#194 « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la Terre ! »

Le 1er octobre, nous fêtions sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. « Je veux passer mon Ciel à faire du bien sur la Terre » voici le grand désir de Thérèse. Savez-vous que cette jeune religieuse nourrissait de grands désirs ? Elle souhaitait être missionnaire, prêtre, prophète. Elle aimait la vie et pourtant elle avait choisi de vivre toute unie à Jésus-Christ dans un Carmel à Lisieux en Normandie. Entre les murs de son couvent, elle regardait loin et haut, priant pour les missionnaires avec qui elle correspondait en désirant être bientôt au Ciel avec ses amis les saints. Comme elle méditait sur la sainteté, se voyant faible et petite, elle réalisa que Jésus lui-même pouvait l’élever jusqu’à son Sacré-Cœur pour qu’elle y demeure dans le feu de son amour. « Ma vocation, c’est l’amour » comprend-elle en lisant la lettre de saint Paul aux Corinthiens. Aimer toujours fut son chemin. Ainsi, rien ne l’arrêta. Elle aimait les sœurs de sa communauté religieuse et elle le signifiait par ses petits sacrifices, jusqu’à se réjouir de ramasser une aiguille oubliée. À son école, nous apprenons que chaque acte du quotidien peut devenir un acte d’amour. Avec Sainte Thérèse, nous pouvons ainsi transformer nos habitudes et nos relations interpersonnelles. Nous avons tellement besoin de communion, au sein de nos couples, des familles et de tous les lieux de relations sociales, surtout l’espace du travail. Cette communion a une source, elle vient de Dieu et Jésus priait son Père pour « que tous soient Un », ce qui veut dire absolument unis de cœur. Cette communion nous donne un avant-goût du Ciel.

La vie chrétienne ne consiste-t-elle pas à vivre dès ici-bas connecté au Ciel ? La foi illumine les rapports humains. Elle conduit à la sagesse qu’inspire le Saint-Esprit. Aussi, faisons un lien entre l’union avec Dieu et une expression que saint Paul écrit à Timothée « empare-toi de la vie éternelle. » (1 Tm 6, 12) C’est une formule originale, car ce verbe appelle un effort, une énergie. Par exemple, au rugby, on doit s’emparer du ballon ovale et il faut de la force pour le conserver. En réalité, pour grandir et demeurer uni au Christ, il s’agit d’un combat. Ce mot, Paul l’utilise souvent et compare la vie chrétienne à la lutte qu’un légionnaire, soldat romain aguerri, doit assumer. Si la vie éternelle est un don divin, obtenu pour chacun par Jésus et infusée par notre baptême, face aux tentations nous apprenons à résister fermement et ensemble. « Empare-toi de la vie éternelle » est une expression intéressante car elle nous engage à choisir et à mettre en œuvre les moyens du salut dans notre quotidien personnel. Par expérience, nous savons que la victoire est communautaire, que l’isolement spirituel mène souvent à l’échec, et que, comme au rugby, c’est l’équipe qui marque l’essai et qui gagne la partie, pas un joueur isolé. Sainte Thérèse elle-même vivait au sein d’une communauté de religieuses qui priaient ensemble et les unes pour les autres. Ce soutien fraternel est déterminant pour nos communautés locales, aussi devons-nous réfléchir aux formes concrètes que cela peut prendre. Certes, pour la plupart, nous ne sommes pas des religieux ou des consacrés dans le célibat. Mais les paroissiens sont nos frères et sœurs en Christ, à qui nous devons bienveillance et attention. Sommes-nous suffisamment attentionnés ? Prenons-nous des nouvelles et rendons-nous visite de temps en temps ? Sans doute pas assez : trop de personnes sont isolées alors que nous vivons la même eucharistie. N’y a-t-il pas là un motif de partage et de décision pour rendre notre communauté unie et témoin de l’amour que Dieu met entre nous ?

Nous avons eu la joie de vivre l’ordination sacerdotale de Clément le 3 juillet dernier. En cette rentrée scolaire, aucun nouveau jeune homme n’est entré au séminaire pour le diocèse de Chartres. C’est donc bien une intention de prière. Au sein des familles, nous pouvons continuer à prier avec les enfants la belle prière à Notre-Dame du sacerdoce. J’insiste sur l’importance de notre prière et sur celle des enfants pour les vocations consacrées. Depuis quatre années, j’ai tenu à vous supplier de demander à Jésus de saints prêtres pour l’Église de demain. Bien entendu, nous n’oublions pas la vocation naturelle au mariage élevée comme vocation surnaturelle par la grâce du mariage chrétien. Pour cela, nos paroisses comme le diocèse proposeront des préparations au mariage plus consistantes afin d’avoir le temps de faire un chemin spirituel à l’écoute de Jésus-Christ. Cependant, qui nous donnera ces moyens de sanctification que sont les sacrements si nous manquons de prêtres ? Des propos médiatiques circulent sur les réseaux mettant en cause la grandeur du célibat pour le Royaume. Jésus disait que ceux qui pourront comprendre comprendront. Être un homme consacré par le sacrement de l’ordre, c’est être avec Jésus l’époux de l’Église. Moi-même, évêque et prêtre, je porte mon anneau épiscopal comme signe de ces épousailles. D’ailleurs, pour l’anecdote car on m’interrogeait sur ce détail, suite à une chute à vélo qui a blessé l’annulaire droit, je porte cet anneau à la main gauche, comme les époux portent leur alliance à gauche. Le prêtre, collaborateur de l’Église, reçoit l’Église comme épouse, il la sert et elle le reçoit avec reconnaissance, l’accompagnant par une vie fraternelle discrète et attentive pour qu’il ne porte pas seul les soucis et le poids de l’animation de la paroisse, pour qu’il trouve en quelques familles écoute et nourriture, pour que ces épousailles spirituelles prennent corps et sens. Le prêtre n’a-t-il pas vocation à être tout à Dieu pour être tout aux hommes ? Le monde ne peut comprendre la grandeur du sacerdoce, signe de l’amour absolu de Dieu. Chérissons-le au sein de l’Église. Aidons nos prêtres à vivre joyeusement leur vocation sacerdotale dans le célibat pour le Royaume en serviteur de leurs frères et sœurs, humblement et fidèlement. Demandons-lui ce pour quoi il a été ordonné prêtre, la Parole, le Christ, la Miséricorde, l’écoute attentionnée, le zèle missionnaire. Vous laïcs prenez votre part à la mission en transmettant la foi, en enseignant aux petits comme aux adultes, en veillant sur vos églises qui devraient toutes être propres, accueillantes, ouvertes, belles. Suscitez des initiatives de partage et d’entraide, d’animation, visitez les personnes blessées, soyez ensemble l’âme de la communauté qui déborde de charité. Yallah ! comme disait sœur Emmanuelle du Caire, ne nous endormons pas.

