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En ce début de carême, les soixante et onze adolescents et adultes qui demandent le baptême vont vivre trois scrutins. Qu’est-ce qu’un scrutin ? C’est une prière qui appelle le Saint Esprit afin qu’il vienne scruter chacun pour ôter le mal et soutenir le bien. Dans un psaume, l’auteur dit : « Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée. Vois si je prends le chemin des idoles. Conduis-moi vers le chemin d’éternité » (Ps 138). En français, le verbe scruter signifie examiner avec soin afin de découvrir ce qui est caché. En chacun de nous, sont cachés des mystères enfouis, des blessures, des péchés, du bien et du mal. Ce bien est toujours à faire grandir selon la volonté de Dieu et le mal est à déraciner. Souvent, nous ne sommes pas conscients de ces racines cachées, et la pédagogie de Dieu les révèle peu à peu, au fur et à mesure afin que nous puissions les accueillir, les reconnaître, en demander pardon, être consolé lorsque nous avons subi le mal fait par autrui ou fait par nous, être fortifié dans nos fragilités. Peu à peu, dans une confiance grandissante envers Jésus-Christ, nous nous soumettons à sa lumière qui vient éclairer de l’intérieur nos vies pour faire jaillir de nouvelles opportunités.
Les scrutins sont des prières liturgiques qui se déroulent selon un rite précis durant trois dimanches et ils sont éclairés par trois évangiles tirés du texte de l’apôtre Jean. Les scrutins sont accomplis au moyen des exorcismes. Ce mot peut étonner voire inquiéter. En réalité, il fait écho aux nombreuses guérisons et délivrances que Jésus opère pendant sa vie publique. Les gens ne savaient pas qui solliciter pour leurs malades et pour ceux qui apparaissaient possédés par un esprit mauvais. Jésus dès le commencement de son ministère libère ces personnes les renvoyant libres pour reprendre une vie sociale normale. Aux apôtres, avant de les quitter et de les envoyer en mission, ne leur demande-t-il pas de chasser les démons et de guérir les malades ? Dans les notes pastorales du rituel de l’initiation chrétienne, le rôle des scrutins est bien explicité : « ils sont faits pour purifier les cœurs et les intelligences, fortifier contre les tentations, convertir les intentions, stimuler les volontés, afin que les catéchumènes s’attachent plus profondément au Christ et poursuivent leurs efforts pour aimer Dieu. Il donne aux futurs baptisés la force du Christ, qui est, pour eux, le chemin, la vérité et la vie (Jn 14,6). »
Le premier scrutin fait appel au récit de la Samaritaine que Jésus accueille au puits de Jacob. Cette femme blessée vient au milieu du jour, en pleine chaleur, pour éviter les rencontres. Jésus l’accueille, lui demande à boire, puis lui parle simplement ce qui est étrange pour elle car un juif ne parlait pas à une femme seule qui plus est Samaritaine. Il lui révèle qu’il a plus à lui donner que de l’eau puisée dans le puits, il lui offre une « eau vive » qui rassasiera son cœur souffrant de vies conjugales successives décevantes. Elle comprend combien cet homme lui veut du bien, il la guide vers l’adoration véritable de Dieu. Il ne la juge pas. Ses yeux s’ouvrent et elle lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Alors Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. » (Jn 4,25-26) Bouleversée, elle annonce à tout son village qu’elle a rencontré un homme « qui lui a dit tout ce qu’elle avait fait » (Jn 4,39), et qu’il est le messie. La préface de la messe dit magnifiquement : « Quand il demandait à la Samaritaine de lui donner à boire, il lui faisait déjà le don de la foi ; de cette foi, il manifeste une telle soif qu’il fit naître en elle le feu de l’amour de Dieu. » Cette femme, n’est-elle pas une métaphore de notre âme assoiffée et de l’humanité à la recherche d’une source d’eau pure ? Dans sa quête désespérée, ne désigne-t-elle pas nos propres mal-être ? Aussi, le dialogue qui se fait entre elle et le Christ est le merveilleux commencement d’une relation nouvelle, qui change sa vie, et ouvre la nôtre à une promesse de paix et de joie intérieures.
