesse cultuelle des églises notamment d’Orient; la guerre en Syrie et en Irak a été l’occasion dramatique de nous intéresser à leur sort, mais nous pouvons lire et prier pour ces chrétiens courageux dont les racines remontent aux apôtres. Le Concile dit encore « il est juste et salutaire de reconnaitre les richesses du Christ et les effets de sa puissance dans la vie d’autres qui portent témoignage du Christ, parfois jusqu’à l’effusion du sang; car Dieu est toujours admirable et il doit être admiré dans ses oeuvres » (CVII, décret sur l’unité 4). A Chartres, nous avons la joie d’avoir une chapelle absidiale nommée chapelle oecuménique présentant une belle icône orthodoxe, une grande Bible, une croix copte, et actuellement la relique du Voile de Marie. C’est un lieu précieux pour demander, par l’intercession de la Vierge Marie, cette unité.

Voici donc une transition pour évoquer celle que l’Eglise reconnait comme Mère de Dieu, car elle enfante bien celui qui est Dieu fait homme, et comme Mère de l’Eglise (titre confirmé par saint Paul VI) ce qui veut dire Mère de tous les croyants, i.c. nos frères évangéliques et protestants qui souvent la laissent un peu dans l’ombre. Or Marie est profondément évangélique et par sa fidélité à son fils, par son obéissance à l’ange, par ses paroles précieuses et engageantes, par sa présence au pied de la Croix, par l’effusion de l’Esprit qu’elle vit au Cénacle lors de la Pentecôte, Marie est bien disciple plus encore que Mère. Or le rôle d’une mère au sein d’une famille n’est-elle pas d’accueillir, quoi qu’il se passe, l’ensemble de la fratrie, de la nourrir, de la consoler et d’en prendre soin ? Si le père ajoute ses talents à ces tâches, nous voyons combien la femme adoucit les moeurs et promeut la paix. Aussi nous prions Marie pour que tous soient UN. En confiant son jeune disciple Jean à sa mère lors de sa crucifixion, Jésus nous confiait tous à elle. Marie, quand nous nous réfugions sous son voile de tendresse, attire sur nous l’Esprit, elle qui est comme la demeure de l’Esprit continue du haut du Ciel à enfanter des enfants à Dieu Père pour la Gloire de son Nom et l’Eglise, corps du Christ. Marie oriente vers le bien celui ou celle qui lui fait confiance dans sa consécration baptismale. Et ce bien ne peut être éloigné de l’unité entre tous. 

En ce temps de confinement, nous persévérons à prier la Vierge, avec le chapelet et l’Angelus. L’avez-vous redécouvert ? Le priez-vous chaque jour trois fois, pour marquer le temps, quand sonnent les cloches ? L’Angelus rappelle l’incarnation, la venue du Verbe divin en Marie, la naissance de Jésus, sa présence parmi nous, la proximité de Dieu. Là est déjà l’expression de la Miséricorde divine, Dieu qui se penche sur nos êtres et désire notre unité en vue de notre joie. Avec Marie, nous supplions Dieu pour la guérison des malades, pour la paix de l’âme des morts. Avec Marie, mère de l’Espérance, nous patientons dans la paix attendant l’avènement de jours plus faciles tout en rendant grâce à Dieu pour cette retraite spirituelle imposée mais qui devient un chemin de sainteté. En ce samedi, préparons nous à la semaine sainte et à la fête des Rameaux. 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à MarieR/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….V. Voici la Servante du SeigneurR/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…V. Et le Verbe s’est fait chairR/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…V. Priez pour nous, sainte Mère de DieuR/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.R/ Amen. Une bonne nouvelle à ajouter : notre messe des Rameaux et celle du dimanche de Pâques à 11h comme nos célébrations des jeudi, vendredi et samedi saints à 20h seront retransmises depuis la cathédrale, toutes sur Radio Grand Ciel, mais aussi en video sur le site du diocèse, sur chartres.live, sur le canal 346 de la Box Orange, et le canal 369 de la box Bouygues. Ces informations, et d’autres encore pour les retransmissions, sont à retrouver sur le site du diocèse de Chartres. 

Message 21 de Monseigneur Philippe Christory. Vendredi 3 avril.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous sommes un vendredi de carême, donc un jour particulier pour nous unir au Christ qui entre dans sa passion, assurément par la prière et par le jeûne – une bonne soupe et un quignon de pain !

Chaque jour, nous écoutons les médias publics – pensez plus à vos radios chrétiennes comme Radio Grand Ciel qui parlent d’autres choses que du coronavirus ! – et voici que vient la question du baccalauréat des terminales. Je pense à vous lycéens qui êtes inquiets sur la fin de votre programme et votre avenir. Dites vous que, puisqu’il n’y a pas le choix, il faut dans la foi accueillir le réel de la vie sans soucis et avancer. Vous avez un avenir, n’en doutez pas !

En ce vendredi de carême, juste avant la fête des Rameaux, nous avons un passage du prophète Jérémie. C’est un grand prophète dans l’histoire du peuple juif.  Et pourtant lui peut vraiment se plaindre de voir son avenir fermé. Il expérimente une situation très douloureuse quand le roi ne veut pas entendre la voix de Dieu, qu’il est contraint de se taire sous peine de mort, qu’il doit suivre la route imposée au peuple dirigé par des hommes politiques indignes malgré qu’il sache par la voix de Dieu qui lui parle que ce n’est pas le chemin voulu par le Seigneur. Il finira ainsi sa vie assez misérablement en exil à Babylone par la faute des autres.

Pourtant dans cette situation affreuse, Jérémie espère et transmets à ceux qui veulent bien écouter des paroles fortes et encourageantes : « Seigneur de l’univers, toi qui scrutes l’homme juste, toi qui vois les reins et les cœurs, fais-moi voir la revanche que tu leur infligeras, car c’est à toi que j’ai remis ma cause. Chantez le Seigneur, louez le Seigneur : il a délivré le malheureux de la main des méchants. » (Je 20, 12-13) Ainsi, le vrai prophète n’est pas un charlatan qui annoncerait un avenir radieux pour plaire aux auditeurs, mais l’homme qui écoute l’Esprit Saint et interprète la Parole de Dieu pour illuminer le temps présent et encourager les hommes. Il ose dire la vérité au risque du refus, ose indiquer une voie difficile mais qui conduit à la lumière, il fait lui-même le choix de la fidélité pour être signe dans la société de la présence de Dieu. En ce sens, Jésus-Christ est le prophète par excellence, proche des hommes en se faisant homme lui-même, uni au Père du Ciel, manifestant la Gloire divine par ses oeuvres : « Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. » (Jn 14, 11)

Hier, nous parlions de « garder la Parole » comme source d’union à Dieu à vivre dans l’Esprit et comme cause de la vraie joie. Notre vocation de baptisé fait de nous des prophètes pour dire au monde actuel dans cette crise sanitaire la parole d’encouragement qui vient de Dieu. Rappelons-nous le merveilleux appel du pape Saint Jean Paul II « N’ayez pas peur ! », qu’il fit retentir le 22 octobre 1978 au balcon de la basilique Saint Pierre. Il venait du monde communiste, système politique abject qui fit des dizaines de millions de morts, il apportait une parole de liberté et d’espérance, il fit tomber les murs ouvrant la porte au Christ dans un bloc soviétique qui refusait la foi chrétienne. Avons-nous retenu cela ? Qu’avons-nous fait de son interpellation ? La maladie peut nous menacer. Mais la peur ne sert à rien, aussi osons chaque jour un acte de foi : « Seigneur tu es là, je crois en ta victoire sur la mort, je te fais confiance, je prie pour nos malades et pour la conversion de la France ». Le pape François dans « l’Evangile de la joie » dit : « Sa résurrection n’est pas un fait relevant du passé; elle est une force de vie qui a pénétré le monde. Là où tout semble mort, de partout, les germes de résurrection réapparaissent. » (EG 276) Chers amis, le Royaume est là !

L’Evangile de ce vendredi est tiré du chapitre 10 de saint Jean. Jésus insiste auprès des pharisiens sur son intimité avec Dieu le Père : « vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » (Jn 10, 38) Il est bien le Fils de Dieu, et par lui nous découvrons le Père. Par lui, rayonne le vrai visage de Dieu, visage de miséricorde et de compassion pour l’humanité entière.

Je me réjouis de prendre connaissance des belles initiatives portées par beaucoup de fidèles et particulièrement les bénévoles du service évangélique des malades qui demeurent en contact par le téléphone et rendent service auprès des personnes isolées. D’autres parmi vous sont disponibles auprès d’organismes caritatifs pour distribuer de la nourriture aux plus nécessiteux ou accompagner des personnes en difficulté comme au sein de l’association le Bercail ouverte aux femmes en détresse avec leurs enfants. Vous êtes l’Eglise qui exprime cette compassion de Dieu pour les autres. Vous êtes son regard et ses mains. Notre église vit ainsi sa mission à travers vous chers frères et sœurs. Elle est présente aussi par le ministère des prêtres et des diacres, aidés par des laïcs, qui célèbrent des funérailles dans l’intimité d’une famille souvent directement au cimetière. Offrez des paroles de douceur et d’espérance à ces proches souvent désemparés par le deuil et malheureusement trop peu croyants. Ouvrez les à la vie de Dieu par des mots que l’Esprit vous mettra dans le coeur.

Si ces temps sont durs, et pourtant pas aussi dramatiques que ce que subit Jérémie quand tout son pays fut détruit, ceux et celles qui se laissent conduire par la vraie charité élèvent l’humanité et participent à son Salut. Nous continuons à croire que l’amour véritable est l’authentique levier du bonheur.

Les fêtes de Pâques approchent. J’encourage tous les catholiques à vivre profondément ce chemin de la passion avec Jésus, vers sa Résurrection. La Parole de Dieu est un baume pour le cœur, et notre fraternité fait rayonner la beauté de Pâques par la grâce de la vie qui coule du coeur de Jésus-Christ ressuscité. Nous verrons bientôt des hommes et des femmes revenir à lui, touchés par notre fidélité et notre constance dans la prière et le don de nous-mêmes. Persévérons dans la joie d’être ensemble auprès du Seigneur.
Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Une bonne nouvelle à ajouter : nos messes des dimanches à venir à 11h comme nos célébrations des jeudi, vendredi et samedi saints à 20h seront retransmises depuis la cathédrale, toutes sur Radio Grand Ciel, mais aussi en video sur le site du diocèse, sur chartres.live, sur le canal 346 de la Box Orange, et le canal 369 de la box SFR. Information à transmettre dans vos paroisses que vous retrouvez sur le site du diocèse de Chartres.


Message 20 de Monseigneur Philippe Christory. Jeudi 2 avril. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Pourquoi le pape appelle-t-il son exhortation « l’Évangile de la joie » ? Le mot Évangile, à l’origine en grec,  signifie une nouvelle que quelqu’un transmet et qui dit que quelque chose advient « maintenant ». Le pape Benoît XVI insistait sur ce sens subtile du « maintenant ». Par exemple un messager courait d’une ville à l’autre en Grèce pour apporter une nouvelle qui pouvait être bonne ou mauvaise, par exemple une victoire ou une défaite.

L’Évangile de la joie signifie ainsi la Nouvelle de la joie qui advient maintenant. Sommes-nous, en tant que chrétiens, des naïfs qui, à force de dire le mot joie, pensons que nous serons joyeux ? Que nenni. C’est bien un don de l’Esprit Saint dont parle Saint-Paul dans son épître : « voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. » (Gl 5, 22) La vie dans l’Esprit suscite en nous la joie. Certes non pas l’excitation, ni le rire extérieur comme lorsqu’on écoute un humoriste, mais cette joie subtile et intérieure dans l’âme. Ainsi, « demeurer dans la Parole » (Jn 8, 31), comme le demande Jésus, permet de goûter cette joie dont la source est Jésus-Christ lui-même : « Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jn 15, 11) Une joie parfaite est-elle possible ? Ici-bas, notre cœur est blessé par le péché, et la perfection ne peut advenir, mais nous pouvons vraiment y tendre dans la confiance que la Miséricorde de Dieu est plus grande que notre péché et que la grâce ne manque pas à ceux qui mettent leur confiance en Dieu. Nous aurons aussi besoin d’une foi qui s’incarne en charité, comme le vivent ceux et celles qui prennent soin de autres en cette crise sanitaire et je pense aux proches d’une personne en situation de handicap que l’on garde à la maison, demandant des soins et de la tendresse à tout instant.

Dans le passage de saint Jean lu ce jour à la messe, Jésus dit : « si quelqu’un garde ma Parole, jamais il ne verra la mort. »  (Jn 8, 51) Quelle promesse étonnante ! Le corps va mourir, mais l’âme est destinée éternellement à la Gloire de Dieu. La Parole vivante, c’est Jésus-Christ, le Verbe divin, qui vient habiter le cœur du croyant et le met définitivement en relation avec Dieu le Père. Ce lien est éternel. Il commence au baptême, est nourri par les sacrements, est entretenu par l’union à Dieu dans la prière. Le Seigneur recherche des adorateurs, il veut les combler de sa joie et de sa paix.

Que signifie « garder la Parole » ? Le christianisme n’est pas une religion du livre. Nous n’adulons pas un livre. Nous affirmons que l’écriture a Dieu pour auteur qui, par l’Esprit, inspira des hommes pour mettre par écrit l’essentiel des paroles et des faits, dans une expression liée à leur culture et leur histoire, signifiant la présence de Dieu effectivement à l’œuvre. L’Ecriture Sainte lue dans l’Esprit Saint, ce qui sous-entend avec la foi, dévoile non seulement un message mais une présence. Quand le croyant-lecteur entre en relation avec cette présence, celle-ci suscite la joie intérieure de l’âme. Certes la Parole peut être décapante car « elle est vivante, la Parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. » (Hb 4, 12) C’est donc une expérience quotidienne du croyant que d’entrer en relation avec Jésus-Christ à travers la méditation et la mémorisation de la Parole. La Parole est ce trésor que nous portons en nous, elle est le cœur de la vie chrétienne, voici pourquoi nous prenons au sérieux la demande de Jésus de garder sa Parole.