Sainte Thérèse a été nommée sainte patronne des missions universelles. Les murs de son couvent ne furent pas un obstacle dans sa relation spirituelle avec ces nombreux missionnaires, hommes et femmes, qui, en cette fin du XIXe siècle, quittaient leur famille et leur pays pour s’inculturer totalement au bout du monde auprès de peuples si différents. Leur but était de leur révéler le visage du Christ tout en aidant au développement des écoles, des dispensaires, des hospices pour personnes âgées ou handicapées. Beaucoup y laissèrent leur propre vie, malades ou persécutés. Thérèse écrivait à ces missionnaires qui trouvaient dans ses lettres un encouragement spirituel magnifique. Il devait être bon pour ces derniers d’avoir Thérèse comme sœur spirituelle. Après son départ au Ciel, la petite Thérèse sera honorée très vite dans le monde entier, aussi par nos frères chrétiens orthodoxes. Elle est devenue une sainte universelle qui inspire toujours l’Église en mission. Le dimanche 13 novembre, tous les catéchumènes et les néophytes du diocèse sont invités à Lisieux pour un pèlerinage ressourçant. Nous irons la prier pour qu’elle nous dévoile un peu plus le secret de son cœur à cœur avec Jésus.

Ce jour, 7 septembre, c’est la 13ème journée des soins palliatifs. Nous savons que le gouvernement ouvre un débat sur l’euthanasie. Or il n’y a pas de soins palliatifs dans un quart des départements français. Ces lieux, à l’instar de la maison Jeanne Garnier à Paris, permettent à des personnes en fin de vie, de vivre, aussi bien que possible, soulagée de la douleur et entourée d’affection. Chaque jour a sa valeur pour se préparer à la rencontre avec l’Éternel, pour converser avec ses proches, pour relire sa vie, parfois pour demander pardon à Dieu et à ses proches. Légaliser l’euthanasie active, ce qui veut dire autoriser le médecin à mettre fin à une vie par un acte médical, c’est ouvrir la porte à la mort, or donner la mort est un acte barbare, c’est la légaliser et susciter un climat de peur dans l’esprit des malades ou des vieux qui se sentiront de trop, inutiles et encombrants. C’est mettre la priorité sur l’économie financière à réaliser. Les médias et le cinéma préparent depuis si longtemps l’opinion publique à cette nouvelle loi. Puisque nos politiques ont chassé toute sagesse divine, la vie devenue un bien quantifiable et marchand pourra être supprimée par la main humaine. Or l’Église appelle un surcroît d’humanité et de fraternité devant la fragilité. Certes, quand la société favorise l’isolement, l’individualisme, l’abandon de l’autre à la responsabilité des organismes spécialisés, quand la famille est divisée et ne prend plus en charge nos anciens, oui la question de l’accompagnement devient grave et difficile. Est-ce cependant un motif pour supprimer des vies ?

En ce mois du rosaire, octobre, prions la Vierge Marie pour cette cause si importante. Prions-la pour que nos députés saisissent que toute vie est sacrée. La barbarie ne peut pas s’étendre en France. Prions beaucoup et engageons-nous courageusement dans le débat politique pour faire entendre qu’il peut exister une autre voie que l’euthanasie, le respect de toute vie humaine de sa conception à sa fin de vie naturelle.

« Souvenez-vous, ô Très miséricordieuse Vierge Marie, qu’on n’a jamais entendu dire qu’aucun de ceux qui ont eu recours à votre protection, imploré votre assistance ou réclamé vos suffrages, ait été abandonné. Animé de cette confiance, ô Vierge des vierges, ô ma Mère, je viens vers Vous, et gémissant sous le poids de mes péchés, je me prosterne à vos pieds. Ô Mère du Verbe Incarné, ne méprisez pas mes prières, mais écoutez-les favorablement et daignez les exaucer. Amen. »

image_pdfimage_print

Je confie mon intention de prière

Votre intention sera confiée à la prière des sœurs de Saint-Paul de Chartres.