Témoignage de Clément Pierson avant son ordination sacerdotale

Les jeunes du groupe Samuel, lors du dernier voyage à Rome pour la canonisation de Charles de Foucauld, interrogent Clément avant son ordination sacerdotale.

Dieu t’as appelé personnellement pour une vie de prêtre, de religieux. C’est une grande joie pour le diocèse !

« Oui Dieu m’a appelé personnellement mais je ne suis pas tout seul dans la vocation. Il faut annoncer à ma famille que je vais rentrer dans l’Église, dans un presbytérium. Ma vocation elle est beaucoup plus large, elle est pour les autres. Dans la vie religieuse on n’est pas prêtre pour s’enfermer dans son monastère, les ermites se font ermites pour prier pour les autres, sinon ça ne sert à rien. »

  • Combien d’années de séminaire as-tu fait ?

« Après ma prépa en filière BL (mathématique et science sociale en plus de la philosophie) j’ai étudié à la Sorbonne et me suis intéressé plus particulièrement à l’œuvre de Tolkien. Je suis entré au séminaire GFU ( Formation en alternance pour réfléchir à ma vocation de prêtre). Pendant ces quatre années, j’alternais entre la faculté en semaine et le séminaire les week-ends et les vacances. Cela m’a beaucoup porté. Tout concours t’aide à un moment de ta vie, il n’y a pas de temps perdu, c’est du temps orienté.

Après mon concours du CAPES je ne voulais pas enseigner, je voulais vraiment rentrer au séminaire. J’ai finalement été professeur et aujourd’hui je prends conscience que cela m’a servi, j’ai appris à rédiger, à lire beaucoup de livres. Vivre du Christ oui mais aussi dans chaque chose du monde.

La phrase que j’ai choisie pour mon carton d’ordination : « Quant à nous, nous aimons parce que Dieu nous a aimé le premier ». Pour moi Dieu ça a toujours été une évidence, j’ai pas l’impression d’avoir choisi d’être chrétien. Je n’arrive plus à voir le monde sans ça ! Fondamentalement dans mon cœur, j’ai pas d’autres voies. La liberté ce n’est pas faire ce que je veux, c’est accorder ma volonté avec celle de Dieu. Si Dieu veut que je devienne prêtre, j’y vais !

Après ma prépa, je rentre au séminaire où je fais encore deux années d’étude puis 4 ans aux Carmes, et là je termine mon année à Rome, au total ça fait 9 ans ! Finalement ces 9 années, c’était pas plus mal dans le sens où je vais avoir 29 ans. Ces 9 années de ma vie d’adulte, je les ai déjà données, Dieu peut prendre le reste ! »

  • T’es-tu posé la question que tu pourrais faire autre chose et fonder une famille ?

« Ça dépend peut-être de la vision que l’on a du mariage. Moi dans ma vie je ne me suis jamais dit que je vais me marier. A la limite, j’aurais pu dire que je vais me marier avec quelqu’un. Il se trouve que cette personne n’est pas arrivée et qu’il y a eu « Jésus ». Le célibat a une autre manière de porter du fruit, j’entends que c’est un sacrifice, c’est une porte qui se ferme, c’est sûr mais encore une fois c’est pour autre chose. On coupe une branche pour que la sève aille ailleurs. L’enfantement peut être spirituel. »

  • Quels seraient tes dons au moment de t’engager dans le sacerdoce ?

« Question difficile ! Je pense que les dons sont pour les autres ! C’est surtout aux autres de nous dire quels sont les nôtres. »

  • Quelles difficultés tu rencontres aujourd’hui ?

« Beaucoup de prêtres ont un désir de vie communautaire un peu malmenée aujourd’hui. Le système de couverture du territoire amène les prêtres à vivre seul. Moi ça ne me gêne pas trop, après c’est une réalité, c’est le dépassement. On ne sait pas à quoi ressemblera l’Église en France dans 30 ans, on est une génération qui vit la fin d’un système, qu’allons-nous trouver derrière, c’est l’inconnu, ça peut être un lieu de peur ou d’espérance.