Nul doute que la Vierge Marie nous soit présentée par l’évangéliste Saint Luc comme la première disciple car « elle gardait dans son cœur tous ces événements » (Lc 2, 19.51) ce qui veut dire toutes les paroles qui lui furent dites de la part de Dieu. Certes, durant sa vie, l’Évangile n’est pas déjà un texte écrit. Mais la Bonne Nouvelle se déploie devant ses yeux depuis l’Annonciation. Elle est maîtresse de vie spirituelle dans cette attitude à se laisser habiter par la Parole, que lui dévoile l’Esprit Saint, jusqu’à être témoin auprès des disciples. Aussi « toutes les générations la disent bienheureuse. » (Lc 1, 48)

L’exhortation du Saint Père François invite à recevoir la joie pour annoncer l’Évangile. Cela passe par notre familiarité avec la Parole sans laquelle il n’est pas possible de penser l’évangélisation. Celle-ci est certes un témoignage de vie , mais appelle notre intelligence fondée sur la maturation en nous de la Parole. Évangéliser n’est pas la transmission d’une émotion personnelle, mais d’une habitation intérieure de l’Esprit, source de vraie joie et de paix, qui devient irrésistible pour qui est rejoint par ce témoignage. Nous pourrions comparer cela avec un pianiste qui a tellement intériorisé sa partition qu’il est capable de la jouer de mémoire, laissant jaillir de lui-même la musique avec justesse mais surtout avec sa sensibilité et son expression particulières. Ainsi en va-t-il du saint qui joue la partition de l’Évangile avec son propre charisme intérieur soit éducatif, soit caritatif, soit mystique, etc. Le pape dit que « la présence de l’Esprit donne aux chrétiens une certaine connaturalité avec les réalités divines et une sagesse qui leur permet de les comprendre de manière intuitive. » (EG 119) La samaritaine touche ainsi les habitants de son village par son rayonnement personnel suite à sa conversation avec Jésus au bord du puits, mais ceux-ci diront après : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. » (Jn 4, 42) C’est bien l’accueil de la Parole de Jésus qui change leur vie ! L’Esprit Saint nous emmène au Ciel et nous donne la Lumière qui se concrétise en joie. Soyons en les hérauts auprès des gens que nous pouvons appeler par téléphone pour qu’ils connaissent Jésus-Christ et son Eglise.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à MarieR/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….V. Voici la Servante du SeigneurR/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…V. Et le Verbe s’est fait chairR/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…V. Priez pour nous, sainte Mère de DieuR/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions :Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.R/ Amen. 


Message 18 de Monseigneur Philippe Christory. Mercredi 1 avril. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

La « joie de l’Evangile » (EG), titre de l’exhortation apostolique du Pape François, développe l’idée que c’est l’annonce qui suscite cette joie. Rappelez vous le merveilleux passage de l’Evangile quand Jésus, et nous sommes bien avant la Résurrection, envoie deux par deux les disciples, sans bâton, ni sac, ni pain, ni argent pour annoncer le Royaume. Le soir venu, tous retrouvent et que dit le texte ? « Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom. » (Lc 10, 17). Or Jésus cherchera à les faire entrer dans la joie du Ciel plus grande que celle due à nos rencontres humaines : « Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. » (Lc 10, 20) La pape rappelle que la première tâche de l’Église est l’annonce à ceux qui sont éloignés du Christ. C’est là le plus grand défi pour l’Eglise. (Cf. EG 15) Pourquoi est-ce si important ? Car nous avons reçu le trésor de la foi et que nous ne pouvons pas le garder pour nous seuls. Il en va de la Vie des autres. Comme il est heureux de vivre les béatitudes, les uns unis aux autres (Mt 5, 1-11). Elles nous élèvent plus haut que la vision mondaine du bonheur. Elles nous font expérimenter le chemin emprunté et proposée par Jésus lui-même. Pourquoi ne pas rêver d’un monde résolument nouveau dans ses relations, dans ses fondements en vue de vivre simplement hommes et femmes plus en harmonie, dans la Lumière de Dieu notre créateur ? Sommes nous prêts à envisager un mode de vie simplifié pour qu’il soit plus riche d’humanité, dans le respect de toute vie humaine ? Avec une attention forte à la création, notre maison commune, cette planète Terre ?

L’Évangile de ce mercredi est la suite du chapitre 8 de Saint-Jean. Jésus dévoile comment être libre. En ces jours de confinement, nous expérimentons probablement un ressenti opposé à celui de la liberté. Nous aimerions sortir comme nous l’entendons, rencontrer nos amis, aller travailler normalement. Peut-on dire qu’il n’y a plus de liberté ? Pour ceux qui considèrent que la liberté consiste à faire ce que l’on veut quand on veut, qui défendent l’adage de la révolution récente « Il est interdit d’interdire », assurément l’expérience mondaine de cette situation est celle de la non liberté. Or Jésus parle d’une autre liberté : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » (Jn 8, 31-32)  C’est à l’écoute de la Parole, guidé par l’Esprit, celle du Dieu vivant qui se communique pour saisir toute sa vie de croyant, comme il enveloppa la Vierge Marie « de son ombre », que l’homme reçoit la libération du péché et trouve la vraie liberté. Cette présence divine par la Parole qui descend en chacun de nous quand nous sommes ouverts à l’action de l’Esprit Saint et à l’écoute de l’Évangile fait de nous des hommes et des femmes libres. Nous devenons ce que nous sommes par vocation, des êtres d’amour. Or c’est bien l’expérience de l’amour qui nous fait découvrir la véritable liberté. Demeurer entre quatre murs, tout en priant et en aimant concrètement ceux et celles qui espèrent de nous une relation authentique, permet la rencontre de Dieu et l’expérience de son amour entre nous et avec Lui.

Aussi j’aimerais dire un mot aux adolescents. Le pape François a écrit il y a quelques mois une exhortation apostolique qui vous est destinée. Son titre est « il vit le Christ » (Christus vivit). Comme vous êtes tous très connectés, vous n’aurez aucune difficulté à retrouver ce texte notamment sur le site du Vatican. C’est donc un texte d’encouragement : « Il vit le Christ, notre espérance, et il est la plus belle jeunesse de ce monde. Tout ce qu’il touche devient jeune, devient nouveau, se remplit de vie. Les premières paroles que je voudrais adresser à chacun des jeunes chrétiens sont donc : Il vit et il te veut vivant ! » (CV 1) Toi qui es jeune, tu liras l’exemple de beaucoup de jeunes personnages bibliques et de jeunes saints imprégnés par la foi et qui ont transformé le monde qui les entourait. Être chrétien, c’est un défi, non pas tant parce qu’il faudrait être parfait, mais parce que nous avons reçu le trésor de la foi, qui nous illumine et change notre vie, et parce que nous sommes envoyés l’annoncer. Ton cœur est une « terre sacrée » dit le Pape, « porteuse de semences de vie » que l’Esprit veut ensemencer d’amour et de courage évangélique. Dans son style plutôt direct, voici ce que le pape ajoute au N° 143 : « Jeunes, ne renoncez pas au meilleur de votre jeunesse, ne regardez pas la vie à partir d’un balcon. Ne confondez pas le bonheur avec un divan et ne vivez pas toute votre vie derrière un écran. Ne devenez pas le triste spectacle d’un véhicule abandonné. Ne soyez pas des voitures stationnées. Il vaut mieux que vous laissiez germer les rêves et que vous preniez des décisions. Prenez des risques, même si vous vous trompez. Ne survivez pas avec l’âme anesthésiée, et ne regardez pas le monde en touristes. Faites du bruit ! Repoussez dehors les craintes qui vous paralysent, afin de ne pas être changés en jeunes momifiés. Vivez ! Donnez-vous à ce qu’il y a de mieux dans la vie ! Ouvrez la porte de la cage et sortez voler ! S’il vous plaît, ne prenez pas votre retraite avant l’heure ! » Jeunes gens, vous êtes ceux et celles qui seront « non des évangélisateurs tristes et découragés, impatients et anxieux, mais des ministres de évangile dont la vie rayonne de ferveur, qui ont les premiers reçus en eux la joie du Christ » (St Paul VI – EN 80)

Aussi, je vous propose de lire certains passages de ce beau texte et de les partager avec vos parents ou vos amis. L’église, le Pape et moi évêque, savons, que si l’avenir de notre société demeure assez incertain, ce sera bientôt entre vos mains qu’elle sera confiée : la politique, l’économie, les relations sociales, l’éducation, la sécurité, l’organisation administrative et la production, les syndicats et les associations, surtout (last but not least !) l’Église Catholique et l’annonce de la foi. Travaillez aujourd’hui non pas tant pour réussir que pour vous préparer à œuvrer pour le bien commun, la joie de chacun, la liberté. Il en va de votre responsabilité de jeunes gens. Mettez y le meilleur de vous-mêmes car vous avez beaucoup de talents que vous pourrez déployer par des initiatives de proximité et d’amitié. Priez souvent pour être éclairés sur ce chemin et ne vous découragez pas. L’échec lui-même est toujours une opportunité pour quelque chose de positif que l’on ne voit pas mais qui est déjà presque présent.

Chers amis, en guise de conclusion, je vous propose d’intensifier les contacts téléphoniques avec les personnes seules, les personnes âgées. Chacun connait quelques personnes dans son entourage social ou géographique. Pourriez-vous, après discernement, donner leurs coordonnées au curé de votre paroisse pour qu’il les appelle de temps en temps ? Un encouragement à la vie spirituelle, à la persévérance, à la patience dans la prière fait beaucoup de bien. Quelques mots gentils donnent le sourire pour une journée entière. Soyons généreux pour les autres, au nom de Jésus.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’angélus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

Pour information, vous pourrez bientôt retrouver sur le site diocésain les horaires de toutes les célébrations proposées dès les Rameaux, à vivre certes à distance mais bien en communion, soit par Radio Grand Ciel, soit en vidéo sur chartres.live, soit en podcast à l’heure qui vous conviendra avec vos proches. Nous désirons que chacun et tous vivent intensément ces jours saints du Triduum pascal. Ne vous découragez pas mais acceptez que cela porte de nombreuses grâces. 

Message 17 de Monseigneur Philippe Christory / Mardi 31 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Hier, nous commencions à relire l’exhortation apostolique « La joie de l’Evangile » (Evangelii Gaudium) écrite par le Pape François en 2014, et j’aimerais vous redonner cette belle parole de Jésus « Vous serez tristes, mais votre tristesse se changera en joie » (Jn 16,20). Cela va être vécu par la Vierge Marie, par les saintes femmes qui servaient Jésus, par les apôtres et tous les disciples en ces jours de la passion, mais la joie leur sera donnée le jour de la Résurrection. Pour nous c’est ainsi. Nous apprenons le décès de personnes proches de nous, dans le diocèse, dans notre paroisse ou notre famille. Puisse votre tristesse se changer en joie, par la lumière que donne la foi, lorsque le Ciel s’ouvre pour accueillir nos défunts et réentendre de manière personnelle la voix du Père « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie. ! » (Mt 3, 17)

Nous nous rapprochons des fêtes pascales précédées par le dimanche des Rameaux. La lecture de « l’Évangile de la Joie » du Pape François nous fait percevoir le contraste entre un chemin de croix douloureux pour Jésus et la joie du Salut qu’il nous offre et nous demande de partager, en commençant par tous nos actes de charité du quotidien.
L’Évangile selon saint Jean est celui qui donne à méditer les profondes considérations de Jésus avant son arrestation, notamment le chapitre 17 que l’on appelle la prière sacerdotale de Jésus qu’il formule vers son Père, dans laquelle nous pouvons retenir comme idées importantes « le Père et moi sommes UN » et « que tous soient un, comme toi et moi sommes UN » (Jn 17, 20-26). Jésus n’a de cesse de se mettre en présence du Père et de nous rapprocher les uns des autres dans un véritable amour. Quand les soignants servent les malades, ils participent à cette oeuvre de salut et d’unité. Quand ils peuvent en plus, parce qu’ils sont chrétiens, prier en soignant et présenter chaque malade à la miséricorde de Dieu, même si cela se fait discrètement dans le cœur, ils appellent la consolation divine sur chacun et les unissent spirituellement à Dieu. C’est une grande oeuvre, qui donne courage pour ceux qui sont alités, et qui prépare à la Rencontre avec le Seigneur ceux et celles qui mourront.

En ce mardi, l’Évangile est tiré du chapitre 8 de saint Jean duquel était extrait hier le récit de la femme adultère et du pardon octroyé par Jésus. Ici la controverse avec les pharisiens continue et il leur répond de manière énigmatique : « Jésus leur déclara : Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS, et que je ne fais rien de moi-même ; ce que je dis là, je le dis comme le Père me l’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi ; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. » (Jn 8, 28-29)

L’expression «JE SUIS » nous reporte à l’expérience de Moïse dans le désert face au buisson ardent qui brûle et dans lequel la voix de Dieu se fait entendre : JE SUIS. (Ex 3, 1-7) C’est le nom même de Dieu, un nom imprononçable pour les juifs de l’époque. Une affirmation de sa divinité. Ici nous sommes prévenus que la révélation de sa nature divine passera par son élévation, mot qui signifie sa crucifixion. Dans cette abaissement total, Jésus « lui de condition divine s’abaissant jusqu’à mourir » (Ph 2, 6) par cette atroce torture et cette mort ignominieuse, remet son Esprit au Père, passe par la mort et la mise au tombeau, puis par sa résurrection il manifeste sa gloire, « gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité. » (Jn 1, 14)

La croix est un châtiment terrible. Parfois nous préférerions une religion du gentil bonheur. Mais le Christ nous dit que c’est par elle que se rétablit la communion entre l’humanité et Dieu le Père, par elle que le péché du monde est racheté, par elle que nous sommes sauvés. La croix devient le signe de la Bonne Nouvelle du salut. Elle devient dorénavant le signe de l’Amour divin livré pour nous, l’Amour divin qui nous est remis pour que « nous nous aimions les uns les autres » comme le Christ le fit : « Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à Dieu, comme un parfum d’agréable odeur. » (Cf Eph 5, 2). La Croix demeure un scandale incompris pas beaucoup de personnes, pourtant nous pouvons y contempler le don de Jésus. J’ai en mémoire cette femme musulmane d’une quarantaine d’années qui, entrant dans une église, voit un calvaire suspendu à la voûte présentant un grand Christ douloureux, et tombe sous le choc en disant « Mais pourquoi t’ont-ils fait cela ? »; elle se convertit et reçoit le baptême. Ainsi la foi en Jésus-Christ nous fait comprendre que la vie croît à mesure qu’elle est donnée aux autres, comme Jésus l’offrit, et que la joie de l’Evangile est dans cette découverte « qu’il y a toujours plus de bonheur à donner qu’à recevoir. » (Act 20, 35)

Le Pape François constate que le bonheur n’a de cesse de se communiquer : « Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres. » (EG 9) Aussi « l’Amour du Christ nous presse » (2Co 5, 14) et nous sommes encouragés à partager la foi qui nous habite et nous réjouit. Tirons parti du temps présent pour communiquer la Vie, celle qui a pour nom Jésus, à ceux et celles qui sont avec nous, présents en notre cœur. La joie du Christ grandit en étant partagée : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 19)

J’aimerais ajouter que nous sommes heureux de recevoir vos intentions de prière et pour quotidiennement les présenter au Seigneur lors de la Sainte eucharistie. N’hésitez pas à les adresser au curé de votre paroisse, ou à moi-même. De manière invisible et bien réelle, se forme une chaîne de prière magnifique en ces jours de confinement. Quelle joie de voir tant de fidèles prendre ce temps de la prière reliés aux amis, aux personnes âgées tellement isolées dans les maisons de retraite ou à domicile, aux familles et aux enfants. Chaque appel que nous pouvons donner ou recevoir manifeste le soin que nous prenons les uns pour les autres. Quelle est belle notre Eglise ! Elle se rassemble auprès du Seigneur d’un même cœur et d’une même âme.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.


