#344 « Qu’il est beau d’être auprès de la Vierge Marie, à Chartres comme à Lourdes. »

Je suis à Lourdes avec notre pèlerinage diocésain et l’hospitalité chartraine. Nous sommes environ six cents pèlerins. C’est simplement merveilleux d’y retrouver des enfants, des jeunes, des pèlerins adultes, nos frères et sœurs accompagnés et fragiles et des centaines d’hospitaliers qui servent dans la joie. Quelle grâce que de vivre ces journées lumineuses et spirituelles. 

À Chartres, le jubilé des 1000 ans de la crypte s’est achevé par la fête de l’Assomption. Cela aussi fut l’occasion de moments magnifiques. Quels enseignements tirerons-nous de cet événement ? 

L’ayant imaginé il y a plusieurs années, le père Blondeau, conseillé par son équipe, avait proposé sa vision : « faire de tout visiteur un pèlerin ». Durant une année, plus de cent bénévoles se retrouvaient dans diverses commissions afin de mettre en forme ce rêve. Le parcours jubilaire fut pensé comme un pèlerinage parcourant les deux cent cinquante mètres de la crypte, puis empruntant la porte sainte pour émerger dans la grande nef pleine de lumière. Les étapes permettaient de saisir la vocation unique de la Vierge Marie qui nous présente son Fils Jésus demandant d’accueillir sa parole. Elle nous le désigne, c’est lui notre Sauveur. 

Je vous propose de revivre ce parcours jubilaire. Dans la partie nord de la crypte, on découvre un nouveau tabernacle créé par Augustin Frison-Roche, là où la petite mais si précieuse relique du voile de Marie est conservée. Les pèlerins font halte devant les chapelles dédiées aux saints et aux saintes qui ont tous un message pour ce temps contemporain, particulièrement l’évêque saint Fulbert qui bâtit cette église basse nommée la crypte. Une chapelle est maintenant dédicacée à l’invocation de l’Esprit Saint, on lui demande de transformer nos vies, de nous orienter et de nous enseigner. Au baptistère, on renouvelle sa foi en se rappelant ce don de la foi, de l’espérance et de la charité. Nous devons redire que la foi s’approfondit par des actes de foi en Jésus-Christ mort et ressuscité pour notre salut. Oui, nous croyons en sa présence en nous et au milieu de nous lorsque nous sommes rassemblés en son nom. Enfin, les pèlerins quittent la crypte par le grand escalier afin d’emprunter la porte sainte qui est le Christ tel qu’il s’est présenté aux apôtres, se nommant lui-même la porte des brebis (Cf. Jn 10,9). Jésus-Christ nous fait entrer dans son Royaume, représenté dans l’Évangile par un pâturage accueillant. Là, la lumière du sol, des murs et des voûtes de la cathédrale restaurée nous enveloppe de beauté et de douceur. Nous sommes accueillis par la Vierge Marie partout représentée sur les vitraux, chacun trouve refuge sous le voile de tendresse de cette Mère Céleste. On est surpris, on n’a pas envie de hausser le ton, on préfère s’extasier devant les scènes colorées des vitraux du XIIIe siècle. Nous parcourons la nef, faisant halte sur le labyrinthe qui, telle notre vie sinueuse, nous conduit à Jésus-Christ. Et là, un éblouissement nous saisit en levant les yeux vers les voûtes du transept totalement restauré dont les bras ouverts nous accueillent. On peut être un saint ou un pécheur, ici chacun est accueilli sans condition. Les pèlerins ont foulé depuis des siècles ces dalles en quête du vrai, du beau, afin de faire la vérité sur leur vie et repartir meilleur. L’itinéraire s’achève par le grand reliquaire du voile et la chapelle de la Vierge du pilier où les demandes de prière sont déposées par milliers. 

En vivant depuis le 8 septembre 2024 ce jubilé chartrain, en faisant faire ce voyage spirituel à des milliers de personnes, nous avons encore plus pris conscience de la richesse de ce lieu. Notre cathédrale est un écrin extraordinaire qui conserve un trésor qui se dévoile pas après pas avec un cœur ouvert à l’œuvre de la grâce. Cette grâce est distribuée par pur amour de Jésus et la Vierge Marie est la dispensatrice de tant de grâces pour ses enfants qui la prient. Par elle, l’Esprit Saint frappe délicatement à la porte de notre cœur, insistant pour entrer dans nos vies. 

