Durant le temps pascal, nous avons approfondi le rôle central du Saint-Esprit. Il continue à nous enseigner selon la promesse de Jésus. Il nous guide vers la vérité tout entière. Dimanche dernier, pour la fête de la Sainte-Trinité, nous entendions ce passage de l’évangile selon saint Jean : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. » (Jn 16, 13-14) Ainsi, nous savons sur qui compter. Le Saint-Esprit est notre force et notre lumière. Les jours de la Pentecôte furent ceux de la joie, bien arrosée de pluie et de grêle en certains lieux, que ce soit la joie des 30.000 scouts rassemblés à Chambord, celle des pèlerins en marche sur les chemins vers Chartres, celle des communautés qui dans toute la France se sont retrouvées en nombre pour vivre de magnifiques vigiles, celles de nos paroisses qui ont accueilli tant des fidèles, celles des confirmants qui ont reçu les dons du Saint-Esprit. Cette joie est un fruit de l’action du Saint-Esprit dans le cœur du fidèle qui s’engage à accueillir les événements de sa vie, plaisants ou difficiles. Demeurer dans la joie est un commandement clairement proposé par Jésus et renouvelé par saint Paul.
Maintenant que nous sommes dans le temps ordinaire, que nous pensons aux mois de vacances, il est juste et nécessaire de préparer son programme spirituel. Où nous ressourcer ? À quelle retraite ou session participer ? Quels livres spirituels ou théologiques lire pour enraciner profondément notre foi ? Quel monastère visiter sur la route des congés ? Cela peut se penser et s’organiser
Envisageons un discernement en vue de notre engagement ecclésial de la rentrée. Comment mieux utiliser nos talents pour la mission ? Soyons sûrs que le Saint-Esprit désire nous dire la nouveauté de l’Évangile et la façon de le partager. La promesse d’un Esprit nouveau annoncé par le prophète Ezéchiel tient toujours. Notre Pape François nous demande la sobriété de vie et il s’inquiète à juste titre du cléricalisme. Le synode nous a enseigné un peu plus comment échanger dans l’écoute du Saint-Esprit en méditant ensemble un passage biblique. Pourquoi ne pas continuer chaque semaine, voire en famille ? Tous les psaumes nous demandent de louer Dieu. Pourquoi ne pas se mettre à chanter en famille des chants de louange que l’on peut apprendre aisément sur Internet ? N’ayons pas peur de la nouveauté de l’Esprit.
J’aimerais vous partager une préoccupation pastorale. Pour nos enfants, normalement, nous devrions concevoir que l’instruction et la transmission des connaissances appartiennent à la mission des établissements scolaires. Puis il y a l’éducation, soit le chemin qui conduit l’enfant à un savoir-être ajusté à l’amour et au service du prochain et cela appartient à la mission des parents. Or dans l’Église nous avons la catéchèse, qui d’ailleurs n’est nullement réservée aux seuls enfants, mais est destinée à tous les âges de la vie. Celle-ci est complète quand elle intègre l’instruction religieuse, c’est-à-dire la transmission d’un savoir ou d’un contenu biblique, théologique et morale, puis quand s’y ajoute l’éducation à la foi qui fait découvrir la relation à Dieu le Père, par Jésus dans la force de l’Esprit. Instruction et éducation ont autant de valeur, sont également nécessaires pour avoir une foi vivante, qui soit une écoute de Dieu qui nous parle surtout par les textes bibliques et par les appels subtils de l’Esprit que l’on apprendra peu à peu à capter. La vie chrétienne ne sera forte et stable dans les tempêtes de la vie humaine que si elle est ancrée dans le roc de la juste connaissance. C’est pourquoi il convient qu’à tout âge nous fassions l’effort d’apprendre les fondamentaux, les prières, les commandements, les vertus, les grands textes, les psaumes, l’histoire de la révélation.