Message 16 de Monseigneur Philippe Christory. Lundi 30 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous entrons dans la troisième semaine de confinement. Vous êtes nombreux à vivre la messe grâce à Radio Grand Ciel ou par vidéo. Oui, la vie ecclésiale continue avec Jésus-Christ, à l’écoute de sa Parole, en présence de Marie notre Mère céleste. Aujourd’hui, laissez moi vous dire un mot de la joie et du pardon.

Dans son exhortation apostolique « La Joie de l’Évangile » le Pape François commence par : « la joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. » (EG 1)

Voici que ce lundi, lors de la messe, nous contemplons une des scènes les plus touchantes de l’Évangile : la femme adultère libérée par le pardon de Jésus. (Jn 8, 1-11) Qui d’entre nous dans la vie habituelle n’a pas entendu quelqu’un dire l’expression « je ne lui jette pas la pierre ». Cette péricope de l’Ecriture Sainte nous place devant la violence de ceux qui accusent, convaincus que la loi de Moïse est inaliénable et que cette femme adultère mérite la mort par lapidation. C’est aussi un piège tendu à Jésus. Or son silence, son attitude abaissée et humble, exprime toute la tendresse d’un Dieu qui se penche sur l’homme pêcheur. Les accusateurs ne comprennent pas cela. La femme le ressent mais que peut-elle espérer ? « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » (Jn 8, 7) Jésus met chaque personne devant la vérité de sa vie. Oui nous sommes tous pêcheurs. Nous avons besoin du pardon de Dieu.

En ces jours avant Pâques, beaucoup de vous aspirent à pouvoir se confesser. Quelle conscience avons-nous de notre péché face à Dieu ? Pour beaucoup de catholiques, la confession n’est plus pratiquée. On ne voit plus son péché, ou on le considère comme banal, pas si grave. Cependant certains apprécient aller voir un prêtre et disent « cela me fait du bien » de me confesser. Mais la confession n’est pas d’abord une libération psychologique. C’est un acte de justice devant la grandeur de Dieu et devant mes frères et sœurs car mon péché abaisse l’Humanité et me détourne du projet divin. Surtout, le Christ a dit aux apôtres : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » (Jn 20, 23). Quelle belle promesse de savoir que l’Eglise a reçu mission de pardonner au nom de Dieu. Et nous n’en ferions pas cas ? Le pardon est la voie vers la sainteté de l’Eglise.

L’Église, consciente que l’exigence du confinement ne peut pas être diminuée par charité vis à vis de ceux qui attraperaient ce virus et en deviendraient les transmetteurs auprès de personnes vulnérables qui en mouraient, demande de repousser la démarche sacramentelle du pardon à des jours plus propices. L’exigence est de se confesser au moins une fois par an, sauf en cas de péchés graves. Le saint Père François rappelle que « l’impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession » (CEC 1484) et qu’en nous mettant en présence de Dieu, en lui disant ainsi la vérité, en lui demandant pardon, avec un « acte de contrition bien fait », la « grâce de Dieu » agira et « notre âme redeviendra blanche comme la neige ». Puis nous pourrons faire acte de pénitence, par exemple en lisant un chapitre de l’Évangile ou en récitant un chapelet pour confier à Dieu par Marie votre profond désir de conversion.

L’épidémie que nous subissons peut impulser un vrai désir de conversion de vie, c’est-à-dire de nouveaux rapports humains faits de générosité, de partage et d’attention aux autres. Il n’est pas sûr néanmoins que les hommes de ce temps y arrivent. La tentation de l’égoïsme et de la consommation demeurera forte après ce drame sanitaire. Nous devons trouver auprès du Seigneur, par la prière et la vie ecclésiale partagée, la force pour opérer ce changement en vue d’une vie nouvelle. « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. » dit Jésus à la femme (Jn 8, 11). Nous savons d’expérience qui n’est pas facile de changer de vie. Des choix s’imposent mais il faut les nommer, décider ce que mon quotidien sera dorénavant d’abord avec le conjoint pour celui ou celle qui vit en couple, avec les enfants et tous les proches, avec les personnes avec qui nous travaillons. Il nous faut opter pour des temps réaménagés afin de mettre l’essentiel au premier plan. N’est-ce pas un merveilleux projet qui appelle notre décision responsable ? Que ferons-nous ?

C’est un chemin difficile que la conversion. Le pardon est une force. Il est cette lumière qui ouvre le Ciel et qui donne l’espérance que nos efforts ne sont pas vains. C’est un chemin de sainteté. La sainteté consiste à toujours plus ajuster notre vie au projet de Dieu, à sans cesse tendre vers la ressemblance et l’image du créateur. Interrogeons-nous en vérité sur le juste chemin à emprunter. La vie chrétienne ne consiste pas en une simple coloration spirituelle comme on répandrait un coulis de framboises sur une charlotte, la sainteté c’est laisser l’Esprit Saint infiltrer de ses dons tous les lieux de ma vie intérieure et extérieure. Cela implique de ne pas se décourager devant ses propres fragilités et imperfections : « Dieu ne se fatiguent jamais de pardonner, c’est nous qui nous fatiguons de demander sa miséricorde… Il nous permet de relever la tête et de recommencer, avec une tendresse qui ne nous déçoit jamais et qui peut toujours nous rendre la joie ». (Pape François EG 3)

Voici que la joie de l’Évangile alors rayonnera dans nos vies. Le pape, dans le même texte, dit encore : « j’invite chaque chrétien, en quelques lieux et situations où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus-Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. » (EG 3)

Choisissons de vivre aujourd’hui une journée de joie spirituelle, encouragé par le pape (EG 6) : Jésus promet aux disciples : « vous serez tristes mais votre tristesse se changera en joie » (Jean 16, 20) et il insiste : « je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera » (Jean 16,22).

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’angelus :
V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie
R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.
Je vous salue Marie, ….
V. Voici la Servante du Seigneur
R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.
Je vous salue Marie…
V. Et le Verbe s’est fait chair
R/ Et il a habité parmi nous.
Je vous salue Marie…
V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu
R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.
Prions :
Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.
R/ Amen.
Je confie à vos prières les défunts atteints par le virus, particulièrement les prêtres, dont le père Marc Frasez, 74 ans, qui exerçait dans les Yvelines dont les funérailles sont ce lundi à Chartres. Demandons au Seigneur en famille des vocations sacerdotales, pour que de jeunes garçons s’ouvrent à ce bel appel. Bonne journée.

Message vidéo de Monseigneur Philippe Christory. Dimanche 29 mars

Message 14 de Monseigneur Philippe Christory. Samedi 28 mars. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Le saint Père François nous a enseignés hier vendredi soir depuis la place saint Pierre, puis il nous a bénis avec le saint Sacrement en traçant le signe de la Croix vers la ville de Rome et le monde entier, ubi et orbi. Etonnement, alors qu’en Eure & Loir, nous étions gratifiés d’un beau soleil, une tempête de pluie s’abattait sur la place saint Pierre où le pape se tenait seul. L’Evangile qu’il a commenté fut celui de la tempête apaisée (Mc 4, 35-41). Jésus est dans la barque avec les disciples apeurés affrontant le vent sur le lac de Galilée. Le Seigneur dort et semble désintéressé des émotions de peur qui envahissent les disciples. Chacun est très seul au fond de lui-même s’ils forment une équipe de marins expérimentés. Le danger est grand. N’est-ce pas parfois le sentiment des soignants qui voient combien leur équipe médicale est nécessaire pour faire face à l’afflux des malades mais qui pourtant peuvent être seuls au fond d’eux-mêmes devant la souffrance et la maladie d’un patient jusqu’à le voir mourir ?

En ces semaines de confinement, il y a évidemment la peine de ceux qui ne peuvent pas visiter un proche dans une maison de retraite ou à l’hôpital et qui se sentent tellement impuissants et laissés de côté. Pourtant notre tradition n’est-elle pas d’accompagner la fin de vie pour apporter du réconfort ?

Ce samedi, j’ai pensé qu’il était plus avisé de vous proposer quelques passages du saint Père François car cette célébration était destinée à apporter de l’Espérance au monde entier, et que beaucoup n’ont pas pu l’entendre en direct. Relisons le ou écoutons le :

L’Evangile commence par « Le soir venu » (Mc 4, 35). Le pape nous dit : « Depuis des semaines, la nuit semble tomber. D’épaisses ténèbres couvrent nos places, nos routes et nos villes ; elles se sont emparées de nos vies en remplissant tout d’un silence assourdissant et d’un vide désolant, qui paralyse tout sur son passage : cela se sent dans l’air, cela se ressent dans les gestes, les regards le disent. Nous nous retrouvons apeurés et perdus. Comme les disciples de l’Evangile, nous avons été pris au dépourvu par une tempête inattendue et furieuse. Nous nous trouvons dans la même barque, tous fragiles et désorientés, mais en même temps tous importants et nécessaires, tous appelés à ramer ensemble, tous ayant besoin de nous réconforter mutuellement. »

Le pape explique : « La tempête démasque notre vulnérabilité et révèle ces sécurités, fausses et superflues, avec lesquelles nous avons construit nos agendas, nos projets, nos habitudes et priorités. » 

François nous entraine à nous tourner vers Dieu : « Seigneur, ce soir, ta Parole nous touche et nous concerne tous. Dans notre monde, que tu aimes plus que nous, nous sommes allés de l’avant à toute vitesse, en nous sentant forts et capables dans tous les domaines. Avides de gains, nous nous sommes laissés absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous ne nous sommes pas arrêtés face à tes rappels, nous ne nous sommes pas réveillés face à des guerres et à des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué notre route, imperturbables, en pensant rester toujours sains dans un monde malade. Maintenant, alors que nous sommes dans une mer agitée, nous t’implorons : “Réveille-toi Seigneur !”. »

Alors le pape parle du temps du choix, celui de la vie, de la vérité, de la fraternité. Il nomme ceux et celles qui oeuvrent pour les autres, soignants certes mais aussi tant de professionnels dont l’activité demeure nécessaire à la nation. Il cite saint Jean « Que tous soient un » (Jn 17, 21) et ajoute : « Que de personnes font preuve chaque jour de patience et insufflent l’espérance, en veillant à ne pas créer la panique mais la coresponsabilité ! » 

Et voici la question centrale du Christ aux disciples : « Pourquoi avez-vous peur ? N’avez-vous pas encore la foi ? ». 

« Le début de la foi, c’est de savoir qu’on a besoin de salut. Nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage : nous avons besoin du Seigneur, comme les anciens navigateurs avaient besoin des étoiles. Invitons Jésus dans les barques de nos vies. Confions-lui nos peurs, pour qu’il puisse les vaincre. Comme les disciples, nous ferons l’expérience qu’avec lui à bord, on ne fait pas naufrage. Car voici la force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais. »

Le pape mentionne ensuite la Croix. La Croix généralement, nous la repoussons. Pourtant le Christ a dit aux disciples « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. » (Mt 16, 24) Aussi le Pape François commente : « Le Seigneur se réveille pour réveiller et raviver notre foi pascale. Nous avons une ancre : par sa croix, nous avons été sauvés. Nous avons un gouvernail : par sa croix, nous avons été rachetés. Nous avons une espérance : par sa croix, nous avons été rénovés et embrassés afin que rien ni personne ne nous sépare de son amour rédempteur. » 

Il explique : « Embrasser la croix, c’est trouver le courage d’embrasser toutes les contrariétés du temps présent, en abandonnant un moment notre soif de toute puissance et de possession, pour faire place à la créativité que seul l’Esprit est capable de susciter. C’est trouver le courage d’ouvrir des espaces où tous peuvent se sentir appelés, et permettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fraternité ainsi que de solidarité. »

Que retenir pour nous-mêmes de ces propos du Pape François ?

Il y a une tempête certes. Mais nous sommes ensemble et Jésus est bien présent, nous laissant le soin de nous unir autour de sa Parole, et de choisir de marcher avec lui pour les soins aux personnes et les tâches à accomplir en vue du bien commun. Aller jusqu’à embrasser la croix – je me souviens de sainte Rita qui priait un crucifix en main en y voyant tout l’Evangile et en embrassant le Christ son bien-aimé – car la croix est devenue le signe de l’Amour total offert pour nous sauver. Ô Seigneur, par ta croix, tu nous rends la vie ! 

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. 

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen. 

Message 13 de Monseigneur Philippe Christory. Vendredi 27 mars. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous sommes vendredi de carême. Vous rendez vous compte que le dimanche des Rameaux sera célébré dans huit jours ? Nous vous donnerons, via vos paroisses, des indications pour vivre au mieux ce moment liturgique. Certes nous regrettons avec vous de ne pas pouvoir nous rassembler pour accompagner l’entrée de Jésus à Jérusalem et pour écouter le récit de la passion dans l’Evangile de selon Matthieu (Mt 26, 14 – 27, 66). Comment vivre la bénédiction des rameaux ? Nous proposerons à tous les fidèles de trouver des rameaux, si possible dans leur jardin – si vous avez un jardin ! – ou dans la campagne, de les préparer et nous bénirons ceux-ci à distance, un peu comme le Pape bénit la ville de Rome et le monde à distance dans les grandes occasions. Ces rameaux pourront ensuite être mis sur vos crucifix comme de coutume, mais aussi faire partie de ce « jardin de Pâques » que nous proposons à tous de concevoir et de créer dans le salon, avec des cailloux, du carton, des tissus, en y mettant un calvaire et une tombe. Place à l’inventivité à laquelle, si vous êtes en famille, chacun apportera son savoir. Ce sera un beau support pour vivre chaque jour la semaine sainte et lire en famille les évangiles des célébrations. Un papa témoignait ces jours-ci qu’il lit l’Évangile tous les soirs durant trois quarts d’heure à ses enfants qui l’apprécient beaucoup, ce qui était aussi une redécouverte pour lui ! Voilà comment le foyer devient réellement l’Eglise domestique, cellule fondamentale de la vie ecclésiale.

