#189 « Je fais toutes choses nouvelles » (Apo 21,5)

Je vous écris, touché par la joie partagée à Lourdes lors de notre pèlerinage diocésain avec les malades et les hospitaliers. Ces derniers mois, après la crise du Covid, beaucoup de personnes ont à nouveau convergé vers la grotte de Massabielle pour y prier Notre-Dame. On y chante dans toutes les langues. Les malades sont merveilleusement pris en charge. La miséricorde coule à flot dans les cœurs des pèlerins qui repartent heureux et apaisés. Lourdes est un lieu de grâces : Dieu s’y révèle de manière particulière, dans la communion de foi qui unit les pèlerins et le service des  personnes fragiles et malades.

Dimanche prochain sonnera l’heure de la rentrée scolaire. À Chartres, nous inaugurons l’école primaire Guéry en basse ville, bâtiment moderne et lumineux. Une belle chapelle y est créée en son centre, réservée à l’usage sacré, conçue et meublée par l’artiste Fleur Nabert, et accueillera enfants et enseignants qui pourront s’y ressourcer. Dans nos établissements scolaires, nous choisissons de mettre le Christ au centre du projet éducatif et je compte sur les parents pour y soutenir la catéchèse et les célébrations. Nous désirons que chaque enfant trouve le chemin de l’amour de Dieu qui se fait proche de lui.

La rentrée est aussi celle de nos paroisses. Il y en a vingt-trois dans notre département d’Eure & Loir. Le saviez-vous ? Autant d’équipes pastorales invitées à ressaisir leur vocation missionnaire de manière nouvelle. Demandons-nous comment l’Esprit souffle et dans quelle direction. Mettons-nous à son écoute en méditant l’Évangile. La mission pastorale ne sera pas la photocopie de ce que nous faisions par le passé, elle est ce que Dieu appelle à vivre par chaque communauté. Réfléchissons aux personnes vers qui le Seigneur nous envoie. Par quels chemins nouveaux passerons-nous pour aller vers elles ?

En ce mois de septembre, il est sans doute utile de rappeler que le synode sur la synodalité n’est pas fini. Il a consisté durant le premier semestre 2022 à nous retrouver en groupe, à prier le Saint Esprit, à méditer la Parole de Dieu, à entendre ses appels pour le devenir de la mission afin de nous mettre en route ensemble. Nous pouvons reprendre cette marche. Les recommençants et les catéchumènes, les nouveaux paroissiens, tous peuvent prendre part à ce discernement. La vie de l’Église est synodale, aussi marchons joyeusement et ardemment ensemble pour appeler, accueillir, transmettre, créer et célébrer.

Mes propos posent une question fondamentale : « quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ? Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ? » (Sg 9, 1) Aussi demandons-nous ce que Dieu souhaite de nous ? Qu’attend-il de chacun et de notre communauté chrétienne ? Des enfants avec qui j’échangeais à Lourdes ne comprenaient pas comment Dieu nous parle. C’est une question réelle et souvent posée. Dieu parle, nous dit-on, et je ne l’entends pas ! Est-ce parce qu’il ne parle pas assez fort ? Ou ne sommes-nous pas conscients de sa voix et des canaux par lesquels Il parle ? « Écoutez ma parole » dit Jésus, elle donne la vie. Plus nous sommes habités par l’Évangile, plus l’Esprit Saint s’appuie sur cette richesse intérieure pour nous parler et nous guider. Méditer et se former est ainsi une nécessité pour tout chrétien : en prendra-t-on les moyens en cette rentrée ? Chaque prêtre et chaque laïc un peu formé ont vocation à transmettre leur foi, notamment aux enfants mais aussi aux adultes.

C’est ainsi que nous pouvons affirmer que vie spirituelle, formation et action pastorale ou missionnaire sont les triptyques de notre vie ecclésiale. Saint Charles de Foucault disait au sujet de la prière : « c’est un devoir d’amour, ne perdons pas une minute du temps que nous pouvons passer devant le saint-sacrement. » En cette rentrée, pouvons-nous ajouter des temps hebdomadaires d’adoration en nos églises et chapelles ? Souvent, nous prions pour les vocations et l’expérience montre que celles-ci naissent du cœur à cœur avec Jésus dans la contemplation. Là, tel jeune écoute la voix subtile de l’Esprit et se sent appelé à le suivre et à le servir. Peut-on proposer des plages d’adoration chaque dimanche, en semaine le soir, avant la messe, et lors de fêtes locales ? S’il-vous-plaît, ne soyez pas timorés et chiches ! Permettez la joie de la rencontre avec Jésus à ceux et celles qui viendront régulièrement, même si ce n’est pas en grand nombre. Nous formerons ainsi une chaîne de prière et d’adoration dans tout le diocèse. On instituera des personnes connues pour leur foi et leur probité afin qu’elles exposent le Saint Sacrement dans l’église du village. Cela se fera simplement, mais en veillant à la beauté et à la propreté de l’autel, de l’ostensoir et des cierges. Nous avons à offrir la dîme de notre temps au Seigneur et une part de celle-ci est notre prière quotidienne, l’autre part étant pour le service. Nous, catholiques, portons en nous cette exigeante responsabilité de faire monter vers Dieu notre louange et nos supplications pour ceux qui l’ignorent, en vue de leur salut et celui du monde. Dans cette prière personnelle, Jésus parlera et nous montrera la juste voie pour avancer dans la vie qu’il nous propose.

