#350 « Jean le Baptiste, la voix de celui qui crie dans le désert. »

Je me propose de vous emmener à la découverte d’un livre, l’évangile de Marc qui s’ouvre avec ce personnage unique qui se nomme Jean et qui baptisait dans le Jourdain. 

Les ventes de Bibles augmentent en France et c’est une bonne nouvelle. Deux grandes parties composent la Bible : l’Ancien Testament, héritage de nos frères juifs qui offre une grande prophétie sur l’avènement du Messie reconnu par les Chrétiens en Jésus-Christ, et le Nouveau Testament qui rassemble les évangiles, les Actes des apôtres, de nombreuses lettres écrites par des apôtres, et l’Apocalypse. Les évangiles ouvrent le Nouveau Testament et forment un ensemble unique. Il est notoire d’affirmer que la Bible n’est pas un simple livre mais une compilation de livres. Ils furent rédigés sous l’inspiration du Saint Esprit qui guida des hommes juifs qui écrivirent pour le peuple hébreu, puis des chrétiens afin de révéler l’ultime plan de Dieu pour sauver et conduire l’humanité vers Lui. Nous comprenons que la Bible ne tombe pas du Ciel, cependant elle est bien une parole sacrée rédigée par des personnes de cultures sémites et grecques selon les livres qui la composent. Ses textes empruntent des styles différents : le récit historique, le mythe, la poésie, la supplication, le texte juridique, l’épître, etc. Les plus anciens datent de mille ans avant Jésus-Christ comme certains psaumes et le plus récent texte est le livre de l’Apocalypse écrit par l’apôtre Jean autour de l’année 90 après J.C. 

Le lecteur assidu s’engage dans un véritable voyage qui passe par bien des méandres. S’il n’est pas nécessaire d’être croyant pour lire la Bible, celui qui le fait gagne à poser un acte de foi en Dieu et à se laisser guider par le Saint Esprit qui lui permettra de saisir le sens profond de ce qu’il lit. De découvrir, caché dans les paroles humaines la Parole de Dieu. Car la Bible est une parole divine, une parole de vie qui bouscule, instruit, conduit. Lire la Bible sans s’attacher à Celui qui parle, donc sans relation à Dieu, ne peut conduire à en comprendre la profondeur, la largeur et la hauteur. Ce voyage dure une vie entière, non pas tant à cause du grand nombre de pages, mais parce que c’est une parole vivante qui ne cesse de nous enrichir et qui parle de manière nouvelle selon la progression de notre intelligence spirituelle et de notre contexte de vie. Ainsi, un croyant dont la foi est une source de vie peut lire les textes chaque jour et il y fait toujours de nouvelles découvertes. Le terme grec « euangélion » « évangile » désigne à l’origine une récompense (militaire) et par extension une « bonne nouvelle » par exemple une victoire militaire. Dans la Bible, il est utilisé pour les récits de la vie de Jésus qui, s’ils se sont historiquement déroulés dans un temps lointain, sont toujours, aujourd’hui, une « bonne nouvelle ». Jésus est vivant et partage notre vie comme il l’a annoncé, sa parole est donc donnée pour le temps présent, c’est une parole active qui réalise toujours ce qu’elle dit par ce texte. 

J’aimerais dans ce message vous présenter les premiers versets de l’Évangile selon saint Marc. Marc n’appartenait pas au groupe des douze apôtres. Son nom apparaît une dizaine de fois dans les Actes des apôtres et dans les épîtres. Il est présenté comme un collaborateur précieux de Paul. À la suite d’un différend, Marc part avec Barnabé, cet autre disciple qui baptisa saint Paul à Damas. On le retrouve cependant auprès de Paul qui demande à Timothée de l’amener car il est « très utile pour le service » (2 Tm4,11). Si Marc n’a pas vécu avec Jésus, il a rassemblé avec soin les récits et les paroles qu’on transmettait dans les jeunes communautés, il voulait offrir une version précise de la vie avec les paroles de Jésus. C’est pourquoi il commence son évangile par la venue de Jean le Baptiste, son cousin que Jésus nomme ailleurs le précurseur soit celui qui l’annonce. Lisons ce récit (Mc 1,1-8): 