L’Église a reçu le dépôt de la foi. La foi est une vertu infusée au baptême qui se nourrit de la Parole de Dieu, de l’Écriture sainte. Par elle, Dieu se révèle et guide les croyants. Il n’est pas possible d’envisager l’avenir dans la liberté de l’Esprit sans un enracinement profond dans la Bible et ses écrits. Comment ne pas vous dire mon étonnement lorsque je rencontre des collégiens qui vont être confirmés et qui ne possèdent pas une Bible ? Comment ne pas être profondément attristé de constater qu’ils ne savent pas s’en servir, qu’ils n’en connaissent pas les diverses parties, qu’ils ne savent pas y retrouver spontanément les grands textes de la vie du peuple hébreu comme celle de Jésus ? Qu’avons-nous fait ou pas fait, nous adultes, pour qu’ils en soient là ? Aussi ne faut-il pas nous interroger : quelle est notre détermination à les enseigner et à leur faire découvrir la Parole divine qui leur donnera sagesse et clairvoyance ? J’aimerais tant que les parents s’y emploient mais ils sont nombreux ceux et celles qui n’ont pas reçu eux-mêmes cet héritage de la foi et de la connaissance des choses sacrées. J’aimerais tant que les prêtres et les catéchistes s’engagent corps et âmes pour transmettre de manière harmonieuse et éducative le contenu de la foi. Nous ne pouvons pas baisser les bras, et accepter que les chrétiens ne soient pas formés et n’aient pas la connaissance des fondamentaux mêmes de leur foi. Peut-on faire de nos paroisses de véritables écoles de la foi, comme le demandait le pape Benoît XVI et cela dès les classes de CE1 et CE2 ?
En ce mois de juin, c’est le moment des bilans. L’année a été vécue de manière plus « normale » que la précédente. Nous avons retrouvé des temps de retraite, des sessions, nous avons repris le rythme des activités. Maintenant, soyons généreux et ambitieux. Bien entendu, nous ne pouvons pas tout faire. Nos richesses humaines sont limitées. Aussi, je vous propose un triptyque sur lequel recentrer nos efforts : la liturgie, la famille et la catéchèse. Entendons cette dernière non pas seulement pour les enfants, mais pour tous les âges. Il en va de notre charité que de donner des temps hebdomadaires de transmission de la foi. J’aimerais que tous les prêtres, les diacres et les laïcs formés, proposent des rendez-vous réguliers pour une lecture biblique continue, pour lire les grands textes du pape toujours passionnants, pour découvrir la liturgie ensemble. Il s’agit de bâtir une école de disciples-missionnaires au fil de l’eau et localement pour que tous y participent. Il faudra proposer des horaires adaptés aux travailleurs, aux parents qui ont des enfants, comme à tous les fidèles. C’est dans l’approfondissement de notre union à Jésus, par la prière assidue et par l’étude que la foi se fortifiera et se propagera. C’est quand la maison sera bâtie sur le roc que l’on pourra affronter les tempêtes. En France, nous sommes plus ignorés que combattus par une société déchristianisée. Mais en tant de lieux, les chrétiens vivent le martyre comme au Nigéria : enlèvements, meurtres, lynchages, discriminations. Or l’Église ne cesse de croître, par le courage et la ferme détermination de croyants qui refusent la tiédeur. Serons-nous prêts à rendre compte de notre espérance si nous étions à leur place ?
Est-ce un rêve ? Oui, et je vous propose qu’ensemble ce rêve devienne réalité. Partagez ceci entre vous. Bâtissez un projet. Faire de votre communauté une école de disciples et de missionnaires, voici l’invitation que je vous lance.
Maintenant, prions avec la bienheureuse Pauline Jaricot (1799-1862), béatifiée le 22 mai 2022, fondatrice du Rosaire vivant et des Œuvres pontificales missionnaires.
« Ô Jésus, Dieu tout amour, à quel excès nous avez-Vous aimés ! Non content d’avoir institué la divine Eucharistie pour que le Corps et le Sang de la Victime infinie devinssent la nourriture spirituelle de nos âmes et le gage de notre résurrection glorieuse, Vous avez encore voulu qu’elle perpétuât la mémoire et les mérites de votre Vie et de votre Mort ! C’est par l’immolation de votre Cœur, dont il sortit du sang et de l’eau sur la Croix après la consommation de votre Sacrifice sanglant, que Vous donnâtes naissance au sacrifice adorable de la Messe, Sacrifice qui s’offre des milliers de fois par jour et dans des milliers d’endroits différents, dans les cités, dans les campagnes, dans les camps des armées, dans les hospices des malheureux, dans les prisons de la justice humaine, sur terre et sur mer, dans toutes les contrées de l’univers, partout où il y a des hommes qui peuvent en profiter. Sacrifice le plus saint, le plus auguste, le seul qui soit digne de Dieu, et qui néanmoins est commencé et consommé dans un très court espace de temps, pour le plus grand bien des prêtres et des fidèles dont il est comme la propriété. Amen. »