Chaque vendredi est un jour spécial pour commémorer la passion de Jésus, en mémoire de son arrestation par Pilate, de son jugement au matin puis sa montée vers le Golgotha où il fut crucifié. C’est ce jour-là qu’il meurt. Enfin, il est descendu de la croix et mis au tombeau à proximité, juste avant que le shabbat ne commence.

Normalement, en temps normal, chaque vendredi de carême nous revivons le chemin de croix dans nos églises. Pour moi personnellement, comment ne pas me rappeler celui que j’ai vécu avec un groupe de pèlerins à Jérusalem en novembre 2019 ? Partout il y avait du monde, on entendait des cris et nous subissions quelques bousculades, des marchands étaient installés à moitié sur la chaussée, quelques animaux comme des ânes passaient par là. Nous aurions aimé le silence d’une église pour mettre un genou à terre pour dire « nous t’adorons au Christ et nous te bénissons car tu as racheté le monde par ta Sainte Croix. » Mais là, bien au contraire, une agitation sonore nous était imposée peu propice au recueillement. Mais voici que l’Esprit Saint nous fit comprendre que Jésus a gravi ces ruelles en portant sa croix dans ces conditions-là, que les marchands continuaient leurs affaires juste avant le shabbat qui serait le soir, certains curieux, certains indifférents, certains vindicatifs contre ce condamné à mort. Jésus silencieux, dans cette déréliction absolue où tous l’avaient abandonné sauf quelques-unes comme Véronique qui selon la tradition lui essuya le visage avec un linge. Alors avec ces pèlerins, nous sommes montés vers le Saint-Sépulcre comme lui-même avait parcouru Jérusalem. Notre propre vie de foi se passe souvent au cœur du monde, dans son agitation, loin du silence bénédictin des abbayes. C’est là que le Christ a promis d’être avec nous, et nous ne fuyons pas ce monde, nous nous y plongeons de toute notre humanité pour l’élever alors vers Dieu le Père en intercédant pour chacun et tous, comme actuellement pour les victimes et les soignants, pour ceux et celles dont la situation de vie va être très bouleversée.

Méditer le chemin de croix, ce n’est pas un acte de dévotion pour regarder en arrière, pour nous battre incessamment la coulpe même si nous sommes effectivement pêcheur et que le Christ a offert sa vie afin de nous délier des liens du péché et nous conduire à la vraie vie. La prière postcommunion de la messe de ce jour dit : « fais-nous quitter ce qui ne peut que vieillir, mets en nous un Esprit nouveau ». N’est-ce pas une belle prière ? Celle du croyant qui a confiance dans le secours du Seigneur, dans la présence maternelle et aimante de la Vierge Marie et de tous les saints, et qui marche à la suite de Jésus dans la confiance, témoin de son Évangile au cœur de cette société, particulièrement en ces jours auprès des malades, des mourants et des familles endeuillés.

Ce vendredi de carême, nous nous privons partiellement de nourriture. Ce jeûne a pour but une union à Dieu plus profonde et plus intime. Il n’est pas un défi physique, un exercice acétique même si parfois se priver de nourriture est un véritable effort. Nous pouvons choisir cette modération pour un plus grand élan d’amour, pour nous porter vers ceux ou celles qui attendent de nous un appel téléphonique. Nous offrons le temps libéré pour prier. Pourquoi ne pas reprendre un chemin de croix à la maison ? Pourquoi ne pas utiliser un petit livret de prière où nous parcourrons les 14 stations avec notre famille ou des amis grâce à Skype ou un autre média ?

Il est probable que pour vous qui lisez mes quelques lignes, la croix soit présente dans votre quotidien soit dans la solitude, soit la maladie et la souffrance, soit l’abandon et le rejet, ou bien par l’accompagnement d’un proche malade ou mourant, d’un autre en situation de handicap ou vivant de lourdes difficultés sociales, soit encore en soignant ceux et celles qui sont atteints par le virus. Cette croix, vous la portez courageusement en donnant le meilleur de vous-même; aussi pouvez-vous vous associer à Jésus qui continue à souffrir en sacrifice quand nous célébrons chaque jour, nous prêtres du Seigneur, l’eucharistie pour vous et avec vous, même si vous n’y êtes pas présent physiquement. Chaque eucharistie rassemble toute l’Église visible et invisible. Y sont particulièrement présentés à la Miséricorde du Père éternel les vivants et les défunts.

Le chemin de croix est une prière profonde qui nous relie à l’essentiel. Il nous transforme par l’accueil de l’Amour absolu. Voulons-nous rester dans l’obscurité du petit coin que nous nous sommes fabriqués pour vivoter en ce monde ou voulons-nous nous mettre en route pour être le témoin heureux de Dieu, Lui qui nous conduira à la vie éternelle ? Levons les yeux, accueillons la lumière qui vient. Osons un acte de confiance envers Jésus qui a offert sa vie et qui demeure présent avec nous comme il nous l’a promis. Osons lui dire que nous voulons être son disciple. Osons lui dire simplement : « Jésus, je t’aime », il n’est pas de prière plus belle.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Message 12 de Monseigneur Philippe Christory. Jeudi 26 mars. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous avons vécu une belle fête de l’Annonciation. J’espère que ce fut le cas pour vous. Les cloches ont sonné hier soir. Nous avons mis quand c’était possible des bougies à nos fenêtres. Nous avons égrené le chapelet et prié l’Angelus matin, midi et soir. Le Seigneur a accueilli toutes nos prières présentées par sa Mère. Continuons !

Nous sommes toujours chez nous mais je découvre dans l’attestation de déplacement qu’une « promenade » est possible entre « personnes regroupées dans un même domicile », pour une heure maximum, dans un rayon de 1 km. Cela ouvre des perspectives. Le beau temps étant persistant, pourquoi ne pas en profiter ? Cependant bien entendu, la situation demeure grave et je ne peux que vous engager à ne pas côtoyer d’autres personnes pour nous protéger mutuellement. Le personnel soignant mérite vraiment notre bienveillance, nos prières et nos gestes comme les cloches qui ont sonné pour la Fête de l’Annonciation en signe de solidarité. Bravo à tous ceux qui travaillent dans les hôpitaux et les cliniques, bravo à nos médecins qui accueillent les patients.

Le confinement continue mais peut-être pour vous comme pour moi, nous entrons peu à peu dans une saine habitude de vivre dans un espace clos et pourtant ouvert à la transcendance et à toutes les formes de relations que nous créons par téléphone et par les réseaux. Il nous faut demeurer vivant, alerte, conserver la forme comme nous le disons parfois.

J’ai reçu le témoignage touchant d’une tante âgée qui vit en maison de retraite. Elle me disait que son grand-père avait été officier d’artillerie durant la première guerre mondiale et que plus tard en 1943 il fut arrêté par les allemands parce qu’un résistant avait avec lui sa propre adresse. Il avait alors 75 ans. Mis dans une toute petite cellule, cet homme vaillant qui sortira vivant de ce drame – je vous le dis dès maintenant pour que vous n’ayez pas une émotion forte en imaginant le pire – il a raconté avoir fait chaque jour entre ces quatre murs 5 km à pied pour ne pas finir grabataire. Aussi ma tante, encouragée par cette histoire familiale, m’a dit avoir décidé de faire tous les jours dans sa chambre de maison de retraite 2 km à pied pour être capable de continuer à marcher et à vivre !

La vie chrétienne appelle notre engagement pour nous mettre en route. Plusieurs fois le Christ croise des futurs disciples et leur dit « Venez et Voyez » (Jn 1, 39) ou « Venez à ma suite et je vous ferez pécheurs d’hommes » (Mt 4, 19) ou « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » (Mt 19, 21), suite à quoi « ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent. » (Lc 5, 11). Ne pas regarder en arrière mais se mettre en route à la suite du maître, le Christ, voici la réponse à la grâce qui nous touche et qui fait de nous des hommes et des femmes de foi.

L’antienne du début de la messe de ce jour est : « Soyez dans la joie, vous qui cherchez Dieu. Cherchez le Seigneur et sa force, sans vous lasser, rechercher son visage. » Chercher Dieu, c’est pour Saint-Paul comme une course à pied. Il dira lui-même qu’il court, tendu en avant, pour gagner la couronne du vainqueur. Oui nous le recherchons sans attendre un gain matériel. Nous recherchons la Vie avec Dieu maintenant et bientôt dans l’éternité; le Christ a promis cela « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance. » (Jn 10, 10)

Dans quelle direction marcher maintenant ? Souvent, nous ne savons pas avec qui marcher, qui suivre, vers où. Beaucoup cherchent des guides et vous trouvez tant de livres dans les gares ou les librairies qui vantent des méthodes de bien-être, des voies plus ou moins illuminées pour satisfaire son ego. On y mélange les sciences humaines, les méditations orientales, la spiritualité sans religion, la médecine douce ou chinoise – on dit chinoise pour donner valeur à ce dont on ne connait pas l’origine comme toute parole de sagesse doit venir de Confucius ! – les vertus d’une diététique écologique, etc. Mais souvent point de rencontre qu’avec soi-même au risque de tourner en rond autour de soi. Or Jésus nous dit « je suis le chemin, la vérité, et la vie » (Jn 14, 6). C’est en marchant avec lui, à son écoute alors qu’il leur explique les Saintes Écritures, que les deux pèlerins d’Emmaüs, qui quittaient Jérusalem affligés et attristés par la mort de Jésus en croix, vont retrouver la joie et la chaleur du cœur et ils diront : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32). Avec cette joie en soi, fruit de l’Esprit Saint, nous trouvons la direction : le Ciel dont nous avons les prémisses ici-bas dans nos relations humaines pleines d’amour, et un jour à venir la place qui nous y est préparée.

Dans l’Évangile selon saint Jean que nous lisons à la messe aujourd’hui, Jésus explicite auprès de ses auditeurs juifs, de qui il reçoit un témoignage. Un témoin doit être idoine. Il doit être reconnu digne de témoigner. Il doit s’engager dans la vérité et seulement dire la vérité.

Jésus affirme que beaucoup témoignent en sa faveur : Jean le Baptiste; les œuvres qu’il accomplit; Dieu le Père lui-même; les Écritures Saintes jusqu’à Moïse qui de manière prophétique a écrit sur lui. Or à l’époque de Jésus, toute personne a besoin de deux témoins pour obtenir gain de cause. Mais faut-il encore que les auditeurs accueillent ces témoignages !

Comment nous, en tant que chrétiens, accueillons-nous ce témoignage ? Toute la tradition chrétienne nous invite à lire et scruter les écritures, à méditer l’Évangile avec un cœur ouvert, en priant l’Esprit Saint de nous révéler ce qu’il voulait dire du Mystère de Dieu. Nous ne pouvons pas nous contenter d’un catéchisme pauvre, enfantin alors que nous sommes devenus des chrétiens adultes. La méditation quotidienne de l’Évangile est enrichie par les autres textes bibliques comme les actes des apôtres qui présentent la vie de l’Eglise naissante, les lettres de Saint-Paul qui répondent aux questions concrètes des premières communautés du pourtours méditerranéen, l’Apocalypse de saint Jean, écrit complexe mais fantastique pour ouvrir une fenêtre vers la béatitude céleste, tout ceci nous fait goûter à la présence de Jésus vivant avec nous. Alors ouvrons le livre des Saintes Écritures, et buvons à la source de la Vie.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’Angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Message 11 de Monseigneur Philippe Christory. Mercredi 25 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

L’Annonciation faite à Marie, rapportée par l’évangéliste saint Luc, est une fête magnifique d’un événement tellement discret : un ange nommé Gabriel visite une jeune fille dans une maison inconnue, un village tout simple, parmi des gens fidèles au Seigneur qui lui rendent amour pour amour, ceux que la tradition juive nomme les anawims, que l’on traduit par les « pauvres du Seigneur ». L’ange lui annonce qu’elle sera la mère du Sauveur si elle l’accepte.

C’est le surgissement d’une parole de vie, la Parole divine elle-même, celle par qui tout fut fait, qui vient déposer la vie dans le sein maternel de Marie.

Comment parler de la présence divine en Marie ?

L’Esprit Saint descend sur elle, la troisième personne de la Sainte Trinité, comme la nuée sur la tente de la rencontre quand Moïse pérégrinait dans le désert, dans laquelle était placée l’Arche d’alliance, qui contenait les deux tables de la loi. Cette histoire lointaine qui se déroula 1400 années plus tôt préparait la venue du Verbe divin. La nuée se posait sur la demeure de Dieu ou sur Israël en marche. C’est bien l’Esprit Saint, dit Isaïe qui guidait le peuple vers son repos : « Comme on fait descendre le bétail dans la vallée, l’Esprit du Seigneur les menait au repos. » (Is 63,14)

Puis les prophètes ont annoncé que Dieu habiterait de manière stable parmi son peuple, et l’invitait à la joie : « Chante et réjouis-toi, fille de Sion ; voici que je viens, j’habiterai au milieu de toi – oracle du Seigneur » (Za 2, 14) et encore « je mettrai mon sanctuaire au milieu d’eux pour toujours. Ma demeure sera chez eux, je serai leur Dieu et ils seront mon peuple » (Ez 37, 26b–27). Cette présence, en hébreu la Shekinah, la Demeure du Seigneur, était symbolisée dans l’Ancien Testament par la nuée, la tente de la rencontre, le temple de Jérusalem, le mont Sinaï, là où réside la Gloire du Seigneur. Le judaïsme affirme « alors le temple se remplit de la nuée de la Gloire du Seigneur. » En réalité la Gloire du Seigneur, c’est le Seigneur lui-même.

Peut-on affirmer et comprendre que Marie est le nouveau Temple empli de la nuée de la Gloire du Seigneur ?

Oui, car le texte de saint Luc reprend le même verbe utilisé dans l’Ancien Testament pour nous dire ici : « L’ange lui répondit : l’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. » (Lc 1, 35)

La nuée, c’est l’Esprit Saint qui vient remplir Marie. Aussi Marie devient la nouvelle Arche qui accueille la Gloire du Seigneur, le Verbe qui prend chair en elle. Nous pouvons nous réjouir car elle est dorénavant la demeure de Dieu parmi les hommes, elle est la nouvelle « fille de Sion ».

