#349 « Comment répondre au surprenant renouveau des demandes de baptême ? »

Ce renouveau du catéchuménat dans l’Église catholique n’est-il pas un bon parfum pour nos communautés ?

Parfois, je l’avoue, je suis en peine pour élaborer le thème de ce message hebdomadaire. Aujourd’hui, en méditant, me vient en mémoire une rencontre récente dans le TER entre Paris et Chartres. Une femme malienne : « je suis Dongo, me dit-elle », me demanda si j’étais prêtre ; or je le suis et elle m’exprima son attrait pour le christianisme. Lui demandant ce qui pouvait l’attirer, elle répondit simplement l’amour. Nous avons parlé de Jésus, de sa mère la Vierge Marie. Elle y était sensible. Elle me dit sa joie de recevoir une médaille de la rue du Bac sur laquelle figure la Vierge Marie, celle que l’on appelle la médaille miraculeuse tant des signes et des miracles furent relatés par ceux et celles qui la portaient avec foi. Elle s’empressa de la mettre autour de son cou. 

Cette rencontre me rappelle les demandes multiples émanant de jeunes adultes qui viennent vers nous pour recevoir le baptême, découvrir la Bible et devenir chrétien. Actuellement, les ventes de Bibles sont en forte croissance dans les librairies ce qui est le signe que le christianisme a un bel avenir devant lui.

Aujourd’hui c’est l’automne, la nature va se reposer bientôt. Elle a besoin de ce temps afin de porter des fruits nouveaux chaque année. Or pour nous, la vie pastorale se relance. Je pense donc aux adolescents et aux adultes qui poussent les portes de nos églises avec ce désir d’être catéchisés. Quelle est l’origine de leur démarche ? Est-ce une rencontre du Christ, ou le témoignage d’un ami, ou encore le désir vague de retrouver des racines familiales enfouies ? 

J’aimerais te parler, à toi qui commences ce chemin. Quelle que soit ta motivation, nous catholiques voulons t’accueillir avec ce que tu es, au stade où tu en es. Comprends que devenir chrétien prend du temps, au nom de ta liberté. Car comment choisir librement si ce n’est en connaissance de cause ? Les musulmans imposent leur religion par la seule prononciation d’une profession de foi, mais alors quelle conscience a-t-on de ce que l’on fait ? Nous chrétiens sommes transformés par le baptême en enfant de Dieu, promis à la vie éternelle, dans la puissance du Saint Esprit. Ce chemin se nomme le catéchuménat, c’est une voie spirituelle soutenue par la lecture des saintes Écritures et l’accompagnement. Dieu parle par sa Parole de vie et tu dois choisir de la méditer régulièrement et avec persévérance, accompagné par une personne avisée afin de ne pas t’égarer dans de fausses interprétations. Je te promets des découvertes insoupçonnées, tels les psaumes dont tu feras ta prière, les récits épiques du peuple hébreu en chemin dans les déserts, la puissance du langage des prophètes qui parlaient au nom du Dieu tout-puissant, les épîtres du Nouveau Testament écrites pour des communautés nouvelles. La vie chrétienne est une aventure magnifique, un appel à te laisser aimer par ce Dieu qui révèle par Jésus tout l’amour qu’il te porte. Cette voie est exigeante et au contact de Jésus tu changeras, tu trouveras en Lui la paix et la force pour agir bien. Aie confiance, le pape Benoît XVI le disait si bien : « Jésus ne prend rien, il donne tout ». Avance donc !

Le catéchuménat est une école. C’est l’école de la confiance pour ceux qui arrivent et s’approchent. Ils entrent en relation avec une communauté qui leur est méconnue, ils fréquentent des personnes inconnues et peu disponibles. C’est une école de la fraternité qui tissent de nouveaux liens. C’est l’école d’une vie nouvelle dans la lumière de l’Esprit qui fera possiblement dire aux proches que l’on a changé. C’est encore l’école du partage et de l’échange car nous nous enrichissons mutuellement en cette vie qui prend la forme d’un pèlerinage sur terre. Ce catéchuménat n’est pas une activité ou un service en plus dans une paroisse, c’est un espace d’amour et d’accueil ouvert à ceux qui viennent avec leur culture propre bousculer nos habitudes et nous demander de rendre compte de notre foi en ce Dieu tout puissant. Le catéchuménat appelle une remise en cause de notre projet paroissial pour offrir une belle place à ces personnes nouvelles. 

