#343 « L’Assomption de la Vierge, une grâce pour tous !  »

Ces derniers jours, beaucoup de personnes cherchaient à échapper à la chaleur qui envahissait le ciel bleu et lumineux. Or en ce vendredi 15 août, le Ciel nous invite à lever les yeux vers la Vierge Marie qui vit son assomption auprès de Dieu, première des sauvés, pour demeurer dans sa Gloire parmi les saints. Cette fête est une invitation à l’espérance puisque l’espérance est la vertu qui fait attendre avec certitude la vie éternelle promise à notre baptême. Marie bénéficia la première de cette grâce rédemptrice obtenue par le sacrifice de son fils Jésus. Nous aimons chanter qu’elle est la première en chemin vers le Ciel. Le texte du dogme de l’Assomption précise qu’au terme de sa vie terrestre, elle est élevée avec son corps. Son être sans péché ne pouvait pas se désunir, aussi s’élève-t-elle corps et âme vers la félicité éternelle. Quelle est donc cette réalité céleste qui l’accueille dorénavant ? Nous pouvons possiblement parler d’une expérience d’amour inconnue sur terre, d’un cœur à cœur de tout son être avec Dieu, d’un embrasement pur. Quelle joie il y eut au Ciel, parmi les anges et les archanges, quand ils la virent prendre place parmi eux. Elle y est couronnée par son Fils, comme nous le rappelle le cinquième mystère glorieux du chapelet, elle participe à la Royauté de Jésus, l’agneau couronné et adoré par les anciens et tous les saints qui célèbrent la louange de Dieu. Ils chantent « À celui qui siège sur le Trône, et à l’Agneau, la louange et l’honneur, la gloire et la souveraineté pour les siècles des siècles » (Apo 5,13). Alors Marie entre pleinement dans la joie car elle fut celle qui, par son fiat, permit la rédemption de l’humanité. 

Célébrer la Vierge Marie est l’occasion de relire l’histoire de cette jeune fille recevant sa vocation d’une demande de Dieu transmise par l’archange Gabriel qui fit d’elle la mère du Messie et Sauveur Jésus-Christ. Elle accompagna celui-ci durant plus de trente années, comme mère puis comme disciple. Elle fut présente à ses côtés jusqu’à sa mort sur la croix. Si Jésus faisait mystérieusement toutes choses nouvelles, simultanément le cœur de Marie était transpercé d’un glaive de souffrance, comme le lui avait annoncé le prophète Syméon (Lc 2, 34-35). Après la résurrection, elle reçut, avec les apôtres et les disciples, la puissance du Saint Esprit lors de la Pentecôte, devenant la mère des croyants. Depuis deux mille ans, elle ne cesse d’intercéder auprès de Dieu et elle est son ambassadrice partout sur Terre pour porter le message de la conversion, invitant à prier et à espérer comme à Lourdes où nous partirons dans quelques jours avec nos amis accompagnés, faibles ou malades. 

Lors de la messe du 15 août, nous entendrons un extrait de la première lettre aux Corinthiens de saint Paul (1Co15, 20-27a). Paul s’exprime souvent de manière très concise, et parfois un peu difficile à comprendre. Il faut se rappeler qu’à son époque écrire coûtait cher car le support était le parchemin, soit la peau de mouton tannée, et que l’on s’efforçait donc d’exprimer le plus d’idées avec un minimum de mots. Le texte commence par une affirmation concernant la résurrection de Jésus-Christ que les grecs d’Athènes avaient refusé d’entendre : « le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » affirme Paul. Il sait que la foi en Jésus dépasse l’attente des juifs d’un messie annoncé par leurs prophètes pour libérer le peuple notamment du joug de l’occupation romaine. Pour Paul, Jésus est le nouvel Adam, l’homme nouveau, qui sauve de la mort éternelle les hommes condamnés depuis la désobéissance des origines, celle d’Adam et Ève tel que le livre de la Genèse la décrit. Il fallait qu’un homme prenne sur lui le poids immense du péché et, puisqu’il est Dieu, il pouvait libérer l’humanité entière. Ainsi, « c’est dans le Christ que tous recevront la vie ». Saint Pierre interrogé par le grand prêtre Hanne affirma pareillement : « En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Act 4,12). De sa foi ferme en la résurrection de Jésus-Christ, Paul comprend que chacun, à la suite de Jésus,  ressuscitera comme lui et il précise de qui il s’agit : « lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent », donc ses disciples, ceux qui ont choisi Christ comme leur Seigneur. Parmi ces élus, la première est la Vierge Marie, et cela nous est signifié par la fête de son Assomption. 