La conséquence immédiate de l’enveloppement de Marie par l’Esprit, dès son acquiescement par son oui – « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » (Lc 1, 38) –  sera la conception virginale en son sein d’un être divin, sans le concours d’un homme – elle le dit elle-même à l’ange « Je ne connais pas d’homme » (Lc 1, 34) – , et c’est pour cela que celui qui naîtra sera appelé « Saint » et « Fils de Dieu ». Il sera donc le premier-né de la nouvelle création, création sauvée et réconciliée qui donnera à toute l’humanité de former le nouveau peuple dont le Christ est la tête, peuple qui est son corps, l’église, elle-même enseignée et conduite par l’Esprit Saint qui lui donne vie : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. » (Jn 16,13)

C’est l’infinie délicatesse de Dieu qui se propose et ne s’impose pas, elle est même l’expression ultime de la toute puissance créatrice de Dieu qui rejoint l’humanité qu’Il a accompagnée depuis tant de siècles à travers ce peuple choisi, le peuple juif, venant faire sa demeure parmi les hommes. Mystère de présence qui va perdurer jusqu’à nous. Le Seigneur est dorénavant avec nous, il accompagne nos vies, il vient frapper à la porte de notre cœur et si nous sommes disposés à l’accueillir, il vient chez nous : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. » (Jn 14, 23)

Chez nous faire sa demeure, c’est participer à notre quotidien, mais surtout et de manière extraordinaire, c’est nous offrir le repas eucharistique lorsque son corps est livré pour le salut de chacun de nous. En ces jours de confinement, l’absence de l’eucharistie se fait sentir et certains expérimentent un véritable jeûne. Mais cette distance d’avec la Sainte Messe ne nous éloigne pas de Lui, aussi nous ne doutons pas de sa présence car il a promis : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20b). Sa présence remplit nos cœurs et nous l’expérimentons différemment, non par les sens mais par la foi. Elle nous élève vers une maturité plus adulte de notre foi pour l’accueillir et lui répéter jour après jour : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6, 68-69)

Ne laissons pas échapper ce temps en vaines activités. Recentrons-nous sur l’essentiel, l’accueil de Dieu comme la Vierge le fit par son fiat, et que cela puisse susciter un déploiement dans notre relation les uns avec les autres, par téléphone ou par les réseaux Internet.

Ces jours, circulent des demandes de consécration de la France à la Vierge Marie. C’est une louable demande mais qui appelle une préparation pour que tout le peuple catholique y soit associé. Aujourd’hui, confinés dans nos maisons, c’est le temps de la consécration à Jésus-Christ par la Vierge Marie de nos propres foyers, de nos églises domestiques que sont nos familles et nos groupes fraternels. Habitons ce quotidien par nos prières lancées vers Dieu et sa Parole. Et continuons à prier le chapelet, l’angelus, etc.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.


Message 10 de Monseigneur Philippe Christory. Mardi 24 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Ce matin, en ouvrant les yeux, il nous fut donné de voir un merveilleux lever de soleil. Cela dépend bien entendu de l’orientation de nos fenêtres, mais quel beau signe que la création qui s’éveille et s’illumine. Ce jour sera-t-il un jour nouveau ? L’avons-nous confié à Dieu, en le louant par des chants, en priant la Vierge Marie, ? – Hier un nouveau groupe WhatsApp s’est créé à Lucé pour prier le chapelet, quelle joie ! -Ou encore en reprenant la belle prière que nous adressons à saint Joseph pour tous nos travaux, salariés comme domestiques.

Ô glorieux saint Joseph, chef de la Sainte Famille de Nazareth, si zélé à pourvoir à tous ses besoins ; étends sur notre foyer, notre paroisse, notre famille, notre diocèse ta tendre sollicitude ; prends sous ta conduite toutes les affaires spirituelles et temporelles qui les concernent  et fais que leur issue soit pour la gloire de Dieu et le salut de nos âmes. Ainsi soit-il. 

L’Évangile de ce mardi vient de saint Jean et nous emmène dans un lieu très beau, la piscine de Bethesda ou encore Bezatha, ce qui veut dire « « maison des deux flots » car il y avait deux sources, piscine qui date du VIIIème siècle avant Jésus-Christ. Il y a là la belle église sainte Anne reconstruite par les croisées sur les ruines d’une basilique byzantine. Ce lieu est porteur d’une histoire très particulière, tirée du Protévangile de Jacques présentant Marie et ses parents vivant à proximité du temple. Ainsi plusieurs Pères de l’Eglise du haut Moyen-âge rapportèrent que c’était là la maison de Marie enfant.

C’est aujourd’hui une terre française située au nord du Temple, au bord des murailles de Jérusalem côté est, donc orientée vers la vallée du Jourdain qui est près de 1000 mètres plus bas. Elle fut offerte à l’empereur Napoléon III par le sultan ottoman Abdülmecid Ier, en 1856 en remerciement de l’intervention française lors de la guerre de Crimée qui venait de s’achever.

A l’époque de Jésus, la piscine était très fréquentée, avec quatre bassins et cinq portiques, lieu important construit par Hérode le Grand dont on connait les ouvrages comme la reconstruction du Temple lui-même. L’eau qui y coulait avait réputation d’être miraculeuse. Mais il fallait s’y plonger quand elle bouillonnait pour bénéficier de ce pouvoir.

Or un homme était là allongé sur un grabat, malade depuis 38 années, autrement dit pour l’époque, toute sa vie. Comment pouvait-il se traîner jusqu’à l’eau alors que beaucoup guettaient le moment propice ? Là aussi, Jésus voit cet homme – Je le disais dans un message précédent, Jésus a toujours ce charisme du Saint Esprit de voir ceux qui sont ignorés, ceux qui deviennent comme le décor de la vie commune, on s’habitue à les voir, presque comme si ce fut son karma ! – Jésus lui demande simplement « veux-tu guérir ? » et curieusement n’attend pas la réponse. Que pouvait répondre ce pauvre dans son état ? Pouvait-il juste espérer guérir ? Jésus ne provoque pas la foi de cet homme, ne demande point à ce grabataire de se prononcer, et sa guérison advient miraculeusement sans même une prière audible faite par Jésus vers son Père. Juste un commandement « prends ton grabat et marche ». Jésus vient et lui offre une vie nouvelle.

L’eau est souvent présente dans les histoires bibliques. Il faut dire que dans un pays chaud et sec comme la Terre Sainte, elle a une grande valeur. Nous aussi commençons à mieux veiller sur notre consommation. Jésus rencontre au puits la samaritaine pour lui donner son eau vive. Nous aussi sommes baptisés dans l’eau et nous en recevons une vie nouvelle. Ce mardi nous lisons comme première lecture de la messe la vision donnée par le prophète Ezéchiel de l’eau qui coule du côté oriental du Temple et qui s’en va vers la Mer Morte tout en fertilisant la vallée de Ein Guedi, lieu où le roi David écrivit le Cantique des Cantiques, ode à l’amour humain entre un homme et sa bien-aimée, préfiguration de l’Amour que notre âme recherche auprès du Seigneur, son bien-aimé. Cette vision du prophète anticipe la mort dramatique de Jésus crucifié quand le soldat voulant vérifier sa mort lui transperce de sa lance le côté droit et va jusqu’au cœur. Alors par la plaie béante couleront du sang et de l’eau, signe du don de la vie fait aux croyants par les sacrements. Le côté de Jésus est bien devenu le côté du vrai Temple, son corps, qui s’offre en sacrifice pour nous donner sa vie et nous conduire à travers la mort jusqu’à la résurrection. C’est déjà dans la mort de Jésus le signe que la Vie a la victoire sur la mort. La résurrection et les apparitions aux disciples seront le sommet de la passion, commencement d’une humanité réconciliée et promise à la Vie Éternelle.

Prenons le temps de nous rappeler notre baptême. Pour ceux qui sont en famille, pourriez-vous ressortir les photos du baptême de vos enfants pour leur commenter et expliquer quel don ils reçurent ? Le baptême est une réalité bien présente. Nous sommes baptisés et la grâce nous est donné pour ce jour. Accueillons la.

J’aimerais ajouter une intention pour cette journée. Nous avons prié pour les soignants et devons continuer. Prions pour les personnes qui nous servent, notamment dans les magasins restés ouverts, qui réapprovisionnent ou qui sont aux caisses. Si nous y passons, ayons pour elles une belle parole de remerciement.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Message 9 de Monseigneur Philippe Christory. Lundi 23 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Chaque matin, au premier office des lectures, lorsque le jour se lève, nous chantons le Beneditus. C’est la prière de Zacharie, lorsque son fils tant espéré naît, qu’il est circoncis et qu’il lui donne, en tant que père, le nom de Jean. Ce prénom est inhabituel pour cette famille, mais c’est celui que l’ange lui avait indiqué alors qu’il lui révélait que Elisabeth son épouse âgée et stérile serait mère. Cette longue prière (Luc 2, 68-79) commence par « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, qui visite et rachète son peuple ». Chaque matin, disait saint Vincent de Paul, j’ai une certitude, la miséricorde de Dieu s’est levée avant le jour. Dieu nous regarde ouvrir les yeux sur la journée qui advient, il nous voit d’un regard aimant, il veut déjà nous dire de ne pas craindre et de mettre notre confiance en lui. Alors la belle formule de sainte Thérèse de Lisieux nous guide : « la prière c’est un simple regard vers le Ciel ». Disons lui simplement « je t’aime et te confie tout ce jour ». Ce matin, la ciel est très bleu sur l’Eure et Loir. Il fait froid dehors mais c’est le printemps. Oui, c’est le printemps depuis samedi ! Il est possible que confinés nous n’en ayons pas pris conscience.

Une nouvelle semaine de confinement arrive donc. Il a été peut-être difficile de prendre un rythme et de structurer nos premières journées. Mais nous y sommes tenus dorénavant, particulièrement ceux qui sont seuls afin de ne pas se laisser aller, mais aussi les familles avec des enfants afin que tout se déroule aimablement et que soient profitables ces journées ensemble.

« Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? » dit l’Ecriture (Ps 94,7).

Aussi, lisons plus avant le Benedictus, où nous trouvons :

« Il a fait surgir la force qui nous sauve

dans la maison de David, son serviteur,

comme il l’avait dit par la bouche des saints,

par ses prophètes, depuis les temps anciens :

salut qui nous arrache à l’ennemi,

à la main de tous nos oppresseurs,

amour qu’il montre envers nos pères,

mémoire de son alliance sainte. »

Quelle est notre force ? Nous chantons parfois « Dieu fort, Dieu immortel ». Si Dieu est créateur et tout-puissant, que sa Sagesse englobe toute chose, y compris ce que les sciences de l’homme recherchent, sa force passe par sa miséricorde, par sa tendresse, par sa bonté. « Dieu seul est bon » disait Jésus (Lc 18,19). Sa force est annoncée par les prophètes, proclamée par Jean-Baptiste, transmise par Jésus. La force est en réalité l’Amour qui ne peut être vaincu : « les grandes eaux ne pourront éteindre l’amour, ni les fleuves l’emporter » (Ct 8,7). Par l’annonce de cet amour et de sa force, est reçue la foi, pas seulement le fait que Dieu exista, car nous ne sommes pas des déistes, mais la certitude qu’il vient nous sauver du péché et de la conséquence funeste du péché, c’est à dire la mort. Celui qu’annonce la grande prière de Zacharie est Jésus-Christ dont Jean-Baptiste en tant qu’ultime prophète est précurseur : « Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».(Jn 1,26-27). Ainsi Jésus récapitule toutes les prophéties et répond à toutes les attentes du peuple hébreu, ici et partout, maintenant et toujours, puisqu’il vient sauver tout homme et tous les êtres humains, hommes et femmes. Avec tous les enfants ! Même ceux qui vous fatiguent en ces journées assez longues à la maison !

Alors la prière nous invite à une vie nouvelle :

« Afin que, délivrés de la main des ennemis, 

nous le servions dans la justice et la sainteté,

en sa présence, tout au long de nos jours. »

En accueillant en vérité Jésus comme Seigneur et Sauveur, ce que fait Jean le Baptiste, nous entrons dans ce chemin de sainteté et de justice, c’est à dire que nous décidons de répondre à notre vocation chrétienne, que nous cherchons à ressembler à Dieu par l’Amour exprimé envers nos proches, et cela « tout au long de nos jours ». Comment vivra-t-on cette attitude en ce lundi en notre appartement ou en notre maison, seul ou avec quelques parents et enfants ? Que voudra dire cet appel pour soi ? Comment le savoir ? C’est en prenant du recul dans le silence (si cela est possible), en nous isolant des bruits ambiants et en invoquant l’Esprit Saint pour entendre intérieurement un appel à poser un acte d’amour nouveau.

Dans la lecture du prophète Isaïe, de la messe de ce jour (Is 60,17) il est écrit « ainsi parle le Seigneur : oui, voici : je vais créer un ciel nouveau, une terre nouvelle, on ne se souviendra plus du passé, il ne reviendra plus à l’esprit. Soyez plutôt dans la joie, exultez sans fin pour ce que je crée. » Quelle promesse ! Quelle invitation !

Si je prends conscience du Salut qu’offre Jésus, si je choisis – car l’amour croît par la volonté en acte – d’accueillir sa présence et d’être alors un être de don aujourd’hui, oui le ciel va être nouveau et la terre sera renouvelée pour porter du fruit. La vie chrétienne s’incarne aujourd’hui. Elle ne fuit pas la réalité pour un nirvana introuvable, elle ne regarde pas ailleurs, elle découvre l’espace concret qui est celui donné pour nous aimer les uns les autres. Certes cela demande du courage, mais vous en avez, n’est-ce pas ? Et s’il venait à vous manquer, composez le numéro de téléphone d’un ami sur qui compter et qui partage la foi afin de prier ensemble, de louer ensemble, et demandez ensemble au Seigneur cette nouveauté merveilleuse de sa présence au cœur de vos activités et le don de la joie.

Dieu veut créer en France un ciel nouveau et une terre nouvelle. Il veut être avec nous assurément. Il veut que nous levions les yeux. Nous intercédons pour que nos responsables politiques cessent d’ignorer la présence de Jésus qui nous sauve. « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4).

La fin de cette grande prière du Benedictus, la voici :

« Tu marcheras devant, à la face du Seigneur, et tu prépareras ses chemins

pour donner à son peuple de connaître le salut par la rémission de ses péchés,

grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut,

pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort, 

pour conduire nos pas au chemin de la paix. »

Dans cette finale est dit le désir de Dieu de faire connaître sa venue, d’offrir « le salut pour la rémission des péchés », et enfin il désire illuminer ceux qui « habitent les ténèbres et l’ombre de le mort pour conduire nos pas au chemin de la paix ». Nous désirons la lumière, quitter les peurs – elles croissent en ces jours de coronavirus pour beaucoup de citoyens – et « marcher sur un chemin de paix. »

La paix a un nom, la lumière a un nom, le salut a un nom, la joie a un nom. Vous le connaissez, c’est Jésus, lui notre joie.

