#89 « Aimer, c’est tout donner et se donner soi-même »

Aimer, voilà le sens de nos vies. Par ces quelques mots, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus résume son expérience de l’amour. On la nomme aussi sainte Thérèse de Lisieux. Elle était la cinquième fille de la famille Martin, dont les parents Louis et Zélie sont maintenant canonisés. Quel privilège merveilleux de contempler la vie des saints ! Saints Louis et Zélie, bien qu’ayant vécu au XIXème siècle, sont présentés comme un couple d’une réelle « modernité ». Zélie dirigeait une affaire de dentelles. Louis était horloger et avait un commerce. Ils eurent neuf enfants mais quatre décédèrent en bas âge. Ils connurent les affres de la guerre de 1870. Leur vie bien remplie, entre Alençon et Lisieux, était l’espace d’un amour familial puisé dans leur foi commune en Jésus-Christ. Ils se nourrissaient quotidiennement de l’eucharistie. Quant à leur fille Thérèse, s’il fallait vous la présenter, il faudrait un livre ! Elle vécut 24 années et mourut d’une tuberculose qui la fit beaucoup souffrir. Au Carmel, où elle était entrée toute jeune, elle prit le temps d’écrire de nombreux poèmes, des pièces de théâtre et surtout ses manuscrits qui seront appelés « histoire d’une âme ». Ce fut grâce à ses écrits que l’Église allait découvrir la profondeur de sa vie mystique et particulièrement ce que l’on nommera la « petite voie » pour aller à Jésus. J’aimerais donc vous lire ce passage du manuscrit C dans lequel Thérèse révèle sa découverte.

Je la cite : « Vous le savez, ma Mère, j’ai toujours désiré d’être une sainte, mais hélas ! j’ai toujours constaté, lorsque je me suis comparée aux saints, qu’il y a entre eux et moi la même différence qui existe entre une montagne dont le sommet se perd dans les cieux et le grain de sable obscur foulé sous les pieds des passants ; au lieu de me décourager, je me suis dit : le Bon Dieu ne saurait inspirer des désirs irréalisables, je puis donc malgré ma petitesse aspirer à la sainteté ; me grandir, c’est impossible, je dois me supporter telle que je suis avec toutes mes imperfections ; mais je veux chercher le moyen d’aller au Ciel par une petite voie bien droite, bien courte, une petite voie toute nouvelle. Nous sommes dans un siècle d’inventions maintenant ce n’est plus la peine de gravir les marches d’un escalier, chez les riches un ascenseur le remplace avantageusement. Moi je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection. Alors j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse Éternelle : « Si quelqu’un est tout petit qu’il vienne à moi » (Pr 9,4). Alors je suis venue, devinant que j’avais trouvé ce que je cherchais et voulant savoir, ô mon Dieu ! ce que vous feriez au tout petit qui répondrait à votre appel j’ai continué mes recherches et voici ce que j’ai trouvé : « Comme une mère caresse son enfant, ainsi je vous consolerai, je vous porterai sur mon sein et je vous balancerai sur mes genoux ! » (Is 66,12-13) Ah ! jamais paroles plus tendres, plus mélodieuses, ne sont venues réjouir mon âme, l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au Ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ! Pour cela je n’ai pas besoin de grandir, au contraire il faut que je reste petite, que je le devienne de plus en plus. O mon Dieu, vous avez dépassé mon attente et moi je veux « chanter vos miséricordes. »

Voici que la jeune carmélite ouvrait un chemin spirituel nouveau dans une époque marquée par le jansénisme. Sa petite voie devenait accessible à qui voudrait se faire « petit enfant » devant Dieu. Avec elle, la vie spirituelle comme la prière n’étaient pas faites de techniques compliquées, mais d’actes d’amour quotidiens, de pensées simples et douces pour son Seigneur. « Ma voie est toute de confiance et d’amour, je ne comprends pas les âmes qui ont peur d’un si tendre ami » écrit-elle. Comme catholiques, la multiplicité des traditions religieuses est une richesse, elle permet à chacun le mode de prière qui lui convient pour converser avec Jésus. C’est toujours l’Esprit qui nous inspire notre prière. Sainte Thérèse rappelle que nous pouvons rechercher la simplicité et la confiance, comme l’enfant devant sa tendre maman. Thérèse disait « Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est Juste, c’est-à-dire qu’Il tient compte de nos faiblesses, qu’Il connaît parfaitement la fragilité de notre nature. De quoi donc aurais-je peur ? » Sainte Thérèse qui avait un profond désir d’être apôtre, mais ne quitta jamais son couvent, fut nommée par l’Église sainte patronne des missions universelles. Elle priait pour les prêtres et pour les missionnaires qui partaient au bout du monde pour annoncer l’Évangile. Avant de rejoindre Dieu, elle promit de faire toujours du bien sur la Terre. Juste avant sa mort, ses dernières paroles furent « Je ne puis craindre un Dieu qui s’est fait pour moi si petit… je L’aime !… Car Il n’est qu’Amour et Miséricorde ! »