Le texte de cette fête continue par l’annonce de la destruction des pouvoirs maléfiques. Voici comment Paul l’explicite : « Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort ». Nous savons que nos corps passeront par la mort corporelle, et qu’ils seront dissous d’une manière ou d’une autre. Pourtant c’est la foi de l’Église de croire qu’il y aura la résurrection de notre corps devenant alors un corps céleste. Dieu, créateur du Ciel et de la Terre, est bien capable de nous rendre ce corps propre à notre unique personne. Mais la mort, ici personnifiée en tant que pouvoir du diable, espérait nous entraîner définitivement loin de la communion éternelle en Dieu et c’est bien cette mort diabolique que Jésus vainc par son sacrifice et sa résurrection. Le diable pensait sa victoire acquise et le voilà vaincu, définitivement. À la suite de Notre-Dame, nous sommes destinés à vivre dans la Gloire, l’Assomption nous ouvre la voie de notre avenir. 

La fête de l’Assomption célébrée en tant de sanctuaires mariaux en France et dans le Monde, est à Chartres l’occasion de conclure le grand Jubilé des mille ans de la crypte. Beaucoup sont venus vivre le parcours jubilaire par une déambulation lente et priante dans la crypte jusqu’à trouver la lumière de la grande nef de la cathédrale. Ce parcours, de l’ombre à la lumière, a été apprécié par des personnes de tous horizons et de tous âges, croyants ou non. Nos guides bénévoles ont été au rendez-vous de l’accueil pour proposer une méditation incluant les grands mystères de la vie spirituelle et le témoignage des saints et des saintes. Monseigneur Gérald Cyprien Lacroix, cardinal de Québec, a reconnu avoir fait une véritable retraite spirituelle alors qu’il venait pour une simple visite. Notre cathédrale, de plus en plus belle maintenant que le transept est restauré – nous remercions nos mécènes et la direction régionale des affaires culturelles –, est un écrin unique et merveilleux pour contenir Le trésor, qui est bien plus conséquent qu’elle-même, je veux parler du Mystère divin de la présence de Dieu et de la vocation unique de la Vierge Marie qui nous présente Jésus son jeune enfant « voici mon fils bien-aimé, écoutez-le ». Tout ici concourt à nous dévoiler le mystère de l’incarnation du Verbe divin, la Parole de Dieu, descendu par un abaissement insensé, puisque de condition divine il prend chair en Marie. L’incarnation est le principe, peut-on dire, de l’Assomption puisque celui qui est né d’elle ne pouvait envisager la destruction du corps maternel qui l’accueillit si saintement. N’en déplaise aux musulmans qui ne peuvent admettre l’association du divin et de l’humain, c’est bien par la venue du Christ, par sa mort et sa résurrection que nous pouvons être sauvés de la mort. Sans Lui, tel qu’Il se révèle à nous, Dieu fait homme, rien n’eut été possible pour tirer l’humanité d’un destin tragique. Associer Dieu et l’homme en Jésus Christ est le fait le plus extraordinaire possible pour reconnaître la toute-puissance d’amour divine. Tout ceci est le choix de Dieu. L’homme ne pouvait imaginer pareil salut. 

À Chartres, nous souhaitons prolonger à l’avenir le jubilé. Le parcours jubilaire offert aux pèlerins et aux visiteurs, magnifiquement élaboré par les équipes de paroissiens est une proposition cultuelle féconde. La cathédrale de Chartres n’est pas qu’un chef-d’œuvre de pierre et de verre, c’est un magnifique écrin pour le Mystère même de l’incarnation. Pour prendre une comparaison simple, présenter la cathédrale sans permettre la rencontre de Dieu serait comme faire visiter une belle cuisine sans proposer de goûter les plats. Pour avancer dans cette mission tous les talents seront les bienvenus. Nous continuerons d’associer ceux et celles qui nous rejoignent pour accueillir, servir, guider, faire chanter, embellir, etc. La vie d’une communauté paroissiale se concrétise ainsi et la Vierge Marie espère nos contributions afin que l’amour de son Fils Jésus soit annoncé et connu. Chacun, notamment les néophytes et les recommençants, a une place à prendre, sachons y veiller avec charité en les accueillant et en leur permettant de déployer leurs talents.

En ce jour merveilleux, prions encore Dieu par l’intercession de Notre-Dame, surtout pour la paix entre les peuples en disant la belle prière enseignée par Jésus aux disciples : Notre-Père.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.