En ce lundi, je vous bénis au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous prions comme chaque jour (matin, midi et soir, n’est-ce pas maintenant !) l’angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Message – Homélie de la messe de Monseigneur Philippe Christory. Dimanche 22 mars. 

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Nous vivons le quatrième dimanche du carême. Il a une coloration particulière, c’est en effet le dimanche de Laetare. Ce nom provient de l’invitation spirituelle « Laetare Jerusalem » – Réjouis-toi, Jérusalem. C’est comme une pause au cœur du carême pour voir le chemin parcouru et avancer vers la Fête de Pâques. Nous voulons nous réjouir du don de Dieu, tout en demeurant attentif à ceux et celles qui souffrent. 

C’est le premier dimanche de confinement total et cependant, grâce aux médias beaucoup vont être reliés en ce jour autour de l’eucharistie soit par la télévision soit par Internet soit par la radio et les réseaux sociaux. Dans ce temps de grave crise sanitaire, des liens se tissent, des solidarités humaines s’organisent comme ces rendez-vous du soir pour applaudir le personnel soignant tellement engagé pour sauver des vies, ou ces chaînes d’appels téléphoniques et d’entraide pour rejoindre les plus fragilisés.

C’est normalement un dimanche des scrutins des catéchumènes qui devaient être baptisés lors de la Vigile pascale. Un scrutin est une prière appelée aussi exorcisme qui demande à Dieu d’ôter le mal qui demeure dans le cœur du futur baptisé et d’y faire grandir le bien. Lié à l’Evangile que nous venons d’entendre, celui de l’Aveugle-né, il s’agit de prier pour que nos aveuglements cessent et que nous voyons avec les yeux du cœur, afin d’aimer davantage.

C’est donc une bonne nouvelle que cet Évangile. Un homme ne voyait pas depuis sa naissance. Il croise le chemin de Jésus et dorénavant va voir. 

Ces jours, nous arrivent des témoignages de belles histoires. J’aimerais reprendre un extrait de l’un d’eux, celui de Lulian, médecin italien de 38 ans, qui soigne en Lombardie, en Italie. Écoutons le : 

« Jamais dans les cauchemars les plus sombres je n’ai imaginé que je pourrais voir et vivre ce qui se passe dans notre hôpital depuis trois semaines. Le cauchemar. Au début, certains sont venus, puis des dizaines, puis des centaines et maintenant nous ne sommes plus médecins mais sommes devenus des trieurs qui décident qui doit vivre et qui doit être renvoyé chez lui pour mourir.

Nous devons admettre que, en tant qu’êtres humains, nous avons atteint nos limites, nous ne pouvons pas faire plus. Il y a de plus en plus de gens qui meurent chaque jour… nous sommes épuisés, deux collègues sont morts et d’autres ont été infectés.

Jusqu’à il y a deux semaines, mes collègues et moi étions athées; c’était normal parce que nous sommes médecins et nous avons appris que la science exclut la présence de Dieu. J’ai toujours ri de mes parents qui allaient à l’église.

Il y a neuf jours, un homme de 75 ans est venu nous voir;  C’était un homme gentil, il avait de graves problèmes respiratoires mais il avait une Bible avec lui et il nous a impressionnés parce qu’il l’a lue aux mourants et les a tenus par la main.

Nous étions tous des médecins fatigués, découragés, psychologiquement et physiquement finis, quand nous avons pris le temps de l’écouter.

Nous avons réalisé que là où finit ce que l’homme peut faire, nous avons besoin de Dieu et nous avons commencé à Lui demander de l’aide quand nous avons quelques minutes de libres;  Nous parlons ensemble et nous ne pouvons pas croire qu’en tant qu’athées féroces, nous sommes maintenant à la recherche de notre paix, demandant au Seigneur de nous aider à résister afin que nous puissions prendre soin des malades.  

Hier, ce pasteur de 75 ans est décédé. Le berger est allé vers le Seigneur.

Malgré plus de 120 morts en 3 semaines ici et notre épuisement, il a réussi à nous apporter une paix que nous n’espérions plus retrouver.

Je ne suis pas rentré chez moi depuis 6 jours, je ne sais pas quand j’ai mangé pour la dernière fois, et je me rends compte de mon inutilité sur cette terre et je veux prendre mon dernier souffle pour aider les autres. 

Je suis heureux d’être revenu à Dieu pendant que je suis entouré par la souffrance et la mort de mes semblables. « 

Ce témoignage est à la fois rempli de désespoir mais une renaissance advient. Comme ces fleurs qui percent la terre en premier avant même le printemps pour éblouir nos cœur d’hommes par leur beauté.

L’Évangile de ce dimanche est une scène incroyable racontée par Saint Jean. On pourrait même se demander comment tant de détails ont pu être conservés dans la mémoire jusqu’à ce qu’il soit écrit. Mais nous-mêmes ne prenons-nous pas le temps de raconter telle rencontre faite avec un ami, les mots qu’il nous a dit et nos propres réponses ? À l’époque de Jésus, il y a pas d’écrit pour le peuple, mais la mémoire est grande, tous se racontant les histoires de famille. Ce récit de la guérison de ce jeune homme né aveugle est édifiant.

Tout d’abord Jésus le voit. Souvent dans l’Évangile Jésus voit des personnes que personne d’autre ne voit : tel grabataire, telle femme malade, tel pauvre oublié de tous, tel lépreux rejeté. Les yeux de Jésus exprime la grandeur de son cœur. Il est tout tendu vers l’autre. Un autre récit montre très bien cela, celui du jeune homme riche : « Jésus le vit et il l’aima. »

Le regard de Jésus sur nous est celui de l’Amour, pas du jugement. 

Jésus pose un geste quasiment sacramentel. Il utilise la Terre, il ajoute sa salive pour signifier sa propre vie, et il lui dit de se laver à la piscine de Siloé. L’homme répond à cette invitation, et il est guéri, il voit parfaitement.

Va alors s’en suivre une dispute avec les pharisiens qui ne supportent plus Jésus car il outrepasse les lois établies, et qui  fait cette guérison, guérison qui est un travail, interdit le jour du sabbat. Pour ces religieux, c’est un grave irrespect de Dieu. 

Dans ce long récit, nous voyons ensuite la rencontre de Jésus qui revoie plus tard l’homme devenu voyant.

Reprenons cette scène merveilleuse :

Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »

Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »

Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »

Il dit : « Je crois, Seigneur ! »

Et il se prosterna devant lui.

L’expression « Fils de l’homme » tire son origine dans le livre de Daniel et exprime l’habitation divine. 

« Crois-tu au Fils de l’homme ? » Cet homme plein de bon sens répond avec justesse : « Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus se révèle à lui : « tu le vois je le suis. » 

Alors cet homme guéri n’a qu’un cri : « je crois Seigneur »

Et il se prosterne devant lui, faisant ce geste d’adoration réservée à Dieu.

Comme pour ces médecins italiens, comme pour nos catéchumènes bientôt baptisés, comme pour les recommençants qui rouvrent la Bible, Dieu se révèle doucement, leur ouvre les yeux, suppriment leurs aveuglements. 

Dans notre société française pourtant bénie par une histoire chrétienne emplie de sainteté, beaucoup de personnes sont aveugles. Il y a certes bien des mal-voyants physiques. Mais il y a les aveugles du cœur, ceux qui ne voient plus l’autre comme un être aimable, qui sont enfermés dans leurs égoïsmes, leur clan, leurs certitudes. Nous sommes confinés dans nos logements, mais peut-être avions-nous déjà le cœur confiné ?

En ce carême, c’est à eux que Jésus redit : « convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » 

Toi qui écoute ces mots, ne crains pas d’ouvrir ton coeur à Jésus, de le laisser entrer dans ta vie, de lui dire – même si c’est avec hésitation – : « Je crois Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ». 

En ce dimanche, découvrons la liberté que donne l’Amour manifesté par Jésus. Laissons nous toucher par lui à travers la lecture de l’Evangile. Choisissons de devenir ses disciples. « Jésus ne prend rien, il donne tout » disait le pape Benoît XVI. 

Vivons la joie de ce dimanche de Laetare. Réjouissons-nous ! Je vous bénis tous. Amen.

Message 7 de Monseigneur Philippe Christory. Samedi 21 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Bonjour à vous tous qui êtes confinés. Nous sommes samedi et la tradition de l’Eglise est d’honorer particulièrement la Vierge le samedi, car elle précède la venue de Jésus-Christ qui est fêté chaque dimanche – le Jour du Seigneur – dans sa résurrection dont je vous parlais hier.

Vous avez pu prier avec moi l’Angelus que j’ai mis en fin de message. J’aime cette prière qui est ancienne et qui rappelle l’incarnation : Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Je voudrais vous en dire quelques mots. C’est une prière que nous disons trois fois par jour, normalement à la « première » heure du jour, à la sixième puis à la douzième. Si nous comptons 12 heures de jour, cela veut dire que nous la prions à 6h du matin, 12h et 18h. Normalement les cloches des villages sonnent alors par trois fois pour les trois invocations entre lesquelles est dit un Ave, puis elles battent à la volée pour la prière finale. Bien entendu, pour respecter le sommeil des personnes qui ne vont pas toutes aux champs dès l’aurore, les cloches sonnent souvent l’angelus vers 8h du matin voire 9h !

Certes, cette prière a été oubliée par beaucoup. Or nos papes l’ont ré-adoptée, surtout depuis Pie XI, et qui va à Rome aime se retrouver place Saint Pierre à midi pour l’Angelus avec le Saint Père qui ajoute alors un bref message. J’aimerais vous lire les propos du pape Saint Paul VI dans son exhortation « Marialis Cultus » de 1974, assurément un des plus profond texte marial du XXème siècle :

L’Angélus

41. « Nos propos sur l’Angélus veulent être seulement une simple mais vive exhortation à conserver l’habitude de le réciter, lorsque et là où c’est possible. Cette prière n’a pas besoin d’être rénovée : sa structure simple, son caractère biblique, son origine historique qui la relie à la demande de sauvegarde dans la paix, son rythme quasi liturgique qui sanctifie divers moments de la journée, son ouverture au mystère pascal qui nous amène, tout en commémorant l’Incarnation du Fils de Dieu, à demander d’être conduits « par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection », font que, à des siècles de distance, elle conserve inaltérée sa valeur et intacte sa fraîcheur. »

Historiquement, dès que l’Eglise a approfondi sa compréhension de la personne de Jésus, elle a compris que sa Mère avait un destin unique. Quand l’Eglise voulut affirmer que Jésus est Dieu fait homme, alors elle donna à Marie le titre « Θεοτόκος – Mère de Dieu » au Concile d’Ephèse en 431. Les chrétiens du IVème et Vème siècles introduisirent dans leurs prières la salutation faite par l’ange à Marie. Un graffiti à Nazareth du Ier ou du IIème siècle dit « kairé Maria » soit « je vous salue Marie ». Ce salut apparaît dans la prière de l’Ave qui nous est si familière maintenant. Les gens simples qui ne pouvaient réciter les psaumes en latin disaient 150 Ave formant la première couronne pour Marie qui deviendra peu à peu notre rosaire. Quant à prier l’Angelus, ce fut progressif au bas-Moyen Âge, tout d’abord celui du soir, puis du matin, puis du milieu du jour entre le XIII et le XVème siècle. L’art soutenait cette attention à ce moment unique de la rencontre de l’Ange et de la Vierge. Comment ne pas penser à Fra Angelico, aux peintres italiens, flamands ou français ? Ce fut aussi dans le contexte de la lutte contre les turcs envahissant l’est de l’Europe que s’est accrue la foi que la Vierge nous protégeait d’un tel mal. La victoire de Lépante en 1571 sera vue comme celle du pape priant le chapelet avec toute l’Eglise.

Ces prières vers Marie nous protègent. Si certains ont pensé que la dévotion mariale était récente, il faut écarter cette fausse idée. Un papyrus du IIIème siècle porte la prière du « Sub Tuum praesidium »; voici une traduction de ce texte grec « A l’abri de votre miséricorde nous nous réfugions, Mère de Dieu, ne repoussez point les demandes de notre indigence, mais sauvez-nous du péril, ô vous, seule chaste et bénie. » Ainsi nous voyons que les premiers chrétiens expérimentaient la force de l’intercession de Marie face aux calamités. Saint Irénée mort en 202 appelait Marie « notre avocate » pour bien signifier sa protection. Or nous y sommes avec le coronavirus. Nous demandons à Marie sa protection pour la France qui lui est consacrée. Mais comment la recevoir si la France ne se convertie pas ? « France, qu’as-tu fait de ton baptême ? » disait Saint Jean-Paul II.

Pourquoi insister sur la place de Marie au XXIème siècle ? Elle nous conduit à Jésus, dans la vérité de sa personne, homme et Dieu. Elle nous dit qu’elle a accueilli le Sauveur pour nous et pour toute l’humanité. Elle nous rend familier l’Evangile qu’elle a médité et gardé en son coeur de Mère. Plus nous sommes proches d’elle, plus nous sommes avec Jésus, et gardés de l’erreur. Elle a tout reçu de Lui et notre vie chrétienne consiste, comme pour elle, à ouvrir notre coeur afin qu’il soit le réceptacle de toutes les grâces et que par elle nous apprenions à aimer toujours plus.

En ce samedi, vous comprendrez pourquoi j’insiste sur notre prière du chapelet et de l’Angelus. Je voudrais vous dire que dans cette grave épreuve sanitaire, il y a des gens en grande détresse : Les sans-logis, les SDF – certains ont même été verbalisés ! – qui ne savent pas où trouver refuge. Beaucoup de lieux d’accueil sont fermés. Curé, à la Sainte Trinité à Paris, nous y avions quatre repas par jour, avec 200 personnes par jour, où vont-ils maintenant ? Je pense aussi aux hommes et femmes sans papier. L’un d’eux me disaient hier par téléphone : « Père Philippe, comment peut-on vivre ? Nous n’avons pas de papier, pas de justificatif à montrer à la police, nous vivons dans des lieux insalubres chez des marchands de sommeil, nous sommes exploités comme esclave moderne, aujourd’hui il ne nous reste rien ». Je prie et remercie tous ceux et celles qui oeuvrent dans des structures d’accueil face à la précarité. Je me souviens du gite de Dreux où en appelant le 115, 25 personnes trouvaient un lit pour un soir. Je pense au FAC, le Foyer Accueil Chartrain, dont les responsables m’ont si aimablement accueilli où logent de nombreuses personnes en précarité. Je revoie cette femme vivant seule avec trois enfants très blessés pour un père qui les avaient violentés et qui venait retirer un grand panier de fruits, de légumes et de conserves dans une association de Courville car elle touchait environ 450 euros par mois. Que deviennent ces personnes ?

