#152 «Noël, Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom du Seigneur, son Dieu ! »
Comme est belle la parole de saint Paul dans son épître aux Philippiens qui dit l’importance du choix de la joie :
« Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur ; je le redis : soyez dans la joie. Que votre bienveillance soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. Ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu’on peut concevoir, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus. » (Ph 4,4-7)
Nous entendions ce passage lors de la messe du troisième dimanche de l’Avent. À la messe, le prêtre portait éventuellement une chasuble rose pour magnifier cette joie. Je ne me lasse pas de puiser dans ces mots un encouragement à faire ce choix vital car la joie stimule la vie, telle la lumière qui agit sur la végétation par la photosynthèse et permet la croissance et le mûrissement des fruits. La vie quotidienne apporte son lot de questions qui sont parfois porteuses d’anxiété. Mais la foi dans le Christ vivant et la force du Saint Esprit changent notre regard et nous permettent de traverser les difficultés elles-mêmes avec joie. Cette joie vient de m’être donnée lors de la visite pastorale que j’achève autour de Janville en la paroisse Sainte Jeanne d’Arc en Beauce.
Notre diocèse couvre le département d’Eure & Loir, notamment vers Orléans, au cœur de la Beauce avec ses champs à perte de vue aux lourds labours, ses grosses fermes et ses petits villages, un territoire plat où pointent vers le ciel d’immenses éoliennes qui se dressent telles des sentinelles. C’est là, autour de Janville et de Toury, que je viens de vivre quatre journées en résidence. Que fait un évêque lors d’une telle visite pastorale¿? Le planning fut préparé par l’équipe pastorale paroissiale et laissait peu de répit pour flâner : catéchismes et confessions, visites des marchés, messes et chapelet, conseil économique et rencontre des élus, tournée des classes en collège, visite d’entreprises produisant de la limonade ou fabriquant des bennes agricoles, enfin de nombreux repas bien garnis. Ici, grâce au zèle missionnaire et au charisme du père Jean-Pierre Cornic et soutenue par des laïcs bien motivés, la promotion du catéchisme des enfants rejoint des familles non-pratiquantes qui semblent heureuses quand leurs enfants vivent ces rencontres. Ne serait-ce pas une belle occasion de proposer un temps spécial de formation destiné aux parents autour d’une pause-café, pour lire l’Évangile et prier à leurs intentions ? Transmettre « à temps et à contretemps la Parole » pour que le Salut soit annoncé et reçu, voici une urgence missionnaire. Un enfant du collège me demandait « de quoi Jésus nous sauve-t-il ? ». J’avais peu de temps pour lui répondre car la cloche avait sonné. En réalité et s’il faut résumer, c’est de la mort que Jésus nous sauve. La mort du corps est une réalité naturelle et inéluctable. Cependant notre âme, ce principe de vie mis en nous, continue de vivre en vue de l’éternité. C’est elle qui peut se perdre à cause du péché. Oui, le Christ nous sauve des péchés et de leur conséquence, c’est-à-dire la mort. Ainsi Noël rappelle la venue du Verbe divin par le sein maternel de Marie pour nous réintroduire dans la grâce qui fait de nous des fils et des filles de Dieu à qui Jésus promet la vie éternelle. Notre liberté demeure et c’est à chacun de nous d’ouvrir son cœur pour accueillir ce don.
Lors de cette visite en Beauce, je constatais que la société rurale n’est plus chrétienne mais que des personnes recherchent tout de même des appuis spirituels. Il reste la mémoire des faits et le souvenir des processions, des célébrations que les anciens vivaient. Mais cette réminiscence ne suscite pas un questionnement profond. Nos contemporains sont fort occupés mais l’essentiel, je veux dire la présence de Dieu, n’est pas une priorité, voire n’est plus une question. Nous sommes revenus comme au temps des missionnaires qui, en Afrique, rencontraient des populations animistes qui ignoraient le Christ. Parfois nous rêvons d’une Église « comme avant » ou « de toujours » mais alors nous sommes dans l’illusion. Faut-il refermer le beau livre de la vie en Dieu et ranger nos cahiers de catéchisme ? Certes la sécularisation de la société, depuis l’époque des Lumières au XVIIIe siècle, a recouvert d’un voile épais toute la culture chrétienne mais quelques braises fragiles et pourtant chaudes demeurent parfois. S’il peut arriver de vouloir maintenir la vie ecclésiale comme nous la connaissions dans notre enfance, nous sommes dans l’erreur. Le temps ne va pas à reculons. « On ne met pas de vin nouveau dans de vieilles outres » (Mt 9,17) enseigne Jésus. Le temps chrétien est linéaire et regarde vers l’avenir avec espérance. Nous ne devons pas maintenir une vie ecclésiale paroissiale en soins palliatifs avec l’espoir tout humain que la malade guérira. Au contraire, il faut espérer dans la puissance du Saint Esprit pour que, rassemblés en synode, nous catholiques priions et discernions les voies nouvelles afin de rencontrer nos contemporains, les écouter, les inviter et célébrer en leur présence Jésus-Christ, Fils de Dieu, vivant avec nous. Je vous demande de prendre part à cette transition par votre présence priante et créative, dans une fraternité qui accueillera toute personne, avec un soin renouvelé pour les pauvres, à l’écoute de la Parole divine et des enseignements du Pape François. À son sujet, n’en restons pas à certains propos d’actualité, mais reprenons ses grandes intuitions magnifiques particulièrement dans son exhortation « L’Évangile de joie » (2013), source inépuisable pour un élan missionnaire fécond. Ce parcours de transformation ne peut se décréter par la seule raison pensante, avec le risque de reprendre des modèles managériaux de la société civile, il sera le fruit d’un discernement progressif dans l’écoute des motions du Saint Esprit.
