Église Saint-Éman

Des écrits du XVIIe et du XVIIIe siècles attestent du pèlerinage de saint Éman rassemblant un nombre important de pèlerins venant de la région d’Illiers et de la grande Beauce pour prier ce saint pluvieux afin de quémander la pluie du Perche et d’assurer une bonne levée des semis de printemps : blé, seigle, orge, avoine. La tradition voulait que le 16 mai, jour du martyre de saint Éman, les paroissiens et les pèlerins sortent en grande pompe le buste du saint en chêne polychrome datant du XVIe, accompagné de statuettes de procession et de bannières. Le prêtre procédait à l’immersion, à trois reprises, soit du buste du saint, soit du bâton de procession avec la statuette de saint Éman dans la fontaine votive, à la source du Loir. Après le pèlerinage de 1963, le buste a regagné son placard à gauche de l’autel se faisant oublier…

Après quelques années d’interruption, le pèlerinage reprit le 23 mai 1971 à l’initiative de la municipalité. Le curé de l’époque a accepté de conduire la procession dans l’enceinte de l’église mais refusa de se rendre à la fontaine votive et d’y pratiquer le rituel de l’immersion. Le pèlerinage, dans cette configuration allégée, fut pratiqué quelques années avant d’être définitivement abandonné. L’église fut fermée entre 2006 et 2014 car de longs travaux s’imposaient… Le 14 mai 2022, cette traditionnelle procession a été reprise par l’abbé Monnier avec l’approbation de notre évêque Mgr Philippe Christory.

Si le buste en bois polychrome était traditionnellement vénéré pour la clémence du ciel, la statue en pied du saint, en calcaire, faisait plus particulièrement l’objet de prières pour retrouver une bonne santé ou se préserver de toute maladie. Cette statue qui trône au dessus du maître-autel, représente le saint en habit de moine avec capuche, chapelet et livre de prières à la main. Dans nos contrées, on invoquait plus particulièrement saint Éman pour la guérison des fièvres et des fluxions de poitrine. On venait puiser à la fontaine l’eau aux vertus miraculeuses que l’on buvait pendant neuf jours. D’autres y trempaient leur chemise ou un linge qu’ils appliquaient à nu et conservaient pendant une neuvaine. Cette eau avait également la vertu de guérir les maladies infantiles en général et le gonflement des nourrissons en particulier. Comme pour la plupart des fontaines « miraculeuses », objets de dévotion et de pèlerinage, celle de Saint-Éman est entourée d’une grille où sont suspendus symboliquement des rubans, pour y attacher et y laisser la fièvre désormais prisonnière.

Source et pour en savoir plus : Histoire et Patrimoine de Saint-Éman