Merci à tous ceux qui vont continuer de se rendre proche des pauvres, des anciens, des malades. En priant la Vierge Marie, décuplons notre attention envers eux.

En ce samedi je vous bénis au nom du  Père et du Fils et du Saint Esprit.

Et nous prions l’angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Message 6 de Monseigneur Philippe Christory. Vendredi 20 mars 2020.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

« Aimer à perdre la raison

Aimer à n’en savoir que dire

À n’avoir que toi d’horizon

Et ne connaître de saisons

Que par la douleur du partir

Aimer à perdre la raison » 

N’est-elle pas belle cette chanson de Jean Ferrat qui a marqué notre jeunesse !

Oui mes amis, l’amour est merveilleux. L’amour est un oxygène nécessaire à la Vie. « Sans Amour, Je ne suis rien » (1Co 13)

Que nous dit l’Evangile de ce vendredi ? Ecoutons :

Un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander : « Quel est le premier de tous les commandements ? »

Jésus lui fit cette réponse : « Voici le premier :

Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur.
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force.

Et voici le second :

Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. »

Comme vous êtes comme moi confiné, je vous espère avec des gens que vous aimez. Des gens avec qui il est heureux le matin de se réveiller, de préparer ensemble un petit déjeuner, de regarder le soleil se lever depuis votre fenêtre quand cela est possible. Il est bon de se dire chaque matin « je t’aime ». L’avez-vous dit ce jour ?

Le carême, soit quarante jours de cheminement spirituel vers le triduum pascal, est bien sûr transformé par le confinement à cause du Coronavirus. Cependant il demeure un chemin de conversion qui aboutira à la fête de Pâques c’est-à-dire la fête de la résurrection de Jésus-Christ. Et cette conversion n’a de sens que vers plus l’amour. 

Nous évoquons la Résurrection;  c’est le plus important dogme chrétien. Jésus, fils de Dieu, Verbe divin fait chair par la Vierge Marie, a partagé notre humanité, a vécu trente années de vie cachée à Nazareth, puis trois années de vie publique, faite de prédications et de gestes puissants de guérison, de vie missionnaire avec les douze apôtres, de nombreux disciples hommes et femmes, jusqu’à son arrestation, sa passion et sa mort crucifié tel un maudit. Jésus s’est offert lui-même comme un agneau conduit à l’abattoir sans cri et sans résistance, choisissant l’opprobre et l’humiliation, se refusant à toute forme de violence. Après trois jours au tombeau où son corps reposait dans la mort, il est ressuscité, sorti vivant, puis est apparu durant quarante jours aux disciples, aux femmes, et à plus de 500 personnes, avant son ascension. 

Sa résurrection ouvre la voie pour la nôtre, il nous précède là où il nous a préparé une place, près du Père Eternel. Ne doutons pas de cela comme ceux qui n’ont pas d’Espérance. C’est ce qui fait dire à Saint Paul « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ;et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. » (1Co 15, 17-18)

Nous sommes dans la foi assurés de sa résurrection. Nous mettons toute notre vie en jeu dans cette Espérance que nous sommes attendus dans l’au-delà de la mort du corps. Car l’Amour de Dieu ne peut pas nous faire disparaître dans le néant, au contraire il désire nous ramener dans l’Amour véritable. L’amour a vaincu la mort et c’est pour cela que nous chantons l’Amour. 

Cela est merveilleux, mais j’ai conscience que le confinement dans un même lieu, parfois petit, avec les enfants qui aspirent à sortir et à courir, peut être très difficile. Je pense aux familles qui ont accueilli un enfant avec un handicap ou une personne adulte qui elle-même est dépendante. Habituellement ces familles s’appuient sur des structures d’accueil où des personnes compétentes prennent en charge avec délicatesse nos frères et sœurs diminués. Maintenant 24 heures sur 24, vous assumez la présence de l’autre, vous prenez en charge les tâches les plus simples du quotidien comme la nourriture et la toilette. J’aimerais vous dire mon admiration, vous encourager à trouver le courage dans la prière chaque jour pour recevoir force et amour, pour donner le meilleur de vous-mêmes. Et quand vous constaterez vos limites, ne désespérez pas. Levez encore les yeux vers le Seigneur. Prenez en main Marie et dites lui de vous accompagner.

Bravo à ces familles où l’on prend soin les uns des autres, bravo à ceux qui ont décidé demeurer avec des parents âgés pour s’en occuper. Tout acte d’amour élève notre humanité. Il faut multiplier les occasions d’aimer, de tout son cœur et de toute sa force. 

En ce vendredi de carême, jour de jeûne afin d’être plus disponible pour Dieu, prenons le temps d’ouvrir la Bible. J’aimerais vous suggérer de lire un des petits livres de l’Ancien Testament souvent moins connus, mais très savoureux et inspirants de par la foi et le courage des protagonistes. Je vous suggère soit les livres de Ruth, d’Esther, ou encore le libre de Judith. Ce sont des femmes qui en sont les héroïnes. A méditer lentement et en profondeur. 

J’ajoute une bonne nouvelle : vous pouvez prier en direct , grâce à SOS Prière, avec un frère ou une soeur qui accueillera votre appel téléphonique en tout anonymat. 

Comment est-ce possible ? Jour et nuit au 0 972 302 999. 

Je vous bénis pour votre journée au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Prions maintenant l’Angélus : 

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

V. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen. 

Message 5 de Monseigneur Christory, jeudi 19 mars 2020, Solennité de saint Joseph

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Au cœur du carême, quelques moments existent pour nous réjouir de manière singulière et ce jour en est un. Nous entrons dans le mystère de la Sainte Famille et le dévoilement de la personne de Joseph, l’époux de Marie, le Fils de David.

Quand on pense à lui, on se rappelle qu’il est le papa de Jésus. Même si la culture a bien changé, c’est une bonne occasion de remercier tous les papas pour leur rôle singulier, unique et si nécessaire auprès de leurs enfants, à côté de la maman. Bravo à tous les papas qui, confinés à la maison, retrouve le temps d’accompagner leurs enfants pour le travail scolaire, des jeux de société, des histoires qu’on se raconte, de bons fous rires, des gâteaux cuisinés ensemble, etc.

A l’évêché aussi nous travaillons mais aussi nous nous divertissons. Oui, enfin, c’est fait, avec Franck, hier nous avons semé des radis. L’intérêt des radis, c’est qu’ils sont sensés pousser en 18 jours ! Alors qu’il va falloir attendre l’été pour les courgettes. En temps de pénurie, cela fait long. Maintenant il nous faudrait des graines de laitues, mais nous n’en avons pas ! Ici à l’évêché la vie spirituelle est dans le concret, car l’Amour passe dans les petites choses du quotidien.

Revenons à notre fête : Saint Joseph était promis en mariage à la Vierge Marie. Joseph, c’est un peu l’homme du silence, le juste. Il est vrai que les évangiles ne rapportent aucune de ses paroles. Qu’a-t-il dit à Bethléem ? Comment a-t-il exprimé son bonheur d’être père ? Aux bergers qui arrivaient à la crèche, il devait demander un peu de calme et leur dire : « ô c’est tout le portrait de sa mère ! ». Effectivement, pour Jésus, lui ressembler, ce n’était pas possible. Mais ensuite, pour cet enfant devenu un jeune garçon, combien l’exemple de Joseph a dû l’aider pour grandir, pour apprendre les coutumes de son peuple, pour connaitre le métier de charpentier, même pour prier les prières juives afin de parler à Dieu son Père dans les mots de son peuple. C’est un aspect du Mystère de l’Incarnation qui est si émouvant : Jésus a reçu de Marie l’humanité, pour la vivre bien réellement, dans l’intimité d’un couple, au sein d’une maison où la pauvreté ne faisait pas obstacle au bonheur, où l’accueil et l’entraide n’étaient pas des mots inconsistants. Joseph fut fidèle à sa vocation unique donnée par l’Ange Gabriel :

« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » (Mt 1,20-21)

Toute sa vie serait dorénavant tournée vers la Vierge et son Fils, qu’il emmène en Egypte pour les soutirer à la violence des sbires d’Hérode, qu’il ramène à Nazareth pour une vie sobre dans la lumière de Dieu au milieu des païens grecs et romains, qu’il accompagne à Jérusalem pour les grands pèlerinages et les fêtes juives, notamment lorsque Jésus à l’âge de 12 ans restera au Temple pour parler aux savants.

Ensuite qu’es-tu devenu Joseph ? Pourquoi as-tu disparu de la vie de Marie et de Jésus tôt ? Es-tu mort d’une maladie ? Beaucoup ont imaginé que tu épousas Marie à un âge avancé pour expliquer ta disparition précoce. Mais comment penser ainsi ? Pourquoi toi et Marie n’auriez-vous pas été un beau et jeune couple amoureux ? Marie devait-elle épouser un « vieux » ? Joseph, je préfère t’imaginer tel un jeune homme plein de feu, délicat et pourtant fort, aimant le dur travail du bois, bâtissant des maisons où les hommes et les femmes trouveraient un havre de paix pour eux et leurs enfants.

Joseph, certes les artistes t’ont souvent réalisé en peinture ou disposé sur leurs vitraux – note que tu dois bien t’amuser au Ciel en visitant nos églises et nos musées pour voir comment chacun t’a imaginé – mais l’important est que tu sois avec nous et nous aimons te prier pour nos recherches de logements, nos travaux et nos familles, car avec Marie vous êtes devenus la « Sainte Famille ». Dans notre culture postmoderne, traversée par des conceptions anthropologiques sans fondement, où la biologie est souvent manipulatrice, quand la vie devient un bien de consommation, comment ne pas aimer voir dans votre couple le projet de Dieu qui créa l’être humain homme et femme à son image pour leur communiquer sa Vie, et offrir la joie d’enfanter l’enfant ? Cette fête, ta fête ô Saint Joseph, est une joie merveilleuse.

Aussi chers amis, je vous propose la belle prière suivante :

“Ô glorieux Saint Joseph, chef de la Sainte Famille de Nazareth, si zélé à pourvoir à tous ses besoins, 

Étends sur nos familles, nos proches et nos communautés ta tendre sollicitude, 

Prends sous ta conduite toutes les affaires spirituelles et temporelles qui les concernent, 

Et fais que leur issue soit pour la gloire de Dieu et le salut de nos âmes. Amen.”

Pour conclure, j’aimerais adresser un remerciement spécial. Saint Joseph travailleur nous donne une belle occasion de prier et de remercier ceux que l’on nomme les « travailleurs sociaux ». Ils œuvrent dans divers cadres, moins en vue que d’autres spécialités, souvent peu rémunérés, mais tellement nécessaires pour le bien des ceux qui sont plus dépendants. Merci à vous les travailleurs sociaux en ces jours de grave crise sanitaire. Vous êtes en nos cœurs et Saint Joseph, le saint de la discrétion, doit beaucoup vous aimer. Merci d’exister !

En cette belle journée, emplie de soleil presque de printemps, je vous bénis au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Mgr Philippe Christory

Je vous invite à prier maintenant l’angélus

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.Prions

:

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen

Message 4 de Monseigneur Philippe Christory, mercredi 18 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Levons-nous et vivons ! Je vous propose de commencer la journée par des chants de louange. Sur Youtube vous aurez tous les best-off. Et chaque jour, sur Radiograndciel, par les ondes ou sur le web, à 8h20, la messe est retransmise en audio depuis la cathédrale de Chartres, avec une homélie. Accédez par leur site Internet Radiograndciel. J’en profite pour remercier toute l’équipe de la radio et les bénévoles qui continuent à produire des émissions. Vous aurez aussi le chapelet à 15h30 et des podcasts (ce sont des enregistrements disponibles librement à l’écoute) pour vous enrichir au fil du temps.

Nous y sommes à ce confinement. Certains sont très seuls. Osons une première étape : pourrions-nous dans chaque paroisse nous charger des personnes âgées et isolées ? Les équipes pastorales paroissiales peuvent-elles constituer des listes de toutes ces personnes, répartir les noms entre paroissiens afin que ces derniers appellent matin et soir ces proches isolés ? Ne laissons aucune personne sans nouvelles, enfermée dans la solitude. Voici une beau projet de carême !

Pour être plus détendu, j’ai glané quelques propositions heureuses d’activités : par exemple vider toute la garde-robe et trier, faire des concours de grimaces, redécouvrir la belote ou le scrabble, rire sans modération, faire des vidéos sketch, allumer une bougie à la fenêtre par solidarité avec les soignants, prendre un apéro avec un ami par FaceTime, etc… Envoyez nous vos propres créations pour que nous les partagions sur la bourse aux initiatives. Je vous encourage à consulter notre site Internet, notamment le page des news et des initiatives qui sera mise à jour à 14h30 chaque jour.

A l’évêché, nous voici comme vous confinés. Plus pour moi qui était en Italie la semaine passée. Rome était totalement vide, mais les transports en avion et en train entre Paris et Chartres pouvaient donner lieu à quelques rapprochements surtout quand je fus contrôlé dans le train et que je dus retrouver ma carte de réduction Sénior, celle que l’on ne sait jamais où on l’a mise. A croire que je ne fais pas Senior car la dame faisant bien son job ne voulait pas quitter le poste sans la contempler de visu. J’espère ne pas l’avoir contaminée car elle n’avait pas de masque, et réciproquement ! En réalité j’espère ne pas avoir du tout ce minuscule virus qui bouleverse notre planète. C’est réellement sérieux au fond la vie, surtout quand nos habitudes sont bouleversées. Oui la Vie est belle, raison de plus pour la savourer, même confinés.

Méditons la Parole. Ce mercredi 17 mars, l’Evangile parle de la Loi. Ces jours-ci, elle ne nous fait pas rire la loi ! Elle nous contraint au confinement et bientôt à payer de lourdes amendes si nous ne savons pas justifier pourquoi nous sommes dehors. Personnellement j’ai décidé de faire un tour à pied énergique, le temps d’un chapelet, très tôt chaque matin pour ne voir personne. C’est mon sport, soit la cinquième case sur l’attestation. Peut-être devrai-je mettre mon gilet fluorescent de vélo pour faire plus sportif ? A mon âge, je dois pouvoir faire du sport sans courir, n’est-ce-pas ?

Mais la loi dont parle le Christ, c’est celle que l’Esprit grave dorénavant en notre cœur. Certes l’ancienne loi n’est pas abolie par Jésus mais la Charité ressaisit tout en deux commandements : « Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mc 12,29-31). Aussi le livre du Deutéronome demande de méditer : « mes décrets et mes ordonnances seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples…. Mais prends garde à toi : garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu; ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils » (Dt 4, 5-9).

