#136 « Ce message vous est adressé alors que les pèlerins et les hospitaliers sont rentrés de Lourdes »
Ce message vous est adressé alors que les pèlerins et les hospitaliers d’Eure-et-Loir, sont rentrés de Lourdes. Imaginez ce beau moment vécu fraternellement, avec quatre-vingts frères et sœurs malades, logés à l’Accueil Notre-Dame, face au sanctuaire et à la grotte. Nous fûmes si heureux de servir là avec quatre-vingt-quinze nouveaux hospitaliers au cœur large et à la joie contagieuse dont beaucoup de jeunes adultes portant la belle tenue blanche et bleu ciel. Plus de cinquante adolescents forment un groupe vivant. La prise de la photo officielle de nos cinq cents participants fut un moment épique et fort joyeux de notre séjour. Se porter mutuellement en ce lieu marial, n’est-ce pas ce qui donne sens à nos vies, ce qui suscite l’amitié, ce qui stimule notre foi chrétienne pour rendre grâce ensemble à Jésus-Christ de sa présence réconfortante après une année alourdie par les contraintes sanitaires ? Vivre quelques jours en ce lieu de paix où la Vierge Marie rejoint les plus petits, les blessés de la vie, ceux qui ont besoin de consolation, voici l’expérience que nous avons faite, une fois de plus. J’aimerais encourager tous ceux qui liront ou écouteront ce message à venir l’année prochaine du 17 au 21 août 2022. N’ayez pas peur car Notre-Dame veille sur nous et tout est bien organisé pour un accueil dans les meilleures conditions ! Nous espérons en 2022 un nouveau groupe constitué de familles avec leurs enfants pour lesquelles nous bâtirons un programme adapté.
Là et loin des lieux où les hommes et les femmes luttent pour vivre dignement, nous n’oublions pas le peuple haïtien endeuillé par de nouveaux séismes ni les afghans qui subissent une nouvelle fois un régime islamique instaurant la charia, ce qui conduira inévitablement ce pays à la ruine économique, à l’esclavage du peuple, à l’oppression des femmes et à un régime injuste qui profitera à ceux qui détiennent le pouvoir. On estime à deux milliards de dollars la vente annuelle de l’opium produit dans ces champs contrôlés par les talibans. Comment pouvons-nous agir ? Prier comme nous l’avons fait à Lourdes, ne pas les ignorer et nous intéresser à ces peuples en souffrance, connaître leur civilisation et guetter toutes les formes d’aide que nous pourrions soutenir. À Paris, lorsque j’étais curé de Saint-Laurent à proximité de la gare de l’Est, je rencontrai de nombreux afghans au square Villemain au bord du canal Saint-Martin. Aimables et respectueux de l’homme de Dieu, nous avions à leur demande créé une association « Français, langue d’accueil » pour favoriser leur insertion. Ils aimaient danser, servaient volontiers et cuisinaient les jours de fêtes. Récemment, le père Giovanni Scalese en ministère à Kaboul a lancé un vibrant appel à la prière : « Priez, priez, priez pour l’Afghanistan », a-t-il appelé au micro de Vatican News. Certains en France créent la peur face à ces nouveaux venus, musulmans de surcroît. La France est une terre d’asile pour les personnes menacées gravement, dans la limite du raisonnable et en y mettant les bons moyens d’accompagnement. Cette situation ne doit-elle pas être considérée avant tout comme un appel à stimuler notre propre foi et notre attachement au Christ ? Il ne s’agit pas seulement d’affirmer ce que nous sommes, des catholiques. Il est surtout nécessaire de vivre en vérité comme des catholiques, inspirés et guidés par l’Évangile, nous soutenant les uns les autres, joyeux d’être membres de l’Église conduite par le pape François, ouverts à tous dans notre diversité. Que ceux et celles qui en font réellement le choix soient bénis et encouragés.
