Après leur rencontre avec Jésus à Bethléem, les mages ont pris un autre chemin pour retourner dans leur pays. Pour cette année qui commence, je vous souhaite de prendre des voies nouvelles pour réaliser vos projets, selon l’appel de l’Esprit Saint. Quels rêves avez-vous ? Quels désirs voulez-vous voir se réaliser ? Osons faire du neuf ! Et pour cela, libérons-nous des attachements inutiles et des paroles négatives qui bloquent notre allant. Aux apôtres, Jésus disait « Voici que moi, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups » (Mt 10,16). Oui, parfois partir annoncer l’évangile est une folie. Aujourd’hui, Jésus nous fait toute confiance pour bâtir l’Église et annoncer le Royaume. Quand les disciples revinrent vers lui, il leur dit : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, ni sac, ni sandales, avez-vous donc manqué de quelque chose ? » (Lc 22,35) Ils lui répondirent : « Non, de rien. » Nos communautés peuvent avancer dans la confiance puisque la providence divine nous accompagne. Jésus invitait les disciples à regarder les lys des champs et les oiseaux du ciel qui reçoivent au quotidien ce dont ils ont besoin.
En ce temps de Noël qui se conclura avec la fête du baptême de Jésus, nous avons proclamé lors des célébrations liturgiques les enseignements de l’apôtre saint Jean, et notamment sa première épître. Rappelons-nous que le Nouveau Testament contient trois de ses lettres. Cet apôtre identifié par une majorité des Pères de l’Église comme le « disciple bien-aimé » dont parle l’évangile se tient au pied de la Croix avec le Vierge Marie. Toute sa vie il a contemplé le mystère de la foi que Jésus a dévoilé par sa venue, sa vie, sa mort et sa résurrection. Il écrit tardivement : sa première épître fut sans doute rédigée autour de l’an 90. Il parle de l’amour qui est en Dieu, communion des trois personnes divines et qu’il résume par l’affirmation si nouvelle à son époque et toujours aussi bouleversante : « Dieu est Amour » (1Jn 4,7.19). Il ajoute que nous sommes devenus fils dans le Fils Jésus et que notre vie chrétienne se centre sur Dieu qui demande deux attitudes fondamentales : « mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé » (1Jn 3,23). Nous regardons vers Dieu en devenant intime de Jésus par notre prière intérieure et nous ouvrons l’ensemble de nos relations humaines à cette présence pour devenir aptes à un amour nouveau et gratuit envers toute personne rencontrée sur notre chemin.
Pourquoi l’amour est-il si central dans la Révélation biblique ? La création est une œuvre divine qui n’a pour seul but que de partager l’amour de Dieu aux hommes. Malheureusement le péché est entré dans le monde et a brisé l’harmonie originelle. Aussi, l’amour miséricordieux est sollicité comme chemin de réconciliation entre les vivants, comme d’ailleurs entre les peuples en besoin de paix. L’amour demeure notre besoin fondamental car chacun d’entre nous fut créé par un acte d’amour, amour de nos parents normalement, amour de Dieu certainement, qui infuse l’âme dès notre conception. C’est pourquoi « les grandes eaux ne peuvent éteindre l’amour » (Ct 8,7) en nos vies, à moins que l’on ait exclu cet amour par une grave violence affective. L’amour est d’abord divin, il est tel le feu ardent jaillit du cœur de Jésus que sainte Marguerite-Marie contemple lors de ses apparitions.
Pendant la messe de l’Épiphanie, nous avons lu un passage de saint Paul qui explicite ce mystère : « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile » (Eph 3,5-6). L’héritage reçu est l’amour même dont saint Jean parle. Toutes les nations pourront boire à cette source d’amour. Par l’action de l’Esprit Saint, le corps qu’est l’Église se construit, c’est la convocation de toutes les personnes qui se rassemblent pour célébrer, œuvrer et faire de leur vie une louange à notre Dieu. Formant le peuple de Dieu, les fidèles ont la promesse que le Ciel est définitivement ouvert afin que chacun puisse y entrer et voir la face de Dieu. C’est « dans le Christ » que cela s’opère. C’est lui qui nous sauve par son sacrifice. Nul autre prophète ne peut ouvrir la voie. Il importe que nous ayons connaissance de ce mystère pour entendre l’appel à suivre Jésus et nous convertir. C’est par l’annonce de l’Évangile que les hommes et les femmes acquièrent la connaissance de ce mystère du salut et qu’ils peuvent suivre Jésus. N’est-il pas celui qui s’est présenté à ses contemporains, tout d’abord aux disciples de Jean le Baptiste qui l’a désigné par l’expression « voici l’agneau de Dieu ». Jean a suscité cette question « où demeures-tu ? » et ses disciples allèrent demeurer avec Jésus. Ce mystère nous donne l’espérance que toute personne rencontrée, même si elle appartient à une culture et à une religion bien différentes de la nôtre est appelée par grâce à embrasser la foi en Christ, à vivre de sa Parole, et à prendre le chemin du Ciel comme membre de l’Église. Pourtant, tant de personnes non catholiques ne croisent pas de témoins qui les ouvrent aux Écritures et leur désignent le chemin. Ignorer le Christ et le chemin qui mène à lui, n’est-ce pas une grande injustice faite à l’homme ? Une femme catéchumène disait : « je sens que Jésus m’appelle ». En témoignant de sa présence dans notre vie, d’autres personnes entendront cet appel pour eux. Ils découvriront le visage et le nom de Celui qui leur fait signe. Cependant ils ont besoin de notre médiation même si parfois, notamment par des songes, Jésus peut se manifester directement à certaines personnes non chrétiennes, notamment des musulmans.