Nous avons la certitude que le Seigneur nous confie ce bien précieux à développer, je veux parler du Mystère contenu dans la cathédrale. Des visiteurs et des pèlerins y viendront nombreux dans l’avenir et nous serons là pour leur proposer un chemin de foi et de découverte spirituelle. C’est une responsabilité magnifique à assumer avec sérieux pour le bien et le salut de ces personnes. Certains voient dans la cathédrale un seul trésor artistique. Mais sans le dévoilement de ce Mystère, ce lieu serait juste une enveloppe sans âme et sans but. Le jubilé nous a renouvelé dans la joie de l’accueil et nous a montré la reconnaissance des visiteurs ; nous encourageant à préparer un nouveau parcours de pèlerinage. 

Si nous élargissons notre regard au niveau de la France, nous constatons qu’aujourd’hui et plus qu’avant ces pérégrinations et ces pèlerinages attirent des personnes en quête spirituelle à l’instar des routes de Compostelle ou du Mont Saint Michel, ou encore du « M. de Marie ». À vélo, à pied, ou avec un âne, dans la beauté et le silence on aime marcher, méditer, découvrir, faire halte dans nos nombreuses églises, chapelles et lieux spirituels. Des personnes les ouvrent, elles sonnent les cloches, nettoient et font vivre ces lieux. Nous pourrions y vivre des moments de méditation et de prière plus souvent. Par exemple, les « priants des campagnes » organisent des rendez-vous hebdomadaires. L’expérience du jubilé de Chartres et son parcours jubilaire peuvent inspirer d’autres initiatives spirituelles à proposer aux visiteurs. Ne doutons pas de l’intérêt de beaucoup à se laisser conduire dans une découverte d’un cœur à cœur avec Jésus-Christ. Ne les laissons pas être assoiffés de la vie qui vient de Dieu sans proposer des réponses. Nos églises peuvent revivre autour de petites communautés de fidèles laïcs décidés et organisés. Sinon, quel sens y aura-t-il à conserver des bâtiments sans vie et sans la présence réelle de Dieu ? Jésus n’a-t-il pas dit « Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel devient fade, comment lui rendre de la saveur ? Il ne vaut plus rien : on le jette dehors et il est piétiné par les gens » (Mt 5,13). Chaque baptisé peut-il, au nom de son baptême, se motiver et rassembler quelques amis chrétiens ? 

Alors que je rédige ces lignes, telle une lettre qui vous est adressée, j’entends les chants, les litanies de la Vierge Marie et les liturgies eucharistiques qui se déroulent en tous lieux dans le grand sanctuaire de Lourdes. Si nous prions avec foi, nous vivons aussi de nombreux moments festifs ensemble. Des amitiés se nouent en servant ensemble. La foi s’expérimente par l’amour concret partagé. Notre Église catholique est heureuse ici, ses membres sont de tous les pays, un groupe important de gens du voyage nous rappelle que la vie d’un chrétien est comme un voyage qui traverse le temps en vue de la vie éternelle. Aujourd’hui Jésus nous fait une promesse incroyable « celui qui aura quitté, à cause de mon nom, des maisons, des frères, des sœurs, un père, une mère, des enfants, ou une terre, recevra le centuple, et il aura en héritage la vie éternelle » (Mt 19,29). Imaginons ce centuple promis en termes de bonheur, de rencontre, d’amour, alors quelle vie incroyable nous attend au ciel ! Certains parmi nous sont appelés à se consacrer totalement à Dieu dans un célibat pour le Royaume. C’est un vrai projet empli de sens, dans le but d’annoncer la Bonne Nouvelle et le Royaume à venir. Qui voudra répondre à son appel trouvera un chemin escarpé à gravir vers des sommets merveilleux à la rencontre de Dieu et des humains. 

Maintenant, comme notre pèlerinage à Lourdes continue, je m’en vais de ce pas prier pour vous tous. Faisons monter sans cesse une prière confiante en demandant la paix pour les pays en conflit et la sagesse pour tous ceux qui ont les moyens de la faire advenir. Notre Père.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.