La rencontre de cette femme qui donne sa confiance à Jésus et entre dans la foi en sa Parole et en sa Personne dit que nos catéchumènes sont appelés à avoir cette même disposition de la foi. Certes la foi est un don qu’ils recevront au baptême, mais déjà ils sont invités à faire le choix du Christ, à se fier à son évangile, à mettre leurs pas dans les siens. La foi est une grâce à laquelle chacun répond par son assentiment entier. L’Église accompagne chaque candidat au baptême vers cet état intérieur et discerne s’il est disposé et préparé pour embrasser la foi par le baptême. Ainsi être chrétien ne peut pas résulter d’une adhésion sociale ou d’un simple sentiment de bien-être, car ce devenir engage la vie et souvent la bouleverse. Il faut quitter le « vieil homme » et renaître à nouveau (cf. Jn 3). Le futur baptisé deviendra témoin de ce qu’il doit dorénavant vivre pleinement et en vérité. Le rituel ajoute que « les futurs baptisés sont instruits par la Sainte Église du mystère du Christ libérateur du mal, et sont délivrés des suites du péché et de l’influence du diable; ils sont fortifiés dans leur itinéraire spirituel, et ils préparent leur cœur à recevoir les dons du Sauveur. »
Le rituel parle du diable. Certains chrétiens nient son existence. Le pape François, bien ancré dans les thèmes de justice et de solidarité, parle souvent du diable ou du démon. Le catéchisme de l’Église catholique est prolixe sur ce sujet et affirme son existence. Ainsi parle-t-il de la chute des anges (CEC 391-295). Voici ce qu’on peut lire : « Derrière le choix désobéissant de nos premiers parents il y a une voix séductrice, opposée à Dieu (cf. Gn 3, 4-5) qui, par envie, les fait tomber dans la mort (cf. Sg 2, 24). L’Écriture et la Tradition de l’Église voient en cet être un ange déchu, appelé Satan ou diable (cf. Jn 8, 44 ; Ap 12, 9). L’Église enseigne qu’il a été d’abord un ange bon, fait par Dieu. “Le diable et les autres démons ont certes été créés par Dieu naturellement bons, mais c’est eux qui se sont rendus mauvais” (Cc. Latran IV en 1215 : DS 800). » « Ces anges ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne. » Dorénavant leur but est de faire chuter les êtres humains créés à l’image et la ressemblance de Dieu, c’est-à-dire capable d’aimer en communion avec Dieu et entre eux, et pour cela ils usent de tout leur pouvoir pour nous tenter à abdiquer de notre capacité au bien. Le diable est le « père du mensonge » (Jn 8,44). Nous avons entendu les récits des tentations de Jésus au désert quand il y part quarante jours pour prier le Père éternel, c’est bien là que Jésus vainc le diable en refusant fermement ses propositions de puissance et de domination et en lui répondant par la force de la Parole. Chacun de nous, et bien entendu nos futurs baptisés, doivent entrer dans le combat de la vérité et de la liberté ainsi que l’exprime fermement saint Paul : « fuyez le mal avec horreur, attachez-vous au bien » (Rm 12,9). Le baptême dans la mort et la résurrection du Christ fait vivre au catéchumène une libération qui le sauve littéralement des conséquences dramatiques du péché originel et de ses péchés personnels, c’est-à-dire la mort définitive, pour le faire entrer dans le chemin de la vie éternelle. Saint Jean écrit : « c’est pour détruire les œuvres du diable que le Fils de Dieu est apparu » (1Jn 3, 8). Si cela peut inquiéter tout un chacun, sachons et soyons convaincus que le diable et ses sbires ne sont que des créatures, certes puissantes car appartenant au monde invisible pour nous, mais qu’ils ne peuvent rien contre Dieu et que Dieu est vainqueur du mal. Bien entendu, nous sommes choqués en pensant que Dieu laisse au diable une sorte de liberté d’action, et cela est un grand mystère pour nous. Jamais Dieu ne permet que nous soyons tentés au-delà de nos forces (cf. 1Co 10,13) mais il nous propose de participer librement à la lutte pour que sortent victorieuses la vérité et la vie. En réalité, saint Paul affirme que « Dieu fait tout concourir au bien de ceux qui l’aiment » (Rm 8,28). Cela reste un combat terrible que nous constatons en voyant les guerres, les abus de pouvoir en tous genres et les atteintes faites à la vie naissante ou finissante.
La Samaritaine nous montre combien Jésus fait miséricorde. Son amour se manifeste par ses actions libératrices du mal en vue d’une vie renouvelée par son amour. Le catéchisme dit encore : « la venue du Royaume de Dieu est la défaite du royaume de Satan (cf. Mt 12,26) comme Jésus l’affirme : “Si c’est par l’Esprit de Dieu que j’expulse les démons, c’est qu’alors le Royaume de Dieu est arrivé pour vous” (Mt 12,28). Les exorcismes de Jésus libèrent les hommes de l’emprise des démons (cf. Lc 8,26-39). Ils anticipent la grande victoire de Jésus sur “le prince de ce monde” (Jn 12,31). C’est par la Croix du Christ que le Royaume de Dieu sera définitivement établi : “Dieu a régné du haut du bois” (Hymne Vexilla Regis) » (CEC 550). « Puisque le baptême signifie la libération du péché et de son instigateur […] ainsi préparé, le catéchumène peut confesser la foi de l’Église à laquelle il sera “confié” par le Baptême (cf. Rm 6, 17) » (CEC 1237).
Je vous invite à prier et à être présent dans vos paroisses à la messe dominicale lors de laquelle sont célébrés les scrutins. Le premier sera le dimanche 3 mars, et sera lu le grand évangile de la Samaritaine et non pas celui prévu dans le cycle B de la liturgie dominicale. C’est une exception pour un grand bien.
Je vous propose de prier maintenant avec le Notre-Père et la prière mariale commune à tous, le Je-vous-salue-Marie.