J’aimerais conclure par quelques mots sur le drame vécu par l’écrivain Salman Rushdie, né musulman en Inde, militant athée et pourfendeur des idéologies religieuses ou philosophiques qui portent atteinte à la liberté d’expression. La fatwa édictée à son encontre, légale en Iran, s’applique à tout musulman qui sera récompensé financièrement par l’état iranien s’il exécute l’écrivain, condamné pour blasphème pour son livre « les versets sataniques ». Commenter cet ouvrage, un roman, n’est pas mon propos, mais plutôt vous proposer quelques mots sur la notion du blasphème. Le blasphème, selon le Larousse, est « une parole ou un discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré. » Fondamentalement, le blasphème est un péché car il outrage Dieu et blesse les croyants, quelle que soit leur religion. Il contredit l’amour que l’on doit à Dieu et à son prochain. Il ne peut donc pas y avoir un droit au blasphème. Si la liberté d’expression ne peut être limitée, toute personne raisonnable peut choisir de ne pas en user afin de ne pas blesser profondément les personnes religieuses par des paroles blasphématoires. Mais personne ne peut prendre la place de Dieu et juger à sa place. « Ne jugez pas » dit Jésus. Car celui qui prend la place de Dieu blasphème en réalité, il se fait dieu à la place de Dieu. Prendre la place de Dieu est un outrage qu’on lui fait. Ceux qui décident au nom de Dieu de la condamnation à mort d’une personne, décident que Dieu veut cette mort, ils jugent donc à la place de Dieu et ils blasphèment eux-mêmes. Dans les pays musulmans où une loi anti-blasphème existe avec une peine de mort possible, c’est en réalité un outrage à Dieu. En disant cela, je ne prétends pas défendre cet écrivain, juste affirmer que l’homme n’a pas pouvoir de mort sur son frère et que, si Dieu veut qu’une personne meure, Il s’en chargera lui-même sans que les hommes en décident et passent à l’acte. Jamais nous ne pourrons accepter la mort volontaire, donc l’assassinat, car il est écrit « tu ne tueras pas ». Celui qui tue au nom de Dieu est un criminel et il en rendra compte au jugement dernier. Plus encore, ne devons-nous pas nous interroger sur notre attitude personnelle quand nous prenons la place de Dieu en condamnant autrui ? Alors ne sommes-nous pas tombés dans le blasphème plus souvent que nous le pensons ?

La foi est un merveilleux cadeau à partager en cette rentrée scolaire. Notre foi soutient la vie de tous, elle est un don divin. Que notre vie chrétienne soit un témoignage de la vie que nous recevons de Dieu que nous chérissons. Maintenant, prions encore avec Notre-Dame pour recevoir son Fils venu partager notre vie. Il est là au milieu de nous lorsque nous sommes rassemblés en son nom.

Nous nous confions à la prière de la Vierge Marie, avec l’Angelus :

  1. L’ange du Seigneur apporta l’annonce à Marie

R/ Et elle conçut du Saint-Esprit.

Je vous salue Marie, ….

  1. Voici la Servante du Seigneur

R/ Qu’il me soit fait selon votre parole.

Je vous salue Marie…

  1. Et le Verbe s’est fait chair

R/ Et il a habité parmi nous.

Je vous salue Marie…

  1. Priez pour nous, sainte Mère de Dieu

R/ Afin que nous soyons rendus dignes des promesses du Christ.

Prions :

Que ta grâce, Seigneur, se répande en nos cœurs. Par le message de l’ange, tu nous as fait connaître l’Incarnation de ton Fils bien aimé, conduis-nous, par sa passion et par sa croix jusqu’à la gloire de la résurrection. Par le Christ, notre Seigneur.