#325 « Pourquoi la fête des rameaux est-elle tellement appréciée ? »

En montant résolument vers Jérusalem, Jésus monte vers son Père. C’était dans le temple qu’à l’âge de douze ans il avait dit à sa mère Marie et à son père Joseph : « Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Lc 2, 49). Pour tout juif, le temple de Jérusalem est réellement la demeure de Dieu parmi les hommes et le saint des saints en est l’espace le plus sacré. Pourtant ce temple est un lieu fragile, Jésus n’a-t-il pas affirmé qu’il n’en resterait pas pierre sur pierre ? Pour Jésus, monter à Jérusalem, n’est-ce pas tomber dans le piège que les pharisiens et les docteurs de la loi lui ont tendu en ordonnant que quiconque le verrait devrait le dénoncer ? Jésus connaît le destin qu’il subira très bientôt. Mais sa détermination est sans faille, « Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Plusieurs fois durant sa vie publique, il vint au temple où il enseignait, comme le confirme saint Jean (Jn 8,2). En ce lieu, on lui avait amené une femme prise en flagrant délit d’adultère pour voir ce qu’il dirait, alors que la loi de Moïse condamnait ces femmes à la lapidation. Écrivant sur le sol avec son doigt, il avait relevé la tête pour dire que celui qui n’a jamais péché pouvait jeter la première pierre. Et tous, en commençant par les vieux jusqu’aux plus jeunes, étaient partis laissant la femme seule devant Jésus. Alors celui-ci lui dit simplement « moi non plus, je ne condamne pas, va et désormais ne pèche plus ». Il l’a libérée d’une mort infâme en l’invitant à la conversion. Dans le temple, il avait publiquement été pris de colère en chassant les vendeurs et les changeurs qui faisaient de la maison de son Père une maison de trafic. Ce temple devait être une maison de prière et de culte à la gloire de Dieu et non pas un marché ouvert à tous les commerces.

Alors que la fête annuelle de la Pâques approche, Jésus monte à Jérusalem. Certains le suivent : ceux qui le connaissent et qui l’aiment, ceux qui ont vu en lui un homme juste et bon, ceux qui ont reconnu en lui le Messie attendu, ceux qui ont reçu de lui tant de bienfaits et des guérisons pour leurs proches malades. Ce jour dit des rameaux, Jésus envoie ses apôtres en avant préparer le repas pascal. On approche un ânon, il monte dessus, et avance sous les vivats de la foule des gentils et des pauvres qui mettent sur le sol leur manteau, parfois simple harde, qui agitent des branches et des rameaux cueillis sur les arbres, qui l’acclament par ces mots « hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! ». Sa présence les rend heureux et lui aussi est heureux de revoir des visages rencontrés sur les routes de Galilée et de Judée. Certes leur désir est de le voir chasser les romains qui occupent le pays par la puissance des légions, et d’être rassasiés de nourriture car leur vie est bien difficile. Ont-ils compris qu’il prépare un royaume qui n’est pas de ce monde ? Ont-ils entendu qu’il vient les délivrer du péché pour leur ouvrir la voie de la vie éternelle ? Savent-ils que leur admiration sera tournée en dérision par les pharisiens qui sauront manipuler et contraindre la foule en vue de causer sa mort ? À cet instant, la joie est à son comble, et Jésus, bien conscient du sort funeste qui l’attend, sait profiter de cette harmonieuse communion des cœurs. Il leur offre en retour son sourire et ses gestes de remerciement, se rendant paisiblement vers la salle haute où il s’offrira pour la première fois en consacrant le pain azyme de la Pâque et le vin de l’alliance en son corps et en son sang, demandant aux apôtres de renouveler ce geste en mémorial pour la Gloire de Dieu et le salut du monde. Aujourd’hui, les rameaux bénis que chacun ramène chez soi pour les attacher aux crucifix rappellent à la fois la joie et la déréliction qui se vit lors de la passion commencée le soir même par l’agonie de Jésus au jardin de Gethsémani. Comment nous unir à lui, à sa personne et à son offrande pour la délivrance de la mort de tous les humains ? Comment comprendre jusqu’où il nous a aimés ? En vivant le chemin de croix chaque vendredi de carême, nous approfondissons notre compréhension de sa venue et de son abaissement, nous nous reconnaissons pécheurs et rachetés par son sacrifice. En passant avec lui par la mort, nous accédons à sa résurrection et nous entrons dans une vie nouvelle.