Notre société est en évolution. Cela a toujours été mais en ces jours de pandémie se crée un clivage endurci quant à certains sujets. Sur quelle fraternité, l’avenir de la France se construira-t-il ? Comment faire croître la solidarité ? Comment favoriser notre liberté pour une société ouverte ? Je reviens sur un fait récent, la diffusion sur la chaîne C8 du film américain Unplanned qui retrace l’histoire (vraie) d’Abby Johnson, directrice d’un centre du planning familial américain : bouleversée un jour par ce qu’elle découvre, elle décide d’arrêter et devient militante du mouvement pro-life opposé à l’avortement. En France, le sujet est tabou. Avoir une simple conversation dans les médias qui ne sacrifierait pas à la pensée commune pro-IVG est considéré comme une insulte faite aux droits des femmes. Le droit à l’avortement, régulièrement élargi par la loi, est acquis. Aider des femmes à garder leur bébé devient une entrave au droit légitime d’avorter garanti par la loi. Pour la loi, la femme dispose de son corps et l’homme ne peut en droit s’y opposer, même s’il est le père géniteur du bébé. Il est vrai que le corps de la femme lui appartient. Nul ne peut le contester. Mais l’enfant que la femme porte lors de sa maternité est-il son corps ? C’est sans conteste un être humain bien vivant et cet être vivant n’est pas le fruit du hasard, mais d’un acte sexuel normalement consenti qui engage la femme et l’homme. Quand la maternité advient, beaucoup de femmes sont laissées seules. Certaines dans de réelles détresses, matérielles ou psychologiques. Pour difficiles que soient certaines situations, le courage de garder un enfant serait-il insensé ou pire même serait-il un délit ? Est-il seulement possible d’en parler ? Simone Weil elle-même considérait l’avortement comme un drame. Unplaned a « choqué », plus semble-t-il que les films ou séries, nombreux, qui comprennent des scènes de crimes, de viols, d’humiliations, de manipulations, de trafics de drogue, de tortures, de guerres et dont la diffusion ne comprend souvent que la pudique restriction « interdit aux moins de 13 ans » ou « au moins de 18 ans ». Le film Titane, palme d’or à Cannes cette année, traite d’un sujet d’une telle violence que les pompiers ont été requis pour porter secours à des spectateurs victimes de malaise. Montrer une scène d’avortement serait-il plus scandaleux ? Non en raison de la « dureté » des images mais car cela pourrait induire que le droit à l’IVG n’est pas considéré comme bon par tous ? Avons-nous encore la liberté de conscience pour débattre ? Pouvons-nous ne pas être d’accord sur des sujets graves car ils concernent la vie ?
Évêque, je n’ai pas le pouvoir de changer la loi autorisant l’avortement. Mais j’aimerais tellement dire aux jeunes combien ils détiennent un bien infiniment précieux qui est leur corps et par lui le pouvoir de donner la vie. J’aimerais leur dire d’attendre par une vie chaste un véritable amour et un engagement réciproque pour avoir des relations sexuelles en vue du vrai bonheur qui se réalise dans le don de soi sans retenue. Je vous propose le défi de la chasteté, joyeuse et soutenue par la foi. Jeunes gens, soyez des chevaliers et protégez vos amies. Jeunes femmes soyez vraies et résistez fermement aux avances superficielles des hommes. L’Église n’empêche personne de disposer à sa guise de son corps, mais comme une mère, elle vous prévient du risque d’un mal qui blesse douloureusement et laisse parfois une trace profonde dans le cœur. Le film Unplanned aura permis d’entendre que tout le monde n’a pas le même avis et que notre liberté est celle de la pensée sans laquelle nous serons des esclaves.
Dieu a un projet d’avenir pour chacun de nous : « car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos chemins ne sont pas mes chemins, – oracle du Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus de vos chemins, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » (Is 55,8-9) Seule la lumière du Saint Esprit nous fera comprendre la voie de la vérité sur ces sujets, face à la puissance des idéologies du monde.
Ces jours-ci je reprends en partie les nombreuses lettres des confirmands du printemps et j’écris à ceux qui m’ont laissé une adresse. J’y trouve des perles qui m’émerveillent. Comme cette lycéenne qui emmène son Nouveau Testament dans son sac pour lire l’Évangile dans le bus et qui recherche un cœur à cœur plus régulier avec Jésus. Quelle grâce de pouvoir prendre, à cet âge, des habitudes qui nourriront et construiront une vie, qui déjoueront aussi les pièges du diable : la lecture de l’Évangile transmet la sagesse. Ne nous en privons pas. Certains jeunes l’ont bien identifié et y sont fidèles. Je m’en réjouis et je les encourage, ainsi que leurs parents, à s’ancrer toujours plus dans la prière. L’été n’est pas fini, mais les vacances approchent de leur terme. Nos écoles se préparent à accueillir nos jeunes. Le travail reprend son droit. N’oublions pas les grâces reçues en tant de lieux en France, et irriguons-les d’une bonne eau pour qu’elles portent un fruit qui demeure.
Je vous propose de prier encore pour les vocations, avec la Vierge Marie.
Vierge Marie,
Mère du Christ Prêtre,
Mère des prêtres du monde entier,
Vous aimez tout particulièrement les prêtres,
Parce qu’ils sont les images vivantes de votre Fils unique.
Vous avez aidé Jésus par toute votre vie terrestre,
Et vous l’aidez encore dans le ciel.
Nous vous en supplions, priez pour les prêtres,
Priez le père des cieux pour qu’il envoie des ouvriers à sa moisson.
Priez pour que nous ayons toujours des prêtres,
Qui nous donnent les sacrements,
Nous expliquent l’Évangile du Christ,
Et nous enseignent à devenir de vrais enfants de Dieu.
Vierge Marie, demandez vous-même à Dieu le Père,
Les prêtres dont nous avons tant besoin,
Et puisque votre cœur a tout pouvoir sur lui,
Obtenez-nous, ô Marie,
Des prêtres qui soient des saints.
Amen.