« Commencement de l’évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu. Il est écrit dans Isaïe, le prophète : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour ouvrir ton chemin. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Alors Jean, celui qui baptisait, parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tous les habitants de Jérusalem se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, en reconnaissant publiquement leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins ; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus fort que moi ; je ne suis pas digne de m’abaisser pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Marc résume dans sa première phrase le propos de tout son évangile. C’est un commencement, comme on l’exprime au début du livre de la Genèse lorsque Dieu crée la création en six jours. Ici un nouveau monde est annoncé, une nouvelle création advient par celui que Marc présente. Il s’agit de Jésus, un homme né d’une femme Marie, mais là Marc ne la nomme pas. Il centre son propos sur celui qui est chrismé par Dieu, qui a reçu l’onction divine pour être son envoyé. Jésus est non seulement un homme, mais il est « Fils de Dieu ». Il vient de Dieu. Luc écrit que l’Esprit Saint a annoncé à la Vierge que son fils serait le Fils du Très-Haut. Et Jean écrira plus tard dans le prologue de son évangile que le « Verbe était auprès de Dieu, qu’il est Dieu et que le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,1ss). Mystérieusement Jésus est attendu comme Messie mais se révèle être plus que la figure classique du messie qui délivrerait le peuple juif de l’occupation romaine. 

Marc pour renforcer son récit cite le grand prophète Isaïe si important dans l’héritage juif. Qui est ce messager annoncé par Isaïe ? Pour Marc, il s’agit bien de Jean, le cousin de Jésus, le fils d’Elisabeth et Zacharie de la tribu de Lévi, soit celle des prêtres assurant le culte au Temple. Jean vit dans le désert, il mange des sauterelles et du miel, il est vêtu de peaux, il est pauvre et libre, sa voix est puissante pour dénoncer le péché et il appelle ses contemporains à se convertir réellement par un baptême de conversion donné dans les eaux du Jourdain. Cette démarche de purification ne serait pas étrange s’il n’ajoutait pas une annonce forte et mystérieuse qui prépare la venue d’un autre devant lequel on ne peut que se prosterner. Jean se dit indigne de dénouer les courroies de ses sandales, action réservée pourtant aux esclaves. Elle me rappelle cet homme qui se prosterna pour baiser les pieds d’un vieil homme avec qui je parlais, mais c’était au Népal ! C’est un geste magnifique. L’annonce de Jean est complétée par l’affirmation que ce nouveau venu baptisera aussi mais dans l’Esprit Saint. Qu’est-ce que ces juifs ont pu comprendre de paroles aussi énigmatiques, un baptême dans l’Esprit ? L’évangéliste Jean écrit que deux disciples de Jean le Baptiste demandèrent à Jésus de pouvoir demeurer avec lui une journée; ainsi commença la constitution du groupe des douze apôtres. 

À Chartres, au portail Nord, il y a une merveilleuse sculpture de Jean le Baptiste réalisée au XIIIe siècle. Jésus dira de lui qu’il fut le plus grand des prophètes car il reconnut en lui l’agneau de Dieu, soit la figure pascale qui sauve le peuple de la mort. 

Maintenant, essayons de résumer comment Jean est une figure inspirante pour un chrétien vivant à notre époque. On lui reconnaît une parole de vérité et de courage, dite avec force et humilité. Sa vie est faite de simplicité et de radicalité, et d’une liberté intérieure qui conduit Hérode à le faire décapiter comme nous le lisons dans un autre évangile. Comme Jean, le chrétien authentique désigne Jésus-Christ comme son Sauveur et son Seigneur, il ne craint pas d’oser une parole libre pour inviter ses proches à la conversion. L’Église cherche ces nouveaux prophètes, comme saint Carlo Acutis, un jeune italien décédé en 2006 et canonisé par le pape Léon. Parmi les jeunes gens, filles et garçons, qui viennent vers l’Église pour demander le baptême et par l’intercession de Jean le Baptiste, demandons au Saint Esprit des nouveaux saints prophètes qui engageront leur vie pour le salut de l’humanité. 

Je vous propose de prier maintenant pour recevoir ce courage et cette foi qui animaient Jean le Baptiste. 

Notre Père.

image_pdfimage_print

Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.