Notre foi a été renouvelée durant le temps de Noël et c’est une grâce qui transmet la vie et transforme le quotidien. Une jeune femme récemment convertie au Christ voyait ses proches lui demander avec insistance qui elle avait rencontré pour être ainsi lumineuse. Jésus donne sa paix. Il instille en nous une joie profonde qui rejaillit dans nos relations. C’est un bonheur durable qui accompagne nos pas dans les difficultés du quotidien.
En ce début d’année, prenons le temps de nous demander quelles seront les conséquences de notre foi renouvelée sur nos projets ? Comment rendrons-nous concrète notre communion spirituelle avec Jésus-Christ ? Le patriarche latin de Jérusalem, Monseigneur Perbattista Pizzaballa, écrit en parlant de la Terre Sainte : « Dans ce contexte déchiré, l’engagement pour la paix et la justice doit être l’expression première et immédiate de la vie de foi. » Il ajoutait : « La foi qui nous anime n’’est pas une réponse à toutes les questions. Elle est une relation dans laquelle toutes les questions ont une place. » L’apôtre saint Jacques écrit avec fougue : « ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte » (Jc 2,17). Il est beau de voir des chrétiens agir, qui partagent et servent les autres. N’avons-nous pas quelques talents mis sous le boisseau que nous pourrions utiliser au service des autres, dans notre village, au sein des écoles ou d’une association ? L’année nouvelle n’est-elle pas un magnifique espace pour contribuer aux biens de personnes en attente d’aide ?
Ainsi, à l’instar des mages venus de loin pour se prosterner devant le nouveau-né, je vous invite à vous mettre en route sans tarder afin de porter le message du Salut et d’œuvrer à établir la justice divine, amour lumineux fait de tendresse et de pardon, qui ouvre le chemin du Ciel vers la béatitude éternelle. Si Dieu est avec nous, à chaque moment, nous ne devons pas craindre d’être acteurs d’un monde nouveau. J’encourage ceux qui ont mission de transmettre à d’autres des paroles encourageantes, un enseignement, un métier, de prier souvent intérieurement pour être éclairés en vue d’un tel bien.
Alors que vous recevez ce message en ce vendredi matin, je rencontre le saint Père François avec une trentaine de personnes, chefs d’établissements scolaires et chrétiens engagés pour l’éducation afin de lui présenter le nouveau projet des écoles de vie(s) qui seront des lieux intergénérationnels, futurs espaces de développement et d’éducation de notre jeunesse. Nous ouvrons les sites des établissements Saint Ferdinand (Chartres) et Franz Stock (Mignières) à de nouveaux publics : personnes âgées, personnes en situation de handicap, personnes seules ou isolées, voisins du quartier, tout en préservant l’intimité et le fonctionnement actuel des établissements scolaires. Il en va de l’avenir de la société et des relations humaines. C’est une belle intention de prière que j’aimerais vous confier. C’est un projet pour que notre foi porte du fruit.
Prions maintenant ensemble avec la prière du Jubilé romain de cette année 2025 afin qu’elle soit féconde et que la paix gagne la victoire sur toutes les formes de violence :
Père céleste, en ton fils Jésus-Christ, notre frère, tu nous as donné la foi, et tu as répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint, la flamme de la charité.
Qu’elles réveillent en nous la bienheureuse espérance de l’avènement de ton Royaume.
Que ta grâce nous transforme, pour que nous puissions faire fructifier les semences de l’Évangile, qui feront grandir l’humanité et la création tout entière, dans l’attente confiante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, lorsque les puissances du mal seront vaincues, et ta gloire manifestée pour toujours.
Que la grâce du Jubilé, qui fait de nous des Pèlerins d’Espérance, ravive en nous l’aspiration aux biens célestes et répande sur le monde entier la joie et la paix de notre Rédempteur. A toi, Dieu béni dans l’éternité, la louange et la gloire pour les siècles des siècles. Amen.