Une autre difficulté est le souci de l’hyper médiatisation. Toutes les histoires que l’on connaît, les suspicions, qui sont mises sur la voie publique font peur ! C’est l’exemplarité qui est de mise et c’est normal. Être prêtre c’est une vie d’homme public, tout le monde n’apprécie pas !

La collaboration. Un pasteur n’est pas celui qui fait tout. Le pasteur est celui qui met les personnes à la bonne place, ça c’est un vrai défi, déléguer ! L’idée est de s’effacer. Comment je vais répartir les tâches à faire pour que chacun trouve sa place et qu’il porte du fruit ? Mettre le charisme que l’Esprit à mis en la personne au service de tous !

Discerner tout ça ! On sort du modèle où le prêtre devait tout faire. Un défi d’Église ! »

  • Quel est le Saint que tu aimes prier ?

« Pier Giorgio Frassati, né en 1901 à Turin décède à 24 ans, il est issu d’une famille bourgeoise. Pier Giorgio poursuit ses études malgré des difficultés scolaires. Très vite, il se met au service de la foi et de la charité. Toute sa vie est marquée par le don de soi aux plus pauvres, qu’il appelle sa famille, par son engagement social très poussé, par un amour de Dieu sans limite sans même que sa propre famille ne s’en aperçoive. Il entre dans le laïcat dominicain.

Il m’a appris à dire : la sainteté c’est tout de suite, il ne fallait pas que j’attende la fin de mes études, que je devienne prêtre pour me dire que je pouvais être saint, vivre dans la sainteté avec Dieu au jour le jour, ça pouvait être tout de suite.

Sa vie, c’est sa relation aux pauvres :  il allait nourrir les pauvres. Il disait : ma journée commence par aller à la messe et ensuite je vais voir les pauvres. Dieu m’a rendu visite dans l’eucharistie, moi je vais lui rendre visite dans ses pauvres. Il s’éteint à l’âge de 24 ans, ça a été fulgurant, sa grand mère et lui mourraient côte à côte le même jour. Lors de son enterrement, de nombreuses personnes pauvres ayant bénéficié de son aide sont présentes. Ses proches se rendent alors compte de son activité secrète et, très vite, sa personne est particulièrement admirée. Je vous invite à lire ses lettres, c’est extraordinaire !

Lorsque je dis mon chapelet, je rajoute à ma dernière dizaine toujours un onzième que j’offre à la Vierge Marie pour la canonisation du Bienheureux Pier Giorgio Frassati. J’attends avec impatience sa canonisation !  J’ai ‘été ordonné diacre un 4 juillet, le 4 juillet on fête le Bienheureux Pier Giorgio Frassati, cette année ma 1ère messe sera donc le 4 juillet : la messe du Bienheureux Pier Giorgio Frassati,  je suis super heureux !

Je vous invite à vous renseigner sur lui, il est un saint pour la jeunesse, un alpiniste (rando dans les alpes), un gars qui n’a pas peur du corps, de l’amitié, de la camaraderie. On va en montagne pour être proche de Dieu, et proche des hommes. Sa devise : « verso l’alto », vers le haut, on monte sur les montagnes, on voit le ciel, on respire, on est ensemble, on voit Dieu  !

Pier Giorgio Frassati a reçu la vie de Dieu. Il brule d’un feu intérieur tellement puissant que c’est bon, il n’a pas besoin de faire plus ! »

  • Quel est ton désir pour le jour de ton ordination sacerdotale samedi 3 juillet ?

« J’aimerais que les gens viennent nombreux mais surtout que tout ceux qui viennent se rende compte qu’ils ne sont pas là pour moi, qu’à travers ce sacrement que moi je vais recevoir, eux trouvent « Jésus ».  Je ne suis pas un super héros, je ne vais pas changer leur vie. On aura une belle cérémonie et ça c’est déjà bien !

Ce que vit Clément c’est l’Église toute entière qui le vit, elle reçoit un prêtre qui va être là pour leur apporter « Jésus. Un prêtre avec ses qualités et ses faiblesses. »

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