#327 « Notre pape François est parti vers le Père ! »

Quelle surprise alors que j’achevais de rédiger le message de la semaine que d’apprendre le décès du saint Père François ! Il a célébré la Résurrection, il a suivi les offices du triduum, il a offert un message fort implorant la paix pour Gaza et l’Ukraine, il a salué et béni les pèlerins place Saint-Pierre. Et ce matin, il a pris le large pour rejoindre son Seigneur qu’il a servi jusqu’au bout de ses forces physiques. J’aurais envie de dire « Chapeau bas, l’ami ! » devant son zèle mais peut-être est-ce un peu familier, quoique entre évêques, donc frères dans l’épiscopat, on peut s’autoriser cela. En 2020, lors de la visite ad limina des évêques français, je l’avais invité à Chartres en vue d’une rencontre œcuménique avec nos frères orthodoxes autour de la relique du voile de la Vierge Marie. En janvier 2025, avec ceux et celles qui préparent le projet chartrain des écoles de vie(s), nous étions reçus par lui visiblement intéressé par la dimension intergénérationnelle. 

En faisant mémoire de tous ses textes, encycliques et exhortations apostoliques, de ses homélies, comment ne pas être touché par ses paroles fortes appelant l’Église à la conversion vers plus de simplicité évangélique en ayant soin particulièrement des pauvres et des personnes « aux périphéries » pour reprendre son expression. Il demandait que tombent les murs et les frontières afin que nos cœurs soient ouverts aux marges du monde, il voulait que nous ouvrions les portes de nos églises afin que le Christ puisse sortir et aller à la rencontre des gens. Il aimait le contact direct et cela l’inspirait. Surtout il désirait que les gens découvrent la joie de l’évangile par attraction, grâce au témoignage de l’amour offert gratuitement. Assurément nous prions pour lui et pour son successeur à qui il sera demandé beaucoup de courage pour tenir le gouvernail de la barque. 

Quelques mots maintenant sur ce temps festif de la résurrection et de Pâques. Du carême, nous gardons le souvenir de la venue imprévue de tant d’adolescents et d’adultes lors des célébrations. Oui, ce fut une joie et un étonnement relayés par les médias ! Nous avons cheminé avec persévérance à l’écoute de la Parole, nous laissant inspirer quand il s’agit d’aimer et de servir. Nous avons conscience que chaque bonne action faite d’amour construit des relations de bienveillance pour une société meilleure. Jésus-Christ inspire nos pensées vers ce but. La semaine sainte est le point d’orgue de l’année liturgique, quand nous accompagnons Jésus dans sa passion, sa souffrance et sa mort, jusqu’en sa résurrection qu’opère Dieu le Père et qui bouleverse les apôtres et les femmes qui l’ont vu mort, assassiné et enterré. 

Cette semaine, nous entrons dans le temps pascal, temps liturgique fait de joie et d’exaltation alors que nous proclamons que Jésus est réellement ressuscité. Nous aimerions le dire largement autour de nous. Dans les Actes des apôtres, nous découvrons Pierre osant prêcher à une grande foule à Jérusalem et sa parole convertit plus de trois mille hommes. Faut-il avoir une telle ambition ? Nous espérons et nous croyons qu’il est possible d’annoncer cette nouvelle autour de nous. Pour être témoin, entendons saint Paul qui affirme que comme Jésus est ressuscité, nous aussi nous ressusciterons d’une résurrection qui ressemblera à la sienne. Cela peut-il nous stimuler pour une vie authentique, moins attachée aux compensations matérielles et affectives, mais fermement ancrée en l’espérance qu’éprouve celui qui croit en Dieu ? Choisir de suivre le Christ est un témoignage et nous garde des vaines séductions du monde.