Ici, en ce carême, se trouve donc un bel encouragement à méditer avec la Bible et surtout l’Evangile qui déroule la vie et les paroles de Jésus. L’Ecriture est une nourriture pour l’âme et pour l’intelligence. Elle communique la Sagesse. Et on reçoit ici une forte invitation à enseigner nos enfants. Oui, c’est bien la mission des parents d’enseigner les belles histoires de la vie de Jésus. On pourra le faire avec de belles vidéos comme celles que crée chaque jour Benoît et que vous trouverez sur notre site et sur la chaîne « Pastorale Sainte Marie Chartres » sur Youtube. On pourra faire des mimes de ces récits à la maison. Les enfants aiment raconter des histoires, ils aiment être conteur à condition que nous les écoutions tout ouïs et tout ébahis. En ce jour, puissiez vous partager la joie avec ces moments spirituels.

Je vous bénis bien volontiers au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.Et nous nous confions à la prière de la  Vierge Marie, avec l’angelus :

V. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.Je vous salue Marie, ….

V. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.Je vous salue Marie…

V.Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.Je vous salue Marie…

V. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.Message de Monseigneur Philippe Christory. mardi 17 mars.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Une vie nouvelle s’installe. Elle va être difficile et longue. Comment faire face aux nombres de malades ? Comment s’occuper de plusieurs enfants à faire étudier, tout en faisant du télétravail ? Comment demeurer entre quatre murs quand il n’y a pas d’espace ? Que vont devenir ceux et celles dont la vie était déjà précaire, et je pense aux personnes accueillies par « Hiver Solidaire » dans les paroisses ?

Cependant, avec Espérance, nous choisissons une « vraie vie ». Nous organiserons des moments de qualité, au cœur desquels nous prendrons rendez-vous avec le Seigneur. Avez-vous pu commencer cela ?

Les messages de l’État ne mentionnent pas Dieu. Or nous savons que c’est lui qui agit. Le grand chirurgien Ambroise Paré (XVIème siècle) disait « J’opère, et Dieu guérit ». Croyant, c’est avec les armes spirituelles que nous voulons lutter.

« Nous sommes en guerre » a répété six fois notre président de la République. Certes, ce virus est un ennemi pour la santé. Mais est-ce contre lui que nous faisons la guerre ? D’ailleurs, nous-mêmes, avec quelles armes pouvons-nous nous battre contre le virus ? L’arme directe serait un bon vaccin, mais là il nous faut attendre en acceptant pleinement les mesures de confinement. S’il y a guerre, c’est contre le mal, contre le refus d’aimer, contre l’absence de compassion et de solidarité, contre l’indifférence et contre tous les égoïsmes.

L’apôtre Saint Paul parle de l’ennemi. Dans l’épitre aux Éphésiens, chapitre 6, 10-13, il dit de ce combat :

« Enfin, puisez votre énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force.

Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable.

Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. »

Ainsi nous avons un équipement de combat à revêtir. En ce mardi 17 mars, les textes bibliques de la messe nous présentent une puissante arme. Ils parlent du pardon. Le pardon est un don au delà de l’offense subie. C’est un acte d’Amour dont l’origine est en Dieu. Quand des hommes apportent à Jésus un homme grabataire, voici ce qui se passe :

Luc 5, 20-21

Voyant leur foi, il dit : « Homme, tes péchés te sont pardonnés. »

Les scribes et les pharisiens se mirent à raisonner : « Qui est-il celui-là ? Il dit des blasphèmes ! Qui donc peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul ?

Ce pardon est dorénavant donné à l’Église et par l’Église. Jésus dit aux apôtres (Jn 20,23) : « À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ».

A Pierre qui le questionne, Jésus ouvre un nouveau chemin d’amour (Mt 18, 21-22) :

« Alors Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, lorsque mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? »

Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. »

Le pardon est devenu l’arme de la Victoire. rLes chercheurs et les médecins cherchent une arme contre le virus. C’est important. Nous, nous sommes engagés pour la victoire de l’Amour véritable en usant du pardon. Ce mardi, demandons nous « Ô Esprit Saint, à qui dois-je demander pardon ? » et encore « A qui puis-je donner mon pardon ? ».

Maintenant, je vous bénis tous, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Prions encore la Vierge Marie avec l’angélus, cette belle prière qui nous fait méditer l’Incarnation par le Oui de Marie.

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Chers amis et diocésains d’Eure et Loir,

Notre chemin de carême s’approfondit en cette troisième semaine mais les rumeurs d’un confinement total amplifient l’inquiétude. Or, nous sommes attachés à Jésus-Christ. En notre Cathédrale Notre-Dame, comme hier dimanche, l’adoration eucharistique continue toute la journée de ce lundi et à chaque heure un chapelet est récité. C’est une joie toute intérieure de prier dans le calme et de faire confiance à notre Mère du Ciel, elle qui a dit pleinement oui à l’appel de Dieu. C’est un peu le doux climat silencieux de Bethléem qui enveloppe notre cathédrale, lorsque Marie et Joseph contemplaient leur enfant nouveau-né dormant et qu’ils priaient les psaumes pour remercier le Seigneur. Alors, la Vierge Marie ne reprenait-elle en son cœur pas son Magnificat ?

« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur,

Car il s’est penché sur son humble servante. »

Puisons de son exemple une énergie toute spirituelle pour nous unir à Dieu en ce lundi.

Si nous sommes à la maison, nous allons devoir nous organiser. Tout d’abord les parents avec vos enfants. L’école nouvelle formule se met en place en ce lundi. Les professeurs (que je suggère de remercier par un petit message) donneront la marche à suivre.

Pourquoi ne pas envisager un programme bien établi pour chaque journée ? Il y aura bien entendu les repas, les rangements, la détente (bienheureux ceux qui ont un jardin !) et les jeux de société (Que de bonheur autour du bon vieux Monopoly !), mais aussi fixons des temps de prière en famille voire avec des amis, via Internet, pour ceux et celles qui vivent seuls. Planifions des rendez-vous, pour un office de la liturgie des heures, pour un chapelet, pour lire l’Évangile.

En ce jour, les textes de la messe nous donnent de découvrir Naaman, officier du roi de Syrie, lépreux, visitant le prophète Élisée qui lui propose de se plonger sept fois dans le Jourdain pour être guéri. Dans un premier réflexe, l’orgueilleux Naaman trouve le remède bien médiocre, mais bien conseillé il accepte de faire ce geste simple et humble et il sera guéri de sa lèpre.

Le Seigneur ne nous demande pas de faire des exploits. Sa présence à nos côtés est le signe qu’il s’intéresse à notre quotidien et c’est là qu’il nous bénit. Que chaque activité toute simple, que nous ferons ce jour, soit vécue en sa présence, dans la conscience qu’il veille sur nous et nos proches. Bénissons le pour le repas, les échanges, les tâches à accomplir et tout le reste. Bonne journée de carême.

Je vous bénis maintenant, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Prions ensemble maintenant l’angélus.

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.

R/ Amen.

Une « Pastorale de la Prière » et une « Pastorale de la Charité » pour recevoir les événements comme une chance d’aimer davantage !

Le coronavirus a bouleversé le monde. Pourquoi ne pas y voir une belle opportunité de vivre différemment notre foi ? D’entrer avec joie dans le mystérieux plan de Dieu, qui nous accompagnera ces prochaines semaines ? Jésus n’a-t-il pas dit qu’Il était avec nous tous les jours ?

Seul l’Amour donnera du sens à ce que nous traverserons. Cet Amour les uns pour les autres nous impose des gestes-barrières, des mesures d’hygiène et de confinement, nous demande de changer nos habitudes ecclésiales. Pour le bien des personnes plus vulnérables, nous le ferons de tout cœur.

Aussi nous ne sommes pas abattus même si beaucoup d’activités sont suspendues.

Dans nos paroisses, nous allons passer à une pastorale de la prière, faire halte à l’église pour notre prière personnelle, une lectio divina à partir de l’Évangile, un chapelet ou encore un temps d’adoration eucharistique. Chaque équipe pastorale est invitée à une vraie créativité. Chaque communauté peut s’unir même à distance pour faire monter vers Dieu sa louange. J’encourage les familles à découvrir le chapelet à la maison si possible chaque jour. C’est facile et c’est une belle prière envers la Vierge Marie. Nous avons une mission d’intercession pour notre société et pour toutes les personnes malades.

Nous pouvons encore développer une pastorale de la charité. Par exemple appeler au téléphone nos proches plus âgés, apporter la communion à domicile, multiplier les petits actes qui exprimeront notre amour pour ceux et celles qui vivent autour de nous, certains étant très isolés. Les enfants aidés de leurs parents continueront leurs parcours de catéchisme. Par les paroisses, ils recevront des propositions chaque semaine. Nous pourrons aussi écrire de belles lettres, faire des dessins ou des vidéos que nos anciens retenus en maison de retraite recevront avec tellement de bonheur. Je souhaite que notre communication soit emplie de mots d’amour notamment sur les réseaux sociaux.

Je suis persuadé que vous trouverez des initiatives tout à fait originales pour déployer la vie d’Église avec une nouvelle vitalité. L’Esprit Saint saura nous inspirer. Soyons d’autant plus attentifs aux autres un peu comme quand on donne son bonjour ou que l’on fait le signe de la paix à la messe sans pour autant se toucher les mains. Bon chemin vers Pâques.

Monseigneur Philippe Christory

Message de notre évêque Monseigneur Christory

Chers frères et sœurs catholiques,

Notre Église a vocation à être une famille priante et proche de tous, particulièrement envers les personnes les plus fragiles. L’épisode sanitaire difficile pour notre pays, mais aussi de par le monde, nous oblige à une attitude de grande vigilance. Celle-ci ne doit pas nous éloigner les uns des autres, et je pense spécialement à nos aînés, souvent isolés, qui risquent de l’être encore plus durant les prochaines semaines.

Avant de vous donner quelques nouvelles, je tiens à remercier ceux et celles qui prennent soin des autres : aides-soignants, infirmières, médecins, etc. Vous êtes à notre service et votre charge va s’accroître. Nous prions pour vous. Vous êtes dans nos cœurs et vous remercions pour votre générosité.

Avec la fermeture des écoles, je pense aux familles et aux parents qui vont garder les enfants à la maison, ce qui va totalement bousculer la vie, le travail, tout en faisant la classe en famille. Je prie particulièrement pour vous tous.

Nous avons suivi depuis quelques semaines les recommandations de l’Etat français, notamment pour les « gestes – barrières » afin de ne pas risquer de propager le virus. Parfois cela a pu nous apparaître comme superflu, mais nous devons tous comprendre que si les plus jeunes ne risquent pas leur vie semble-t-il, nous pouvons être un maillon de la chaîne de transmission qui atteindra ultimement une personne fragile incapable de faire face à la maladie et qui pourra en mourir.

Cette considération doit nous faire vivre une plus grande solidarité, dans l’oubli de nous-mêmes et de nos habitudes ecclésiales.

Ce soir, le gouvernement a pris des mesures plus fermes, demandant que soient fermés les lieux publics comme les bars et les restaurants. Les lieux de culte pourront être ouverts pour accueillir les fidèles qui viendront y prier. Mais il n’y a plus de messes jusqu’à nouvel ordre. Nous allons réfléchir et prendre conseil pour les funérailles, les célébrations de Pâques tout particulièrement. Tout cela est très douloureux pour nous catholiques qui attendons ce moment dominical avec ferveur. Ne pas avoir de messe nous oblige à un jeûne imprévu que nous pourrons transformer en acte d’offrande pour la guérison des malades et la lutte contre cette pandémie.

Chacun pourra suivre la Sainte Messe grâce à France 2 – Le Jour du Seigneur – ou des chaînes sur le Net qui vont la transmettre.

Également, chacun pourra aussi écouter la messe du France Culture ou encore le chapelet de Lourdes sur Radio Grand Ciel ou Radio Notre Dame.

Dans les églises, les fidèles se tiendront éloignés les uns des autres, physiquement mais bien entendu, pourront intensifier la prière les uns pour les autres. Ils pourront le faire unis aux catéchumènes pour qui nous prions très spécialement en ce carême. La grâce de Dieu ne manque pas car Il se donne à nous par bien des voies.

Pour les enfants, les écoles étant fermées, par cohérence les réunions de catéchisme sont suspendues. Mais les équipes, que je remercie pour leur zèle, transmettront par les moyens adaptés, des contenus pour les aider à prier à la maison, à lire la Bible, à étudier les parcours. Les parents seront encouragés à être catéchistes à la maison.

Les enfants risquent peu face à cette maladie mais peuvent la transmettre facilement même sans symptômes. Les réunions scoutes sont suspendues. Nous proposons à tous les responsables d’activités catholiques destinées aux enfants et adolescents de bien se préparer à la reprise quand celle-ci sera possible.

Surtout la vie sociale doit continuer. Même si le gouvernement demande de supprimer toutes les rencontres non indispensables. A tous, pasteurs comme fidèles, il est demandé un surcroît de charité : appels téléphoniques, visites à domicile pour porter la communion, soutien mutuel aux familles pour les enfants à garder, messages par courrier, etc.

Dans nos églises, nous pouvons bien entendu nous rassembler pour prier. On ouvrira les églises le plus possible. Il est probable que des personnes non chrétiennes souhaitent y faire halte pour trouver un peu de paix.

  • Pourquoi ne pas proposer dans chaque paroisse des temps hebdomadaires d’adoration eucharistique pour demander à Dieu son aide face à cette pandémie ?*
  • Ou encore le chapelet dans nos églises à une heure fixe pour que tous puissent passer de temps en temps s’y joindre ? (Tout en gardant les règles requises d’hygiène).*
  • Puisque des activités sont suspendues, cela pourra nous offrir du temps pour ces moments de prière. En plus, nous reprendrons le jeûne comme Jésus-Christ le demande. *

Nous chrétiens sommes invités à chanter chaque jour « un chant nouveau ». Nous le faisons pour l’Eglise et pour le monde. Gardons la foi. Demeurons dans la joie du Salut. Cet événement appelle notre société si fière de sa science et de son pouvoir à plus d’humilité. Suscitons au nom de Jésus plus de lien, d’amour, d’entraide, de bienveillance.

Vivons nous-mêmes dans la gratitude en sachant recevoir la vie au quotidien comme un don de Dieu. Je prie avec vous et vous recommande notre diocèse qui continue sa mission d’annoncer le Royaume de Dieu.

A Chartres, samedi 14 mars – 21h00

Monseigneur Philippe Christory

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.