Le 1er octobre un nouveau mois missionnaire commence. Or ce jour est aussi la fête de sainte Thérèse de Lisieux. Peut-être vous souvenez-vous de la demande du pape François de faire du mois d’octobre 2019 un temps de mission pour toute l’Église universelle à l’occasion du centenaire de l’appel du pape Benoît XV qui, en 1919, après la grande guerre, relança la mission de l’Église ? Octobre 2019 fut en Eure-et-Loir l’occasion d’un bel élan, diversifié selon les paroisses, profitable tant pour les catholiques de nos paroisses que pour les habitants de nos villes, nos villages, nos campagnes. Des soirées de prière, des liturgies festives, des chapelets, des visites et des repas, des moments d’adoration eucharistique, des visites de malades ou des personnes seules, des marches et des pèlerinages, du porte à porte, des bénédictions de maison, des animations dans les maisons de retraite furent organisés. Le mois d’octobre est aussi celui du Rosaire. Le Rosaire nous fait méditer vingt épisodes de la vie de Jésus que l’on appelle des mystères. Sainte Thérèse aimait particulièrement la Vierge Marie. Elle reçut une grâce très particulière en se confiant à celle qu’elle regardait comme la Vierge au sourire. Envoyés par Jésus vers nos frères pour en faire des disciples, nous confions à Notre-Dame notre appel pour être rendus capables d’y répondre. Chaque jour nous prierons soit en famille, soit entre amis, à la maison, par vision-conférence ou par téléphone. Utilisons ces moyens nouveaux pour nous rassembler et nous tourner ensemble vers Dieu.

Ce mois d’octobre nous conduira à la fête de la Toussaint suivie par la journée de prière pour nos défunts. Je vous fais une proposition : pourquoi ne pas préparer et animer, dans l’église de votre village ou de votre quartier, une veillée d’accueil et de prière le vendredi 30 ou le samedi 31 octobre en invitant les familles endeuillées depuis l’été, voire durant le confinement ? Que faire lors de cette rencontre ? Prévoyez un accueil chaleureux, avec une boisson chaude car il peut faire froid. Choisissez de beaux chants avec des paroles d’espérance et de confiance. Envisagez un chapelet ou d’autres prières mariales, entrecoupées d’intentions concrètes. Si vous avez un temps d’adoration eucharistique, chaque personne pourra s’approcher de Jésus et déposer un mot personnel écrit et une bougie avec le nom du défunt sur une étiquette. Ou il sera possible d’installer une œuvre représentant la Vierge ou une grande icône entourée de fleurs et de bougies. On fera la lecture d’un passage de la Bible et quelqu’un en donnera un commentaire. Tout cela est simple à faire. Vous devez juste oser, sans écouter cette appréhension qui vient parfois face à l’idée de parler en public. Faites tout cela avec une équipe, même si elle est modeste, car c’est l’Esprit qui œuvrera. Choisissez une heure après le retour du travail mais pas tard, peut-être autour de 19h. Bien entendu, si l’on parle de mission, cela nécessitera d’inviter personnellement des personnes. En ce mois d’octobre visitons ces familles et invitons leurs parents et amis. Je vous encourage à toujours prier l’Esprit Saint. Il est l’agent de la mission, il la féconde, il l’inspire. Laissons sortir Jésus de nos tabernacles et de nos églises. Nos contemporains attendent des témoins du Christ ressuscité. Ce sera chacun de nous. N’oubliez jamais que sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a promis de faire du bien sur terre et même d’y envoyer des roses. Elles signifient toutes les grâces que le Seigneur nous réserve. Faisons de ce mois un mois joyeux par le sourire et l’amour que nous manifesterons.

Avec la Vierge Marie, confions ce temps missionnaire d’octobre et livrons-nous à l’Amour.

Maintenant je vous bénis au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

Ensemble, prions l’Angelus.

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de sa résurrection, par Jésus, le Christ notre Seigneur.

NB : la photo de chaque message montre une partie de notre cathédrale !