Partout est partagé l’enjeu de l’accueil, de l’accompagnement des catéchumènes, de l’insertion des néophytes. Reconnaissons que ceux-ci ont des difficultés sérieuses pour apporter leurs charismes dans notre Église et au sein de nos églises. À Chartres, nous avons élaboré neuf fondamentaux pour un catéchuménat réussi que les équipes peuvent offrir à ces personnes en demande : une école de prière, une équipe fraternelle, des formations biblique et catéchétique, des séjours dans des lieux saints, la découverte de nos grands lieux chrétiens en France, des invitations à la table dominicale dans des familles chrétiennes, l’accompagnement personnel, un service avec d’autres chrétiens, des temps de partage et la messe suivie avec d’autres afin d’y être introduit. Qui leur donnera ce temps et ce service ? Il en va de leur chemin de foi, de leur insertion dans l’Église, de leur vie spirituelle. Ces prochains dimanches, allons tous vers des inconnus et faisons connaissance. Possiblement, nous aurons des rencontres étonnantes avec des personnes en désir de la vraie Vie. Soyons à ces rendez-vous. Vous verrez et vous goûterez la joie de la mission et de l’accueil. Ne dit-on pas qu’un chrétien missionnaire est un chrétien joyeux ? Se refuser à la mission ad gentes, c’est la garantie d’une foi refermée sur elle-même, sans suc, sans réelle joie. Alors cette foi ne sera pas un témoignage, elle sera close sur le silence égoïste du cœur qui n’est pas ouvert aux autres. 

Dans les Actes des Apôtres, on lit l’épisode de la rencontre de l’apôtre Philippe avec un œnuque, haut fonctionnaire de la reine de Candace, qui s’en retourne dans son pays lointain, l’Éthiopie. Philippe est poussé par l’Esprit du Seigneur à rejoindre le char de l’œnuque. Ce dernier s’ouvre à Philippe car il lit le prophète Isaïe et ne comprend pas la prophétie. Philippe lui demande « Comprends-tu ce que tu lis ? » (Act 8,30). S’ensuit un échange plein d’humour quand le voyageur dit « Et comment le pourrais-je s’il n’y a personne pour me guider ? » Il invita donc Philippe à monter et à s’asseoir à côté de lui. Il est vrai que ce passage est mystérieux, pour l’œnuque comme nous-mêmes. Citons-le : « Comme une brebis, il fut conduit à l’abattoir ; comme un agneau muet devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, il n’a pas obtenu justice. Sa descendance, qui en parlera ? Car sa vie est retranchée de la terre » (Act 8,32-33). Aussi il demande à Philippe de qui le prophète parle, de lui ou de quelqu’un d’autre. On se rappelle qu’Isaïe écrit au VIIIe siècle avant Jésus-Christ. Philippe prend le temps nécessaire pour raconter l’histoire du salut jusqu’à l’avènement, la vie publique, la passion et la résurrection de Jésus. Touché au cœur et découvrant le salut proposé par le baptême en Christ, l’œnuque demande le baptême ce que Philippe lui confère alors. L’homme reprit la route tout joyeux et Philippe s’en alla évangéliser. 

Cette joie de la rencontre de Jésus est pour ceux qui s’approchent de Lui et aussi pour ceux et celles qui accompagnent les catéchumènes et sont ses témoins en notre société. L’automne n’est pas le moment de dormir mais de partir en mission, en portant en soi la Parole de vie pour être prompt à en être témoin. Montrons-nous généreux. Tant de personnes recherchent une nouvelle spiritualité, soyons sur leur chemin, affables et aimants, avec ce bon désir de nous rendre disponibles au nom de Jésus. Prions pour cette mission qui portera du fruit selon notre union à Jésus-Christ, vécue par une prière fidèle et une charité qui déborde. 

Notre Père.

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