Noël, est ce moment où, de manière particulière, l’homme croyant perçoit la proximité de Dieu. Dieu marche avec lui, comme Moïse en fit l’expérience dans le désert du Sinaï, mais il est aussi présent en son Fils Jésus, qui prend chair afin de partager la condition humaine jusque dans la fragilité, la dépendance, la difficulté relationnelle, l’adversité. Ainsi Jésus, qu’on appelle le Nouvel Adam, restaure le lien brisé par le péché des origines. Il vient combler la distance causée par l’exclusion de la vie bienheureuse et de la pleine communion avec Dieu. Adam et Ève furent chassés du paradis, ce qui signifie pour eux la perte de l’intimité extraordinaire offerte par le créateur à sa créature. En Jésus toute l’humanité renoue avec lui et il permet à chacun d’accueillir la vie dans la lumière de l’Esprit. Saint Augustin disait : « notre cœur est son repos tant qu’il ne repose en toi ». En effet, le cœur de l’homme s’agite sans cesse dans la société qui l’écartèle et le fait errer entre le choix du bien et celui du mal, avec une infinie difficulté à discerner où est le chemin de la vie en abondance promise par Jésus. Or c’est bien avec le Christ, à l’écoute de sa parole, guidé par l’Esprit, que l’être humain reprend confiance et qu’il découvre l’étoile qui le guide vers la béatitude retrouvée. Ainsi Noël ouvre la voie vers la communion qui s’achèvera par la vie éternelle. La nativité de Jésus réalise la promesse originelle de nous faire participer à la vie divine. Isaïe avait prophétisé : « j’émerveillerai encore ce peuple par des merveilles de merveilles, et la sagesse de leurs sages se perdra et l’intelligence des intelligents disparaîtra » (Is 29,14). Cette merveille advient par la présence de Jésus ressuscité et présent. Malheureusement, l’homme ne comprend pas que son Sauveur vient vers lui pour le relever. Sans Dieu, il est livré à lui-même et il vit balloté par les vicissitudes de la vie sociale. L’homme est devenu rebelle face à Dieu en voulant maîtriser sa vie. La science lui promet ce pouvoir de tout dominer, même la vie elle-même. Or les sciences peuvent devenir soit un merveilleux outil au service du bien soit une terrible idole par leur puissance déshumanisante. Qui contrôlera demain l’homme ? Noël inverse les valeurs mondaines et rappelle que la petitesse a toute sa place, que la fragilité est une richesse qui enseigne, que l’homme, si petit soit-il, est grand par sa dignité inviolable.
Voici qu’il nous reste quelques jours pour nous préparer, le temps d’une neuvaine pour nous mettre face à la crèche et prier. Aussi je vous laisse avec ce beau texte sur l’Espérance, puisque c’est là l’essentiel pour illuminer notre quotidien en attendant le Ciel.
Prière de Noël – Un vrai Noël d’espérance…
Regarde l’étoile – espérance,
Elle te montrera la route de la sérénité
même au cœur des souffrances, des absences, des peurs…
Écoute l’espérance,
Elle te dira que Jésus est venu par amour pour toi…
Vis l’espérance, don de l’esprit,
Tu accepteras tes pauvretés, tes limites dans la paix.
Parle d’’espérance,
Tu seras témoin de vie.
Enracine-toi en Jésus espérance, par le oui de Marie, tu vivras heureuse…
Christ est présent, Il t’offre sa tendresse.
Accueille sa joie.
C’est Noël !
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