Depuis lundi, nous célébrons ce qui est appelé l’octave de Pâques soit huit jours pour vivre la résurrection. La résurrection inaugure un monde nouveau quand les contemporains des apôtres découvriront, grâce au zèle des disciples, l’existence de l’homme Jésus qui se révèle être Dieu fait chair, le Verbe divin descendu de sa condition divine pour partager notre vie humaine. Comme il l’avait annoncé, ses apôtres font des miracles extraordinaires, comme la guérison de cet homme grabataire à la Belle Porte du Temple de Jérusalem. C’est une renaissance pour la jeune Église instituée par Jésus. Le disciple saint Luc, qui est médecin, collecte toutes les informations et les récits sur la vie de Jésus pour écrire son évangile puis le livre des actes des apôtres qui relate la diffusion de l’évangile dans le bassin méditerranéen. En effet, depuis la lapidation d’Étienne, un des sept diacres choisis pour le service des tables et des veuves, les persécutions se font plus rudes et il faut partir loin pour y échapper. L’Esprit Saint guide les disciples vers de nouvelles terres, comme saint Paul le dira plus tard, et là ils vont vers les juifs qui sont leurs frères en religion pour leur annoncer que Jésus est le Messie attendu. Ils s’adressent aussi aux païens grecs qui, même s’ils n’ont pas la culture biblique des hébreux, s’ouvrent à la prédication inattendue du kérygme  : Jésus-Christ est Seigneur, il est mort crucifié et il est ressuscité d’entre les morts, afin de nous sauver de la mort due au péché. Ces mots sont perçus comme folie mais ils touchent certaines personnes qui attendaient un tel avènement, comme une femme nommée Damaris et Denis l’Aéropagite à Athènes, Priscille et Aquila un couple qui servira sans faillir Paul, Marc qui écrira lui aussi un évangile. 

Cet octave pascal nous conduit au dimanche de la Miséricorde. Cette fête fut instaurée par saint Jean-Paul II qui, à l’écoute des révélations de Jésus rassemblées par sainte Faustine Kowalska dans son Petit journal, comprit combien notre société a besoin de connaître l’amour infini de Dieu qui se penche sur l’humanité souffrante et affligée par tant de péchés. Rappelons que sainte Faustine vit entre les deux guerres mondiales et que saint Jean-Paul II a successivement vécu sous le joug du nazisme puis du communisme. Auschwitz est très proche de la ville de Cracovie où il fut évêque. Il connaissait la souffrance de ceux qui luttent pour la liberté de pensée et de religion, souvent arrêtés et mis à mort. Dieu est miséricorde, il en est de sa nature divine. Aussi désire-t-il que nous nous laissions atteindre par la miséricorde afin de nous libérer des peines consécutives à nos péchés et au mal fait par les hommes au pouvoir. En Eure & Loir, à Gallardon, une église a été dédiée à la Miséricorde en vue de l’accueil des pèlerins, souvent en marche entre les Yvelines et Chartres. De précieuses reliques des saints y sont exposées à la vénération des fidèles. Elles disent combien ces saints laissent un message précieux et encourageant. Elles nous signifient l’invitation de Dieu à prendre à notre tour part à la chaîne ininterrompue de sainteté au sein de l’Église catholique depuis la venue du Sauveur. Ces saints et ces saintes sont les personnages les plus précieux de l’humanité puisque leur vie est consacrée à faire connaître la Parole de vie et de salut en la mettant en pratique par les soins apportés aux malades, dans l’éducation des enfants, l’accompagnement des anciens, la présence auprès des personnes en situation de handicap. Dimanche 27 avril, à Gallardon, une journée spéciale offrira un accueil aux fidèles désireux de recevoir d’abondantes grâces de miséricorde pour eux et pour les hommes de bonne volonté qui œuvrent au bien en ces temps difficiles. 

L’actualité de la mort du Pape François bouleverse notre vie ecclésiale. Dès lundi dernier, les médias du monde entier se sont fait l’écho de la personnalité du pape défunt. Quel homme toucherait autant les gens de tous pays et de toutes cultures ? Prions pour le Pape François avec un cœur joyeux car le Christ est ressuscité et il demeure avec nous. Son départ cause une profonde émotion, mais je vous partage que la tristesse n’a pas sa place car il fut un tel serviteur du Christ qu’il est raisonnable de penser que le Seigneur l’appelle à lui pour l’éternité bienheureuse. Prions aussi pour nos frères et sœurs souffrants : que Dieu se manifeste à eux de manière particulière pour leur révéler son infinie miséricorde. Notre-Père.

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Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.