Ainsi, cette fête des rameaux nous fait vivre simultanément la joie évangélique et la peine de la passion. De manière analogique, notre vie chrétienne demeure en tension entre l’expérience heureuse de la foi en Jésus-Christ, et le poids imposé par l’esprit du monde au sein de la société civile. Accueillant l’évangile du salut, nous apprenons à servir, à œuvrer en vue du bien commun, à aimer toute personne indépendamment de sa culture et de ses croyances. Pourtant certains combattent la foi que l’Église essaie de vivre et d’annoncer au nom d’une laïcité dévoyée par l’athéisme. La laïcité est un outil politique pour garantir à tout citoyen sa liberté religieuse dans l’espace public. Curieusement, plus l’expression du fait religieux est bannie de l’espace public, plus le peuple s’y intéresse ouvertement et pose des questions aux croyants. Notre culture de l’entraide et du partage a été façonnée par le christianisme qui promeut la charité envers chaque personne, soutenue par l’option préférentielle pour les pauvres, fondement de la doctrine sociale de l’Église. Heureusement, dans de nombreuses communes, on retrouve ces expressions populaires que sont les fêtes patronales qui rassemblent tout un chacun pour une marche de pèlerinage, une célébration à l’église et souvent un repas ouvert à tous. Ces fêtes sont des occasions privilégiées d’être ensemble dans une grande diversité sociale. J’y ai toujours vécu de grandes joies, en savourant la communion des cœurs, en partageant notre foi en Jésus-Christ et en y goûtant de bons plats cuisinés dus au talent des participants.

Alors que je vous écris, je rentre de l’assemblée des évêques de Lourdes pour me rendre aussitôt à Montligeon avec les catéchumènes adultes et leurs accompagnateurs. En assemblée, j’ai pu expérimenter notre belle fraternité épiscopale dans la joie de rencontrer de nombreux laïcs qui nous apportent leur compétence pour des questions importantes. J’ai conscience que nous portons la responsabilité, en tant qu’apôtres, de guider notre Église qui est en France. Notre assemblée rassemble tant de compétences et cependant nous nous sentons faibles et ne pouvons compter que sur la puissance du Saint Esprit. Nous l’avons souvent invoqué avant de décider et de voter pour répartir les divers postes au sein de la conférence. Il serait tellement erroné de nous appuyer sur nos seules forces. Les abus, comme à Bétharram, obligent à agir en nous fiant à la grâce divine. Monseigneur Georges Pontier, qui fut archevêque de Marseille, disait « quand on ajoute à ta charge, allonge le temps de ta prière ». Ce temps si précieux dans la vie des personnes actives mérite d’être offert à Dieu afin qu’il éclaire de son Esprit Saint nos choix et nos avancées. Là est le drame de la société civile athée qui ne laisse pas de place au Seigneur pour conduire les intelligences qui dirigent. C’est pourquoi, j’encourage chaque chrétien à toujours commencer son travail, du plus humble service aux postes de grandes responsabilités, par un temps de recueillement intérieur pour écouter la voix de Dieu en soi. Dieu se donne à nous pour que nous trouvions en lui notre inspiration. Si nous communions le dimanche à sa parole de vie et à son corps eucharistique, c’est pour que sa présence perdure en nous, non pas comme une chose matérielle puisque l’hostie disparaît par la digestion mais comme une présence divine vivante qui anime notre âme et nous relie au Seigneur. Sa présence en nous accomplit ce que Jésus voulait en s’offrant ainsi, elle nous transforme et nous déifie, nous devenons semblables à lui, porteurs de vie.

En ces jours de la fête des rameaux, quelle joie d’aller ensemble à la maison du Seigneur. Nous aurons la présence de fidèles occasionnels lors de la messe car cette célébration est aimée et fréquentée. Comme je souhaite vous encourager à aller à leur rencontre, en nous parlant, en offrant des brins de rameaux bénis et en invitant pour des rencontres à venir. Les personnes âgées sont tellement heureuses d’en recevoir ce rameau qu’elles gardent avec grand soin. Dans la joie, je célébrerai cette messe ce samedi dans une maison de retraite pour m’associer à leur joie, avec une admiration si grande pour nos équipes de bénévoles qui sont là fidèlement afin d’amener des personnes âgées depuis leur chambre jusqu’à la salle où se tient la célébration.

J’aimerais vous transmettre une invitation particulière pour la messe chrismale du mardi 15 avril à 19h dans la cathédrale de Chartres. Lors de cette célébration, diacres, prêtres et moi-même renouvellerons le don de nos vies au sein de l’Église. Nous bénirons les saintes huiles surtout le saint Chrême qui servira lors des sacrements, particulièrement le baptême et la confirmation. C’est un immense bonheur d’être entouré par les fidèles de toutes les communautés paroissiales. Vous êtes notre joie, notre raison d’être ce que nous sommes, notre soutien dans l’effort, notre inspiration par votre zèle missionnaire.

Je vous invite maintenant à prier Dieu notre Père. Chacun porte des intentions, pour la paix et la concorde, comme pour des êtres proches malades et souffrants. Prions les uns pour les autres.

Notre Père.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.