#250 «Le but de la vie chrétienne c’est la sainteté, soit la vie dans l’Esprit»

De retour de Lourdes où s’est déroulé le magnifique événement Kerygma, je rédige ces lignes. Kerygma fut un moment de grâce et de fraternité pour 2 800 personnes aimant l’Église, désirant échanger sur ces « jeunes pousses » que sont nos nouveaux projets locaux missionnaires, priant et chantant telle une grande famille. Il y eut de fort belles animations, des enseignements de qualité, des liturgies profondes, des rencontres sous forme d’ateliers, des moments d’échange jusqu’au retour dans le train. Déjà des rendez-vous s’organisent puisqu’une nouvelle étape s’ouvre à tous, dans nos diocèses, afin de faire mémoire de ce qui fut dit, construire un chemin et oser la mission. Le kerygme est le contenu concentré de notre foi qui dit que Jésus est mort et ressuscité pour nous, mais le kerygme c’est en même temps un art de vivre ensemble l’évangile, c’est un chemin transformant, humble et audacieux, en vue de la sainteté et pour l’annonce du Royaume. Au fond, c’est un état d’esprit qui dispose les fidèles aux surprises du saint Esprit avec la certitude que le Christ vit parmi nous et en nous. Le kerygme est encore un remède contre la morosité et la pessimisme. C’est un appel déterminé en vue de la sainteté. N’est-ce pas la sainteté qui change l’Église ? Nous y avons chacun notre part. La pape François parle de la sainteté de la porte d’à côté, celle de personnes discrètes dont la vie est illuminée par leur foi et qui font le bien qui est à leur portée au bénéfice de leurs proches et de leurs voisins. 

Nous avons célébré la fête de la Toussaint. Parfois, nous constatons une confusion entre cette fête du 1er novembre et le jour de prière pour nos défunts. Certes, le fait d’avoir droit à un jour férié conduit beaucoup de fidèles à se rendre au cimetière, le « lieu où l’on dort » pour en préciser l’étymologie, afin de prier sur la tombe de nos défunts. Certains déposent des fleurs et nettoient le monument funéraire. Malheureusement on y trouve beaucoup de tombes abandonnées, devant lesquelles plus personne ne vient prier. Depuis toujours, se fondant sur un texte du livre des Maccabées qui invite à prier pour les soldats tués lors d’une bataille, nous avons cette belle dévotion de prier pour que nos proches décédés accèdent à la gloire du ciel. Notre âme immortelle lors de la mort du corps physique est destinée à vivre face à son créateur, ainsi continuerons-nous à exister et jouirons-nous des joies du Ciel. Mais il y a le passage par le jugement personnel de nos actes bons et mauvais et nous ferons face à la justice de Dieu et bénéficierons de sa miséricorde. Prier pour nos défunts est la plus importante des charités à leur faire car ils ne peuvent plus agir pour leur salut, seuls les membres de l’Église dans un élan solidaire en intercédant pour eux les aident à accéder à cette béatitude céleste. Faire célébrer une messe pour un défunt réalise un grand acte de foi et d’amour. 

La Toussaint dit combien nous devons prendre au sérieux notre vocation à la sainteté. Être saint aujourd’hui apporte à l’humanité un surcroît d’amour et de communion entre les êtres. Être saint exclut le choix du mal, de la violence et des agressions. Recherchant la sainteté, nous voyons des jeunes gens engagés dans une vie de service joyeux, désirant imiter leurs prédécesseurs donnés en exemple par le magistère de l’Église. Ils ne sont pas hors du monde, ne cherchent pas à le fuir, mais ils donnent leur cœur, ils apportent leurs talents pour qu’une lumière de paix et d’amour ne s’éteigne jamais entre les hommes. Cette lumière brille parfois dans les ténèbres et rejoint ceux et celles qui désirent être tout à Dieu pour aider les hommes. Dans chaque famille, ne faudrait-il pas que l’amour de Dieu soit vécu et enseigné, de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit ? Pourquoi ne pas relire ensemble le soir la façon dont nous avons honoré ce commandement et comment il a été concrétisé par l’amour du prochain ? Imaginons que beaucoup fassent cet acte de relecture en vérité et choisissent de reprendre toujours le chemin à la suite du Christ, combien la société irait mieux et nous en serions heureux car ce serait source de joie. 

À Rome, s’est achevée une nouvelle étape du synode sur la synodalité. Rappelons-nous tout le chemin parcouru en premier au sein de notre diocèse depuis 2021 lorsque près de six cents personnes se sont retrouvées dans les fraternités pour invoquer le Saint Esprit, méditer la Parole, prier et écouter le Seigneur inspirer une vie ecclésiale renouvelée. Les synthèses diocésaines ont été agrégées dans un document national commun puis un autre au niveau continental afin que soit élaboré le texte appelé Instrumentum laboris pour le travail en ce mois d’octobre à Rome, quand durant quatre semaines, 364 personnes, dont une majorité d’évêques et de nombreux laïcs, ont vécu cette « conversation dans l’Esprit » afin d’écouter les appels de Dieu en vue d’une Église missionnaire. Un texte de conclusion est maintenant voté par les participants, il sera étudié dans nos diocèses durant l’année à venir. Il n’est donc à ce stade pas définitif et sera sûrement modifié. Nous nous réunirons pour prier et réfléchir à ses propositions et envoyer nos commentaires, avec une méthode qui nous sera précisée. Viendra alors la deuxième assemblée romaine en octobre 2024, puis le pape rédigera le texte final du synode. 

Faut-il beaucoup attendre de ce synode ? L’Église prend son temps et ne cherche pas à satisfaire des électeurs. La conversation est un mode d’échange fécond pour que tous s’expriment. Cela ne peut se faire qu’avec un total respect de chacun et l’accueil de toutes les sensibilités. Nous ne devons pas oublier que ce sont des délégués du monde entier qui se sont rassemblés à Rome et que la partie de l’Église qui est en Europe est minoritaire aujourd’hui. Par ailleurs nous voyons que, dans l’histoire, la réforme de l’Église s’est faite par la sainteté de certains fidèles. Or la source de la sainteté se trouve dans la fidélité à la parole, soutenue par les sacrements. C’est ainsi que notre vie se transforme. Nos méthodes et nos institutions sont au service de la conversion du peuple de Dieu, c’est-à-dire l’Église qui emprunte les voies que Jésus-Christ a ouvertes dans la lumière du Saint Esprit, pour le salut de l’humanité. Soyons à l’écoute des propositions de notre saint Père, le pape François, qui sera assurément le promoteur de la suite de la démarche synodale. Prions le Seigneur : qu’il lui accorde la force dans son âge avancé pour arriver au terme de ce qu’il a entrepris. 

Je vous propose de prier maintenant Notre-Dame de Lourdes où je me trouve à nouveau, cette fois avec tous les évêques de France, les équipes de laïcs de la Conférence des évêques de France, des experts qui s’associent à nos travaux. Nous prions auprès de la grotte où Marie daigna élever Bernadette si pauvre et si déterminée en vue de la sainteté qu’elle nous est donnée comme modèle aujourd’hui. Je vous propose de chanter le Magnificat. 

Mon âme exalte le Seigneur,

exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

Il s’est penché sur son humble servante ;

désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

Son amour s’étend d’âge en âge

sur ceux qui le craignent ;

Déployant la force de son bras,

il disperse les superbes.

Il renverse les puissants de leurs trônes,

il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,

renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël, son serviteur,

il se souvient de son amour,de la promesse faite à nos pères,

en faveur d’Abraham et de sa race, à jamais.

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Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.